Chapitre 06. De la providence de Dieu

Chapitre 6. De la providence de Dieu

1. Nous croyons que tout ce qui est dans les cieux et sur la terre, ainsi que toute créature, est conservé et gouverné par la providence du Dieu sage, éternel et tout-puissant. David, en effet, en rend témoignage en disant: Le Seigneur est élevé au-dessus de toutes les nations, sa gloire est au-dessus des cieux. Qui est semblable à l’Eternel, notre Dieu? Il s’élève très haut pour siéger. Mais il s’abaisse pour regarder ce qui est dans les cieux et sur la terre1. Il dit ailleurs: Tu comprends de loin ma pensée, tu pénètres toutes mes voies. Car la parole n’est pas sur ma langue, que déjà, Eternel! tu la connais entièrement2. Paul, de même, en témoigne ainsi: En lui nous avons la vie, le mouvement et l’être3. Et encore: De lui, par lui et pour lui sont toutes choses4.

2. Augustin s’exprime donc véritablement, suivant l’Ecriture5: « Le Seigneur a dit: Ne vend-on pas deux moineaux pour un sou? Cependant il n’en tombe pas un à terre sans la volonté de votre Père. Il a voulu ainsi faire comprendre que même les choses les plus méprisables aux yeux des hommes sont gouvernées par la toute-puissance du Seigneur. Car de même que la Vérité proclame que Dieu nourrit les oiseaux des cieux, et qu’il revêt les lis des champs6, elle dit que les cheveux même de votre tête sont tous comptés7. »

3. Nous condamnons donc les Epicuriens, qui nient la providence de Dieu, ainsi que tous ceux qui blasphèment, disant que Dieu, au plus haut des cieux, ne s’occupe pas de nous et ne voit pas nos actions. David, le prophète royal, les condamne en disant: Jusques à quand les méchants exulteront-ils? Jusques à quand ceux qui commettent l’injustice proféreront-ils des paroles injurieuses? Ils disent: L’Eternel ne voit pas, le Dieu de Jacob ne fait pas attention ! Faites attention, stupides gens ! Insensés, quand aurez-vous du bon sens? Celui qui a fait l’oreille n’entendrait-il pas? Celui qui a formé l’œil ne regarderait-il pas?8

4. Pourtant, nous ne méprisons ni ne considérons comme inutiles les moyens par lesquels la providence de Dieu opère: nous enseignons, au contraire, qu’il faut en user puisque la Parole de Dieu nous le commande. Nous désapprouvons donc les discours téméraires de ceux qui disent: « Si tout est géré par la providence, nos efforts et recherches sont certainement inutiles; il suffit que nous laissions la providence s’en occuper. Nous n’avons donc plus besoin de nous comporter ou d’agir avec soin dans quelque domaine que ce soit. » Or, quoique Paul ait reconnu qu’il était dirigé par la providence de Dieu, qui avait dit: Il faut que tu rendes témoignage à Rome9; aucun de ceux qui sont dans le navire ne perdra la vie, et qui avait même fait cette promesse: Personne de vous ne perdra un cheveu de sa tête10, cependant, lorsque les matelots s’apprêtaient à abandonner le navire, il dit au capitaine et aux soldats: Si ces hommes ne restent pas dans le navire, vous ne pouvez être sauvés11. Dieu, qui a déterminé la fin de chaque chose, a également ordonné le commencement et les moyens par lesquels nous parvenons au but. Les païens attribuent les choses au destin ou à un hasard incertain. Jacques, par contre, nous défend de dire: Aujourd’hui ou demain nous irons dans telle ville, et nous y ferons des affaires. Et il ajoute: Si le Seigneur le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela12. Augustin dit ceci: « Tout ce que les ignorants pensent être l’effet du hasard se fait uniquement par son commandement. »13Il semblait donc fortuit que Saül, cherchant les ânesses de son père, rencontre le prophète Samuel; mais Dieu avait averti le prophète auparavant: Demain, à cette heure, je t’enverrai un homme du pays de Benjamin14.


1 Ps 113:4-6.

2 Ps 139:2-4.

3 Ac 17:28.

4 Rm 11.36.

5 De agone Christi, chap. 8.

6 Mt 6:26, 28.

7 Mt 10:30.

8 Ps 94: 3-11.

9 Ac 23:11.

10 Ac 27:22, 34.

11 Ac 27:31.

12 Jc 4:13, 15.

13 Ennaratio in Psalmum CXLIX, 9.

14 1 S 9:16.

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