Chapitre 20. Du saint baptême
1. Le baptême a été institué et consacré par Dieu. Jean-Baptiste a baptisé le premier, et c’est lui qui a baptisé le Christ dans les eaux du Jourdain. De là, le baptême est parvenu aux apôtres qui, eux aussi, ont baptisé d’eau. Le Seigneur leur a explicitement ordonné de prêcher l’Evangile et de baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit1; et Pierre, interrogé par les Juifs pour savoir ce que ces derniers devaient faire, dit dans les Actes: Que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit2. C’est pourquoi le baptême est appelé par certains le signe d’initiation au peuple de Dieu. En effet, par ce moyen, les élus sont reçus dans l’alliance et introduits dans la communion avec Dieu.
2. Il y a un seul baptême dans l’Eglise de Dieu et il est suffisant d’être baptisé, ou attaché à Dieu une seule fois3. Une fois reçu, le baptême reste valable toute notre vie, comme le sceau perpétuel de notre adoption. Etre baptisé au nom du Christ signifie que nous sommes initiés à l’alliance, inscrits et reçus dans la famille — et, par conséquent, dans l’héritage — des enfants de Dieu. C’est, plus, porter dès à présent le nom de Dieu, c’est-à-dire être appelés enfants de Dieu4. Notre baptême montre, de même, la purification de la souillure de nos péchés et le don de la grâce de Dieu dans toute sa diversité, afin que nous marchions en nouveauté de vie et dans l’innocence5. Le baptême nous rappelle donc et nous renouvelle le souvenir de l’immense bienfait que Dieu a accordé au genre humain.
3. En effet, nous naissons tous entachés de la souillure du péché, et nous sommes enfants de colère. Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, nous purifie gratuitement de nos péchés par le sang de son Fils et, en lui, nous adopte comme ses enfants. Par une alliance sacrée, il nous attache à lui et nous enrichit de divers dons, pour que nous puissions vivre d’une vie nouvelle6. Or, toutes ces choses sont scellées en nous par le baptême. Car Dieu nous régénère, nous purifie et nous renouvelle intérieurement par l’œuvre du Saint-Esprit; et nous recevons extérieurement le sceau de ces dons les plus insignes dans l’eau du baptême. C’est par elle que ces immenses privilèges nous sont représentés et, pour ainsi dire, mis devant nos yeux pour notre contemplation. Voilà pourquoi nous sommes baptisés, c’est-à-dire lavés ou aspergés d’une eau visible. Car l’eau lave la saleté, ranime et rafraîchit les corps qui défaillent et qui sont accablés par la chaleur; la grâce de Dieu agit semblablement, et cela de manière invisible et spirituelle, sur notre esprit.
4. De même, par le symbole du baptême, Dieu nous sépare de toutes les autres religions et de tous les autres peuples, et il nous consacre à lui comme ceux qui lui appartiennent en propre. Ainsi, lorsque nous sommes baptisés nous confessons notre foi, nous nous engageons pour Dieu en vue de l’obéissance, de la mise à mort de notre nature pécheresse et de la vie nouvelle. Nous nous enrôlons de la sorte dans l’armée sacrée du Christ, afin de lutter toute notre vie durant contre le monde, Satan et notre propre chair. Par ailleurs, nous sommes baptisés en un seul corps, l’Eglise, afin de nous adonner, avec tous les membres de celle-ci, à une seule et même foi et aux devoirs réciproques7.
5. Nous croyons que la forme la plus parfaite du baptême est la manière dont le Christ lui-même a été baptisé, et dont les apôtres ont baptisé après lui. Nous ne jugeons donc pas nécessaires pour la perfection du baptême ces choses qui y ont été ajoutées ultérieurement par l’invention des hommes et qui sont pratiquées dans l’Eglise: dans ce genre d’idées sont compris l’exorcisme, l’usage d’un cierge allumé, de l’huile, du sel, de la salive et de choses semblables — en particulier, la consécration du baptême deux fois par année par de nombreuses cérémonies. Nous croyons donc qu’il y a un seul baptême dans l’Eglise, sanctifié par la première institution du Seigneur et consacré au moyen de la Parole. Ce baptême est encore efficace à présent, à cause de la bénédiction de Dieu.
6. Nous enseignons que le baptême ne doit pas être administré dans l’Eglise par des femmes ou des sages-femmes. Car Paul a interdit aux femmes le ministère de l’Eglise8. Or, le baptême appartient aux devoirs de l’Eglise. De même, nous condamnons les anabaptistes, qui nient que les enfants nouveau-nés engendrés de parents croyants doivent être baptisés. Car, selon la doctrine de l’Evangile, le royaume de Dieu est pour eux9, et ils appartiennent à l’alliance de Dieu10. De quel droit ce signe de l’alliance leur serait-il donc refusé? Et pourquoi n’y seraient-ils pas initiés par le saint baptême, eux qui, déjà, appartiennent en propre à Dieu et font partie de son Eglise? Nous condamnons également les anabaptistes dans les autres doctrines qui leur sont propres, et qu’ils élèvent contre la Parole de Dieu. Nous ne sommes donc pas anabaptistes, et nous n’avons avec eux aucune communion, en quelque domaine que ce soit.
1 Mt 28:19.
2 Ac 2:37-38.
3 Ep 4:5.
4 Mt 28:19; cf. Mt 3:16-17; Ga 3:26-27.
5 Ac 22:16; Rm 6:5.
6 Ep 2:1-7.
7 1 Co 12:13.
8 1 Tm 2:11-14.
9 Mt 19:13-14; Lc 18:15-16.
10 Gn 17:7; Ac 2:39; 1 Co 7:14.