Chapitre 05. De l’adoration, du culte et de l’invocation de Dieu par un seul médiateur, Jésus-Christ

Chapitre 5. De l’adoration, du culte et de l’invocation de Dieu par un seul médiateur, Jésus-Christ

1. Nous enseignons qu’il faut adorer et invoquer le seul Dieu véritable. Nous n’accordons cet honneur à nul autre, suivant le commandement de notre Seigneur: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et à lui seul, tu rendras un culte1. Assurément, tous les prophètes ont fait au peuple juif de vifs reproches chaque fois que celui-ci adorait d’autres dieux et leur rendait un culte.

2. Nous enseignons également que Dieu doit être adoré — comme lui-même nous l’a commandé — en esprit et en vérité2sans aucune superstition, mais avec sincérité et selon sa Parole, de peur qu’il ne nous dise un jour: qui a exigé cela de vos mains?3En effet, Paul aussi dit: Dieu n’est pas servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, le souffle et toutes choses4.

3. Nous invoquons donc Dieu seul dans toutes les difficultés et tous les dangers de notre vie, par notre unique médiateur Jésus-Christ, qui seul intercède pour nous. Car il nous est explicitement commandé: Invoque-moi au jour de la détresse, je te délivrerai, et tu me glorifieras5. De plus, le Seigneur nous a fait cette promesse qui fortifie entre toutes: Ce que vous demanderez au Père, en mon nom, il vous le donnera6; et ailleurs: Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos, et vous trouverez un soulagement pour vos âmes7. Et puisqu’il est écrit: Comment invoqueront-ils celui en qui ils n’ont pas cru?8nous de même, qui croyons en Dieu seul, nous l’invoquons lui seul, par le Christ. L’apôtre dit: Il y a un seul Dieu et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ-Jésus9. Et de même: Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste10.

4. Nous n’adorons donc pas les saints glorifiés; nous ne leur rendons pas de culte, nous ne les invoquons pas et nous ne les considérons ni comme intercesseurs ni comme médiateurs auprès de Dieu; lui-même, et la médiation de son Fils, nous sont pleinement suffisants. Nous ne voulons donc pas accorder à d’autres l’honneur qui appartient à Dieu seul et à son Fils, puisqu’il dit expressément: Je ne donnerai pas ma gloire à un autre11et que Pierre déclare: Il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés12. Ceux qui trouvent leur repos en lui par la foi ne cherchent donc rien en dehors du Christ.

5. Toutefois, nous ne méprisons nullement les saints et nous ne les considérons pas à la légère. Nous les regardons comme des membres vivants du Christ, des amis de Dieu qui ont glorieusement vaincu la chair et le monde. Nous les aimons comme frères, et nous les honorons, non pas en leur rendant un culte, mais en les tenant en estime et en leur décernant les éloges dont ils sont dignes. Qui plus est, nous les imitons; et par l’imitation de leur foi et de leur spiritualité nous désirons ardemment participer, comme eux, au salut glorieux et être trouvés éternellement avec eux dans la joie, auprès de Dieu et du Christ. Nous approuvons donc sur ce point le jugement d’Augustin: « Que le culte des morts ne fasse pas partie de notre religion; car s’ils ont vécu dans la piété, nous ne devons pas nous imaginer qu’ils auraient recherché de tels honneurs. Ils veulent, au contraire, que nous servions celui-là seul qui les a éclairés. Et ils se réjouissent que nous soyons leurs compagnons de service, recevant les mêmes récompenses qu’eux. Il faut donc les honorer en les imitant, et non en les adorant au nom de la religion. »13

6. Nous croyons encore moins que les reliques des saints doivent être adorées ou considérées comme objets de vénération. Les fidèles anciens accordaient un hommage suffisant aux défunts en déposant honorablement leurs corps en terre, l’âme ayant déjà pris son essor au ciel. Ils estimaient que la piété, la doctrine et la foi de leurs prédécesseurs étaient leurs plus précieuses reliques; et en faisant l’éloge des défunts, ils s’appliquaient à manifester ces mêmes qualités aussi longtemps qu’ils étaient sur la terre.

7. Ces mêmes anciens n’ont jamais juré autrement que par le seul nom de l’Eternel Dieu, suivant le commandement de la Loi de Dieu. Ainsi, de même qu’il est interdit de prêter serment par des dieux étrangers14, de même nous ne faisons pas de serment au nom des saints, quand bien même l’on nous y contraindrait. Nous rejetons ainsi toute doctrine qui attribue aux saints glorifiés plus d’honneur qu’il ne leur revient.


1 Mt 4:10.

2 Jn 4: 24.

3 Es 1:12; Jr 6:20.

4 Ac 17:25.

5 Ps 50:15.

6 Jn 16:23.

7 Mt 11:28.

8 Rm 10:14.

9 1 Tm 2:5.

10 1 Jn 2:1.

11 Es 42:8.

12 Ac 4:12.

13 De la vraie religion, chap. 4.

14 Dt 10:20; Ex 22:10-11.

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