Chapitre 04. Des idoles ou images, de Dieu, du Christ et des saints

Chapitre 4. Des idoles ou images, de Dieu, du Christ et des saints

1. Puisque Dieu est un esprit invisible et un être insaisissable, aucun ouvrage ni aucune image ne saurait le représenter. Nous ne craignons donc pas, avec l’Ecriture sainte, d’appeler les représentations de la déité de purs mensonges.

2. Nous rejetons ainsi, non seulement les idoles des païens, mais encore les images des chrétiens. Bien que le Christ ait assumé notre nature humaine, toutefois il ne l’a pas prise pour qu’elle serve d’original aux peintres et aux sculpteurs: Je ne suis pas venu pour abolir la Loi et les prophètes, mais pour les accompli1. Or, dans cette Loi et ces prophètes, les images sont interdites2. D’ailleurs, il a témoigné que la présence même de son corps ne serait d’aucun avantage pour l’Eglise, mais que lui-même serait toujours avec elle par l’Esprit3.

3. Comment donc s’imaginer qu’une ombre ou une représentation de ce corps puisse être de quelque utilité aux fidèles? Puisque le Seigneur habite en nous par son Esprit, nous sommes le temple de Dieu; or, quel accord y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles?4Les esprits bienheureux et les saints glorifiés, alors qu’ils étaient en vie, ont repoussé avec horreur tout culte et toute adoration qu’on leur eût offerts5. Et puisqu’ils ont combattu les images6, comment croire que les saints au ciel, ainsi que les anges, apprécient les images qu’on leur dresse et devant lesquelles les hommes s’agenouillent, se découvrent, et auxquelles ils rendent de semblables honneurs?

4. Pour que les hommes soient instruits dans la religion, pour que leur esprit s’élève aux choses divines et à leur salut, le Seigneur a ordonné que l’Evangile soit prêché7; mais il n’a pas commandé que les laïcs soient instruits par images ou peintures. Bien qu’il ait institué les sacrements, nulle part il n’a fait dresser des statues.

5. Qui plus est, partout où nous promenons notre regard, nous voyons des créatures vivantes et en mouvement. Leur contemplation réfléchie émeut bien davantage que toutes les images ou peintures vaines, périssables, sans action et sans vie. Le prophète dit avec raison: Elles ont des yeux et ne voient point, des oreilles et n’entendent point, une bouche et ne parlent point8.

6. Nous approuvons donc le jugement de Lactance, écrivain ancien, qui déclare: « Indubitablement, là où se trouve une image, il n’y a nulle religion. » Nous approuvons également l’action de l’évêque Epiphane: ayant trouvé à l’entrée d’une église un rideau portant une peinture du Christ ou de quelque saint, il le découpa et l’arracha. Ayant vu, contrairement à l’autorité de l’Ecriture, cette image humaine suspendue dans l’Eglise du Christ, il a défendu qu’à l’avenir de tels rideaux, contraires à notre religion, soient suspendus dans l’Eglise chrétienne; et il a ordonné que de tels objets, qui sont entièrement indignes de l’Eglise du Christ et du peuple des fidèles, soient ôtés. Nous approuvons, de même, la règle que donne Augustin de la vraie religion: « Que le culte des ouvrages des hommes ne fasse pas partie de notre religion; car les ouvriers qui confectionnent de telles choses sont plus excellents; eux-mêmes, pourtant, nous ne les adorons pas. »9


1 Mt 5:17.

2 Dt 4:23; Es 40:18-26; Rm 1:23.

3 Jn 16:7.

4 1 Co 3:16 et 2 Co 6:16.

5 Ac 14:11ss; 17:16ss.

6 Col 2:22-23.

7 Mc 19:15.

8 Ps 115:4 à 7.

9 De la vraie religion, chap. 55.

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