Chapitre 1. De l’Ecriture sainte, la vraie Parole de Dieu
1. Nous croyons et nous confessons que les livres canoniques des saints prophètes et apôtres de l’Ancien et du Nouveau Testament sont la vraie Parole de Dieu. Ils ont en eux-mêmes une autorité suffisante et ne la tiennent pas des hommes. Car Dieu lui-même a parlé aux patriarches, aux prophètes et aux apôtres et il nous parle, aujourd’hui encore, par les Saintes Ecritures.
2. Dans cette Ecriture sainte, l’Eglise universelle du Christ voit pleinement exposé tout ce qu’il faut croire en vue du salut et pour conduire notre vie d’une façon qui soit agréable à Dieu. C’est pourquoi Dieu nous défend expressément d’y rien ajouter ou d’en rien retrancher15.
3. Nous croyons donc que c’est dans ces Ecrits saints qu’il faut chercher la vraie sagesse et l’authentique piété, la réformation et le gouvernement de l’Eglise, ainsi que l’enseignement de tous les devoirs d’un chrétien, les doctrines qu’il faut tenir, la réfutation de toute erreur et les avertissements. Comme le dit l’apôtre Paul: Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute œuvre bonne16. Ce même apôtre déclare à Timothée: Je t’écris ceci, afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu17. Il dit encore aux Thessaloniciens: Vous avez reçu notre parole, non comme la parole des hommes, mais comme ce qu’elle est vraiment: la Parole même de Dieu18. Et le Seigneur lui-même dit dans l’Evangile: Ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit de votre Père qui parlera en vous19. Ainsi, celui qui vous écoute m’écoute, et celui qui vous rejette me rejette20.
4. Par conséquent, lorsque, à présent, cette Parole de Dieu est annoncée dans l’Eglise par des prédicateurs légitimement appelés, nous croyons que c’est la véritable Parole de Dieu qu’ils annoncent, et que les fidèles reçoivent. Il ne faut inventer ni attendre du ciel aucune autre Parole de Dieu. C’est aussi cette Parole, proclamée présentement dans l’Eglise, qu’il faut considérer, et non celui qui l’annonce. Même si ce dernier est pécheur et méchant, la Parole de Dieu qu’il annonce demeure vraie et bonne.
5. Nous ne croyons pas que la proclamation extérieure soit inutile, bien que la connaissance de la vraie religion dépende de l’illumination intérieure de l’Esprit, et qu’il soit affirmé que personne n’enseignera plus son prochain, car tous me connaîtront21, ou encore: Ce n’est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui fait croître22. Quoique nul ne puisse venir au Christ, si le Père ne l’attire23en l’éclairant intérieurement par le Saint-Esprit, néanmoins nous savons que Dieu veut que sa Parole soit proclamée de vive voix. Certes Dieu aurait pu, dans les Actes, instruire le centenier Corneille par le Saint-Esprit ou par des anges, sans le ministère de Pierre; mais l’ange lui-même le renvoie à l’apôtre: Il te dira tout ce que tu dois faire24.
6. En effet, celui qui éclaire intérieurement les hommes par le don du Saint-Esprit a aussi commandé à ses disciples d’aller dans le monde entier et de prêcher l’Evangile à toute la création25. C’est ainsi qu’à Philippes, Paul a annoncé la Parole de Dieu à une marchande de pourpre appelée Lydie; mais c’est Dieu qui lui ouvrit le cœur26. Ce même apôtre, au terme d’une argumentation éloquente dans l’épître aux Romains, conclut par cette déclaration: Ainsi, la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la Parole du Christ27.
7. Cependant, nous reconnaissons que Dieu peut, quand il le veut, éclairer ceux qu’il lui plaît sans le ministère extérieur de la Parole, vu que cela n’est nullement au-dessus de son pouvoir. Nous parlons néanmoins de la façon habituelle dont il instruit les hommes, suivant les ordres et exemples qu’il nous a donnés.
8. Nous condamnons donc sincèrement toutes les hérésies d’Artémon, des Manichéens, des Valentiniens, de Cerdon et des Marcionites, ses disciples, qui ont nié que l’Ecriture procède de l’Esprit saint; ou encore qui ont rejeté certains passages, les ont changés ou corrompus.
9. Nous ne dissimulons pas, toutefois, qu’il y a dans l’Ancien Testament certains livres que les anciens docteurs ont nommés apocryphes ou ecclésiastiques; d’après eux, ces livres devaient être lus dans l’Eglise, mais non cités comme preuves pour donner autorité à la foi. Aussi Augustin remarque-t-il28que «dans les livres des Rois, les noms et livres de certains prophètes sont cités»; mais il ajoute qu’«ils ne sont pas dans le canon», et que «les livres canoniques que nous avons suffisent pour nous instruire dans la piété».
15 Dt 4:2; Ap 22:18-19.
16 2 Tm 3:16-17.
17 1 Tm 3:14-15.
18 1 Th 2:13.
19 Mt 10:20.
20 Lc 10:16.
21 Jr 31:34; He 8:11.
22 1 Co 3:7.
23 Jn 6:44.
24 Ac 10:6.
25 Mc 16:15; Mt 28:19-20.
26 Ac 16:14.
27 Rm 10:15-17.
28 De la Cité de Dieu, XVIII, 38.