Psaume 133 L’unité des pèlerins

L’UNITÉ DES PÈLERINS
Psaume 133

Paulin BÉDARD*

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

Vous connaissez certainement la joie de vivre la communion fraternelle. Vous avez fait l’expérience de cette union bénie avec des frères et sœurs qui partagent la même foi. Quel privilège donné par Dieu à ses enfants ! En Jésus-Christ, Dieu nous unit à lui pour que nous soyons unis les uns aux autres dans la famille de Dieu. Voilà quelque chose de tellement précieux qui ne se trouve nulle part ailleurs que dans l’Eglise. Même dans nos meilleures rencontres avec nos familles ou avec des amis qui n’ont pas la foi, nous ressentons un vide et une grande pauvreté. L’absence de vraie communion nous attriste. Nous pouvons passer à peine une heure en compagnie de frères chrétiens et cette communion est plus riche que des journées entières avec des frères de sang qui n’ont pas la foi.

Le roi David a vécu, lui aussi, cette joie de l’harmonie fraternelle dans le peuple de Dieu. Dans le Psaume 133, il exprime cette joie qu’il transmet à l’Eglise. Le Psaume 133 fait partie des « Psaumes des montées ». Les pèlerins du Seigneur s’en servaient comme chants de voyage pour unir leurs cœurs ensemble. Ces pèlerins étaient appelés à se réjouir de cette union bénie. Le Psaume 133 nous parle de l’unité des pèlerins.

1. L’admiration de cette unité (Ps 133.1)

Oui, David est dans l’admiration, il est fasciné par la beauté de l’unité fraternelle. Il commence en disant « Voici ». Ce mot signifie « voyez », « regardez attentivement », « appréciez ». Dieu veut attirer notre attention sur quelque chose d’important et de glorieux. « Voici qu’il est bon, qu’il est agréable pour des frères d’habiter unis ensemble ! » (v. 1) Depuis l’entrée du péché dans le monde, la bonne entente entre humains est devenue très rare. Dans le mariage, Adam et Eve se sont mis à s’accuser. Ils ont perdu cette communion qu’ils avaient entre eux parce qu’ils ont perdu cette communion avec Dieu. La discorde est apparue entre frères. Caïn et Abel, Isaac et Ismaël, Esaü et Jacob, Joseph et ses frères. Des guerres et des conflits perpétuels déchirent peuples et nations. Même dans la famille de Dieu, la discorde existe et assombrit les relations.

David en savait quelque chose. Il a vu les ravages causés par le péché dans sa propre famille et parmi son peuple. Haine et persécution du roi Saül, discorde entre les tribus d’Israël, révolte d’Absalom, son fils. Mais Dieu a aussi donné à David la joie de voir l’unité rétablie. David est devenu un instrument puissant pour restaurer l’unité du peuple de l’alliance. Toutes les tribus d’Israël se sont ralliées autour de lui pour le consacrer roi et se soumettre à son règne (2 S 5). Toute la maison d’Israël s’est unie à David pour faire monter l’arche de l’alliance à Jérusalem (2 S 6). Le Roi des rois s’est servi de David pour unifier le Royaume de Dieu sur la terre. Voyez, regardez, admirez comme il est bon et agréable pour des frères d’habiter unis ensemble !

C’est tellement rare dans ce monde déchiré par tant de divisions. Il vaut la peine de s’arrêter et d’admirer. L’unité fraternelle est d’une grande beauté. Elle procure une grande joie. Les pèlerins du Seigneur vivaient déjà cette communion pendant leur voyage. Ils chantaient ensemble les « Psaumes des montées ». Ils unissaient ensemble leur cœur parce qu’ils avaient une même foi et se préparaient à célébrer leur Dieu ensemble à Jérusalem.

Oui, que c’est bon, que c’est agréable pour des frères d’habiter unis ensemble ! Dieu nous a créés et nous a mis ensemble pour vivre en harmonie, pour avoir de l’affection les uns pour les autres, pour nous entraider, nous soutenir, porter les fardeaux les uns les autres, nous exhorter, nous avertir mutuellement. « Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère. » (1 Jn 4.21)

L’unité est une très bonne chose, c’est même une chose très agréable. Certaines choses sont bonnes, mais pas nécessairement agréables, par exemple quand un père discipline son enfant. D’autres choses sont agréables, mais pas nécessairement bonnes, par exemple manger trop de dessert sucré. La concorde entre frères est, à la fois, bonne et agréable. C’est bon en soi, parce que Dieu le veut. C’est bon pour nous, parce qu’ensemble nous sommes plus forts. C’est bon pour le monde, parce que les êtres humains sont attirés par la lumière. Et, de plus, c’est agréable. Cela est agréable à Dieu. Quand des frères vivent ensemble dans l’amour, quand ils mettent leurs talents au service des autres, quand ils sont pleins de bonté les uns pour les autres, Dieu s’en réjouit. Cela nous est agréable, nous qui vivons cette communion. Comme il est plaisant, comme il est encourageant de vivre unis ensemble ! Dans une même foi, une même pensée, une même doctrine, un même cœur, un même amour. Quel délice ! A l’inverse, quand on fait partie d’une Eglise remplie de querelles et de chicanes, quelle tristesse et quelle misère ! La discorde n’a rien de bon et n’a rien d’agréable non plus.

Je remercie le Seigneur de ce qu’il a mis entre nous, dans cette Eglise, une bonne entente, une harmonie, une communion véritable. Voyez qu’il est bon, qu’il est agréable pour des frères d’habiter unis ensemble ! Voyez ! Admirez ! Contemplez l’œuvre de Dieu parmi nous ! En même temps, il ne faut pas se le cacher, il nous reste encore des progrès à faire. L’individualisme de notre époque a tendance à s’infiltrer dans l’Eglise. Il est si facile de vivre chacun pour soi, isolé les uns des autres. Nous avons besoin les uns des autres dans le corps.

En Ephésiens 4, Paul nous demande de nous efforcer de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. C’est difficile, nous devons nous « efforcer ». Nous avons besoin d’humilité, de douceur, de patience. Il faut combattre en nous le péché d’orgueil, d’égoïsme et de discorde. Quand des querelles surgissent, quand des barrières s’élèvent entre nous, quand l’indifférence ou le froid s’installe avec un frère ou une sœur, repentons-nous, humilions-nous, renonçons à nous-mêmes, prenons notre croix, suivons Jésus et réconcilions-nous. Ne laissons pas le diable nous séparer. Progressons dans l’amour et dans la bonne entente. Voyez comme c’est bon et comme c’est agréable !

2. L’illustration de cette unité (Ps 133.2-3a)

David utilise deux illustrations pour nous faire voir comme c’est bon et agréable de vivre unis ensemble. D’abord, « c’est comme l’huile la meilleure qui, répandue sur la tête, descend sur la barbe, sur la barbe d’Aaron, qui descend sur le bord de ses vêtements » (v. 2). Etrange comparaison. Que signifie cette illustration ? L’huile descend. Elle est répandue sur la tête, elle descend sur la barbe, elle descend sur le bord des vêtements, littéralement sur l’ouverture des vêtements. Il s’agit peut-être de l’ouverture d’en haut, le collet, ou peut-être de l’ouverture d’en bas, le bas de la tunique. De toute façon, l’huile descend et coule en abondance. L’unité fraternelle ressemble à cette huile. Elle vient d’en haut et elle descend en bas. C’est un don de Dieu, un don magnifique ! Le Psaume 133 est un autre « Psaume des montées ». Les pèlerins montent, mais l’essentiel, pour eux, c’est la bénédiction qui descend sur eux pour sceller leur unité.

En Exode 30, Dieu avait donné l’ordre à Moïse de préparer cette huile spéciale. La liste des ingrédients mentionne l’huile d’olive, la cannelle et plusieurs sortes de plantes aromatiques. Une huile très parfumée qui sentait bon ! On n’en mettait pas seulement deux ou trois gouttes sur le front. L’huile coulait en abondance. La recette indique cinq litres d’huile d’olive, sans compter tous les aromates. On en versait sur la tente de la rencontre, sur les objets dans la tente, sur la tête d’Aaron et sur la tête de ses fils. La bonne odeur du parfum se répandait partout autour, il était impossible de la manquer. Ceux qui participaient à la cérémonie n’étaient pas prêts de l’oublier ! L’unité des croyants est comme cette huile. Elle vient d’en haut, elle descend sur nous, elle est abondante et elle produit une bonne odeur qui se répand partout !

Mais à quoi servait cette huile sainte ? A deux choses : à mettre à part le sacrificateur pour un travail bien spécial et à montrer que Dieu lui donnait la capacité de faire son travail. Consécration et capacité. Quel était son travail ? Offrir des sacrifices pour servir de médiateur entre Dieu et son peuple. Les pèlerins qui se rendaient à Jérusalem étaient des pécheurs, tout comme nous. Il fallait qu’ils offrent des sacrifices d’animaux pour leurs péchés de querelle et de discorde. Les animaux mis à mort étaient le signe et la promesse de la mise à mort du Sauveur sur la croix. Les pèlerins pouvaient d’avance se réjouir du pardon de leurs péchés ! Ils étaient unis dans une même foi, autour d’un même Sauveur, représenté par le sacrificateur. Il ne peut pas y avoir de véritable union spirituelle entre frères sans d’abord reconnaître notre besoin d’expiation de nos péchés. Le ministère de cette huile précieuse faisait leur joie et leur unité !

Cette huile sainte représente le Saint-Esprit versé sur Jésus sans mesure. « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres. » (Lc 4.18) Au baptême de Jésus, le Saint-Esprit a été versé sur lui pour le mettre à part et lui donner la capacité de faire son travail. Jésus s’est offert lui-même sur la croix pour tous nos péchés de querelle et de discorde. Le Saint-Esprit a coulé en abondance, d’abord sur lui, qui est la Tête, pour qu’il puisse faire tout son travail. Ensuite, le Saint-Esprit a continué de couler en abondance sur son corps qu’est l’Eglise. Le jour de la Pentecôte, les chrétiens étaient tous unis ensemble, remplis du Saint-Esprit. Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières. Ils avaient une même doctrine et un même amour. Ils partageaient leurs biens matériels pour que personne ne soit dans le besoin (Ac 2.42-47).

Voyez qu’il est bon, qu’il est agréable pour des frères d’habiter unis ensemble ! La communion des croyants est le fruit du travail de Jésus qui déverse son Esprit sur nous encore aujourd’hui. Une huile de joie précieuse et parfumée versée sur nous ! Une huile sainte qui nous consacre à ce ministère d’amour envers nos frères et qui nous donne la capacité de les aimer.

Voyons-nous que l’amour entre frères est un amour saint, d’un grand prix aux yeux de Dieu, plus précieux que l’huile sainte ? Faisons-nous tous nos efforts pour conserver l’unité de l’Esprit qui est le lien de la paix ? Si quelqu’un de l’extérieur était en visite parmi nous dans notre Eglise, serait-il étonné de voir l’unité qui règne parmi nous ? S’exclamerait-il : « Comme cela sent le bon parfum de l’amour fraternel » ? Ou son nez pourrait-il détecter de mauvaises odeurs de discorde ? Aaron et ses fils n’avaient pas le droit d’exercer leur ministère tant qu’ils n’avaient pas reçu l’onction d’huile. De même, notre service chrétien n’est pas acceptable devant Dieu sans cet amour pour nos frères et nos sœurs. « Quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. » (1 Co 13.2)

Deuxième illustration : Des frères qui vivent unis ensemble, « c’est comme la rosée de l’Hermon, qui descend sur les montagnes de Sion » (v. 3). Encore une fois, la rosée descend, comme l’unité des frères qui est un don de Dieu descendu du ciel. La rosée vient du mont Hermon, la montagne la plus élevée en Israël, 2800 mètres d’altitude. Le sommet de la montagne est recouvert de neige, ce qui produit beaucoup d’humidité, de la rosée et même des rivières.

On ne comprend pas très bien comment la rosée de l’Hermon, qui est complètement au nord, à la frontière du Liban, peut descendre sur la montagne de Sion, qui est au sud, 200 kilomètres plus loin. Mais, de toute façon, l’image poétique est très claire. La rosée rafraîchit le sol. Elle permet aux plantes de s’épanouir. Pour ceux qui vivent plusieurs mois dans le froid et la neige, il n’est pas toujours évident de bien saisir l’importance de ce phénomène naturel, mais pour ceux qui vivent dans des régions semi-désertiques, la rosée est très significative. L’unité fraternelle est comme la rosée. Elle est rafraîchissante et bienfaisante. Elle produit de bons fruits.

Quand vous vous préparez à vous rassembler avec le peuple de Dieu, êtes-vous dans la joie à l’idée de vous retrouver ensemble devant Dieu ? « Oui, j’ai hâte, il est bon et rafraîchissant de nous retrouver ensemble pour chanter les louanges du Seigneur et écouter sa Parole avec des frères et sœurs que nous aimons et qui nous aiment. » Ou bien avez-vous le cœur lourd ? « Ah, c’est pénible, rien qu’à la pensée que je vais rencontrer telle personne et que je devrai la saluer. J’espère au moins ne pas avoir besoin de lui parler. » Nos rencontres entre frères et sœurs ressemblent-elles à une terre sèche et sans fruit ? Ou sont-elles rafraîchissantes et pleines de bons fruits ?

3. La bénédiction à la source de cette unité (Ps 133.3b)

Oui, comme il est bon et agréable pour des frères de vivre unis ensemble ! Mais d’où vient cette unité dans l’amour ? Comment se fait-il que l’huile sainte et la rosée fraîche puissent produire cette belle communion ? C’est à cause de la bénédiction de Dieu. L’unité dans l’amour vient de la bénédiction de Dieu. « C’est là que l’Eternel donne la bénédiction, la vie, pour l’éternité. » (v. 3) C’est là où cette bénédiction était donnée, à la montagne de Sion, où coulait la rosée de l’Hermon, où le ministère de l’huile sainte était exercé. Là, le sacrificateur offrait, d’abord, des sacrifices pour les péchés. Là, ensuite, il sortait dehors pour bénir le peuple. C’est à Jérusalem que l’Eternel donnait la bénédiction à son peuple. Les pèlerins marchaient sur la route et gravissaient la montagne de Sion avec ce grand désir de recevoir la bénédiction de l’Eternel. Ils montaient sur la montagne dans l’espoir que la bénédiction allait descendre du ciel. Ils avaient la grande espérance de trouver cette communion profonde avec leurs frères et sœurs pendant l’adoration de leur Dieu.

Où trouver l’unité dans l’amour ? Dans l’adoration de Dieu et dans l’adoration de son Fils Jésus-Christ. Quand nous nous rassemblons pour adorer, quand nos cœurs s’élèvent vers le ciel, vers la nouvelle Jérusalem, pour célébrer les grands actes de Dieu en notre faveur, c’est là que l’Esprit de Dieu vient souder nos liens ensemble. C’est là, dans l’adoration, qu’il déverse dans nos cœurs un amour nouveau pour nos frères. Oui, c’est bien triste, il y a des divisions dans le monde. C’est bien triste, il y a des divisions même dans l’Eglise de Jésus-Christ. C’est bien triste, il y a même parfois des divisions parmi nous. Nous manquons d’amour les uns pour les autres. Nous avons besoin d’entendre encore la Parole de Dieu qui nous appelle : « Venez me louer, venez m’adorer ensemble pour recevoir ma bénédiction. » Sa bénédiction, c’est la vie, pour l’éternité ! Y avez-vous pensé ? La vie éternelle en Jésus-Christ, voilà ce qui nous unit. Nous avons en commun un riche héritage. Jésus parmi nous, notre vie, voilà celui qui nous unit !

Comme c’est bon, comme c’est agréable ! Le culte d’adoration est-il vraiment une belle expérience pour vous ? La célébration de notre Dieu vous aide-t-elle à vous rapprocher les uns des autres ? Ou est-ce que vous avez hâte, après le culte, de retourner chez vous en vitesse, sans parler à personne, pour oublier vos frères et sœurs pendant le reste de la semaine ? Vous rendez-vous compte de cette réalité merveilleuse ? Nous avons un Sauveur qui est mort pour notre salut ! La bénédiction qu’il nous donne, c’est la vie, pour l’éternité ! Le Saint-Esprit nous unit à Jésus-Christ. Le Saint-Esprit nous unit les uns aux autres. Nous appartenons à Jésus-Christ et, alors, nous sommes rattachés les uns aux autres, dans un même corps.

Cette joie, aujourd’hui, est un avant-goût. La vie pour l’éternité est déjà commencée. Elle fait déjà notre joie, une joie partagée. Mais c’est seulement un avant-goût. Cette vie déjà commencée va durer pour l’éternité. Un jour, enfin, les enfants de Dieu seront tous réunis. Nous habiterons pleinement unis, tous ensemble autour de notre merveilleux Sauveur ! Le jugement dernier aura été prononcé. Le péché sera complètement éliminé. L’unité sera rendue parfaite pour l’éternité.

D’ici là, il reste encore du travail à faire, une route à parcourir, le sentier du pèlerin. Prions pour une plus grande communion entre nous. Prions pour une plus grande unité de tous les enfants de Dieu. Efforçons-nous de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. Chantons ensemble en marchant vers la nouvelle Jérusalem. Comme ce sera bon et comme ce sera agréable pour des frères d’être enfin unis, tous ensemble, dans la nouvelle Jérusalem ! Amen.

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