Psaume 121 Le protecteur du pèlerin

LE PROTECTEUR DU PÈLERIN
Psaume 121

Paulin BÉDARD*

Chers frères et sœurs,

Vous est-il déjà arrivé d’avoir des problèmes de voiture ? Une crevaison, un accident, un incident mécanique ? Ce genre de problème arrive rarement au bon moment. Heureusement, il existe des services d’assistance routière qui assurent un service de dépannage jour et nuit. Pour les voyageurs, il est rassurant de pouvoir compter sur ce genre de protection.

Le Psaume 121 évoque une autre sorte de voyageur : un pèlerin d’Israël qui part de chez lui pour aller adorer Dieu à Jérusalem. Nous sommes des voyageurs spirituels, en route vers la nouvelle Jérusalem. Premier de la série des quinze « Psaumes des montées », le Psaume 120 nous a présenté le chemin raboteux du pèlerin. Le voyageur endure des nids-de-poule, des mensonges, des malheurs loin de chez lui. Il crie à l’Eternel dans sa détresse. Le Psaume 121 nous présente le Protecteur du pèlerin. A six reprises, il y est dit que c’est l’Eternel qui te garde et qui nous offre une protection parfaite.

1. D’où vient notre protection? (Ps 121.1-2)

« Je lève les yeux vers les montagnes… D’où me viendra le secours ? » (v. 1) Bonne question ! La même question résonne dans nos cœurs : « D’où me viendra le secours? » Etes-vous capables de répondre ? Nous connaissons la réponse.

Le pèlerin lève les yeux vers les montagnes, probablement parce qu’il s’approche de Jérusalem. Il aperçoit les collines de Juda et la montagne de Sion. Certains s’imaginent qu’il cherche du secours dans les montagnes ou qu’il est plein d’admiration devant un beau paysage. Pour ceux qui ont déjà marché en montagne, la montagne n’est ni une belle image poétique, ni très secourable. La montagne est fatigante, menaçante. On peut se perdre ; tomber dans un ravin ; manquer de nourriture ou succomber à la fatigue ; on peut aussi y rencontrer des bêtes sauvages ou des voleurs. Dans la parabole du bon Samaritain, l’histoire se déroule entre Jérusalem et Jéricho, en pleine montagne. L’homme est tombé aux mains des brigands.

Je regarde vers les montagnes et l’angoisse commence à m’envahir. Comment vais-je faire pour atteindre mon but ? Quels sont les dangers qui nous guettent aujourd’hui? Dangers physiques, ouragans, dangers financiers, dangers psychologiques, dangers spirituels. Problème familial, problème au travail, problème dans l’Eglise et bien d’autres dangers dont nous ne sommes pas même conscients. Tant de soucis nous paralysent. « Je lève les yeux vers les montagnes… D’où me viendra le secours? » Le secours me viendra d’au-delà des montagnes. Il me vient de l’Eternel qui a fait les montagnes, qui a fait le ciel et la terre. Avec ce « Psaume des montées », nos cœurs sont invités à monter, nous levons les yeux vers le haut.

Littéralement, le texte dit: « Mon secours vient de l’Eternel. » Ce Psaume est très personnel. Il commence par « Je ». « Je lève les yeux…» « D’où viendra mon secours? » Il est important de se poser la question à soi-même. On peut la poser aux autres dans un cours de catéchisme : « Quelle est ton unique assurance dans la vie comme dans la mort ? » On peut la poser à ses enfants : « Où trouves-tu ta sécurité? » On peut la poser à des non-chrétiens : « Quelle est ta certitude dans cette vie ? Qu’est-ce qui va t’arriver quand tu mourras ? » Mais nous avons aussi nos propres questions et nos propres anxiétés : « D’où viendra mon secours ? » Les autres peuvent nous donner la bonne réponse, ce qui est excellent, mais il est absolument nécessaire de parvenir à y répondre soi-même : « Mon secours vient de l’Eternel, qui a fait les cieux et la terre. » C’est une confession de foi personnelle. Le Dieu tout-puissant, Créateur de l’univers, est mon secours à moi.

Le pèlerin est en route pour aller célébrer son Dieu avec le peuple de l’alliance. Il a le cœur léger. Il n’a pas d’angoisses existentielles sur une route qui ne mène nulle part. Il sait où va, il a hâte d’arriver. C’est un pèlerin croyant, plein de joie. Pourtant, de temps en temps, il a besoin de se poser la question : « D’où viendra mon secours ? » Le cœur confiant, il a besoin de se répéter la même réponse : « Mon secours vient de l’Eternel qui a fait les cieux et la terre. » La réponse n’a pas besoin d’une interprétation délicate. Elle est très claire. L’Eternel, le Créateur, le Dieu de l’alliance, c’est lui la source de ma protection. Il est le seul en mesure de protéger ses pèlerins. Il n’existe qu’une seule réponse. Toutes les autres sont exclues. Notre secours ne se trouve ni dans les idoles, ni dans les autres personnes, ni en nous-mêmes. « Mon secours vient de l’Eternel, qui a fait les cieux et la terre. » Point. La réponse est complète et suffisante. Vous posez-vous cette question de temps à autre ? Etes-vous capables de redire cette réponse, le cœur plein de confiance ?

2. Quel genre de protection avons-nous ? (Ps 121.3-6)

Quelle est la nature de la protection promise à ceux qui cherchent secours en l’Eternel ? Nous pourrions répondre par des affirmations doctrinales comme celles que l’on trouve dans un catéchisme. « Dans la vie comme dans la mort, j’appartiens, corps et âme (…) à Jésus-Christ, mon fidèle Sauveur, etc. »  Ce serait tout à fait juste et très édifiant. Le pèlerin, quant à lui, répond par un chant poétique. Les images parlent autrement. Le pèlerin utilise quatre belles images.

–  Première image : le pied qui chancelle. « Il ne permettra pas que ton pied chancelle. » (v. 3) Tout d’abord, une parenthèse. Avez-vous remarqué ? Le pèlerin ne dit plus « Je », il dit « Tu » : « Ton pied », « l’Eternel te garde ». Le Psaume reste à la deuxième personne jusqu’à la fin. Pourquoi donc ? Le pèlerin rassure peut-être un ami qui marche avec lui. Dieu nous a placés tous ensemble dans son Eglise, sur la même route, avec les mêmes dangers qui nous guettent tous et le même secours qui nous vient de Jésus-Christ. Il est important de nous encourager mutuellement. « Rassure-toi, mon frère ou ma sœur, l’Eternel te garde. Il garde même tout Israël (v. 4). Il garde tout le peuple de l’alliance. J’ai trouvé la réponse pour moi et maintenant, toi, je t’encourage aussi. » Il est également possible de comprendre le « tu » comme une façon de se parler à soi-même. Il nous arrive de nous parler à nous-mêmes : « Pourquoi as-tu fait ça ? Qu’est-ce qui te prend ? » Pourquoi est-ce que je me parle à moi-même ? Le Psaume 42 est un bon exemple : « Pourquoi t’abats-tu, mon âme, et gémis-tu sur moi ? » Un bon dialogue avec soi-même, de temps en temps, cela fait du bien ! Rappelle-toi, Paulin, « il ne permettra pas que ton pied chancelle (…) L’Eternel est celui qui te garde. » On peut donc prendre le Psaume dans un sens ou dans l’autre et les deux réponses sont bonnes. Je ferme la parenthèse.

        « Il ne permettra pas que ton pied chancelle », mon pied ou votre pied, peu importe. Nous avons tous des pieds qui marchent sur le chemin raboteux du pèlerin. Quel genre de protection avons-nous ? Une protection certaine. Mais n’arrive-t-il pas, à l’occasion, que notre pied chancelle ? Le Seigneur ne permet-il jamais que notre pied dérape un peu ? Cette belle affirmation pleine d’assurance semble ne pas s’accorder avec notre expérience. Le pèlerin qui se rendait à Jérusalem avait bien des occasions de trébucher sur des cailloux, de se prendre les pieds dans des racines, de glisser sur un rocher. « Il ne permettra pas que ton pied chancelle (…). » Ces milliers de pieds, en se rendant à Jérusalem pendant des centaines et des centaines d’années, n’ont-ils vraiment jamais chancelé ?

Nous savons bien que nos pieds chancellent. Nous tombons, nous succombons à la tentation, nous péchons, mais nous nous relevons grâce à Dieu qui nous protège. « C’est pourquoi redressez les mains abattues et les genoux paralysés. Que vos pieds suivent des pistes droites, afin que ce qui est boiteux ne dévie pas, mais plutôt soit guéri. » (Hé 12.12-13) Nous sommes des boiteux aux genoux paralysés mais, par la grâce de Dieu, nos pieds guérissent et peuvent se remettre à suivre des pistes droites. Comprenons bien l’image poétique. « Il ne permettra pas que ton pied chancelle. » Cela signifie que nous n’allons pas déraper au point de faire une chute fatale et nous perdre pour toujours. « A celui qui peut vous préserver de toute chute et vous faire paraître devant sa gloire, irréprochables dans l’allégresse », à lui toute la gloire ! (Jude 24) Le Seigneur sera toujours là pour nous relever et nous affermir. Sa protection est certaine.

–  Deuxième image : le sommeil. « Celui qui te garde ne sommeillera pas. Voici, il ne sommeille ni ne dort celui qui garde Israël. » (v. 3b) Non, l’Eternel ne sommeille pas. Souvenez-vous du défi lancé au mont Carmel, qui a opposé l’Eternel à Baal. « Elie se moqua [des prophètes de Baal] et dit : Criez à haute voix, puisqu’il est dieu, il pense à quelque chose, ou il est occupé, ou il est en voyage ; peut-être qu’il dort et qu’il se réveillera. » (1 R 18.27) Baal dormait peut-être. Notre Dieu, lui, ne dort jamais. Il est vigilant. Il nous assure d’une protection constante. Imaginez un enfant qui commence à marcher. Il a toujours besoin de quelqu’un pour le surveiller, sinon il va tomber. Parents, soyez vigilants ! Ce n’est pas le moment de dormir. Imaginez, maintenant, un enfant qui commence à marcher et ne dormirait jamais, ni le jour ni la nuit. Il ne laisserait jamais un instant de repos à ses parents. Ce serait l’épuisement assuré. Sur la route du pèlerin, nous sommes comme un enfant qui commence à marcher et qui a sans cesse besoin de protection.

Nous avons l’habitude de lire le Psaume 121 quand nous partons en voyage. Nous prions pour être protégés avant de partir vers notre destination. Voilà une très bonne habitude. Nous sommes conscients des dangers physiques et matériels possibles lorsque nous prenons notre voiture. Mais nous pourrions très bien lire, également, ce Psaume si nous restons chez nous. Nous avons toujours besoin de prier pour avoir la protection de Dieu lorsque nous sommes à la maison, au bureau, ou quand nos enfants sont avec nous ou à l’école, peu importe. Savez-vous que toutes sortes de dangers nous entourent constamment ? Dangers physiques, dangers spirituels, tentations, épreuves, convoitises, attaques diaboliques sournoises. Notre Protecteur céleste ne se permet pas de dormir un seul instant, sinon nous serions en perdition. « Celui qui te garde ne sommeillera pas. Voici, il ne sommeille ni ne dort celui qui garde Israël. » Il est bon de se le redire. Il est bon de le redire à nos frères et sœurs. « Voici, il ne sommeille ni ne dort. » « Voici », ce petit mot signifie « regarde », « c’est important ». Voici, il te protège. Sois confiant, il te garde. Le Seigneur nous garantit une protection constante.

–  Troisième et quatrième images, ensemble : l’ombre et les astres célestes. « L’Eternel est ton ombre à ta main droite, pendant le jour le soleil ne te frappera point, ni la lune pendant la nuit. » (vv. 5 et 6) Comme il est apaisant de se mettre à l’ombre quand il fait chaud et que le soleil tape fort ! C’est rafraîchissant, reposant de trouver de l’ombre en plein midi. Nous avons besoin d’un écran protecteur contre les rayons solaires qui brûlent la peau. « L’Eternel est ton ombre à ta main droite. » Il est là, tout près, juste à côté, à ta main droite, toute la journée. Il veille aussi toute la nuit. « Pendant le jour le soleil ne te frappera point, ni la lune pendant la nuit. » Mais de quoi le pèlerin parle-t-il ? Cela n’a pas l’air très scientifique ! Pourquoi avoir besoin de protection contre la lune ? Avez-vous déjà entendu parler de crème lunaire ou de brûlure causée par des rayons lunaires ? De quoi le pèlerin a-t-il peur ?

Comme vous le savez, nos peurs ne sont pas toujours rationnelles. Les dangers imaginaires sont aussi angoissants et, parfois même, plus angoissants que les dangers réels. Les enfants ont peur des gros monstres qui se cachent sous leur lit. Le cinéma « fantastique » produit des peurs épouvantables chez certaines personnes. La science produit des peurs terribles. Le soleil va s’éteindre un jour. Catastrophe ! Les planètes alignées vont faire sauter le système solaire. Apocalypse ! L’accélérateur géant de particules construit en Suisse va produire un trou noir qui avalera la terre entière. C’est angoissant. Avez-vous peur ? Danger imaginaire, folie de l’esprit. Dieu nous protège même des trous noirs qui n’existent pas. N’est-ce pas réconfortant ? Il est ton ombre à ta main droite en tout temps, même lorsque tu as des peurs stupides, irrationnelles. Le jour et la nuit, tu es protégé du soleil et de la lune, c’est une image englobante. Il nous offre une protection apaisante devant tout danger, réel ou imaginaire.

3. Combien de temps durera cette protection ? (Ps 121.7-8)

Le Seigneur nous offre vraiment une belle protection, mais n’y a-t-il pas des clauses d’exception écrites en tout petits caractères, une date de péremption ? « L’Eternel te gardera de tout mal, il gardera ton âme (ou ta vie) ; l’Eternel gardera ton départ et ton arrivée, dès maintenant et à toujours. » (vv. 7 et 8) La tournure des phrases nous encourage à progresser toujours plus haut vers le but. Après tout, c’est un « Psaume des montées » ! Les mots clés se répètent et s’enchaînent comme pour rythmer la marche du pèlerin, pour lui donner un encouragement à toujours continuer d’avancer jusqu’à l’arrivée. Peu importe le temps qui reste à courir jusqu’au terme du voyage. Le pèlerin profite d’une pleine protection aujourd’hui comme demain. Une protection illimitée contre tout danger. « L’Eternel te gardera de tout mal », physique, émotif, spirituel. Il te gardera en tout temps, « de ton départ à ton arrivée ». Pour combien de temps ? « Dès maintenant et à toujours. »

N’est-ce pas trop beau pour être vrai ? Avons-nous vraiment été protégés de tout mal jusqu’à maintenant ? N’avez-vous pas eu parfois l’impression que Dieu dormait ? Comment se fait-il que nous ayons tant de difficultés à surmonter s’il nous protège de tout mal ? Ecoutez l’apôtre Paul : « Qui nous séparera de l’amour de Christ ? La tribulation, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou le dénuement, ou le péril, ou l’épée ? » (Rm 8.35) Aucun de ces dangers n’a été épargné à Paul. Il a été persécuté, il a eu des angoisses, il a eu faim… La vraie question est la suivante : qui nous séparera de l’amour de Jésus-Christ ? Rien ne pourra nous en séparer ! L’Eternel est mon protecteur. Il nous protégera de tout mal, du début jusqu’à la fin. Le chemin est raboteux, les dangers sont réels, des accidents se produisent. Mais nous serons tellement bien protégés que, même au milieu des pires adversités, nous arriverons parfaitement sains et saufs à destination.

La protection du Seigneur n’est pas comme une assistance routière que l’on appelle uniquement en cas de besoin, une fois ou deux par année au maximum. L’assistance routière du Seigneur est continuelle, en tout temps, contre tout danger, illimitée, tout près de nous. Dieu n’est pas une béquille à laquelle on a recours dans des moments de crise. L’Eternel est notre secours permanent, à chaque instant, durant la vie entière.

Jésus a chanté les Psaumes. Il a sûrement chanté le Psaume 121. Son Père était son parfait secours. Mais, sur la croix, Jésus s’est arrêté de chanter. Il s’est posé, avec angoisse, la question : « D’où me viendra le secours? » Sans pouvoir y donner la réponse. Son pied a chancelé. Son pied a été cloué sur la croix. Jésus n’était plus capable de dire : « L’Eternel est ton ombre à ta main droite. » Sa main droite et sa main gauche ont été percées. L’ombre apaisante ne planait plus sur lui, mais l’obscurité totale. En outre, Jésus n’avait pas des angoisses imaginaires. La terrible colère de Dieu l’a frappé pendant trois heures à cause de nos péchés. Son Père ne l’a pas gardé de tout mal. Jésus a subi les angoisses de l’enfer. La protection divine s’est arrêtée. Dieu a « sommeillé ». Jésus a été abandonné pour que jamais nous ne le soyons et que nous soyons toujours sous sa protection paternelle.

Je lève les yeux vers les montagnes. Je lève les yeux vers la montagne de Golgotha, la même montagne où les yeux du pèlerin se levaient. D’où viendra mon secours ? Il vient de la croix. Je lève les yeux au-delà de Golgotha. D’où viendra mon secours ? Il vient du ciel, de la droite de Dieu, là où Jésus règne. Le secours me vient de Jésus-Christ, qui a fait le ciel et la terre et qui me protège aujourd’hui et pour toujours. Prends courage ! Continue à marcher! Il te gardera de tout mal, de ton départ à ton arrivée, dès maintenant et à toujours. Amen.

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