L’accomplissement de notre salut en Jésus-Christ

L’accomplissement de notre salut en Jésus-Christ

Il est donc descendu en terre pour nous tirer au ciel. Depuis le moment de sa conception jusques à sa résurrection, il a porté les peines de nos péchés afin de nous en décharger. Il a accompli parfaitement toute justice pour couvrir notre injustice. Il nous a révélé toute la volonté de Dieu son Père, par ses paroles et par l’exemple de sa vie, afin de nous montrer la vraie voie de salut.

Enfin, pour mettre le comble à la satisfaction de nos péchés qu’il a pris sur lui, il a été lié pour nous délier, condamné afin que nous soyons absous. Il a souffert un opprobre infini afin de nous mettre hors de toute confusion. Il a été cloué sur la croix pour y clouer nos péchés. Il est mort en portant la malédiction qui nous était due afin d’apaiser à jamais la colère de Dieu par l’accomplissement de son unique sacrifice. Il a été enseveli pour rendre vraie sa mort, et pour vaincre la mort jusques en sa maison, c’est-à-dire jusqu’en la sépulture; il n’a senti là aucune corruption pour montrer que, même étant mort, il avait vaincu la mort. Il est ressuscité victorieux afin que, toute notre corruption étant morte et ensevelie, nous soyons renouvelés en vie nouvelle et spirituelle et éternelle. Par ce moyen, la première mort n’est plus en nous une peine du péché et une entrée en la mort seconde, mais, au contraire, un parachèvement de notre corruption et une entrée en la vie éternelle. Finalement, étant ressuscité et puis ayant conversé par l’espace de quarante jours ici-bas pour faire foi de sa résurrection, il est monté visiblement et réellement par-dessus tous les cieux, où il est assis à la droite de Dieu, son Père. Ayant pris, pour nous, possession de son royaume éternel, il est, pour nous aussi, l’unique médiateur et avocat, et gouverne son Eglise par son Saint-Esprit, jusqu’à ce que le nombre des élus de Dieu, son Père, soit accompli.

T. de Bèze, « La confession de foi du chrétien », La Revue réformée 6 (1955:3-4), 26-27.

Qu’est-il donc de faire? Pour le premier, ne mesurons pas le devoir que nous avons à Dieu à notre propre commodité. Car en cette manière, jamais nous ne comprendrons la vérité. En après, ne donnons point lieu en cet endroit au regard de nos personnes, pour chercher ce qui nous est expédient selon la chair. Tiercement, ne prenons point de notre avis propre les moyens de nous exempter de péril ou de fâcherie, mais plutôt confions-nous en la providence de Dieu, ne doutant point qu’il ne soit suffisant pour nous contregarder au milieu de mille morts, quand métier serait de venir jusque-là. Ainsi faisant, nous n’aurons point métier de longuement consulter ou disputer d’une part et d’autre, à savoir si nous devrons avec moleste, avec perte de nos biens, avec danger de notre vie, obéir à Dieu, et, pour complaire à sa volonté, acquérir la mauvaise grâce des hommes. Mais, ayant son commandement, nous le suivrons promptement et sans doute comme un certain chemin, lui recommandant ce qui pourrait advenir et nous remettant à sa sainte sauvegarde.

J. Calvin, « Petit traité » dans OEuvres choisies, édit. O. Millet (Paris: Gallimard, Folio classique, 1995), 136.

Je réciterai un bel exemple, lequel raconte saint Augustin, qui sera bien pour nous animer et donner courage de ce faire. C’est que saint Cyprien, après avoir été condamné à la mort, d’autant qu’il ne voulait point sacrifier aux idoles, fut sollicité de vouloir condescendre à cela pour sauver sa vie. Et même, le juge, désirant le délivrer, le requérait fort de ce faire, le priant d’y penser et aviser; à quoi il donna une brève réponse, qu’en une chose si sainte la délibération n’avait aucun lieu. Considérons en quel état était adonc saint Cyprien. Il voyait la mort présente; mais d’autant qu’il était résolu de suivre le commandement de Dieu, cela le délivre de toute perplexité, qu’il ne s’étonne point pour fléchir ou varier, mais demeure invincible en cela, que ce que Dieu nous a ordonné doit être tout conclu en nos coeurs, sans être mis en délibération. C’est donc une sentence notable, laquelle doit être bien imprimée en notre mémoire, afin que nous n’attentions point, par une présomption diabolique, d’aviser en nous-mêmes si nous devons faire ce que Dieu a dit, ou non, comme si nous étions ses contrôleurs. Que si nous entreprenons de prendre conseil de notre tête, en nous détournant de sa parole, attendons pour certain la malédiction qu’il a prononcée par son prophète Esaïe sur tous ceux qui ne donnent point l’autorité à son Esprit de présider en leurs conseils, et n’interrogent point sa bouche pour prendre d’icelle leurs déterminations.

J. Calvin, « Petit traité » dans OEuvres choisies, édit. O. Millet (Paris: Gallimard, Folio classique, 1995), 136-137

« Qui m’a fait? N’est-ce pas mon Dieu, qui n’est pas seulement bon par attribution, mais qui est le Bien en soi? Comment donc m’arrive-t-il de vouloir mal et de ne pas vouloir bien, en sorte qu’il y ait eu une raison de me faire expier au prix d’une juste peine? Qui, en moi, a mis cela et semé ce plant d’amertume, quand, tout entier, je suis l’ouvrage du plus doux des êtres, mon Dieu? Si le diable en est l’auteur, d’où, à son tour, vient le diable? Que si encore sa volonté pervertie a d’un ange bon fait un diable, d’où est venue, en lui aussi, la volonté mauvaise qui l’a fait diable, quand le Créateur, qui est toute bonté, l’avait, ange, fait tout entier? » Ces réflexions me renfonçaient, elles m’étouffaient, mais sans me plonger cependant jusqu’à ce fond dernier de l’erreur où nul ne confesse à ta gloire, du moment que tu passes pour être la victime plutôt que l’homme l’agent du mal.

S. Augustin, Confessions VII.3.

Les chrétiens du XXIe siècle risquent fort de se trouver, pour un temps de crise, de jugement, dont nous ignorons la durée, dans une situation difficile, non pas identique mais analogue à celle des chrétiens des trois premiers siècles qui se sont trouvés, malgré eux, en contradiction de pensée et de vie avec les pouvoirs politiques en place comme avec leurs concitoyens non-chrétiens. Ce qui est nouveau, et sans analogie de même envergure, c’est qu’aujourdhui les forces antinomistes (=opposées à la Loi de Dieu) disposent de moyens techniques de pression, d’oppression, et de désinformation que n’avait pas la seconde Bête (de propagande) qui était au service de la première Bête (au pouvoir) d’Apocalypse13 (11 à 17).

La tâche, prenante et nécessaire, qui nous incombe, à nous, chrétiens baptisés, fidèles, de toutes confessions, plus proches souvent de nos frères d’autres confessions que des faux-frères de notre propre confession, est de planter en tous domaines, et, particulièrement, dans les coeurs des hommes non-chrétiens, disposés, par la grâce de Dieu, à les recevoir, les semences de la prochaine Reformation qui remplacera, tôt ou tard, bientôt peut-être, l’humanisme parvenant au bout de son rouleau de ruines accumulées et de mort. Il y va de l’avenir et de la vie du monde.

P. Courthial, Le jour des petits recommencements (Lausanne: L’Age d’homme, 1996), 258-259.

Notre Seigneur règne, et agit d’en Haut sur la terre; mais, paradoxalement, il agit en général en partant d’en bas, en partant des diverses petites communautés de la société, en partant de familles, d’Eglises paroissiales, d’entreprises professionnelles ou culturelles qui lui sont fidèles, qui écoutent et suivent sa Loi morale, révélée dans l’Ecriture (qu’est l’Ecriture!). De petites semences sortent de grands arbres parfois. Nous n’avons pas, à la manière des Révolutionnaires, à attendre ce que décideront les gens qui voudront ou conquerront le pouvoir, en partant d’en haut; mais à la manière des Reformateurs, nous avons à semer, à planter, en partant donc d’en bas. Humblement. Dans une patiente espérance. C’est le temps, C’EST LE JOUR DES PETITS RECOMMENCEMENTS.

P. Courthial, Le jour des petits recommencements (Lausanne: L’Age d’homme, 1996), 259.

La falsification de la Parole de Dieu

« NOUS NE SOMMES POINT COMME PLUSIEURS, CORROMPANT LA PAROLE DE DIEU… « 

Paul s’oppose ouvertement aux faux apôtres… J’ai raison, dit-il, car je parle honorablement de mon apostolat. Je ne crains pas d’être mensonger… mais plusieurs… corrompent et dépravent la parole du Seigneur, que j’annonce fidèlement et purement pour l’édification de l’Eglise.

En plus, il me semble que ceux qui ont prêché de fausses doctrines l’ont fait pour leur profit et leur ambition. Ils ont corrompu la vérité de la doctrine biblique, et l’ont rendue sans puissance. C’est ce que j’appelle « corrompre ». Le mot grec est celui des marchands de tapis, qui se vantent de leur marchandise, pour la vendre plus chère… Paul a voulu indiquer la corruption de la doctrine. Ce n’est pas que ces gens se détournent de la vérité, mais ils la maquillent, et la proposent sans sa vraie pureté.

La vraie doctrine est corrompue de deux façons. Directement, quand, mêlée de fausseté, elle n’est plus pure et vraie doctrine de Dieu, mais un enseignement couvert de ce titre honorable. Indirectement, on garde sa pureté mais on la manipule, et la défigure pour être bien vu. Nous connaissons des personnes qui ne veulent pas être infidèles mais qui recherchent l’approbation du monde en se montrant correctes. Par ambition, elles aspirent à une position, et veulent un gain déshonnête, ou désirent se faire voir d’une façon ou d’une autre. Elles se corrompent dans leur doctrine et faussent la doctrine par leurs désirs.

Je suis bien content de retenir ce mot corrompre, car il exprime bien comment on fait un jeu de la sainte Parole de Dieu, comme d’une pelote; on la transforme à sa convenance. Ainsi, on s’écarte de la vérité, et on prêche un évangile bâtard pour faire plaisir.

J. Calvin, Commentaire sur 2 Corinthiens 2:17, à paraître aux éditions Farel/Kerygma. Adapté librement par P. Wells.

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