La Bible et l’extase chimique
Les causes et la solution de la toxicomanie
Marc MAILLOUX*
L’ingestion de drogues dites psychotropes est un phénomène très répandu dans notre civilisation moderne. Ce phénomène n’est pas nouveau. De multiples témoignages prouvent que cette pratique existe depuis l’Antiquité, sous diverses formes et dans les cultures les plus diverses. En Occident, jusque dans les années 60, l’ingestion de certaines drogues était réservé aux milieux plutôt marginaux.
Depuis quelques années, la consommation de nouvelles drogues, comme le « crack » (dérivé de la cocaïne) et des cachets d' »ectasy » (à base d’amphétamines, etc.) est en pleine extension. Les « accrochés » ne se comptent plus dans les grandes villes. De plus, la criminalité associée à la drogue ne cesse de croître. Rien n’est plus dangereux ou moins scrupuleux qu’un « junkie » en manque, prêt à tout pour s’approvisionner, qu’une personne sous l’influence d’angel dust, drogue qui semble capable d’anesthésier totalement les scrupules de celui qui en prend, tout en décuplant ses forces. On est ici à des années-lumière de l’éthique peace and love des hippies à la Woodstock, qui semblait être le fruit d’une nouvelle Weltanschauung trouvée dans les hallucinogènes.
Autrefois, l’usage de certains types de drogues s’accompagnait, dans le monde marginal (surtout chez les Anglo-Saxons) d’un véritable espoir idéologique. Dans les années 60, des « gurus » de la drogue tels que Timothy Leary (mort en 1996), s’inspirant entre autres d’Aldous Huxley, prônaient l’emploi de drogues dites hallucinogènes pour résoudre quasiment tous les problèmes de l’humanité. Pour Leary et ses amis, il s’agissait d’exploiter à des fins religieuses ces cortical vitamins (vitamines pour le cortex); pour eux, la recherche spirituelle sans drogues était aussi inconcevable que la recherche astronomique sans télescopes. A l’aide des drogues, la société utopique de paix et d’amour à laquelle les hommes rêvent depuis la Chute allait enfin être créée… Cet espoir n’existe plus depuis quelques années, mais l’ingestion des substances n’en a pas diminué pour autant, bien au contraire!
Le chrétien, en tant que citoyen du monde, ne saurait rester indifférent devant ce fléau qui affecte une fraction croissante de la société. Que dit la Bible au sujet de la drogue? Passerait-elle sous silence un phénomène aussi répandu? Existe-t-il des prescriptions bibliques contre l’usage des drogues, notamment de celles (dites psychotropes) qui modifient la conscience de celui qui en prend? Que faut-il penser de la comparaison faite entre certaines drogues illégales et l’alcool, dont l’usage et même l’abus sont traditionnellement tolérés en Occident?
I. Les drogues: une classification
Le mot « drogue » recouvre des substances trop diverses pour que l’on ne précise pas de quoi on parle en l’utilisant. D’une façon générale, il s’agit « des produits naturels ou synthétiques utilisés à des fins non médicales et modifiant le comportement de l’individu »[1]. Les classifications nationales ou internationales de ces substances dites « psychotropes » sont provisoires et peuvent être fréquemment remises en question.
Voici présentée de façon succincte, c’est-à-dire sans entrer dans les détails pharmacologiques, la classification des drogues de Lewis Lewin, qui fait autorité depuis sa publication en 1924[2]:
* le premier groupe est celui des stupéfiants (Euphorica); il comprend des drogues qui calment l’activité psychique, comme l’opium et ses composés (la morphine, la codéine, l’héroïne, etc.), ainsi que la cocaïne;
* le deuxième est celui des hallucinogènes ou psychodysleptiques (Phantastica); il comprend un ensemble de substances d’origine végétale très différentes par leur composition chimique, qui ont la capacité de susciter des hallucinations: le peyotol, le chanvre indien, le lysergamide (L. S. D. 25), la mescaline, les plantes tropéines, qui provoquent une excitation cérébrale et se manifestent par des sensations déformées, des hallucinations, des illusions et des visions;
* le troisième groupe (Inébriantia) est composé de substances enivrantes comme l’alcool, l’éther, le chloroforme, le benzène, etc., qui suscitent successivement une excitation et une dépression;
* le quatrième groupe est celui des hypnotiques (hypnotica), agents du sommeil tels que le chloral, le véronal, le suflonal, kawa-kawa, etc.;
* le cinquième et dernier regroupe les excitants (excitanta), des substances d’origine végétale procurant, sans altération de la conscience, un état de stimulation cérébrale: la caféine, le bétel, etc.
II. Les drogues dans l’histoire: rien de nouveau sous le soleil!
Le plus ancien témoignage concernant les drogues dites hallucinogènes remonte à 2737 av. J.-C. L’empereur chinois Shen Nang montre son grand savoir sur le cannabis et ses propriétés dans un livre consacré à la pharmacologie. Déjà à cette époque, l’usage de cette drogue trouble les moralistes chinois. Le cannabis est considéré par plusieurs comme le « libérateur du péché » et par d’autres comme « celui qui apporte la joie »[3].
En Inde, les prêtres attribuent une origine divine au chanvre qui proviendrait de la métamorphose des poils du dos de Vichnou. Il désigne cette plante sous les noms de Vajahia, source de bonheur et de succès, et de Anada qui produit la vie. En Perse et en Inde, on continue de consommer le haschich, considéré comme la source de toute volupté, sous le nom de bhang [4].
En Inde, la drogue est traditionnellement liée à la spiritualité. Gordon Wasson, mycologue américain, affirme que le Rig-Veda [5] consacre au moins le dixième de ses mille psaumes au dieu/plante sôma. Il est évident que l’extase produite par ces expériences conduit loin des notions judéo-chrétiennes de culpabilité de l’homme devant Dieu. L’ivresse ainsi produite serait intrinsèquement liée à la métaphysique hindoue. C’est l’opinion de Hans Rookmaaker, qui écrit: « Le but que vise un intoxiqué… est très similaire à ceux des religions orientales. »[6] C’est la recherche du néant. C’est aussi ce qu’affirme G. Andrews:
La plupart des dieux étaient indulgents. Les sacrifices pour la culpabilité et la reconnaissance, comme ceux qui étaient offerts par les anciens Hébreux, étaient presque inconnus dans le Veda. Néanmoins, la cérémonie religieuse a dû avoir des éléments de crainte et d’émerveillement. Les adorateurs, enivrés de sôma, avaient des visions merveilleuses des dieux; ils ressentaient des sensations étranges de puissance; ils pouvaient toucher le ciel; ils devenaient immortels; ils étaient eux-mêmes comme des dieux.[7]
En Occident, on trouve également des témoignages confirmant l’usage des drogues avec des motivations magico-religieuses. Dans la Grèce antique, des gens se livraient à un genre de « divination chresmologique » à l’aide de plantes/drogues, comme le pavot.
Le déclin de l’Empire d’Occident s’est accompagné, chez les Romains, de pratiques occultes apportées par les invasions barbares, dont « l’ingestion de breuvages qui troublaient les sens, ainsi que la composition de poisons subtils »[8].
Au Mexique, à l’époque des conquêtes espagnoles, un grand nombre de plantes, dont le peyotl, sont utilisées pour communiquer avec les dieux, en entrant en transes[9]. Des pratiques semblables sont également répandues chez les Indiens d’Amérique du Nord, les Mazatèques, par exemple, qui croient que leur drogue, le peyotl, est un don de Dieu[10].
Dans le monde musulman, le qat est utilisé au Yémen par les religieux dès le XIVe siècle. Il leur permet de lutter contre le sommeil pendant leurs longues nuits de prière. Ce produit, qui ne suscite pas de perte de contrôle physique ou mental, a également la réputation d’augmenter le pouvoir de contemplation et de renforcer la communication avec Dieu. Selon Sheilagh Weir, les mystiques soufis de la doctrine shaféite croyaient que le qat facilite l’extase et le considéraient comme un don divin[11].
En Europe, on trouve également le recours à la drogue avec le cas célèbre de l’épouse de l’astronome allemand J. Kepler, qui est mise à mort, durant les purges anti sorciers des années 1615 à 1629, pour avoir distribué des drogues soporifiques et hallucinogènes[12].
A l’époque moderne, le poète marquis Stanislas de Guaita (1860-1898), qui s’est passionné pour la magie, s’est servi de cocaïne et de haschich parce qu’ils l’aidaient à quitter son corps physique et à explorer les mystères de la conscience dans son corps astral[13].
En bref, il est légitime de conclure que l’ingestion de certaines drogues est associée, depuis l’Antiquité, à des modifications de l’état de conscience des personnes et souvent assimilée à des expériences dites religieuses.
III. La toxicomanie et la débauche: une distinction théologique
Il est maintenant possible d’établir un lien entre les diverses pratiques mentionnées jusqu’ici et le phénomène implicitement dénoncé par l’apôtre Paul par le mot farmakeia que nous traduisons « sorcellerie par les drogues » (Ga 5:20); celle-ci fait partie des oeuvres de la chair condamnées en Galates 5:24. L’analyse du champ sémantique du mot farmakeia fait apparaître qu’il évoque un usage aussi bien thérapeutique que malintentionné pour empoisonner[14]. Une analyse plus poussée montre qu’il est également employé chez des auteurs classiques (Démosthène, Aristote et Polybius) et signifie « sorcellerie »[15].
Cette constatation faite, il est clair que le chrétien ne doit pas s’adonner à l’ingestion de substances dont l’association avec des pratiques occultes est nette. Nous pensons, cependant, que le type d’ivresse suscitée par certaines drogues est qualitativement différente de celle qui résulte de l’alcool, dont l’abus – qualifié de « débauche » – est également condamné par la Bible (Ep 5:18).
A cet égard, une considération relative au milieu biblique du Proche-Orient ancien est intéressante et révélatrice. L’abus d’alcool est bien connu en Canaan. Georges Contenau y affirme la présence quasi certaine de cultes du type de celui de Dionysos, jadis associés avec l’Asie Mineure[16]. Curieusement, si les Cananéens ont abusé de boissons fermentées dans un but religieux, les Babyloniens ont considéré l’ivresse comme condamnable et lui ont consacré des textes médicaux[17]. En revanche, ils se sont servis de médicaments dans leurs rites magico-religieux. T. Whitton-Davies va jusqu’à affirmer que les moyens principaux utilisés par les Babyloniens pour leurs prières, les instruments les plus importants de leurs arts incantatoires étaient des boissons et des médicaments[18]. En cela, les Babyloniens sont représentatifs des peuples mésopotamiens dans la mesure où ils n’ont pas mis la débauche due à l’alcool sur le même plan que la divination à laquelle donnaient accès certaines plantes:
Nul doute qu’aux grandes fêtes de l’année, les réjouissances populaires se soient accompagnées d’excès de boissons, mais il ne paraît pas que le culte ait comporté des enivrements partiels ou généreux; par contre, nous pouvons supposer que les Mésopotamiens qui connaissaient certaines plantes toxiques employées ailleurs dans un but religieux les aient employées pour la divination[19].
Ce fait est important car il prouve que, même dans les temps anciens, on faisait une distinction entre l’ivresse due à l’alcool et celle produite par quelques autres drogues. Autrement dit, les extases dues à l’alcool, de type dionysiaque, sont qualitativement différentes de celles qui sont produites par des hallucinogènes. Ce fait provient des propriétés particulières des drogues. Les anesthésiants comme l’alcool ne provoquent pas du tout les mêmes effets (physiques ou psychiques) que les excitants ou les hallucinogènes.
Les hindous ont également tenu compte de cela. Ils ont fabriqué une liqueur fermentée à forte teneur d’alcool, la sura. Il la distinguaient si nettement du sôma qu’il la mettaient en concurrence avec celui-ci. Déjà à l’époque du Rig-Veda, on opposait somapa (le buveur de sôma) et suraça (le buveur de sura). Le premier était qualifié de pieux et le second était un impie rejeté par les dieux[20]. En effet, les expériences mystiques sont le plus souvent le produit d’autres drogues que l’alcool.
Un passage biblique donnant un poids supplémentaire à cette thèse concerne l’emploi du narcotique naturel qu’est la myrrhe. En dehors de ses utilisations communes comme parfum ou pour l’onction des défunts, on s’en servait comme médicament en raison de ses propriétés anti spasmodiques et soporifiques[21]. Il est peut-être significatif de remarquer que Jésus, qui n’a pas méprisé « le vin qui réjouit le coeur de l’homme », a refusé le mélange de myrrhe et de vin qui lui a été présenté sur la croix (Mc 15:23). C’est là, selon nous, un exemple du discernement du Seigneur qui, même au moment de son agonie, est resté lucide quant à l’emploi de différents types de drogue.
Ce fait renforce l’idée que la recrudescence de l’abus des drogues psychotropes est nocif, mais autrement que celui d’alcool[22]. Il est important pour nous dans la mesure où il limite les implications du mot farmakeia, en excluant tout rapport avec l’alcool dont la consommation est bibliquement autorisée (avec modération) à la différence de toute autre drogue.
Il est certain que des phénomènes associés aux pratiques occultes (surtout au spiritisme et à la divination) sont souvent le fruit d’expériences extatiques produites par des drogues[23]. Toutefois d’aucuns restent sceptiques quant à l’association de transes induites par des drogues et le prétendu contact avec le monde occulte. Os Guinness, dont les analyses sur le sujet sont plutôt pragmatiques, écrit:
Pour ceux de notre génération qui sont tombés dans le monde occulte accidentellement, les deux chemins les plus habituels passent par le L. S. D. et par des techniques de méditation mal appliquées[24].
De même, nous ne sommes pas choqués par les affirmations d’un « théologien » aussi redoutable que Charles Baudelaire, pour qui le haschich était un « parfait instrument satanique ». Ce poète savait d’expérience que la consommation de cette drogue (comme celle d’autres) favorisait la création d’un « esprit de suggestibilité ». Cela est dû en partie au fait que l’homme est, selon le professeur Wilder-Smith (docteur en pharmacologie jouissant d’une grande autorité), un être hybride comportant des éléments matériels et spirituels qui, les uns et les autres, influencent son bien-être[25]. Il n’est pas étonnant que les drogues influencent cet être hybride globalement et pas seulement son côté matériel ou spirituel. Comment les drogues agissent-elles?
IV. La psychopharmacologie de la conscience
Les drogues agissent sur le psyché en produisant des pulsions neurotiques qui atteignent le cerveau, lequel nous transmet une image du monde extérieur. La transmission de ces pulsions a un caractère à la fois chimique et électrique lié à la diffusion des ions (en particulier des ions de métal alcalin) à travers des membranes. Les fibres neurotiques de ces membranes sont périodiquementinterrompues par des interrupteurs appelés des synapses. La pulsion neurotique, ou courant électrique dans les fibres neurotiques, est transportée à travers ces synapses par la diffusion d’ions, ce qui cause une dépolarisation, ou perte de potentiel électrique. Si l’on peut modifier de façon irrégulière la vitesse de passage de ces pulsions électriques à travers les synapses, le message qu’elles portent sera proportionnellement modifié. C’est la cause de certaines hallucinations.
Les drogues dites psycho-actives (celles qui modifient la perception comme le chanvre, le peyotl, le L. S. D., la mescaline, etc.) sont propagées dans les synapses où elles ralentissent la diffusion des ions à travers les membranes. Le résultat est que tous les messages sont modifiés.
Des hallucinations peuvent se produire avec ou sans l’aide de drogues hallucinogènes. Elles peuvent être le résultat d’une privation sensorielle et sont caractérisées par une sensibilité aiguë de ce que A. E. Wilder-Smith appelle le « sixième sens » ou le « sens mystique ».
Ainsi est-il postulé que les drogues dites psychédéliques ouvrent les canaux provenant du cerveau à la « Pensée universelle » et rendent l’homme plus réceptif aux phénomènes mystiques et transcendants, fermant ainsi la conscience humaine à la réalité tri dimensionnelle et produisant une rêverie[26].
Autrement dit, les cinq sens renseignent notre cerveau sur des événements qui ont lieu dans l’espace et dans le temps. Mais le « sixième sens » serait une sensibilité aux phénomènes paranormaux opérant selon des règles non explicables en fonction des forces connues dans l’espace et dans le temps. D’après le professeur Wilder-Smith:
Il semblerait qu’il n’y ait aujourd’hui que peu de doute que le cerveau biologique a l’accès, bien que souvent fragile, aux phénomènes mystico-paranormaux et au transcendant[27].
V. La privation sensorielle et l’expérience mystique
L’homme a besoin d’une certaine forme d’expérience spirituelle. Il s’agit de diminuer la surcharge sensorielle de notre vie moderne, d’amoindrir provisoirement l’apport des cinq sens pour favoriser l`influence du sixième. Jésus en a donné l’exemple en pratiquant cette forme de privation, lorsqu’il s’est retiré seul dans le désert et à la montagne afin de prier. Sa privation de contact avec les distractions de ce monde a favorisé l’intimité de sa relation avec son Père dans les lieux célestes (Mt 14:23; Mc 1:45). L’apôtre Paul a suivi l’exemple de son maître en se retirant dans le désert d’Arabie pendant quelque temps, au début de son ministère (Ga 1:17-18). Sans doute a-t-il également jeûné lors de son expérience mystique, lorsqu’il ignorait s’il était dans son corps ou hors de lui (2 Co 12:2-7). De même le prophète Daniel affirme avoir jeûné pendant les trois semaines précédant les visions qu’il a eues, annonçant les événements des derniers temps (Dn 10:2).
Dans tous les cas, la sensibilité aux influences transcendantes a été aiguisée et augmentée par la privation sensorielle. Que cela soit la conséquence naturelle du jeûne ou de la méditation, ou artificiellement produit par des drogues, le phénomène est le même physiologiquement.
Ce qui est important, c’est la privation des sens elle-même, quelle que soit la façon par laquelle elle est produite extérieurement ou intérieurement par l’anesthésie des nerfs[28].
VI. L’adrénochrome et les visions mystiques
Cette connaissance de la physiologie de l’homme nous aide à comprendre le parallèle qu’il y a entre les visions extatiques des drogués et celles des martyrs. Nous savons comment, en période d’extrême tension, le corps humain produit des quantités importantes d’adrénaline. Il arrive parfois que cette adrénaline soit transformée en adrénochrome, substance qui possède des propriétés semblables à celles de la mescaline. L’adrénochrome rend le sujet moins sensible à la douleur (en diminuant l’apport des cinq sens) et ouvre la voie au sixième sens, le sens mystique ou transcendant. Voilà une explication physiologique de l’insensibilité relative à la douleur et de la vision du Christ qu’eut Etienne lors de sa lapidation (Ac 7:54-59)[29]. Cette explication ne réduit en rien son aspect « surnaturel », car la souveraineté de Dieu englobe les causes et les effets.
Mais la similarité physiologique entre certains phénomènes mystiques et ceux que produisent des drogues n’assure pas pour autant la similarité de leur contenu spirituel. Car il faut analyser ces phénomènes, non pas seulement en fonction des données scientifiques, mais aussi en relation avec la Parole de Dieu. L’histoire de l’expérience mystique démontre qu’il n’y a souvent qu’une petite marge entre le sublime et le démoniaque.
VII. Les dangers de la drogue
Comme nous l’avons souligné, il y a de nombreux genres de drogues psychotropes et autant de motivations chez ceux qui les prennent, en fonction des personnalités et de la nature de la drogue. Dans l’ensemble, ceux qui recherchent indéfiniment l’effet lénifiant des drogues souffrent, presque toujours, d’une « perturbation instintivo-affective profonde et ancienne, secrète ou évidente »[30]. Mais il y a, cependant, une différence entre l’héroïnomane qui se suicide à petit feu et un idéaliste qui cherche une vision mystique par le L. S. D. Pour le junkie, la drogue qu’il a goûtée en partie par hédonisme devient un tyran insatiable, dont le manque provoque des séquelles physiques (tremblements, nausées, etc.) intolérables. Pour les consommateurs d’hallucinogènes (qui ne suscitent pas de véritable accoutumance physique), ceux-ci représentent, consciemment ou non, un pansement pour la plaie de l’angoisse métaphysique, voire un ersatz de la paix intérieure à laquelle tout homme aspire. Dans certains cas, comme nous l’avons vu, la drogue peut devenir un « sacrement » dans une véritable religion vouée à l’extase.
Pour Aldous Huxley, T. Leary et d’autres, l’état de conscience auquel on accède avec certaines drogues est infiniment supérieur à la stupeur relative qui caractérise l’état normal de conscience. Des hallucinogènes permettent, selon Huxley (paraphrasant Blake), d’ouvrir les « portes de la perception pour voir la réalité telle qu’elle est, infinie ». On parle même d’orgasme psychique qui dure pendant des heures. Pourquoi s’en priver? Faut-il se borner à faire de l’astronomie sans téléscopes sous prétexte que les télescopes ne sont pas « naturels »?
En d’autres termes, pourquoi l’Ecriture sainte n’autoriserait-elle pas l’expérience « transcendante » au moyen des drogues, si Dieu la donne parfois aux martyrs par le même mécanisme physiologique? Pourquoi la Bible interdirait-elle la consommation de certaines drogues, si des drogues aux propriétés semblables (l’adrénochrome, par exemple) sont parfois synthétisées de façon interne par l’organisme lors de grandes tensions? La réponse à cette question nous est donnée par des penseurs aussi différents que le chrétien et scientifique Wilder-Smith et le poète Baudelaire, lesquels arrivent, curieusement, à des conclusions semblables.
VIII. L’arbre de vie et la transcendance
Pour Wilder-Smith, l’accès au transcendant doit passer par l’élimination du péché qui est responsable, depuis la Chute, de la séparation de l’homme d’avec le monde d’en haut. C’est une barrière analogue qui sépare l’homme de l’arbre de vie. Elle existe pour la protection du pécheur. On se souvient que cet arbre était présent dans le jardin d’Eden et qu’Adam et Eve étaient autorisés à en manger les fruits (à la différence de ceux de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, Gn 2:9 et 16). L’arbre de vie représente, selon Henri Blocher, « le don central parmi tous les dons que Dieu fait à l’homme, central comme l’arbre lui-même au milieu du jardin »[31]. Avant la Chute, le fruit de cet arbre fournissait (littéralement et symboliquement) une nourriture qui était une source intarissable de vie.
Malheureusement, la Chute de l’homme est intervenue, entraînant une rupture profonde entre l’homme et Dieu. Depuis lors Dieu interdit à l’homme l’accès à « l’arbre de vie », plaçant autour des chérubins à l’épée flamboyante (Gn 3:24). Cependant, en éloignant Adam de l’arbre de vie, Dieu garde l’homme de toute notion fausse à propos des moyens par lesquels cette vie sera transmise. La Chute est une offense contre la sainteté de Dieu, que seul le don suprême de la vie de l’Agneau de Dieu pourra réparer. L’arbre de vie, d’après le texte de la Genèse, ayant la capacité de transmettre à l’homme la vie éternelle (3:22), il valait mieux ne pas vivre celle-ci séparé de Dieu. Ainsi, ce qui était bien pour l’homme dans son état de pureté originelle est devenu, après la Chute, une source potentielle de mal, voire de condamnation éternelle.
Revenons aux drogues. L’homme, loin d’être en communion parfaite avec son Créateur, est influencé en permanence par sa nature pécheresse, voire par le Malin lui-même (Mt 16:23, Lc 9:54-55). La drogue, en altérant sa conscience, le rend encore plus sensible aux influences extérieures, ou même diaboliques. C’est ainsi que l’extase provoquée par la drogue revêt un aspect occulte qui autorise une association avec la sorcellerie. Les drogues, en effet, n’ont pas de pouvoir magique en elles-mêmes; le nier serait s’inscrire en faux contre l’ensemble de la révélation biblique[32].
L’extase par les drogues est une forme de sorcellerie dans la mesure où elle tente de faire sortir l’homme de l’état de conscience qui le protège naturellement depuis la Chute[33] et le plonge dans un état où les puissances occultes, par le péché, détiennent désormais un pouvoir sur lui. Si donc l’arbre de vie est provisoirement interdit à l’homme, c’est pour son bien. Il en va de même pour les drogues qui altèrent son état de conscience. En effet, la personne en extase, ou sous l’influence des psychotropes, s’évade du monde de l’espace et du temps pour s’aventurer dans des lieux interdits. Exemple: le roi Saül chez la sorcière pharmacologique d’Eyn-Dor (1 S 28:1-25), qui lui ouvre une boîte de Pandore; ce qui en sort peut dominer, ou même posséder l’homme!
Mais si le péché pouvait être éliminé, l’obstacle à la transcendance disparaîtrait. La résurrection du Christ a déjà potentiellement enlevé la barrière pour tous les hommes, mais cette suppression ne sera entièrement opérante qu’après la Parousie. Les rachetés auront alors droit aux délices de la perception transcendante (1 Co 13:12). Pour le moment, ce privilège est réservé à certains martyrs, dont les souffrances extrêmes suscitent la sécrétion de grandes quantités d’adrénaline et la production d’adrénochrome aux effets hallucinogènes. Selon les paroles succinctes de Wilder-Smith:
Celui qui prend du L. S. D. passe à travers la barrière érigée par Dieu vers la transcendance, sans régler, d’abord, la question du péché. Il saisit, ou il essaie de saisir, les fruits du paradis en sautant par-dessus la haie du paradis au lieu de passer par la Porte[34].
Baudelaire, dont les expériences avec le haschich sont bien connues, arrive curieusement à la même conclusion. Ce poète considérait que la perception accessible par le haschich était réservée aux « saints » (au sens de l’Eglise romaine), à celui qui est jugé digne. C’est un trésor à gagner, explique-t-il:
Il est vraiment superflu, après toutes ces considérations, d’insister sur le caractère immoral du haschich… Que je l’assimile à la sorcellerie, à la magie, qui veulent en opérant sur la matière et par des arcanes dont rien ne prouve la fausseté non plus que l’efficacité, conquérir une domination interdite à l’homme ou permise seulement à celui qui en est jugé digne, aucune âme philosophique ne blâmera cette comparaison. Si l’Eglise condamne la magie et la sorcellerie, c’est qu’elles militent contre les intentions de Dieu, qu’elles suppriment le travail du temps et veulent rendre superflues les conditions de pureté et de moralité, et qu’elle, l’Eglise, ne considère comme légitimes, comme vrais, que les trésors gagnés par la bonne intention assidue[35].
Conclusion
Si la consommation de drogues n’est pour beaucoup qu’un pansement sur la plaie de l’angoisse métaphysique, les dégâts qu’elle entraîne laissent des cicatrices lentes à s’effacer. Les conséquences néfastes de beaucoup de drogues dites « douces » (sans parler des méchants opiacés comme l’héroïne, etc.) sont désormais bien établies. Personne ne conteste que la fumée de chanvre soit nuisible aux poumons et favorise le développement de maladies, dont le cancer et l’emphysème[36].
Wilder-Smith signale que l’interaction de quelques hallucinogènes (lents à être évacués par l’organisme) avec l’adrénaline produite naturellement par le corps rend même un ancien drogué moins stable en situation de tension[37]. Un autre médecin, le docteur Sidney Cohen, a constaté que les hallucinogènes les plus forts (comme le L. S. D.) provoquent d’importants changements de personnalité chez les sujets qu’il a étudiés. Beaucoup étaient devenus paranoïaques, d’autres schizophrènes, etc.[38]. Bref, l’abus de ces substances aboutit, chez le chrétien, à la destruction coupable du temple de l’Esprit qu’est son corps (1 Co 3:17).
Parmi les effets sur la santé, on remarque chez les drogués une nette perte de volonté. On l’a observé chez Huxley sous l’influence de la mescaline à laquelle il attribue le pouvoir d’ouvrir le chemin de Marie, mais de fermer la porte sur celui de Marthe[39]. Beaucoup de jeunes, autrefois actifs, sont devenus totalement léthargiques. Olivenstein parle de « clochardisation ». Cela rappelle une objection biblique contre la consommation de certaines substances qui rendent moins aptes à « assujettir la terre » (Gn 1:28). Sous l’influence de la drogue, le zèle qui, selon la Bible, doit accompagner nos actions s’évanouit comme la fumée. Baudelaire a donc raison d’affirmer qu’un état raisonnable « ne pourrait jamais subsister avec l’usage du haschich, car cela ne fait ni des guerriers, ni des citoyens »[40].
Mais au-delà de ses néfastes effets physiques et psychologiques, l’extase par les drogues est également très dangereuse spirituellement. Comme le roi Saül chez la sorcière d’Eyn-Dor, certains drogués demandent aux drogues des services réels mais illicites. Ils veulent la « grâce » de la synesthésie qui leur permet de voir « l’A-Noir, l’I-Blanc » et le monde entier comme un dessin animé de Walt Disney. La drogue peut être un billet chimique pour une excursion au pays des merveilles. Malheureusement, on y court le danger d’abandonner son esprit (encore plus qu’il ne l’est déjà: c’est une question de degré) aux puissances néfastes (Ep 6:12).
La toxicomanie est avant tout une maladie spirituelle. Comme pour n’importe quelle maladie, la thérapeutique passe par la compréhension de ses causes profondes. Nous avons déjà cité l’opinion du professeur Wilder-Smith pour qui la recherche d’une extase artificielle au moyen de produits chimiques est l’ersatz d’une véritable expérience spirituelle avec Dieu. Tel est le résultat obtenu par la société occidentale matérialiste pour avoir largement écarté Dieu. Les besoins spirituels de l’homme, créé pour être en communion avec son Créateur, n’en demeurent pas moins réels, même si l’organe de la sensibilité, en ce domaine, s’est atrophié faute d’utilisation. Le docteur Olivenstein est formel:
Ce qui manque aux drogués dans un monde de plus en plus insécurisé est une morale, voire une spiritualité[41].
Dans une perspective matérialiste, la prise de conscience de la condition de l’homme (une « passion inutile », sans espoir) ne peut qu’engendrer l’angoisse. La sensibilité aiguë de l’adolescence[42] rend impérative la découverte rapide d’une solution à cette angoisse. Si les drogues sont aussi populaires chez une partie de la jeunesse, c’est parce qu’elles leur apportent, conformément aux normes de la société technicienne, une solution rapide. Aussi beaucoup cherchent-ils ainsi le moyen de « dépasser les coordonnées de l’espace (fuite) et du temps (évasion) »[43]. Il s’agit d’échapper à l’ennui et à l’aliénation qui hantent la génération dite du « Bof! ».
L’objectif est de plonger au fond du gouffre de l’Inconnu, selon le poète, afin de trouver du nouveau. Malheureusement, les efforts n’aboutissent souvent qu’à une aliénation supplémentaire sous la forme d’un autre esclavage. Pour beaucoup, c’est le désespoir et la mort.
En totale opposition à ce chemin sans espoir se trouvent les promesses de Celui qui affranchit, qui offre la liberté (Jn 8:32), ainsi que la vie en abondance (Jn 10:10) et la paix (Jn 14:27)… et on ne s’ennuie plus dans sa chambre! De plus, la Parole promet la connaissance (1 Co 13:12), l’éternité (Jn 11:25) et le fruit de l’arbre de vie (Ap 22:14), récompenses non sans analogie avec les revendications adressées à la déesse drogue. Cependant les délices de l’expérience spirituelle ne s’achètent pas au prix d’un « trip ». Elles sont plutôt la grâce offerte à celui qui cherche Dieu en obéissant à sa Parole, en priant et parfois en jeûnant. Si cette « méthode » semble parfois moins exaltante, elle a l’énorme avantage d’être sans risques!
* Marc Mailloux est évangéliste dans les quartiers sud de Marseille.
[1] C. Klopfenstein, La Bible et la santé(Paris: La Pensée universelle, 1977), 137.
[2] L. Lewin, Phantastica (Paris: Payot, 1970), 51-52.
[3] O. Guiness, The Dust of Death (Downers Grove: Inter-Varsity Press, 1973).
[4]Ibid., 238.
[5] Le Rig-Veda est le premier des qutre livres sacrés (Veda) de l’Inde; il est écrit en sanscrit.
[6] H. Rookmaaker, L’art moderne et la mort d’une culture (Guebwiller/Lausanne: Ligue pour la Lecture de la Bible, 1974), 226.
[7 ] Andrews, cité par George, éd.,The Book of Grass (Londres: Simon et Vinkenoog, édité chez Peter Aven, Ltd., 1967), 2.
[8] P. Séjourné, article « Sorcellerie » in le Dictionnaire de théologie catholique, tome XIV (Paris: Letouzey et Ané, 1941), 2409.
[9] R. E. L. Masters et J. Houston, The Varieties of Psychedelic Experience (New York: Holt, Reinhart et Winston, 1966), 38.
[10] Ibid., 38.
[11] Cité chez B. Destremeau, « Qat religieux, qat profane », Inter Dépendance, La Cimade, n° 16, avril/mai 1994, 26.
[12] C. Sagan, Cosmos(Random House, 1980), 65.
[13] R. Cavendish, History of Magic(New York: Taplinger Pub. Co., 1977), 140.
[14] E. de Witt-Burton, A Critical and Exegetical Commentary on the Epistle to the Galatians (Edimbourg: T&T. Clark, 1971), 306.
[15] Ibid., 306.
[16] G. Contenau, La divination chez les Assyriens et les Babyloniens (Paris: Payot, 1940), 45-46.
[17] G. Contenau, La médecine en Assyrie et en Babylonie, 47.
[18] T. W. Davies, Magic, Divination and Demonology among the Hebrews and their Neighbours (New York: KTAV Pub. House Inc., 1969), 25.
[19] G. Contenau,La divination en Assyrie et en Babylonie, 47.
[20] P. de Félice, Poisons sacrés, ivresses divines (Paris: Albin Michel, 1936), 267.
[21] C. Klopfenstein, op. cit., 119.
[22] On observe cette même distinction entre les différents types de drogues chez les « gurus » modernes de la religion de la drogue. Timothy Leary a distingué six niveaux de conscience possible, le second étant l’état de conscience normal de l’homme éveillé. Leary et ses adeptes ont récusé l’usage de l’alcool et des stupéfiants qui rabaissent l’homme à un niveau inférieur. En revanche, il a encouragé celui des hallucinogènes, dont le plus « doux » (le cannabis) remonte la conscience au troisième niveau et le plus fort (le L. S. D.) jusqu’au sixième.
[23] Cette distinction entre l’ivresse de l’alcool et celle due aux hallucinogènes est soulignée par le docteur P. Deniker, qui les analyse du point de vue psychopharmacologique. Il affirme qu’en général les psychoses toxiques d’alcool prennent, le plus souvent, la forme de « crises subaiguës de confusion onirique » qui se distinguent nettement des psychoses de type paranoïde ou schizophrénique provoquées par les hallucinogènes. P. Deniker, La psychopharmacologie (Paris: Que sais-je?, n° 1216), 63.
[24] O. Guinness, op. cit., 300.
[25] A. E. Wilder-Smith,The Causes and Cure of the Drug Epidemic (Telos, 1974), 80-82.
[26]Ibid., 107.
[27] Ibid., 107.
[28]Ibid., 114.
[29] A. E. Wilder-Smith suggère que cette production d’adrénochrome est un mécanisme que le Créateur, dans sa bonté, a mis dans l’homme afin de réduire un peu l’horreur de la cruauté des hommes les uns envers les autres.
[30] G. Rancurel, « Toxicomanie », Encyclopédie Larousse, tome XIX.
[31] H. Blocher, Révélation des origines (Lausanne: Presses Bibliques Universitaires, 1979), 116.
[32] En parlant de « l’arbre de vie », H. Blocher rappelle que la Bible tout entière exclut l’idée d’un effet surnaturel, attaché à l’injestion d’une substance; H. Blocher,op. cit., 116.
[33] « L’un des aspects les plus manifestes pour ceux qui analysent ce phénomène (de la toxicomanie) est la tendance de tous les auteurs à le décrire à l’aide d’un vocabulaire « religieux », quelles que soient leurs croyances personnelles. Il est impossible de lire une étude à ce sujet sans tomber sous les mots « démoniaque », « diabolique », « satanique », etc. Par exemple, le très sérieux professeur Deniker affirme que certaines drogues provoquent le « déblocage de cas particuliers de démence précoce avec catatonie ».
Or, nous pensons que ces mots (ici « démence »), même employés par des scientifiques matérialistes, ne peuvent être entièrement dépourvus de connotations spirituelles. Leur emploi régulier est donc un fait significatif qui incite même le plus grand sceptique à considérer la possibilité que toute cette fumée est révélatrice de la présence de feu.
D’autres témoignages vont encore plus loin en suggérant que le drogué est, dans son ivresse, envahi par une force mystérieuse qui arrive à s’imposer à lui, cette force étant elle-même de caractère personnel. C. E. Morselli rappelle les différents types de délire expérimentaux provoqués par des substances toxiques, en particulier le délire dû à la mescaline. Morselli cite sa propre expérience dans laquelle il a constaté des altérations du sens de la réalité et de la conscience du moi avec l’impression étrange « qu’une autre personnalité se développe à côté de la sienne et que peu à peu elle la remplace »; cité par Klopfenstein, op. cit., 143.
Cet état est en contraste avec la condition d’Adam avant la Chute, quand il parlait et marchait avec Dieu dans le jardin d’Eden, oscillant entre le spatio-temporel et le transcendant.
[34] Wilder-Smith, op. cit., 127.
[35] C. Baudelaire, Les paradis artificiels (Livre de Poche, 1972), 76.
[36] Wilder-Smith, Drugs and the Mind, 61.
[37] Wilder-Smith, The Causes and Cure of the Drug Epidemic, 125.
[38] Cité par Guinness, [op. cit]., 250.
[39] A. Huxley, The Doors of Perception: Heaven and Hell (Londres: Granada Pub. Co., 1954), 34.
[40] C. Baudelaire, op. cit., 52.
[41] Cité par Klopfenstein, op. cit., 129.
[42] Les drogués les plus nombreux ont entre 17 et 25 ans. Klopfenstein, op. cit., 137.
[43] A. J. Charles-Nicolas, « La toxicomanie: définition et analyses des motivations », Le perfectionnementdu praticien, n° 238, 13 mai 1977, 26.