L’unité des frères – Méditation sur le Psaume 133

L’unité des frères
Méditation sur le Psaume 133

Ronald BERGEY*

1. Voici qu’il est bon, qu’il est agréable: frères assis, même ensemble.

2. C’est comme la bonne huile sur la tête qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron, qui descend sur le col de ses vêtements.

3. C’est comme la rosée de l’Hermon qui descend sur les montagnes de Sion. Car c’est là que le Seigneur ordonne la bénédiction: la vie pour l’éternité.

Contexte canonique

Le Psautier, dans le canon hébreu, couronne la troisième division majeure de l’Ancien Testament, les Ecrits1. Les Psaumes viennent après les Prophètes et les livres prophétiques succèdent au Pentateuque2. Cette division tripartite, dans cet ordre, est celle connue du Nouveau Testament. Jésus, se référant aux Ecritures, parle de la Loi, des Prophètes et des Psaumes (Lc 24:44).

La position des Psaumes, après les prescriptions mosaïques et les prédications sur celles-ci faites par les prophètes, est significative. C’est la réponse de recueillement du peuple de Dieu. Après avoir entendu la Loi et les Prophètes, il rend un culte au Dieu créateur et rédempteur pour sa grâce.

Les Psaumes mettent en valeur la médiation de cette grâce, médiation que Dieu a suscitée entre lui et son peuple, médiation exercée par de multiples médiateurs-messies, les oints, les prophètes, les prêtres et les rois. Cette médiation s’accomplit dans le ministère du Christ, du Messie, unique Médiateur dans son office de Prophète, Prêtre et Roi.

A l’intérieur des livres du Psautier, les cantiques sont regroupés par thèmes et par usage liturgique; par exemple, les cantiques des montées destinés, semble-t-il, aux fêtes sacrées de pèlerinage à Jérusalem3. Dans son contexte canonique, le Psaume 133 figure dans une collection de quinze Psaumes, 120 à 134, chacun intitulé shîr hamma’alôt, « cantique des montées »4.

A) Contexte et traits littéraires

Sur le plan littéraire, il est bien connu que le procédé de concaténation, c’est-à-dire l’association d’idées, de mots clefs et de champs thématiques, joue un rôle principal dans l’enchaînement des Psaumes. Quant au Psaume 133, à celui qui le précède et à celui qui le suit, respectivement les Psaumes 132 et 134, ils partagent trois mots ou thèmes. Aucun autre Psaume des montées ne possède ces trois éléments. Au niveau littéraire, ces trois Psaumes se trouvent « unis ensembles » comme les « frères » du Psaume 133.

Voici les éléments qui relient ces triplés:

1) Un mot se référant à ceux qui exerçaient le ministère sacerdotal: prêtres (132:9, 16); serviteurs (‘abadîm) officiant (‘omdîm) dans le temple (134:1); Aaron, l’archétype de tous les Lévites-prêtres, le père de tous les prêtres-frères qui lui succéderaient (133:2).

2) La mention de Sion (132:14; 133:3; 134:3).

3) Les termes bénir ou bénédiction en liaison avec Sion, d’où Dieu bénit son peuple (132:15; 133:3; 134:1, 2, 3). Chaque livre du Psautier se termine par une doxologie, la première par exemple: « Béni soit le Seigneur, Dieu d’Israël depuis toujours et pour toujours, Amen, Amen. » (41:14)

Les similitudes entre ces trois Psaumes soulignent l’importance du ministère sacerdotal et son rôle de médiation de la bénédiction divine; dans le Psaume 133, la bénédiction de la vie à jamais.

A l’intérieur de ce Psaume, plusieurs procédés littéraires mettent en évidence que l’expérience des frères au verset 1 et la bénédiction au verset 3 sont étroitement liées l’une à l’autre. Les similitudes sémantiques, sonores et syntaxiques nous invitent à lire ces deux lignes parallèles comme se faisant écho l’une à l’autre5. L’unité des frères a trait à la grâce de la vie pour toujours.

A l’intérieur de ce cadre, deux images sont dévoilées: « huile » et « rosée ». Ces deux symboles sont les sujets du même verbe. La triple répétition de ce verbe « descendre » crée un mouvement allant de haut en bas. D’abord, c’est l’huile qui descend de la tête d’Aaron vers sa robe en passant par sa barbe, et puis la rosée qui descend du mont Hermon au nord jusqu’aux montagnes de Sion au sud.

Cette emphase sur la « descente » des symboles souligne le fait que la symbolisée, en l’occurrence l’unité de ces frères dans la bénédiction de la vie à jamais, ne vient que d’en haut. C’est une grâce et non pas un dû. Ce mouvement descendant conduit à la conclusion. Ce qui unit ces frères est une bénédiction commune. Ils sont frères, dans un premier temps, parce qu’ils sont bénéficiaires du même héritage: la vie à jamais.

B) Réflexions exégétiques

Au verset 1, qu’est-ce qui est « si bon » et « si agréable »? La réponse réside dans l’activité de ces frères. Alors, que font-ils? Le double adverbe (gam yahad), à la fin de la ligne, précise qu’ils sont « même ensemble » ou « même unis ». Mais « unis » ou « ensemble » faisant quoi? Cette question nous ramène au verbe yashab. Le sens premier est « être assis, s’asseoir » et, par extension, « habiter » au sens de « s’installer, demeurer ». Mais, dans le contexte immédiat du Psaume d’un rassemblement à Sion et dans le contexte plus large des Psaumes des montées de pèlerinage à Jérusalem, ce verbe peut signifier « être assis dans l’adoration »6. Si oui, le plaisir qui leur est réservé ne relève pas simplement du fait qu’ils sont frères, ni frères ensembles, mais qu’ils se trouvent unis dans l’adoration du Seigneur miséricordieux qui leur a accordé la vie pour toujours. C’est l’adoration collective du Seigneur, source de la vie, qui est « ô combien bonne et ô combien agréable ».

Qui sont ces « frères »? Les interprétations les plus souvent admises, par ordre de rétrécissement sémantique, veulent que ce soient les frères israélites, ou les frères d’une tribu ou d’un clan, ou même les frères fils d’un même père. Il se peut pourtant que ces frères soient « frères-prêtres ». « Frères » se réfèrent, dans nombre de textes, aux collègues dans le ministère sacerdotal, à savoir les pasteurs-prêtres7.

Or, ce sens plus précis est appuyé par le contexte. Dans le contexte immédiat, une comparaison est établie avec l’onction d’Aaron, l’ancêtre de la classe sacerdotale. Ceci établit un lien entre ces frères et ce prêtre-père. Dans le contexte plus large, plusieurs indices vont dans le même sens. D’abord, comme déjà mentionné, le ministère sacerdotal est mis en avant dans les Psaumes 132-134. Puis, au Psaume 134, les prêtres sont ceux qui se tiennent debout (‘omdîm; verset 1). Ce verbe « se tenir debout » dans un contexte liturgique signifie « servir » ou plus précisément « être officiant ». Il s’agit des prêtres officiant (TOB) la prière. Or, ce verbe est en opposition sémantique avec le verbe se rapportant à l’activité des frères du Psaume 133:1. Si cette opposition est voulue, les prêtres du Psaume 134 président le culte tandis que les frères-prêtres du Psaume 133 rendent un culte. Ils sont assis ensemble pour célébrer la grâce du Seigneur.

Aux versets 2 et 3, deux choses sont comparées avec ces frères bénis de vie éternelle: « comme la bonne huile » et « comme la rosée ».

La première comparaison est établie avec l’huile qui, versée sur la tête d’Aaron, descend sur sa barbe et puis descend jusqu’au col de ses vêtements8. L’huile « bonne » (tôb, mot crochet cf. « bon » du verset 1) ou « parfumée » qui dégouline est l’huile sacrée (cf. Ex 30:22-32). Il s’agit plutôt d’une comparaison avec l’onction d’Aaron (cf. Ex 29; 30:22-32; Lv 8).

L’objet général de cette onction est l’investiture: le prêtre ainsi oint commence son ministère public reconnu. L’objet spécifique, mis en évidence dans le récit de l’onction d’Aaron, est la sanctification (Ex 29; cf. 30:30)9. Bien que l’investiture et la sanctification s’accomplissent en même temps, cette dernière est mise en valeur. Sans avoir été sanctifié par cette onction d’en haut (sur la tête), il n’y a pas de sacerdoce légitime. Sans le ministère sacerdotal, il n’y a pas de sanctification pour ces frères; et sans la sanctification, personne n’aura la vie pour l’éternité.. Pour le sacerdoce, il faut que le prêtre et tout ce qui le touche, ainsi que sa robe, soient saints.

L’image du revêtement d’une robe sainte est accompagnée par d’autres, telles que celles du Psaume précédant, le 132: « Tes prêtres sont vêtus de justice (sedek) » (verset 9) et « Je revêtirai du salut (yesha’) ses prêtres » (verset 16). Pour ces prêtres, cette justice et ce salut sont des sujets de joie. Chacune de ces lignes est suivie de la même expression: « Ses fidèles (hasîdîm, les prêtres) crient leur joie. » Leur joie est dans la grâce du Seigneur qui les a revêtus de justice et de salut. Ceci fait écho au bonheur des frères célébrant la bonté du Dieu sauveur à leur égard.

Les prêtres avaient comme responsabilité principale de garder le saint Nom de Dieu, ceci en préservant la sainteté du lieu sacré et des choses sacrées. Ils avaient à sanctifier le peuple pour qu’il puisse s’approcher de Dieu. La sanctification nécessitait des rites, comme l’onction, et des sacrifices « officiés » par les prêtres. Ils avaient également à enseigner au peuple comment vivre dans la présence de Dieu, puisqu’il leur avait dit: « Soyez saints car je suis saint. » (Lv 11:44-45; 19:2) « Quant à vous, vous serez pour Moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte. » (Ex 19:6)

Cette comparaison avec la consécration d’Aaron nous ramène aux frères du verset 1, jouissant de la méditation sur la grâce divine qui leur est accordée. Oui, ils reconnaissent que le Seigneur est la source de la bénédiction et, en même temps, ils savent que cette grâce leur est parvenue par la médiation sacerdotale, médiation mise en œuvre à partir d’Aaron. De même que l’onction de l’huile sainte a sanctifié Aaron, ainsi que tous les Lévites-prêtres oints qui lui succéderaient, le sacerdoce pour ces frères était une source de sanctification sans laquelle la communion fraternelle ne serait pas possible, sanctification sans laquelle personne ne verra (= résurrection) le Seigneur (Hé 12:14).

Les sacrifices, les rites et les fêtes sacrées, tous instruments de la médiation en vue de la sanctification, étaient également les moyens par lesquels le peuple pouvait prendre conscience et de son péché et de la grâce de Dieu. L’expiation du péché par un sacrifice sanglant substitutif met en évidence le jugement du péché et la miséricorde de Dieu qui délivre son peuple de sa conséquence: la mort à jamais. Ce salut, cette vie est une grâce, une bénédiction qui est au cœur de l’alliance entre Dieu et son peuple. Comme Moïse le dit: « …c’est la vie et la mort que j’ai mises devant vous, c’est la bénédiction et la malédiction. » (Dt 30:19)

La seconde comparaison est avec la rosée qui descend du mont Hermon. Cette haute montagne au nord d’Israël (aujourd’hui au Liban) est renommée pour sa rosée abondante. La quantité est souvent si importante qu’au matin il semble qu’il ait plu pendant la nuit. Le mont Sion est considérablement moins élevé que son grand frère du nord, mais il est beaucoup plus important. Sion est couronné par la capitale, Jérusalem, et cette couronne est ornée du temple. La rosée de l’Hermon descend, par vent favorable, jusqu’à ces montagnes. Dans cette région du monde, à défaut de pluie de la fin avril à la fin octobre, la rosée est une source très importante d’humidité. Elle facilite les récoltes de l’été. Elle permet la culture sèche (dates, figues, raisins secs). La rosée fait prospérer la vigne et entretient les pâturages pendant la sécheresse. Puisque la rosée fructifie et vivifie, elle est à juste titre considérée comme un symbole, comme l’huile, de la bénédiction de Dieu (Gn 27:28; Dt 33:28; 2 S 1:21; cf. Dt 32:2; Os 6:4; 14:6).

Cette comparaison avec la rosée nous amène à « Sion ». La rosée y « descend ». « Car c’est là » (kî sham), c’est-à-dire depuis Sion, que « le Seigneur donne la bénédiction ». La bénédiction du Seigneur, tout comme la rosée, vivifie. Elle résulte dans « la vie à jamais ».

La rosée, comme l’huile sacrée, a quelque chose à voir avec le sacerdoce. En effet, elle est également liée à la responsabilité principale des prêtres: l’enseignement de la parole. La parole est comparée, dans le cantique de Moïse, à la rosée: « Que ma parole coule comme la rosée. » (Dt 32:2) Moïse, en bénissant les descendants de Lévi, dit: « Ils enseignent les ordonnances à Jacob et la loi à Israël. » (Dt 33:10; cf. 2 Ch 15:3; 17:9; Né 8) Ce ministère confié aux prêtres à partir d’Aaron est exercé plus tard à Sion, surtout lors des pèlerinages: « Venez, montons à la montagne du Seigneur… Oui, c’est de Sion que vient l’instruction et de Jérusalem la parole du Seigneur. » (Es 2:3)

La rosée suggère un autre rapprochement. En Esaïe 26:19, la rosée symbolise la résurrection et l’immortalité: « Tes morts revivront, leurs cadavres ressusciteront. Réveillez-vous, criez de joie, vous qui demeurez dans la poussière! Car ta rosée est une rosée de lumière et la terre aux trépassés rendra le jour. »10 La rosée fait revivre la terre. La bénédiction fera revivre tous ceux qui ont reçu cette grâce.

Les deux comparaisons, huile de consécration et rosée, sont bien choisies: elles mettent en évidence la bénédiction de Dieu, car chacune est un symbole de cette grâce divine. Les comparaisons mettent en valeur la nécessité de la médiation de la bénédiction par le ministère sacerdotal (Lv 9:22-23; Nb 6:24-26; Dt 21:5; 1 Ch 23:1). Les prêtres, en enseignant la volonté de Dieu et en officiant les rites, ont ouvert les portes du salut. Ils ont préparé le peuple en vue de la bénédiction que, seul, le Seigneur peut donner: la vie à jamais.

Le sacerdoce à une portée christologique hors pair. Le Christ est le médiateur de la nouvelle alliance (Hé 9:15) et le souverain sacrificateur qui offre sa propre vie en sacrifice pour le péché une fois pour toutes. C’est par lui que Dieu s’adresse à son peuple de la nouvelle alliance (Hé 1:1-2). L’objet principal de l’épître aux Hébreux est de montrer que le médiateur-prêtre suprême de la nouvelle alliance, Jésus-Christ, par sa nature et par son œuvre, est supérieur à tous les sacrifices et à tous les sacrificateurs associés au culte sous l’ancienne alliance (Hé 8-10). Le Christ est notre sanctification: « Nous sommes sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes. Tout prêtre se tient à son poste chaque jour pour faire son service et offrir souvent les mêmes sacrifices qui ne peuvent jamais ôter les péchés… [Par] une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés. » (Hé 10:10b-11, 14)

Le sacrement, d’un côté, et la parole de l’autre, vont de pair avec la bénédiction dans le Nouveau Testament. Quant à la sainte cène, n’est-il pas question de la coupe de bénédiction (1 Co 10:16), coupe du sang de la nouvelle alliance, sang de bénédiction répandu pour le pardon des péchés (Mt 26:28)? Quant à la parole de promesse que toutes les nations seraient bénies en Abraham (Gn 12:3), elle n’est autre, pour l’apôtre Paul, que l’Evangile du salut, la bonne nouvelle de la justification par la foi, parole annoncée d’avance à Abraham. Cette bénédiction se trouve, déclare-t-il, en Jésus-Christ (Ga 3:8-9, 14).

L’apôtre Paul parle de son ministère en termes sacerdotaux: il se décrit comme « …un officiant [c’est-à-dire un prêtre; cf. Ps 134:1] de Jésus-Christ auprès des païens, consacré au [ou sanctifié en vue du] ministère [sacerdotal] de l’Evangile de Dieu, afin que les païens deviennent une offrande qui, sanctifiée par l’Esprit Saint, soit agréable à Dieu » (Rm 15:16). L’apôtre Pierre parle aux chrétiens en ces termes: « Prenez place vous-mêmes, comme des pierres vivantes, dans la construction du temple spirituel. Vous y formerez une sainte communauté sacerdotale, vous lui offrirez des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ. » (1 P 2:5) Plus loin, actualisant les qualificatifs relatifs à Israël, il dit: « …vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s’est acquis… » (2:9; cf. Ap 5:10; 20:6)

Conclusion

La véritable unité d’adoration du Seigneur n’est possible que grâce à la bénédiction de la vie éternelle en Jésus-Christ. La vie éternelle ne se trouve qu’en lui. Il dit: « Je suis la résurrection et la vie. » (Jn 11:25) Un commentateur remarque: « Comme tout don parfait, elle vient d’en haut. Elle est donnée plutôt que fabriquée. C’est une bénédiction plutôt qu’un tour de force ou qu’une réalisation humaine. »11 Malgré les traditions et les origines différentes au sein de l’Eglise, quiconque croit en Jésus-Christ a la vie éternelle (Jn 3:15). La personne qui croit en Christ est en lui et elle est en rapport fraternel avec tous ceux qui sont en Christ. Cette unité en Christ est déjà établie. Elle existe. A nous de la nourrir et de la préserver.

Jésus, dans sa prière sacerdotale, prie pour ceux qui croiront en lui par la parole des apôtres: « Je vis en eux et tu vis en moi; c’est ainsi qu’ils parviennent à l’unité parfaite… » (Jn 17:23) Paul, dans sa lettre aux Ephésiens, dit: « Efforcez-vous de maintenir l’unité que donne l’Esprit Saint par la paix qui vous lie les uns aux autres. » (4:3) Plus loin, dans le même chapitre, il parle de notre croissance en Christ et de l’édification du corps entier, « jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et dans la connaissance du Fils de Dieu » (verset 13). Le même apôtre nous exhorte: « Et par-dessus tout, mettez l’amour, ce lien qui vous permettra d’être parfaitement unis. » (Col 3:14)

Cette unité appartient, comme l’huile d’onction, au domaine du sacré. Au peuple de Dieu, en tant que royaume des prêtres, de la rechercher dans sa profondeur. Comme la rosée qui fructifie et vivifie, aux chrétiens de vivre de la grâce de la vie éternelle fraternellement ensemble.


* Ronald Bergey est professeur d’hébreu et d’Ancien Testament à la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence.

1 Dans deux codices, le codex d’Alep et le codex de Leningrad B19A, le Psautier se trouve après les Chroniques, c’est-à-dire à la fin des Ecrits, sans doute pour faciliter l’usage liturgique.

2 Le Psautier est divisé, tout comme le Pentateuque, en cinq livres (Ps 1-41; 42-72; 73-89; 90-106; 107-150). Cette répartition date au moins du IIe siècle av. J.-C., puisque le Psautier grec la connaît.

3 Un autre exemple liturgique est le Hallel, lui-même divisé en trois sections, les Psaumes 113 à 118, le petit Hallel, que les Juifs récitaient pour les grandes fêtes, notamment au repas pascal (cf. Mt 26:30); le grand Hallel du Ps 136, récité pour la Pâque après le petit Hallel; le troisième Hallel, récité le matin (146-150).

4 Dans ces Psaumes, il est question de plusieurs niveaux de montées: la montée du pèlerinage à Jérusalem; la montée d’Egypte incluant la conquête; la montée d’exil en Babylone; la montée eschatologique. Ces quatre niveaux s’imbriquent parfois.

5 La dernière ligne constitue une inclusion, c’est-à-dire la reprise d’un ou de plusieurs éléments de la première ligne, enchâssant ainsi le Psaume. D’abord, il y a l’homologie sémantique des mots tôb et berakâh « bon » (verset 1) et « bénédiction » (verset 3), le premier faisant partie du domaine sémantique du dernier. Puis, on entend l’homophonie ou assonance des mots ‘ahîm et hayîm « frères » (verset 1) et « vie » (verset 3). A cela s’ajoute la ressemblance sonore de deux adverbes monosyllabiques, l’un à la fin du verset 1 gam « même », l’autre au début du verset 3 sham « là ».. Enfin, la position finale et initiale de ces particules adverbiales lie syntaxiquement ces lignes.

6 L’usage, ici, en ce sens, est l’un parmi plusieurs mentionnés dans l’outil de référence, The Dictionary of Classical Hebrew: « assis dans l’adoration » (Es 65:4; Ps 23:6; 27:4; 84:5; 133:1; 140:14) (Sheffield: Sheffield Academic Press, 1993), 138a, §11.

7 « Collègue, membre d’une institution… [môt] employé pour prêtre… vu la nature héréditaire du sacerdoce. » Ibid., 174b, §5. D’autres textes avec ce même sens mentionnés inclus: Nb 16:10; 18:2, 6; Dt 18:7 Esd 3:9; 1 Ch 6:33; 2 Ch 29:34; 25:15; MQT 6:14; cf. aussi 1 Ch 23:32; 24:31; 11 QT 44:5; d’autres expressions voisines Esd 3:2, 8; Né 3:1; 12:7; 1 Ch 16:39.

8 « Col » (BJ et TOB); , lit « bouche » ou « ouverture » et non pas son « bord » (col); cf. Ex 34:23; Jb 30:18. « Il s’agit d’une onction et non pas d’une inondation! » D. Kidner, Les Psaumes, vol. II (Paris: Farel/Sator, 1984), 207.

9 Cette onction constitue, donc, sa consécration dans le double sens de ce mot: investiture et sanctification. Tous les prêtres aaronides ont été oints de cette manière (Ex 30:31-32; 40:15).

10 Ainsi M. Dahood, Psalms 101-150 (AB 17A, Garden City: Doubleday), 252. Il s’appuie également sur la mention de la vie à jamais au Psaume 133:3, en suggérant le rapprochement rosée-immortalité. En commentant la vie du verset 3, il ajoute: « La vie éternelle est souvent comprise dans un premier temps comme la préservation de la vie terrestre. Pourtant, maints textes de l’AT montrent que la croyance en la vie éternelle existait bien avant les évangiles. » 253.

11 Kidner, Psaumes, 208.

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