DÉCLARATION D’AMSTERDAM 2000

DÉCLARATION D’AMSTERDAM 20001

Charte pour l’évangélisation au XXIe siècle

Préambule

Le mouvement évangélique transdénominationnel, mouvement de renouveau au sein de l’orthodoxie chrétienne historique, est devenu une réalité mondiale à part entière. Dans la seconde moitié du XXe siècle. Les évangéliques appartiennent à de nombreuses Eglises, langues et cultures, mais ils partagent les mêmes convictions sur l’Evangile de Jésus-Christ, la mission de l’Eglise et l’engagement chrétien à l’évangélisation. Parmi les documents récents qui expriment cette compréhension, citons la Déclaration de Berlin (1966), la Déclaration de Lausanne (1974), les Déclarations d’Amsterdam (1983), le Manifeste de Manille (1989) et l’Evangile de Jésus-Christ: une célébration évangélique (1999).

A l’invitation du Dr Billy Graham, quelque 10 000 évangélistes, théologiens, stratèges missionnaires et responsables d’Eglise, venant de plus de 200 pays, se sont rassemblés à Amsterdam en l’an 2000 pour écouter, prier, louer et discerner la sagesse de l’Esprit Saint en vue de la tâche inachevée de l’évangélisation mondiale. Nous sommes stimulés et encouragés par les défis qui nous ont été lancés et par la communion que nous avons partagée avec tant de frères et sœurs en Christ. Plus que jamais, nous sommes résolus à faire connaître le Christ à tous en tout lieu.

Cette Déclaration d’Amsterdam a été conçue comme un cadre pour entourer les nombreux plans d’action qui sont en train d’être élaborés pour l’évangélisation du monde. Elle repose sur les principes énoncés dans les documents référencés ci-dessus et se compose de trois parties: une charte des engagements, la définition de termes théologiques clés utilisés dans cette charte et une prière de supplication à notre Père céleste.

Charte des engagements

Cette charte est un énoncé des tâches, des objectifs et des idéaux pour l’évangélisation au cours du XXIe siècle. L’ordre des sujets reflète l’étendue de nos préoccupations, non la priorité à donner à ces thèmes.

1. Stratégie missionnaire et évangélisation2. L’évangélisation du monde est au cœur de la mission de l’Eglise. Nous avons reçu de notre Seigneur le mandat de proclamer la bonne nouvelle de l’amour et du pardon de Dieu à tous, de faire des disciples, de baptiser et d’enseigner tous les peuples. Dans ses dernières instructions, Jésus a clairement enseigné que cette œuvre d’évangélisation, dans toute son ampleur, exige que nous prêtions attention non seulement à ceux qui nous entourent, mais aussi aux méprisés et aux rejetés de la société et à ceux qui sont aux extrémités de la terre. S’arrêter à moins que cela, c’est lui désobéir. En outre, nous reconnaissons la nécessité d’encourager de nouvelles initiatives pour atteindre les jeunes et les enfants du monde entier et en faire des disciples, de tirer un plus grand parti des médias et de la technologie dans l’évangélisation et de rester impliqué personnellement dans l’évangélisation à la base pour que notre présentation de l’Evangile biblique soit parfaitement adaptée et reste tout à fait contextuelle. Nous pensons qu’il est urgent de travailler en vue de l’évangélisation de chaque groupe de population non encore atteint.

Nous nous engageons à œuvrer pour que tous les habitants de la terre aient l’occasion d’entendre l’Evangile dans une langue qu’ils comprennent, près de leur lieu d’habitation. Nous nous engageons, en outre, à fonder chez tous les peuples et en tous lieux, des Eglises autochtones, vigoureuses et capables de croissance qui chercheront à mener vers la maturité spirituelle ceux qui répondent au message de l’Evangile.

2. Direction et évangélisation3. Nous reconnaissons que le ministère de direction est l’un des dons que le Christ a faits à l’Eglise. Ce ministère n’existe pas pour lui-même, mais pour conduire le peuple de Dieu dans l’obéissance à notre Père céleste. Les dirigeants, ou responsables, doivent se soumettre par humilité au Christ, qui est la tête de l’Eglise, et les uns aux autres. Cette soumission comprend l’acceptation de l’autorité suprême des Ecritures par lesquelles le Christ gouverne son Eglise par le truchement de son Esprit. La première tâche des responsables est de préserver l’intégrité de la proclamation de l’Eglise et de maintenir et de propager la vision de l’appel à évangéliser. Ils ont la responsabilité de veiller à ce que cette vocation soit menée à bien par l’enseignement, la formation et la délégation responsable, en étant une source d’inspiration pour les autres. Nous devons porter une attention particulière à encourager les femmes et les jeunes responsables dans leur travail d’évangélisation. Ceux qui dirigent doivent sans cesse prendre soin de ne pas entraver ce que Dieu fait lorsqu’ils exercent leur responsabilité stratégique de gestion des ressources que le Christ met à la disposition de son corps.

Nous nous engageons à rechercher et à défendre ce modèle biblique du responsable-serviteur dans nos Eglises. Nous qui sommes responsables, nous nous consacrons à nouveau à ce ministère comme il est défini par ce modèle.

3. Théologie et évangélisation4. La théologie chrétienne a pour objet une réflexion soigneuse et une mise en ordre de la vie dans la présence du Dieu trinitaire. D’une certaine manière, tous les chrétiens sont des théologiens: à eux d’en être de bons plutôt que de mauvais! Ainsi la théologie de chacun doit être mesurée à l’aune de l’enseignement biblique qui seul nous fait connaître la pensée et la volonté de Dieu. Ceux qui sont appelés aux vocations particulières d’évangélisation, de théologie et de ministère pastoral doivent travailler ensemble à répandre l’Evangile dans le monde entier. Les évangélistes et les pasteurs peuvent aider les théologiens à garder une motivation d’évangélisation, en leur rappelant que la véritable théologie est toujours faite pour servir l’Eglise. Les théologiens peuvent aider à clarifier et à sauvegarder la vérité révélée de Dieu, en fournissant les ressources pour la formation des évangélistes et l’enracinement dans la foi des nouveaux croyants.

Nous nous engageons à faire constamment les efforts possibles pour connaître et enseigner la foi selon les Ecritures et à chercher à faire en sorte 1°) que tous ceux qui prêchent l’Evangile soient équipés théologiquement et munis des ressources adéquates pour l’œuvre qu’ils ont entreprise, et 2°) que tous les enseignants professionnels de la foi partagent le souci de l’évangélisation.

4. Vérité et évangélisation5. Influencés par le rationalisme, le sécularisme et l’humanisme modernes (la modernité), les intellectuels occidentaux ont, pour une grande part, réagi par le refus relativiste de l’existence d’une quelconque vérité absolue universelle (la postmodernité). Ce refus influence la culture populaire du monde entier. En opposition à cela, l’Evangile (qui est la parole faisant autorité du seul Dieu vivant et vrai) se présente à tous, en tout lieu et en tout temps, comme la vérité sous trois acceptions: ses déclarations sont vraies quant aux faits, par opposition à ce qui est faux; elle nous place constamment face à la réalité, par rapport à l’illusion; et elle nous présente Jésus-Christ, le co-Créateur, le Rédempteur et le Seigneur du monde, comme la Vérité (c’est-à-dire la seule Personne dans l’univers qui soit réelle et accessible, qui fasse autorité, qui dise la vérité et qui soit digne de confiance), que nous devons tous reconnaître. On laisse entendre que toute forte affirmation de l’existence d’une vérité unique pour tous est inéluctablement oppressive et agressive. Cependant l’Evangile nous met en présence d’un être qui, bien que Dieu, est devenu homme et s’est identifié à ceux qui étaient dans les liens du péché pour les libérer de son esclavage. Cet Evangile de Dieu est à la fois vrai pour tous et libère véritablement. Il convient donc de le recevoir avec confiance, sans douter.

Nous nous engageons à présenter et à proclamer l’Evangile biblique et son Christ, toujours et partout, comme étant parfaitement suffisants et efficaces pour le salut des croyants. Par conséquent, nous nous élevons contre toutes les tendances de scepticisme et de relativisation ou de syncrétisme, qu’elles soient rationalistes ou irrationalistes, qui considèrent cet Evangile comme n’étant pas parfaitement vrai, et sont donc incapables de conduire les croyants dans la vie divine nouvelle qu’il leur promet. Nous nous élevons contre tout emploi oppressif et destructeur de la merveilleuse vérité de Dieu.

5. Besoin de l’être humain et évangélisation6. Tant la Loi que l’Evangile mettent à nu la condition humaine: elle est perdition, au-delà et plus profond que tous les sentiments de souffrance, de misère, de frustration, d’esclavage, d’impuissance et de mécontentement de la vie. La Bible révèle que tous les êtres humains sont de par leur constitution même dans un état de rébellion contre le Dieu qui les a créés et dont ils restent confusément conscients; ils sont séparés de lui et coupés de toute joie de le connaître et de le servir qui est la véritable satisfaction de la nature humaine. En tant qu’êtres humains, nous avons été créés pour porter l’image de Dieu dans une vie sans fin d’amour pour Dieu et pour les autres, cependant l’égoïsme de notre cœur déchu et pécheur rend ceci impossible. Souvent, notre mauvaise foi nous conduit à utiliser jusqu’aux observances de la religion pour garder Dieu à distance, pour pouvoir éviter qu’il ne traite avec nous de notre adulation impie de nous-mêmes. Par conséquent, tous les êtres humains doivent maintenant faire face à la condamnation finale par le Christ Juge, et à la destruction éternelle, loin de la présence du Seigneur.

Nous nous engageons à être fidèles et pleins de compassion pour faire connaître aux autres la vérité sur leur condition spirituelle actuelle, pour les mettre en garde contre le jugement et l’enfer qui attendent les impénitents et pour exalter l’amour de Dieu qui a donné son Fils pour nous sauver.

6. Pluralisme religieux et évangélisation7. Aujourd’hui, l’évangéliste est appelé à proclamer l’Evangile dans un monde de plus en plus pluraliste. Dans ce village mondial de croyances concurrentes et de nombreuses religions mondiales, il est important que notre évangélisation soit marquée à la fois par la fidélité à la bonne nouvelle de Christ et par l’humilité dans la proclamation de celle-ci. La révélation générale de Dieu s’étendant à tous les points de sa création, il est fort possible qu’il y ait des traces de vérité, de beauté et de bonté dans de nombreux systèmes de croyance non chrétiens. Cependant rien ne justifie que nous considérions aucun d’eux comme un autre évangile ou une voie distincte vers le salut. Le seul moyen de connaître Dieu dans la paix, l’amour et la joie est la mort réconciliatrice de Jésus-Christ le Seigneur ressuscité. Quand nous faisons part de ce message à d’autres, nous devons le faire avec amour et humilité, en fuyant toute arrogance, hostilité et manque de respect. Dans le dialogue avec les adeptes d’autres religions, nous devons être courtois et aimables. Un tel dialogue ne doit cependant pas remplacer la proclamation de l’Evangile. Pourtant, puisque tous les êtres humains sont faits à l’image de Dieu, nous devons prôner la liberté religieuse et les droits de l’homme pour tous.

Nous nous engageons à traiter les tenants d’autres croyances avec respect et à servir fidèlement et humblement la nation dans laquelle Dieu nous a placés, tout en affirmant que le Christ est le seul et unique Sauveur du monde.

7. Culture et évangélisation8. Dieu a racheté, par le sang de l’Agneau, des saints de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation. Il sauve les personnes dans leur propre culture. L’évangélisation du monde doit avoir pour objectif de voir naître des Eglises qui soient à la fois profondément enracinées en Christ et étroitement liées à leur culture. Par conséquent, suivant l’exemple de Jésus et de Paul, ceux qui proclament le Christ doivent se servir de leur liberté en Christ pour se faire tout à tous. Ce qui signifie une identification culturelle appropriée qui se garde d’assimiler l’Evangile à une quelconque culture particulière. Toutes les cultures humaines étant en partie façonnées par le péché, la Bible et son Christ constituent sur des points clés une contre-culture pour chacune d’elles.

Nous nous engageons à être sensibles à la culture environnante quand nous évangélisons. Nous aurons pour objectif de prêcher le Christ d’une façon qui convient aux peuples parmi lesquels nous témoignons et qui enrichira leur culture par tous les moyens appropriés. En outre, en tant que sel et lumière, nous chercherons la transformation des cultures en vue de l’affirmation des valeurs de l’Evangile.

8. Ecritures et évangélisation9. La Bible est indispensable à la véritable évangélisation. La Parole de Dieu elle-même fournit à la fois le contenu et l’autorité de toute évangélisation. Sans elle, il n’y a pas de message à prêcher aux perdus. Les personnes doivent être amenées à une compréhension d’au moins quelques vérités fondamentales de l’Ecriture avant de pouvoir donner une réponse sensée à l’Evangile. Ainsi nous devons proclamer et disséminer les Saintes Ecritures dans le langage du cœur de tous ceux que nous sommes appelés à évangéliser et former comme disciples.

Nous nous engageons à maintenir les Ecritures au cœur même de notre message d’évangélisation et à balayer toute barrière de langue et de culture pour une compréhension claire de l’Evangile de la part de nos auditeurs.

9. L’Eglise et l’évangélisation10. Il est incontestable qu’il faille, dans les communautés constituées, donner un enseignement aux croyants quel que soit le stade de leur cheminement spirituel et leur fournir des soins pastoraux appropriés. Mais ces préoccupations ne doivent pas remplacer la préoccupation constante pour la mission, qui implique que les efforts d’évangélisation soient considérés comme une priorité continuelle. Les pasteurs, conjointement avec d’autres personnes qualifiées, doivent amener leurs communautés à œuvrer pour l’évangélisation. En outre, nous affirmons que la formation de disciples pieux et prêts à témoigner est au cœur de la responsabilité qu’a l’Eglise de préparer ses membres à œuvrer pour le service. Nous affirmons que l’Eglise doit devenir un lieu accueillant pour les nouveaux croyants.

Nous nous engageons à inciter les communautés dans lesquelles et avec lesquelles nous servons à considérer que l’évangélisation doit être une priorité en tout temps, et à en faire ainsi un axe de la prière, de l’organisation, de la formation et du budget de la communauté.

10. Prière et évangélisation11. Dieu nous a fait don de la prière pour que, dans sa souveraineté, il puisse répondre aux cris de ses enfants en bénissant et manifestant sa puissance. La prière est l’un des moyens essentiels que Dieu a désignés pour l’éveil de l’Eglise et la propagation de l’Evangile dans le monde. Depuis les premiers jours de l’Eglise néotestamentaire, Dieu s’est servi de la prière fervente et persévérante de son peuple pour donner de la puissance à son témoignage dans l’Esprit, pour vaincre l’opposition à l’œuvre du Seigneur et pour ouvrir les cœurs et les pensées de ceux qui entendent le message du Christ. A des moments particuliers de l’histoire de l’Eglise, des réveils et des avancées spirituels ont été précédés par un accord et une union explicites du peuple de Dieu pour des temps de repentance, de prière et de jeûne. Aujourd’hui, alors que nous cherchons à porter l’Evangile à des groupes de population non encore atteints dans le monde entier, nous avons besoin d’une dépendance encore plus profonde de Dieu et d’une unité encore plus grande dans la prière.

Nous nous engageons à prier fidèlement le Seigneur de la moisson d’envoyer des ouvriers dans ses champs de moisson. Nous prions également pour tous ceux qui sont engagés dans l’évangélisation du monde et pour que soit encouragé un réel appel à la prière dans les familles, les Eglises locales, les rassemblements particuliers, les sociétés missionnaires et les ministères transdénominationnels.

11. Responsabilité sociale et évangélisation12. Bien que l’évangélisation ne soit pas un plaidoyer en faveur d’un quelconque programme social, elle comporte une responsabilité sociale et ce pour deux raisons au moins. La première est que l’Evangile proclame la royauté du Créateur plein d’amour qui veut faire régner la justice, défendre la vie humaine et veiller au bien-être de sa création. Ainsi l’évangélisation doit être accompagnée de l’obéissance à l’ordre de Dieu de travailler pour le bien de tous d’une manière qui convienne aux enfants d’un Père qui fait briller son soleil sur les méchants et sur les bons et qui envoie sa pluie sur les justes comme sur les injustes. La seconde est que, lorsque notre évangélisation est alliée au souci de soulager la pauvreté, de défendre la justice, de s’opposer aux abus du pouvoir séculier et économique, de tenir ferme contre le racisme et de promouvoir une gestion responsable de l’environnement mondial, elle reflète la compassion du Christ; elle pourra ainsi être accréditée d’une façon qui n’aurait pas été possible autrement.

Nous nous engageons à poursuivre les voies de la justice dans notre famille et dans notre vie sociale, et à tenir compte des valeurs personnelles, sociales et écologiques parallèlement à notre évangélisation.

12. Sainteté et évangélisation13. Le serviteur de Dieu doit joindre à l’Evangile la parure d’une vie sainte. Or, ces derniers temps, le Nom de Dieu a été gravement déshonoré et l’Evangile discrédité par la façon de vivre impie de chrétiens placés à des postes de responsabilité. Les évangélistes semblent particulièrement exposés aux tentations liées à l’argent, au sexe, au pouvoir, au mépris de la famille et au manque d’intégrité. L’Eglise devrait encourager des structures qui poussent les évangélistes à rendre compte de leur vie, de leur doctrine et de leur ministère. L’Eglise devrait également s’assurer que ceux dont la vie déshonore Dieu et l’Evangile ne soient pas autorisés à servir en qualité d’évangélistes. La sainteté et l’humilité des évangélistes donnent de la crédibilité à leur ministère; elles contribuent en conséquence à une puissance authentique venant de Dieu et à donner un fruit durable.

Nous nous engageons à rendre compte à la communauté devant laquelle nous sommes responsables de notre vie, de notre doctrine et de notre ministère, à fuir le péché et à marcher dans la sainteté et l’humilité.

13. Conflits, souffrance et évangélisation14. Les récits de l’évangélisation depuis les temps apostoliques, l’état du monde contemporain et la connaissance de l’opposition que Satan a toujours déployée à la propagation de l’Evangile s’unissent pour certifier qu’au cours du XXIe siècle, les efforts d’évangélisation se dérouleront dans un contexte d’opposition. Les formes actuelles d’opposition que Satan exploite de toute évidence comprennent les idéologies séculières qui considèrent la foi chrétienne comme un obstacle au développement de l’humanité; les structures de pouvoir politique qui considèrent la primauté de la loyauté des chrétiens à leur Seigneur comme une menace au régime; et les expressions militantes des religions non chrétiennes qui sont hostiles aux chrétiens parce qu’ils sont différents. Nous devons nous attendre et nous préparer à toutes sortes de souffrances dans notre lutte contre des ennemis non de chair et de sang, mais qui sont les forces spirituelles du mal dans les lieux célestes.

Nous nous engageons à toujours chercher à avancer avec sagesse dans l’évangélisation personnelle, l’évangélisation familiale, l’évangélisation de l’Eglise locale et l’évangélisation en collaboration sous ses diverses formes, et à persévérer en dépit des oppositions que nous pourrons rencontrer. Nous nous tiendrons solidaires de nos frères et sœurs en Christ qui connaissent la persécution ou même le martyre en raison de leur témoignage fidèle à l’Evangile.

14. Unité chrétienne et évangélisation15. Jésus a prié son Père céleste pour que ses disciples soient un afin que le monde croie. Un des grands obstacles à l’évangélisation du monde est à l’heure actuelle le manque d’unité au sein du peuple du Christ, condition rendue encore pire quand les chrétiens se font concurrence et se combattent au lieu de rechercher ensemble la pensée du Christ. Nous ne pouvons résoudre toutes les différences entre les chrétiens parce que nous ne comprenons pas encore parfaitement tout ce que Dieu nous a révélé. Mais dans tout ce qui ne viole pas notre conscience, nous devrions rechercher la coopération et le partenariat avec d’autres croyants pour la tâche de l’évangélisation, et mettre en œuvre la règle éprouvée de la communion chrétienne: « Dans les choses nécessaires, l’unité; dans les choses secondaires, la liberté; en toutes choses, la charité. »

Nous nous engageons à prier et à œuvrer pour l’unité dans la vérité parmi tous les véritables croyants en Jésus, et à coopérer le plus pleinement possible avec d’autres frères et sœurs en Christ pour l’évangélisation, afin que l’Eglise tout entière puisse apporter l’Evangile tout entier au monde tout entier.

Définition de termes clés

Le message que nous proclamons possède à la fois une dimension propositionnelle et une dimension incarnationnelle, « la Parole a été faite chair »16. Nier l’une ou l’autre, c’est porter un faux témoignage au Christ. Comme la relation entre le langage et la réalité est l’objet de nombreux débats aujourd’hui, il est important d’énoncer clairement ce que nous entendons par ce que nous disons. Ainsi, pour éviter la confusion et les méprises, nous définissons ci-après les mots clés utilisés dans cette déclaration. Les définitions sont toutes trinitaires, christocentriques et fondées bibliquement.

1. Dieu17. Le Dieu dont parle cette déclaration est celui qui s’est révélé lui-même en tant que Créateur de l’univers, celui qui le soutient et le gouverne. Ce Dieu est éternel dans son existence propre et immuable dans son saint amour, sa bonté, sa justice, sa sagesse et sa fidélité à ses promesses. Dieu, dans son être propre, est une communauté de trois personnes co-égales et co-éternelles, qui nous sont révélées dans la Bible comme le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Ensemble, elles sont impliquées dans un schéma coopérateur invariable dans toutes les relations de Dieu avec le monde et au sein de celui-ci. Dieu est le Seigneur de l’Histoire, à laquelle appartient son peuple qu’il ne cesse de bénir; il est aussi le vainqueur et juge dès à présent tous ceux, êtres humains ou angéliques, qui se rebellent contre sa Loi; il renouvellera enfin la totalité de l’ordre créé.

2. Jésus-Christ18. La déclaration soutient la façon de voir Jésus que le Nouveau Testament canonique met en avant et que les credos et confessions chrétiens historiques attestent. Il était, et il est, la seconde personne de la divinité trinitaire, incarnée aujourd’hui et pour toujours. Il est né d’une vierge, il a vécu une vie de parfaite sainteté, est mort sur la croix en sacrifice substitutif pour nos péchés, a été ressuscité corporellement des morts, est monté au ciel, règne maintenant sur l’univers et reviendra personnellement pour le jugement et le renouvellement de toutes choses. En tant que homme-Dieu, jadis crucifié, maintenant assis sur le trône, il est le Seigneur et le Sauveur qui accomplit par amour à notre égard le triple ministère de prophète, de prêtre et de roi. Son titre, « Christ », proclame qu’il est le serviteur de Dieu qui a reçu l’onction et qui accomplit tous les espoirs messianiques de l’Ancien Testament canonique.

3. Esprit Saint19. Présenté par les paroles de Jésus comme étant la troisième personne divine, dont le nom, « Esprit », dépeint l’énergie du souffle et du vent, l’Esprit Saint est la présence dynamique personnifiée de la Trinité dans les processus du monde créé, dans la communication de la vérité divine, dans le témoignage à Jésus-Christ, dans la nouvelle création par lui des croyants et de l’Eglise, et dans la communion dont ils jouissent et le service qu’ils exercent continuellement. La plénitude du ministère de l’Esprit Saint en relation avec la connaissance du Christ et la jouissance de la vie nouvelle en lui remonte à l’effusion de la Pentecôte rapportée en Actes 2. L’Esprit, inspirateur et interprète divin de la Bible, donne au peuple de Dieu la capacité d’exposer l’Evangile de Jésus-Christ de façon juste et pénétrante, qui transforme des vies; il fait de cette communication un moyen fécond de grâce pour ceux qui les entendent. Le Nouveau Testament nous montre la puissance surnaturelle de l’Esprit pour opérer des miracles, des signes et des prodiges, pour accorder des dons très divers et pour vaincre la puissance de Satan dans la vie humaine, pour l’avancement de l’Evangile. Les chrétiens s’accordent sur le fait que la puissance de l’Esprit Saint est d’une nécessité vitale pour l’évangélisation et que l’ouverture à son ministère devrait caractériser tous les croyants.

4. Bible20. Les soixante-six livres de l’Ancien et du Nouveau Testaments constituent la Parole écrite de Dieu. Les Ecritures, qui sont la révélation écrite inspirée de Dieu, sont entièrement vraies et dignes de confiance, elles sont la seule règle infaillible en matière de foi et de vie. Dans tous les âges et en tout lieu, cette Bible, qui fait autorité, est, par la puissance de l’Esprit, efficace pour le salut, grâce au témoignage qu’elle rend à Jésus-Christ.

5. Royaume21. Le royaume de Dieu est son gouvernement bienveillant de la vie humaine, du cours de l’Histoire et de toute réalité, par le truchement de Jésus-Christ. Jésus est le Seigneur du passé, du présent et de l’avenir; il est le Souverain qui gouverne tout. Le salut que Jésus apporte et la communauté de foi qu’il suscite sont les signes de la présence de son royaume ici et maintenant, bien que nous attendions son plein accomplissement lors du retour en gloire de Jésus. En attendant, là où les normes de paix et de justice du Christ sont observées à un degré quelconque, dans cette même mesure le Royaume est anticipé et l’idéal de Dieu pour la société humaine est mis en évidence.

6. Evangile22. L’Evangile est la bonne nouvelle du plan éternel du Créateur consistant à communiquer sa vie et son amour aux êtres humains déchus, par l’envoi de son Fils Jésus-Christ, le seul et unique Sauveur du monde. L’Evangile, puissance de Dieu pour le salut, a pour centre la vie, la mort, la résurrection et le retour de Jésus et il invite à une vie de sainteté, de croissance en grâce et à une vie de disciple coûteuse mais néanmoins caractérisée par l’espérance, dans la communion de l’Eglise. L’Evangile comprend l’annonce du triomphe de Jésus sur les puissances des ténèbres et de sa seigneurie suprême sur tout l’univers.

7. Salut23. Ce mot signifie la délivrance de la culpabilité, de la souillure, de la cécité et de la surdité spirituelles, de la séparation d’avec Dieu et de la certitude d’un châtiment éternel en enfer, qui sont le lot de tout homme sous la domination du péché. Cette délivrance implique la justification présente, la réconciliation avec Dieu et l’adoption dans sa famille, avec le don régénérateur et sanctifiant de l’Esprit Saint qui conduit à des œuvres de justice et au service ici et maintenant, et à une promesse de totale glorification dans la communion avec Dieu dans l’avenir. Cela implique dans la vie présente la joie, la paix, la liberté et la transformation du caractère et des relations, ainsi que la garantie d’une guérison totale lors de la résurrection des corps qui est encore à venir. Nous sommes justifiés par la seule foi, par le seul moyen de Christ et pour la gloire de Dieu seul.

8. Chrétien24. Un chrétien est un croyant en Dieu qui est rendu capable par l’Esprit Saint de se soumettre à Jésus-Christ en tant que Seigneur et Sauveur, dans une relation personnelle de disciple à maître, et de vivre ainsi la vie du royaume de Dieu. Le mot « chrétien » ne devrait être assimilé à aucune tradition ou à aucun groupe culturel, ethnique, politique ou idéologique. Ceux qui connaissent et aiment Jésus sont encore appelés disciples du Christ et croyants.

9. Eglise25. L’Eglise est le peuple de Dieu, le corps et l’épouse du Christ, un temple de l’Esprit Saint. L’Eglise, une et universelle, est un famille transnationale, transculturelle, transdénominationnelle et pluriethnique, c’est la famille de la foi. Au sens plus large, l’Eglise comprend tous les rachetés de tous les temps, parce qu’elle constitue le seul corps du Christ étendu dans tous les temps aussi bien que dans tout l’espace. Ici dans le monde, l’Eglise devient visible dans toutes les communautés locales qui se réunissent pour accomplir communautairement ce que, selon les Ecritures, l’Eglise est appelée à accomplir. Le Christ est la tête de l’Eglise. Tous ceux qui sont personnellement unis au Christ par la foi appartiennent à ce corps et sont unis par l’Esprit à tous les autres véritables croyants en Jésus.

10. Mission26. Dérivé de missio, le mot latin pour « envoi », ce terme est utilisé tant pour l’envoi par le Père du Fils dans le monde pour en devenir le Sauveur, que pour l’envoi par le Fils de l’Eglise dans le monde pour répandre l’Evangile, accomplir des œuvres d’amour et de justice et chercher à faire de tous des disciples.

11. Evangélisation27. Dérivé du mot grec euangelizesthai, « annoncer de joyeuses nouvelles », ce mot signifie faire connaître l’Evangile de Jésus-Christ pour que d’autres puissent, par lui, mettre leur confiance en Dieu, le recevoir comme leur Sauveur et le servir comme leur Seigneur dans la communion de son Eglise. L’évangélisation implique la déclaration de ce que Dieu a fait pour notre salut et l’invitation lancée aux auditeurs à devenir des disciples de Jésus par le moyen de la repentance du péché et d’une foi personnelle en lui.

12. Evangéliste28. Tous les chrétiens sont appelés à jouer leur rôle pour accomplir le grand ordre de mission de Jésus, mais certains croyants ont reçu un appel particulier et un don spirituel pour communiquer le Christ et pour conduire d’autres à lui. Nous appelons ces derniers des évangélistes, comme le fait le Nouveau Testament.

Prière

« Dieu de grâce, notre Père céleste, nous te louons pour le grand amour que tu nous as témoigné par la mort rédemptrice et la résurrection triomphante de ton Fils, notre Seigneur Jésus-Christ. Nous te prions de nous rendre capables, par la puissance de ton Esprit Saint, de proclamer fidèlement la bonne nouvelle de ton royaume et de ton amour. Pardonne-nous de n’avoir pas réussi à porter l’Evangile à tous les peuples du monde. Délivre-nous de l’ignorance, de l’erreur, du manque d’amour, de l’orgueil, de l’égoïsme, de l’impureté et de la lâcheté. Rends-nous capables d’être vrais, bons, humbles, compatissants, purs et courageux. Le salut t’appartient, ô Dieu, à toi qui es assis sur le trône, et à l’Agneau. Nous te demandons de rendre efficace notre témoignage de l’Evangile. Accorde l’onction de l’Esprit Saint sur notre proclamation; daigne t’en servir pour rassembler la grande multitude de toutes les nations qui se tiendra un jour devant toi et devant l’Agneau dans la louange. Nous te présentons cette requête par les mérites de notre Seigneur Jésus-Christ. Amen. »

1 La Déclaration d’Amsterdam est présentée comme le rapport conjoint de trois groupes de travail: stratèges missionnaires, responsables d’Eglise et théologiens, rassemblés à l’occasion de la Conférence d’Amsterdam 2000. Elle a été revue par des centaines de responsable d’Eglise et d’évangélistes du monde entier. Elle est remise au peuple de Dieu en tout lieu comme une expression d’engagement évangélique et comme base d’étude, de réflexion, de prière et d’action en vue de l’évangélisation.

Traduction française réalisée par Prisca et Andrew Wiles, révisée par Jean-Paul Rempp et le professeur Henri Blocher, à la demande des participants français à la conférence d’Amsterdam 2000 et avec les encouragements de l’Association Billy Graham pour l’évangélisation (BGEA).

2 Mt 28:19; Ac 1:8.

3 Ep 4:11-13; Mc 10:42-45; Col 1:18.

4 Mc 7:13; 2 Tm 2:15, 3:16 et 1 Tm 6:20; 2 Tm 1:14.

5 Rm 15:16; Ga 1:7, 2:14 et 1 Co 9:12; 2 Th 1:8 et Jn 8:31-32.

6 Rm 1:18-32, 5:12, 18a; 1 Co 15:22 et Gn 1:26 et 2 Th 1:9.

7 Rm 1:18-20 et Jn 14:6; Ac 4:12 et Mc 10:41-45; Jc 1:20 et Gn 1:26.

8 Ap 5:9; 1 Co 6:19 et 1 Co 9:19-23.

9 1 Th 2:13 et Ac 2:14-39, 13:16-41.

10 1 Co 14:13-17 et Mt 28:19; 2 Tm 2:2.

11 Ac 1:14, 2:42, 6:4 et Ac 4:23-30, 12:5 et Ep 6:18.

12 Ps 47:7; 1 Tm 6:15; Ap 17:14 et Ga 6:10; Mt 5:45 et Dt 24:10-13; Lc 1:52-53, 4:18-19; Jc 5:1-6.

13 1 Tm 3:2-13; Tt 1:6-9 et 1 Co 5:1-13; 2 Th 3:14-15; 1 Tm 5:11-13, 19-20.

14 Ac 13:6-12; Ep 6:11-13 et Ep 6:14-18.

15 Ep 4:1-6; Jn 17:21-23 et Rm 11:34; 2 P 3:15 et Rm 14:14, 23.

16 Jn 1:14.

17 Gn 1:1; Ex 20:11; Ps 24:1-2, 33:6; Ac 4:24-30 et Ps 90:2, 119:42 et Mt 28:19; 2 Co 13:14 et Dn 7:1-28; Ac 2:23-24, 4:28; Ep 1:9-10.

18 Rm 5; Tt 2:13; Hé 1:8; Jn 1:1, 14; Hé 4:15; Rm 3:21-26; 2 Co 5:21; 1 Co 15:3-4; 1 Tm 3:16; Ph 2:9-11; 2 Th 1:7-10 et Ac 2:26; Rm 1:1-3.

19 Jn 3:8, 14:16-17, 14:26, 16:13-15; Ac 2:1-4; 2 Tm 3:16; 2 P 1:21; 1 Th 1:5 et Ac 2:43, 5:12, 6:8, 14:3, 15:12.

20 2 Tm 3:16; 2 P 1:21 et Lc 1:1-4 et Jn 14:26; 1 Jn 1:3.

21 Dn 7:14; Lc 11:20 et Hé 13:8 et Lc 22:29 et Lc 6:20; Mt 5:3.

22 Rm 1:16-17; 1 Co 15:2; Ac 2:14-39, 13:16-41; Rm 1:1-5 et Col 2:15; 1 P 3:22.

23 Ep 2:8-9; Rm 5:9, 3:21-26, 8:30; Ep 2:10; Ph 2:12-13, 3:2; 1 Co 15:43 et 2 Th 1:9-10; Mc 4:42-48 et Rm 4:4-6; Ep 2:8-9; Tt 3:4-7 et Rm 11:36, 15:9; Ph 1:11.

24 Ac 11:26, 26:28 et 1 P 4:16.

25 1 Co 12:27; Ep 5:25-27, 32 et Mt 28:19; Rm 3:27-30; Ap 7:9-10 et 1 Co 1:2.

26 Jn 17:18, 20:21.

27 Lc 4:18; Rm 1:15-17.

28 2 Tm 4:5; Ep 4:11.

Les commentaires sont fermés.