Chapitre 12. De la Loi de Dieu
1. Nous enseignons que Dieu, par sa Loi, nous fait connaître sa volonté, ce qu’il veut que nous fassions ou non, ce qui est bon et juste, ainsi que ce qui est mauvais et injuste. Nous confessons par conséquent que la Loi est bonne et sainte1. Elle a été écrite du doigt de Dieu, soit dans le cœur des hommes2(appelée ainsi Loi naturelle), soit sur les deux Tables de Moïse et expliquée plus amplement dans les livres de celui-ci3. Pour plus de clarté, nous distinguons entre, premièrement, Loi morale, contenue dans le décalogue ou les deux tables de la Loi, et expliquée dans les livres de Moïse, deuxièmement, Loi cérémonielle, réglant les cérémonies et le culte de Dieu et, troisièmement, Loi judiciaire, traitant des affaires politiques et domestiques.
2. Nous croyons que cette Loi communique parfaitement la volonté de Dieu, ainsi que tous les préceptes nécessaires pour tous les domaines de la vie. S’il en était autrement, le Seigneur n’aurait pas défendu d’y rien ajouter ou d’en rien retrancher4; et il n’aurait pas ordonné de la suivre exactement, sans s’en détourner ni à droite ni à gauche5.
3. Nous enseignons que cette Loi n’a pas été donnée aux hommes pour que nous soyons justifiés en l’observant mais afin que, par ses enseignements, nous reconnaissions notre faiblesse, nos péchés et notre condamnation et que, désespérant de nos propres forces, nous nous tournions vers le Christ par la foi. L’apôtre affirme, en effet, que la Loi produit la colère6; c’est par la Loi que vient la connaissance du péché7. S’il avait été donné une loi qui puisse procurer la vie, la justice viendrait réellement par la Loi. Mais l’Ecriture (c’est-à-dire la Loi) a tout enfermé sous le péché, afin que la promesse soit donnée par la foi en Jésus-Christ à ceux qui croient. Ainsi la Loi a été un précepteur pour nous conduire à Christ, afin que nous soyons justifiés par la foi8. En effet, nul n’a jamais pu, ni ne pourra jamais satisfaire à la Loi de Dieu ni l’accomplir, à cause de la faiblesse de notre chair, faiblesse qui demeure et qui s’attachera à nous jusqu’à notre dernier soupir. Toutefois, l’apôtre dit aussi: Chose impossible à la Loi, parce que la chair la rendait sans force — Dieu, en envoyant à cause du péché son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, a condamné le péché dans la chair9. Le Christ est donc la perfection de la Loi et l’accomplissement de celle-ci pour nous10; et puisqu’il nous a rachetés de la malédiction de la Loi, étant devenu malédiction pour nous11, il nous communique, par la foi, son accomplissement de la Loi ainsi que sa justice et son obéissance, qui nous sont imputées.
4. La Loi de Dieu est donc abrogée en ce qu’elle ne nous condamne plus et ne provoque plus en nous la colère de Dieu. En effet, nous sommes sous la grâce et non plus sous la Loi. De plus, le Christ a accompli toutes les préfigurations de la Loi. Ainsi, les ombres ont cessé lorsque la réalité est venue, en sorte que nous avons maintenant en Christ la vérité, et toute plénitude. Cependant, nous ne méprisons ni ne rejetons la Loi; car nous nous souvenons de la parole du Seigneur, disant: Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi et les prophètes. Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir12. Nous savons que la Loi nous livre les définitions d’une conduite intègre et d’un comportement répréhensible. Nous savons également que la Loi de l’Ecriture, si elle est expliquée par l’Evangile, est utile à l’Eglise et que sa lecture ne doit donc pas en être bannie. Et bien que le visage de Moïse ait été couvert d’un voile, néanmoins l’apôtre affirme que ce voile a été ôté et aboli par le Christ. Aussi condamnons-nous tout ce que les hérétiques, anciens et nouveaux, ont enseigné contre la Loi de Dieu.
1 Rm 7:12, 16.
2 Rm 2:15.
3 Ex 20; Dt 5.
4 Dt 4:2.
5 Es 30:21. Cf. Jos 1:7.
6 Rm 4:15.
7 Rm 3:20.
8 Ga 3:21, 22, 24.
9 Rm 8:3.
10 Rm 10:4.
11 Ga 3:13.
12 Mt 5:17.