La vie et les temps de Pierre Courthial (1914-2009)

La vie et les temps de Pierre Courthial (1914-2009)

12 août 1914 Pierre Courthial est né à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or (Rhône).
Sa famille est d’origine mi-protestante, mi-catholique romaine.
–Protestante du côté paternel : sa grand-mère, Sara, née Bianquis, était la fille d’Alfred Bianquis, pasteur au Vigan (Gard) et à Rouen, et la sœur de Jean Bianquis, directeur de la Société des missions. Un des professeurs de la Faculté de théologie de Paris, Raoul Patry, était un cousin.
–Du côté maternel, sa grand-mère Vernay était née dans une famille très catholique, les Ferrieux. Après son mariage avec un journaliste plutôt libre penseur, elle cessa de « pratiquer », mais resta croyante.
Les parents de P.C. ne sont « pratiquants » ni l’un ni l’autre; sa mère se considère comme protestante depuis son mariage.
1914-1920 Petite enfance à Lyon, puis à Brest (son père Robert Courthial, ingénieur du Génie maritime, y a été rappelé du front en 1916), enfin à Rochefort où il fait ses classes maternelles et où il manque de mourir d’une diphtérie. Sa mère lui apprend le Notre Père, et à prier.
1920-1925 Il fait au lycée Ampère, à Lyon, ses classes primaires (10e, 9e, 8e, 7e) et commence sa 6e. Avec son frère Yves, il va à l’école du dimanche, temple du Change. A partir de 1922, il est louveteau unioniste.
1925 Son père est nommé directeur de l’Arsenal de Saïgon. D’avril à décembre 1925, son frère et lui vont au collège Chasseloup Laubat de Saïgon.
Déc.1925-juillet 1927 Le climat de Saïgon ne leur réussissant pas, les deux frères rentrent en France et vont habiter, à Lyon, chez leur grand-père paternel, Eugène C., et leur tante paternelle Yvonne Courthial. P.C. fait, au lycée du Parc, la fin de sa 5e et sa 4e.
Juin 1927-juin 1930 Il fait, au lycée Lakanal de Sceaux, ses 3e, 2e et 1re.
De 1928 à 1930, lecture des classiques latins et français. Lecture passionnée des Pensées de Blaise Pascal. Cours d’instruction religieuse tant au lycée Lakanal qu’en l’Eglise luthérienne de Bourg-la-Reine. Début d’une lecture quotidienne de la Bible reçue de suite comme la Parole de Dieu.
Sept. 1930-sept. 1931 Retour à Lyon des deux frères. Au lycée du Parc, P.C. fait deux trimestres de math élém. Désirant faire sa 1re communion, il a demandé au pasteur Rivet une instruction religieuse, 2e année, avant de recevoir la sainte cène à la Pentecôte 1931. Cours de philosophie de Lachièze-Rey, kantien, qui, sans le vouloir bien sûr, lui donne l’horreur du kantisme et du modernisme, dont il était d’ailleurs immunisé par ses autres lectures. Il doit s’arrêter, sur ordre du médecin, et partir se reposer au Chambon-sur-Lignon, sans faire le 3e trimestre de math élém.
Sept. 1931-juillet 1932 P.C. fait deux trimestres de préparation à HEC au lycée du Parc.
Durant ces deux années (septembre 1930-juillet 1932), il est passionné de philosophie et de théologie; et la liste de ses lectures s’allonge (il va souvent à la Bibliothèque municipale, près de la cathédrale Saint-Jean).
Lecture de Jacques Maritain (Antimoderne, Théonas, Réflexions sur l’intelligence. Les degrés du savoir) sans se laisser impressionner par la position antiprotestante de ce philosophe catholique.
Lecture du père Reg. Garrigou-Lagrange (Le sens commun), du père Gardeil, de Gilson (La philosophie au Moyen Age) et d’une dizaine de petits volumes de la Somme théologique de saint Thomas (édités par la Revue des jeunes).
Lecture de A l’école de Calvin, de Jean de Saussure, et du Journal d’un chrétien philosophe, de Charles Gillouin. Lecture surtout de l’Institution chrétienne de Calvin et de l’Instruction chrétienne de Pierre Viret (pour qui il aura toujours une prédilection).
Ces années intenses aboutissent à une vocation pastorale.
P.C. abandonne la préparation d’HEC (fait à noter: ses parents se montrent très compréhensifs) et se met, en mai et juin 1932, à préparer seul son bac de philo qui lui permettra d’entrer en Faculté de théologie.
Nov.1932-juin 1936 Etudes de théologie à la Faculté de théologie protestante de Paris. Amitié immédiate avec Pierre Marcel (qui est en 4e année), étonné et réjoui de voir arriver un « déjà calviniste » à la Fac de Paris. Influence du professeur Auguste Lecerf, qui l’initie aux théologiens écossais (William Cunningham) et américains (Berkhof). Cela l’introduira à lire, plus tard, en anglais, les théologiens néerlandais Kuyper et Bavinck.
Avril 1934 P.C. rencontre Karl Barth de passage à Paris ; le théologien suisse lui dédicace un exemplaire de la traduction anglaise de son commentaire sur les Romains.
Nov. 1936-juin 1937 P.C. rejoint ses parents à Shanghaï (depuis 1928, son père y dirige la Compagnie française des tramways de Shanghaï), où il rédige sa petite thèse sur « Le journal d’un chrétien philosophe de Charles Gillouin ». Avec ce livre ne l’ont accompagné à Shanghaï que la Bible et l’Institution chrétienne de Calvin (dans une édition brochée en un seul gros volume des Editions de Toulouse, XIXe siècle, qu’il fera alors relier en cuir bleu). Il prend des leçons particulières de néerlandais (avec une dame hollandaise que désespère son accent!) en vue d’une année, 1937-1938, à l’Université libre d’Amsterdam, pour laquelle Lecerf s’occupe de lui obtenir une bourse.
Voyage au Japon, à Pékin, en Mandchourie.
Retour en France par le Transsibérien (au passage, visite de Moscou).
Fin juin 1937 Soutenance de thèse à Paris. Le président du jury est Henri Monnier.
Oct.1937-sept.1938 P.C. avait obtenu, par A. Lecerf, la bourse pour la Frei Universitat d’Amsterdam. Mais ce projet est tombé à l’eau, car Roland de Pury, nommé pasteur de l’Eglise libre des Terreaux, à Lyon, ne pouvait pas quitter sa paroisse de Vendée avant 1938 et a demandé à Pierre, qu’il connaissait (depuis une rencontre, probablement de la Fédé à Sète, en 1933) de le remplacer pendant une année avant sa venue.
P.C. renonce à sa bourse et vient à Lyon, où il habite avec sa sœur Noëlle.
Eté 1937 P.C. rejoint le pasteur André de Robert, qui venait de passer quelques mois dans l’Eglise des Terreaux, et plusieurs paroissiens de cette Eglise – une dizaine de jeunes ménages et quelques célibataires – pour un camp d’évangélisation d’un mois à Thézenac. Signe des temps : les Bibles distribuées aux villageois, et pourtant choisies dans l’édition catholique, ont été, après leur départ, brûlées sur la place par le curé !
1937-1938 Avec ce camp, P.C. a lié connaissance et noué des amitiés avec « le noyau » de la paroisse des Terreaux, ce qui aura un retentissement dans toute l’année qui suivra. Dès la rentrée, un catéchisme d’adultes – dont la nécessité s’est fait sentir – est entrepris et groupe de nombreux paroissiens pour l’étude du Catéchisme de Heidelberg.
Janv./juillet1938 La paroisse organise trois conférences qui remplissent le temple de la rue Lanterne. Roland de Pury et Théo Riebel, pasteur comme lui à Moncoutant, sont les orateurs. Les titres de ces conférences sont provocateurs: 1. « Les faux dieux »; 2. « Le Bon Dieu »; 3. « Dieu ».
Roland de Pury avait chargé P.C. de préparer la paroisse aux changements qu’il prévoyait. Jusqu’alors: pas de liturgie, pas de robe… et il était plus facile à P.C., de passage, de proposer ces nouveautés.
C’est en mai 1938 que l’Assemblée constituante de l’Eglise réformée de France se réunit à Lyon. P.C., délégué de l’Eglise libre des Terreaux, y est le plus jeune député.
Il vote pour l’unité, avec une idée simple : c’est la pagaille partout, mieux vaut encore une seule Eglise… D’ailleurs, Lecerf et Cadier, persuadés, à tort, que le libéralisme était en train de mourir, sont, eux aussi, pour l’unité.

Les responsables du groupe de Fédé lycéenne de Lyon avaient, à l’automne, demandé à P.C. de soutenir leurs études bibliques et de partager, le plus souvent possible, leurs activités. C’est ainsi que la « Z »[1] des lycéennes, Hélène Jouve, qui préparait l’Ecole normale supérieure de Sèvres, au lycée Edgar-Quinet, et P.C. firent connaissance, ce qui devait les mener loin !

Juillet 1938 Fiançailles. P.C. tiendra à ce que sa fiancée étudie le Catéchisme de Heidelberg (sous l’égide d’une paroissienne des Terreaux).
1er sept. 1938 P.C. est appelé « sous les drapeaux » et rejoint le 155e Régiment d’artillerie.
Sept. 1938 Service militaire à Drachenbronn, sur la ligne Maginot.
Oct.-nov. 1938 Peloton E.O.R. à Haguenau, au 2e R.A. P.C. se plonge dans les mathéma-tiques pour préparer l’examen.
Décembre 1938 Une chute de cheval lui casse un bras et met fin à ses espoirs d’être officier.
20 avril 1939 Mariage en l’Eglise luthérienne de Lyon, rue Fénelon ; prédication de R. de Pury.
Juin, juillet, août 1939 Caserne de La Part-Dieu, à Lyon.
1er sept. 1939 C’est la guerre.
Oct., nov., déc. 1939 C’est « la drôle de guerre », pas si drôle que ça puisque ce secteur du front est (avec la Sarre) le seul où il y a de fréquentes escarmouches. Lecture, dans un presbytère lorrain, de nombreuses pages du Dictionnaire de théologie catholique.
4 mars 1940 Naissance à Lyon du fils aîné, Bernard.
Avril-10 mai 1940 Le régiment de P.C. stationne à Veuilly-la-Poterie, dans l’Aisne. Pierre fait office d’aumônier et part souvent à vélo sur les routes pour organiser des cultes pour les soldats protestants (le cuisinier marocain, Tahar ben Lebsir, l’appelle avec respect « le marabout »…).
10 mai 1940 Attaque allemande. Le régiment fait route vers la Belgique avec la 1re D.I.N.A. Au cours d’une reconnaissance, tout l’état-major de la division est capturé. C’est la retraite vers Dunkerque.
3 juin 1940 A 1 h du matin, P.C. et ses camarades arrivent à embarquer sur un petit bateau britannique, le Midway Queen, habitué seulement à la Tamise, qui les amène à Ramsgate, où ils reçoivent un accueil chaleureux.
7 juin 1940 Après un passage à Bournemouth, c’est de Plymouth qu’ils embarquent pour la France, où il s’avère impossible de reprendre le combat (toutes les armes ont dû être laissées à Dunkerque).
Juillet 1940 Démobilisé, à Lyon, P.C. ne peut obtenir une paroisse; toutes sont déjà pourvues. Il est nommé, à l’automne, aumônier des Chantiers de jeunesse.
Nov. 1940-mai 1941 Au Monestier-de-Clermont (Isère), P.C. travaille auprès des jeunes des Chantiers, souvent dispersés dans la montagne. Avec la neige, ce sont de longues courses à ski pour rejoindre certains camps.
27 janv.1941 Consécration au ministère pastoral en l’Eglise des Terreaux, à Lyon, sous la présidence de Roland de Pury, André de Robert donnant la prédication.
Juin 1941 P.C. est nommé pasteur de la paroisse réformée de La Voulte-sur-Rhône (Ardèche). Deux problèmes se posent au nouveau pasteur: la composition du conseil presbytéral et l’absence des hommes.
1.Le conseil presbytéral: sur les douze conseillers (des notables souvent), trois seulement viennent au culte. P.C. fait une visite à chacun, les mettant devant leur responsabilité : soit venir régulièrement au culte, soit démissionner. La plupart démissionnent, et c’est avec ceux qui restent (dont trois fidèles) que va se reconstruire un conseil solide.
2.Il y a des femmes de valeur dans la paroisse et elles remplissent de nombreuses tâches. Pour intéresser les hommes, il faudra un travail de longue haleine: visites, cercles d’hommes (auxquels prennent part des gens extérieurs à la paroisse, communistes, indifférents), mais jamais le temple, trop grand avec ses 600 places, ne se remplira, loin de là ! Le projet de construire un autre lieu de culte, mieux adapté, et d’y adjoindre un presbytère et des salles de paroisse, commence à prendre forme. P.C. partira avant l’achèvement de sa réalisation.

Rencontres :
Louis Dallière, pasteur à Charmes. C’est une personnalité hors du commun et, malgré certaines divergences doctrinales (L.D. a une tendance « charismatique » et refuse de baptiser les enfants), il devient un ami et un conseiller. Par lui, P.C. s’initie à la lecture des Pères de l’Eglise (dans la collection Sources chrétiennes, dont il est un des premiers souscripteurs; et ce jusqu’à la fin des années 1960). Il lui fait lire aussi Le voyage au bout de la nuit de Céline, « pour mieux comprendre le péché moderne », dit-il; pratiquement tout Léon Bloy, dont le pasteur de Richemond et lui sont admirateurs, et Georges Dumézil.
Paul Evdokimov, théologien laïque orthodoxe, habite Valence, la ville voisine, comme Jean Gastambide, commissaire E.U. et ami, qui lui présente P.C. C’est lui qui l’orientera vers la théologie orientale (Serge Boulgakov, Vladimir Lossky, Soloviev). La foi lumineuse et attentive de cet homme remarquable laisse à P.C. et à sa femme une empreinte durable.
L’abbé Couturier, aux Chartreux, un des animateurs du mouvement œcuménique. C’est lui qui a développé la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Il habite Lyon et P.C. le rencontre assez souvent, ainsi que les pères du Scolasticat jésuite de Fourvière. Là aussi, comme pour l’orthodoxie, c’est toute une recherche de compréhension de la foi de l’autre, recherche appuyée sur la lecture de la collection Unam Sanctam, du père Congar. Mais P.C. se pose la question : « Pourquoi ne pas avoir la même recherche d’ouverture et de compréhension pour les protestants non réformés, évangéliques, baptistes et autres ? »
C’est ainsi que, avec l’appui du pasteur Boegner, il fait la connaissance du pasteur Guelfucci, des Eglises Réformées Evangéliques Indépendantes (EREI). On l’invite pour des conférences ou des conventions.
Dans les premières années de l’Occupation, il fait office d’« aumônier » des mouvements féminins repliés en zone sud; il rencontre Marie Bouniol, Erika Bruker, notamment, des Unions Chrétiennes de Jeunes Filles (UCJF).
En août 1942 se tient à Notre-Dame-de-Bellecombe, en Haute-Savoie, un camp de jeunes filles avec Suzanne de Dietrich. P.C. est chargé des études bibliques et se souvient de l’intérêt soulevé par une explication de la Genèse auprès de jeunes communistes (le camp servait d’étape pour des jeunes filles juives qui fuyaient se réfugier en Suisse).
A noter aussi les fréquentes réunions avec les pasteurs voisins de la Drôme et de l’Ardèche, en particulier ceux de la vallée de l’Eyrieux: de Richemond, Massias, Tartier, Bonnet (grâce à celui-ci, chaque hiver arrivaient au presbytère des sacs de châtaignes, bien appréciés!). C’est dans le cadre d’une de ces pastorales, le 20 octobre 1941, à Saint-Laurent-du-Pape, que Louis Dallière fit une étude sur Romains 11, montrant avec une force extraordinaire la place du peuple juif dans la foi, et l’impossibilité de tout antisémitisme.
Dans la même ligne avait lieu, les 16 et 17 septembre 1941, une importante réunion à Pomeyrol de seize personnes : trois laïcs – René Courtin, Madeleine Barot, Suzanne de Dietrich – et treize pasteurs – notamment Roland de Pury, Pierre Gagnier, Pierre Courthial, Jean Cadier, Georges Casalis. De cette rencontre devaient sortir Les thèses de Pomeyrol, protestation contre les récentes lois promulguées contre les Juifs, dans le but de préparer l’Eglise à une prédication fidèle et de manifester la résistance spirituelle des chrétiens. Ces thèses sont la seule condamnation publique des lois antijuives faite par des chrétiens, à cette date, avant que Les Cahiers du témoignage chrétien ne prennent la relève en novembre 1941.

Fin 1944 Au moment de l’offensive allemande dans les Ardennes, P.C. est convoqué à Paris par le pasteur Pierre Maury pour s’expliquer sur sa pensée théologique.
En effet, son ouverture du côté catholique et orthodoxe, ses fréquentes rencontres avec l’abbé Couturier ou Paul Evdokimov, par exemple, avaient finalement inquiété et troublé le pasteur Pierre Rozier, président de la région à forte tradition cévenole, dont La Voulte faisait partie.
Pierre Maury reçoit très amicalement P.C. – leur entente sortira d’ailleurs renforcée de ces échanges – mais il lui demande de s’éloigner quelques mois de sa paroisse pour mettre au clair ses positions sur l’œcuménisme et préciser par écrit sa pensée théologique. (En mai 1945, P.C. ira à Paris – il s’y trouve le 8, pour la Victoire – remettre son travail à Pierre Maury, qui en est rassuré et satisfait. Ce travail sera publié par la rue de Clichy, sous forme d’opuscule sans nom d’auteur, avec le titre Qu’ils soient un.)
Le pasteur Rozier s’occupe de faire desservir la paroisse pendant ce temps (le motif de repos nécessaire est invoqué), et un fidèle conseiller et ami, Louis Bermond, propose de prêter à la famille Courthial sa maison de Die, libre à cette période de l’année.
De février à mai 1945 les cinq membres de la famille Courthial habitent donc cette accueillante petite ville de la Drôme, et c’est là que naît le quatrième enfant, Francis, en mars 1945.
Fin mai 1945 P.C. retrouve sa paroisse, où il restera jusqu’en novembre 1946.
Ces années 1940-1946, riches de rencontres, d’engagements, de partage, enracinées dans une vie paroissiale pressante, sont cependant des années lourdes et difficiles, comme pour chacun. Sur le plan familial, trois enfants sont nés: Marielle en août 1941, Jean-Pierre en janvier 1944, Francis en mars 1945. L’hiver, il fait très froid dans le presbytère; l’été, les pêches délicieuses de l’Eyrieux, généreusement offertes par des paroissiens amis, ne suffisent pas à combler les appétits…
En 1946, P.C. et sa femme sont à bout de forces. Le pasteur Bœgner, toujours attentif, s’inquiète et propose à P.C. de partir en Allemagne occupée, où il serait aumônier militaire et pasteur de la paroisse française de Baden-Baden.
1946-1951 Baden-Baden. La vie matérielle est plus facile: la santé va revenir.
Au début, la paroisse protestante française célèbre ses cultes dans la grande église évangélique de Baden-Baden. Il y a 50 enfants à l’école du Dimanche (il y a un lycée français dans la ville); les protestants français, loin de chez eux, se rassemblent avec plaisir ; les études bibliques, les cercles d’amitié sont très animés. P.C. a son travail de pasteur et de prédicateur, et assume sa charge d’aumônier auprès des soldats protestants des garnisons voisines.
Le directeur de l’Aumônerie, le pasteur Marcel Sturm, commence et développe tout un travail de réconciliation avec les Allemands. Le pasteur Ungerer (ancien déporté) l’assiste. Après 1948, il y a de nombreux retours en France et la petite communauté protestante se rétrécit: le culte a lieu dorénavant dans la petite église anglicane.
1951 En février, une lettre de Pierre Maury, pasteur de l’Eglise réformée de l’Annonciation et président du Conseil national de l’ERF, adresse à P.C. un appel voilé, confirmé quinze jours plus tard par une lettre officielle, appuyée par une lettre du pasteur Bœgner (président de la Fédération protestante de France) et une lettre d’André de Robert. Devant cette convergence pressante, P.C. pose sa candidature et est nommé pasteur de la paroisse de l’Annonciation. En juin, il donne sa première prédication, rue Cortambert, et, en septembre, il commence la plus longue étape de sa carrière de pasteur: vingt-trois ans au service de la paroisse réformée de l’Annonciation[2].
1951-1974 Cette grande paroisse du XVIe arrondissement de Paris a trois pasteurs, à ce moment-là : Marc Bœgner, qui assume par ailleurs de lourdes charges dans le protestantisme français; Pierre Maury, lui aussi très occupé par sa charge de président du Conseil national de l’ERF, et P.C. (qui remplace André de Robert). C’est une Eglise vivante, formée depuis de longues années par ses pasteurs à une intense vie communautaire : nombreux sont les laïcs assumant des services dans la paroisse et le conseil presbytéral est particulièrement « responsable ». Toute une recherche liturgique, menée en particulier par M. Bœgner, a redonné au culte sa place centrale. La théologie nettement réformée des pasteurs, la fidélité de leurs prédications en font une paroisse assez exceptionnelle, malgré la pesanteur du milieu « bourgeois » où elle évolue.
Les premiers mois du ministère de P.C. sont consacrés à faire connaissance avec les paroissiens. Il y est grandement aidé par Mme Bœgner, qui connaît tous les rouages de la paroisse dont elle a organisé, en 1944, le découpage en « îlots ».
Ce système efficace permet au nouveau pasteur et à sa femme d’entrer en contact, quartier par quartier, avec les paroissiens groupés autour du ménage responsable (chef d’îlot!), qui organise les réunions et veille tout au long de l’année à ce que personne ne soit isolé ou sans aide.
Chronologie En 1953, le pasteur Bœgner prend sa retraite. C’est Pierre Gagnier qui vient, de Nice, le remplacer. La paroisse de l’Annonciation a toujours trois pasteurs : Pierre Maury, Pierre Gagnier, P.C.
A noter qu’en 1954 (ou 1955?), P.C. reçoit la visite de deux conseillers presbytéraux de la paroisse indépendante de Boulogne (banlieue limitrophe du XVIe arrondissement); leur pasteur vient de mourir et, comme ils ne sont rattachés à aucune union d’Eglises, ils ne savent que faire. Après avoir pris conseil de ses collègues, P.C. accepte de devenir président du conseil presbytéral de cette paroisse qu’il va désormais animer, assurant des cultes avec l’aide des pasteurs voisins (il y prêche environ deux dimanches sur trois). Il profite de son passage pour faire repeindre et aménager le temple (toujours le souci que le lieu de culte soit, sinon beau, du moins propre et accueillant).
Cette charge supplémentaire ôtée, P.C. a davantage de temps à consacrer à la paroisse de l’Annonciation et, à la mort subite de P. Maury en 1956, ce n’est plus trois, mais dorénavant deux pasteurs seulement (Pierre Gagnier et P.C.) qui, avec l’aide – pour quelques années en tout cas – de Sylvaine Moussat (auparavant remarquable secrétaire du pasteur Maury et devenue assistante de paroisse non moins efficace) continueront dans la paroisse l’œuvre de leurs prédécesseurs.
En 1967, Pierre Gagnier part pour le Chambon-sur-Lignon, appelé à en diriger le collège. C’est le pasteur Jean de Watteville qui vient le remplacer, jusqu’en septembre 1969.
Pendant l’année scolaire 1969-1970, P.C. reste seul, aidé de temps en temps par le pasteur Georges Appia (qui vient de remplacer Hébert Roux dans un ministère de relations œcuméniques).
En 1970 arrive de Lyon Daniel Atger, qui commence avec P.C. un ministère de confiante collaboration.
Famille En 1954 naît le cinquième enfant de la famille Courthial, Michel. Tous habitent, depuis l’arrivée, dans un appartement loué par la paroisse, 24, rue Octave-Feuillet. En 1956, ils viennent s’installer au 11, avenue du Colonel-Bonnet, dans l’appartement précédemment occupé par M. Maury et les siens. Ils y restent jusqu’à leur départ en 1974.
Points forts du travail du pasteur –En tout temps et sans application immédiate, faire de la théologie, lire, s’informer, travailler environ deux heures chaque jour (suivant en cela le conseil d’Auguste Lecerf).
– Donner tout le temps nécessaire à la préparation de la prédication (P.C. prêche un dimanche sur deux) et des études bibliques.
– Visiter malades, personnes âgées et tous ceux qui le demandent.
– L’école du dimanche: elle groupait, à son arrivée, environ 350 enfants. Animée par un groupe de monitrices dirigées par Mme Galliene et préparées, chaque lundi après-midi, par une étude biblique avec le pasteur. P.C. s’est beaucoup attaché à ce travail.
– Catéchismes. Chaque pasteur a son groupe de catéchumènes. P.C. a toujours utilisé le Catéchisme de Heidelberg, comme le fera, à son tour, P. Gagnier.
– Scoutisme, comme conseiller de groupe, surtout dans les premières années.
– Entraide. P.C. a suivi de près les activités de ce service, qui déborde largement les limites paroissiales.
– Travail œcuménique. A la fin des années 1950, P.C. reçoit la visite de l’abbé Joly (qui vient d’être nommé curé de Notre-Dame-de-l’Assomption (paroisse catholique du XVIe). L’abbé Joly vient se présenter… quel signe de l’évolution des esprits, quand on se souvient qu’en 1941 P.C., jeune pasteur arrivant à La Voulte, avait voulu, lui aussi, se présenter au curé de l’endroit, qui lui avait refusé sa porte !
De cette rencontre devaient sortir une vraie amitié et la création d’un « cercle de ménages » groupant des paroissiens catholiques et protestants et étudiant, avec l’abbé Joly et P.C., divers aspects de leur foi respective.
Dans les années 1960, des rencontres œcuméniques ont lieu. Lors de l’une d’elles, le pasteur Bœgner et P.C. se sont trouvés seuls à défendre, sur la base du Nouveau Testament, la naissance virginale de Jésus, alors que les prêtres présents et une supérieure de couvent en doutaient! Petite anecdote révélatrice…
En 1960, cinq conférences sont prononcées au temple de la rue Cortambert, sous le titre « La Réforme, servante de l’Unité », par Suzanne de Dietrich, Jean Bosc, P.C., Pierre Gagnier et Albert Greiner.
Dès son arrivée à Paris, en 1951, P.C. fait partie, à la demande de Pierre Marcel, du comité de rédaction de La Revue réformée, où il retrouve Réveillaud, Albert-Marie Schmidt, Jean Cadier et le Dr Schlemmer, tous deux déjà rencontrés durant ses études. Sa collaboration à La Revue réformée a continué au long des années. Plusieurs des articles qu’il y a fait paraître ont été traduits (en anglais, en allemand – en particulier les études sur Karl Barth – en afrikaans, en chinois et même en catalan).
– Pierre Marcel lui fait aussi connaître la philosophie réformée. En 1955, il fait venir à Paris H. Dooyeweerd, qui donne à la Sorbonne une conférence présidée par Paul Ricœur.
P.C. fait aussi la connaissance des ouvrages de N.B. Stonehouse, professeur de Nouveau Testament au Westminster Theological Seminary de Philadelphie (celui-ci envoie ses livres à Pierre et lui fait recevoir la revue de Westminster), et de Cornelius Van Til.
– Par l’entremise de la Société calviniste, P.C. rencontre, dès 1951, Jules- Marcel Nicole, baptiste et directeur de l’Institut biblique de Nogent-sur-Marne. Pendant de nombreuses années, il donnera un cours d’éthique à Nogent, une matinée tous les quinze jours.
– P.C. fait aussi partie du conseil de la Société des missions évangéliques de Paris, qu’il quittera en 1968: il ne peut approuver le changement d’orientation prévu et donne sa démission.
Que dire de ses rapports avec la Fédération protestante de France ? Rien, cela ne l’intéresse pas. Tout ce qui peut ressembler à de la « cuisine ecclésiastique » le révulse. Il se tient à l’écart des synodes, ne lit pas les journaux religieux (qui l’ennuient). Il refuse presque toujours (il est vrai qu’on le lui demande rarement!) les prestations télévisées ou radiodiffusées. Ce n’est pas un homme d’« appareil », ni un homme de « médias » !
– P.C. associe Henri Blocher à la fondation d’un Centre d’études de théologie évangélique, en 1967 sauf erreur, qui se réunit mensuellement. Tous deux organisent un congrès de théologie évangélique : « Ta Parole est la Vérité ». Ce congrès se tient à Paris, en mai 1968, dans les locaux de la Maison de l’Annonciation. Jacques Ellul et les pasteurs luthériens A. Greiner et Lovy sont parmi les intervenants. L’assistance est nombreuse, malgré l’agitation au Quartier latin, dont on entend de temps en temps le bruit de tirs de grenade.
Mars 1970 – C’est la date de parution du premier numéro de la revue Ichthus. C’était une revue d’œcuménisme évangélique, qui s’adressait aux luthériens, réformés, baptistes, libristes… Contre le laxisme doctrinal, contre un œcuménisme fourre-tout, l’équipe au travail voulait proposer une théologie sérieuse (donnant la préférence à la ligne la plus stable et la plus sobre parmi les évangéliques: le calvinisme) et esquisser une vue chrétienne de l’éthique, de la culture, de l’esthétique…
L’équipe de rédaction se réunissait, chaque mois, dans le vaste bureau de l’avenue du Colonel-Bonnet: Henri Blocher, théologien baptiste, professeur de la Faculté de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine, Marie de Védrines, cadre supérieur à la Banque de France et membre des EREI, et P.C., Paul Arnéra, libraire en Suisse, étant secrétaire de rédaction. La revue prend son essor, le nombre des abonnés augmente (jusqu’à 4000 exemplaires); le point culminant est atteint lorsque l’équipe organise la Fête de l’Evangile dans les arènes de Nîmes, les 7 et 8 juin 1980, qui réunit, dans l’enthousiasme, 17 000 personnes. Différents facteurs amorcent ensuite un léger déclin, mais la revue tint bon jusqu’en décembre 1986, où paraît le dernier numéro. Aventure passionnante à plus d’un titre, elle lia d’une amitié solide ses acteurs et les enrichit de leurs échanges et de leurs différences.
A partir des années 1970, P.C. lit quasi exclusivement en anglais : d’abord, les traductions anglaises des théologiens réformés hollandais Schilder, Vollenhoven; puis, comme le calvinisme néerlandais est de plus en plus supplanté par le développement nouveau du calvinisme américain, il lit les théologiens américains Vern. S. Poythress, Greg Bahnsen, R.J. Rushdoony, John Frame, Gary North, David Chilton.
Automne 1973 – P.C. reçoit les visites d’Eugène Boyer et de Paul Wells, puis de Pierre Filhol et de Peter Jones. Ils viennent lui proposer de contribuer à la création, à Aix-en-Provence, d’une Faculté de théologie réformée, dans les locaux de l’ancienne Faculté de théologie protestante. Après de longues réflexions, il accepte. Voici la lettre par laquelle il informe la paroisse de l’Annonciation (Le Lien de décembre 1973):
« (…) Cette Faculté autonome ne dépendra pas d’une Eglise ou Union d’Eglises; l’Institut protestant de théologie protestante de Paris-Montpellier est le seul à dépendre de l’Eglise réformée de France ; ce qui fait que plusieurs font des réserves sur notre initiative, alors que, dans la situation présente, je la crois nécessaire.
« Nous avons le cœur serré, ma femme et moi, à la pensée de quitter la paroisse où nous aurons été vingt-trois ans, dont nos cinq enfants auront été catéchumènes et où vous nous entourez de tant de confiance et d’affection.
« Chacun d’entre vous, du pasteur Atger, auquel me lie l’amitié la plus fraternelle, au plus jeune de vos enfants, nous serait une raison de rester. « L’amour du Seigneur et de son Eglise, les bonheurs et les peines partagés ont établi entre vous et nous des liens que nous ne pouvons oublier.
« Et cependant, heureux comme nous le sommes d’être parmi vous, avec vous, nous allons partir pour obéir à ce que nous croyons être un appel de Dieu.
« Je resterai à Aix-en-Provence pasteur de l’Eglise réformée de France et c’est d’abord pour elle qu’avec d’autres professeurs, je chercherai à former des pasteurs et à établir un centre de rayonnement de la foi, de la pensée et de l’action ‹réformées›.
« Votre intercession comme aussi tout ce que vous nous avez apporté au long de ces années de vie paroissiale en commun m’y aideront. »
Sur le plan familial non plus, ce n’est pas facile de quitter Paris, où P.C. et sa femme laissent tant des leurs et, surtout, leurs deux mères, âgées et malades. L’acquisition, financée pour la plus grande partie par le chèque-cadeau d’adieu de la paroisse de l’Annonciation, d’une petite maison dans les Cévennes, près de Ganges, permet une transition inattendue et favorise les retrouvailles familiales – parents, enfants, petits-enfants – durant de nombreux étés.
Octobre 1974 C’est l’ouverture de la Faculté de théologie réformée. Le président du Conseil de Faculté est Pierre Filhol. P.C. est directeur académique, professeur d’éthique et de théologie pratique. Le corps professoral: Eugène Boyer, François Gonin et les Britanniques Peter Jones et Paul Wells.
1974-1984 Préparation des cours, enseignement, partage avec les jeunes professeurs de la nouvelle faculté, rencontres avec des étudiants. Au fil des années, la vie de la Faculté, décrite par ailleurs, se développe.
Insertion, un peu difficile, dans le milieu paroissial de l’Eglise réformée d’Aix-en-Provence; il n’est pas aisé de devenir « paroissien », surtout quand il n’y a pas accord parfait avec la théologie et la prédication des pasteurs successifs.
Contacts fructueux avec la « communauté des moines apostoliques », qui a pris en charge la paroisse catholique voisine, Saint-Jean-de-Malte. Le cheminement spirituel de ces prêtres (anciens dominicains lassés par le laxisme théologique du moment et chargés par l’archevêque de faire revivre la paroisse de Saint-Jean-de-Malte) ressemble beaucoup à celui des responsables réformés de la faculté. Il se crée entre eux une vraie communion de pensée qui, sans abolir les différences, rend possible des échanges féconds et suscite des amitiés durables.
Voyages – En 1975, en Afrique du Sud, P.C. donne une conférence au Congrès calviniste international qui se tient à Potchefstroom, où il rencontre les philosophes réformés Stocker et Talgaard, dont il a lu en anglais certains textes et qui l’ont beaucoup impressionné.
– Aux Etats-Unis, d’abord en tournée avec Eugène et Gerald Boyer en 1976, puis en septembre 1979, à Philadelphie, accompagné de Paul Wells, pour recevoir le doctorat honoris causa du Westminster Theological Seminary.
– Au Canada, en janvier 1985, pour donner, pendant trois semaines, un cours sur « La Loi » dans la nouvelle Faculté de théologie baptiste de Montréal.
Avril 1984 P.C. prend sa retraite et le ménage Courthial quitte la Faculté d’Aix-en-Provence pour s’installer dans la petite maison des Cévennes, près de Ganges.
1985-1989 Chaque hiver, à la demande du comité directeur de la Faculté, P.C. revient à Aix-en-Provence (où il s’installe avec sa femme dans un appartement meublé) pour continuer à donner des cours d’éthique et d’ecclésiologie, d’octobre à mars.
Sept. 1989 Installation à Lyon, près de la place des Terreaux. Mais, malgré la proximité de Paris par le TGV, l’isolement est grand dans cette ville natale où ne subsiste aucun lien familial et c’est avec reconnaissance que les Courthial acceptent la proposition de la Faculté d’Aix-en-Provence de leur louer l’appartement dont elle est depuis peu propriétaire.
Fin 1990 Retour à Aix-en-Provence, où P.C. est en contact avec le travail de la Faculté, y participe ponctuellement et retrouve l’environnement familier, étudiants, professeurs et amis. P.C. donne chaque année, en 1991, 1992, 1993, 1994, un cours de maîtrise pendant une semaine. Il fait partie du Conseil de Faculté.
1994 P.C. prononce, le 9 octobre, la « leçon d’ouverture » pour la vingtième rentrée de la Faculté, sur le thème « La Faculté réformée d’Aix-en-Provence, raisons d’être et origines ».
1995-1996-1997 P.C. travaille à la rédaction d’un livre qui doit être, dans son intention, une récapitulation de tout ce qui fait la force et la grandeur de la foi chrétienne réformée:
– pleine reconnaissance de l’autorité souveraine de la Parole de Dieu;
– enracinement dans les confessions de foi « catholiques » de l’Eglise;
– humble recherche d’obéissance à toute la loi de Dieu, dont notre temps doit s’appliquer à scruter toutes les implications, pour tenir bon face à la religion de l’« humanisme » qui fait l’homme juge de toutes choses.
Ce sont des mois d’intense travail intellectuel.
Sept. 1997 Le livre paraît aux Editions L’Age d’Homme (dans la collection Messages), sous le titre

LE JOUR DES PETITS RECOMMENCEMENTS

Les délais très brefs entre la lecture du manuscrit par l’éditeur, enthousiaste, et la sortie en librairie font bien augurer de l’impact du livre. Mais le protestantisme français n’est pas prêt à recevoir cet exposé vibrant d’une théologie que, dans sa majorité, il récuse. Le journal Réforme refuse d’en publier une recension. A part quelques articles çà et là, quelques lettres élogieuses, le silence est épais.

Eté 1998 Ce fut une grande joie pour P.C. de lire, dans la revue suisse Résister et Construire, une critique de Bertrand Rickenbacher montrant que son livre pouvait être vraiment compris.
2000-2001 P.C. travaille à la rédaction d’un second livre dont l’objet sera de montrer comment la Bible est tout entière le texte sacré de l’Alliance entre Dieu et les hommes, et qu’elle peut, et doit, être reconnue comme Parole de Dieu ayant pleine autorité sur nos vies.
Eté 2001 Le manuscrit est pratiquement achevé, mais diverses circonstances retardent son impression.
Octobre 2001 Les Courthial quittent Aix-en-Provence pour se rapprocher de leur famille à Paris, où ils habitent désormais dans le XVe, à proximité immédiate de leur fille et de son mari, qui leur sont d’une grande aide.
Hiver 2001-automne 2002 P.C. remanie son livre, qui sera finalement publié conjointement par L’Age d’Homme et les Editions Kerygma, sous le titre De Bible en Bible. Il réussit à terminer ce gros travail avant d’avoir quelques sérieux problèmes de santé qui limitent un peu ses activités, mais ne l’empêchent pas de continuer à lire, à travailler en prenant des notes pour approfondir et faire avancer sa pensée théologique.
Janvier 2003 Le livre paraît enfin en librairie sous le titre:

DE BIBLE EN BIBLE

Printemps 2005 Un éditeur américain, très intéressé par ce qu’il a appris du contenu de ces deux livres, décide de les publier dans les pays anglophones, en commençant par le second. Il en confie la traduction à un jeune théologien américain, Matthew Miller.
2005-2009 Quoique âgé, P.C. reste agile d’esprit et garde toute sa vivacité intellectuelle, son optimisme et ses convictions. Il souffre ainsi que son épouse de devoir être privé de toute vie ecclésiale. Il s’intéresse à la vie des Eglises et à l’actualité du protestantisme et aime discuter de théologie avec ses visiteurs, rue Varet, Paris XVe: parmi eux, Marie de Védrines et Paul Wells, Pierre Berthoud, Henri Blocher, Vincent Bru, William Edgar et Peter Jones. A Paul Wells, à la fin d’une visite, il dit, avec un grand sourire, parlant de son service funèbre et de la participation qu’il lui avait demandée : « Je suis désolé de vous faire tant attendre pour cette prédication ! »
22 avril 2009 Décès de Pierre Courthial à Paris.

[1] « Z » : la présidente.

[2] Cf. « Histoire de la paroisse », www.annonciation.org/.

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