La vie de prière de l’église coréenne – Les secrets de la croissance rapide de l’église coréenne

LA VIE DE PRIÈRE DE L’ÉGLISE CORÉENNE

Les secrets de la croissance rapide de l’Eglise coréenne

 

 

 

Chongnahm CHO*

 

 

 

I. La situation de l’Eglise coréenne

 

A) La Corée

 

La Corée est un petit pays. La péninsule coréenne mesure près de 1000 kilomètres de

long et entre 250 et 300 kilomètres de large. La superficie totale de la péninsule est d’environ 225 000 kilomètres carrés et est maintenant divisée en deux parties: la Corée du Nord, communiste, et la Corée démocratique, dite «libre», au sud. Environ 45% de la péninsule sont sous l’administration de la Corée du Sud. Cette superficie est à peu près celle de l’Islande ou du Portugal.

 

La péninsule – voisine des deux superpuissances continentales que sont la Chine et la Russie et peu éloignée également du Japon – présente, à la fois, l’avantage d’un accès facile aux cultures proches, mais aussi l’inconvénient de devenir la cible des desseins agressifs de ces voisins. Ces pays (Chine, Japon et Russie) ont harcelé la Corée à différentes périodes de son histoire. L’issue de la guerre sino-japonaise (1894-1895) a renforcé le contrôle qu’exerçait le Japon sur la Corée et la victoire de ce dernier sur la Russie, peu après durant la guerre russo-japonaise (1904-1905), a facilité l’annexion de la Corée par le Japon durant les trente-six années suivantes (1910-1945).

 

La Corée a finalement été libérée de l’occupation japonaise en 1945 après la défaite de ce pays à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, juste après la liesse causée par  l’indépendance, le pays a été divisé en deux Etats par les grandes puissances mondiales: la Corée du Nord, dirigée par un gouvernement communiste, et la Corée du Sud, dirigée par un gouvernement démocratique. Le pays a une nouvelle fois été déchiré par la guerre de Corée, provoquée par l’agression des Nord-Coréens communistes en 1950. Cette guerre a pris fin en 1953.

 

La population de Corée est actuellement d’environ 70 millions d’habitants: 44 millions vivent en Corée du Sud, 23 millions en Corée du Nord et 3 millions dans des Etats tiers comme la Chine, le Japon ou les Etats-Unis, notamment. Au XXe siècle, les trente-six années d’occupation et la guerre de Corée ont sévèrement affecté le peuple coréen. Ces deux événements sont à l’origine de persécutions, de souffrances, de famines, de maladies et d’hécatombes. Néanmoins, cette souffrance populaire et l’agonie nationale ont contribué à la croissance rapide de l’Eglise en Corée du Sud, en particulier ces dernières années.

 

B) Dieu a béni l’Eglise coréenne

 

Officiellement, les missions protestantes sont arrivées en Corée en 1884 avec la venue de missionnaires méthodistes américains (H.G. Appenzeller et W.M. Scranton) et presbytériens du Nord (J.W. Heron, Horace J. Allen et Horace G. Underwood).

 

Dieu a béni l’Eglise coréenne, qui s’est fait connaître dans le monde entier comme une Eglise à la croissance rapide. Cette croissance explosive a provoqué un développement de certaines Eglises qui se placent, aujourd’hui, parmi les plus nombreuses du monde: l’Eglise méthodiste Kwanglim (75 000 fidèles), l’Eglise du Plein Evangile (plus de 706 000 fidèles), l’Eglise presbytérienne Youngnak (60 000 fidèles). Séoul, la capitale du pays où vivent près de 11 millions d’habitants, compte plus de 6533 églises.

 

Selon le KRIM, il y a, en Corée du Sud, plus de 12,2 millions de chrétiens protestants et 40 000 églises. Presque la moitié des soldats coréens sont de profession chrétienne. Les forces armées comptent 50 Eglises, lesquelles célèbrent un service chaque dimanche.

 

Il y a également 270 écoles de théologie et séminaires, six d’entre eux comptant plus de 1500 élèves inscrits. Chaque année, 7000 étudiants sortent diplômés de ces établissements. Il existe une compétition serrée pour entrer dans ces séminaires parmi les étudiants diplômés : sur trois ou quatre candidats, un seul est accepté.

 

Récemment, le Saint-Esprit a demandé à l’Eglise coréenne de travailler dans des missions à l’étranger. Dans les années 1930, l’Eglise coréenne a envoyé quelques missionnaires en Chine. Mais, après le Congrès de Lausanne (1974), le nombre de missionnaires à l’étranger a beaucoup augmenté. En 1992, 2571 missionnaires coréens, employés par 71 agences différentes, travaillaient à l’étranger. En 1998, plus de 5000 étaient employés par quelque 127 missions, et on en comptait 7899 en 2001.

 

Samuel H. Moffett, ancien missionnaire retraité en Corée, a décrit la croissance explosive de l’Eglise coréenne de la manière suivante:

 

«Lorsque mon père est arrivé en Corée, il y avait entre 10 000 et 17 000 catholiques. Selon les statistiques, il y avait seulement 74 protestants pratiquants. Quarante ans plus tard, en 1930, quand j’étais jeune garçon, la Corée comptait 415 000 chrétiens, soit 2% de la population. Quand j’y suis revenu en 1955, il y avait 1 117 000 chrétiens, soit 5% de la population, et aujourd’hui [en 1987], il y en a plus de 10 millions, soit 23%. En gros, cela signifie que, en 1890, 1 Coréen sur 1000 était chrétien, 1 sur 50 en 1930, 1 sur 20 en 1995 et 1 sur 4 aujourd’hui.»

 

Dieu a donc béni l’Eglise coréenne. Quelles sont les raisons et les conditions qui ont permis à cette Eglise de se développer aussi rapidement?

 

II. Les conditions du développement rapide de l’Eglise coréenne

 

Il y a différentes raisons, pense-t-on, de nature sociologique, théologique ou autres. Je voudrais, tout d’abord, préciser que si l’Eglise a connu une croissance aussi remarquable, c’est avant tout parce que Dieu a préparé le terrain et a travaillé: c’est la grâce de Dieu. Ensuite, les chrétiens coréens ont eux aussi travaillé dur, en particulier par la prière et avec un grand dévouement.

 

A) Le bon terroir que Dieu a préparé

 

Dieu a préparé le terrain et le moment pour que l’Eglise coréenne soit réceptive à l’Evangile. Le principe de réceptivité (dont parlent les missiologues) est applicable à cette Eglise.

 

1. Le moment a été préparé historiquement

 

On pourrait dire, peut-être ironiquement, que Dieu a préparé la Corée géographiquement et historiquement pour son travail, de la même manière qu’il a choisi Israël pour être l’endroit où sa révélation surgirait.

 

La Corée est un petit pays situé entre de grandes puissances: la Russie, la Chine et le Japon. Elle est, comme Israël, la terre du milieu. Elle a donc été menacée par ces puissants voisins. Elle a subi le contrecoup de la lutte de pouvoir entre ces grandes puissances. Lorsque le Japon a été sur le point d’occuper le Pays du Matin calme, les Coréens étaient à la recherche d’une nouvelle raison d’espoir. Où les Coréens devraient-ils chercher de l’aide? La Chine et la Russie étaient déjà vaincues par le Japon.

 

Sur le plan culturel, la Corée était un pays «ermite», avec une forte tradition bouddhiste, dans laquelle le culte des ancêtres était une réalité sur laquelle comptaient les enfants, comme preuve de piété filiale. Les Coréens ont été, en quelque sorte, déçus par les religions traditionnelles, comme le bouddhisme ou le confucianisme, parce qu’elles ne leur ont donné aucun espoir pour leur pays. On s’est donc mis à rechercher quelque chose de nouveau, même sur le plan religieux.

 

C’est à ce moment-là que Dieu a réalisé quelque chose de surprenant pour les Coréens. Il était tôt, ce matin de Pâques 1884, lorsque deux missionnaires américains ont débarqué sur les côtes d’Incheon. Il en a été exactement comme en Israël lorsque Dieu est intervenu, le moment étant venu.

 

2. Dieu a préparé son peuple au travers de la persécution et de la souffrance

 

Au travers de la persécution par le gouvernement coréen

Lorsque l’Evangile est arrivé en Corée, le pays ne manquait certainement pas de religions autochtones et, de surcroît, avait sa propre culture. Cela constituait nombre de barrières pour une nouvelle religion. Le gouvernement de l’époque se sentait, alors, menacé par l’invasion occidentale et a commencé à suspecter tous les chrétiens d’être des espions occidentaux. La persécution a ainsi commencé. Sur les bords de la rivière Han, de nombreux chrétiens ont été massacrés. Aujourd’hui, sur les bords de cette rivière, si vous vous rendez à Séoul en venant de l’aéroport de Gimpo, vous verrez une église catholique, érigée en mémorial pour tous ces martyrs.

 

Bien des chrétiens ont été expulsés de chez eux, parce qu’on pensait qu’en raison de leur croyance en une nouvelle religion, ils reniaient la coutume filiale du confucianisme, à savoir le culte des ancêtres.

 

Je sais que mon grand-père a été persécuté quand il s’est converti. Il a été battu par l’aîné de la famille, Cho. Les propriétaires lui ont retiré sa terre agricole. Mais il a gardé la foi et finalement s’est fait respecter par les habitants du village. Une des toutes premières églises méthodistes a été construite dans mon village natal. Ce village s’est même appelé le «village de Jésus».

 

Au travers de la persécution par le gouvernement japonais

Quand le Japon a commencé à prendre le contrôle de la Corée, le peuple s’est rebellé contre cette occupation. Il y a eu un mouvement clandestin pour l’indépendance de la Corée. La plupart des leaders de ce mouvement en faveur de l’indépendance étaient chrétiens. Les sentiments nationalistes bouillaient dans les cercles chrétiens.

 

C’est pourquoi les colonisateurs militants japonais n’avaient pas confiance dans l’Eglise dès le départ, et non sans raison. Un pasteur japonais, après un voyage en Corée, a protesté contre les injustices qu’il avait vues. Un bataillon de soldats japonais a brûlé une église chrétienne par pure colère. Une autre fois, des soldats sont entrés dans une église lors d’une réunion de prière et ont demandé à être hébergés. Lorsque l’assemblée leur a demandé d’attendre la fin du service, ils l’ont chassée dehors avec leur fusil à baïonnette et se sont installés dans l’église pour la nuit. 

En 1919, les Coréens ont organisé une immense manifestation pacifique pour demander leur liberté, mais l’armée a réagi avec une brutalité qui a choqué le monde entier. Les chrétiens coréens ont insisté sur la non-violence, comme condition à une participation à la manifestation; le 1er mars, alors que le peuple se rebellait contre son oppresseur, ils ont marché avec les instructions suivantes: «Quoi que vous fassiez, n’insultez pas les Japonais; ne jetez pas de pierres, ne frappez pas avec vos poings, car ce sont là des actes barbares!»

 

Quinze des trente-deux signataires de la Déclaration d’indépendance étaient chrétiens. L’Eglise a été particulièrement atteinte par la vengeance japonaise. Presque tous les pasteurs de Séoul ont été jetés en prison. La police a attaqué des manifestants non violents. Les militaires arrêtaient les passants et leur demandaient: «Etes-vous chrétiens?» Si la réponse était «oui», ils étaient battus. S’ils répondaient «non», ils étaient relâchés. Dans les campagnes, la brutalité des soldats a été indescriptible.

 

Les autorités japonaises pensaient que les chrétiens étaient l’ennemi de leur impérialisme. Elles les surveillaient et les persécutaient. Quand j’étais collégien, elles vérifiaient mon journal, simplement parce que j’étais chrétien.

 

L’enseignement religieux a subi une pression. Les Japonais ont obligé l’Eglise à retirer l’Ancien Testament du programme éducatif. Le gouvernement japonais a également forcé les  chefs de l’Eglise à participer au culte de Shintô. S’ils refusaient, ils étaient jetés en prison. Environ un mois avant la fin de la guerre, un dernier coup a été porté par les Japonais: toutes les dénominations ont été abolies et toutes les Eglises ont été placées sous le contrôle très sévère d’une seule organisation, l’«Eglise chrétienne coréenne unifiée du christianisme japonais». Les missionnaires occidentaux ont été obligés de quitter la Corée.

 

Quelques jours après cette union forcée, un grand nombre de leaders religieux ont été arrêtés, même le petit nombre de ceux qui avaient coopéré avec le gouvernement. Le jour de la reddition du Japon, ils ont été libérés. Ce n’est qu’après qu’on a découvert que leur exécution avait été ordonnée pour le 18 août. Les Japonais se sont rendus le 15 août.

 

Ainsi, comme le note Moffett, les Japonais n’ont jamais pu éliminer l’Eglise. Ils avaient sous-estimé, à la fois, la force et le courage des chrétiens coréens. Cela a conduit a une nouvelle période de croissance.

 

Lorsque la Corée a été libérée du pouvoir japonais à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les esprits étaient réceptifs à l’Evangile de Jésus-Christ. Parce que la plupart des patriotes connus ont été des chrétiens, ces derniers étaient respectés par le peuple. L’un des plus célèbres éducateurs du peuple coréen, le Dr Yu Jin-woo, alors président de l’Université de Corée, a dit que la chrétienté avait été la conscience du peuple dans ces années difficiles. Les missionnaires étaient perçus par les Coréens comme des amis, sympathisants de l’indépendance de la Corée.

 

La porte pour la propagation de l’Evangile était donc grande ouverte. Oui, les chrétiens coréens ont souffert de la persécution, mais Dieu s’en est servi pour préparer la terre à l’écoute de l’Evangile. Nous sommes profondément impressionnés par le travail mystérieux et merveilleux de Dieu.

 

Au travers de la persécution par les communistes

La même chose pourrait être dite au sujet de la persécution des communistes, durant la guerre de Corée en 1950.

 

A la fin de l’occupation japonaise, c’est seulement pendant quelques mois que les chrétiens dans le nord de la Corée ont pu jouir de la liberté; pendant ces quelques mois, ils ont pu réorganiser leur Eglise. Le communisme, qui venait de prendre le contrôle au nord, a fait preuve d’un totalitarisme plus contraignant que ne l’a jamais été le militarisme japonais.

 

L’agression de la religion par les communistes s’est faite en trois étapes.

 

Tout d’abord, en 1946, ils ont fait échouer la tentative des chrétiens pour créer un parti politique pour la liberté. Le parti libéral chrétien, fondé en Corée du Nord, a été subitement interdit;  tous ses dirigeants ont été emprisonnés et sont morts en prison. Ensuite, les communistes ont essayé d’asservir l’Eglise. Ils ont créé une fausse ligue chrétienne pour pousser l’Eglise à soutenir le régime communiste; lorsque les chrétiens ont commencé à boycotter la ligue, l’inscription à la ligue a été rendue obligatoire pour tous les responsables d’Eglise. Enfin, la troisième et dernière étape a été de prendre le contrôle effectif de toutes les affaires religieuses. Les chrétiens qui n’obéissaient pas étaient exécutés. Les communistes ont confisqué les bâtiments religieux et emprisonné les leaders.

 

Quand les communistes ont envahi le Sud pendant la guerre, ils ont fait la même chose. Au cours de la guerre, partout où le pouvoir communiste était menacé, les communistes massacraient inlassablement les chrétiens pour empêcher leur libération. J’ai vu de mes propres yeux des chrétiens se faire assassiner. On ne sait pas exactement combien sont morts ainsi; les estimations faites sur le nombre des pasteurs protestants tués par les communistes varient. Il est cependant probable qu’il y a eu plus de 400 massacres. Tout comme les Japonais n’ont pas réussi à éliminer les chrétiens en Corée, les communistes n’ont pas non plus réussi à détruire la foi de ces chrétiens.

 

Quand les communistes ont perdu la guerre de Corée, ils ont laissé un mauvais souvenir dans les esprits. Ils avaient été très brutaux avec les chrétiens et les avaient considérés comme les principaux obstacles à l’essor de leur cause. Ils les persécutaient quand ils les découvraient.

 

Juste après la guerre, la Corée a été économiquement très pauvre. La plupart des gens avaient perdu leurs maisons et leurs biens. Mais ils remerciaient toutefois Dieu et se sentaient  reconnaissants envers les Occidentaux, en particulier les Etats-Unis, qui avaient apporté une aide importante en s’impliquant dans cette guerre. Aux yeux des Coréens, les Etats-Unis et les autres pays occidentaux sont connus pour être des pays chrétiens. Il est même possible que les Coréens aient cru que tous les Américains étaient… chrétiens! Le christianisme a donc, une nouvelle fois, obtenu le respect et la sympathie de la majorité du peuple coréen. Vous voyez donc comment Dieu prépare la terre coréenne pour en faire un bon terroir qui sera réceptif à l’Evangile. 

 

3. Dieu est intervenu en personne

 

Dieu a, ensuite, envoyé de bons travailleurs et il est intervenu.

 

Dieu a envoyé de bons travailleurs

Ici, je dois mentionner le bon travail effectué par les premiers missionnaires en Corée. La plupart des missionnaires venus en Corée au tout début étaient des évangéliques conservateurs. Certains voudraient ajouter qu’ils avaient une bonne politique missionnaire, à savoir le Plan Nevius. Ce plan, qui a été adopté par l’Eglise presbytérienne de Corée, est souvent cité comme l’une des meilleures politiques d’évangélisation. Cette politique est basée sur les trois piliers du travail missionnaire: autopropagation, autogouvernance et autonomie financière. Le Dr Moffett affirme que cette politique a contribué au développement spectaculaire de l’Eglise en Corée.

 

John L. Nevius, alors missionnaire en Chine, a effectué une visite significative en Corée au moment où les missionnaires pensaient encore à adopter une stratégie globale pour l’évangélisation du pays. Nevius n’avait plus d’illusion sur ce qu’il appelait l’ancienne façon de mener des missions: utilisation de fonds étrangers pour recruter des travailleurs locaux afin de développer l’Eglise.

 

Sous le Plan Nevius, l’Eglise coréenne a mis l’accent sur les points suivants:

Etude de la Bible: la Bible a été placée à la base de toutes les activités chrétiennes et a été enseignée dans les cours d’été et d’hiver. Il proposait une éducation religieuse pour le peuple entier.

Autopropagation: chaque fidèle devait faire de l’évangélisation.

Autogouvernance: des groupes de croyants ont désigné parmi eux des leaders bénévoles; ces groupes se sont organisés en réseaux et se sont autofinancés.

Autofinancement: chaque groupe a dû construire sa propre église, choisir et rémunérer son pasteur.

Statut du missionnaire: le missionnaire devait parcourir le pays avec un Coréen, mais ne devait pas accepter un poste de pasteur dans une Eglise coréenne.

 

Dans tous les cas, quels que soient ses mérites et ses défauts, le Plan Nevius a été la seule  méthode à connaître un succès en Corée, bien qu’il n’ait pas fonctionné longtemps; il a dû être abandonné à cause de la guerre.

 

Dieu a accordé, au début, un important renouveau

 

Dieu a répandu sa grâce et ses bénédictions sur l’Eglise coréenne. Un réveil important s’est produit en 1903-1907. Ce réveil a été le sceau de la charte fondatrice de l’Eglise coréenne.

 

Le réveil, explosif et spectaculaire, qui a traversé la Corée explique l’agitation brûlante, presque volcanique, qui a secoué l’Eglise au tout début du XXe siècle, comme l’a dit S.H. Moffett. Cette renaissance a suscité des rassemblements massifs de l’Eglise et a, à jamais, marqué de son empreinte la ferveur des Coréens pour l’Evangile. Plus tard, dans le journal London Times, un lord britannique a comparé ces extraordinaires manifestations de puissance en Corée avec le réveil de John Wesley.

 

Le renouveau a commencé tout doucement, au cours d’une semaine de prière et d’études bibliques, organisée à Wonsan, sous la direction d’un physicien canadien méthodiste, R.A. Hardie. Durant ses études bibliques, Hardie s’est senti obligé par le Saint-Esprit de confesser, d’abord, devant ses compagnons missionnaires, sa fierté, sa dureté de cœur et son manque de foi et, plus tard, devant une assemblée coréenne. Née à Wonsan, cette renaissance s’est ensuite répandue et a atteint son apogée lors d’un important rassemblement nocturne à Pyongyang, en 1907. De cette réunion, N. Blair, un des leaders, a écrit:

 

«Puis a commencé une réunion comme je n’en avais jamais vu auparavant et que je ne souhaite pas revoir à moins que cela ne soit absolument nécessaire aux yeux de Dieu. Chaque péché qu’un être humain peut commettre a été publiquement confessé cette nuit-là. Pâles et tremblantes d’émotion, le corps et l’esprit à l’agonie, ces âmes coupables, qui se tenaient dans la lumière blanche de ce jugement, se sont vues telles que Dieu les voyaient. Ces personnes étalaient leurs péchés dans toute leur bassesse jusqu’à ce que la honte, le chagrin et la haine de soi les possèdent; la fierté disparaissait, la face des hommes était oubliée. Levant les yeux au ciel, vers Jésus qu’ils avaient trahi, ils se punissaient eux-mêmes et s’exclamaient avec des gémissements amers: ‹Seigneur, Seigneur, ne nous bannit pas éternellement!› Tout était oublié, plus rien de comptait. Le mépris de l’homme, la sanction de la loi, même la mort semblaient avoir peu d’importance si Dieu pardonnait. On peut avoir ses propres points de vue sur l’opportunité ou non de la confession publique des péchés. J’ai eu la mienne, mais je sais maintenant que lorsque l’Esprit de Dieu tombe sur des âmes coupables, il y aura confession et aucun pouvoir sur terre ne pourra l’empêcher.»

 

Le journal London Times en Grande-Bretagne a rapporté que le réveil en Corée a été, à ce moment-là, comme le renouveau wesleyen au XVIIIe siècle.

 

«Quel que soit le résultat, l’évolution des événements en Corée sera suivie avec le plus grand intérêt. Sinon, au pire, on verra, dans ce déversement de l’Esprit, une manifestation identique à ce qui a précédé le grand mouvement occidental. Il suffit de lire le journal de Wesley et de le comparer à l’événement de Pyongyang pour comprendre que les deux phénomènes sont voisins. Dans les deux cas, il y a une puissance extraordinaire en jeu, les gens sont convaincus de leurs péchés par une autre force que la raison, et cette puissance qui les convainc leur donne le courage non seulement de surmonter leurs péchés, mais aussi de convaincre les autres. Les Coréens qui assistaient aux tout premiers rassemblements ont évolué tout comme les ‹convertis de Wesley›; leurs prêches ont eu un énorme succès, tant et si bien que beaucoup disent que c’est à travers la Corée que le lumière du christianisme brillera en Extrême-Orient.»

 

Cette renaissance a poussé les chrétiens coréens à croire en la Bible et au pouvoir du Seigneur qui fait des miracles. Elle les a également poussés à faire de l’évangélisation. Ces chrétiens sont allés de maison en maison confesser leurs péchés à ceux à qui ils avaient causé du tort. Cette renaissance a aussi aidé les Coréens à travailler plus étroitement avec les missionnaires. Chrétiens coréens et missionnaires, condamnant chacun leurs défauts, n’ont jamais connu une relation aussi proche.

 

Ce renouveau s’est répandu et l’Eglise s’est développée. En cinq ans, le nombre de fidèles a quadruplé. Il n’y a pas de meilleur argument pour la foi que la purification personnelle que cette renaissance a forgée dans la vie des Coréens

 

B) La prière et la consécration des chrétiens coréens

 

Les chrétiens coréens et l’Eglise, qui ont évolué sur cette base, auront certainement leurs propres caractéristiques, ces dernières ayant, en fait, contribué au développement de l’Eglise coréenne.

 

1. Dévotion pour la Bible: les chrétiens croient ce qu’enseigne la Bible

 

Parce qu’elle a été fondée pendant le grand réveil de 1903-1907, on peut observer que chaque forme d’adoration de l’Eglise coréenne, qu’elle soit régulière ou de prière, tient quelque chose du réveil.

 

Chaque croyant à ce moment-là se promenait avec sa Bible ou le livre des cantiques sous le bras. Il était courant que l’Eglise locale ou le quartier dispense un cours d’étude biblique. Et chaque soir, il y avait des réunions d’évangélisation. Ces pratiques existaient déjà lorsque le renouveau a secoué le pays. Sur le sujet, N. Blair a noté la chose suivante: le principe de la classe d’étude biblique est une caractéristique propre de l’Eglise coréenne. Chaque Eglise fixe une semaine (ou plus) d’études bibliques, durant l’année, où le travail est mis de côté. Comme les juifs ont conservé la Pâque, les chrétiens coréens consacrent ces jours à la prière ou à l’étude de la Parole de Dieu. Le résultat de ces sessions ininterrompues est la consécration. Que l’Europe suive l’exemple de la Corée et la question du réveil se réglera d’elle-même! 

 

A juste titre, certains disent que le secret de la vitalité de l’Eglise coréenne est son amour pour la Parole de Dieu. Ils ont eu foi en la Bible et dans le pouvoir du Saint-Esprit, au travers duquel Dieu réalise des miracles.

 

2. Un zèle pour l’évangélisation

 

Certains disent que les chrétiens coréens ont une ardeur pour l’évangélisation. Le dimanche soir, chaque service était une réunion d’évangélisation. Chaque chrétien doit être un évangéliste. Oui, nous devons prêcher la bonne parole «en temps favorable ou non». C’est l’autorité de Jésus qui nous ordonne de le faire.

 

Plus tard, après 1950, le modèle a changé en faveur de grands rassemblements. Les campagnes d’évangélisation ont alors commencé. En 1974, la croisade de Billy Graham a rassemblé plus de 1 million de personnes sur la place de Yoido, à Séoul. C’est, à ma connaissance, le plus grand événement en plein air qui ait jamais eu lieu en Corée.

 

En 1980, il y a eu de nouveau un grand rassemblement à Séoul, qui comportait des cours pour les évangélistes et des études bibliques. De temps en temps, de grands rassemblements de ce genre sont organisés dans les villes principales de Corée.

 

Chaque matin de Pâques, l’Eglise a un service au lever du soleil. En 1975, à Yoido, j’ai eu à cette occasion le privilège de prêcher devant une assemblée de 350 000 fidèles. C’est également cette année-là que, pour la première fois, toutes les Eglises protestantes se sont réunies pour avoir un service de Pâques au même endroit.

 

Chaque Eglise organise une ou deux fois par an une semaine consacrée à l’évangélisation. Cette semaine est nommée «semaine ou dimanche de mobilisation totale». Chaque membre prie et pratique sa propre évangélisation auprès de deux ou trois non-croyants qu’il invite, ensuite, ce dimanche en particulier. 

 

3. Les dons des chrétiens à l’Eglise

 

Certains disent que le secret est la pratique de l’autofinancement et de l’indépendance. L’intendance est devenue une partie fondamentale de la foi chrétienne. Cette foi a été renforcée par les difficultés que les chrétiens coréens ont traversées.

 

Il y a une histoire sur le retour douloureux d’une famille dans son village natal après l’invasion des Nord-Coréens. Leur maison n’existait plus, leur église avait été détruite. Mais les cinq sacs de riz que cette famille avait enterrés dans le jardin avant de fuir au sud étaient toujours là. Ces sacs de riz étaient tout ce qui leur restait, mais cette famille méthodiste a soigneusement mis de côté trois de ces précieux sacs comme offrande, en remerciement de leur délivrance. Elle a donné ce riz pour la reconstruction de l’église.

 

Les Coréens ont compris, pendant la guerre et la persécution, qu’ils ne pouvaient rien conserver par leurs propres moyens et que ce qu’ils pouvaient posséder venait de Dieu.

 

4. La ferveur de la prière; la vie de prière des chrétiens coréens

 

Les chrétiens coréens sont connus pour être des chrétiens qui prient beaucoup. Ils ont appris la vie de prière pendant leur persécution. Pour eux, les réunions de prière sont une partie du secret de la force de l’Eglise coréenne. Par la prière, ils prennent conscience de la présence du Saint-Esprit dans leur vie. Voici quelques caractéristiques ou habitudes de la vie de prière des chrétiens coréens et de l’Eglise.

 

Les chrétiens prient à voix haute et à l’unisson

 

En général, les chrétiens prient à voix haute plutôt qu’en silence, plus qu’ils ne méditent. Généralement, après l’office et, en particulier, après une réunion de prière, toute l’assemblée prie à l’unisson. Cette coutume vient de la période des premières réunions de réveil de 1903-1907. N. Blair, l’un des premiers missionnaires qui aient assisté aux réunions de prière du tout début, les a décrites ainsi:

 

«Après un court sermon, M. Lee a pris la présidence de la réunion et a appelé à la prière… L’auditoire tout entier s’est mis à prier à voix haute. L’effet était indescriptible, ce n’était pas de la confusion mais une grande harmonie de l’âme et de l’esprit, un ensemble d’âmes guidées par une impulsion irrésistible de prier. La prière sonnait comme des chutes d’eau, un océan de prières qui battait le trône de Dieu… Comme le jour de Pentecôte, ils étaient tous réunis au même endroit, priant à l’unisson.»

 

Les chrétiens prient au petit matin et tard le soir

 

La prière du matin et la prière du soir sur la montagne provient du réveil de 1907. Un évangéliste américain, qui a fait un long séjour pendant ces années de réveil, a décrit la vie de prière des chrétiens:

 

«Les Coréens prient pour les âmes avec une foi simple et intense, qui nous ferait honte à nous autres des pays chrétiens. L’hiver dernier, durant des rassemblements à Song do, après le service du soir, il était normal que les chrétiens aillent dans les collines et s’agenouillent sur le sol gelé pour supplier Dieu de répandre le Saint-Esprit. A Chai Ryung, chaque matin vers 5 h 30, plusieurs Coréens venaient chez le missionnaire, chez qui j’habitais, pour prier pendant une heure. A Pyongyang, le pasteur Kil Sun-ju et un ancien de l’Eglise se retrouvaient à l’église aux aurores pour prier; certains ont entendu parler de leur rencontre quotidienne et ont demandé à les rejoindre. M. Kil leur a répondu que ceux qui le voulaient pouvaient venir quelques jours par semaine à 4 h 30. Le lendemain, les fidèles ont commencé à venir vers 1 heure et, à 2 heures, il y avait déjà beaucoup de présents. A 4 h 30, on comptait plus de 400 personnes.»

 

Robert Finley, un touriste américain en Corée en 1950, a relaté les moments de prière en ces termes: «Ça a été un choc pour moi de voir les fidèles coréens se réunir à 5 heures du matin tous les jours pour prier. Je n’ai jamais vu une telle discipline aux Etats-Unis. Je n’ai jamais vu une telle dévotion pour le Seigneur, comme par exemple celle où plusieurs centaines de fidèles agenouillés continuent de prier toute la nuit par pure adoration.» Finley a donné à contrecœur une conférence sur la prière sur le mont Sam Kak et, un jour, il a parlé à des intercesseurs vers 4 heures de l’après-midi. Après cela, des milliers de personnes se sont dispersées en petit groupes pour prier et ont jeûné toute la nuit. Elles ont continué ainsi pendant deux jours et trois nuits. Ces prières étaient un mélange de prières du matin et du soir et se caractérisaient par le jeûne et l’intercession.

 

Aujourd’hui, il est de pratique courante que les Eglises aient une réunion de prière à 5 heures du matin. Le Dr Kim, un historien spécialisé dans l’histoire de l’Eglise, note que tous les pasteurs sans exception participent à la prière du matin de façon régulière et 80% d’entre eux consacrent environ trente minutes à leur prière personnelle après une réunion de prière. Environ 10% des membres de la congrégation assistent régulièrement à la réunion de prière à 4 h 30 ou 5 heures du matin.

 

La réunion de prière commence avec la lecture d’un court extrait de la Bible, puis, en général, l’assemblée prie à voix haute sur un sujet choisi par le leader. Enfin, chacun passe une trentaine de minutes avec ses propres prières, en silence ou à voix haute, comme il le souhaite.

Parfois, l’Eglise organise des réunions de prière matinales pendant un mois ou quarante jours avec un objectif particulier, tel qu’une action d’évangélisation de l’Eglise ou une crise quelconque présentée par le pasteur.

 

A l’instar des réunions de prière matinales, il est également de pratique courante que les Eglises organisent ce genre de réunion le vendredi soir. Selon le Dr Kim, 50% des pasteurs coréens consacrent au moins un soir par semaine à ces réunions. Certaines Eglises organisent ces réunions de 22 heures à 4 heures du matin, d’autres entre 22 heures et 2 heures du matin.

Ces réunions commencent aussi par un court extrait de la Bible lu par le pasteur et, parfois, le témoignage d’une personne. Ensuite, chaque participant prie pour ses besoins, à moins que le leader ne fasse une requête spécifique.

 

Les chrétiens coréens prient aussi par le jeûne

 

Il n’est pas rare d’entendre que les leaders, en Corée, prient par le jeûne. Beaucoup de Coréens jeûnent pendant trois ou quatre jours, de temps en temps. Il y en a aussi énormément qui jeûnent une semaine entière ou même quarante jours. Selon les pasteurs, les principales raisons pour un jeûne sont les suivantes: a) pour cultiver sa foi; b) pour résoudre des problèmes familiaux; c) pour une guérison; d) pour résoudre des problèmes professionnels; e) pour résoudre des problèmes à l’Eglise. Le jeûne permet plus de concentration dans la prière et favorise l’autocritique. Il encourage également les jeûneurs à approfondir leur croyance.

 

Les chrétiens coréens prient sur les «montagnes pour la prière»

 

L’une des caractéristiques spécifiques du mouvement de la prière en Corée est la fréquentation de la «montagne de la prière». Ce mouvement a commencé dans les années 1910-1920 et s’est développé dans les années 1930, quand la persécution de l’Eglise par les Japonais s’est intensifiée. Au début, quelques leaders coréens sont partis, dans la montagne, pour trouver des endroits isolés, propices à la prière.

 

Toutefois, le véritable début de ce mouvement remonte à la création d’une montagne pour la prière à Chulwon, dans la province de Kamgwon, en août 1945, et celle de Yongmoonsan, dans la province de Kyungbook, par Na Un-mong, en octobre 1945. Après la guerre de Corée, les «montagnes de la prière» ont commencé à fleurir un peu partout.

 

On construisait un sanctuaire dans la montagne, où étaient régulièrement organisées des réunions, ainsi que des dortoirs et des dépendances pour accueillir les visiteurs venus prier. C’était, en quelque sorte, comme un monastère au Moyen Age. Beaucoup de personnes venaient, pour un mois ou plus, dans ces montagnes pour prier. Tous les matins et tous les soirs, se tenait un service dirigé par le pasteur et consacré à la prière; les gens y assistaient et passaient le reste du temps à prier tout seuls.

 

Alors que les montagnes ont joué un rôle important dans le renforcement et la vie de prière de l’Eglise coréenne, certaines d’entre elles ont commencé à avoir une mauvaise influence sur cette dernière, en particulier dans les années 1970. Ces montagnes étaient, en effet, devenues une pépinière de pseudo-religions et de sectes hystériques.

 

Toutefois, toujours au cours de ces années 1970, il s’est créé un autre mouvement de ces montagnes, plus sain. Le lieu était alors créé et dirigé par des Eglises locales et non plus par des individus. Nombre d’Eglises, dont Youngnak, Choongyun et Plein Evangile, gèrent directement leurs propres montagnes de façon à offrir tant aux pasteurs qu’à la congrégation des opportunités et un endroit approprié pour la prière. Des Eglises locales ainsi que diverses associations organisent souvent des retraites spirituelles dans ces montagnes pour leur congrégation. Les Eglises coréennes construisent ces installations pour favoriser le développement spirituel.

 

La prière est précédée par une étude biblique et suivie par la re-consécration

 

Comme nous l’avons déjà dit, les réunions de prière sont accompagnées d’une étude biblique ou d’un message. Cette coutume est issue des toutes premières réunions du réveil en Corée. Par exemple, le premier réveil de 1907 a commencé par ce qui s’est passé à Wonsan et Pyongyang. N. Blair, témoin de cet événement, l’a décrit ainsi:

 

«Au cours de la prière, un sentiment de pesanteur et de peine pour les péchés s’est installé dans l’auditoire. Quelques-uns ont commencé à pleurer et, en un instant, tout l’auditoire s’est mis à pleurer aussi. Les unes après les autres, les personnes se levaient, confessaient leurs péchés, s’écroulaient et pleuraient. Elles se jetaient par terre et tapaient le sol avec leurs poings, le cœur agonisant. Mon cuisinier a essayé de se confesser mais s’est effondré au beau milieu et s’est écrié à travers la salle: ‹Pasteur, dites-moi, y a-t-il un espoir pour moi? Puis-je être pardonné?› Puis il s’est jeté sur le sol et s’est mis à pleurer, pleurer, pleurer. Il a presque hurlé, dans son agonie. Parfois, à la suite d’une confession, l’auditoire d’une centaine de personnes se mettait à prier à voix haute et l’effet que cela produisait était indescriptible. Ou bien, toujours après une confession, les gens ne pouvaient s’empêcher de pleurer et du coup nous pleurions tous. Nous n’y pouvions rien. Et c’est ainsi que la réunion a duré jusqu’à 2 heures du matin, avec des confessions, des pleurs et des prières.»

 

Une autre fois, un remarquable renouveau a jailli d’une réunion de prière, pleine de repentance et de conversions. Cela s’est passé en 1921 au Séminaire biblique de Séoul (aujourd’hui l’Université théologique de Séoul). Lors d’une réunion de prière matinale, un des professeurs a rendu un témoignage; les étudiants étaient tellement émus qu’ils ont tous assisté à la réunion du lendemain matin. La réunion, commencée à 4 heures du matin, a duré jusque tard dans l’après-midi, car chaque étudiant présent a commencé à se repentir et à témoigner de ses victoires spirituelles. Rien ne pouvait arrêter les prières et les témoignages de ces étudiants. Tout le campus en a été secoué. Un historien nous dit que ce renouveau s’était propagé parmi les pasteurs et dans les Eglises de la sainteté évangélique (holiness churches) de tout le pays. Cet événement a été la base du développement de cette Eglise au cours de années qui ont suivi.

 

Même de nos jours, il m’arrive de voir des étudiants se repentir de leurs péchés pendant ces réunions de prière organisées par le séminaire pour lequel je travaille. Ces réunions donnent donc l’occasion à des personnes de se renouveler spirituellement et de devenir des chrétiens dévoués. Une foi véritable est née de ces réunions de prière.

 

Conclusion: une grande opportunité et le défi

 

On avance, entre autres raisons de la croissance rapide de l’Eglise coréenne, le zèle pour l’évangélisation des chrétiens coréens, leur passion pour la Parole de Dieu et leur honnêteté de vie. Je crois que, au fond, c’est la foi immuable de chaque fidèle, la véritable foi chrétienne, qui a constitué la véritable force de l’Eglise. Une telle foi ne peut pas survivre sans une vie de prière sincère. Voici une démonstration de cette foi: M. Noh était un major de l’Armée du Salut coréenne. Quand les communistes ont envahi Kaesong en 1950, ils l’ont fait prisonnier et l’ont torturé. Finalement, ils lui ont laissé une dernière chance de sauver sa vie. «Renie ta foi en Jésus-Christ et nous te libérerons!» lui ont-ils dit. Le major Noh se dressa, comme l’officier qu’il était dans l’armée. Les communistes ne comprenaient pas. La Bible dans une main et son livre de cantiques dans l’autre, il répondit: «Vous pouvez me tuer, je le sais, mais vivant ou mort, je suis toujours un enfant de Dieu.»

 

H. Moffett a dit que les Coréens sont spéciaux, qu’ils peuvent mourir mais que, vivants ou morts, ils sont toujours les fils et filles de Jésus. Et dans la mesure où ils sont siens, ils sont invincibles. Aussi longtemps que la foi des chrétiens sera ardente, l’Eglise ne pourra que grandir.

Avant de conclure ce texte, je dois redire que Dieu a béni l’Eglise coréenne et nous lui en sommes reconnaissants. Howard Snyder a écrit, une fois, au sujet des grands changements qui interviendront dans le monde chrétien dans les cinquante ans à venir, que le centre de gravité du protestantisme se déplacerait de l’Ouest vers l’Est. S’il vous plaît, priez pour l’Eglise coréenne afin qu’elle acquière sa rédemption en se donnant tout entière à l’évangélisation dans le monde entier!

 

En même temps, je vous demande sincèrement de prier pour que cette Eglise ne perde pas cette foi si ferme et son zèle pour l’évangélisation. Comme vous pouvez le voir, les Eglises coréennes sont riches. Elles se sont développées et ont grossi. Il n’y a plus de persécutions. D’un autre côté, l’Eglise s’est institutionnalisée et beaucoup de jeux politiques y ont cours. Toutes sortes de courants théologiques arrivés des Etats-Unis ou d’Europe, du conservatisme au libéralisme ou radicalisme, sont maintenant dans les Eglises coréennes. En ce moment, les paroles de John Wesley nous viennent à l’esprit et nous font sérieusement réfléchir à ce qu’il a dit sur l’histoire de l’Eglise:

 

«La persécution n’a jamais et ne pourra jamais infliger des blessures fatales à la véritable chrétienté. Le pire qu’elle ait connu, le plus grand coup qui lui ait été porté à la racine même de cet amour humble, désintéressé et patient, qui est la loi chrétienne, véritable essence de la vraie religion, a été quand Constantin le Grand, qui se qualifiait lui-même de chrétien, a donné des richesses, des honneurs et du pouvoir aux chrétiens, plus particulièrement au clergé… Donc, lorsque la peur de la persécution a disparu et qu’ils recevaient désormais richesses et honneurs, ils ont sombré la tête la première dans toutes sortes de vices.»

 

Nous avons besoin d’un constant renouveau aussi bien dans nos cœurs que dans l’Eglise, nous avons besoin de prières sincères. Permettez-moi de vous le demander une nouvelle fois: s’il vous plaît, priez pour l’Eglise coréenne! Je vous en remercie.

 

 

 

 

* Chongnahm CHO a obtenu son doctorat à Emory University, aux Etats-Unis. Il est recteur et professeur de l’Université de théologie de Séoul, président de la Société coréenne de Wesley et vice-président du Comité international de Lausanne.

Les commentaires sont fermés.