La croix : un sacrifice ?

La croix : un sacrifice ?

Paul WELLS*

Pour être chrétien, il faut confesser quelque chose. On n’est pas chrétien dans le vide. Les textes bibliques, l’histoire, notre passé constituent un ensemble qui oriente notre existence.

On dira, peut-être, que tout cela tient à l’herméneutique, est une question d’interprétation. Chacun peut comprendre les textes de la Bible comme il veut. Ce ne sont ni la Bible, ni la tradition chrétienne, ni même notre passé qui s’imposent à nous. C’est bien plutôt nous, nous-mêmes, qui dominons le sujet et pas l’inverse. Dans notre subjectivité, nous réagissons à ce qui est devant nous et, ce faisant, nous y apposons la marque de nos options. Nous sélectionnons les éléments objectifs qui correspondent à nos choix, nous les modelons pour en faire quelque chose qui satisfasse nos besoins et corresponde à notre situation. Il n’y a pas de maquette préétablie, de structure d’autorité biblique qui nous obligent à croire une chose ou une autre. Notre réponse est constitutive de sens. Chacun construit son propre modèle du christianisme et, a fortiori, de la signification pour soi de la mort de Christ…

Cette approche, caractéristique de l’esprit postmoderne, souvent appelée reader response (la réponse du lecteur au texte), se heurte à une difficulté théologique importante. Etre un chrétien biblique n’oblige-t-il pas à accepter ce que la Bible enseigne? Bien que le mot soit dévalorisé aujourd’hui, il s’agit là d’une question d’autorité ou, plus précisément, d’une question concernant l’origine de cette autorité. D’où vient l’autorité de ce que nous affirmons? D’où vient le contenu de la foi chrétienne, de ce que nous croyons: de Dieu ou de nous? Illustration: être communiste revient à se définir par rapport aux positions de Marx, Engels et Lénine, et non par référence aux multiples définitions actuelles. De même, le christianisme doit se définir en fonction de ses origines, et de son thème fondamental, et non pas en fonction des conceptions ou des thèses d’aujourd’hui.

Le protestantisme traditionnel est devenu un protestantisme de guimauve. Peu ou pas d’articles de foi ou des croyances floues, avec une ecclésiologie marquée par un égalitarisme mal compris ou teinté de « politiquement correct ». Nous ne savons plus bien ce que nous croyons…

Le protestantisme actuellement majoritaire en France1 – les Eglises membres de la Fédération protestante – a pris ses distances de façon plus ou moins grande par rapport aux grandes doctrines de la Réforme2. Depuis le déclin de super-Barth, il y a du vide ou du flou dans la théologie protestante. Chacun fait « sa » théologie tout en la maquillant d’un langage pseudo-évangélique consensuel.

Trois doctrines de la foi chrétienne traditionnelle sont mises à mal et souffrent particulièrement de cette situation: le statut même de l’Ecriture, la toute-puissance de Dieu3 et la mort sacrificielle de Christ. Si le protestantisme sociologique a augmenté, c’est parce que ces trois doctrines essentielles ont été affaiblies ou évacuées: il n’en reste plus que la cosse.

Or, une Eglise qui n’est pas « près de la croix » dans sa proclamation, qui n’a pas en bonne place la mort sacrificielle de Christ pour la réconciliation et la rédemption bibliques est une Eglise sans avenir. Est-elle même encore une Eglise, ou simplement un lieu où « on joue à l’Eglise »?

On objectera que la doctrine de la mort sacrificielle de Jésus est dépassée. Et l’on argumentera que des théologiens catholiques romains l’ont remise en question de nos jours4, que les sciences humaines – exemple: René Girard – l’ont réinterprétée et qu’elle relève d’une « théologie de boucherie » inacceptable désormais.

De plus, on remarquera qu’il y a toujours eu de multiples façons d’interpréter le sacrifice de la croix. Cette doctrine est mise en doute en raison même des variations dont elle a été l’objet. Il est exact qu’il existe une dizaine de théories différentes à propos de la croix et sur le comment de la réconciliation avec Dieu qui y a été accomplie. En voici quelques-unes. La mort de Christ est:

  • une rançon payée au diable – Origène
  • une récapitulation de la vie humaine – Irénée
  • un exemple de foi et d’obéissance – Pélage, Abelard, Socini
  • le paiement d’une dette – Anselme
  • une substitution pénale – Luther et Calvin
  • une démonstration de justice – Grotius
  • une influence mystique – Schleiermacher
  • une victoire sur le mal – G. Aulen
  • une démonstration de l’amour de Dieu – le libéralisme.

D’autres peuvent être ajoutées à cette liste aujourd’hui. Christ, par son attitude face à son sacrifice, l’aurait rendu caduc, en refusant la notion de sacrifice qui existait avant lui. Il ouvrirait le chemin qui conduit à Dieu, car il est « une offrande en faveur des hommes »5. Selon un autre point de vue, le Christ « absorberait » notre faute: le péché pollue et tache la nature humaine; Christ ne serait pas un substitut qui souffre pour la rétribution de notre péché6. Tout se serait passé comme si, à la croix, il avait absorbé notre pollution et la tache de notre rébellion en s’associant à nous. Ainsi Christ aurait participé à notre souffrance et à notre péché afin de liquider l’ancienne humanité et de faire surgir la nouvelle… Il est permis de se demander si de telles notions ne sont pas, en fait, les nouveaux habits de l’empereur, destinés à cacher une vieille misère7.

Tout sacrifice présuppose une certaine notion de la Loi. La théologie ne l’a pas toujours discerné, mais toute peine sacrificielle n’existe qu’en conséquence d’un principe antérieur de légalité qui a été bafoué, qui la structure matériellement et qui, étant accomplie et les prescriptions de la Loi étant satisfaites, inaugure une nouvelle situation8. Ceci admis, dans les modèles de doctrine énumérés ci-dessus, quelle sorte de Loi est en jeu?

Pour Anselme, H. Grotius et J. Calvin (les théories appelées « commerciale, gouvernementale et substitutive »), il s’agit respectivement de la loi privée, de la loi criminelle (la notion de pénalité) et de la loi morale. Pour les trois, la notion de substitution est présente avec, dans le cas de Calvin, un développement du caractère pénal de cet acte et un accent « associatif », car Christ est le médiateur de l’alliance en union avec son peuple. Pour Schleiermacher, Pélage, Socini et le libéralisme (les théories « mystique, exemplaire et morale »), le sacrifice de Christ n’est pas un jugement; aussi son caractère n’est-il pas celui de la substitution mais de la démonstration. Il s’agit de la loi d’amour, car Christ meurt en exemple pour nous inciter à aimer à notre tour. Finalement, malgré des différences, chez Origène, Irénée et Aulen (les théories « de rançon, récapitulative et de victoire »), il s’agit d’une victoire sur les forces de Satan et du mal. La Loi en question est celle du péché et de la mort qui est vaincue, et la croix de Christ a un caractère dramatique et tragique.

Que faire de ces modèles à une époque où on est allergique à toute théorisation, sauf si c’est pour faire une théorie de la pratique? Cet esprit antidoctrinal9 est, dans les débats théologiques, comme un arbitre qui siffle toujours au profit du libéralisme – pour l’essentiel, une forme de subjectivité sentimentale – et qui donne des cartons rouges à l’orthodoxie théologique. Il est tellement plus simple de s’exclamer: « Aimons! »

Toutes ces théories explicatives de la croix doivent avoir, quelque part, une matrice originelle qui les réunit. J. I. Packer a écrit, à ce sujet, un article magistral, dont l’analyse théologique a une acuité rarement dépassée10. Tout en admettant que les « évangéliques » ont été quelquefois peu sophistiqués dans leur formulation de la doctrine de la substitution pénale de la croix, Packer affirme que le modèle substitutif, allianciel, de Calvin et du protestantisme orthodoxe est fondamentalement la doctrine biblique. Il argumente que tous les autres modèles, mentionnés plus haut, peuvent y trouver place. Le sacrifice de la croix, qui est une substitution pénale établissant notre justice et la réconciliation, est aussi une démonstration de l’amour de Dieu et une déclaration de la victoire de Christ. Il estime que les autres modèles peuvent plus ou moins s’harmoniser avec la notion de substitution pénale, mais qu’à l’inverse aucun d’entre eux ne peut intégrer la notion de substitution pénale sans changer fondamentalement de caractère. Packer démontre qu’avec la notion de substitution vicaire et pénale de la croix, nous avons – sans doute est-ce une première! – le beurre et l’argent du beurre! Les « évangéliques » peuvent parler, sans honte, de la victoire de la croix, du caractère mystérieux de la rédemption, de la démonstration de l’amour de Dieu, sans renier pour autant leur doctrine de la substitution pénale.

Mais, objectera-t-on, tout cela ne « tient » pas exégétiquement. Au plan biblique, la doctrine de la substitution pénale n’est ni unifiante, ni centrale, même si sa théorisation peut être convaincante. Dans le livre déjà cité, Atonement Today, les exégètes affirment qu’il n’y aurait pas, dans l’Ecriture, une intégration au niveau du langage biblique. Les métaphores bibliques resteraient disparates et sans point d’intégration, et les métaphores légales ne seraient pas fondamentales. L’ensemble des images bibliques du sacrifice relèverait du relationnel et non du légal11. Puisqu’il n’y a pas de formalisation doctrinale, pourquoi penser qu’il y a une doctrine biblique du sacrifice ou de la substitution? Plusieurs sortes de langage sont employées pour évoquer ce qui a été accompli à la croix, sans qu’il y ait, dans l’Ecriture, de matrice fondamentale incorporant ces différentes formes d’expression.

Il y a donc un problème d’herméneutique. La question n’est pas de savoir si, dans l’Ecriture, les langages légal, juridique prédominent sur les autres. Tout langage sacrificiel est juridique par nature. Dans l’Ecriture, les langages légal, juridique et sacrificiel sont tellement fréquents, à propos de la mort de Christ, qu’il est difficile de ne pas conclure que certains mots, lorsqu’ils sont utilisés, sont « chargés de signification »12. Sur le plan exégétique, la doctrine de la croix de Christ, de l’expiation, de la substitution, du sacrifice et de son caractère pénal a été admirablement servie par des exégètes évangéliques, tout particulièrement par l’Australien Leon Morris. Ses livres The Apostolic Preaching of the Cross et The Cross in the New Testament mettent en évidence la portée du langage sacrificiel du Nouveau Testament13. Des articles scientifiques comme celui de Roger Nicole complètent cet exposé en montrant la fragilité des thèses de C. H. Dodd sur la propitiation14.

Le bien-fondé de la notion de substitution pénale de Christ – la doctrine des Réformateurs et de la scolastique protestante – a été l’objet d’un travail exégétique qui a porté sur les notions de propitiation, d’expiation, de sacrifice, de rédemption et de réconciliation. Ce travail est largement suffisant, si du moins le doute ou la révolte n’habite pas notre cœur.

La théologie réformée s’est toujours préoccupée de la doctrine de la croix. Il suffit de penser, par exemple, à l’œuvre magistrale de J. Owen sur « La mort de la mort dans la mort de Christ »15. En théologie réformée, toute théorie de la mort de Christ, bibliquement démontrée, qui serait en deçà des propositions précédentes est une régression16.

La théologie réformée confessante a apporté une contribution particulière à la notion de sacrifice biblique. Elle a puisé sa définition du sacrifice enHébreux 5:1, et a établi quatre axes sacrificiels:

Tout souverain sacrificateur, pris parmi les hommes, est établi pour les hommes dans (le service) de Dieu, afin de présenter des offrandes et des sacrifices pour le péché.

A qui le sacrifice est-il offert

Qui l’offre?

Qu’est-ce qui est offert?

Pour qui l’offrande est-elle faite?

Pour la théologie réformée, les réponses bibliques à ces quatre questions sont les suivantes: à Dieu, par Christ, sa vie en sacrifice et pour nous ou, plus précisément, pour les élus.

Emil Brunner a fait ressortir un détail intéressant à ce sujet. Il indique qu’en réalité, ce n’est pas l’homme qui sacrifie, malgré les aspects humains, cultiques du sacrifice. Le sacrifice trouve son origine, son sens et son accomplissement en Dieu lui-même17. Cette idée trouve sa justification en Hébreux 3:2: « Le souverain sacrificateur de notre confession, Jésus, a été fidèle à celui qui l’avait établi… » Dieu, le Père, a lui-même établi Jésus dans son rôle de sacrifiant. Mais c’est précisément à ce sujet que les interrogations peuvent surgir quant à la justice et à l’efficacité de la substitution pénale.

Comment comprendre le sacrifice de Christ comme substitution pénale? R. L. Dabney a écrit, à ce sujet, un petit livre remarquable18 qui répond en 115 pages à la plupart de mes questions. Voilà ce qu’il dit, en deux points:

i) Transfert illégitime? Le dogmaticien catholique romain, Ch. Duquoc, affirme abruptement que, par rapport à la mort de Christ, « le jeu des compensations divino-cosmiques ne nous intéresse pas »19. La substitution pénale est impossible. Comment, en effet, la souffrance temporelle de Christ pourrait-elle remplacer la mort éternelle? C. H. Spurgeon a déjà répondu à cette question au siècle dernier: « Nous ne sommes pas capables de juger ce que le Fils de Dieu fait en un moment, et encore moins ce qu’il peut souffrir dans sa vie et sa mort. »20 Sur un plan plus théorique, la théologie réformée a éclairé cette question par sa distinction entre le péché subjectif et le péché comme culpabilité objective qui encourt le jugement21. Le péché subjectif est le nôtre et ne peut jamais être transféré à quelqu’un d’autre, ni être porté par un autre – radicalement, même pas par le Christ. Ce que j’ai fait est à moi et il en sera toujours ainsi. Cela est mien à tout jamais. Tel est le sérieux du péché! Mes péchés personnels, un par un, comme la culpabilité globale ne peuvent pas être transférés. Impossible de les virer comme des sommes d’argent ou des dettes, même si le péché est une dette.

Mais Christ, par sa mort sacrificielle, a accepté d’assumer la condamnation qui correspond au résultat, à la conséquence de nos péchés. Il est donc damné à notre place sur la croix et il a enlevé ainsi le jugement de la mort, de l’enfer qui pèse sur nous en tant que pécheurs. La punition de nos fautes? Christ l’a subie à notre place et il l’a enlevée! La croix de Christ n’est pas seulement un acte pénal, mais aussi fédératif, car Christ y a accepté son office de médiateur et s’est identifié à notre condamnation. La mort de Christ a le caractère juridique de la représentativité.

ii) Injustice? Le sacrifice de la croix, le juste pour les injustes, serait illégal, même en termes humains, dit-on; faire souffrir un innocent à la place de coupables est impensable. Dieu serait-il un bourreau injuste? Pour répondre à cette question, il faut définir la notion de Loi qui est en jeu. Ici, la théologie réformée nous secourt – de Turretin à Dabney et à A. A. Hodge. Ce dernier affirme:

Une relation pénale à la Loi intervient dès que la Loi est violée. La relation pénale et la relation de représentativité ne peuvent pas exister en même temps en vue de l’acceptation par Dieu. A l’instant où une personne morale viole la Loi, la représentativité n’existe plus car cette relation est terminée, de façon définitive. A la création, Adam avait une relation naturelle et de représentation face à la Loi de Dieu. Après avoir péché, il avait toujours une relation naturelle à la Loi comme créature, mais sa fonction de représentant de l’humanité est passée dans la catégorie pénale; les enfants non élus d’Adam y restent à jamais22.

Qu’est-ce que cela veut dire? En clair, cela signifie que les êtres humains ont une triple relation par rapport à la Loi de Dieu:

– la Loi morale, ou naturelle, est universelle;

– la Loi fédérale lie toute l’humanité à Dieu en alliance;

– la Loi pénale implique la punition des péchés.

La Loi morale est toujours en vigueur, de façon inaltérable, depuis la Chute; elle a été réaffirmée dans les Dix Commandements et dans le grand commandement de Jésus. La Loi fédérale lie l’humanité à Dieu et le programme (le péché, la condamnation et la mort) mis en marche par Adam, notre premier représentant, nous implique comme pécheurs avec lui, bon gré, mal gré. Jésus est le nouvel Adam, notre représentant d’alliance, qui établit la justice pour nous à notre place (la justice, la justification et la vie). Ainsi la Loi pénale de condamnation et de jugement, Jésus l’a subie pour nous, en suite des conditions des deux premières Lois. Jésus est, à la fois, celui qui a vécu de façon exemplaire, selon la Loi morale, pour accomplir toute justice, et celui qui est mort à notre place, de façon pénale, comme le nouveau représentant de l’humanité.

La théologie réformée affirme que la Loi représentative (fédérale) et la Loi pénale ne peuvent jamais coexister dans un être humain, depuis Adam. La situation de l’humanité face à Dieu est pénale. La gloire de la théologie réformée est d’avoir perçu que les deux peuvent cohabiter seulement en Jésus car, dans son sacrifice, il est notre représentant dans l’alliance et il l’assume de façon pénale.

Y a-t-il injustice? Non, jamais. Jésus a accepté volontairement et volontiers d’être notre sûreté: il est mort à notre place, « le juste pour les injustes pour nous faire venir à Dieu ». C’est ce qu’il exprime lui-même dans la prière sacerdotale de Jean 17! Par amour oui, son amour pour nous! Incroyable, profond comme Dieu, éternel et salutaire. La théologie chante la gloire de Dieu, car qui pourrait imaginer un tel Sauveur, en sa personne, ses paroles et ses actes? Qui pourrait imaginer un Dieu sacrifiant et un Dieu sacrifié!

Trop scandaleux pour être envisagé, nous diront les théologies humanistes! Nous pensons, au contraire, que plus la croix est scandale, plus elle est glorieuse. En elle-même, sous le regard de Dieu, elle n’est pas scandale, car elle est voulue par Dieu le Père, acceptée par Dieu le Fils et elle est l’objet du témoignage de Dieu l’Esprit. Ce qui est scandaleux, c’est notre péché qui rend la croix nécessaire.

Quand nous y contemplons tout l’amour de Dieu, la profondeur de la grâce du salut nous attire et devient sujet de reconnaissance. « Quant à moi, dit l’apôtre, je ne me glorifierai de rien d’autre que de la croix de notre Seigneur. » (Ga 6:14)


* Paul Wells est professeur de théologie systématique à la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence et éditeur de La Revue réformée

1 Le sera-t-il pour longtemps? Les Eglises évangéliques de toutes sortes – Fédération évangélique de France, pentecôtistes, Gitans, Eglises indépendantes – sont en train de dépasser numériquement les Eglises rattachées à la Fédération protestante de France.

2 Auguste Lecerf, selon Pierre Courthial, a dit la boutade suivante: « Ma femme lit la presse protestante; quant à moi, ma foi n’est pas assez solide! »

3 Voir mon article « Dieu fort ou Dieu faible », European Journal of Theology 6 (1997:2), 101-110.

4 J. Duquesne a popularisé ce point de vue dans son livre Jésus, vendu à plus de 250 000 exemplaires. Il y affirme: « La vision d’un Dieu sacrifiant son Fils n’a rien à voir avec le message de Jésus… » Voir l’article de F. Baudin, « La figure de Jésus aujourd’hui », La Revue réformée 50 (1999:1), 82ss.

5 Nous avons de la difficulté à suivre certains commentaires à ce sujet, par exemple, ceux d’E. Cuvillier dans Le Cep n° 336 (avril 1997). Ils semblent vouloir accorder une valeur à la notion de sacrifice tout en la niant. Peut-être leur auteur veut-il parler pastoralement et non théologiquement?

6 Voir le livre collectif, éd. J. Goldingay, Atonement Today (Londres: SPCK, 1995). Plusieurs des auteurs « évangéliques » de cet ouvrage (un symposium au St John’s College, Nottingham) semblent avoir subi l’influence de C. Gunton, The Actuality of the Atonement (Edimbourg: T & T Clark, 1988). Voir, à ce sujet, la critique de H. Blocher, à paraître dans Hokhma.

7 Les différentes notions du sacrifice de Christ à la croix, malgré leur diversité, peuvent être regroupées en deux ou trois interprétations possibles. G. Aulen a parlé de trois types principaux dans son ouvrage classique Christus Victor (1930).

8 L’ouvrage édité par M. Neusch, Le sacrifice dans les religions (Paris: Beauchesne, 1994) indique l’universalité du sacrifice. Selon nous, ceci sera l’interface de l’universalité de la Loi morale de Dieu.

9 Voir mon article « La notion de doctrine dans la théologie moderniste », La Revue réformée 44 (1993:2), 43-56.

10 J.I. Packer, « What Did the Cross Achieve? », Tyndale Bulletin (1974) 1ss.

11 Ce point de vue ignore totalement le poids de nos remarques, plus haut, sur la relation entre Loi et sacrifice.

12 Quand, par exemple, l’apôtre dit en Romains 8:32 que « Dieu n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous », les expressions « épargné » et « livré » sont presque des termes techniques, indiquant les aspects sacrificiaux et légaux de cet événement. Voir l’expression utilisée pour le sacrifice d’Isaac dans la LXX. Cf. Actes 2:23 et Rm 8:3.

13 Londres: Tyndale Press, 1955 et Grand Rapids: Eerdmans, 1965.

14 R. Nicole, « C.H. Dodd and the Doctrine of Propitiation », Westminster Theological Journal 17 (1955:2), 117-157.

15 J. Owen, Works, X (réédité, Londres: The Banner of Truth Trust, 1967). La préface de J. I. Packer à la réédition de cet ouvrage a été publiée dans La Revue réformée 43 (1992:5).

16 Le livre récent de C. Grappe et A. Marx, Le sacrifice. Vocation et subversion du sacrifice dans les deux Testaments (Genève: Labor e& Fides, 1998) est assez décevant par la maigreur de ses conclusions. Plus intéressant est l’article de W. Placher « The Atonement » in Interpretation (1999:1).

17 E. Brunner, Der Mittler, trad. anglaise The Mediator (Londres: Lutterworth,1934), chap. 20.

18 R.L. Dabney, Christ our Penal Substitute (Harrison, VA, Sprinkle Publications, 1985). Dabney a été aumônier de Stonewall Jackson pendant le guerre entre les Confédérés et les Nordistes aux Etats-Unis et il est aussi l’auteur d’une magistrale Théologie systématique.

19 Ch. Duquoc, Christologie II (Paris: Cerf, 1974), 112.

20 C.H. Spurgeon, prédication sur Jean 19:30 dans A Treasury of the New Testament I (Londres: Marshall, Morgan & Scott, s.d.), 670.

21 Reatus poenae et reatus culpae.

22 A. A. Hodge, The Atonement (Cherry Hill, N.J.: Mack, s. d.), 38-39.

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