Introduction
Gert KWAKKEL1
Dans ce numéro de La Revue réformée, le lecteur trouvera les textes des conférences présentées pendant une journée interdisciplinaire, qui a eu lieu à la Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence, le 22 mai 2015.
Le thème de cette journée était l’ecclésiologie, c’est-à-dire la branche de la théologie qui s’occupe de la révélation de Dieu au sujet de l’Église, sa structure, ses activités, notamment. Comme les sacrements jouent un rôle important parmi les actes de l’Église, et qu’ils ont été le sujet de beaucoup de débats par le passé, la théologie des sacrements était bien présente dans plusieurs interventions. Il en est de même pour la doctrine de l’alliance, ce qui s’explique par le fait que les membres de l’Église constituent le peuple de l’alliance, tandis que les sacrements en sont les signes.
Or, lorsqu’on parle des membres de l’Église et des sacrements, la question qui divise baptistes et pédobaptistes est incontournable : les enfants des chrétiens peuvent-ils être baptisés, compte tenu du fait qu’ils sont inclus dans l’alliance de Dieu avec son peuple ? Le lecteur verra que les auteurs sont tous convaincus de la pertinence du point de vue pédobaptiste. D’une part, cela n’a rien d’étonnant, étant donné que cette conviction fait partie de la Confession de La Rochelle, base doctrinale de la Faculté Jean Calvin (voir Confession de La Rochelle, art. 35b), mais, d’autre part, dans le contexte actuel, cela nécessite quelques précisions, lesquelles feront l’objet des lignes suivantes.
En France, aujourd’hui, comme dans beaucoup d’autres pays, le pédobaptisme pratiqué par plusieurs Églises semble impliquer la conviction qu’il faut baptiser tous les bébés dont les parents le désirent. Les auteurs des articles qui suivent ne partagent pas cette idée. Selon eux, il ne faut baptiser que les enfants des fidèles, comme le dit la Confession de La Rochelle, art. 35b : « […] les petits enfants engendrés des fidèles doivent être baptisés. » Or, lesdits « fidèles » ne sont pas tous ceux qui sont formellement inscrits comme membres d’une Église, ou qui n’ont qu’un rapport sociologique avec telle ou telle communauté chrétienne. Il s’agit de chrétiens confessants, qui vivent leur foi et sont prêts à s’engager dans la vie de l’Église.
La pratique pédobaptiste défendue dans ce numéro de La Revue réformée présuppose donc la présence d’une Église qui ose dire « non » à la demande des parents si elle n’est pas convaincue de leur engagement chrétien. Il s’ensuit également que cette Église mettra en œuvre une discipline chrétienne pour encourager les fidèles, et reprendre ceux qui, par leurs actes ou leurs convictions, risquent de s’égarer.
Les auteurs sont conscients que, dans la situation actuelle, cela peut être vu comme assez idéaliste. Pour autant, et parce qu’ils sont convaincus qu’il s’agit bien là de l’enseignement biblique au sujet de l’Église, ils voudraient œuvrer à la réalisation de cette idéal. C’est dans cette perspective qu’ils se sont exprimés pendant la journée interdisciplinaire, et qu’ils ont mis leurs contributions par écrit.
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G. Kwakkel est professeur d’Ancien Testament à la Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence et à la Faculté de théologie des Églises réformées (libérées) de Kampen (Pays-Bas).↩