Soli Deo Gloria – Hommage rendu à l’œuvre de José Grau

Soli Deo Gloria
Hommage rendu à l’œuvre de José Grau

José DE SEGOVIA*

La meilleure manière, pour tous ceux qui l’aiment, de rendre hommage à notre frère José Grau consiste tout simplement à considérer sa pensée.

Une telle manifestation, nous le savons, le met mal à l’aise, pourtant il est important de rappeler le message qu’il a délivré à l’Eglise de notre temps. Tout au long de son ministère, il nous a certes annoncé tout le conseil de Dieu (Ac 20.27), mais toute son œuvre reflète une préoccupation d’ensemble très caractéristique de sa pensée : la souveraineté de Dieu comme affirmation centrale de l’Ecriture. Si la Bible est le livre de l’Alliance avec ses promesses, elle nous révèle que Dieu a une intention pour sa Création. Cette doctrine, redécouverte lors de la Réforme du XVIe siècle, est parfois résumée par la devise Soli Deo Gloria. La vie et l’œuvre de Josep Grau Balcells est un clair témoignage rendu à la grâce de Dieu.

Ceux qui connaissent J. Grau seulement par son œuvre monumentale sur le catholicisme romain seront, sans doute, surpris de découvrir qu’à l’exception de sa grand-mère, presque toute sa famille était dépourvue de préoccupations religieuses. En fait, même un de ses oncles lui fournissait toutes sortes de lectures clandestines d’athées comme Voltaire ainsi que des magazines de nature anarchiste. J. Grau est né le 1er janvier 1931, mais sa nouvelle naissance, celle-là spirituelle, date des années 1950, à l’époque du plein essor du national-catholicisme et dans la ferveur qu’il suscitait.

Imaginer que sa controverse avec Rome vient d’un ressentiment personnel quelconque est une erreur. J. Grau n’était pas d’origine catholique mais agnostique. Comme beaucoup de conversions, celle de M. Grau correspond à un changement progressif ; tout d’abord, son athéisme a fait place à une période d’incertitude au cours de laquelle les Pensées de Pascal joueront un grand rôle. C’est ainsi qu’il affirme que « même pendant mes années d’athéisme et comme par réaction, Dieu était déjà un sujet profondément sérieux pour moi ». En fait, il précise : « Ce qui a réveillé mon inquiétude spirituelle n’a pas été tellement l’au-delà mais le présent ; pas la mort mais la vie et son sens. Ce que je cherchais, ce n’était pas vraiment échapper à la vie mais, au contraire, comment la trouver. » Et il ajoute : « C’est ce qui m’a amené à m’intéresser à l’Evangile. »

J. Grau se souvient toujours d’une portion de l’évangile de Jean, lue dans la section religieuse du journal El Correo Catalán, qui lui a permis d’obtenir, un dimanche matin, une Bible d’occasion au marché de Sant Antoni, à Barcelone. C’est grâce à cette lecture qu’il s’est converti au tout début des années 1950. Il entre alors en contact avec l’Eglise catholique romaine par l’intermédiaire d’un prêtre de son quartier, mais il se sent très vite déçu par son sacramentalisme, des rituels et un professionnalisme tout à fait impersonnel. Le prêtre n’avait pas imaginé quelle incidence aurait sa recommandation de lire les Confessions d’Augustin. L’effet produit sur J. Grau fut exactement l’inverse de ce qu’il avait souhaité, car le catholicisme d’Augustin au VIe siècle n’avait rien à voir avec le catholicisme romain en vigueur dans l’Espagne de ces années-là.

A la suite de premiers contacts avec certains protestants, J. Grau se met à assister à quelques cultes évangéliques. Après une nuit d’insomnie, priant et cherchant Dieu, il comprend que Jésus-Christ est la révélation et le salut donnés par Dieu. La nuit suivante, il reçoit Jésus comme son Seigneur et Sauveur. On était en 1953. A partir de ce moment-là, il est rempli de sa présence et plein de la confiance et de la paix que donne le Saint-Esprit. Ce changement radical ne lui apparaît pas comme une option parmi d’autres dans sa vie. Il perçoit clairement qu’il est question de conversion ou de perdition. Tel a, d’ailleurs, été le titre de son premier livre, Conversión o perdición[1], paru en 1960.

Sola Scriptura

Certains pensent que la question fondamentale à laquelle la religion a à faire face est celle de l’existence de Dieu, mais J. Grau découvre que, pour la pensée biblique, Dieu est un fait. La question qui se pose, donc, est celle de savoir si Dieu a parlé, et si nous pouvons avoir des certitudes divines. Face au Sola Scriptura de la Réforme, deux menaces existent toujours : le subjectivisme et la tradition, cette dernière pouvant supplanter la Bible. Car « ce n’est pas l’Eglise qui détermine ce que la Bible enseigne mais, tout au contraire, c’est la Bible qui détermine ce que l’Eglise doit enseigner ». Et, à la fin du livre ¿ Qué es la verdad ?[2], J. Grau souligne le danger du subjectivisme, car « l’Esprit de vie qui œuvre chez le croyant veut lui offrir une base objective, solide et immutable sur laquelle appuyer la direction de sa vie ». Ainsi donc « la véracité de la voix de l’Esprit est confirmée dans la Bible ».

El fundamento apostólico[3] est, sans aucun doute, la meilleure œuvre littéraire qui ait été publiée en espagnol sur l’autorité de la Bible. Cet ouvrage est utilisé dans de nombreux séminaires et jugé par certains auteurs, comme René Padilla, comme la meilleure œuvre de J. Grau. Au départ, il y a la conviction profonde que les « écrits bibliques ne possèdent aucune autorité parce qu’ils sont dans le Canon de l’Eglise, mais que, tout au contraire, s’ils sont dans le Canon, c’est parce qu’ils sont inspirés par Dieu ». C’est par les prophètes et les apôtres que Dieu nous met en rapport avec la racine de cet édifice spirituel dont « la pierre de l’angle » est Jésus-Christ lui-même (Ep 2.20). J. Grau fait ainsi connaître la pensée de Cullman, Ridderbos, Bruce et Ramm sur la base du Canon, selon laquelle l’histoire de la Révélation est intimement liée à l’histoire du salut.

A une époque comme la nôtre, où règne une telle confusion à propos du Canon, l’ouvrage El fundamento apostólico nous rappelle, ainsi que le prologue de la Carta a Juan, qu’il n’y a pas d’intermédiaire entre les apôtres et chaque génération de croyants. Il ne faut donc pas chercher la genèse du Canon dans l’histoire de l’Eglise mais dans celle du salut. C’est la raison pour laquelle nous devons continuer à maintenir, face à Rome, qu’il est absolument inconcevable d’imaginer une succession apostolique personnelle. La tradition apostolique que nous trouvons dans les Ecritures est la seule forme de succession que l’autorité apostolique ait de nos jours.

L’ouvrage El fundamento apostólico n’a rien perdu de son actualité à une époque qui connaît tant d’essais de restauration du ministère des apôtres dans de nombreux mouvements néopentecôtistes. Lorsqu’il existe une telle attente à propos de l’œuvre du Saint-Esprit prenant appui sur une nouvelle autorité apostolique, il convient de réfléchir au rôle unique qui est donné aux apôtres dans l’histoire du salut. Il est impossible de mettre un autre fondement que celui qui y a été placé une fois pour toutes.

Comme membre du comité de l’Union Biblique, J. Grau a écrit un grand nombre de textes dans les Notes quotidiennes à partir de nombreux livres de l’Ecriture, et a rédigé le volume qui ouvre la série La Biblia y su mensaje, sur la Genèse et l’Exode. Il a également écrit un nombre important de commentaires bibliques de qualité sur l’Ancien Testament : Habaquq, le Cantique des cantiques, l’Ecclésiaste et, plus récemment, Nahum et Zacharie. Ces commentaires qui sont d’une grande rigueur exégétique n’amoindrissent, à aucun moment, le pouvoir spirituel du message. Même s’il en doute, J. Grau est vraiment un prédicateur.

Nous sommes nombreux à nous rappeler ses exposés grâce à la passion et à la force quasi prophétiques avec laquelle il transmet le texte biblique. Selon certains maîtres, tel qu’Antonio Ruiz, qui fut le président de l’Alianza Evangelica et qui est, maintenant, directeur de la revue Edificación Cristiana, J. Grau possède un don spécial de discernement qui lui permet de comprendre quel est le besoin de chaque époque. Ce don est aussi extraordinaire que la fidélité qui a été la sienne, au cours de toutes ces années, à la véracité de la Parole de Dieu. Comme cela ressort de son important commentaire la Carta de Juan, la vérité et l’amour ont caractérisé son ministère.

Poursuivi à cause de sa foi

Considérant l’immense travail littéraire accompli par J. Grau, nous ne pouvons pas ignorer et ne pas évoquer l’aide et l’appui fidèle de son épouse Maria Beltrán ainsi que, et surtout, la merveilleuse grâce de Dieu ; c’est uniquement par celle-ci qu’un projet de cette envergure a pu être mené à bonne fin dans notre pays. Depuis leur conception, en 1958, jusqu’à leur parution l’année suivante – quand J. Grau a été invité par José Maria Martinez à faire partie de l’équipe de la Misión Evangelica Europea – les deux premiers livres de J. Grau ont été publiés sous un faux nom d’imprimerie suisse alors qu’en réalité ils étaient faits à Barcelone.

L’impressionnant travail réalisé à la tête des Ediciones Evangelicas Europeas (EEE) a été innovateur dans plusieurs sens. Alors qu’il n’y avait pas encore de liberté religieuse, J. Grau a publié toute une série de brochures et de livres pour l’évangélisation, qui présentaient la Bonne Nouvelle dans un langage clair et compréhensible étant donné notre contexte espagnol. Cette littérature a été providentielle pour la conversion de nombreuses personnes mais elle eut à faire face à une terrible opposition.

Le Vendredi-Saint de 1960, la police confisqua près de quatre mille exemplaires des livres et plus de soixante milles brochures. J. Grau fut accusé, l’année suivante, d’imprimer de la « littérature clandestine ». Tout le matériel fut détruit le 13 décembre de cette même année. Le journal britannique The Times a publié la nouvelle de la sentence d’emprisonnement d’un mois et un jour à l’encontre de J. Grau et de l’imprimeur Salvador Salvadó. Figurant dès lors dans les registres de la police franquiste, et dans la crainte de voir détruite une œuvre d’un aussi grand travail comme celle de Concilios, J. Grau publie, en 1965, deux volumes sous le pseudonyme de Javier Gonzaga, grâce à l’intervention de la Bibliothèque du Congrès des Etats-Unis d’Amérique, qui les a présentés comme si c’était l’œuvre d’une maison d’édition américaine située à Grand Rapids (Michigan), sous le titre de International Publications, alors qu’elle avait été faite à Barcelone.

Cette œuvre est un monument de la littérature évangélique. Il n’existe pas d’autre ouvrage vraiment comparable dans le monde, même aujourd’hui. De nombreuses personnalités ont souhaité, dans beaucoup de pays, que ces volumes soient traduits dans leur propre langue mais la réalisation de ce souhait n’est pas encore intervenue aujourd’hui. Nous sommes plusieurs à nous demander comment J. Grau a pu accomplir une œuvre aussi impressionnante ; c’est un mystère. La lucidité, la clarté, l’érudition dont il a fait preuve manifestent non seulement une extraordinaire discipline et une connaissance impressionnante de l’histoire de l’Eglise, mais aussi un génie qui sera dûment reconnu avec le temps. L’œuvre magistrale de J. Grau est destinée à devenir un grand classique de la littérature évangélique.

La théologie du Royaume

Pour J. Grau, deux sujets restent en suspens dans le monde évangélique espagnol : la théologie du Royaume et la théologie de la Création. Sa littérature, en dépit du goût du lecteur pour la superficialité, comme le souligne dans un langage imagé René Padilla, s’est efforcée de rendre accessible une pensée évangélique contemporaine fondée théologiquement. C’est aussi la raison pour laquelle il a consacré, depuis 1969, tant d’années à l’enseignement comme professeur, aussi bien à l’Institut biblique et séminaire théologique d’Espagne (IBSTE) de Castelldefels (Barcelone) qu’au Centre évangélique d’études bibliques (CEEB), sous les auspices de l’Alliance évangélique espagnole, dont il a dirigé et représenté la commission de théologie dans différents congrès internationaux.

Il est certain que J. Grau est une des principales autorités protestantes mondiales en ce qui concerne le catholicisme romain. Sa pensée a été jugée si importante pour la mouvance évangélique qu’au Congrès européen sur l’évangélisation de Lausanne, en 1974, il a été invité à s’exprimer sur les obstacles de l’évangélisation. Il s’est alors fait connaître grâce à sa collaboration à la rédaction du livre La Teologia del Reino aux côtés de certains auteurs latino-américains comme René Padilla ou Samuel Escobar. Sur ce même sujet, il a publié de nombreux ouvrages, également en français et en italien. La pensée de J. Grau apparaît de plus en plus influencée par la théologie réformée.

C’est à partir de La Teologia del Reino qu’apparaît sa position eschatologique amillénariste contre le prémillénarisme. Ses attaques contre l’« eschatologie-fiction » lui vaudront bon nombre de critiques. De nombreux frères, encore de nos jours, éprouvent quelque réticence envers sa théologie. Pour comprendre tout ce débat eschatologique, il faut reconnaître que le dispensationalisme est plus qu’un système d’interprétation de la prophétie biblique. C’est toute une façon de voir Israël, l’Eglise, l’éthique et la place même du chrétien dans le monde. Nombre de ces façons de voir et de ces orientations, qui étaient complètement méconnues avant le XIXe siècle, sont devenues, dans certains milieux, synonymes d’orthodoxie biblique. L’intérêt principal de J. Grau sur le sujet ne tient pas tant au millénium qu’à l’herméneutique en cause et à la paralysie que cette eschatologie a produite dans le christianisme évangélique.

A l’époque où paraît le livre Dejados atras, nous devons souligner le fait que l’espérance chrétienne n’est, en aucun cas, un message invitant à s’échapper du monde. Ce monde appartient à Dieu ; il y a donc un grand futur pour la planète Terre. Et nous devrions dire, avec Luther, que même si nous savions que Christ revient demain, il vaudrait encore la peine de planter un arbre. Nous vivons entre le déjà et le pas encore, la tension entre la réalité présente et la consommation qui est encore à venir. L’Evangile a été pendant des siècles un message propre à transformer le monde ; il ne peut pas être réduit, de nos jours, à un simple message destiné à résister au monde !

La théologie de la Création

Le projet intellectuel de J. Grau a toujours été accompagné d’une insatiable curiosité pour tous les genres de sujets[4]. Sa connaissance de l’actualité l’a toujours incité à étudier sérieusement de nombreux thèmes sociaux, politiques et culturels dans une perspective chrétienne. C’est ainsi qu’il a introduit la pensée de Francis Schaeffer dans le monde de langue hispanique. Dans sa collection Pensamiento Evangelico Contemporaneo, on trouve des traductions fidèles en espagnol d’auteurs importants comme Stott, Morris, Berkouver, Kevan, Hoekema ou Stibbs. Ces textes ont toujours été introduits par des réflexions de J. Grau, qui les adaptait au contexte de l’Espagne, méthode qui n’a jamais été suivie par d’autres maisons d’édition dans notre milieu. J. Grau a bien perçu le besoin d’une théologie contextualisée.

Les différents ouvrages qu’il a publiés sur la société, le travail, le sexe et l’art ont en commun une idée, qui est celle de la théologie de la Création. J. Grau découvre qu’il existe non seulement une « grande commission » qui nous demande de prêcher l’Evangile à toute créature (Mt 28.19-20), mais aussi un mandat culturel (Gn 1.28). Telle est la raison pour laquelle les Ediciones Evangelicas Europeas ont publié des livres aussi bien sur l’évangélisation que sur le travail. Leurs auteurs sont soit des expositeurs bibliques comme Leon Morris, soit des mécaniciens comme Franck Deeks. Sur les couvertures de ces livres, on peut lire aussi bien La Anunciacion a Maria dans Dios se hizo hombre que El ultimo Tango en Paris dans Imágenes del hombre en el cine moderno. Après la lecture de Schaeffer, J. Grau a voulu supprimer la division, jamais surmontée dans le monde évangélique, entre le sacré et le profane. Voilà pourquoi il est si passionnant de converser avec J. Grau : avec lui, on évoque toujours, de manière égale, les choses humaines et les choses divines.

Voilà pourquoi je me sens tellement redevable à J. Grau. Pour des générations d’étudiants comme la mienne, des conférences comme celles qu’il a faites sur l’Ecclésiaste, à l’occasion d’un camp d’universitaires organisé dans les Pyrénées, nous ont ouvert les yeux non seulement sur l’actualité de la Bible, mais aussi sur la nécessité d’affronter avec courage un monde qui appartient encore à Dieu. Il est vrai qu’il y a beaucoup d’obstacles, ne serait-ce que notre propre chair, mais le pouvoir de Dieu est bien plus grand que tous nos péchés. C’est pourquoi nous devons toujours regarder vers l’avenir avec espérance. Le meilleur est encore devant nous ! La vie est difficile et nous ne pouvons rien attendre de l’homme, mais nous pouvons tout attendre de Dieu !

Nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera (2P 3.13). Ce sujet a souvent été choisi par J. Grau dans diverses conférences au cours des dernières années. La vision prophétique que nous donne la véritable eschatologie n’est pas uniquement centrée sur un millénium ou un ciel temporel, mais sur la perspective de la résurrection, qui annonce la nouvelle Jérusalem. Un peu plus qu’un paradis récupéré, une nouvelle ville où l’Agneau régnera pour l’éternité !

Durant le VIe Congreso Evangélico Español, il nous a appelés à retrouver nos racines théologiques et à nous sentir fiers d’elles, tout en maintenant entre nous l’unité dans la diversité autour des grands principes de la Réforme. Ce qui nous unit, c’est la Vérité et non une organisation. Puisque bien des personnes voient en nous une secte, notre préoccupation doit être de nous focaliser, en premier lieu, sur la recherche du Royaume de Dieu et de sa justice, et notre identité nous sera donnée en plus. Ce qui est en jeu de nos jours, ce n’est pas notre réputation sociale, mais le problème de la Vérité même. C’est la Vérité que nous devons proclamer, non pas nous-mêmes. Le monde ne se préoccupe pas de savoir qui sont les évangéliques, mais nous, nous devons être fidèles à la Vérité jusqu’à ce qu’Il vienne.


Bibliographie des œuvres de José Grau

 Conversión o perdición, EEE, 1960.

¿ Qué es la verdad ?, Wintherthur, Suiza, EEE, 1965.

El fundamento apostólico, Barcelona, EEE, 1966.

Concilios, con el seudónimo de Javier Gonzaga y el falso píe de imprenta de Internacional Publications, 2 tomes, Grand Rapids, Michigan, EE.UU, 1966.

L’Evangeli segons Sant Pere, Barcelona, Portavoz, 1966.

Se les llamó cristianos, Barcelona, EEE, 1967.

Una respuesta evangelica, Barcelona, EEE, 1967.

El Testimoniatge Evangèlic, Barcelona, EEE, 1968.

Preguntas que exigen respuesta, Barcelona, Alturas, 1968.

El ecumenismo y la Biblia, Barcelona, EEE, 1969.

La otra violencia, Barcelona, EEE, 1969.

El ABC del Evangelio, Barcelona, EEE, 1972.

La naturaleza del Reino de Dios, Buenos Aires, Argentina, Certeza, 1972.

Introducción a la Teología, Tarrasa, Clie, 1973.

¿ Ha hablado Dios ?, Barcelona, EEE, 1973.

El cristiano, ese desconocido, Barcelona, EEE, 1973.

Aquí va la respuesta, Barcelona, EEE, 1973 ; nueva edición revisada por Peregrino,

Moral de Calatrava, Ciudad Real, 2007.

¡ Buenas noticias !, Barcelona, EEE, 1973.

El amor y la verdad, Barcelona, EEE, 1973.

El amor erótico, Buenos Aires, Argentina, Certeza, 1973.

¿ Todas las religiones iguales ?, Barcelona, EEE, 1974.

Jesucristo Superstar, Barcelona, EEE, 1974.

Escatología : Final de los tiempos, Tarrasa, Clie, 1977.

Estudios sobre Apocalipsis, Barcelona, EEE, 1977.

Las profecías de Daniel, Barcelona, EEE, 1977 ; nueva edición revisada por Peregrino, Moral de Calatrava, Ciudad Real, 2007.

Relaciones prematrimoniales, Barcelona, EEE, 1977.

¿ Que hacemos con… ?, Barcelona, EEE, 1981.

¿ Por qué, Señor, por qué ?, Barcelona, EEE, 1984.

La Biblia y su mensaje : Genésis-Exodo, Tarrasa, Unión Bíblica/Clie, 1986.

Catolicismo-romano, 2 tomes, Barcelona, EEE, 1987.

El más inspirado cántico de amor, Barcelona, EEE, 1991.

Eclesiastés, Barcelona, EEE, 1993.

La ira de Dios : El mensaje de Nahum, Peregrino, Moral de Calatrava, Ciudad Real, 1999.

Tiempo de reformar. El mensaje de Hageo y Zacarias, Peregrino, Moral de Calatrava, Ciudad Real…


Œuvres auxquelles J. Grau a participé

 Sexo y Biblia, Barcelona, EEE, 1968 ; il existe aussi une édition en catalan.

La evangelización y la Biblia, Barcelona, EEE, 1969.

Iglesia, sociedad y ética cristiana, Barcelona, EEE, 1971.

La ira de Dios, Barcelona, EEE, 1971.

Dios se hizo hombre, Barcelona, EEE, 1973.

Los cristianos en el mundo de hoy, Tarrasa, AEE/Clie, 1987.

Ser evangélico hoy, Barcelona, Andamio, 1988.

Libro del VI Congreso Evangelico Español : Una fe, un pueblo, un propósito, Madrid, FEREDE, 1998. 

¿ Cómo llegó la Biblia hasta nosotros ? : Autoridad, inspiración y canon, Tarrasa, Unión Bíblica/Clie, 1999.

Una Fe para el III Milenio. El cristianismo histórico: lo que es y lo que implica, Peregrino, Moral de Calatrava, Ciudad Real, 2002. 


* J. De Segovia est pasteur d’une Eglise réformée évangélique à Madrid. Texte traduit par Abigaïl Sanchis.

[1] Conversión o perdición, Winterthur (Suisse), Editions Evangéliques Européennes (EEE), 1960.

[2] ¿ Qué es la verdad ?, Winterthur (Suisse), EEE, 1965.

[3] El fundamento apostólico, Barcelone, EEE, 1966.

[4] Les lecteurs de La Revue réformée reconnaîtront ici un des traits de notre Pierre Courthial.

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