Quel est ce Dieu tout-puissant qui est impuissant ?
Roger VERCELLINO-ARIS*
«Ou DIEU veut supprimer les maux et ne le peut; ou il le peut et ne le veut; ou il le veut et le peut. S’il le veut et ne le peut, il est impuissant. S’il le peut et ne le veut, il est méchant. S’il le veut et le peut, d’où viennent donc les maux et pourquoi ne les supprime-t-il pas?»
Epicure, d’après Lactance (De Ira Dei, chap. 13)
1. Le problème
Pour l’esprit humain, l’existence d’un Dieu qui se dit bon et qui déclare que la création est bonne (c’est, en tout cas, ce qui ressort de la Bible, cf. par exemple 2Ch 5.13, Ps 145.9, Mc 10.18, Gn 1.31) et celle de la souffrance et du mal posent, le moins qu’on puisse dire, problème.
Certains expliquent que la liberté humaine est en cause. L’homme utilise mal sa liberté, là est la source des maux sur terre. Certes, cela est vrai dans bien des cas; car certains maux et maladies sont dus aux abus humains (alcool, drogues, envies…). Mais Dieu n’aurait-il pas pu ou dû créer l’homme un peu moins libre et un peu plus enclin au bien? Et s’il ne laisse pas la terre abandonnée à elle-même, pourquoi les enfants subissent-ils souvent les conséquences du comportement de leurs aînés? N’est-il pas scandaleux que des innocents, par millions, soient malades, violés, torturés, en prison? Les guerres et génocides sont œuvres humaines, mais cela paraît laisser Dieu insensible.
D’autre part, si l’homme est à l’origine de certains maux, le mal existait avant sa création (Gn 2.9 et 3.5). L’homme n’est pas responsable des tremblements de terre, des tsunamis et d’autres catastrophes naturelles qui font pourtant, chaque fois, des milliers de victimes1.
Certains s’insurgent, comme Eric Emmanuel Schmitt, par le biais d’un personnage de sa pièce Le visiteur: «Si Dieu était content de ce qu’il a fait, de ce monde-ci, ce serait un drôle de Dieu, un Dieu cruel, un Dieu sournois, un criminel, l’auteur du mal des hommes!»2Et le chrétien Philip Yancey de s’écrier: «Dieu où es-tu quand l’épreuve est là?»3
2. Un Dieu tout-puissant
Il n’y a pas de dualisme dans la Bible. Dieu est tout-puissant et il est le seul à l’être. Certes, il y a le diable, mais c’est un subalterne, même s’il a accès à la sphère divine (Jb 1 et 2). Dieu est le créateur de l’univers (Gn 1.1). Les formules «Je suis le Dieu tout-puissant», «Je suis le tout-puissant», «Dieu règne» sont martelées dans l’Ancien Testament4et le Nouveau Testament5.
L’Ancien Testament est l’histoire de ses actions. Il intervient massivement, selon l’expression du pasteur Olivier Pigeaud6. Dieu est au ciel et il fait ce qu’il veut dans les cieux et sur la terre (Ps 115.3 et 135.6). Dieu agit comme il lui plaît avec les «armées des cieux» et avec les habitants de la terre, et il n’y a personne pour lui résister (Dn 4.35). C’est lui qui donne la victoire au peuple juif ou le destine à la défaite, qui fait et défait les nations et les potentats (Jr 27.5, Jn 19.11). Il domine sur tout (1Ch 29.12, Ps 103.19, Jb 12.13-25), est maître du moindre événement (cf. toute une liste en Jb 39, cas du petit oiseau en Mt 10.297). C’est lui qui pousse David à faire un recensement du peuple (2S 24.1), même si c’est par l’intermédiaire du diable (1Ch 21.1), recensement qui déplaisait pourtant à Dieu (1Ch 21.7). La punition fut d’ailleurs très dure et pas uniquement contre David (1Ch 21.14). Dieu est le séducteur des faux prophètes (Ez 14.9), c’est lui qui envoie un mauvais esprit sur Saül (1S 16.14). Si Absalom viole les femmes de David, c’est parce que Dieu voulait punir David (2S 16.21). Les fils du prophète Eli refusent l’objurgation, car Dieu voulait les faire mourir (1S 2.25). Et n’est-il pas impliqué dans la coutume de l’immolation des premiers-nés (Ez 20.25)? Certes, comme le remarque Calvin: «Quand Dieu accomplit par les méchants ce qu’il a décrété en son conseil secret, ils ne sont pas pour autant excusables, comme s’ils avaient obéi à son commandement, lequel ils violent et renversent tant qu’il est en leur pouvoir.»8Il n’en reste pas moins que, d’une manière générale, Dieu a autorité même sur les fléaux (Am 3.6, Lm 3.38, Es 45.79, Ap 15 et 16: quels fléaux!). Si certains maux sont des punitions justifiées, d’autres paraissent quasiment arbitraires10. Dieu voit les actions secrètes des hommes (Mt 6.6, Rm 2.16) et connaît leurs pensées intimes (Rm 2.16, Hé 4.12-13). Si le diable est le prince de ce monde et le dieu de ce siècle (cf. infra), il ne fait que rester, selon l’expression de Luther, «diable de Dieu»11.
Le Dieu de la Bible est un Dieu tout-puissant.
3. Un Dieu silencieux, impuissant
De par sa nature, Dieu ne peut faire des choses contradictoires, comme un cercle carré, deux et deux égale cinq, que je ne sois pas né alors que c’est déjà le cas. La réflexion essuyée par le pasteur Wurmbrand alors adolescent: «Si Dieu est tout-puissant, peut-il faire un poids si lourd qu’il ne peut le soulever? Si oui, il n’est pas tout-puissant, sinon, il ne l’est pas davantage»12, relève du sophisme.
Par ailleurs, Dieu ne peut mentir (Nb 23.19, Es 15.29, Hé 6.8) ou pécher (Jc 1.13). Il ne peut se renier (2Tm 2.13).
Cela posé, nous voyons que si Dieu veut que tous les hommes soient sauvés (1Tm 2.4), ceux-ci ne le seront pas tous (Mt 22.4, 25.41). Il y aura même peu d’élus (Mt 22.14). L’apocatastase ne tient pas au point de vue scripturaire13. Pour lever la contradiction les théologiens
«distinguent entre la volonté divine de décret et la volonté préceptive… Les fils d’Eli ne se sont pas repentis parce que le Seigneur voulait les faire mourir (1S 2.25) et pourtant, il ne veut pas la mort du pécheur (Ez 18.32). Dans le premier cas, Dieu a voulu dans ce sens qu’il l’a inclus dans le programme de tout ce qui arrive, dans le plan universel ou Décret. Dans le second, il s’agit de son désir, de son appel, commandement ou précepte, qu’ils se convertissent… Le mal, s’il est voulu [de Dieu], d’une certaine façon, n’est pas voulu comme le bien. Dieu veut le bien directement, simplement, pour lui-même; il ne veut le mal que d’une autre façon, en le haïssant simultanément. C’est un vouloir souverain, certes, mais permissif, qui s’y rapporte. La causalité divine à l’égard du bien est efficiente (Dieu agit effectivement…). Elle est déficience à l’égard du mal (Dieu se contente de ne pas agir, comme s’il faisait défaut). Alors que Dieu opère lui-même le bien en le faisant opérer, le mal est toujours le fait d’une ou plusieurs créatures exclusivement.»14
Thomas d’Aquin prend l’exemple suivant: «[Prenons un] juge épris de justice. De volonté antécédente, il veut que tout homme vive, mais de volonté conséquente, il veut que l’assassin soit pendu. Semblablement, Dieu veut de volonté antécédente que tous les hommes soient sauvés, mais de volonté conséquente, il veut que quelques-uns soient damnés comme sa justice l’exige15.»
Pour le commentateur John MacArthur: «Si le dessein rédempteur de Dieu se limite aux élus, son désir de salut s’étend à la race humaine entière.»16L’œuvre de salut par Jésus-Christ est valable pour tous les hommes, mais tous n’en profitent pas17. Jésus parle, par exemple, du bon dessein de Dieu envers les pharisiens, rendu nul par ceux-ci (Lc 7.30). Dieu est le Sauveur de tous les hommes, mais… principalement18des croyants. Il s’ensuit qu’il y a là un mystère que reconnaît La Bible annotée dans son commentaire de 1 Timothée 2.419.
Cela dit, «Dieu, être omnipotent agissant depuis l’éternité, aurait pu produire quelque chose de mieux», écrit Bertrand Russel20. Pour Hans Jonas, il s’agit «d’un Dieu complètement inintelligible, qu’on peut dire qu’il est à la fois absolument bon et absolument tout-puissant et que néanmoins il tolère le monde tel qu’il est»21.
Toutefois, certains, comme Bertrand Vergeley22, estiment que faire un procès à Dieu à ce sujet est malvenu de la part de l’homme qui, lui non plus, ne fait rien. Il importe de se regarder soi-même quand on entend critiquer Dieu. Mais on peut rétorquer que l’homme tolère car il est quelque peu impuissant, alors que Dieu…
Dans le même ouvrage, Vergely cite23le cas d’une femme pasteur qui, devant la souffrance puis la mort d’une fillette de trois ans, s’écrie: «Je suis devenue pasteur parce que j’aime Dieu, parce que je crois en lui; tout cela ne correspond pas à ce que je croyais. C’est dur de voir que le Dieu que j’aime peut laisser souffrir un enfant comme cela.» L’évangéliste Charles Templeton, en face d’un malade atteint de la maladie d’Alzheimer, puis à la vue d’une photo d’une femme, en Afrique du Nord, qui lève les yeux au ciel, tenant dans ses bras son bébé, assoiffés tous les deux car il y avait une sécheresse épouvantable, se dit: «Est-il vraiment possible de croire qu’il existe un créateur plein d’amour et de compassion quand tout ce doit avoir besoin cette femme, c’est la pluie?»24Et André Comte Sponville d’enfoncer le clou: «Passer plusieurs heures dans un service de pédiatrie d’un grand hôpital donne une assez basse idée de Dieu s’il existait.»25Certes, il y a la solidarité humaine qui fait que les actes, les imprudences, les vices des uns ont des répercussions sur les autres, sur les descendants en particulier. Dieu lui-même qui déclarait que l’iniquité des pères serait punie jusqu’à la troisième ou quatrième génération (Ex 20.15) est revenu pourtant, plus tard, sur cette décision, annonçant que chacun assumera sa propre faute (Jr 31.30, Ez 18.4). Alors pourquoi la souffrance injuste?
Philip Yancey cite26le livre du professeur John Hick Philosophie de la religion où celui-ci écrit qu’un monde sans souffrance serait le pire des mondes possibles [sic], car cela supposerait que la nature fonctionnerait par de continuelles providences particulières et non pas par des lois universelles à respecter… Les concepts éthiques n’auraient pas de sens… dans ce monde, il ne pourrait y avoir de mauvaise action ni d’ailleurs de bonne… Yancey cite aussi26 la réflexion du Dr Paul Brandi: «Remercions Dieu d’avoir inventé la douleur. Il n’aurait pu faire mieux [sic].» Il estime lui aussi que la douleur a son utilité, car elle joue un rôle protecteur vis-à-vis de notre corps, et que la souffrance possède même une certaine valeur morale car elle attire notre attention sur le caractère éphémère et précaire de notre vie sur cette planète. Mais il remarque aussitôt que le problème de la douleur et de la souffrance provient de la troublante question de la cause27.
Jules-Marcel Nicole, de son côté, estime que la souffrance est parfois nécessaire en vue d’un témoignage face aux hommes et aux anges (cf. cas de Job28). La Bible en parle parfois, aussi, dans cette optique (Jn 9.1-3, Rm 5.3, Jc 1.2). Pourtant il existe des cas d’actes de torture, de barbarie, totalement inhumains.
Aussi Hans Jonas de conclure: «Il faut que la bonté [de Dieu] soit compatible avec l’existence du mal et il n’en va de la sorte que s’il n’est pas tout-puissant. S’il n’est pas intervenu [à Auschwitz], ce n’est pas qu’il ne le voulait pas, c’est qu’il ne le pouvait pas.»29Il est, en effet, difficile d’affirmer «que Dieu était présent à Auschwitz; comme la croix du Christ, Auschwitz est aussi assumé en Dieu lui-même, pris dans la douleur du Père, dans le sacrifice du Fils et dans la force de l’Esprit»30. Il n’y a pas qu’à Auschwitz où Dieu parut absent, impuissant. Combien d’individus ont crié à Dieu lors de guerres (de religion… chrétienne parfois), mais sans obtenir de réponse! On peut citer, pour l’époque contemporaine, les génocides en Afrique, au Liban lors de la guerre civile: «Dieu en a assez de nous, il n’est plus ici. Il est parti. Il nous a abandonnés.»31Dramatique aussi cette lettre en provenance de Stalingrad, en 1942, d’un soldat jadis très croyant: «A Stalingrad, le choix de s’en remettre à Dieu signifie nier son existence. J’ai cherché Dieu dans chaque trou d’obus… auprès de chaque camarade… Je l’ai cherché même dans le ciel et Dieu ne s’est jamais montré. Dieu n’existe pas à Stalingrad.»32Et François Deverny de s’écrier: «Si on ne veut pas Dieu complice du mal, il faut qu’il ne l’ait ni ordonné, ni permis. Je ne sais plus prier ce Dieu impotent.»33Avec une ironie acide, Bertrand Russell écrit: «A croire que le monde que nous connaissions fut créé par le démon à un moment où Dieu regardait ailleurs.»34Certains, comme Eric Emmanuel Schmitt, vont plus loin encore: «[Dieu] tu n’existes pas! si tu es tout-puissant alors tu es mauvais; mais si tu n’es pas mauvais, tu n’es pas bien puissant, scélérat ou limité, tu n’es pas un Dieu à la hauteur de Dieu. Il n’est pas nécessaire que tu sois.»35Rude aussi cette interrogation triviale de Philip Yancey: «Si tu es vraiment le patron sur cette terre, si d’une manière ou d’une autre il n’est pas étranger à toute la souffrance des hommes, pourquoi est-il si imprévisible, si injuste? Est-il le grand Sadique de l’univers que se complaît à nous voir au supplice?»36Il cite le cas d’une famille d’immigrés exploitée par des fermiers, qui, lors d’un culte, hurle sa rage devant Dieu «qui ferait mieux de faire taire le prêcheur et de voir par lui-même leur situation»37. Même Jésus s’est vu abandonné par Dieu (Mt 27.46).
4. Essais de solutions
L’existence de la souffrance, souvent injuste, du mal a toujours exercé la sagacité des penseurs dans toutes les philosophies et religions, et différentes idées ont été émises38. Si le ciel «est un toit vide au-dessus de la souffrance des hommes»39, le problème paraît résolu par l’athéisme. Ceci peut être contesté: «La négation de l’existence de Dieu, loin de résoudre le problème du mal, ne ferait que le rendre complètement insoluble… [car], dans ce cas, comment comprendre l’ordre physique qui y règne? S’il y a un ordre cosmique, comment n’y aurait-il pas, à plus forte raison, un ordre moral, c’est-à-dire comment le mal n’aurait-il aucun sens et aucune explication?» C’est l’appréciation de Régis Jolivet qui, dans cette optique, rajoute: «La sagesse de Dieu fait d’ailleurs que le mal rentre dans l’ordre, non pas essentiellement puisqu’il n’a pas été voulu par Dieu mais accidentellement… Cela revient à dire que Dieu fait que la souffrance serve.»40
De même dans l’article «Mal» du Dictionnaire critique de théologie, on peut lire: «Un monde d’où le mal serait absent serait nécessairement un monde d’où notre créature libre serait absente. Un tel monde serait moins parfait que le nôtre.»41Et, dans celui de L’Encyclopédie philosophique universelle: «Dieu ne pouvant moralement qu’avoir choisi le meilleur des mondes possibles, le mal et les imperfections locales trouvent leur explication dans la plus grande perfection de l’ensemble des compossibles portés à l’existence. Ce qui est perçu comme un mal par un individu peut être un bien à l’échelle de l’univers.»42 Mais cette idée tirée de Leibniz est réfutable, car la notion de «monde meilleur» comporte en soi une contradiction, car pour un monde existant donné, on pourra toujours concevoir un monde meilleur. De toute façon, si cela est vrai dans certains cas, cela n’explique pas les fléaux naturels et les actes de barbarie.
Le dualisme résout la question par l’existence de deux forces antagonistes, le Bien et le Mal, qui se combattent éternellement. Apparu au VIIe siècle av. J.-C. avec le mazdéisme, il est repris, avec des nuances, par un fils d’évêque de Sinope, Marcion, au IIesiècle apr. J.-C. Excommunié en 144, il opposait le Dieu de l’Ancien Testament, Dieu d’une justice qui allait jusqu’à la méchanceté, au Dieu du Nouveau Testament, bon et père. Au IIIe siècle, pour le Perse Mani, il y a deux principes incréés, le Bien qui est lumière et le Mal qui est ténèbres et matière.
Mais, comme nous l’avons vu (cf. point 2), la Bible est totalement opposée au dualisme.
Les auteurs chrétiens ont, tour à tour, pensé le mal comme une privation, un non-être, le véritable support du mal étant le bien, comme permettant d’en tirer du bien. C’est comme l’ombre qui ne peut exister qu’en fonction de la lumière.
Dans la théologie catholique, «le mal n’est pas de l’être, ce qui n’est pas positif, mais la privation d’un bien. Le mal est l’absence de quelque qualité qui était due à la nature et qui fait défaut. Cette privation est un désordre… Il faut se garder d’attribuer au mal rien de positif. Se déplacer est un bien. Se déplacer en boitant est un mal, mais c’est un mal moindre que de ne pas se déplacer du tout. Ainsi, le mal est toujours inhérent à un sujet bon en soi, mais qui n’a pas toute la perfection voulue… [Dieu] cet être parfait ne pouvait créer qu’un monde égal en perfection à lui-même. Ce monde ne se fût pas distingué de lui. Il ne pouvait créer qu’un monde fini et, si beau fût-il, il y avait place dans ce monde pour le mal.»43
Pour le dominicain Yves Congar: «Si le monde sans péché était digne de la sagesse [de Dieu], un monde-du-péché-et-de-l’incar (tout accroché) nation-rédemptrice réalisait davantage encore sa bonté et satisfaisait pleinement sa sagesse en tant qu’elle est au service de sa bonté… sa sagesse, même sa sagesse de Créateur, était une sagesse de la croix.»44
Et la liturgie romaine de proclamer Felix culpa, bienheureuse faute, qui nous a valu un tel Rédempteur45. Dans l’article «Mal» du Dictionnaire de la Biblede Vigouroux, on peut lire: «C’est dans une autre vie qu’il faut attendre la compensation des maux qui frappent les justes en celle-ci… c’est un moyen que Dieu ménage au juste pour lui faire gagner le bonheur de l’autre vie.»46
Il y a toujours eu, dans le christianisme, cette idée que les maux sont soit des punitions de Dieu, soit des épreuves en vue de mérites célestes. Si cela est vrai dans certains cas pour les punitions (cf. note 10) et qu’on peut avancer le cas du pauvre Lazare (Lc 16.25), il est impossible de généraliser, compte tenu de tout ce qui est dit au sujet de la grâce de Dieu47.
Du côté protestant, Calvin se demande ce que serait devenue notre rédemption si Jésus n’avait pas été crucifié par la volonté de Dieu48. Auguste Lecerf écrit de son côté: «Si Dieu a fait entrer l’avènement de l’abus de la liberté dans la trame de ses décrets, c’est sans doute qu’il a jugé qu’un monde où le péché donnerait leur nom au repentir, au pardon, à l’héroïsme, au sacrifice, aurait plus de valeur et mettrait mieux en lumière, au regard des anges et des hommes, sa miséricorde et sa justice; qu’il serait moralement supérieur à un monde d’innocents amoraux ou de justes figés dans leur impeccabilité.»49
Il nous semble plus réaliste d’accepter le mystère, en accord avec le dominicain Sertillanges: «La difficulté ne vient pas uniquement de ce qu’il nous manque de lumière, mais principalement des lumières que nous avons et que nous ne pouvons accorder avec les mystères.»50Et avec Henri Blocher: «L’énigme du mal est le seul mystère opaque de l’Ecriture.»51Comme l’écrit J.P. Bernhart, citant Augustin: «Chercher la raison du mal, c’est regarder les ténèbres.»52
5. L’attitude et l’enseignement de Jésus
Jésus qui se savait envoyé, issu de Dieu, un avec Lui (Jn 10.30) accepte tout simplement le monde tel qu’il est. Il ne se révolte pas contre le fait que le pays soit sous occupation étrangère. Il fait même du bien à un officier romain (Mt 8.5-13). Il ne dit rien de l’injustice au sujet des veuves juives non secourues ou des lépreux juifs non guéris, alors qu’un païen l’est (Lc 4.25 et 27). Lui-même n’a guéri qu’un seul des malades présents à la piscine Béthesda (Jn 5.1-9)53.
Si son message d’amour met implicitement en cause l’esclavage, il n’en dit rien explicitement. Il se sert plutôt de l’état d’esclave pour illustrer son enseignement (Mt 10.24, Lc 17.10, Jn 8.34, etc.)54. Que le malheur tombe au hasard sur des gens qui n’ont rien de particulier justifiant de subir un tel sort (par exemple des personnes écrasées par la chute de la tour de Siloé et de celles massacrées par Pilate) ne l’émeut pas spécialement; il se sert simplement de ces faits divers pour appeler à considérer d’autres valeurs dans la vie (Lc 13.1-5). Lorsque Jean-Baptiste est décapité, il ne paraît pas avoir fait de commentaires (Mt 14.13).
Jésus ne s’offusque pas qu’il y ait des riches et des pauvres et il prédit même qu’il en sera toujours ainsi (Mc 14.7). Qu’il y ait des guerres, des famines, il en prend son parti et il invite ses disciples à faire de même (Mt 24.6-7). Il va jusqu’à dire que malheurs et scandales arrivent et arriveront nécessairement (Mt 18.7, 24.6 et les parallèles). Il y aura toujours des bons et des méchants sur terre (cf. la parabole de l’ivraie, où Jésus indique que le tri ne se fera qu’à la fin du monde, Mt 13.24-42).
Alors qu’il a guéri des malades, chassé des démons, fait des miracles, Jésus est impuissant devant l’attitude des Jérusalemites et il pleure (Lc 19.41). Ses disciples auraient bien envoyé le feu du ciel contre les méchants, mais il préfère la faiblesse, l’acceptation du mal (Lc 9.54).
Jésus, d’une certaine manière, est passif, voire fataliste devant l’état du monde.
6. Un Dieu limité
Lors de la tentation dans le désert, quand le diable déclare que la terre lui a été donnée, Jésus ne conteste pas ce fait (Lc 4.1-8). Ailleurs, il déclare le diable «prince» de ce monde (Jn 12.31, Jn 14.30). Quand on récite le Notre Père (version longue, Mt 6.7-13), prière enseignée par Jésus lui-même, on ne fait peut-être pas assez attention à la portée de ce qui est dit: «Que ton règne vienne. Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.» On peut comprendre que le règne est celui qui est souhaité dans le cœur des hommes: «Que par ma vie, le nom de Dieu soit glorifié», aspire Grégoire de Nysse55, qui donne le même sens à la suite de la prière, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel: que soit faite en moi ta volonté!56De même, Calvin écrit: «Dieu sera Roi du monde quand tous seront rangés sous sa volonté… Il nous appelle à une obéissance volontaire. C’est pour quoi le ciel est nommément comparé à la terre, parce que les anges servent Dieu de leur bon gré et sont attentifs à exécuter ses commandements.»57Luther commente ainsi: «Que ta volonté soit faite, ce n’est autre chose qu’observer ses commandements, car c’est par ceux-ci qu’il nous fait connaître sa volonté.»58Maillot tient un langage plus nuancé: «Si le Christ exhorte à demander que ta volonté se fasse, il croit que cette volonté de Dieu rencontre des obstacles et que ces obstacles peuvent être aussi bien de notre propre volonté que de la volonté des autres hommes, ou les fatalités, ou les lois qui semblent conduire le monde.»59
En effet, limiter la signification de cette demande à ce qui concerne l’homme paraît restrictif et, par ailleurs, redondant avec la première demande. Certes, la volonté de Dieu est le salut des hommes, mais le mal qui est dans le monde englobe aussi les calamités indépendantes des hommes, l’action du diable (Mt 13.39, Jn 8.44; l’ivraie parmi le blé, Mt 13.24-28).
Dieu règne dans le ciel mais pas sur la terre. Sa volonté n’est pas faite ici-bas. C’est plutôt celle du diable (dieu de ce siècle; cf. 2Co 4.4) qui prédomine. C’est ici le royaume des ténèbres (Jn 12.46, Ep 6.12). Ainsi, le monde va mal, mais c’est «normal», si l’on peut dire, car c’est inéluctable. Jésus lui-même déclare que son propre royaume n’est pas de ce monde (Jn 18.36). Ce royaume, sphère où Dieu règne, où sa volonté est faite est ailleurs, mais il vient ici-bas par incursion, lors de l’histoire d’Israël et par la venue de Jésus. Celui-ci a guéri des malades, chassé des démons, signes que le royaume de Dieu est venu vers les hommes (Mt 12.28) même si, parfois, c’est sans frapper les regards (Lc 17.21)60. Il est à noter que les démons reprochent à Jésus de faire opérer le royaume de Dieu ici-bas prématurément, d’être venu «avant le temps» (Mt 8.29). Cette contestation montre que c’est à bon droit, si on peut dire, que le diable met en avant ses prérogatives. On peut comprendre alors son empressement à vouloir perdre l’homme installé par Dieu dans son propre domaine.
Bien que Jésus ait affirmé avoir vaincu le monde (c’est-à-dire le diable, Jn 16.33), Matthieu, à la vue des guérisons de Jésus, cite Esaïe, où il est dit «il fera triompher la justice» (Mt 12.20, Es 11.5), et pourtant l’injustice est toujours là. Bien que Jésus ait dépouillé les dominations, les autorités en triomphant d’elles à la croix, dit Paul (Col 2.15); bien qu’en ressuscitant Jésus, Dieu ait tout mis sous ses pieds (Ep 1.22); bien qu’avant de quitter cette terre, Jésus ait déclaré que tout pouvoir lui avait été donné dans le ciel et sur terre (Mt 28.18); bien que Dieu l’ait souverainement élevé en lui donnant le nom qui est au-dessus de tout nom afin que tout genou fléchisse dans les cieux et sur terre (Ph 2.9 et 10); bien que… le mal est toujours là et ne diminue même pas en intensité!61
Si le diable est réellement et irrémédiablement vaincu, cela est en potentiel; en attente, virtuel tant que le temps existe. Le monde nouveau est pour plus tard, au retour du Christ (2P 3.12-13). L’épître aux Hébreux indique que Jésus «attend» que ses ennemis soient devenus son marchepied (Hé 10.13). Paul dit que le royaume sera effectif quand le Christ aura détruit les dominations, les autorités et les puissances [mauvaises] et ce, seulement à la fin du monde (1Co 15.24-25). Les disciples pensaient que le royaume de Dieu était imminent, Jésus les détrompe (Lc 19.11-27, Mt 25.1-13). Ce n’est qu’à la fin du monde que les ennemis de Dieu seront définitivement mis hors d’état de nuire (Lc 19.27, Ap 17.14).
En attendant, le diable, même s’il se sait vaincu à terme, ne peut que continuer à faire du mal, car c’est son fond. Il accentuera même sa pression dans la mesure où il lui reste peu de temps (Ap 12.12). Heureusement pour nous, si le diable peut nous harceler (Lc 22.31), il ne peut nous nuire fondamentalement (Lc 10.19, Rm 8.39).
Tout cela montre que le ciel n’est pas statique, un lieu figé où les élus psalmodieraient éternellement, mais un endroit où il y a du mouvement. La parabole des mines (Lc 19.12-26), même métaphorique, parle de gouvernement. Ailleurs, Jésus parle de places dans le ciel, pas toutes les mêmes (Jn 14.2 et Mt 11.11). Non seulement le ciel déborde d’activités, mais il y a une véritable guerre dont la terre subit des conséquences. Daniel prie Dieu, mais la réponse n’arrive que vingt et un jours après, car il y a eu une embuscade et l’ange de Dieu a été retardé et a dû même demander du renfort pour joindre Daniel (Dn 10.13). Les anges exercent un ministère en faveur des humains (Hé 1.14). Jésus utilise un langage militaire: le diable est un ennemi (Mt 13.39). Il eût pu recevoir le secours de six mille combattants (Mt 26.53-54). L’Apocalypse est une histoire de lutte sur terre et dans le ciel62.
En fait, il faut raisonner «cosmique». «Nous sommes engagés dans une lutte gigantesque dont l’humanité est le champ de bataille et l’enjeu, où les anges restés fidèles luttent au côté du Christ contre le démon et ses anges. Que la bataille soit gagnée ne fait aucun doute, mais personne n’a le droit de se dégager de la lutte.»63
7. Conclusion
Il semble que pour des raisons qui nous sont mystérieuses, étranges, Dieu, pourtant tout-puissant, se soit volontairement dépouillé, ait accepté une non-puissance. «La non-puissance n’est pas l’impuissance, mais une décision, de la part de celui qui a, qui détient une puissance, de ne pas s’en servir, de ne pas user de la puissance.»64Dieu aurait passé un contrat avec les forces du mal (cf. le cas de Job) dont l’origine n’est pas claire65, contrat qui le lie à ses propres décisions. Et donc, quoi qu’il arrive, il ne peut, dans certains cas, intervenir dans l’histoire des hommes. Tel serait le drame de la Shoah66. Dans d’autres circonstances, il agit (on a parlé de son action dans l’Ancien Testament, des incursions du royaume de Dieu dans le Nouveau Testament). De plus, Dieu se sert du mal pour le détourner en bien. Un exemple frappant est donné en Genèse 45, où le mal infligé à Joseph par ses frères a permis de sauver la famille de la famine. L’Ecriture dit que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu (Rm 8.28).
Arthur Katz pense qu’un aspect positif de la Shoah a été la création de l’Etat d’Israël: «L’Holocauste a débouché sur la création de l’Etat d’Israël. Nous avons un Etat Nation, un lieu où nous espérons bien trouver la sécurité en tout temps. Rien ne nous contraint plus à être des victimes sans défense disséminées parmi les nations.»67
Parfois, Dieu agit mais après un silence qui… peut paraître long! Les Juifs ont attendu quatre cents ans, esclaves en Egypte, avant d’être délivrés!
Etant hors du temps, Dieu peut annoncer sa victoire finale, se prévaloir de sa toute-puissance, mais en attendant la fin des temps, Dieu laisse le diable régner sur terre, n’impose pas sa toute-puissance.
Cette non-puissance peut s’illustrer par cet épisode du livre d’Esther, où le potentat Assuérus édicte un décret d’extermination des Juifs, décret irrévocable par définition. Assuérus, quand il veut finalement sauver les Juifs, ne peut annuler sa propre décision. Tout potentat de «droit divin» qu’il était, il ne pouvait revenir en arrière. Sa toute-puissance était limitée.
Les humains sont un peu comme ce fantassin dans sa tranchée pendant la Grande Guerre, dépassé par les événements, tributaire de ce qui se passait très loin à Paris et Berlin, dans les ambassades, mais qui avait là où il était des ordres précis à exécuter.
C’est aussi, dans ce contexte, que s’éclairent certains passages bibliques sur la prière; celle-ci devient nécessaire pour que Dieu agisse, car il en a décidé ainsi. L’action de Dieu reste dépendante de celle des hommes, en tout cas dans certains domaines. Le nombre des «moissonneurs» (Mt 9.38), des dirigeants dignes de ce nom (1Tm 2.1-2), des guérisons (Jc 5.16), des victoires sur la tentation (Lc 22.40) dépend des prières des hommes. Il faut parfois prier avec persévérance (Lc 11.5-10, Lc 18.1-8). Dieu seul connaît la date de la fin du monde et, pourtant, on peut la faire avancer par la prière! (Mt 24.36 et 2Pi 3.12) Même Jésus a prié et prie encore en faveur des hommes (Lc 22.31, Rm 8,31, Hé 7.25).
Tout cela est bien étrange mais c’est ainsi, nous n’y pouvons rien. La religion chrétienne est complexe. Dieu a un Fils. Il y a l’Esprit Saint. L’effusion de sang est nécessaire (Hé 9.22). Dieu s’incarne en Jésus, qui meurt sur une croix, ressuscite.
Tout cela n’est pas bien rationnel, mais c’est ainsi. C’est folie pour l’esprit humain, mais puissance de Dieu pour celui qui croit (1Co 1.18).
Une religion «inventée» par l’homme serait plus simple. La complexité du christianisme est paradoxalement un gage de véracité.
On comprend pourquoi le monde va mal, malgré la venue du Christ, mais le pourquoi du pourquoi dépasse l’entendement humain. Comment comprendrez-vous les choses célestes? a demandé Jésus (Jn 3.12). Les voies de Dieu sont insondables et incompréhensibles (Rm 11.33); notre connaissance de Dieu est celle qu’il a bien voulu nous révéler, mais nous ne connaissons rien de Dieu en lui-même.
Bibliographie
Outre les ouvrages déjà cités, on consultera avec profit:
J.L. Blaquart, Le mal injuste (Paris: Cerf, 2002).
J.D. Bredin, Lettre à Dieu le Fils (Paris: Grasset, 2001).
M. Gourgues, Le Pater (Bruxelles: Ed. Lumen vitae, 2002).
A. Jacquard, Dieu? (Paris: Stock/Bayard, 2003).
E. Le Roy, Le problème de Dieu (Paris: Ed. L’Artisan du livre, 1930).
J. Packer, L’évangélisation et la souveraineté de Dieu (Jebsheim: Ed. Bannière de la vérité, 1968).
M.F. Pellegrin, Dieu (Paris: Flammarion, 2003).
P. Ricœur, Philosophie de la volonté (Aubier, 1988).
L. Schweitzer, Si Dieu existe, pourquoi le mal? (Marne-la-Vallée: Ed. Farel, 2005).
* R. Vercellino-Aris, membre de l’Eglise réformée de Bordeaux, est diplômé de l’Ecole nationale supérieure des télécommunications et de la Faculté de théologie protestante de Paris.
1 Certes, l’homme est en train de bouleverser les phénomènes climatiques de la planète (couche d’ozone…), mais cela est très récent.
2 E.E. Schmitt, Le visiteur (Paris: Ed. Albin Michel, 2003), 187.
3 P. Yancey, Dieu où es-tu quand l’épreuve est là? (Guebwiller: Ligue pour la Lecture de la Bible, 1986).
4 La traduction El-Shadaï par Tout-Puissant a parfois été critiquée (cf. p. ex. le dictionnaire encyclopédique de la Bible de Westphal. Ed. Je sers, 1932, article «Dieu (noms de)» 2 – El. 294), mais, comme le fait remarquer Henri Blocher, ce n’est pas de ce mot seulement que découle la notion de Dieu Tout-Puissant: cf. Le mal et la croix(Méry-sur-Oise: Ed. Sator, 1990), 128. En outre, la LXX a bien traduit pantokrator par Tout-Puissant.
5 Cf. Nouveau dictionnaire biblique Emmaüs, article «Tout-Puissant», Eicher, Dictionnaire de théologie (Paris: Cerf, 1988), 101, une concordance au mot «Tout-Puissant».
6 «Deux christianismes?», in Evangile et liberté(mai 2004), 3.
7 Litt. «pas un ne tombera sans votre Père». Segond traduit par «sans la volonté de votre Père» et la TOB «indépendamment de votre Père». Une glose ancienne précise: «sans une décision de votre Père», ce qui est bien le sens de la phrase de Matthieu.
8 Institution chrétienne, I,XVIII,4.
9 Litt. «faiseur de paix et créateur de mal, moi Yahvé l’auteur de tout cela», comme le traduit fort bien Chouraqui. La TOB a «je fais le bonheur, je crée le malheur, c’est moi le Seigneur qui fais cela».
10 Dans la Bible, certains maux sont présentés comme des punitions de Dieu. Ainsi, par exemple, le roi Manassé a été déporté, car il était idolâtre (2Ch 33). Ananias et Saphira sont foudroyés, car ils étaient des fraudeurs (Ac 5). Mais il faut être circonspect quand le cas n’est pas tiré explicitement de l’Ecriture, car on peut se tromper lourdement. On peut être très dubitatif sur le jugement de certains chrétiens lors du tsunami en 2005 (punition de peuples «non» chrétiens) et sur celui de la fille de Billy Graham relatif au 11 septembre 2001 (attentat sur les tours de New York), qui pense que les Etats-Unis étaient punis à cause de leur peuple paganisant (cf. «Où était Dieu?», in revue Voix, n° 2 (Belleherbe, 2005, FGBMFI). Se souvenir que Jésus a eu une tout autre attitude quand la tour de Siloé a écrasé 18 personnes (Lc 13.4). Néanmoins, A. Katz reste persuadé que la Shoah est un jugement sur les Juifs: Holocauste, où était Dieu?(Chailly, Suisse: Ed. RDF, 1999), 57 à 59.
11 Cité par H. Blocher: Le mal et la croix, op. cit., 137.
12 R. Wurmbrand, Si j’avais trois minutes (Ed. Mediaspul, 1988), 199.
13 Pour l’apocatastase, voir l’article de Theo(Paris: Ed. Droguet-Ardant/Fayard, 1992), 895; l’article «Apocatastase» du Dictionnaire critique de théologie(J.Y. Lacoste) (Paris: Ed. Quadrige/PUF, 1998) et l’article Origène, col. 1548ss du Dictionnaire de théologie catholique (Paris: Ed. Letousey et Ané, 1932). A noter que l’enfer n’était prévu initialement que pour le diable et ses acolytes (Mt 25.41).
14 H. Blocher, Le mal et la croix, op. cit., 143 et 144.
15 Thomas d’Aquin, Somme théologique, tome I (question 19: la volonté de Dieu) (Paris: Cerf, 1990), 301. Cf. aussi Spicq, Commentaire de 1 Timothée 2.4 (Paris: Ed. Gabalda, 1969; Collection études bibliques), 365.
16 J. MacArthur, Commentaire de la 1re épître à Timothée (Cap de la Madeleine, Canada: Ed. Impact, 2001), 106.
17 Une comparaison triviale mais illustrative: en France, tous les anciens combattants ont droit à une retraite spécifique à 65 ans. Mais seuls l’obtiennent ceux qui en font la demande.
18 1 Timothée 4.10. Le mot grec est malista = surtout, avant tout, particulièrement, principalement. La TOB traduit par «surtout», Segond par «principalement», Chouraqui par «spécialement».
19 La Bible annotée (Saint-Légier, Suisse: réédition Emmaüs (Collection PERLE, 1983), 528, note 2; elle récuse en particulier la théorie de Calvin, qui applique le possibilité de salut aux peuples, Etats, monde, mais qui estime qu’il en est autrement pour chaque homme en particulier (cf. Calvin, Commentaire de 1 Timothée, Aix-en-Provence: Ed. Kerygma, 1991), 118.
20 B. Russel, Pourquoi je ne suis pas chrétien (Genève: Ed. J.J. Pauvert, 1960), 58.
21 H. Jonas, Le concept de Dieu après Auschwitz (Paris: Ed. Rivages/Payot, 1984), 31.
22 B. Vergeley, Le silence de Dieu face aux malheurs du monde(Paris: Ed. Presse de la Renaissance, 2006), 211.
23 Ibid., 211.
24 Lee Strobel: Plaidoyer pour la foi (Nîmes: Ed. Vida, 2002), 11-12.
25 A. Comte Sponville, Présentation de la philosophie (Paris: Ed. Albin Michel, 2000), 101.
26 P. Yancey, Dieu où es-tu quand l’épreuve est là?, op. cit., 80-81, pour la citation de John Hick, 77-78, pour l’interview du Dr Brand (celui-ci a reçu le prix Lasker, distinction médicale et sa biographie fait l’objet du livre de Dorothy Clarke Ces doigts qui guérissent (Genève: Ed. Labor et Fides). On trouve la même idée chez l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan – Origines (Paris: Gallimard/Folio, 2006), 490 – et chez le professeur d’immunologie moléculaire Denis Alexander, Science et foi (Paris: Ed. Frison Roche, 2004), 271.
27 Ibid., 65-66.
28 «Pourquoi Dieu permet-il la souffrance?», Ichthus,n° 10 (1971), 12.
29 Le concept de Dieu après Auschwitz (Paris: Ed. Rivages/Payot, 1984), 34 et 35.
30 H. Goudineau, «Penser Dieu après Auschwitz», revue Hokhma, n° 81 (2002), 70.
31 Frère André, Et Dieu changea ses plans (Strasbourg: Ed. Portes Ouvertes, 1992), 71.
32 Collectif, Dossier Dieu (Lausanne: Ed. de l’Ale, 1962), 145.
33 F. Deverny, Pourquoi m’as-tu abandonnée? (Paris: Grasset, 1998), 62.
34 B. Russell, Pourquoi je ne suis pas chrétien (Genève: Ed. J.J. Pauvert), 33.
35 E.E. Schmitt , Le visiteur (Paris: Albin Michel, 1999), 187.
36 P. Yancey, Dieu où es-tu quand l’épreuve est là?, op. cit., 66.
37 Ibid., 182-183.
38 Pour une étude détaillée des thèses, au cours de l’histoire, sur le problème de l’existence du mal, lire notamment: A.D. Sertillanges, Le problème du mal, 2 vol. (Paris: Ed. Aubier Montaigne, 1951), R. Jolivet, Traité de philosophie, tome III, métaphysique (Lyon: Ed. Vitte, 1950), 475ss ; Dictionnaire de théologie catholique, article «Mal» (Paris: Ed. Letouzey et Ané, 1927); collectif: Les grandes questions de la philosophie (Paris: Ed. Maisonneuve et Larose, 1998), article «Mal».
39 E.E. Schmitt, Le visiteur, op. cit., 179.
40 R. Jolivet, Traité de philosophie, tome III, Métaphysique, op. cit., 475 et 481.
41 Dictionnaire critique de philosophie (Paris: PUF, coll. Quadrige, 1998).
42 Encyclopédie philosophie universelle, «Les notions», tome II (Paris: PUF, 1990), article «Mal».
43 F. Petit, Le problème du mal (Paris: Ed. Arthène/Fayard, coll. Je sais, Je crois, 1958), 71 et 73.
44 Y. Congar, «Le problème du mal», in J. Bivort de la Saudée, Dieu, l’homme et l’univers(Paris: Ed. La Colombe, 1957), 575.
45 Cf. H. Blocher, «Le problème du mal », in Ichthus et revue Hokhma, art. cit.(dans cet article, H. Blocher donne un intéressant résumé de la position de P. Teilhard de Chardin sur le problème du mal; pour Teilhard, Dieu «se rattrape et se venge en faisant servir à un bien supérieur de ses fidèles le mal même»).
46 Dictionnaire de la Bible (Paris: Ed. Letouzey et Ané, 1952).
47 Article «Grâce» dans le Nouveau dictionnaire biblique (Saint-Légier, Suisse: Ed. Emmaüs, 1992), dans le Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Westphal (Paris: Ed. Je sers, 1932), dans l’Encyclopédie de la foi (Paris: Cerf, 1965), et ainsi de suite.
48 Cf. Institution chrétienne, I,XVIII,3.
49 A. Lecerf, Introduction à la dogmatique réformée, II, (Aix-en-Provence: Ed. Kerygma, 1999), 125.
50 A.D. Sertillanges, Le problème du mal, op. cit., 55. Sertillanges cite ici une phrase de Pierre Bayle (Réponse aux questions d’un provincial, chap. 14).
51 H. Blocher, «Le problème du mal», inIchthus n° 106 (1982), 10, et son livre Le mal et la croix, op. cit., 148.
52 Encyclopédie de la foi, article le «Mal».
53 Sur le fait que, dans la Bible et au cours de l’histoire du christianisme, il y ait eu des guérisons extraordinaires et des attentes déçues dans ce domaine, cf.l’analyse pertinente de Kathryn Kuhlman dans «Ceux qui ne sont pas guéris», Dieu agit encore (Prilly, Suisse: Ed. Cerber Carrington, 1962), 161ss; voir aussi J. Wimber, Allez… guérissez (Rouen: Ed. Menor, 1988), 159ss; J. Dubois, «L’échec», in Souffrir peut être… mais guérir (Paris: Presses Bibliques Universitaires, s.d.), 91ss.
54 Les Bibles françaises traduisent souvent doulos par «serviteur» au lieu d’«esclave»; d’autres mots existent pour serviteur proprement dit: païdos, diakonos (cf. une concordance grecque et un dictionnaire grec/français).
55 G. de Nysse, La prière du Seigneur (Paris: Desclée de Brouwer, 1982), 61.
56 Ibid., 73.
57 Institution chrétienne, III,XX,43.
58 M. Luther, «Explication du Notre Père», in Œuvres, tome I (Genève: Labor & Fides, 1957), 168.
59 A. Maillot, Notre Père, la requête des enfants de Dieu (Paris: Les Bergers et les Mages, 1991), 71.
60 Le grec permet les traductions «le royaume de Dieu est parmi (au milieu de) vous» ou «le royaume de Dieu est en (au-dedans de) vous», mais cette dernière traduction ne paraît pas adéquate, car il est difficile d’imaginer que Jésus ait considéré que son royaume était dans le cœur des pharisiens (cf. La Bible annotée, op. cit., commentaire de Mt 17.21, note 3).
61 Voir, au sujet de cette persistance du mal, l’étude de Henri Blocher: «Le mal qui dure et qui s’aggrave», in Le mal et la croix, op. cit., 160 à 191.
62 Une concordance montre que les mots «guerre», «combat», «combattre» reviennent de très nombreuses fois.
63 F. Petit, Le problème du mal, op. cit., 10. Cf.aussi Ep 1.10, Col 1.20 et Rm 8.38.
64 J. Ellul, Si tu es le Fils de Dieu (Paris: Ed. EBV/Centurion, 1991), 99.
65 Ez 28 et Es 14 sont des indices de l’origine du diable et par là du mal (cf. Dictionnaire biblique, op. cit., article «Diable», et Dictionnaire de théologie catholique, op. cit., article «Démon», spécialement colonne 401).
66 Cf. H. Jonas, Le concept de Dieu après Auschwitz (Paris: Ed. Rivages/Payot, 1984), 34.
67 A. Katz, Holocauste. Où était Dieu? (Chailly, Suisse: Ed. RDF, 1999), 59.