La publication de Calvin : un événement en Roumanie

La publication de Calvin :
un événement en Roumanie

A Cluj-Napoca, en Transylvanie, il existe depuis peu un centre pour les enfants de la rue et les familles de détenus. Ce centre se trouve dans une partie défavorisée de la ville, avec vue sur des usines abandonnées et un ghetto de gitans. Il est géré par l’Armée du Seigneur, un mouvement de renouveau dans l’Eglise orthodoxe, dont le but est d’aider les jeunes déshérités et de subvenir aux besoins des démunis, afin de les lancer dans la vie avec une nouvelle chance.

Un endroit bien peu propice, semble-t-il, pour organiser une conférence académique sur le réformateur Jean Calvin! C’est pourtant là qu’a eu lieu, entre les 3 et 6 juin, la présentation de l’Institution de la religion chrétienne, publiée pour la première fois en langue roumaine.

Une soixantaine de personnes venant de tous les milieux, y compris de l’Eglise orthodoxe, ont assisté à l’événement et ont reçu une copie de l’ouvrage. Des copies ont également été offertes au ministre roumain de la Culture et au patriarche orthodoxe. En novembre 2003, une présentation officielle sera faite lors de la Foire du livre à Bucarest.

Cette très belle édition, en deux volumes, est l’œuvre de la maison Cartea Crestina (livres chrétiens) d’Oradea. La traduction a été effectuée par le pasteur réformé baptiste Joseph Ton, bien connu pour ses prises de position courageuses à l’époque de Ceaucescu. Cette édition de l’Institution ­- qui a été réalisée en utilisant l’œuvre monumentale de F.L. Battles et J.T. McNeill avec leur appareil critique – a été financée par des subventions de la mission néerlandaise Aide pour l’Europe de l’Est (HOE); elle sera vendue 25 euros, une somme, très raisonnable pour nous, qui est importante pour une famille roumaine!

Dans son discours, le pasteur Ton a souligné l’impact important, mais peu reconnu, de la Réforme du XVIe siècle sur l’identité culturelle de la Roumanie et sur sa langue. Il a rappelé que le Catéchisme de Luther a été publié à Sibiu en 1544 et que, avant 1560, il existait, en roumain, une trentaine de livres protestants, y compris les Psaumes. Le Synode de l’Eglise orthodoxe des Balkans s’est réuni à Iasi, en Moldavie, pour contrecarrer l’influence du Catéchisme de Heidelberg!

Le pasteur Ton a indiqué que la publication de l’Institution en roumain était capitale aujourd’hui, puisqu’il s’agit d’un des livres classiques de la culture européenne, qui a influencé le développement de ce continent et du monde en contribuant à changer la vie des gens. A l’époque où l’Europe se regroupe, il est important, pour elle, de ne pas oublier son héritage culturel. Allant au-delà des considérations culturelles, Joseph Ton a souligné que le livre du réformateur français reste un modèle d’enseignement fondé sur l’Ecriture sainte.

Parmi les autres intervenants, lors de ces journées de juin, Constantin Asavoair, directeur de l’Association des détenus roumains, membre laïque du Synode de l’Eglise orthodoxe, a indiqué quelle importance cette publication revêtait à ses yeux pour le renouveau biblique dans son Eglise. Sur le plan théologique, des études ont été proposées par le professeur Arie Baars (Université d’Apeldoorn) sur « Calvin entre Orient et Occident » et « La pensée trinitaire de Calvin » et par le pasteur Henk van Belt (La Haye) sur « L’Ecriture comme autopistos chez Calvin ». Ce numéro de La Revue réformée présente un extrait des conférences de Joseph Ton et les deux conférences de l’éditeur de la revue.

Au moment où bien des barrières tombent en Europe, il est encourageant que se développent, un peu partout, des liens de coopération et de fraternité entre ceux qui ont à cœur le royaume éternel du Seigneur.

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