LA VIOLENCE ENVERS LES INCROYANTS DANS L’ANCIEN TESTAMENT

LA VIOLENCE ENVERS
LES INCROYANTS
DANS L’ANCIEN TESTAMENT

Gert KWAKKEL1

Introduction

Dans la société occidentale de nos jours, la tolérance et la non-violence envers les adeptes d’autres religions sont la norme. La religion doit être pratiquée sans aucune violence. Or, la situation était tout à fait différente dans l’Ancien Testament. Dès le début, on y trouve de la violence liée à la religion.

L’histoire de Caïn et Abel en Genèse 4 pourrait être considérée comme un premier exemple. Caïn a assassiné son frère, puisqu’il était irrité de ce que l’Éternel portait un regard favorable sur Abel et son offrande. Il était jaloux et déçu, parce que Dieu appréciait son offrande moins que celle de son frère. Son motif relevait donc de la pratique de la religion. Cependant, pour ce qui est de la violence liée à la religion, ce passage est loin d’être le plus problématique dans l’Ancien Testament. Il est évident que l’Ancien Testament désapprouve l’acte de Caïn. Personne ne peut prétendre que le récit de Genèse 4 encourage la violence religieuse. Le passage montre plutôt que l’Ancien Testament est un livre réaliste. Bien que de tels actes soient absolument répréhensibles, il y a des gens qui les commettent. La Bible ne garde pas le silence sur ces faits, mais elle en fait mention en toute honnêteté2.

Pour nos contemporains, c’est plutôt la violence dont Dieu use contre les hommes qui pose problème. Deux exemples bien connus, tirés également du livre de la Genèse, sont le déluge, qui met fin à la vie de tous les êtres humains sauf huit (Gn 6-7), et la destruction de Sodome et Gomorrhe (Gn 19). Toutefois, le récit biblique affirme que ces interventions de Dieu étaient sa réponse au comportement extrêmement mauvais des hommes concernés. Avant le déluge, la terre était pleine de violence (Gn 6.11). Les habitants de Sodome et Gomorrhe étaient très méchants. Tout comme les gens de l’époque de Noé, ils ne reculaient pas devant l’usage de la violence pour réaliser leurs mauvais désirs (voir Gn 18.20-21 ; 19.4-11). Si l’homme occidental peut se poser la question de savoir si leurs actes justifiaient la peine capitale, il comprendra de toute façon qu’une action rigoureuse et ferme était nécessaire.

Par contre, les passages les plus déconcertants sont ceux dans lesquels le jugement violent de Dieu frappe des gens qui n’ont pas commis des crimes (selon nos normes), mais seulement des transgressions d’ordre religieux, comme par exemple l’apostasie ou le manque de confiance en Dieu. Dans l’Ancien Testament, on peut repérer beaucoup d’exemples de ce type d’interventions divines, dont nous évoquons quelques-unes ici.

Le premier passage qui nous sert d’exemple est le récit du veau d’or en Exode 32. Après l’arrivée du peuple d’Israël au pied du mont Sinaï, Dieu avait proclamé les Dix Commandements du milieu du feu, du haut de la montagne. Selon le deuxième commandement, il était strictement interdit de faire une sculpture sacrée et de se prosterner devant elle (Ex 20.4-5). Seulement quelques jours plus tard, pendant l’absence de Moïse, le peuple a demandé à Aaron : « Allons ! Fais-nous des dieux qui marchent devant nous ! » (Ex 32.1)3 Alors Aaron leur a ordonné de lui donner de l’or, dont il a fait une statue d’un veau, qui était considéré comme représentant la divinité qui avait fait sortir le peuple d’Égypte (Ex 32.2-4). Après cette violation flagrante du deuxième commandement, Dieu a voulu exterminer le peuple entier. Grâce à l’intercession de Moïse, Dieu a renoncé à l’application de cette résolution, mais cela n’impliquait pas l’annulation de toute sanction. Sur l’ordre de Moïse, les Lévites ont tué trois mille hommes parmi leurs compatriotes, en raison de leur apostasie (Ex 32.26-28). Il s’agit donc pour ainsi dire d’un acte d’un groupe de « vrais fidèles » (les Lévites), qui tuent un grand nombre d’« incroyants ». Dans le contexte, on ne trouve aucun mot de condamnation par rapport à cet acte. Au contraire, les Lévites sont loués et même récompensés pour ce qu’ils ont fait (cf. Ex 32.29 ; Dt 33.8-11).

Après ces événements autour du veau d’or, Dieu a exécuté beaucoup d’autres Israélites à cause de leurs désobéissances, révoltes ou manque de confiance, pendant le séjour du peuple dans le désert (voir Nb 11.31-34 ; 14.36-38 ; 16.31-35 ; 17.8-14 ; 21.6 ; 25.3-9). Nous ne nous étendons pas sur ces passages, mais poursuivons tout de suite avec la mission du peuple d’Israël concernant l’extermination des peuples du pays de Canaan.

Selon Deutéronome 7.2, les sept peuples non israélites qui habitaient le pays devaient être « voués à la destruction » ou « à l’interdit » (TOB ; en hébreu charam). Comme le montrent quelques autres passages, cela veut dire que les Israélites ne pouvaient pas laisser la vie aux membres de ces peuples ; il fallait les exterminer tous (voir Dt 7.22, 24 ; 20.16-17). L’Ancien Testament mentionne plusieurs raisons pour justifier ces mesures et nous y reviendrons plus tard. Pour l’instant, il suffit de rappeler que cette mission était étroitement liée à la religion des peuples touchés, puisque l’extermination devait aller ensemble avec la démolition de leurs autels, de leurs sculptures sacrées et autres objets cultuels (Dt 7.5). Notons aussi que Dieu a confié la mise en œuvre de ce projet d’extermination aux Israélites. Des êtres humains devaient le faire. Dieu ne le faisait pas seul, au moyen d’un fléau ou d’un autre jugement venant directement du ciel (comme p. ex. en Nb 14.36-37 ; 16.31-35 ; 17.12-14).

Le dernier exemple à citer ici est le récit de la lutte du prophète Élie contre le culte rendu au dieu Baal, en 1 Rois 18. À cette époque, les membres des dix tribus du Royaume du Nord se rendaient coupables d’une forme de syncrétisme, comme le dit Élie en 1 Rois 18.21 : « Jusques à quand clocherez-vous des deux côtés ? Si l’Éternel est Dieu, ralliez-vous à lui ; si c’est Baal, ralliez-vous à lui ! » (La Colombe) Le prophète s’est servi d’une sorte de pari, afin de provoquer le peuple à faire le bon choix : le dieu qui répondrait aux appels de ses fidèles par le feu – soit Baal, soit l’Éternel – serait le vrai Dieu (1R 18.24). Puisque c’est l’Éternel qui a répondu aux attentes, en laissant tomber du feu, tandis que Baal n’a pas réagi du tout, tout le peuple a reconnu que c’était lui le vrai Dieu (1R 18.38-39). Tout de suite après, Élie a ordonné au peuple de s’emparer des prophètes de Baal et il les a fait tuer (1R 18.40). Comme ces prophètes étaient là au nombre de 450, il s’ensuit que les victimes étaient assez nombreuses4. En plus, cet acte d’Élie nous rappelle ce que la reine Jézabel avait fait : selon 1 Rois 18.4 elle avait essayé d’exterminer les prophètes de l’Éternel. Élie a-t-il voulu lui rendre la pareille ? Était-il dirigé par le même fanatisme religieux que la reine païenne ? La question se pose et nous y reviendrons dans la suite.

Dans cet article, nous voulons faire un effort pour mieux comprendre ces trois passages de l’Ancien Testament. Chemin faisant, nous nous concentrons sur la question de savoir s’il est juste et correct de dire que ces passages font preuve de violence contre les incroyants, ou qu’ils propagent de tels actes. En conclusion, nous aborderons les conséquences pratiques de ces passages pour les chrétiens de nos jours. Peuvent-ils toujours être inspirés par leur message et, si oui, comment ?

Remarques préliminaires

Avant de commencer l’analyse plus précise des passages évoqués, trois remarques s’imposent.

(1) À strictement parler, le terme contemporain et courant « incroyants » ne s’applique à aucun groupe de personnes de l’époque vétérotestamentaire. En effet, tous étaient des croyants en ce sens qu’ils croyaient à un ou plusieurs dieux. Dans cet article, le terme doit être compris dans un sens plus large ; il se rapporte tout d’abord à tous ceux qui, à l’époque de l’Ancien Testament, ne rendaient pas un culte à l’Éternel, le Dieu d’Israël ; en plus, il peut faire référence à tous ceux qui, à l’époque du Nouveau Testament jusqu’à nos jours, ne partagent pas la foi chrétienne.

(2) Selon bon nombre de spécialistes de l’Ancien Testament, des passages tels que Deutéronome 7 ne représentent aucune réalité historique. Ils sont plutôt le produit d’un courant théologique né au viie siècle av. J.-C., courant qui s’opposait à l’idolâtrie de la majorité du peuple d’Israël. Ce courant aurait créé la fiction selon laquelle Dieu avait ordonné à Israël d’exterminer les peuples païens, qui habitaient le pays de Canaan. En réalité, les Israélites n’ont jamais fait chose pareille. On peut s’imaginer que cette approche puisse soulager ceux qui ont du mal à accepter l’idée que Dieu ait donné un tel ordre à son peuple. Toutefois, elle n’apporte aucune solution viable au problème moral et théologique qui se pose. Même si nous sommes d’accord qu’un génocide fictif est moins grave qu’un génocide réel, nous sommes laissés avec la réalité que l’Ancien Testament nous présente Dieu comme quelqu’un qui pouvait donner des ordres semblables. Le problème reste donc à peu près le même5. C’est pourquoi cet avis, que nous ne partageons pas de toute façon, ne sera plus considéré dans cet article.

(3) Depuis la fin du xxe siècle, plusieurs savants ont suivi l’égyptologue allemand Jan Assmann qui estimait que le monothéisme en tant que tel, plus que le polythéisme, tendait vers l’intolérance et la violence6. Apparemment, ceux qui rendent un culte à un seul dieu pensent que leur dieu est le seul vrai dieu, alors que tous les autres ont tort. Les autres ne préconisent pas seulement des normes dangereuses pour la vie du peuple ou la société, mais ils risquent aussi de faire affront au seul dieu, qui pourrait réagir par un jugement désastreux. Dans une certaine mesure, on peut donc comprendre la logique derrière l’idée de la tendance violente du monothéisme. Néanmoins, la question se pose si les adeptes du polythéisme étaient vraiment plus pacifiques que les monothéistes. En tout état de cause, si l’on peut croire l’Ancien Testament, tel n’était pas le cas (voir p. ex. 1R 18.4). Dans ce qui suit, nous n’en revenons pas à ce thème, mais nous nous bornons à la question suivante : les trois textes évoqués ci-dessus justifient-ils la violence contre « les autres », oui ou non ?

I. Deutéronome 7 : la violence contre les peuples de Canaan

Selon l’interprétation de Deutéronome 7 rendue ci-dessus, Moïse a assigné au peuple d’Israël la charge d’exterminer tous les habitants du pays de Canaan. Or, cette interprétation n’est pas incontestée. Ronald Bergey, actuellement professeur émérite de la Faculté Jean Calvin, a présenté un autre avis dans cette même revue, en 20037. La pierre angulaire de son point de vue est l’interprétation de la loi sur la guerre en Deutéronome 20. Dans cette loi, Moïse prescrit aux Israélites qu’avant d’attaquer une ville, il faut lui faire des propositions de paix. Si la ville les accepte, les habitants seront soumis aux corvées et à l’esclavage. Si elle refuse, l’armée israélite pourra prendre la ville au moyen d’un siège et tuer tous ses hommes. En revanche, les femmes et les enfants pourront être pris comme butin et rester en vie (Dt 20.10-14). En Deutéronome 20.15-18, Moïse stipule que ces règles s’appliquent aux combats contre des villes hors du pays de Canaan. Pour les villes à l’intérieur du pays, il confirme la règle que tous ses habitants doivent être exterminés.

De l’avis de Bergey, la distinction entre les villes extérieures et celles des peuples de Canaan ne s’applique qu’à la ligne de conduite à suivre dans le cas du refus des propositions de paix. Autrement dit, les Israélites doivent également faire des propositions de paix aux peuples de Canaan. C’est seulement lorsqu’une ville au pays de Canaan refuse d’accepter les termes des propositions de paix qu’il faut en tuer tous les habitants : hommes, femmes et enfants8.

De toute évidence, si les prescriptions de Deutéronome 7 peuvent être combinées de telle façon avec celles du chapitre 20, l’ordre d’exterminer les peuples de Canaan en devient un peu moins choquant. Malheureusement, l’espace ne nous permet pas d’entrer dans les détails de la discussion. Nous nous contentons de dire que l’approche de Bergey suggère une bonne explication de quelques faits relevés dans le récit du déroulement de la conquête de Canaan dans le livre de Josué (comme p. ex. Jos 11.19)9. Toutefois, il est plus difficile de la concilier avec le récit de la ruse des habitants de Gabaon en Josué 9. Les démarches des Gabaonites présupposent qu’ils n’attendaient qu’une seule destinée : l’extermination (voir Jos 9.24 en particulier).

Quoi qu’il en soit, même si les peuples avaient la chance d’échapper à l’extermination, nous sommes laissés avec l’ordre de l’extermination totale de ceux qui refuseraient de se soumettre aux conditions de paix proposées. Autrement dit, le problème est un peu atténué, mais il n’est pas résolu. Néanmoins, cette digression sur la portée de l’ordre de l’extermination nous apporte un bénéfice. C’est qu’elle peut nous montrer que le peuple d’Israël n’avait pas la mission ni la permission d’exterminer d’autres peuples pour la seule raison que ces derniers ne pratiquaient pas « la bonne religion ». L’ordre de l’extermination se limitait aux habitants du pays de Canaan. Les autres peuples, qui rendaient un culte aux faux dieux autant que les Cananéens, n’en étaient pas touchés. Il y avait, par conséquent, une ou plusieurs raisons particulières pour l’extermination des peuples de Canaan, raisons qui ne s’appliquaient pas aux autres nations païennes. En effet, l’Ancien Testament en mentionne quelques-unes, en Deutéronome 7 ainsi que dans d’autres passages.

Une première indication peut être trouvée en Genèse 15.13-16. Là, Dieu dit à Abram que ses descendants vivront longtemps hors du pays promis (c’est-à-dire en Égypte). C’est seulement la quatrième génération qui pourra revenir au pays de Canaan, « car la faute des Amoréens n’est pas encore à son comble » (v. 16). Le bon moment pour la conquête du pays est, par conséquent, celui où les Amoréens, qui étaient un des peuples de Canaan qui devaient être exterminés (voir Dt 7.1-2), avaient atteint le point culminant de leur iniquité. Dans le même ordre d’idée, Moïse soutient en Deutéronome 9.5 que les habitants de Canaan vont être chassés de leur pays « à cause de la méchanceté de ces nations ». Pris ensemble, ces deux textes affirment que les peuples de Canaan étaient plus méchants que les autres nations païennes. Dieu leur avait donné beaucoup de temps pour changer de comportement, mais lorsque sa patience restait sans résultat, il a décidé d’utiliser l’entrée de son peuple dans la terre promise pour mettre un terme à leur méchanceté. Nous pouvons donc dire que l’extermination de ces peuples était en quelque sorte un prélude du jugement dernier, juste comme la destruction de Sodome et Gomorrhe à cause de leurs péchés extrêmement graves (Gn 18-19).

Le motif de la méchanceté extraordinaire des peuples de Canaan ne figure pas en Deutéronome 7. Ce chapitre aborde un autre thème, qui semble être de nature tout à fait différente de ce que nous venons d’évoquer : l’amour de Dieu pour son peuple. Après avoir prescrit les mesures que les Israélites doivent prendre par rapport aux peuples de Canaan, Moïse continue son discours comme suit :

Tu es un peuple saint pour l’Éternel, ton Dieu. L’Éternel, ton Dieu, t’a choisi pour que tu sois un peuple qui lui appartienne parmi tous les peuples qui sont à la surface de la terre. Ce n’est pas parce que vous dépassez tous les peuples en nombre que l’Éternel s’est attaché à vous et vous a choisis. En effet, vous êtes le plus petit de tous les peuples. Mais c’est parce que l’Éternel vous aime, parce qu’il a voulu tenir le serment qu’il avait fait à vos ancêtres, qu’il vous a fait sortir par sa main puissante et vous a délivrés de la maison d’esclavage, de la main du pharaon, roi d’Égypte. (Dt 7.6-8)

Dans ce texte, Moïse décrit la relation entre Dieu et Israël au moyen de la métaphore de deux amants ou d’un couple marié. Notons, par exemple, que le mot hébreu traduit par « s’est attaché » (chashaq) se trouve aussi en Deutéronome 21.11, où il exprime les sentiments d’un soldat qui tombe amoureux d’une belle femme parmi les captives d’un peuple vaincu (voir aussi Gn 34.8). De toute évidence, Dieu voulait vivre avec le peuple d’Israël comme un homme avec son épouse, dans une relation d’amour mutuel et exclusif. Au verset 6 de notre chapitre, Moïse formule cette même idée en d’autres termes, lorsqu’il dit qu’Israël est un peuple saint pour l’Éternel, un peuple dévoué à lui et à son service. Il dit également que Dieu a choisi Israël comme un peuple « qui lui appartient » (en hébreu segoulla). Cela signifie que le statut spécial, qui mettrait le peuple à part de toutes les autres nations, serait comme celui de « la propriété privée » de Dieu10 ; autrement dit, une propriété qui bénéficierait toujours de ses meilleurs soins et de son attention assidue.

Pour Israël, cet amour exclusif impliquait qu’il ne pouvait rendre un culte à aucun autre dieu, comme Dieu l’avait stipulé dans le premier commandement : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi. » (Ex 20.3 ; Dt 5.7) Juste avant notre chapitre, Moïse a ordonné au peuple : « Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Dt 6.5) Il y reviendra en Deutéronome 7.9, où il dit que l’Éternel garde son alliance et sa bonté envers « ceux qui l’aiment et qui respectent ses commandements ». Ces prescriptions de Moïse se comprennent très bien à la lumière d’un événement qui s’était produit un peu avant et dont la mémoire était encore fraîche. Il s’agit de ce qui s’était passé à Sittim. Là, au bord de la Terre promise, les Israélites étaient confrontés pour la première fois au culte du dieu national de Canaan, Baal. Ils y avaient cédé tout de suite (Nb 25.1-3 ; cf. aussi Dt 4.3, où Moïse rappelle cet événement au peuple, et Os 9.10).

Il s’ensuit que la présence des peuples de Canaan avec leur religion païenne risquait d’être une source de tentation permanente pour le peuple d’Israël. Moïse a reconnu ce danger, il en a averti le peuple (voir Dt 7.4) et la suite de l’histoire en livrerait la preuve, à maintes reprises11. C’est pourquoi ces nations et tous leurs objets de culte devaient disparaître du pays où Dieu voulait vivre avec Israël. Si elles y restaient, il serait comme si un couple de jeunes mariés partageait leur habitation avec un tiers qui chercherait constamment à séduire la femme pour qu’elle rompe ses promesses de mariage !

En résumé, Moïse n’a pas ordonné au peuple d’Israël d’user de la violence contre les habitants du pays de Canaan, pour la seule raison qu’ils étaient des « incroyants ». Selon l’explication fournie par l’Ancien Testament, la première raison pour l’extermination de ces nations était leur extrême méchanceté. La seconde raison était la grande menace qu’elles représentaient pour le projet que Dieu voulait réaliser avec Israël, c’est-à-dire, vivre ensemble avec ce peuple, comme un couple de jeunes mariés, dans l’amour et la fidélité.

II. 1 Rois 18 : l’extermination des prophètes de Baal12

L’extermination des prophètes de Baal sur l’ordre d’Élie en 1 Rois 18 a beaucoup d’éléments en commun avec Deutéronome 7. À l’époque de ce prophète, le peuple d’Israël ne se comportait pas du tout comme l’épouse fidèle de l’Éternel. Son infidélité avait eu des conséquences désastreuses : pendant trois ans, il n’y avait plus eu de rosée ni de pluie (1R 17.1, 7 ; 18.1). Tout le pays en souffrait. Le roi Achab était même sur le point d’abattre les chevaux et les mulets de sa cour ou de son armée, parce qu’il n’y avait pas d’herbe pour les nourrir (1R 18.5). Au moment où Achab rencontrait Élie, ce dernier lui en a révélé la raison : « Je ne trouble pas Israël. Au contraire, c’est toi et ta famille qui le faites, puisque vous avez abandonné les commandements de l’Éternel et que tu as suivi les Baals. » (1R 18.18)13

Il va sans dire que les prophètes de Baal, qui étaient employés et entretenus par la reine Jézabel (cf. 1R 18.19), avaient joué un rôle majeur dans l’idolâtrie du peuple de Dieu. Ils avaient certainement fait de la propagande pour leur dieu, propagande qui n’avait pas manqué d’avoir du succès. Il s’ensuit que s’ils étaient tués, ils ne l’étaient pas seulement parce qu’ils avaient rendu un culte à un autre dieu. C’était plutôt parce qu’ils représentaient une grande menace pour le peuple d’Israël, son bien-être et l’alliance avec son Dieu.

Cette interprétation est confirmée par les prescriptions communiquées au peuple d’Israël par Moïse en Deutéronome 13. Dans ce chapitre, Moïse définit les contre-mesures à prendre, s’il y a des personnes au milieu du peuple qui cherchent à le tenter à l’idolâtrie. Dans tous les cas, les Israélites étaient tenus de tuer de telles personnes, même s’il s’agissait d’un proche parent, d’une épouse ou d’un ami. Ainsi tous les Israélites seraient avertis et ne commettraient plus de tels actes (Dt 13.2-12). Apparemment, Élia a voulu appliquer ces contre-mesures prescrites de Moïse aux prophètes de Jézabel, et cela pour protéger ses compatriotes contre la tentation catastrophique à laquelle ils étaient exposés. Ce n’était pas pour rien que Moïse avait dit au peuple qu’il risquait de subir la même destruction que les nations de Canaan, s’il préférait malgré tout suivre leur mauvais exemple (Dt 7.26).

Nous pouvons donc conclure que l’intolérance et la violence d’Elie ne visaient pas à l’extermination de incroyants en tant que tels. Ce qu’il ne voulait pas tolérer, c’était qu’Israël fût infidèle au Dieu qui lui donnait la vie, ou qu’il fût tenté à pratiquer l’idolâtrie. La preuve en est qu’Élie n’a tué que les prophètes de Baal. Tous les autres incroyants pouvaient rester en vie.

III. Exode 32 : le jugement contre les adorateurs du veau d’or

À la différence des prophètes de Baal exterminés par Élie, les trois mille Israélites tués à la suite de la fête en honneur du veau d’or ne l’étaient pas parce qu’ils avaient essayé de tenter d’autres personnes. Ils l’étaient pour la seule raison qu’ils avaient participé au culte autour de l’idole.

Pour mieux comprendre la vision biblique sur ces événements, il est judicieux de partir du récit de la chute en Genèse 2 et 3. Selon Genèse 2.17, Dieu a révélé à l’homme dès sa création que la désobéissance à ses commandements engendra la mort. Or, dans ce contexte, la mort est la fin de la vraie vie, qui ne peut être trouvée que dans la communion avec Dieu14. Malheureusement l’homme a préféré la désobéissance, avec toutes les conséquences qui en découlent. Tout cela est si néfaste que Dieu a décidé d’agir avec rigueur pour y mettre un terme. En Genèse 3.15, Dieu dit au serpent : « Je mettrai l’hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci t’écrasera la tête et tu lui blesseras le talon. »

Ce texte, qui est souvent considéré comme « la mère de toutes les promesses de Dieu », montre clairement la nécessité d’une intervention violente (c’est-à-dire « écraser la tête »), pour qu’il y ait encore une perspective d’avenir pour les êtres humains.

Ensuite, le mal commis par les hommes est devenu si sérieux que Dieu s’est servi du déluge pour en purifier la terre. Toutefois, cette mesure très sévère restait sans succès, comme Dieu le constate lui-même en Genèse 8.21, juste après le déluge : « l’orientation du cœur de l’homme est mauvaise dès sa jeunesse ». Un peu plus tard, cette mauvaise orientation du cœur humain s’est révélée encore dans l’ivresse de Noé et la réaction éhontée de son fils Cham, ainsi que dans la construction de la tour de Babel (Gn 9.20-27 ; 11.1-9). Malgré tout cela, Dieu refusait de renoncer au plan qu’il voulait réaliser dès le début ; c’est-à-dire qu’il y aurait une terre remplie d’hommes vivant sous sa bénédiction. Il n’a pas oublié ce qu’il a dit à Noé et ses fils, tout de suite après le déluge, en Genèse 9.1, 7, où il reprend ses propres paroles de bénédiction prononcées au jour de la création de l’homme (Gn 1.28).

Cependant, Dieu a décidé de prendre une autre piste pour atteindre son objectif. Parmi tous les hommes il a choisi Abraham, pour faire naître de lui et de son épouse Sara le peuple d’Israël. Depuis ce moment-là, Dieu concentre son œuvre de rédemption dans un peuple à part, auquel il va donner son propre pays, celui de Canaan. Cela n’implique pas du tout que Dieu a abandonné les autres nations. La liste des nations en Genèse 10 nous montre que Dieu les connaît toutes et qu’il ne les oublie pas. En plus, il dit à Abraham, au moment de sa vocation, qu’il doit quitter sa famille, non seulement afin d’être béni lui-même, mais aussi pour que toutes les familles de la terre soient bénies en lui (Gn 12.3 ; cf. aussi Gn 18.18 ; 22.18 ; 26.4 ; 28.14). Plus tard, dans le Nouveau Testament, Paul fera appel à cette promesse pour étayer l’évangile du salut par la foi pour toutes les nations, Juifs et non-Juifs (Ga 3.8)15.

Bien que les autres peuples n’aient pas disparu de l’écran, c’est le peuple d’Israël qui occupe désormais le devant de la scène. Israël est le bien-aimé de Dieu, un peuple privilégié, dont le pays reflète en quelque sorte l’essence même du paradis perdu : la présence personnelle de Dieu au milieu de son peuple16. Or, ce peuple était un peuple d’esclaves vivant dans un pays étranger. Alors l’Éternel les a libérés et fait sortir de ce pays, « par des épreuves, des signes, des miracles et des combats, avec puissance et force et avec des actes terrifiants » (Dt 4.34). Dieu seul les a amenés vers lui. C’est, par conséquent, à lui seul qu’ils devaient leur liberté et leur existence en tant que peuple de Dieu (Ex 19.4 ; 20.2). Quant à eux, ils ne pouvaient garder ces privilèges qu’en lui restant fidèles. La confiance en lui, son culte et l’obéissance à ces commandements étaient pour eux la garantie de leur vie et de leur liberté. Hors du dévouement à son service, il ne restait pour eux que l’esclavage et la mort (comme le montreraient plus tard la sécheresse et la famine des jours d’Élie).

Au mont Sinaï, Dieu a révélé tout cela à son peuple. Il lui a donné ses commandements et il a fait alliance avec lui. Il a même admis une grande délégation d’Israélites dans sa présence (Ex 24.9-11). Néanmoins, après quelques jours seulement, le peuple d’Israël a perdu confiance en lui. Il s’est livré à l’infidélité et l’apostasie. Puis, comme nous l’avons déjà évoqué, l’Éternel était si vexé qu’il voulait exterminer le peuple. En fin de compte, il y a renoncé, mais il a néanmoins approuvé que pas moins de trois mille personnes fussent tuées.

Cette réaction de Dieu n’était-elle pas hors de proportion ? La question est bien compréhensible. Toutefois, avant d’y donner une réponse positive, il faut se rendre compte du moment précis où ces événements se sont produits. C’était au tout début d’un nouveau stade dans la vie de Dieu avec les hommes, immédiatement après un grand pas en avant. Ce qui s’est passé autour du veau d’or ressemble en quelque sort à un événement qui s’est produit plusieurs siècles plus tard, peu après la venue du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte. Alors la nouvelle vie que Dieu avait donnée aux disciples de Jésus était pleine de joie, de communion fraternelle et de générosité (voir Ac 2.41-47 ; 4.32-37). À ce moment, Ananias et Saphira ont eu l’audace de faire passer l’hypocrisie pour la vraie générosité. Ils prétendaient que leur don correspondait au prix total du champ qu’ils avaient vendu, tandis qu’en réalité ils en avaient gardé une partie pour eux-mêmes. Dieu n’a évidemment pas voulu que la nouvelle vie pleine de promesses qu’il venait de donner soit ainsi compromise par des apparences trompeuses. C’est pourquoi il a réagi avec beaucoup de rigueur, en faisant mourir Ananias et Saphira sur-le-champ (Ac 5.1-11). Autrement dit, il en a fait un exemple dissuasif pour l’Église et tous ceux qui voulaient la rejoindre, afin de protéger et sauver la nouvelle vie par l’Esprit. De même, il semble que Dieu ait recouru à des mesures drastiques après cet épisode du veau d’or, afin d’assurer le nouveau début réalisé pour son peuple et de lui montrer une fois pour toutes que la vraie vie ne peut être trouvée qu’en lui. Il était si furieux, parce qu’il ne pouvait accepter la faillite de son projet d’amour et de bénédiction. Autrement dit, l’ardeur de sa colère, si terrifiante qu’elle soit, était provoquée par l’ardeur de son amour17.

IV. Résultats de l’analyse

De toute évidence, les explications présentées ci-dessus sont loin d’apporter la réponse à toutes les questions par rapport aux interventions violentes de Dieu dont témoignent les écrits de l’Ancien Testament. Certes, elles ne suffisent pas non plus pour justifier les actes de Dieu aux yeux de nos contemporains. Cela serait par ailleurs une démarche risquée, puisqu’il est hors de notre portée de comprendre celui qui nous a créés et qui dépasse toutes nos pensées (cf. Rm 11.33-36).

L’objectif de notre étude était plutôt d’expliquer quelques éléments de la logique biblique qui conditionnent quelques passages controversés. Le résultat en est, en bref, que la violence de Dieu est en rapport avec son plan initial pour le monde. Dieu voulait vivre en communion d’amour avec les êtres humains, qu’il avait créés. Comme il refuse d’abandonner ce plan, il ne peut accepter qu’il soit contrecarré par l’infidélité de son peuple. C’est pourquoi il intervient contre les apostats parmi les siens et en particulier contre tous ceux qui essaient de séduire les autres à l’idolâtrie, qu’il considère comme un péché aussi grave que l’adultère. Il ne veut pas vivre sans son peuple et il ne veut pas non plus que celui-là perde la vie.

Il est évident qu’il faut vraiment connaître ce Dieu et son amour pour comprendre tout cela un petit peu. Sinon, nous n’aurons aucune idée de la nature sérieuse et désastreuse de notre infidélité, ni de la nécessité des mesures rigoureuses que Dieu prend de temps en temps. Il nous faut toute notre vie ici-bas pour arriver à une vision plus mature, sans jamais comprendre totalement.

V. Conséquences pour les chrétiens de nos jours

Quelles en sont les conséquences pratiques pour les chrétiens vivant après la mort, la résurrection et l’ascension de Jésus-Christ ?

Jésus-Christ a subi le jugement de Dieu avec toute sa violence, pour nous en libérer pour toujours. Puisqu’il a fait cela, la tâche primaire des chrétiens est d’annoncer la bonne nouvelle de la rédemption et du royaume de Dieu. À la différence de ce que Moïse a ordonné au peuple d’Israël dans le livre du Deutéronome, cette mission doit être exécutée sans aucune violence, conformément au principe proclamé par Dieu au travers de Zacharie, un des derniers prophètes de l’Ancien Testament : « Ce n’est ni par la puissance, ni par la force, mais c’est par mon Esprit […]. » (Za 4.6)

Cela n’implique pas que la violence soit abolie à jamais, comme le montre par exemple l’Apocalypse de Jean. Toutefois, à l’époque néotestamentaire, Dieu s’est réservé le droit d’user de la violence. Sur terre, il ne le confie qu’aux autorités civiles (cf. Rm 13.1-7), qui par ailleurs ne peuvent jamais l’utiliser pour forcer leurs sujets à faire les choix religieux qu’elles préfèrent. L’Église et les chrétiens individuels sont appelés à propager l’Évangile sans aucune violence, tout en comptant sur la puissance de l’Esprit. Il s’ensuit que des interventions violentes « au nom de Dieu », telles les croisades du Moyen Âge, vont à l’encontre des normes bibliques développées dans le Nouveau Testament et qu’elles représentent une honte pour l’Église chrétienne18.

S’il en est ainsi, la question se pose si les textes vétérotestamentaires évoqués ci-dessus apportent toujours quelque chose à apprendre au chrétien de nos jours. Nous pouvons y répondre par l’affirmative. Tout d’abord, tous ces textes nous montrent, d’une façon ou d’une autre, qu’il n’y a qu’un chemin qui amène vers la vie. Hors du seul chemin ouvert par Dieu il ne nous reste que la mort. Depuis l’avènement du Christ, ce chemin porte son nom. C’est pourquoi Jésus a dit : « C’est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie. On ne vient au Père qu’en passant par moi. » (Jn 14.6) Et aussi : « Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (Jn 17.3) En second lieu, ces textes témoignent du désir ardent de Dieu : il veut vraiment que son peuple suive le bon chemin, qui aboutit à la vie avec lui. Il prend toutes les mesures nécessaires pour garder son peuple sur ce chemin et pour le protéger contre les dangers qui risquent de compromettre la communion d’amour à laquelle il aspire.

Ce point de vue est-il extrémiste ? De toute façon, on pourrait dire qu’il est radical, car il présuppose que la foi chrétienne n’est pas une option à côté de beaucoup d’autres, qui sont aussi valables qu’elle. La vraie vie ne peut être trouvée qu’en Dieu et son Fils, Jésus-Christ. Toutefois, il n’est point extrémiste dans ce sens que les chrétiens puissent menacer la vie des autres. L’Évangile du Christ ne justifie en aucune façon la violence contre les incroyants. Il doit être proclamé en humilité, puisque ceux qui l’annoncent sont loin d’être meilleurs que ceux à qui ils s’adressent.


  1.  G. Kwakkel est professeur d’Ancien Testament à la Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence et à la Faculté de théologie des Églises réformées (libérées) de Kampen (Pays-Bas).

  2.  À propos du rapport entre Dieu et la violence en Gn 4, voir E. Peels, « The World’s First Murder : Violence and Justice in Genesis 4:1-16 », in J.T. Fitzgerald et al. (sous dir.), Animosity, the Bible, and Us : Some European, North American, and South African Perspectives, Atlanta, Society of Biblical Literature, 2009, p. 19-39.

  3.  Sauf indication contraire, les citations bibliques sont prises de la version Segond 21.

  4.  Voir 1R 18.19, 22. 1R 18.19 fait également référence à 400 prophètes d’Astarté, mais ceux-là ne sont plus mentionnés dans la suite.

  5.  Cf. R. Bergey, « La conquête de Canaan : un génocide ? », La Revue réformée 54 (2003/5), p. 76-77 ; A. Versluis, Geen verbond, geen genade : Analyse en evaluatie van het gebod om de Kanaänieten uit te roeien (Deuteronomium 7), Zoetermeer, Boekencentrum, 2012, p. 13 (la traduction anglaise de cette thèse intitulée The Command to Exterminate the Canaanites (Deuteronomy 7) sera publiée par Brill, Leyde, en 2017).

  6.  Cf. J. Assmann, Of God and Gods : Egypt, Israel, and the Rise of Monotheism, Madison, University of Wisconsin Press, 2008, p. 106-126.

  7.  Bergey, op. cit., p. 69-88.

  8.  Bergey, op. cit., p. 81-82.

  9.  Voir ibid., p. 82-85.

  10.  Pour ce sens du mot, voir 1Ch 29.3, où le terme se rapporte au capital privé du roi David, à distinguer des fonds déjà réservés pour la construction du temple de l’Éternel.

  11.  Voir, p. ex., Jg 2.11-13, 17, 19 ; 1R 11.4-10 ; 16.30-33 ; 22.54 ; 2R 17.7-19 ; 21.1-8 ; Jr 2.4-11 ; Ez 8.3-16 ; Os 2.4-15 ; Mi 5.12-13.

  12.  Pour la discussion de 1R 18 dans ce paragraphe, j’ai beaucoup bénéficié d’une étude non publiée de Bart Dubbink, doctorant à la Faculté de théologie des Églises réformées (libérées) de Kampen (Pays-Bas).

  13.  Le verbe traduit par « troubler » rappelle celui qui est utilisé pour signifier le malheur qu’Acan avait amené sur Israël en prenant des biens de Jéricho, bien que ceux-là fussent consacrés à l’Éternel ; voir Jos 6.18 ; 7.25 ; 1Ch 2.7.

  14.  Cf. G. Kwakkel, « Amour de Dieu et justice de Dieu : le fondement du salut du monde », La Revue réformée 67 (2016/3), p. 14.

  15.  Sur le rôle d’Israël en vue de la bénédiction de tous les peuples, voir C.J.H. Wright, La mission de Dieu : Fil conducteur du récit biblique, traduit de l’anglais par Alexandre Sarran, Charols, Excelsis, 2006, notamment Partie III « Le peuple de la mission » (p. 213-459).

  16.  Voir Gn 3.8 ; Ex 25.8 ; 29.46 ; 40.34-35 ; Lv 26.11-12 ; Dt 12.5 ; 1R 6.12-13.

  17.  Cf. Kwakkel, op. cit., p. 11-12.

  18.  Cf. H.G.L. Peels, « Can the Angry God of the Old Testament Be the Foundation of Assurance and Faith ? », Testamentum Imperium (revue théologique internationale en ligne) 2 (2009/107), p. 11-12 (http://www.preciousheart.net/ti/2009/50-109_Peels_Angry_God.pdf, consulté 11/11/16) ; « How Can a God of Love Use Violence ? », Lux Mundi 30 (2011/4), p. 90-91.


LA VIOLENCE ENVERS
LES INCROYANTS
DANS L’ANCIEN TESTAMENT

Gert KWAKKEL1

Introduction

Dans la société occidentale de nos jours, la tolérance et la non-violence envers les adeptes d’autres religions sont la norme. La religion doit être pratiquée sans aucune violence. Or, la situation était tout à fait différente dans l’Ancien Testament. Dès le début, on y trouve de la violence liée à la religion.

L’histoire de Caïn et Abel en Genèse 4 pourrait être considérée comme un premier exemple. Caïn a assassiné son frère, puisqu’il était irrité de ce que l’Éternel portait un regard favorable sur Abel et son offrande. Il était jaloux et déçu, parce que Dieu appréciait son offrande moins que celle de son frère. Son motif relevait donc de la pratique de la religion. Cependant, pour ce qui est de la violence liée à la religion, ce passage est loin d’être le plus problématique dans l’Ancien Testament. Il est évident que l’Ancien Testament désapprouve l’acte de Caïn. Personne ne peut prétendre que le récit de Genèse 4 encourage la violence religieuse. Le passage montre plutôt que l’Ancien Testament est un livre réaliste. Bien que de tels actes soient absolument répréhensibles, il y a des gens qui les commettent. La Bible ne garde pas le silence sur ces faits, mais elle en fait mention en toute honnêteté2.

Pour nos contemporains, c’est plutôt la violence dont Dieu use contre les hommes qui pose problème. Deux exemples bien connus, tirés également du livre de la Genèse, sont le déluge, qui met fin à la vie de tous les êtres humains sauf huit (Gn 6-7), et la destruction de Sodome et Gomorrhe (Gn 19). Toutefois, le récit biblique affirme que ces interventions de Dieu étaient sa réponse au comportement extrêmement mauvais des hommes concernés. Avant le déluge, la terre était pleine de violence (Gn 6.11). Les habitants de Sodome et Gomorrhe étaient très méchants. Tout comme les gens de l’époque de Noé, ils ne reculaient pas devant l’usage de la violence pour réaliser leurs mauvais désirs (voir Gn 18.20-21 ; 19.4-11). Si l’homme occidental peut se poser la question de savoir si leurs actes justifiaient la peine capitale, il comprendra de toute façon qu’une action rigoureuse et ferme était nécessaire.

Par contre, les passages les plus déconcertants sont ceux dans lesquels le jugement violent de Dieu frappe des gens qui n’ont pas commis des crimes (selon nos normes), mais seulement des transgressions d’ordre religieux, comme par exemple l’apostasie ou le manque de confiance en Dieu. Dans l’Ancien Testament, on peut repérer beaucoup d’exemples de ce type d’interventions divines, dont nous évoquons quelques-unes ici.

Le premier passage qui nous sert d’exemple est le récit du veau d’or en Exode 32. Après l’arrivée du peuple d’Israël au pied du mont Sinaï, Dieu avait proclamé les Dix Commandements du milieu du feu, du haut de la montagne. Selon le deuxième commandement, il était strictement interdit de faire une sculpture sacrée et de se prosterner devant elle (Ex 20.4-5). Seulement quelques jours plus tard, pendant l’absence de Moïse, le peuple a demandé à Aaron : « Allons ! Fais-nous des dieux qui marchent devant nous ! » (Ex 32.1)3 Alors Aaron leur a ordonné de lui donner de l’or, dont il a fait une statue d’un veau, qui était considéré comme représentant la divinité qui avait fait sortir le peuple d’Égypte (Ex 32.2-4). Après cette violation flagrante du deuxième commandement, Dieu a voulu exterminer le peuple entier. Grâce à l’intercession de Moïse, Dieu a renoncé à l’application de cette résolution, mais cela n’impliquait pas l’annulation de toute sanction. Sur l’ordre de Moïse, les Lévites ont tué trois mille hommes parmi leurs compatriotes, en raison de leur apostasie (Ex 32.26-28). Il s’agit donc pour ainsi dire d’un acte d’un groupe de « vrais fidèles » (les Lévites), qui tuent un grand nombre d’« incroyants ». Dans le contexte, on ne trouve aucun mot de condamnation par rapport à cet acte. Au contraire, les Lévites sont loués et même récompensés pour ce qu’ils ont fait (cf. Ex 32.29 ; Dt 33.8-11).

Après ces événements autour du veau d’or, Dieu a exécuté beaucoup d’autres Israélites à cause de leurs désobéissances, révoltes ou manque de confiance, pendant le séjour du peuple dans le désert (voir Nb 11.31-34 ; 14.36-38 ; 16.31-35 ; 17.8-14 ; 21.6 ; 25.3-9). Nous ne nous étendons pas sur ces passages, mais poursuivons tout de suite avec la mission du peuple d’Israël concernant l’extermination des peuples du pays de Canaan.

Selon Deutéronome 7.2, les sept peuples non israélites qui habitaient le pays devaient être « voués à la destruction » ou « à l’interdit » (TOB ; en hébreu charam). Comme le montrent quelques autres passages, cela veut dire que les Israélites ne pouvaient pas laisser la vie aux membres de ces peuples ; il fallait les exterminer tous (voir Dt 7.22, 24 ; 20.16-17). L’Ancien Testament mentionne plusieurs raisons pour justifier ces mesures et nous y reviendrons plus tard. Pour l’instant, il suffit de rappeler que cette mission était étroitement liée à la religion des peuples touchés, puisque l’extermination devait aller ensemble avec la démolition de leurs autels, de leurs sculptures sacrées et autres objets cultuels (Dt 7.5). Notons aussi que Dieu a confié la mise en œuvre de ce projet d’extermination aux Israélites. Des êtres humains devaient le faire. Dieu ne le faisait pas seul, au moyen d’un fléau ou d’un autre jugement venant directement du ciel (comme p. ex. en Nb 14.36-37 ; 16.31-35 ; 17.12-14).

Le dernier exemple à citer ici est le récit de la lutte du prophète Élie contre le culte rendu au dieu Baal, en 1 Rois 18. À cette époque, les membres des dix tribus du Royaume du Nord se rendaient coupables d’une forme de syncrétisme, comme le dit Élie en 1 Rois 18.21 : « Jusques à quand clocherez-vous des deux côtés ? Si l’Éternel est Dieu, ralliez-vous à lui ; si c’est Baal, ralliez-vous à lui ! » (La Colombe) Le prophète s’est servi d’une sorte de pari, afin de provoquer le peuple à faire le bon choix : le dieu qui répondrait aux appels de ses fidèles par le feu – soit Baal, soit l’Éternel – serait le vrai Dieu (1R 18.24). Puisque c’est l’Éternel qui a répondu aux attentes, en laissant tomber du feu, tandis que Baal n’a pas réagi du tout, tout le peuple a reconnu que c’était lui le vrai Dieu (1R 18.38-39). Tout de suite après, Élie a ordonné au peuple de s’emparer des prophètes de Baal et il les a fait tuer (1R 18.40). Comme ces prophètes étaient là au nombre de 450, il s’ensuit que les victimes étaient assez nombreuses4. En plus, cet acte d’Élie nous rappelle ce que la reine Jézabel avait fait : selon 1 Rois 18.4 elle avait essayé d’exterminer les prophètes de l’Éternel. Élie a-t-il voulu lui rendre la pareille ? Était-il dirigé par le même fanatisme religieux que la reine païenne ? La question se pose et nous y reviendrons dans la suite.

Dans cet article, nous voulons faire un effort pour mieux comprendre ces trois passages de l’Ancien Testament. Chemin faisant, nous nous concentrons sur la question de savoir s’il est juste et correct de dire que ces passages font preuve de violence contre les incroyants, ou qu’ils propagent de tels actes. En conclusion, nous aborderons les conséquences pratiques de ces passages pour les chrétiens de nos jours. Peuvent-ils toujours être inspirés par leur message et, si oui, comment ?

Remarques préliminaires

Avant de commencer l’analyse plus précise des passages évoqués, trois remarques s’imposent.

(1) À strictement parler, le terme contemporain et courant « incroyants » ne s’applique à aucun groupe de personnes de l’époque vétérotestamentaire. En effet, tous étaient des croyants en ce sens qu’ils croyaient à un ou plusieurs dieux. Dans cet article, le terme doit être compris dans un sens plus large ; il se rapporte tout d’abord à tous ceux qui, à l’époque de l’Ancien Testament, ne rendaient pas un culte à l’Éternel, le Dieu d’Israël ; en plus, il peut faire référence à tous ceux qui, à l’époque du Nouveau Testament jusqu’à nos jours, ne partagent pas la foi chrétienne.

(2) Selon bon nombre de spécialistes de l’Ancien Testament, des passages tels que Deutéronome 7 ne représentent aucune réalité historique. Ils sont plutôt le produit d’un courant théologique né au viie siècle av. J.-C., courant qui s’opposait à l’idolâtrie de la majorité du peuple d’Israël. Ce courant aurait créé la fiction selon laquelle Dieu avait ordonné à Israël d’exterminer les peuples païens, qui habitaient le pays de Canaan. En réalité, les Israélites n’ont jamais fait chose pareille. On peut s’imaginer que cette approche puisse soulager ceux qui ont du mal à accepter l’idée que Dieu ait donné un tel ordre à son peuple. Toutefois, elle n’apporte aucune solution viable au problème moral et théologique qui se pose. Même si nous sommes d’accord qu’un génocide fictif est moins grave qu’un génocide réel, nous sommes laissés avec la réalité que l’Ancien Testament nous présente Dieu comme quelqu’un qui pouvait donner des ordres semblables. Le problème reste donc à peu près le même5. C’est pourquoi cet avis, que nous ne partageons pas de toute façon, ne sera plus considéré dans cet article.

(3) Depuis la fin du xxe siècle, plusieurs savants ont suivi l’égyptologue allemand Jan Assmann qui estimait que le monothéisme en tant que tel, plus que le polythéisme, tendait vers l’intolérance et la violence6. Apparemment, ceux qui rendent un culte à un seul dieu pensent que leur dieu est le seul vrai dieu, alors que tous les autres ont tort. Les autres ne préconisent pas seulement des normes dangereuses pour la vie du peuple ou la société, mais ils risquent aussi de faire affront au seul dieu, qui pourrait réagir par un jugement désastreux. Dans une certaine mesure, on peut donc comprendre la logique derrière l’idée de la tendance violente du monothéisme. Néanmoins, la question se pose si les adeptes du polythéisme étaient vraiment plus pacifiques que les monothéistes. En tout état de cause, si l’on peut croire l’Ancien Testament, tel n’était pas le cas (voir p. ex. 1R 18.4). Dans ce qui suit, nous n’en revenons pas à ce thème, mais nous nous bornons à la question suivante : les trois textes évoqués ci-dessus justifient-ils la violence contre « les autres », oui ou non ?

I. Deutéronome 7 : la violence contre les peuples de Canaan

Selon l’interprétation de Deutéronome 7 rendue ci-dessus, Moïse a assigné au peuple d’Israël la charge d’exterminer tous les habitants du pays de Canaan. Or, cette interprétation n’est pas incontestée. Ronald Bergey, actuellement professeur émérite de la Faculté Jean Calvin, a présenté un autre avis dans cette même revue, en 20037. La pierre angulaire de son point de vue est l’interprétation de la loi sur la guerre en Deutéronome 20. Dans cette loi, Moïse prescrit aux Israélites qu’avant d’attaquer une ville, il faut lui faire des propositions de paix. Si la ville les accepte, les habitants seront soumis aux corvées et à l’esclavage. Si elle refuse, l’armée israélite pourra prendre la ville au moyen d’un siège et tuer tous ses hommes. En revanche, les femmes et les enfants pourront être pris comme butin et rester en vie (Dt 20.10-14). En Deutéronome 20.15-18, Moïse stipule que ces règles s’appliquent aux combats contre des villes hors du pays de Canaan. Pour les villes à l’intérieur du pays, il confirme la règle que tous ses habitants doivent être exterminés.

De l’avis de Bergey, la distinction entre les villes extérieures et celles des peuples de Canaan ne s’applique qu’à la ligne de conduite à suivre dans le cas du refus des propositions de paix. Autrement dit, les Israélites doivent également faire des propositions de paix aux peuples de Canaan. C’est seulement lorsqu’une ville au pays de Canaan refuse d’accepter les termes des propositions de paix qu’il faut en tuer tous les habitants : hommes, femmes et enfants8.

De toute évidence, si les prescriptions de Deutéronome 7 peuvent être combinées de telle façon avec celles du chapitre 20, l’ordre d’exterminer les peuples de Canaan en devient un peu moins choquant. Malheureusement, l’espace ne nous permet pas d’entrer dans les détails de la discussion. Nous nous contentons de dire que l’approche de Bergey suggère une bonne explication de quelques faits relevés dans le récit du déroulement de la conquête de Canaan dans le livre de Josué (comme p. ex. Jos 11.19)9. Toutefois, il est plus difficile de la concilier avec le récit de la ruse des habitants de Gabaon en Josué 9. Les démarches des Gabaonites présupposent qu’ils n’attendaient qu’une seule destinée : l’extermination (voir Jos 9.24 en particulier).

Quoi qu’il en soit, même si les peuples avaient la chance d’échapper à l’extermination, nous sommes laissés avec l’ordre de l’extermination totale de ceux qui refuseraient de se soumettre aux conditions de paix proposées. Autrement dit, le problème est un peu atténué, mais il n’est pas résolu. Néanmoins, cette digression sur la portée de l’ordre de l’extermination nous apporte un bénéfice. C’est qu’elle peut nous montrer que le peuple d’Israël n’avait pas la mission ni la permission d’exterminer d’autres peuples pour la seule raison que ces derniers ne pratiquaient pas « la bonne religion ». L’ordre de l’extermination se limitait aux habitants du pays de Canaan. Les autres peuples, qui rendaient un culte aux faux dieux autant que les Cananéens, n’en étaient pas touchés. Il y avait, par conséquent, une ou plusieurs raisons particulières pour l’extermination des peuples de Canaan, raisons qui ne s’appliquaient pas aux autres nations païennes. En effet, l’Ancien Testament en mentionne quelques-unes, en Deutéronome 7 ainsi que dans d’autres passages.

Une première indication peut être trouvée en Genèse 15.13-16. Là, Dieu dit à Abram que ses descendants vivront longtemps hors du pays promis (c’est-à-dire en Égypte). C’est seulement la quatrième génération qui pourra revenir au pays de Canaan, « car la faute des Amoréens n’est pas encore à son comble » (v. 16). Le bon moment pour la conquête du pays est, par conséquent, celui où les Amoréens, qui étaient un des peuples de Canaan qui devaient être exterminés (voir Dt 7.1-2), avaient atteint le point culminant de leur iniquité. Dans le même ordre d’idée, Moïse soutient en Deutéronome 9.5 que les habitants de Canaan vont être chassés de leur pays « à cause de la méchanceté de ces nations ». Pris ensemble, ces deux textes affirment que les peuples de Canaan étaient plus méchants que les autres nations païennes. Dieu leur avait donné beaucoup de temps pour changer de comportement, mais lorsque sa patience restait sans résultat, il a décidé d’utiliser l’entrée de son peuple dans la terre promise pour mettre un terme à leur méchanceté. Nous pouvons donc dire que l’extermination de ces peuples était en quelque sorte un prélude du jugement dernier, juste comme la destruction de Sodome et Gomorrhe à cause de leurs péchés extrêmement graves (Gn 18-19).

Le motif de la méchanceté extraordinaire des peuples de Canaan ne figure pas en Deutéronome 7. Ce chapitre aborde un autre thème, qui semble être de nature tout à fait différente de ce que nous venons d’évoquer : l’amour de Dieu pour son peuple. Après avoir prescrit les mesures que les Israélites doivent prendre par rapport aux peuples de Canaan, Moïse continue son discours comme suit :

Tu es un peuple saint pour l’Éternel, ton Dieu. L’Éternel, ton Dieu, t’a choisi pour que tu sois un peuple qui lui appartienne parmi tous les peuples qui sont à la surface de la terre. Ce n’est pas parce que vous dépassez tous les peuples en nombre que l’Éternel s’est attaché à vous et vous a choisis. En effet, vous êtes le plus petit de tous les peuples. Mais c’est parce que l’Éternel vous aime, parce qu’il a voulu tenir le serment qu’il avait fait à vos ancêtres, qu’il vous a fait sortir par sa main puissante et vous a délivrés de la maison d’esclavage, de la main du pharaon, roi d’Égypte. (Dt 7.6-8)

Dans ce texte, Moïse décrit la relation entre Dieu et Israël au moyen de la métaphore de deux amants ou d’un couple marié. Notons, par exemple, que le mot hébreu traduit par « s’est attaché » (chashaq) se trouve aussi en Deutéronome 21.11, où il exprime les sentiments d’un soldat qui tombe amoureux d’une belle femme parmi les captives d’un peuple vaincu (voir aussi Gn 34.8). De toute évidence, Dieu voulait vivre avec le peuple d’Israël comme un homme avec son épouse, dans une relation d’amour mutuel et exclusif. Au verset 6 de notre chapitre, Moïse formule cette même idée en d’autres termes, lorsqu’il dit qu’Israël est un peuple saint pour l’Éternel, un peuple dévoué à lui et à son service. Il dit également que Dieu a choisi Israël comme un peuple « qui lui appartient » (en hébreu segoulla). Cela signifie que le statut spécial, qui mettrait le peuple à part de toutes les autres nations, serait comme celui de « la propriété privée » de Dieu10 ; autrement dit, une propriété qui bénéficierait toujours de ses meilleurs soins et de son attention assidue.

Pour Israël, cet amour exclusif impliquait qu’il ne pouvait rendre un culte à aucun autre dieu, comme Dieu l’avait stipulé dans le premier commandement : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi. » (Ex 20.3 ; Dt 5.7) Juste avant notre chapitre, Moïse a ordonné au peuple : « Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Dt 6.5) Il y reviendra en Deutéronome 7.9, où il dit que l’Éternel garde son alliance et sa bonté envers « ceux qui l’aiment et qui respectent ses commandements ». Ces prescriptions de Moïse se comprennent très bien à la lumière d’un événement qui s’était produit un peu avant et dont la mémoire était encore fraîche. Il s’agit de ce qui s’était passé à Sittim. Là, au bord de la Terre promise, les Israélites étaient confrontés pour la première fois au culte du dieu national de Canaan, Baal. Ils y avaient cédé tout de suite (Nb 25.1-3 ; cf. aussi Dt 4.3, où Moïse rappelle cet événement au peuple, et Os 9.10).

Il s’ensuit que la présence des peuples de Canaan avec leur religion païenne risquait d’être une source de tentation permanente pour le peuple d’Israël. Moïse a reconnu ce danger, il en a averti le peuple (voir Dt 7.4) et la suite de l’histoire en livrerait la preuve, à maintes reprises11. C’est pourquoi ces nations et tous leurs objets de culte devaient disparaître du pays où Dieu voulait vivre avec Israël. Si elles y restaient, il serait comme si un couple de jeunes mariés partageait leur habitation avec un tiers qui chercherait constamment à séduire la femme pour qu’elle rompe ses promesses de mariage !

En résumé, Moïse n’a pas ordonné au peuple d’Israël d’user de la violence contre les habitants du pays de Canaan, pour la seule raison qu’ils étaient des « incroyants ». Selon l’explication fournie par l’Ancien Testament, la première raison pour l’extermination de ces nations était leur extrême méchanceté. La seconde raison était la grande menace qu’elles représentaient pour le projet que Dieu voulait réaliser avec Israël, c’est-à-dire, vivre ensemble avec ce peuple, comme un couple de jeunes mariés, dans l’amour et la fidélité.

II. 1 Rois 18 : l’extermination des prophètes de Baal12

L’extermination des prophètes de Baal sur l’ordre d’Élie en 1 Rois 18 a beaucoup d’éléments en commun avec Deutéronome 7. À l’époque de ce prophète, le peuple d’Israël ne se comportait pas du tout comme l’épouse fidèle de l’Éternel. Son infidélité avait eu des conséquences désastreuses : pendant trois ans, il n’y avait plus eu de rosée ni de pluie (1R 17.1, 7 ; 18.1). Tout le pays en souffrait. Le roi Achab était même sur le point d’abattre les chevaux et les mulets de sa cour ou de son armée, parce qu’il n’y avait pas d’herbe pour les nourrir (1R 18.5). Au moment où Achab rencontrait Élie, ce dernier lui en a révélé la raison : « Je ne trouble pas Israël. Au contraire, c’est toi et ta famille qui le faites, puisque vous avez abandonné les commandements de l’Éternel et que tu as suivi les Baals. » (1R 18.18)13

Il va sans dire que les prophètes de Baal, qui étaient employés et entretenus par la reine Jézabel (cf. 1R 18.19), avaient joué un rôle majeur dans l’idolâtrie du peuple de Dieu. Ils avaient certainement fait de la propagande pour leur dieu, propagande qui n’avait pas manqué d’avoir du succès. Il s’ensuit que s’ils étaient tués, ils ne l’étaient pas seulement parce qu’ils avaient rendu un culte à un autre dieu. C’était plutôt parce qu’ils représentaient une grande menace pour le peuple d’Israël, son bien-être et l’alliance avec son Dieu.

Cette interprétation est confirmée par les prescriptions communiquées au peuple d’Israël par Moïse en Deutéronome 13. Dans ce chapitre, Moïse définit les contre-mesures à prendre, s’il y a des personnes au milieu du peuple qui cherchent à le tenter à l’idolâtrie. Dans tous les cas, les Israélites étaient tenus de tuer de telles personnes, même s’il s’agissait d’un proche parent, d’une épouse ou d’un ami. Ainsi tous les Israélites seraient avertis et ne commettraient plus de tels actes (Dt 13.2-12). Apparemment, Élia a voulu appliquer ces contre-mesures prescrites de Moïse aux prophètes de Jézabel, et cela pour protéger ses compatriotes contre la tentation catastrophique à laquelle ils étaient exposés. Ce n’était pas pour rien que Moïse avait dit au peuple qu’il risquait de subir la même destruction que les nations de Canaan, s’il préférait malgré tout suivre leur mauvais exemple (Dt 7.26).

Nous pouvons donc conclure que l’intolérance et la violence d’Elie ne visaient pas à l’extermination de incroyants en tant que tels. Ce qu’il ne voulait pas tolérer, c’était qu’Israël fût infidèle au Dieu qui lui donnait la vie, ou qu’il fût tenté à pratiquer l’idolâtrie. La preuve en est qu’Élie n’a tué que les prophètes de Baal. Tous les autres incroyants pouvaient rester en vie.

III. Exode 32 : le jugement contre les adorateurs du veau d’or

À la différence des prophètes de Baal exterminés par Élie, les trois mille Israélites tués à la suite de la fête en honneur du veau d’or ne l’étaient pas parce qu’ils avaient essayé de tenter d’autres personnes. Ils l’étaient pour la seule raison qu’ils avaient participé au culte autour de l’idole.

Pour mieux comprendre la vision biblique sur ces événements, il est judicieux de partir du récit de la chute en Genèse 2 et 3. Selon Genèse 2.17, Dieu a révélé à l’homme dès sa création que la désobéissance à ses commandements engendra la mort. Or, dans ce contexte, la mort est la fin de la vraie vie, qui ne peut être trouvée que dans la communion avec Dieu14. Malheureusement l’homme a préféré la désobéissance, avec toutes les conséquences qui en découlent. Tout cela est si néfaste que Dieu a décidé d’agir avec rigueur pour y mettre un terme. En Genèse 3.15, Dieu dit au serpent : « Je mettrai l’hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci t’écrasera la tête et tu lui blesseras le talon. »

Ce texte, qui est souvent considéré comme « la mère de toutes les promesses de Dieu », montre clairement la nécessité d’une intervention violente (c’est-à-dire « écraser la tête »), pour qu’il y ait encore une perspective d’avenir pour les êtres humains.

Ensuite, le mal commis par les hommes est devenu si sérieux que Dieu s’est servi du déluge pour en purifier la terre. Toutefois, cette mesure très sévère restait sans succès, comme Dieu le constate lui-même en Genèse 8.21, juste après le déluge : « l’orientation du cœur de l’homme est mauvaise dès sa jeunesse ». Un peu plus tard, cette mauvaise orientation du cœur humain s’est révélée encore dans l’ivresse de Noé et la réaction éhontée de son fils Cham, ainsi que dans la construction de la tour de Babel (Gn 9.20-27 ; 11.1-9). Malgré tout cela, Dieu refusait de renoncer au plan qu’il voulait réaliser dès le début ; c’est-à-dire qu’il y aurait une terre remplie d’hommes vivant sous sa bénédiction. Il n’a pas oublié ce qu’il a dit à Noé et ses fils, tout de suite après le déluge, en Genèse 9.1, 7, où il reprend ses propres paroles de bénédiction prononcées au jour de la création de l’homme (Gn 1.28).

Cependant, Dieu a décidé de prendre une autre piste pour atteindre son objectif. Parmi tous les hommes il a choisi Abraham, pour faire naître de lui et de son épouse Sara le peuple d’Israël. Depuis ce moment-là, Dieu concentre son œuvre de rédemption dans un peuple à part, auquel il va donner son propre pays, celui de Canaan. Cela n’implique pas du tout que Dieu a abandonné les autres nations. La liste des nations en Genèse 10 nous montre que Dieu les connaît toutes et qu’il ne les oublie pas. En plus, il dit à Abraham, au moment de sa vocation, qu’il doit quitter sa famille, non seulement afin d’être béni lui-même, mais aussi pour que toutes les familles de la terre soient bénies en lui (Gn 12.3 ; cf. aussi Gn 18.18 ; 22.18 ; 26.4 ; 28.14). Plus tard, dans le Nouveau Testament, Paul fera appel à cette promesse pour étayer l’évangile du salut par la foi pour toutes les nations, Juifs et non-Juifs (Ga 3.8)15.

Bien que les autres peuples n’aient pas disparu de l’écran, c’est le peuple d’Israël qui occupe désormais le devant de la scène. Israël est le bien-aimé de Dieu, un peuple privilégié, dont le pays reflète en quelque sorte l’essence même du paradis perdu : la présence personnelle de Dieu au milieu de son peuple16. Or, ce peuple était un peuple d’esclaves vivant dans un pays étranger. Alors l’Éternel les a libérés et fait sortir de ce pays, « par des épreuves, des signes, des miracles et des combats, avec puissance et force et avec des actes terrifiants » (Dt 4.34). Dieu seul les a amenés vers lui. C’est, par conséquent, à lui seul qu’ils devaient leur liberté et leur existence en tant que peuple de Dieu (Ex 19.4 ; 20.2). Quant à eux, ils ne pouvaient garder ces privilèges qu’en lui restant fidèles. La confiance en lui, son culte et l’obéissance à ces commandements étaient pour eux la garantie de leur vie et de leur liberté. Hors du dévouement à son service, il ne restait pour eux que l’esclavage et la mort (comme le montreraient plus tard la sécheresse et la famine des jours d’Élie).

Au mont Sinaï, Dieu a révélé tout cela à son peuple. Il lui a donné ses commandements et il a fait alliance avec lui. Il a même admis une grande délégation d’Israélites dans sa présence (Ex 24.9-11). Néanmoins, après quelques jours seulement, le peuple d’Israël a perdu confiance en lui. Il s’est livré à l’infidélité et l’apostasie. Puis, comme nous l’avons déjà évoqué, l’Éternel était si vexé qu’il voulait exterminer le peuple. En fin de compte, il y a renoncé, mais il a néanmoins approuvé que pas moins de trois mille personnes fussent tuées.

Cette réaction de Dieu n’était-elle pas hors de proportion ? La question est bien compréhensible. Toutefois, avant d’y donner une réponse positive, il faut se rendre compte du moment précis où ces événements se sont produits. C’était au tout début d’un nouveau stade dans la vie de Dieu avec les hommes, immédiatement après un grand pas en avant. Ce qui s’est passé autour du veau d’or ressemble en quelque sort à un événement qui s’est produit plusieurs siècles plus tard, peu après la venue du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte. Alors la nouvelle vie que Dieu avait donnée aux disciples de Jésus était pleine de joie, de communion fraternelle et de générosité (voir Ac 2.41-47 ; 4.32-37). À ce moment, Ananias et Saphira ont eu l’audace de faire passer l’hypocrisie pour la vraie générosité. Ils prétendaient que leur don correspondait au prix total du champ qu’ils avaient vendu, tandis qu’en réalité ils en avaient gardé une partie pour eux-mêmes. Dieu n’a évidemment pas voulu que la nouvelle vie pleine de promesses qu’il venait de donner soit ainsi compromise par des apparences trompeuses. C’est pourquoi il a réagi avec beaucoup de rigueur, en faisant mourir Ananias et Saphira sur-le-champ (Ac 5.1-11). Autrement dit, il en a fait un exemple dissuasif pour l’Église et tous ceux qui voulaient la rejoindre, afin de protéger et sauver la nouvelle vie par l’Esprit. De même, il semble que Dieu ait recouru à des mesures drastiques après cet épisode du veau d’or, afin d’assurer le nouveau début réalisé pour son peuple et de lui montrer une fois pour toutes que la vraie vie ne peut être trouvée qu’en lui. Il était si furieux, parce qu’il ne pouvait accepter la faillite de son projet d’amour et de bénédiction. Autrement dit, l’ardeur de sa colère, si terrifiante qu’elle soit, était provoquée par l’ardeur de son amour17.

IV. Résultats de l’analyse

De toute évidence, les explications présentées ci-dessus sont loin d’apporter la réponse à toutes les questions par rapport aux interventions violentes de Dieu dont témoignent les écrits de l’Ancien Testament. Certes, elles ne suffisent pas non plus pour justifier les actes de Dieu aux yeux de nos contemporains. Cela serait par ailleurs une démarche risquée, puisqu’il est hors de notre portée de comprendre celui qui nous a créés et qui dépasse toutes nos pensées (cf. Rm 11.33-36).

L’objectif de notre étude était plutôt d’expliquer quelques éléments de la logique biblique qui conditionnent quelques passages controversés. Le résultat en est, en bref, que la violence de Dieu est en rapport avec son plan initial pour le monde. Dieu voulait vivre en communion d’amour avec les êtres humains, qu’il avait créés. Comme il refuse d’abandonner ce plan, il ne peut accepter qu’il soit contrecarré par l’infidélité de son peuple. C’est pourquoi il intervient contre les apostats parmi les siens et en particulier contre tous ceux qui essaient de séduire les autres à l’idolâtrie, qu’il considère comme un péché aussi grave que l’adultère. Il ne veut pas vivre sans son peuple et il ne veut pas non plus que celui-là perde la vie.

Il est évident qu’il faut vraiment connaître ce Dieu et son amour pour comprendre tout cela un petit peu. Sinon, nous n’aurons aucune idée de la nature sérieuse et désastreuse de notre infidélité, ni de la nécessité des mesures rigoureuses que Dieu prend de temps en temps. Il nous faut toute notre vie ici-bas pour arriver à une vision plus mature, sans jamais comprendre totalement.

V. Conséquences pour les chrétiens de nos jours

Quelles en sont les conséquences pratiques pour les chrétiens vivant après la mort, la résurrection et l’ascension de Jésus-Christ ?

Jésus-Christ a subi le jugement de Dieu avec toute sa violence, pour nous en libérer pour toujours. Puisqu’il a fait cela, la tâche primaire des chrétiens est d’annoncer la bonne nouvelle de la rédemption et du royaume de Dieu. À la différence de ce que Moïse a ordonné au peuple d’Israël dans le livre du Deutéronome, cette mission doit être exécutée sans aucune violence, conformément au principe proclamé par Dieu au travers de Zacharie, un des derniers prophètes de l’Ancien Testament : « Ce n’est ni par la puissance, ni par la force, mais c’est par mon Esprit […]. » (Za 4.6)

Cela n’implique pas que la violence soit abolie à jamais, comme le montre par exemple l’Apocalypse de Jean. Toutefois, à l’époque néotestamentaire, Dieu s’est réservé le droit d’user de la violence. Sur terre, il ne le confie qu’aux autorités civiles (cf. Rm 13.1-7), qui par ailleurs ne peuvent jamais l’utiliser pour forcer leurs sujets à faire les choix religieux qu’elles préfèrent. L’Église et les chrétiens individuels sont appelés à propager l’Évangile sans aucune violence, tout en comptant sur la puissance de l’Esprit. Il s’ensuit que des interventions violentes « au nom de Dieu », telles les croisades du Moyen Âge, vont à l’encontre des normes bibliques développées dans le Nouveau Testament et qu’elles représentent une honte pour l’Église chrétienne18.

S’il en est ainsi, la question se pose si les textes vétérotestamentaires évoqués ci-dessus apportent toujours quelque chose à apprendre au chrétien de nos jours. Nous pouvons y répondre par l’affirmative. Tout d’abord, tous ces textes nous montrent, d’une façon ou d’une autre, qu’il n’y a qu’un chemin qui amène vers la vie. Hors du seul chemin ouvert par Dieu il ne nous reste que la mort. Depuis l’avènement du Christ, ce chemin porte son nom. C’est pourquoi Jésus a dit : « C’est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie. On ne vient au Père qu’en passant par moi. » (Jn 14.6) Et aussi : « Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (Jn 17.3) En second lieu, ces textes témoignent du désir ardent de Dieu : il veut vraiment que son peuple suive le bon chemin, qui aboutit à la vie avec lui. Il prend toutes les mesures nécessaires pour garder son peuple sur ce chemin et pour le protéger contre les dangers qui risquent de compromettre la communion d’amour à laquelle il aspire.

Ce point de vue est-il extrémiste ? De toute façon, on pourrait dire qu’il est radical, car il présuppose que la foi chrétienne n’est pas une option à côté de beaucoup d’autres, qui sont aussi valables qu’elle. La vraie vie ne peut être trouvée qu’en Dieu et son Fils, Jésus-Christ. Toutefois, il n’est point extrémiste dans ce sens que les chrétiens puissent menacer la vie des autres. L’Évangile du Christ ne justifie en aucune façon la violence contre les incroyants. Il doit être proclamé en humilité, puisque ceux qui l’annoncent sont loin d’être meilleurs que ceux à qui ils s’adressent.


  1.  G. Kwakkel est professeur d’Ancien Testament à la Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence et à la Faculté de théologie des Églises réformées (libérées) de Kampen (Pays-Bas).

  2.  À propos du rapport entre Dieu et la violence en Gn 4, voir E. Peels, « The World’s First Murder : Violence and Justice in Genesis 4:1-16 », in J.T. Fitzgerald et al. (sous dir.), Animosity, the Bible, and Us : Some European, North American, and South African Perspectives, Atlanta, Society of Biblical Literature, 2009, p. 19-39.

  3.  Sauf indication contraire, les citations bibliques sont prises de la version Segond 21.

  4.  Voir 1R 18.19, 22. 1R 18.19 fait également référence à 400 prophètes d’Astarté, mais ceux-là ne sont plus mentionnés dans la suite.

  5.  Cf. R. Bergey, « La conquête de Canaan : un génocide ? », La Revue réformée 54 (2003/5), p. 76-77 ; A. Versluis, Geen verbond, geen genade : Analyse en evaluatie van het gebod om de Kanaänieten uit te roeien (Deuteronomium 7), Zoetermeer, Boekencentrum, 2012, p. 13 (la traduction anglaise de cette thèse intitulée The Command to Exterminate the Canaanites (Deuteronomy 7) sera publiée par Brill, Leyde, en 2017).

  6.  Cf. J. Assmann, Of God and Gods : Egypt, Israel, and the Rise of Monotheism, Madison, University of Wisconsin Press, 2008, p. 106-126.

  7.  Bergey, op. cit., p. 69-88.

  8.  Bergey, op. cit., p. 81-82.

  9.  Voir ibid., p. 82-85.

  10.  Pour ce sens du mot, voir 1Ch 29.3, où le terme se rapporte au capital privé du roi David, à distinguer des fonds déjà réservés pour la construction du temple de l’Éternel.

  11.  Voir, p. ex., Jg 2.11-13, 17, 19 ; 1R 11.4-10 ; 16.30-33 ; 22.54 ; 2R 17.7-19 ; 21.1-8 ; Jr 2.4-11 ; Ez 8.3-16 ; Os 2.4-15 ; Mi 5.12-13.

  12.  Pour la discussion de 1R 18 dans ce paragraphe, j’ai beaucoup bénéficié d’une étude non publiée de Bart Dubbink, doctorant à la Faculté de théologie des Églises réformées (libérées) de Kampen (Pays-Bas).

  13.  Le verbe traduit par « troubler » rappelle celui qui est utilisé pour signifier le malheur qu’Acan avait amené sur Israël en prenant des biens de Jéricho, bien que ceux-là fussent consacrés à l’Éternel ; voir Jos 6.18 ; 7.25 ; 1Ch 2.7.

  14.  Cf. G. Kwakkel, « Amour de Dieu et justice de Dieu : le fondement du salut du monde », La Revue réformée 67 (2016/3), p. 14.

  15.  Sur le rôle d’Israël en vue de la bénédiction de tous les peuples, voir C.J.H. Wright, La mission de Dieu : Fil conducteur du récit biblique, traduit de l’anglais par Alexandre Sarran, Charols, Excelsis, 2006, notamment Partie III « Le peuple de la mission » (p. 213-459).

  16.  Voir Gn 3.8 ; Ex 25.8 ; 29.46 ; 40.34-35 ; Lv 26.11-12 ; Dt 12.5 ; 1R 6.12-13.

  17.  Cf. Kwakkel, op. cit., p. 11-12.

  18.  Cf. H.G.L. Peels, « Can the Angry God of the Old Testament Be the Foundation of Assurance and Faith ? », Testamentum Imperium (revue théologique internationale en ligne) 2 (2009/107), p. 11-12 (http://www.preciousheart.net/ti/2009/50-109_Peels_Angry_God.pdf, consulté 11/11/16) ; « How Can a God of Love Use Violence ? », Lux Mundi 30 (2011/4), p. 90-91.


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