Psaume 128 Les bénédictions du pèlerin

LES BÉNÉDICTIONS DU PÈLERIN
Psaume 128

Paulin BÉDARD*

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

Les pèlerins en Israël se rendaient trois fois par année à Jérusalem. Ils allaient remercier leur Dieu pour toutes les bénédictions reçues, en espérant recevoir encore d’autres bénédictions qui viendraient de la montagne de Sion. Pendant la route, les pèlerins chantaient le Psaume 128. Ils chantaient leur bonheur d’être bénis par l’Eternel. C’étaient des pèlerins heureux ! Nous sommes des pèlerins en route vers la nouvelle Jérusalem. Sommes-nous des pèlerins heureux et bénis ? Certainement ! Pendant notre voyage, nous sommes appelés à nous réjouir des nombreuses bénédictions que le Seigneur déverse sur nous et qu’il a promis de déverser encore.

Le bonheur chanté dans le Psaume 128 commence par un homme qui craint l’Eternel. Ses bénédictions s’étendent ensuite à son travail, à sa famille et puis à la ville de Jérusalem, aux générations futures et finalement à tout Israël. Le bonheur d’appartenir au Seigneur ressemble à des cercles sur l’eau. Quand on jette une pierre dans l’eau, les cercles s’élargissent et se propagent au loin comme les bénédictions de Dieu. Le Psaume 128 nous fait contempler les riches bénédictions du pèlerin.

1. Le fidèle du Seigneur est heureux (Ps 128.1)

Le premier verset donne le ton au reste du Psaume. « Heureux quiconque craint l’Eternel et marche dans ses voies. » (v. 1) Une déclaration de bonheur ! Qui ne veut pas vivre heureux ? Quelles sont les conditions du bonheur ? « Heureux quiconque craint l’Eternel et marche dans ses voies. » Cette déclaration peut sembler surprenante. Très peu de gens pensent que, pour être heureux, il faille craindre l’Eternel et marcher dans ses voies. Nous savons, pourtant, dans nos cœurs, que c’est la seule façon d’être heureux.

Que veut dire « craindre l’Eternel » ? Devons-nous avoir peur de lui et chercher à fuir loin de Dieu ? Pas du tout. Craindre Dieu, c’est avoir un amour rempli de respect et de révérence pour Dieu ; c’est reconnaître qu’il est le Dieu souverain. Le monde entier lui appartient, il est digne d’être servi et adoré de tout cœur. Si nous craignons l’Eternel, nos vies seront centrées sur lui et non pas sur nous. Nous voudrons lui plaire et lui obéir en toutes choses. Toutefois, il n’est pas suffisant d’avoir la crainte de l’Eternel dans nos cœurs. Nous devons également marcher dans ses voies avec nos pieds. Celui qui aime Dieu de tout son cœur obéira à ses commandements de toutes ses forces. Voilà la recette du bonheur !

Mais alors, qui peut vraiment vivre heureux ? Qui peut espérer recevoir la bénédiction de Dieu ? Craignez-vous l’Eternel de tout votre cœur ? L’aimez-vous de toute votre âme et de toutes vos forces ? Marchez-vous pleinement dans ses voies chaque jour, sans jamais vous éloigner du bon sentier ? Nous connaissons la réponse. Nous ne faisons jamais parfaitement ces choses. Nous ne craignons pas Dieu de tout  notre cœur et nous ne marchons pas dans ses voies de toutes nos forces.

Le Psaume 128 nous parle de Jésus-Christ. Jésus a craint l’Eternel parfaitement. Jésus a parfaitement marché dans ses voies. Il a aimé son Père de tout son cœur et il a obéi à sa volonté en toutes choses. Heureux celui qui craint l’Eternel et qui marche dans ses voies ! Oui, Jésus est heureux ! Il a pleinement mérité de recevoir cette récompense. Il est monté au ciel dans un bonheur complet. Si nous sommes unis à lui par la foi, Jésus nous fait partager ce grand bonheur. Nos péchés sont effacés, son obéissance parfaite nous est donnée gratuitement. Nous sommes bénis en lui, à cause de lui. Au lieu de voir en nous tous nos péchés, Dieu voit en nous la perfection de son Fils. Il peut donc déverser sur nous ses riches bénédictions. Nous n’avons pas besoin de les mériter. Jésus les a méritées pour nous ! Par la foi, nous avons déjà reçu la bénédiction de Dieu. Et maintenant, nous apprenons à craindre l’Eternel et à marcher dans ses voies pour exprimer notre reconnaissance. Croyons en Dieu, croyons dans son Fils et croyons que ces bénédictions sont pour nous.

A quoi ressemble une personne heureuse ? Les bénédictions décrites au Psaume 128 sont des bonheurs simples, mais profonds. Premier cercle de bénédiction : le travail.

2. Son travail est béni (Ps 128.2)

« Tu jouis alors du travail de tes mains, tu es heureux, tu prospères. » (v. 2) Oui, le travail est une bénédiction. C’est un don de Dieu ! Depuis la chute, Dieu a maudit le sol. Les chardons et les épines rendent le travail difficile. Il faut gagner son pain à la sueur de son front. La malédiction colle au travail. « Vanité des vanités ! (…) Que reste-t-il à l’homme de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ? » (Ec 1.2-3) Mais pour celui qui craint l’Eternel et qui marche dans ses voies, « tu jouis alors du travail de tes mains, tu es heureux, tu prospères ». La malédiction est renversée et Dieu bénit le travail de nos mains.

Si l’on pose la question « Que faut-il pour être heureux? », combien de personnes, pensez-vous, parleront de leur travail ? Le travail n’est pas souvent vu comme une bénédiction. On préfère penser aux vacances ou aux loisirs. Les vacances et les loisirs sont légitimes, autant qu’ils nous permettent de revenir au travail frais et dispos. On préférerait gagner à la loterie pour n’avoir plus jamais à travailler le reste de sa vie. Nombreux sont ceux qui souhaitent prendre leur retraite le plut tôt possible. Et pourtant, d’après la Bible, jouir du travail de ses mains est une bénédiction. Cela fait partie du bonheur que Dieu nous donne !

Le Psaume 128 soulève toutefois une grande question : Dieu est-il vraiment fidèle à sa promesse ? Ceux qui craignent l’Eternel et qui marchent dans ses voies jouissent-ils vraiment tous du travail de leurs mains ? Est-ce que Dieu bénit le travail de tous les chrétiens fidèles ? Il y a des gens parmi nous qui jouissent du travail de leurs mains. Oui, Dieu bénit leur travail. Il les fait prospérer. Remercions-le pour ses bénédictions ! Il y en a d’autres parmi nous pour qui le travail est ardu et frustrant. Le travail de leurs mains porte peu de fruit et se transforme parfois en échec. Est-ce parce qu’ils manquent de foi ou qu’ils sont moins obéissants ? Non. La bénédiction n’est pas liée au mérite. Nous ne croyons pas à « l’évangile de la prospérité » si répandu dans certains milieux chrétiens. « Croyez en Jésus et tout ira bien, vous deviendrez riches et en santé. » Pas du tout ! Nous subissons encore durement les conséquences de la chute.

Il faut comprendre le Psaume 128 à la lumière de Jésus-Christ. Jésus est celui qui a craint l’Eternel parfaitement et qui a parfaitement marché dans ses voies. Alors Dieu a béni le travail de ses mains. Jésus a travaillé dur, à la sueur de son front, qui est même devenue comme des grumeaux de sang. Jésus a douloureusement ressenti les épines quand on a enfoncé sa couronne d’épines sur sa tête. Jésus a travaillé à la gloire de Dieu et son travail a transpercé ses mains et l’a conduit à la mort. Il a été maudit à notre place. Il a subi la malédiction pour nos péchés. Mais son Père a fait prospérer le travail de ses mains. Jésus est ressuscité, il est monté au ciel dans la gloire. Aujourd’hui, Jésus jouit du travail de ses mains. Nous sommes le fruit de son travail ! Le rassemblement de son Eglise depuis le commencement du monde jusqu’à la fin est le fruit de son dur labeur. Par conséquent, si nous sommes unis à lui par la foi, notre travail n’est pas vain dans le Seigneur (1 Co 15.58).

Notre travail est parfois pénible et frustrant, c’est parfois un échec en apparence. Souvenons-nous que le travail de Jésus à la croix a été extrêmement pénible et a semblé un échec en apparence. Mais Dieu a béni son travail pour que nous puissions être bénis dans le nôtre. Marchons par la foi, sachant que notre travail n’est pas vain dans le Seigneur. Dieu fera fructifier le travail de nos mains, d’une façon ou d’une autre. « Que la tendresse du Seigneur, notre Dieu, soit sur nous ! Affermis pour nous l’ouvrage de nos mains, oui, affermis l’ouvrage de nos mains ! » (Ps 90.17) Si nous ne récoltons pas les fruits aujourd’hui, nous les récolterons demain, sinon nous les récolterons au jour de la grande moisson.

Les cercles du bonheur s’élargissent. Nous passons du travail à la famille.

3. Sa famille est bénie (Ps 128.3-4)

« Ta femme est comme une vigne féconde dans l’intérieur de ta maison ; tes fils sont comme des plants d’olivier, autour de la table. C’est ainsi qu’est béni l’homme qui craint l’Eternel. » (vv. 3-4) L’homme qui craint l’Eternel reçoit des bénédictions conjugales et familiales. Sa femme « est comme une vigne féconde ». La vigne féconde est un symbole de bénédiction. C’est une image qui représente la réjouissance. Quelle joie de vivre en compagnie d’une épouse fidèle ! Elle est féconde, bien sûr, parce qu’elle porte des enfants, mais aussi parce que son travail est fructueux. C’est une joie de rentrer à la maison et de goûter au fruit de son travail.

Remarquez bien qu’elle est une vigne féconde « dans l’intérieur de sa maison ». Cela ne veut pas dire qu’elle est toujours confinée entre quatre murs. La femme vaillante de Proverbes 31 est très occupée à l’extérieur de la maison ; elle fait du commerce, elle prend soin des malheureux. La Bible souligne tout de même l’importance du rôle de l’épouse à l’intérieur du foyer (Tt 2.4-5). Une épouse qui prend soin de son foyer n’est pas une malédiction, comme plusieurs le pensent aujourd’hui. Au contraire ! C’est une grande bénédiction pour son mari, pour sa famille, pour l’Eglise et pour la société. Voilà un des bonheurs simples et profonds que Dieu prend plaisir à donner à ceux qui le craignent et qui marchent dans ses voies.

Les bénédictions ne s’arrêtent pas là ! « Tes fils sont comme des plants d’olivier, autour de la table. » L’olivier est un autre symbole de prospérité. Autour de l’arbre principal des parents, les nouvelles pousses grandissent et deviennent solides. Ils apporteront leur contribution à la famille. Un jour, ils produiront des olives qui donneront de l’huile, une huile utile pour la maison et qui fait rayonner le visage de joie. Les enfants sont autour de la table. Les parents pourvoient à leurs besoins et se réjouissent de voir tous ces visages réunis ensemble autour d’un bon repas. C’est un bonheur d’avoir des enfants qui grandissent autour de nous, qui deviennent solides dans la foi et qui portent de bons fruits.

Encore une fois, le Psaume 128 nous oblige à nous poser la question : Dieu est-il toujours fidèle à sa promesse ? Ceux qui craignent l’Eternel et qui marchent dans ses voies reçoivent-ils vraiment toujours ces bénédictions ? Certains parmi nous sont bénis de vivre un mariage heureux, avec un mari fidèle, une épouse fructueuse et des enfants qui font la joie de leurs parents. D’autres parmi nous vivent des tensions dans leur mariage ; d’autres n’ont pas encore trouvé de conjoint ; d’autres ont des enfants rebelles ; d’autres n’ont pas encore la bénédiction d’avoir des enfants. Est-ce parce qu’ils manquent de foi ou qu’ils ne sont pas assez obéissants ? Non. La bénédiction ne va pas au mérite. Ces bénédictions peuvent venir plus tard, en leur temps. Il ne faut pas désespérer. Remercions le Seigneur pour l’abondance de bénédictions qu’il nous donne déjà et comptons sur lui pour l’avenir.

Cependant, il est important de comprendre le Psaume 128 à la lumière de Jésus-Christ. C’est Jésus qui a parfaitement craint l’Eternel et qui a parfaitement marché dans ses voies. C’est lui qui est parfaitement heureux et qui reçoit toutes ces bénédictions. Peut-être penserez-vous que Jésus ne s’est jamais marié et qu’il n’a pas eu d’enfants. C’est vrai. Toutefois, Jésus est un Epoux fiancé à son Eglise. Nous sommes son Epouse, une épouse qui fait sa joie. Le Saint-Esprit nous rend fructueux et nous fait porter toutes sortes de bons fruits à sa gloire. Ce bon fruit inclut des nouveaux croyants. Galates 4 nous dit que l’Eglise est la mère des croyants. Jésus a une grande famille, une épouse et des enfants qui font sa joie. Son travail est béni et sa famille est bénie.

Oui, en Jésus-Christ, Dieu est fidèle à ses promesses ! Voilà la récompense que Jésus reçoit parce qu’il a craint l’Eternel de tout son cœur et parce qu’il a marché dans ses voies de toutes ses forces. Quand nous sommes unis à Jésus par la foi, nous recevons gratuitement ces bénédictions. Que nous soyons mariés ou célibataires, que nous ayons des enfants ou non, nous avons tous le bonheur de faire partie de la grande famille de Dieu. Nous sommes heureux et bénis d’appartenir à son Eglise, son épouse féconde dans sa maison, ses enfants qui font sa joie autour de sa table, la table de la sainte cène. Réjouissons-nous et remercions le Seigneur de nous avoir accordé ce si grand cadeau !

Mais ce n’est pas tout. Les cercles de bénédiction s’élargissent encore.

4. Il verra la bénédiction s’étendre au loin (Ps 128.5-6)

« L’Eternel te bénira de Sion. » (v. 5) C’est le point de départ de toute bénédiction, la montagne de Sion. C’est là, pourrions-nous dire, que la pierre tombe dans l’eau. A partir de là, les cercles s’agrandissent. C’est là, à Sion, que les pèlerins se rendaient pour célébrer l’Eternel et recevoir de lui ses bénédictions. C’est là, dans le temple de Jérusalem, que les sacrifices d’animaux étaient offerts pour les péchés du peuple. C’est là où la Parole de Dieu était proclamée et où la bénédiction d’Aaron était prononcée (Nb 6.23-26). Les pèlerins marchaient les yeux fixés sur Jérusalem, la source de toute bénédiction.

Jésus est allé à Sion. Il a fait partie de ces pèlerins qui se rendaient à Jérusalem pour célébrer les trois fêtes annuelles (la fête de la Pâque avec la fête des pains sans levain, la fête des semaines ou des prémices de la moisson, la fête des huttes ou des récoltes, Ex 23.14-17 ; Lv 23 ; Dt 16.1-16). Mais la dernière fois qu’il s’y est rendu, ce n’était pas pour recevoir une bénédiction. C’était pour recevoir la terrible malédiction à cause de nos péchés, quand il a été offert en sacrifice d’expiation sur la croix. Aujourd’hui, nous n’allons plus en pèlerinage dans l’ancienne ville de Jérusalem. Nous levons les yeux vers la nouvelle Jérusalem, le sanctuaire céleste, là où Jésus est entré, après avoir accompli parfaitement notre rédemption. C’est de là, de cette Jérusalem d’en haut, que viennent sur nous toutes bénédictions. Jésus est la source de notre bonheur. C’est lui, au ciel, le point de départ de tous les cercles concentriques.

Les grands cercles de bénédictions nous atteignent, nous, notre travail, notre famille, notre Eglise, et les cercles s’élargissent pour s’étendre au loin. « Et tu contempleras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie. Tu verras les fils de tes fils. Que la paix soit sur Israël ! » (vv. 5-6) Les cercles s’élargissent dans le temps. Tu auras le bonheur de voir les fils de tes fils. Ce sera une joie de voir nos petits-enfants et nos arrière-petits-enfants bénis par l’Eternel. Les bénédictions de Dieu sont là pour durer longtemps, car il est fidèle à son alliance, de génération en génération. Même si nous n’avons pas d’enfants ou de petits-enfants nous-mêmes, ce sera une joie et un bonheur de voir les générations suivantes vivre pour Jésus-Christ et grandir dans son Eglise. Les cercles de bénédiction s’élargissent aussi dans l’espace. Nous verrons le bonheur de Jérusalem, et même que tout Israël au grand complet sera dans la paix.

Les pèlerins de l’Ancien Testament n’ont pas toujours contemplé le bonheur de Jérusalem tous les jours de leur vie. Le malheur s’est parfois abattu sur Jérusalem. La paix n’a pas toujours régné en Israël. Les ennemis sont venus de l’extérieur, souvent parce que des troubles ont surgi de l’intérieur. Dieu a-t-il été infidèle à sa promesse? Non. Cette promesse est pour Jésus-Christ, pour celui qui a craint l’Eternel parfaitement et qui a parfaitement marché dans ses voies. Jésus monté au ciel peut désormais contempler le bonheur de Jérusalem tous les jours de sa vie. Jésus est entré dans la joie de son Père. Il nous donne sa Parole et son Esprit pour nous communiquer déjà un avant-goût de cette joie et de ce bonheur de la nouvelle Jérusalem céleste. Unis à Jésus, nous sommes déjà bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes (Ep 1.3). Remercions-le et célébrons-le de nous faire goûter à ce grand bonheur ! Un bonheur qui nous est déjà donné gratuitement.

Mais nous sommes encore des pèlerins en route vers la nouvelle Jérusalem. Nous ne sommes pas encore arrivés. Nous vivons encore dans un monde déchu, frappé par toutes sortes de malédictions. Aujourd’hui, nous marchons par la foi et non par la vue. Un jour, nous goûterons pleinement à cette joie et à ce bonheur. Ce jour-là, nous contemplerons avec notre Sauveur le bonheur de Jérusalem pour toute l’éternité. Par conséquent, montrons notre reconnaissance. Vivons aujourd’hui pour lui. Soyons dans la joie. Craignons l’Eternel et marchons dans ses voies. Car c’est ainsi qu’est béni l’homme qui craint l’Eternel. Amen.

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