Livres à lire

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Jonathan Edwards: Une oeuvre du Saint-Esprit, ses vrais signes (Chalon-sur-Saône: Europresse, 1996)

Cet ouvrage nous livre des réflexions du pasteur Jonathan Edwards, de Northampton (Etats-Unis) à propos du Réveil qui eut lieu dans son Eglise, et publiées en 1741, c’est-à-dire il y a deux cent cinquante-sept ans, sous le titre: The Distinguishing Marks of a Work of the Spirit of God . Les éditeurs d’Europresse, dans une préface de seize pages, font l’historique de ce « Grand Réveil » auquel participa aussi Whitefield. C’est pour eux l’occasion de faire des rapprochements avec ce que certains appellent aujourd’hui « le plus grand Réveil de tous les temps, mais que d’autres regardent comme une attaque éhontée de Satan sur l’Eglise ». Ils ajoutent:

Beaucoup de regards se portent vers des réunions très médiatiques, où les gens tombent à la renverse, se promènent à quatre pattes, poussent des cris d’animaux et autres bizarreries similaires.

On voit qui est visé ici. Non pas que les éditeurs soient contre le fait que l’action du Saint-Esprit puisse bousculer les habitudes car, disent-ils,

il est important de savoir quelle est la provenance de tel ou tel phénomène ou de telle bénédiction particulière afin de se protéger ou afin de suivre le Seigneur jusqu’au bout.

Le plus important à leurs yeux est d’apprendre à évaluer de tels événements avec les critères que nous fournit la Parole de Dieu. D’où l’utilité et l’actualité étonnante des réflexions du pasteur Jonathan Edwards écrites il y a plus de deux cent cinquante ans.
Que nous dit-il? Partant du texte de 1 Jean 4:1-13, il veut montrer quelles sont les preuves authentiques, certaines et distinctives, qu’une oeuvre provient de l’Esprit de Dieu. Ces preuves nous permettront d’évaluer, en toute sécurité, toute opération spirituelle rencontrée en nous-mêmes ou constatée chez les autres.

Voici les cinq preuves qu’il propose:

  • Le Saint-Esprit exalte le Christ de la Bible (vv. 2-3).
  • Il combat les intérêts de Satan (vv. 4-5).
  • Il accroît le respect des hommes pour les Ecritures (v. 6).
  • Il agit selon une dynamique de vérité. Il y a l’Esprit de vérité et l’Esprit de l’erreur (v. 6).
  • Il développe un esprit d’amour pour Dieu et notre prochain (vv. 7-8, 12-13).

Chaque preuve est accompagnée d’un commentaire concis mais très lumineux de la Parole de Dieu.

C’est pourquoi, pour Jonathan Edwards, de tels signes suffisent pour faire taire certaines objections suscitées par la force de cette oeuvre du Saint-Esprit sur les émotions et les capacités naturelles, par exemple fortes exclamations, hurlements, détresse et joie et quels que soient les effets physiques qui se manifestent ou certaines bizarreries ou irrégularités. Car lorsqu’une action inhabituelle se produit sur l’esprit d’un homme, si l’on y trouve les signes énoncés plus haut, nous pouvons en déduire qu’il s’agit d’une oeuvre de Dieu. C’est pourquoi J. Edwards demande aux incrédules et aux moqueurs de ne pas s’opposer au réveil (p. 106) de peur de se rendre coupables de s’élever contre le Saint-Esprit et ses opérations de grâce dans le coeur des hommes.

Jonathan Edwards dans ses considérations sur le Réveil pourrait être reconnu comme un homme de type charismatique. Mais, dans les pages 110 à 116, il parle négativement de ce qu’il appelle les dons extraordinaires du Saint-Esprit. Il explique que le Saint-Esprit exerce deux sortes d’influences, à savoir celles qui sont ordinaires et appartiennent à l’exercice de la grâce et celles qui sont extraordinaires et miraculeuses. Pour lui, les premières sont de loin les plus excellentes et les plus glorieuses. Par cette grâce, les croyants deviennent participants de la nature divine, et la joie de Christ s’accomplit en eux, dit-il. Sans doute les charismatiques évangéliques souscriraient à cette affirmation et beaucoup de pentecôtistes. Mais sans doute aussi ils souligneraient l’utilité des dons extraordinaires, c’est-à-dire des charismes, des dons de grâce pour amener les païens à l’obéissance par la puissance des signes et des prodiges, par la puissance de l’Esprit, comme le dit l’apôtre Paul (Rm 15:18-19).

On ne peut entrer ici dans une polémique au demeurant stérile. Mais nous constatons que, parmi les chrétiens évangéliques, il y a plusieurs façons d’interpréter les textes, par exemple 1 Corinthiens 13:8-13. Du moins doivent-ils tout faire pour ne pas s’exclure mutuellement et pour conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix (Ep 4:3).

Roger Guibal, pasteur
 


Francis A. Schaeffer: Libérés par l’Esprit (Genève-Paris: Maison de la Bible, collection Veritas, 1997)

Ce livre de F. A. Schaeffer a été écrit en 1971 sous le titre True Spirituality . Il comprend deux grandes parties:

  1. Libéré désormais des liens du péché;
  2. Libéré désormais des conséquences du péché.

Francis A. Schaeffer résume ainsi le projet de son livre qui se propose de répondre à une double question: comment définir la vie chrétienne, la vraie spiritualité et comment la vivre au XXe siècle?

A lui seul, ce livre est une oeuvre magistrale, structurante pour la foi, sous-tendue par une forte théologie réformée qui se veut fidèle à l’Ecriture. On y reconnaît la marque simple et profonde de Schaeffer, ses leitmotive découverts déjà dans d’autres ouvrages.

Il est difficile de résumer en quelques lignes ces deux cent quarante-cinq pages vu leur richesse et le nombre des thèmes abordés. Essayons cependant de donner un aperçu de quelques pistes où nous entraîne Schaeffer. Pour lui, la vie chrétienne, la vraie spiritualité sont moins un comportement extérieur qu’une attitude intérieure. Par exemple, le chrétien se trouve en présence des Dix Commandements de Dieu, qui représentent la loi de l’amour et qui l’exhortent à aimer Dieu et son prochain. Pour l’auteur, cette loi culmine avec le dixième commandement: « Tu ne convoiteras point. » (Ex 20:17) L’ordre de ne pas convoiter correspond à une disposition intérieure. Il montre à celui qui se croit moralement irréprochable combien il a besoin d’un Sauveur. Ainsi la vraie spiritualité chrétienne et la libération des liens du péché nous conduisent à mener un combat intérieur contre la convoitise, un combat pour aimer le Seigneur et notre prochain.

Relevons aussi ce que nous dit Schaeffer dans le chapitre intitulé « La centralité de la mort ». Il veut montrer l’extrême importance, pour le chrétien, de savoir dire « non »; non à lui-même, non aux choses, non à tout ce qui veut le dominer, s’il est vrai qu’il a été crucifié avec Christ. Schaeffer cite Luc 9:22-24 et relève que la mort substitutive du Christ comporte trois étapes – le rejet, la mise à mort, la résurrection – et que Jésus-Christ lui-même applique cette progression à nous autres chrétiens lorsqu’il dit: si quelqu’un veut venir après moi qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix et qu’il me suive. Le rejet, la mise à mort et la résurrection sont également les étapes successives de la vie spirituelle du chrétien.

Lorsque Schaeffer parle de la puissance de l’Esprit, il aime à répéter que, nous aussi, nous avons la puissance du Christ crucifié, ressuscité et glorifié grâce à l’action du Saint-Esprit, au moyen de la foi. C’est pour cela que nous avons le moyen de vivre une vraie vie chrétienne, une vraie spiritualité. Le Saint-Esprit ne nous chosifie pas. Il ne nous rend pas passifs. Mais il nous rend passifs actifs comme Marie. En effet, si nous voulons produire du fruit dans notre vie chrétienne, ou plutôt, précise l’auteur, si Christ par l’action du Saint-Esprit doit produire du fruit à travers nous, nous devons répéter sans cesse et dans un acte de foi continuel: « En m’appuyant sur tes promesses, je m’attends à toi pour leur réalisation, ô mon Seigneur Jésus-Christ. Manifeste en moi ton fruit dans ce monde bien sombre. » C’est ce que Schaeffer appelle la passivité active qu’il discerne dans la réponse de Marie à l’ange Gabriel.
Schaeffer insiste beaucoup sur le thème de la libération de la pensée. L’erreur du monde païen, c’est d’être égaré dans ses pensées comme le montre Ephésiens 4:17-18. Intelligence obscurcie, ignorance, endurcissement du coeur sont des états intérieurs qui découlent de la révolte contre Dieu. Et lorsque l’apôtre nous invite à ne pas nous conformer au présent siècle, il ajoute que nous devons être transformés par le renouvellement de notre intelligence. Le processus est donc intérieur. Le Saint-Esprit, agent de la Trinité, opère en nous de l’intérieur et non de l’extérieur. Les effets extérieurs se manifestent ensuite. La vraie spiritualité réside dans le royaume de nos pensées. Le combat spirituel, la défaite ou la victoire, se livre toujours dans le monde de nos pensées.

Dans le dernier chapitre, intitulé « Des relations nouvelles dans l’Eglise », Schaeffer aborde le thème du surnaturel et il écrit:

Le monde est appelé à entrevoir à travers l’Eglise quelque chose d’inexplicable:

  1. la puissance pour le témoignage;
  2. les fruits de l’Esprit: amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi;
  3. la présence en elle du Christ ressuscité et glorifié en la personne du Saint-Esprit.

Et il ajoute:

Il y a une grande différence entre l’Eglise du Christ bâtie par les hommes, même convertis, et l’Eglise que Christ bâtit lui-même par le moyen d’hommes convertis et consacrés.

La lecture de ce livre sera d’un grand profit pour les chrétiens de notre temps.

Roger Guibal, pasteur
 
 


Calvin et ses contemporains , Actes du colloque de Paris, édités par Olivier Millet, Cahiers d’Humanisme et Renaissance, vol. 53 (Genève: Droz, 1998)

Ce volume de trois cent quatorze pages contient dix-neuf communications faites au colloque, organisé en 1995, par la Société de l’histoire du protestantisme français (SHPF).

Nous y trouvons deux informations: la première est la découverte, faite à Londres, de sermons inconnus de Calvin sur Esaïe; elle est présentée par Max Engamarre. La seconde concerne l’identification d’un portrait de Calvin jeune retrouvé à Strasbourg; Paul Lienhardt la commente et fournit une reproduction.

Les sujets abordés sont disparates et il est impossible de les résumer ici.

Signalons les principaux: Correspondants de Calvin (demandeurs de conseils, dédicataires d’ouvrages, anciens amis comme Du Tillet). Relations avec l’Angleterre. Relations avec la famille Budé, avec les « Belges » (au sens de l’époque), dont le Picard Jean Calvin se sentait proche. Controverses théologiques: Caroli, l’humanisme érasmien, les « moyenneurs », les « sorbonnistes ».

En fin d’ouvrage, Bernard Roussel fournit, pages 293 à 304, une très utile liste des oeuvres de Calvin, publiées en français.

François Gonin, pasteur

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