La raison d’être de l’évolutionnisme

LA RAISON D’ÊTRE DE L’ÉVOLUTIONNISME

Ellen MYERS*

Whittaker Chambers était un communiste plein de zèle qui avait mis sur pied, dans les années 1930, un réseau d’espionnage parmi des fonctionnaires haut placés du gouvernement américain, à Washington D.C. Puis il est devenu chrétien, il a quitté le parti communiste et a travaillé en tant qu’écrivain et, plus tard, en tant qu’éditeur de Time Magazine. Dans son autobiographie, Témoin (Witness), il décrit comment il s’est tourné vers Dieu et vers Christ:

«Ma fille était assise dans sa chaise haute. Je la regardais manger. Elle représentait le miracle le plus incroyable qui s’était produit dans ma vie (…) Mon regard s’est posé sur les circonvolutions si délicates de son oreille – ces oreilles parfaites, si complexes. L’idée m’est venue à l’esprit: ‹Il est impossible que ces oreilles aient été créées par une rencontre fortuite d’atomes dans la nature (selon les théories communistes). Elles ne pouvaient avoir été créées que par un dessein créateur prodigieux.› (…) Qui dit dessein établit comme présupposé l’existence de Dieu. Je ne savais pas alors qu’à ce moment précis le doigt de Dieu avait effleuré mon front pour la première fois.»1

Un tel témoignage donne le frisson aux évolutionnistes les plus irréductibles. Preuve en est leur lutte implacable contre l’affirmation que tout a été créé et qu’il existe un dessein intelligent. Comme l’avait fait Whittaker Chambers, ils devaient évacuer de leur pensée les faits scientifiques et historiques sur l’évolutionnisme et la réalité telle qu’elle existe vraiment. L’évolution est une religion pour eux. Ils ne peuvent supporter l’idée que le Dieu de la Bible existe et qu’il soit leur Créateur, leur Juge, leur Sauveur et leur Seigneur.

Certains éminents évolutionnistes l’ont ouvertement admis. En 1972 déjà, le célèbre évolutionniste et Prix Nobel de biologie à l’université de Harvard, George Wald, écrivait:

«Il n’y a que deux explications possibles concernant l’apparition de la vie: une génération spontanée selon l’évolution, ou un acte créateur surnaturel de Dieu (…) La génération spontanée a été prouvée erronée par Louis Pasteur et d’autres, il y a cent vingt ans, ce qui ne nous laisse qu’avec une seule autre possibilité – que la vie est apparue grâce à un acte créateur surnaturel de Dieu, mais je ne peux pas accepter cette philosophie parce que je ne veux pas croire en Dieu. Je choisis donc de croire à ce qui est impossible scientifiquement, une génération spontanée qui génère l’évolution.»2

Voici des affirmations analogues faites par Thomas Nagel et Richard Lewontin, d’éminents évolutionnistes de notre génération.

Nagel écrit:

«Je désire que l’athéisme soit vrai et cela me met mal à l’aise de penser que des croyants religieux figurent parmi les personnes les plus intelligentes et les mieux informées que je connaisse. (…) je ne veux pas qu’il y ait un Dieu: je ne veux pas que l’univers soit comme ils le présentent (…) A mon avis, le problème d’une source d’autorité cosmique (…) est à l’origine d’une grande partie du scientisme et du réductionnisme de notre époque.»3

Lewontin écrit:

«En raison de notre adhésion a priori à des causes matérielles, nous sommes contraints de

créer un appareil d’investigation et un ensemble de concepts qui fournissent des explications matérielles, explications en flagrante opposition à l’intuition, et complètement hermétiques pour le non-initié. En outre, ce matérialisme ne peut être remis en question, car nous ne pouvons en aucun cas laisser un Pied Divin passer la porte4

Dans son livre La science et la création, Stanley Jaki, l’éminent historien et philosophe des sciences, fait remarquer que les origines de la science, telle que nous connaissons celle-ci de nos jours, remontent à un moment précis de l’histoire humaine, à savoir au haut Moyen Age chrétien (1250-1650). Selon lui, il est impossible que la science ait surgi dans aucune autre culture. Il explique pourquoi il en est ainsi. Toutes les grandes civilisations de l’Antiquité croyaient en un univers éternellement existant par lui-même et en constante évolution, à la fois moniste, panthéiste et animiste. Cet univers fluctuait interminablement entre de longues périodes d’expansion et de contraction, d’ascension et de chute, de naissance et de mort.

Or, si les hommes ne constituaient que des particules infimes d’un immense «animal cosmique», ils étaient pourtant capables de faire des observations hautement sophistiquées sur la nature et le ciel étoilé, et ils excellaient dans l’art d’imaginer des inventions techniques vraiment utiles sur le plan pratique. Ils étaient toutefois contraints de s’arrêter sur le seuil de la science moderne à proprement parler, car dans un monde moniste («il n’existe rien d’autre que ce monde-ci»), l’homme n’est qu’un élément de ce monde, et une partie ne parvient pas à expliquer le tout dont il fait partie. Donc la seule vision du monde qui permette d’expliquer le monde dans son ensemble, c’est celle de la vision biblique du monde dans laquelle tout a été créé à partir du néant par un Dieu créateur, personnel, transcendant et omnipotent, qui a créé l’homme à son image et à sa ressemblance, pour dominer sur ce monde, qui est l’œuvre de ses mains. Voilà pourquoi la science moderne plonge ses racines et s’est développée au sein de la culture occidentale du Moyen Age, et nulle part ailleurs, culture imprégnée de la croyance biblique, propre au christianisme, qu’il y a eu création.

L’évolutionnisme doit chercher à expliquer le monde depuis l’intérieur, en affirmant que rien d’autre n’existe; il ne peut donc pas, a priori, en donner une explication correcte. Le professeur William R. Thompson, dans l’introduction de Everyman’s Library Edition of the Origin of Species, écrit que:

«La conviction de Darwin que l’évolution est le résultat de la sélection naturelle, agissant sur de petites variations accidentelles (…) a retardé d’un demi-siècle les progrès effectués dans les recherches sur l’évolution. Les recherches sur l’hérédité vraiment fructueuses n’ont commencé qu’en 1900 avec la redécouverte de l’œuvre fondamentale de Gregor Mendel, publiée en 1865, et n’avait absolument rien à voir avec l’œuvre de Darwin5

Mendel a obtenu des résultats scientifiques significatifs en fondant sa recherche sur le principe de la stabilité ou de norme permanente, qui se positionne exactement à l’opposé

de l’évolution. Sans aucun doute, ce moine catholique autrichien croyait au Dieu Créateur du christianisme, et c’est cette croyance qui lui a donné les bases pour entreprendre un travail scientifiquement correct, travail qui a porté ses fruits.

La science taxonomique a, elle aussi, été sérieusement entravée par le fait que bien des scientifiques ont adhéré au paradigme darwinien. Thompson a écrit que «par des arguments plausibles mais pas du tout convaincants, les zoologistes ‹ont démontré› que les vertébrés descendent de presque chaque groupe d’invertébrés. Pendant trente ans, de 1870 à 1900, beaucoup d’énergie a été consacrée à l’embryologie, qui s’est inspirée de ‹la loi biogénétique.»6

Cette «loi biogénétique» prétend que le développement de l’embryon récapitule l’évolution ancestrale d’un organisme. Cette théorie a été inventée par le promoteur allemand de Darwin, Ernest Haeckel; elle était non seulement inexacte, mais encore une supercherie manifeste – les dessins d’embryons de Haeckel étaient, de toute évidence, falsifiés, ils apparaissent encore, de nos jours, comme factuels dans certains manuels scolaires de biologie. Ils ont été utilisés pour justifier l’avortement parce qu’ils affirment qu’en début de grossesse le bébé à naître n’est pas encore humain. Les embryons de Haeckel ne sont qu’un exemple de moyens frauduleux utilisés pour défendre la cause de l’évolution. Un autre exemple est «l’Homme de Piltdown», qui a discrédité tant de manuels scolaires de 1912 à 1953 et qui cherchait à prouver que l’homme descendait du singe. Plus récemment, le Dr Bernard Kettlewell a présenté sa théorie des «phalènes britanniques des arbres» (British tree moths). Pour plus de renseignements concernant les supercheries évolutionnistes, consultez l’ouvrage de Richard Milton, Shattering the Myths of Darwinism7, et celui de Jonathan Wells, Icons of Evolution8.

Nous avons déjà constaté, grâce à l’exemple de Mendel, que nous venons de citer, que l’évolutionnisme, avec son enseignement selon lequel les changements évolutifs sont le produit de variations fortuites, ne nous permet pas de comprendre ce qui ce passe vraiment dans la réalité. L’évolutionnisme nie, en fait, la réalité telle qu’elle est, parce que l’univers porte en soi tous les signes d’une création intentionnelle, qui a été conçue par un créateur ordonnateur personnel et intelligent: le Dieu Créateur de la Bible. La réalité elle-même prouve la véracité de Romains 1.20: «Les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voient fort bien (pas de manière confuse) depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages.»

Comme le confirment George Wald, Thomas Nagel et Richard Lewontin, cette réponse est odieuse pour des hommes qui ne veulent pas s’incliner devant Dieu.

Le combat actuel sur l’évolution n’est pas livré entre «la religion et la science». Il s’agit d’une attaque en règle des athées rebelles contre le Dieu de la Bible, contre la foi en lui et en sa Parole; combat qui est attisé par les médias et l’intelligentsia. Voilà la vraie raison pour laquelle tant d’intellectuels athées, comme l’ont fait avant eux ceux des civilisations de l’Antiquité, s’accrochent à l’évolution dans un monde moniste. Ils défendent de telles positions quoique la science moderne elle-même ait surgi dans une culture baignée de christianisme biblique, qui affirme que le monde a été créé par Dieu. Jamais ils ne reconnaîtront la contribution inestimable que cette vision du monde a apportée aux bienfaits matériels de la science moderne; en effet, celle-ci en a bénéficié grandement. Comme l’avait fait Whittaker Chambers, lorsqu’il a été confronté pour la première fois à Dieu, ils s’accrochent à la théorie évolutionniste «que les atomes se sont rencontrés par hasard» pour expliquer scientifiquement l’origine de toutes choses, même si cela s’avère scientifiquement impossible. Ils agissent ainsi pour n’avoir surtout pas à rendre des comptes à leur Créateur.


  • 1 – W. Chambers, Witness (New York: Random House, 1952), 16.
  • 2 – G. Wald, Frontiers of Modern Biology on Theories of Origin of Life (New York: Houghton Mifflin, 1972), 187, cité in Rex Russell, What the Bible Says About Healthy Living (Ventura, CA: Regal Books, 1996), 187, c’est nous qui soulignons.
  • 3 – T. Nagel, The Last Word (New York: Oxford University Press, 1996), 130-131.
  • 4 – R. Lewontin, «Billions and Billions of Demons»,The New York Review of Books (January 9, 1997), c’est nous qui soulignons.
  • 5 – W.R. Thompson, Everyman’s Library Edition of the Origin of Species (London: J.M. Dent & Sons, Ltd., 1956, 16, c’est nous qui soulignons.
  • 6 – W.R. Thompson, ibid., 16.
  • 7 – R. Milton, Shattering the Myths of Darwinism (Rochester, VT: Park Street Press, 1997).
  • 8 – J. Wells, Icons of Evolution (New York: Regnery Publishing, 2000).

Les commentaires sont fermés.