La guérison des souvenirs
Origine et développements
d’une pratique en milieu chrétien
Emile Nicole
Professeur d’Ancien Testament
Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine
La guérison des souvenirs est devenue, au cours de ces dernières décennies, un thème majeur de la relation d’aide chrétienne. Prise au sens large, l’expression renvoie aux blessures du passé et aux possibilités d’en guérir. En un sens plus déterminé, elle désigne la mise en œuvre de procédures spécifiques pour obtenir cette guérison, particulièrement la prière dite de guérison intérieure ou guérison des souvenirs1. Dans ce sens, l’expression distingue un courant de pensée et de pratique repérable à des figures marquantes, des centres de formation, des publications. L’objet de cet article, qui reprend l’une des parties d’une présentation à deux voix2, est de tracer brièvement l’origine et le développement de ce courant pour s’interroger ensuite sur certains de ses aspects.
Origine et développements
Les acteurs aussi bien que les observateurs de la pratique s’accordent pour en attribuer la paternité – ou plutôt la maternité – à Agnes Sanford3 (1897-1982), fille de missionnaires presbytériens en Chine et épouse d’un pasteur épiscopalien aux Etats-Unis. Figure marquante du renouveau charismatique, elle exerce, à partir des années 1940, un ministère de guérison physique et s’engage dans la pratique de la guérison intérieure. Avec son mari, elle fonde en 1958 un centre de soin pastoral, The School of Pastoral Care, lieu de pratique et d’enseignement de la démarche. Parmi ceux qui le fréquentent, plusieurs seront associés à la fondatrice et prendront le relais de son action : le pasteur John Loren Sandford4 (1929-2018), de l’United Church of Christ, qui enseignera pendant plusieurs années au centre, Ruth Stapelton (1929-1983), baptiste, sœur du président américain Jimmy Carter. C’est également au contact d’Agnes Sanford que le père dominicain Francis McNutt (né en 1925), après une expérience spirituelle marquante, qualifiée de baptême de l’Esprit, reçoit la vocation d’un ministère de « prière guérissante » (healing prayer).
Au-delà de ce premier cercle de relations directes, la pratique s’est étendue à d’autres personnalités influentes, telles que le pasteur méthodiste David Seamands (1922-2006) ou le trio constitué du père jésuite Matthew Linn, son frère Dennis et l’épouse de ce dernier, Sheila. Sans être exhaustif, et en privilégiant des auteurs dont des ouvrages ont été diffusés en français, on peut encore citer Nelly Astelli Hidalgo (1932-2003), figure du renouveau charismatique catholique au Chili, Leanne Payne (1932-2015), diplômée de Wheaton et chargée de cours dans cette institution évangélique bon teint, et le psychiatre David Allen, aux Bahamas.
Comme le renouveau charismatique auquel il est associé, le courant de la guérison des souvenirs est marqué par sa diffusion transversale dans les différentes confessions chrétiennes, depuis le catholicisme de diverses obédiences jusqu’aux dénominations évangéliques, en passant par les Eglises protestantes historiques. Chaque figure marquante, tout en reconnaissant sa dette à l’égard des prédécesseurs, semble cependant tenir à développer sa propre variante de la méthode, ou son accent particulier.
Des particularités
La fratrie Linn se singularise par la place que prend dans leur démarche la relation avec un proche parent décédé. Par la prière, Matthew demande à Jésus que leur frère John, décédé, puisse être un vecteur de l’amour de Dieu pour ses deux frères vivants, et il ajoute : « J’ai expérimenté une relation continue avec John. »5 Il déclare avoir ressenti plusieurs fois la présence protectrice de son frère. Pris dans une tempête sur la mer, il demande à John d’intercéder auprès de Jésus et le vent s’arrête, comme si l’auteur « avait été entouré d’une muraille protectrice »6. Il se défend pourtant de verser dans le spiritisme et en appelle à « la communion des saints » du Symbole des apôtres pour justifier cet accent original de sa thérapie spirituelle.
C’est avant même la naissance, aux blessures subies lors de la vie intra-utérine, que Nelly Astelli Hidalgo croit devoir et pouvoir remonter pour y déceler et guérir les souvenirs traumatisants qui hypothèquent le présent7. C’est au rôle joué dans la foi par l’imagination, tel que C.S. Lewis en a eu l’intuition, que Leanne Payne fait appel pour offrir un cadre conceptuel acceptable aux images positives censées guérir les souvenirs traumatisants8. Un auteur plus récent, le pasteur Edward Smith (né en 1956), recourt au concept de prière théophostique9, lumière de Dieu sur le passé, y décelant les mensonges associés aux événements traumatisants et qui hypothèquent la vie présente.
Un socle commun
Cette diversité plutôt déroutante se rattache cependant à un socle commun bien repérable, celui de la prière chrétienne de guérison intérieure10. Les auteurs actuels se réfèrent aux caractéristiques qu’en donnent Fernando Garzon et Lori Burkett11. Ces derniers empruntent à Roger Hurding12 la première partie de leur définition :
Ensemble de méthodologies du retour dans le passé13 qui cherchent sous la conduite du Saint-Esprit à découvrir les expériences personnelles, familiales ou ancestrales qui, considère-t-on, contribuent à perturber le présent.
Garzon et Burkett ajoutent :
Elles sont censées aider le patient à gérer effectivement les souvenirs douloureux en rappelant de manière vive ces souvenirs et en appelant la présence bénéfique14 du Christ (ou de Dieu) au sein de cette souffrance15.
Les deux auteurs évoquent les expériences variées vécues par les patients, « imagerie visuelle puissante, sentiment de paix profonde, présence du Christ dans la souffrance ou perception de la douce voix de l’Esprit ».
Des publications, des sites, des formations
Pour s’informer, aussi bien du socle commun que de certaines particularités, le lecteur francophone dispose d’un assez large éventail de traductions. L’ouvrage référence de la pionnière Agnes Sanford, La lumière qui guérit, a paru dès 1955 en traduction française chez l’éditeur protestant Delachaux et Niestlé16. A partir des années 1990, d’autres publications sont rapidement, et en nombre, mises à la disposition du public francophone. Quatre ouvrages de David Seamands ont été édités et parfois réédités17, ainsi que trois livres des frères Linn18. Deux ouvrages fondamentaux de Francis McNutt ont également été traduits, l’un d’eux traite de la guérison19. Deux livres de Nelly Astelli Hidalgo sont disponibles en français20. Deux éditeurs évangéliques francophones ont publié Leanne Payne ou David Allen21. La diversité des éditeurs, catholiques, évangéliques, reflète bien la diffusion de la pratique dans les diverses confessions chrétiennes. On notera que chaque éditeur traduit et publie des ouvrages émanant de représentants de sa propre famille ecclésiale. Prudence de l’éditeur qui pense ainsi diffuser plus sûrement ses ouvrages auprès de son public habituel ? Cela pourrait aussi confirmer qu’en se diffusant dans les différentes branches du christianisme la pratique y prend des colorations propres à chacune d’elles. La prière adressée par Matthew Linn à son frère disparu paraîtra moins choquante à un catholique romain qu’à un protestant !
Outre leurs publications, la plupart des figures marquantes, à l’instar de la School of Pastoral Care d’Agnes et Edgard Sanford, ont fondé et fondent des institutions plus ou moins matérielles ou virtuelles de soin pastoral et d’enseignement. On peut citer Elijah House22 de John et Paula Sandford (1975), Christian Healing Ministries23 de Francis et Judith24 McNutt (1980), Theophostic Prayer Ministry25 d’Edward Smith, muté ces dernières années en Transformation Prayer Ministry26, Pastoral Care Ministries de Leanne Payne, prolongé actuellement sous le titre de Ministries of Pastoral Care27. Une visite sur le site internet de ces associations donne une idée des activités déployées et de leur audience. On apprend, par exemple, que Ministries of Pastoral Care organise des sessions de cinq jours de formation jusqu’en Italie ou en Corée28. Le Renascence Institute de David Allen à Nassau (Bahamas) se distingue des précédentes institutions : il apparaît comme un vrai centre de soin psychique ouvert toute la semaine et offrant une gamme étendue de services thérapeutiques. Il est répertorié sur le site local d’intérêt général Bahamaslocal.com29 et une récompense publique30 lui a été décernée en 2015 pour l’influence sociale positive de son programme familial : The Family, People Helping People.
La pratique se diffuse ainsi par les soins d’accompagnement psychique et pastoral, par les conférences et sessions de formation, par les publications, destinées à un large public et largement diffusées. Dix ans après sa première publication, l’édition de 1984 du livre des frères Linn, Healing of Memories, annonçait déjà en manchette 450 000 exemplaires vendus31. Plus récemment, c’est le chiffre d’un million qui est évoqué pour le titre de David Seamands, Healing for Damaged Emotions32. La structure type de ces ouvrages, qui alternent récits d’expériences positives de guérison et évocation de textes bibliques choisis, favorise leur large diffusion.
Appréciations
Un mouvement d’une telle ampleur et exerçant une telle influence appelle assurément un effort particulier d’évaluation critique. Parmi les publications répondant à ce souci, on peut distinguer des critiques délibérées, des tentatives d’évaluation plus neutre, voire d’une neutralité bienveillante, et les éléments d’autocritique ou de mise en garde présents dans les ouvrages de plusieurs praticiens de la méthode. On s’en tiendra ici à quelques aperçus de ces différentes contributions.
Des critiques radicales
Les critiques résolues se signalent par le titre des ouvrages publiés qui évoquent sans ambages l’abus des souvenirs, la séduction, l’hérésie ou le mensonge33. Parmi les auteurs de ces ouvrages critiques, certains bénéficient d’une formation en psychologie34 ou d’une expérience médicale solide, comme le médecin Jane Gumprecht (1922-2009), d’autres sont de simples observateurs n’ayant pas de compétence particulière en la matière, comme Dave Hunt35 (1936-2013) ou la journaliste Jan Fletcher, correspondante religieuse du bihebdomadaire régional Central Kentucky News Journal.
La théophostique d’Edward Smith apparaît comme une des cibles majeures de ces critiques radicales, mais elles touchent aussi plus largement la pratique commune de la guérison intérieure. Jan Fletcher a relevé plusieurs cas de personnes faussement accusées d’abus sexuel. Elle pointe du doigt le danger des thérapies dites de la mémoire refoulée ou retrouvée qui prétendent, par divers moyens, faire remonter à la surface des souvenirs refoulés. Elle peut en appeler aux nombreuses critiques et mises en garde ayant paru sous le nom de scientifiques de renom depuis les années 1990 et qui ont conduit depuis à limiter ou abandonner ces types de thérapie36. On pourrait ajouter que le fait de penser pouvoir associer Dieu et bénéficier de son secours à l’appui d’une telle pratique n’offre aucune garantie d’en bénéficier effectivement, s’il n’est pas établi, par ailleurs, que Dieu, lui, souhaite apporter son concours à ce type de recherche. Placer le souvenir au cœur de la démarche spirituelle comporte le risque majeur de faire surgir de faux souvenirs pour correspondre au schéma prévu. Il n’en va pas de même, évidement, avec les souvenirs restés conscients, mais est-il utile de vouloir les raviver ? Jan Fletcher en doute.
Martin et Deidre Bobgan s’emploient à repérer dans la démarche d’Edward Smith les éléments empruntés à diverses thérapies courantes. Sa démarche, admettent-ils, se distingue de toutes les autres, comme toute thérapie qui amalgame différents éléments se distingue d’une autre. Elle s’en distingue aussi par des éléments de vocabulaire et par l’ajout d’éléments propres. « Mais les éléments majeurs sont empruntés à des psychothérapies et des pratiques de guérison intérieure bien connues qui peuvent être aisément identifiées. »37 C’est donc à tort que Smith se prévaut d’avoir reçu sa méthode par révélation divine.
Des jugements plus iréniques
Parmi les appréciations moins délibérément critiques, on peut signaler l’article bien documenté publié dans la revue Trinity Journal en 2003 par deux professeurs de théologie pratique38 sur la méthode théophostique d’Edward Smith. Sur un ton irénique, les deux auteurs présentent brièvement les étapes du processus suivi pour la guérison et s’emploient ensuite à examiner de plus près les conceptions du péché et de la guérison qui sous-tendent la méthode et que Smith expose dans ses écrits. Ils les confrontent à l’enseignement biblique. Sur l’un et l’autre point, ils relèvent des écarts sensibles qui les amènent à conclure leur étude sur cette mise en garde :
Nous considérons que ces différences sont si marquées que nous conseillons de ne pas s’engager dans cette voie sans grande précaution, que ce soit comme patient ou comme facilitateur. (P. 188)
Le ton modéré n’empêche pas, à l’occasion, certaines critiques qui dépassent la simple mise en garde conclusive. Ils dénoncent par exemple le risque de se cantonner dans des visions simplistes qui n’apportent en définitive ni explication ni aide satisfaisante aux personnes en souffrance. C’est une théologie complète de la souffrance, des rôles de Dieu, du monde, de la chair, du diable, qui doit nourrir la pensée des conseillers et leur permettre de puiser, dans ce riche ensemble, les réponses adaptées à chaque cas (p. 185).
Nous bénéficions, en Europe et en français, depuis 1989, d’une étude de Samuel Bénétreau39 qui s’emploie à repérer des données et principes néotestamentaires en rapport avec le thème de la guérison intérieure. Elle n’est pas limitée, comme celle que l’on vient de mentionner, à une méthode particulière. Tout en reconnaissant aux promoteurs de l’approche de la guérison intérieure une réelle compassion et le désir sincère de soulager et libérer les esprits, il attire l’attention sur plusieurs aspects qui méritent d’être pris en considération, notamment la nécessité, pour parler correctement de guérison, de « saisir la notion de salut dans toute son ampleur et dans la diversité de ses aspects ». Il insiste aussi sur l’importance d’être attentif « aux contrastes néotestamentaires ancien/nouveau, passé/présent », on pourrait dire à la question du déjà et du pas encore dans l’expérience chrétienne.
Des enquêtes impartiales ?
Sur le versant plus psychologique de la question, les auteurs qui présentent la démarche théophostique – ce qui vaut aussi pour d’autres méthodes chrétiennes du même type – signalent qu’il n’existe pas à ce jour d’étude statistique fiable permettant d’en évaluer les résultats40. En 2002, Fernando Garzon, à l’époque professeur assistant à la faculté de Regent College de Vancouver, estime le moment venu d’entreprendre une telle étude41. En 2005, il publie les résultats d’une enquête préliminaire auprès de praticiens de la démarche théophostique42. Elle porte sur les 148 participants à une session de niveau avancé. Les appréciations portées sur la méthode par Garzon sont d’une neutralité si bienveillante qu’elle lui attire les reproches de la journaliste Jan Fletcher, qui doute de son impartialité43. Dans la préface d’une nouvelle enquête publiée en 2008 sous sa direction44, Garzon prend soin de préciser en avant-propos que les professionnels et non-professionnels qui ont réalisé l’enquête sous sa direction ne sont pas affiliés à l’entreprise sur laquelle porte l’étude ou à son fondateur Ed. Smith (p. ix). L’avant-propos se termine cependant par une mise en garde à l’adresse de ceux qui penseraient pouvoir s’engager dans la démarche sans avoir suivi la formation complète appropriée, avec adresse du site web correspondant. L’ouvrage examine les cas de 16 patients ayant bénéficié du « traitement ».
Les nuances et recentrages internes
En plus des critiques et appréciations d’observateurs externes, les mises au point, les nuances, voire les recentrages opérés par certains promoteurs de la démarche offrent un aperçu significatif des problèmes éventuels liés à la méthode.
L’un des tout premiers pratiquants de la prière de guérison intérieure, John Loren Sandford, collaborateur direct de la fondatrice Agnes Sanford, publie en 2008 une ultime édition révisée de son manuel sur la délivrance et la guérison intérieure45. A la lecture de l’ouvrage, on perçoit clairement son souci, après un demi-siècle de pratique, de prévenir les excès et de recentrer la pratique sur la sanctification plus que le bien-être personnel :
Certains ont considéré la guérison intérieure comme la guérison de blessures émotionnelles, la guérison des souvenirs ou la guérison des cœurs brisés. Aucune de ces conceptions n’est adéquate. La question n’est pas seulement de réconforter ou de guérir une blessure émotionnelle […]. Il s’agit surtout d’évangéliser, de sanctifier, de transformer le caractère à l’image de notre Seigneur Jésus-Christ46.
Il marque ainsi sa distance par rapport aux expressions courantes de guérison des souvenirs et même de guérison intérieure :
Guérison intérieure est une expression inappropriée. Le mot guérison suggère que l’on répare quelque chose, alors que Dieu n’a aucune intention de « réparer » notre âme. Ce serait mettre une nouvelle pièce sur un vieux vêtement ; Dieu n’a qu’une seule réponse pour le péché : la mort47.
Cette déclaration si abrupte correspond à son effort pour formuler le processus de « guérison intérieure » dans les termes bibliques de la sanctification : faire mourir le péché pour que s’opère le processus de transformation. Face aux traumatismes du passé, on se focalise naturellement sur le mal subi. Sans nier la réalité et la nocivité de ce mal subi, Sandford veut attirer davantage l’attention sur notre réaction au mal subi, réaction dont nous sommes responsables. Il intègre ainsi dans son processus de « guérison », ou plutôt de sanctification, le schéma de la repentance et du pardon. Mais on peut se demander alors si son effort ardu pour faire entrer la guérison des souvenirs traumatisants dans le moule biblique de la sanctification ne résulte pas de l’importance démesurée qu’il a donnée à cette démarche par rapport à l’ensemble du dispositif biblique. Et si ce n’était qu’un simple à-côté ?
Siang-Yang Tan, professeur à Fuller48, a développé un modèle de prière de guérison intérieure en sept étapes. Il précise que cette démarche ne devrait pas être entreprise de manière isolée, mais intégrée à une prise en charge thérapeutique et/ou pastorale globale. Il se défend de proposer au patient un scénario prédéfini, l’invitant notamment à visualiser certaines images de Jésus. Il l’invite à s’attendre au Seigneur, quelle que soit la manière dont l’Esprit le conduira (p. 345). Mais dans l’exemple de consultation qu’il décrit (p. 346-350), la patiente qui revit l’événement qui l’a traumatisée ressent ensuite la présence apaisante de Jésus, ce qui correspond au schéma classique. Tan recommande cependant de ne pas forcer une personne à revivre des souvenirs douloureux lorsque cela la trouble trop (p. 349). Il prévoit aussi que certaines personnes n’expérimentent aucune guérison significative après une séance de prière pour la guérison d’un souvenir. Il invite à les rassurer en évoquant la réponse reçue par Paul qui n’a pas obtenu la délivrance demandée : « Ma grâce te suffit. » (2Co 12.9) Il conclut :
La prière de guérison intérieure n’est pas une panacée pour tous les souvenirs douloureux et les problèmes qui y sont associés, mais elle peut être une intervention spirituelle potentiellement utile dans le cadre d’une thérapie chrétienne incluant des éléments de thérapie cognitive comportementale. (P. 439)
Conclusions ?
Il serait prématuré et prétentieux d’imaginer pouvoir conclure un article dans lequel on n’a fait que présenter brièvement une pratique et certaines critiques ou questions qu’elle a suscitées. L’objectif principal – et, nous l’espérons, son mérite – est d’offrir au lecteur la documentation nécessaire pour approfondir sa propre recherche et éclairer ainsi son jugement. La conclusion de tout écrit n’est-elle pas en fin de compte celle qu’en tire le lecteur ? N’en déplaise à l’auteur. On se permettra toutefois des remarques plus personnelles pour prolonger le dialogue avec le lecteur et chercher à l’accompagner encore un peu dans sa recherche.
Les recherches entreprises pour rédiger cet article me suggèrent de reprendre l’exemple de Joseph49 pour en tirer encore quelque enseignement. Face au traumatisme que Joseph a subi, jeté par ses frères dans une citerne, vendu par eux à une caravane de marchands d’exclaves, malgré ses supplications (Gn 42.21), Dieu paraît nettement avoir d’abord choisi la thérapie de l’oubli plutôt que celle du souvenir. La réussite de Joseph aussi bien que la nouvelle injustice dont il est victime lorsqu’il se trouve faussement accusé par la femme de son maître concourent l’une et l’autre à lui faire oublier, ou tout au moins relativiser, le malheur initial qui l’a conduit en Egypte. La réussite, en lui faisant oublier cette condition d’esclave à laquelle la haine de ses frères l’avait réduit, la nouvelle injustice, en lui donnant un nouveau sujet de déception et de souffrance qui le met à distance du premier. Un peu plus tard, lorsque Joseph, sorti de prison, connaît une réussite encore plus éclatante en devenant gouverneur de toute l’Egypte, c’est la conclusion qu’il tire de son parcours, de la manière la plus solennelle, en la pérennisant dans le nom de son premier fils, Manassé, celui qui fait oublier : « Dieu m’a fait oublier toute ma peine et toute la famille de mon père. » (Gn 41.51) Il s’agit certes de la déclaration d’un personnage du récit, qui peut éventuellement se tromper dans l’interprétation qu’il donne de l’action de Dieu en sa faveur et qui ignore quel avenir Dieu lui réserve : il va bientôt retrouver ses frères et son père qu’il estime avoir oubliés. Mais on doit cependant concéder que cette interprétation semble bien correspondre à la façon dont Dieu a guidé sa vie : thérapie de l’oubli plutôt que du souvenir. Cet oubli évidemment n’est pas l’effacement de la mémoire, c’est une façon forte de parler de l’apaisement par rapport au passé traumatisant.
Mais les frères vont revenir, et avec eux le souvenir traumatisant… pour que Joseph puisse en guérir ? Les indices que donne le récit ne vont pas dans ce sens. Lorsque Joseph voit arriver ses frères et les reconnaît, le souvenir que le narrateur prend soin de relever n’est pas celui de l’événement traumatisant, mais celui des rêves où il voyait sa famille se prosterner devant lui : « Alors il se souvint des rêves qu’il avait eus à leur sujet. » (Gn 42.9) Il est évidemment inimaginable que Joseph ait oublié ce que ses frères lui avaient fait subir et, dans le traitement qu’il leur réserve, on sent bien, au minimum, la volonté de les tester et peut-être même celle de leur faire payer, ou au moins sentir, le mal qu’ils lui ont fait. Mais l’auteur du récit ne nous renseigne pas sur les intentions de Joseph et s’il nous décrit des personnes traumatisées par le passé, ce sont les frères de Joseph, non pas celui qui a subi le mal, mais ceux qui l’ont commis (Gn 42.21-22). Tellement traumatisés que la situation dans laquelle ils se trouvent empêtrés fait ressurgir pour eux le souvenir de la vente de leur frère. Alors même qu’il n’y a pour eux aucun rapport perceptible entre ce passé douloureux et leurs ennuis présents, puisque Joseph ne leur a pas encore révélé son identité. Il attendra encore pour le faire, même s’il est ému aux larmes en entendant ses frères s’accuser de l’avoir vendu.
Thérapie de l’oubli plus que du souvenir, souvenir plus traumatisant pour les auteurs du mal que pour leur victime, le récit, par ses aspects atypiques et déroutants, par rapport au schéma envisagé dans cet article, nous suggère, non pas de proposer un schéma alternatif à celui de la guérison des souvenirs ; ce n’est qu’un exemple particulier. Il nous invite certainement à approcher la question des souvenirs traumatisants et de l’action divine dans la vie de ceux qui en souffrent, de manière plus ouverte, en faisant davantage confiance à la sagesse infiniment variée que Dieu met en œuvre, avec notre concours et sans notre concours, pour accomplir sa bonne volonté et répondre à la détresse de ses enfants.
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Cf. Fernando L. Garzon, “Inner Healing Prayer in ‘Spirit-Filled’ Christianity”, in Roy Moodley et William West (sous dir.), Integrating Traditional Healing Practices into Counseling and Psychotherapy, Thousand Oaks, Sage, 2005, p. 150.↩︎
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Pour la première partie, voir l’article précédent de Paul Millemann, « La guérison des souvenirs, mythe ou réalité ? Un point de vue de psychologue et théologien ».↩︎
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Cf. Fernando L. Garzon, ibid. ; Siang-Yang Tran, Counseling and Psychotherapy. A Christian Perspective, Grand Rapids, Baker Academic, 2011, p. 348 ; William L. De Arteaga, Agnes Sanford and Her Companions : The Assault on Cessationism and the Coming of the Charismatic Renewal, Eugene, Wipf and Stock, 2015.↩︎
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Sans lien de parenté avec la précédente. L’orthographe de leurs noms n’est d’ailleurs pas identique. Ne pas confondre avec John Sandford, pseudonyme d’un auteur américain, plus connu du public.↩︎
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Matthew Linn, Dennis Linn, Sheila Fabricant, Healing the Greatest Hurt, New York, Paulist Press, 1985, p. 18. L’ouvrage n’a pas été traduit en français.↩︎
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Ibid.↩︎
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Nelly Astelli Hidalgo, Le fruit de tes entrailles. La guérison des blessures reçues dans le sein maternel, Paris, Ed. Saint-Paul, 1993.↩︎
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Leanne Payne, Vivre la présence de Dieu, Le Mont-Pèlerin, Raphaël, 2005. Première édition française en 1990, première édition en anglais en 1989. Cf. son étude sur C.S. Lewis : Real Presence : The Christian Worldview of C.S. Lewis as Incarnational Reality, Westchester, Crossway, 1988.↩︎
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Edward M. Smith, Healing Life’s Hurts Through Theophostic Prayer, Campbellville, New Creation publ., 2005. 1re éd. en 2002.↩︎
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En anglais CIHP : Christian Inner Healing Prayer.↩︎
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Fernando Garzon, Lori Burkett, “Healing of Memories : Models, Research, Future Directions”, Journal of Psychology and Christianity 21, 2002, p. 42.↩︎
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Roger Hurding, “Pathways to Wholeness : Christian Journeying in a Postmodern Age”, Journal of Psychology and Christianity, 14, 1995, p. 297.↩︎
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Dans le texte : journey back.↩︎
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Dans le texte : to minister.↩︎
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La définition est notamment reprise par Tan, op. cit., p. 345.↩︎
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Agnes Sanford, The Healing Light, St Paul, Macalister Park, 1947 ; La lumière qui guérit, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1955.↩︎
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David Seamands, Le développement personnel, Mazerolles, Empreinte, 1989 ; La guérison des souvenirs : Approche pratique, Mazerolles, Empreinte, 1990 ; Guérison des blessures émotionnelles : Se rétablir d’un passé qui nous fait souffrir, Marne-la-Vallée, Farel, 1996 ; Guide de guérison des blessures émotionnelles : Se rétablir d’un passé qui nous fait souffrir, Marne-la-Vallée, Farel, 2006.↩︎
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Dennis Linn et Matthew Linn, La guérison des souvenirs : Les étapes du pardon, Paris, Desclée De Brouwer, 1987, 2003 ; Matthew Linn, Dennis Linn, Sheila Fabricant, La pratique de la guérison des souvenirs, Paris, Desclée de Brouwer, 1990 ; Matthew Linn, Sheila Fabricant, Dennis Linn, Le développement de l’homme en huit étapes. Guérison des souvenirs, Paris, Desclée de Brouwer, 1992.↩︎
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La guérison qui vient du Christ, Saint Benoit-du-Sault, Editions Bénédictines, 2010. L’autre ouvrage, publié deux ans plus tôt, traite de l’autre aspect de l’activité de McNutt, la délivrance : La délivrance pour aujourd’hui. Guide pratique, Saint-Benoît-du Sault, Editions Bénédictines, 2008.↩︎
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Nelly Astelli Hidalgo, Sauver ce qui était perdu, Paris, Ed. Saint-Paul, 1992 ; Le fruit de tes entrailles. La guérison des blessures reçues dans le sein maternel, Paris, Ed. Saint-Paul, 1993.↩︎
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Leanne Payne, Vivre la présence de Dieu, Le Mont-Pèlerin, 1990 ; David M. Allen, Libérés de nos blessures, Romanel-sur-Lausanne, La Maison de la Bible, 2008. Un autre titre de Leanne Payne a été aussi traduit : L’image brisée : Surmonter la crise d’identité, Kehl, Trobisch, 1989.↩︎
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https://elijahhouse.org/ (consulté le 10/07/2018).↩︎
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https://www.christianhealingmin.org/index.php (consulté 10/07/2018).↩︎
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Père dominicain, ordonné en 1956, il épouse en 1980 Judith Sewell. La dispense ecclésiastique lui est accordée en 1993 pour valider son mariage. En 2008, il désigne son épouse Judith pour lui succéder à la présidence de Christian Healing Ministries.↩︎
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http://www.theophostic.com/ (consulté 11/07/2018).↩︎
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http://www.transformationprayer.org/ (consulté 11/07/2018).↩︎
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http://ministriesofpastoralcare.com/ (consulté 11/07/2018).↩︎
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http://ministriesofpastoralcare.com/schools/ (consulté 11/07/2018).↩︎
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https://www.bahamaslocal.com/showlisting/13196/The_Renascence_Institute_International.html (consulté 24/07/2018).↩︎
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Bahamian Ikon Award. Cf. https://www.templetonworldcharity.org/projects/family-people-helping-people (consulté 25/07/2018).↩︎
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Matthew Linn, Dennis Linn, Healing of Memories, New York, Paulist Press, 1984, 1re éd. 1974.↩︎
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David Seamands, Healing for Damaged Emotions, Colorado Springs, David Cook, 2015, 1re éd. 1981. Trad. française en 1996, Guérison des blessures émotionnelles.↩︎
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Dans l’ordre des termes cités :
– Jane Gumprecht, Abusing Memory : The Healing Theology of Agnes Sanford, Moscow, Canon Press, 1997 ;
– Dave Hunt et Thomas McMahon, The Seduction of Christianity : Spiritual Discernment in the Last Days, Eugene, Harvest House, 1985 ;
– Martin Bobgan et Deidre Bobgan, Theophostic Counseling : Divine Revelation or Psychoheresy, Santa Barbara, EastGate, 1999 ;
– Jan Fletcher, Lying Spirits : A Christian Journalist’s Report on Theophostic Ministry, Columbia, Jan Fletcher, 2005.↩︎ -
Martin et Deidre Bobgan se présentent comme ex-psychologists, sans autre précision. Martin Bobgan a débuté sa carrière comme psychologue scolaire, cf. David Powlison, The Biblical Counseling Movement : History and Context, Greensboro, New Growth Press, 2010, p. 217.↩︎
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Il a exercé un service chrétien par la radio et la publication d’ouvrages sur divers sujets.↩︎
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Cf. notamment les travaux d’Elizabeth Loftus : Elizabeth Loftus et Katherine Ketcham, The Myth of Repressed Memory : False Memories and Allegations of Sexual Abuse, New York, St Martin’s Press, 1994.↩︎
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Op. cit., p. 10.↩︎
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Philip Monroe et Bryan Maier, tous deux professeurs de counseling et psychologie, l’un au Biblical Seminary de Hartfeld en Pennsylvanie, l’autre à Trinity (il a rejoint depuis 2006 son collègue à Hartfeld) : “A Theological Analysis of Theophostic Ministry”, Trinity Journal, 24/2, 2003, p. 169-188.↩︎
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Samuel Bénétreau, « La guérison intérieure : données et principes néotestamentaires », Fac Réflexion 12, 1989, p. 8-17.↩︎
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Cf. Siang-Yang Tan, “Lay Christian Counseling for General Psychological Problems”, in s. dir. Everett L. Worthington Jr. et al., Evidence-Based Practices for Christian Counseling and Psychotherapy, Downers Grove, IVP Academic, 2013, p. 46.↩︎
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Fernando Garzon et Lori Burkett, “Healing of Memories : Models, Research, Future Directions”, Journal of Psychology and Christianity 21/3, 2002, p. 42-49 : “Though no research to date has been done specifically on HM interventions, the time is right for such research to begin.” P. 48. HM = Healing of Memories, guérison des souvenirs.↩︎
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Fernando Garzon et Margaret Poloma, “Theophostic Ministry : Preliminary Practitioner Survey”, Pastoral Theology 33/5, 2005, p. 387-396.↩︎
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Jan Fletcher, op. cit., p. 67-68. Elle soupçonne les évaluations de la méthode théophostique réalisées par l’unité de recherche hébergée par Regent College d’avoir pour objectif le remboursement par les assurances de santé des frais engagés par les personnes recourant à la méthode.↩︎
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Fernando Garzon, s. dir., Pursuing Peace. Case Studies Exploring the Effectiveness of Theophostic Prayer Ministry, Xulon Press, 2008.↩︎
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John Loren Sandford and Mark Sandford, Deliverance and Inner Healing, Grand Rapids, Chosen Books, 2008. Edition antérieure en 1992.↩︎
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Ibid., p. 55, notre traduction.↩︎
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Ibid., notre traduction.↩︎
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Professeur de psychologie dans le programme de doctorat de la School of Psychology de Fuller Theological Seminary. Nous nous référons ici aux pages qu’il consacre à la prière de guérison intérieure dans son manuel : Counseling and Psychotherapy, A Christian Perspective, Grand Rapids, Baker Academic, 2011, p. 345 et suivantes.↩︎
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Cf. Emile Nicole, « Joseph thérapeute malgré lui », Fac Réflexion 12, 1989, p. 18-23.↩︎