LA MÉTHODE CAMEL, UN PONT CORANIQUE QUI VA TROP LOIN

LA MÉTHODE CAMEL,
UN PONT CORANIQUE
QUI VA TROP LOIN

John SPAN1

Chassons pour toujours de nos pensées l’idée courante selon laquelle la théologie naturelle, la persuasion morale, les arguments logiques ou même une présentation de la vérité de l’Évangile sont suffisants par eux-mêmes pour détourner un pécheur de ses péchés, une fois qu’il y a été exposé. C’est une grande illusion. Ils n’ont pas ce pouvoir. Le cœur de l’homme est bien plus dur que nous ne l’imaginons – le « vieil Adam » est bien plus fort que nous ne le supposons. Tout comme les bateaux qui s’échouent à marée descendante ne bougeront plus jusqu’au retour de la marée, le cœur de l’homme ne se tournera jamais vers le Christ dans la repentance et la foi à moins que le Saint-Esprit ne descende sur lui. Tant que cela ne s’est pas produit, notre nature intérieure est comme la terre avant que Dieu n’y mette de l’ordre : « informe et vide ; il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme » (Gn 1.2)2.

Dans notre village planétaire en constante évolution, l’Église a de plus en plus de contacts avec les musulmans et l’islam, principalement en raison de l’immigration. Les chrétiens sont plus conscients que jamais de la nécessité d’évangéliser leurs voisins musulmans. En même temps, les voix du pluralisme, de l’inclusivisme, du sécularisme et de la tolérance dans de nombreuses sociétés occidentales ajoutent un défi à la tâche de l’évangélisation. Dans un tel contexte, de nombreux chrétiens estiment, à tort ou à raison, que l’Église n’a pas fait ce qu’il fallait pour atteindre les musulmans. On s’efforce donc de trouver des méthodes meilleures et plus efficaces.

Dans cet article, nous examinons une de ces méthodes. Celle-ci a été décrite comme « très efficace et bibliquement justifiée » et « une des actions les plus extraordinaires du Saint-Esprit parmi les musulmans jamais rapportée »3. Elle s’appelle la méthode Camel et affirme qu’avec la bonne « paire de lunettes » on peut trouver la doctrine chrétienne dans le Coran. L’histoire de cette méthode, plusieurs de ses propositions et son présupposé de base seront examinés et critiqués. Ce présupposé de base est que l’homme naturel ou non régénéré peut, « par un bon usage de la raison et des preuves dont il dispose », sans l’aide de la révélation spéciale, parvenir à la vérité chrétienne4. C’est, selon nous, construire un « pont coranique qui va trop loin ». Nous conclurons cet article par des recommandations positives, indiquant comment le Coran pourrait être utilisé dans l’évangélisation par les chrétiens renouvelés par la pensée du Christ.

I. Arrière-plan de la méthode Camel

La méthode Camel est une méthode d’évangélisation des musulmans dont le nom est composé des initiales de mots clés apparaissant dans la version anglaise des versets 42-55 de la sourate 3 (C pour chosen ; A pour angels ; M pour miracles ; EL pour eternal life)5. Un des premiers manuels de formation décrit cette méthode de la manière suivante : « Au cœur de ce manuel de formation se trouve une version simplifiée de la méthode utilisant le Coran comme pont. Cette version simplifiée est appelée la méthode Camel. »6

Ailleurs, on lit que la « méthode Camel est une méthode simple qui se sert d’un passage particulier du Coran pour présenter aux musulmans des vérités importantes au sujet de Jésus » et que c’est une façon d’« utiliser les propres textes des musulmans pour leur présenter Jésus le Messie »7.

Développée au Bangladesh à la fin des années 1990 et au début des années 2000, la méthode s’appuie sur des tentatives antérieures visant à se servir d’interprétations chrétiennes du Coran pour soutenir la vérité biblique. Parmi les auteurs les plus connus ayant contribué à cette dynamique figurent Paul d’Antioche, l’évêque melkite de Sidon au xiie siècle, Nicolas de Cuse (mort en 1464) et, plus récemment, Kenneth Cragg, Guilio Basetti-Sani, Fouad Accad et Abdul Haqq au xxe siècle. Tous partagent la conviction qu’il y a une vérité chrétienne « latente » dans le Coran et que celui-ci, s’il est lu correctement, peut être un pont, un tremplin ou une source de vérités bibliques.

Par exemple, un texte de Fouad Accad, Building Bridges (1997), figure dans la bibliographie de l’édition 2010 de la méthode Camel. Il y déclare : « Aucun musulman sincère et éclairé ne peut nier ce que le Coran affirme au sujet des caractéristiques du Christ. »8 La méthode Camel dit, de façon très similaire, presque parallèle : « À partir du texte du Coran, il verra qu’Issa est bien plus qu’un prophète. Aucun musulman ne peut nier la manière dont la sourate Al-Imran (3:42-55) parle des attributs divins d’Issa. »9 Les deux estiment, comme nous l’avons observé, que le Coran contient des « preuves » apologétiques valides de la divinité du Christ10.

Kevin Greeson, le fondateur de la méthode, affirme qu’elle a été conçue plus ou moins spontanément en observant les activités des implanteurs d’Églises bangladais d’arrière-plan musulman11. Dans leur mouvement d’implantation d’Églises (CPM), qui a commencé vers 1998, Greeson a constaté qu’il y avait un nombre important de convertis. Il a alors noté comment ces gens abordaient leur « oncle musulman Abdullah » et en a fait un manuel de formation12. Le nom « Camel » a été adopté, Greeson ayant entendu dire qu’il était courant de croire chez les musulmans que seul un chameau connaissait le mystère du 100e nom d’Allah13. Après avoir été affinée, imprimée, mise en ligne et traduite en de nombreuses langues, la méthode s’est répandue à travers le monde14. Parmi les ressources importantes qui apportent un éclairage sur cette méthode figurent la déclaration de Greeson sur la contextualisation dans un article intitulé « Fishing With Food that the Fish Like », ainsi que ses propos sur l’islam dans deux traités intitulés « The CAMEL Tracks » et « Ruhallah »15. Il y présente une approche centrée sur le récepteur, qui considère que le christianisme accomplit plus ou moins l’islam.

Une autre ressource sur laquelle les défenseurs de la méthode Camel s’appuient est un livre publié au Bangladesh en 2004. Son titre donne déjà des indications sur la façon dont l’auteur voit le Coran : The Way to Heaven through the Light of the Qurʾan16. Ce livre, écrit par Shamiron Baroi, dit essentiellement que la divinité de Jésus peut être prouvée à partir du Coran et que celui-ci contient « lumière » et « direction » pour trouver la voie du salut.

II. La méthode Camel dans la pratique

David Garrison présente la mise en pratique de la méthode Camel dans son livre Wind in the House of Islam. Il raconte l’histoire d’Hamid, baptisant trente-six personnes « qui avaient toutes été convaincues à partir du Coran qu’Issa était le seul chemin de salut »17. Hamid lui-même avait décrit ses méthodes à Garrison, qui les a approuvées et reprises : « Tout d’abord, nous leur montrons à partir du Coran qu’Issa al-Masih est le Sauveur et nous les baptisons. Ensuite, nous leur donnons la Bible et les formons. »

Un peu plus loin, Garrison cite encore Hamid : « Maintenant nous avons beaucoup d’Isai mawlanas [responsables religieux islamiques qui suivent Jésus] qui peuvent utiliser le Coran pour amener d’autres musulmans à la foi en Issa, puis utiliser l’Injil [l’Évangile] pour en faire des disciples. »18

Ce récit soulève un certain nombre d’interrogations théologiques :

  • Le Coran peut-il fournir une alternative à la révélation biblique pour présenter le caractère unique du Christ ?

  • Peut-on être convaincu à partir de preuves tirées du Coran que le Jésus musulman (Issa) est la voie du salut ?

  • Le Jésus musulman est-il mis sur un même pied d’égalité que le Jésus biblique, dont le nom signifie « il sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1.21) ?

  • Le terme musulman pour « messie » a-t-il quelque chose à voir avec le sens biblique du mot ?

  • Le terme Injil a-t-il le même sens pour les musulmans et les chrétiens ?

  • Comment la foi est-elle définie ? En quoi consiste-t-elle ?

  • Un responsable religieux musulman peut-il être un évangéliste et faire des disciples ?

  • Peut-on baptiser quelqu’un à partir de sa seule connaissance du Jésus musulman ?

  • Est-il sage de baptiser quelqu’un avant qu’il n’ait pris connaissance de la tradition chrétienne, du contenu de la Bible et de la signification de la foi chrétienne ?

  • Est-il biblique de baptiser rapidement quelqu’un à partir de versets coraniques et de ne le former que dans un deuxième temps à partir de la Bible ?

Pour répondre plus précisément à ces questions, nous devons examiner plus profondément la méthode Camel19.

III. Les quatre propositions de la méthode Camel

Nous avons examiné toutes les ressources vidéo, audio et écrites relatives à la méthode Camel. Nous avons également correspondu avec les fondateurs, partisans et critiques de la méthode. Les données laissent apparaître quatre propositions récurrentes, qui reposent sur une présupposition principale.

1. Le christianisme est l’accomplissement de l’islam

Kevin Greeson, dans son traité intitulé « Ruhallah », qualifie certains chrétiens de « musulmans pakka »20. En urdu, le mot pakka désigne quelque chose de la plus haute qualité, d’authentique ou de complet. Ainsi, dans la littérature de l’Insider Movement, qui a également trouvé ses premières expressions au Bangladesh, il est souvent question de « musulmans accomplis », « musulmans messianiques » et « musulmans en Christ ». Toutes ces expressions décrivent des gens qui pourraient être comparés à de jeunes plants musulmans qui ont désormais atteint leur pleine maturité. Cela ressemble beaucoup à la théologie de l’accomplissement qui était très populaire en Inde britannique, entre 1850 et 1920. Celle-ci considérait que le Christ était l’accomplissement ou la « couronne » de l’hindouisme ou du bouddhisme21.

2. Le Coran est un point de départ valable pour construire un pont qui amène à l’Évangile

Bien que Greeson dise, à un endroit, qu’on ne peut pas prouver la divinité de Jésus à partir du Coran, il affirme, à un autre endroit, son utilité pour prouver les « attributs divins » du Jésus islamique. L’idée sous-jacente de Camel est que le Coran sert de fondement à la construction d’un pont qui amène à la Bible. Greeson déclare que la majorité des mouvements d’implantation d’Églises avec lesquels il collabore a recours à cette approche, et Garrison la soutient également.

3. Le Coran contient réellement une Vérité, une lumière, et complète la Bible

Baroi se sert souvent de l’image de la « lumière » dans le Coran. Lors d’un séminaire, Greeson a dit qu’une convertie qu’il connaissait avait « commencé avec seulement la petite lumière qui se trouve dans le Coran, et que celle-ci l’avait conduite jusqu’à la grande lumière de la Bible »22. Les partisans de la méthode Camel mettent fréquemment une majuscule au mot vérité lorsqu’ils parlent de la vérité telle qu’on la trouve dans le Coran, suggérant que celle-ci a en quelque sorte le statut de vérité finale, comme lorsque Jésus dit : « Je suis la Vérité. » Sans se soucier de l’idée islamique selon laquelle la « lumière de Mahomet » a éclipsé toutes les autres lumières, la littérature Camel parle de la « lumière du Coran » comme d’un signe céleste. De plus, Greeson, dans son traité intitulé « CAMEL Tracks », dit que le « musulman pakka lit tous les livres saints », ce qui signifie que ce musulman « accompli » lit le Coran, la Torah, le Zabur et l’Injil23. Dans une illustration des publications Camel, ces quatre livres sont représentés par les quatre roues d’une voiture. Greeson laisse entendre, volontairement ou non, que le Coran a la même autorité en tant que révélation que les trois autres textes bibliques.

4. Une bonne interprétation de certains passages coraniques convaincra les musulmans de la véracité de la doctrine chrétienne

Dans les publications Camel, depuis 2003 jusqu’à aujourd’hui, on trouve l’affirmation que le Jésus islamique, qui est assimilé au Jésus biblique, est « saint, puissant et connaît le chemin du ciel »24. Ces textes apologétiques s’appuient largement sur la sourate 3:42-55. Dans un document développé en 2015, Greeson dit la chose suivante à partir du verset 45 : « Allah appelle Issa (Jésus) Issa Massih », et il ajoute que cette description coranique du Jésus musulman signifie « le salut promis »25. Il attribue donc des caractéristiques bibliques au Jésus musulman.

Le message général de ces quatre propositions sur l’utilité du Coran et sa capacité d’illumination spirituelle est illustré par un document Camel disponible aujourd’hui en de nombreuses langues :

J’ai lu la sourate Al-Imran 3:42-55 plus de cent fois. Chaque fois, j’éprouve la même joie que lorsque pour la première fois j’ai découvert la Vérité26 dans ce passage […] Chaque jour, les yeux de centaines de nos frères musulmans sont ouverts par Allah lorsqu’ils lisent la sourate Al-Imran 3:42-55 […] Alors comprenez-vous pourquoi j’aime lire le Coran ?27

IV. Le présupposé naturaliste de la méthode Camel

La méthode repose sur le présupposé selon lequel l’homme naturel (psuchikos en grec), non régénéré, peut parvenir à la vérité chrétienne « par un usage correct de la raison et des preuves » et sans avoir besoin de la révélation spéciale, ni de la régénération, ni de l’illumination du Saint-Esprit28. Cela est contraire à l’enseignement biblique selon lequel « l’homme naturel n’accueille pas ce qui relève de l’Esprit de Dieu, car c’est une folie pour lui ; il ne peut pas connaître cela, parce que c’est spirituellement qu’on en juge » (1Co 2.14). Alors que ce passage parle de l’incapacité et de la réticence de celui qui n’est pas en Christ à saisir la vérité communiquée par le Saint-Esprit, la méthode Camel souligne au contraire sa capacité et sa bonne volonté. C’est-à-dire qu’il peut se laisser convaincre par des preuves logiques, comme celle qui consiste à dire que si le Jésus islamique peut souffler sur un oiseau d’argile et lui donner vie (3:49), cela prouve qu’il est le Créateur, et donc Dieu. « Aucun musulman ne peut nier » cet argument indiscutable concernant la divinité de Jésus.

De plus, le fait que la source de ces preuves ne soit pas la Bible mais le Coran implique que l’évangéliste « qui parle de façon éloquente par le Coran » – pour reprendre en la déformant l’expression de la Confession de foi de Westminster (1.10), à savoir « le Saint-Esprit parlant par l’Écriture » – peut illuminer le cœur de pierre de l’auditeur musulman qu’il a en face de lui.

Il semblerait que Camel, attribuant une autorité déterminante à la raison autonome et à la « lumière naturelle », se situe dans une ligne plus thomiste et arminienne qu’il n’apparaît au premier abord. Peut-être un bon antidote contre Camel serait de voir « l’obscurité de la lumière naturelle », pour reprendre l’expression de David Palin, que les auteurs des Canons de Dordrecht ont également soulignée :

Mais tant s’en faut que, par cette lumière naturelle, [l’homme] puisse parvenir à la connaissance salutaire de Dieu, et se convertir à lui, puisqu’il n’en use même pas droitement dans les choses naturelles et civiles, mais plutôt, telle qu’elle est, il la souille de diverses manières et la maintient dans l’injustice : ce que faisant, il est rendu inexcusable devant Dieu29.

Les auteurs des Canons attribuent au Saint-Esprit la puissance qui fait défaut à la raison autonome :

Ce que ne peuvent donc faire ni la lumière naturelle ni la Loi, Dieu l’effectue par la vertu du Saint-Esprit, par le moyen de la Parole ou du ministère de la réconciliation, c’est-à-dire l’Évangile concernant le Messie, par lequel il a plu à Dieu de sauver les croyants aussi bien sous l’Ancien que sous le Nouveau Testament30.

En résumé, la méthode Camel attribue à l’homme naturel la capacité de saisir les choses spirituelles à partir d’un livre qui a des origines entièrement naturelles, puisque transmis par un homme naturel, Mahomet.

V. Critique des quatre propositions de Camel

En affirmant que le christianisme est en quelque sorte l’accomplissement de l’islam, la méthode Camel construit un pont du Coran jusqu’à la Bible et juge le fondement islamique de ce pont utile et légitime. Toutefois, un théologien comme Cornelius Van Til ne serait pas d’accord. Ce dernier déclare que construire une maison à deux niveaux sur un fondement non chrétien est douteux, sachant que les présuppositions de la vision non chrétienne du monde produiront une structure instable. Il observe que

si l’homme naturel est autorisé à dessiner le plan de sol d’une maison et à construire le rez-de-chaussée conformément à son propre plan, le chrétien [qu’il est devenu] ne pourra éviter d’être contrôlé dans une large mesure par le même plan lorsqu’il voudra entreprendre la construction du premier étage31.

Un ancien musulman, interrogé sur la méthode Camel et l’idée de pont coranique, a également parlé de ce fondement syncrétique, nécessairement instable comme le mélange du fer et de l’argile :

Dans le numéro de danse associant les affirmations coraniques et la Bible, l’islam est autorisé à démarrer le processus, au nom de la contextualisation. Il contrôle donc le rythme du dialogue. Une structure de pensée subtile mais dialectique apparaît qui met le Coran sur un pied d’égalité avec la Bible, même si cela est censé être temporaire. Il en résulte souvent une lecture tronquée et syncrétiste de la Bible à travers le prisme des affirmations coraniques. La vérité biblique se retrouve mêlée à des erreurs culturelles. Prendre les vérités bibliques, les mettre dans un cadre de référence islamique et utiliser la syntaxe théologique coranique pour communiquer l’Évangile, c’est aller trop loin32.

En faisant une lecture chrétienne du Coran, la méthode Camel néglige le principe du sola scriptura, selon lequel la Bible est la seule parole inspirée de Dieu, qui trouve sa pleine expression en Jésus-Christ (Hé 1.2).

En deuxième lieu, la méthode implique que l’on peut trouver l’histoire de la rédemption en partie en dehors de la Bible et que des textes sacrés non bibliques, comme le Coran, peuvent lui rendre témoignage. Elle met donc les textes islamiques dans la catégorie de la révélation spéciale. Elle part du principe qu’une explication claire et humainement autonome du Coran peut inverser les effets noétiques du péché et que l’être humain non régénéré peut, d’une certaine manière, saisir les choses de l’Esprit.

En troisième lieu, la méthode implique que l’antithèse dont parle Genèse 3.15 entre la descendance de la femme et celle du serpent peut être atténuée ou entièrement éliminée quand le Coran est lu de manière sélective pour montrer le chemin du salut.

En quatrième lieu, la méthode considère qu’on peut sélectionner de petites vérités isolées au sein d’une vision du monde qui nie le Christ, et s’appuyer sur celles-ci pour confesser le Christ.

Enfin, elle prétend se situer au-dessus de toute l’histoire de l’interprétation coranique du Coran. Elle écarte les déclarations islamiques qui nient catégoriquement que l’on puisse trouver la divinité du Christ dans des versets comme 3:49. Elle ne se soucie pas de ce qu’ont dit des non-musulmans comme Nicolas de Cuse, Guilio Basetti-Sani, Abdul Haqq et Fouad Accad, à savoir que la vision islamique du monde ne soutient pas un Jésus divin.

Il en résulte, dans les nouvelles Églises fondées sur une vision islamique du monde, une confusion qui n’a rien de surprenant. Déjà, dans des régions où le pont coranique a été employé, il y a une confusion d’autorité. « Quel texte a l’autorité finale ? » demandent les croyants. Un Bangladais l’exprime de cette manière : « Ils ressemblent à des gens qui essayent de traverser une rivière en posant les pieds sur deux barques différentes. » Cela nous amène à nous demander comment les chrétiens devraient utiliser le Coran dans l’évangélisation.

VI. Comment utiliser le Coran dans l’évangélisation des musulmans ?

La méthode Camel s’appuie sur le fait que Paul cite des poètes païens à l’Aréopage d’Athènes (Actes 17) pour justifier l’idée de pont coranique. Plus particulièrement, elle compare l’histoire d’Issa qui donne vie à un oiseau de boue, en 3:49, à la façon dont Paul se sert de l’autel athénien à un dieu inconnu. Ce dernier s’est servi de « mots et de symboles qu’ils connaissaient […] pour les orienter vers Jésus le Messie »33. Il y a une part de vérité dans cette assertion, à savoir que Paul a tenté de construire des ponts avec ses auditeurs et qu’il s’est servi de concepts que ceux-ci connaissaient et comprenaient. Il serait toutefois plus exact de dire qu’il les a « cooptés » – pour emprunter une expression de Scott Oliphant – plutôt qu’il ne les a soutenus34. La méthode Camel tient pour digne de confiance ce que dit le Coran au sujet du Jésus islamique et met celui-ci sur un pied d’égalité avec le Jésus biblique.

En outre, l’apôtre Paul s’oppose avant tout à une vision du monde. Afin d’amener « toute pensée captive à l’obéissance au Christ » (2Co 10.5), dans son discours aux Athéniens, il remet en cause les notions erronées suivantes : les dieux ont besoin des humains ; les humains peuvent avoir une relation de type donnant-donnant avec les dieux ; les humains sont la descendance de Zeus et tiennent de ce dernier « la vie, le mouvement et l’être ». Il prend des expressions et concepts connus pour présenter le Jésus ressuscité, monté au ciel et désigné par Dieu pour être le juge du monde. À la lumière de ces principes, examinons plusieurs manières dont les chrétiens ont utilisé le Coran à travers l’histoire.

La miniconsultation du Mouvement de Lausanne sur l’évangélisation des musulmans à Pattaya, en Thaïlande (1980), a identifié cinq manières dont les chrétiens « ayant la même compréhension de l’autorité et de l’inspiration de la Bible » se servaient du Coran35.

  1. Le Coran ne devrait jamais être utilisé dans une discussion avec un musulman, parce que cela implique que nous le tenons pour inspiré, le mettant ainsi au même niveau que la Bible.

  2. Le Coran devrait être étudié, mais seulement pour mieux connaître et comprendre les croyances et la terminologie musulmanes.

  3. Le Coran devrait être utilisé contre lui-même, pour montrer ses contradictions et ses faiblesses.

  4. Le Coran devrait être utilisé comme un point de départ. Par exemple, les nombreux versets qui parlent de Jésus et d’autres personnages bibliques peuvent être comparés à la version biblique des mêmes histoires.

  5. Le Coran peut être utilisé comme une source de vérité. Le fait de reconnaître toutes les vérités que contient le Coran rend le musulman moins méfiant et plus ouvert à la lecture du Nouveau Testament. Puisque le musulman a entendu dire que la Bible avait été falsifiée, c’est un énorme pas en avant pour lui de lire la Bible à côté du Coran. Ce point de vue s’appuie sur l’étude des différentes façons dont les auteurs bibliques se servent des écrits non bibliques – par exemple, la manière dont Jésus utilise les écrits apocryphes de la période intertestamentaire et dont Paul cite les poètes grecs et reprend des termes comme musterion (mystère).

En 1995, une autre rencontre du Mouvement de Lausanne à Nicosie, sur l’île de Chypre, est venue compléter et légèrement affiner ces cinq manières d’aborder le Coran36. Il a été suggéré que les chrétiens avaient besoin d’aider les musulmans à voir ce qui était sous la surface du Coran :

Il y a des « tremplins » dans le Coran qui peuvent conduire les musulmans à Christ, notamment les références à Jésus lui-même. C’est comme un manuscrit dont on a effacé de manière imparfaite le texte biblique pour pouvoir écrire un nouveau texte. Notre vocation est d’aider les musulmans à voir le texte biblique sous le texte du Coran.

Comme nous l’avons observé, la méthode Camel a recours aux approches 4 et 5, telles que décrites par le Mouvement de Lausanne en 1980, et serait d’accord avec les ajustements apportés en 1995. Afin d’analyser les cinq attitudes présentées par Lausanne ainsi que leur apparente affinité avec l’idée que le Coran est une source de vérité, nous devons examiner un certain nombre de données bibliques concernant la révélation et son regard sur les autres religions et leurs textes sacrés.

VII. Données bibliques

1. Le Dieu trinitaire est un Dieu qui parle et se révèle continuellement aux êtres humains (Ps 19 ; Rm 1). Il est normal que les écrits sacrés des diverses religions reflètent cette autorévélation.

2. Bien que les hommes soient capables de saisir des bribes de vérité au moyen de la révélation générale (Rm 1.18-21), en même temps ils tordent ces vérités et les changent en mensonges. Par conséquent, toutes les vérités apparentes dans les religions non chrétiennes sont des vérités déformées. Calvin l’exprime de cette manière : « Cependant la pensée qu’il y a bien une divinité demeure et ne peut pas être évacuée. Mais bonne à son origine, elle s’est tellement corrompue qu’elle ne produit que de mauvais fruits. »37

3. La chute d’Adam et Ève a affecté non seulement leur corps et leur esprit, mais également leurs processus de réflexion. Bien qu’ils aient conservé un « sens de la divinité » (sensus divinitatis en latin) et un sens du paradis perdu, le péché a produit en eux des dispositions rebelles envers Dieu38. Cela signifie que l’intelligence obscurcie a besoin d’un renouvellement radical, et non d’une meilleure présentation de la vérité.

4. L’histoire qui a suivi la chute montre la dégénérescence de la religion, plutôt que ses progrès. Ainsi Israël a été fortement averti de ne pas se rallier à d’autres dieux (Dt 12.30), car « leur rocher n’est pas comme notre Rocher » (Dt 32.31).

5. Le psalmiste dit que les dieux des nations sont de vaines idoles (Ps 96.5) et le produit de l’imagination humaine (Ps 115.4 ; Es 45). L’apôtre Paul avertit même que des puissances démoniaques se cachent derrière ces constructions (1Co 8.4 ; 10.20-21 ; Ap 9.20). Il a cette polémique à l’esprit dans son discours de l’Aréopage. Greg Bahnsen suggère que, dans son discours, l’apôtre Paul « n’a pas construit une théologie naturelle à partir des fondements philosophiques de ses adversaires – assimilant la pensée autonome là où c’était possible. La démarche de Paul consistait à accentuer l’antithèse entre les philosophes et lui-même. Il n’a jamais adopté une position neutre, car il savait que la théologie naturelle des philosophes athéniens était intrinsèquement une idolâtrie naturelle. »39

6. La Bible décrit de diverses manières les processus de réflexion déformés des humains : « la futilité de leur jugement » (Ep 4.17 ; 1P 1.18), « leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres » (Rm 1.21 ; Ep 4.18), « il vous faut vous détourner de ces vanités » (Ac 14.15). Jésus ressuscité envoie l’apôtre Paul vers les non-Juifs, non pour ajouter un peu à leur connaissance, mais « pour leur ouvrir les yeux, afin qu’ils se tournent des ténèbres vers la lumière et de l’autorité du Satan vers Dieu » (Ac 26.18).

7. La présence de faux prophètes rend nécessaire d’« éprouver les esprits » (1Jn 4.1). Le diable peut se déguiser en ange de lumière (2Co 11.14). Cette subversion de la vérité biblique par les religions non chrétiennes doit être prise en compte dans notre manière d’aborder le Coran. Par exemple, celui-ci transforme l’histoire biblique d’Abraham pour faire de ce dernier l’ancêtre idéal de Mahomet, et le Jésus islamique n’est pas plus qu’un précurseur du prophète.

8. La Bible est remplie de polémiques contre les fausses religions, les faux prophètes, les faux christs et les fausses espérances40. Elle ne les approuve jamais. Exode 19.4 en est un exemple : « Vous avez vu vous-mêmes ce que j’ai fait à l’Égypte : je vous ai portés sur des ailes d’aigle et je vous ai fait venir à moi. » Il s’agit d’une affirmation de la supériorité de Yahvé sur les faux dieux de l’Égypte manifestée dans les plaies et la traversée de la mer Rouge. Le Dieu vivant et vrai se moque des dieux égyptiens, qui étaient souvent représentés avec des ailes, notamment un de leurs dieux les plus puissants, le dieu vautour, Nekhbet. Il a réellement pu protéger et soutenir les Israélites, et entrer dans une relation personnelle avec eux.

9. Le seul texte sacré qui soit réellement et entièrement vrai est celui que le Dieu trinitaire a inspiré (2Tm 3.16 ; 2P 1.21).

VIII. Six recommandations pour aborder le Coran

1. L’auteur de l’Apologie anonyme (vers 788), qui est la première défense connue de la Trinité en langue arabe, a recours au langage du Coran et lui fait suffisamment allusion pour susciter l’intérêt des musulmans, mais c’est purement stratégique41. Le but est d’attirer les musulmans dans la vision biblique du monde et de leur expliquer la Trinité à partir de la Bible. Il a donc subverti le Coran, en particulier les histoires des prophètes, et l’a utilisé à des fins chrétiennes. Ces histoires sont souvent utilisées pour fortifier le cœur de Mahomet, alors que l’auteur de l’Apologie, comme l’observe Mark Swanson, s’en sert de manière stratégique pour montrer que les prophètes, comme les apôtres, sont incapables de sauver le monde de la tyrannie de Satan42. Cela est très différent de la démarche qui consiste à projeter la vision biblique du monde sur le Coran, comme le font Camel ou Kenneth Cragg, qui dit que nous devons trouver le « potentiel chrétien » du Coran.

2. Lorsque Bassam Madany raconte la vie d’Abdul Kamil, un musulman syrien converti à la foi chrétienne, lui aussi qualifie son utilisation du Coran de « stratégique ». Il ne donnait qu’une autorité « provisoire » au Coran avant d’établir rapidement l’autorité suprême de la révélation biblique. De toute évidence, Kamil ne craignait pas de se servir du Coran pour dialoguer avec les musulmans, mais il avait également mis en place des garde-fous clairement définis43. Il ne pensait pas qu’il était suffisant de gagner un débat intellectuel avec un musulman pour l’amener à la foi.

3. Bien que le Jésus islamique et le Jésus biblique partagent une certaine terminologie, il serait erroné de les confondre et de christianiser le Coran. La christologie islamique n’a rien à voir avec la christologie biblique. Celui qui a recours au Coran pour parler de Jésus devrait donc se montrer très prudent44. Il est sans doute préférable de souligner la discontinuité que la continuité, les visions du monde chrétienne et islamique étant radicalement différentes. Déclarer simplement, comme le fait Lausanne 1995, que les chrétiens doivent aider les musulmans à « voir le texte biblique sous la surface du Coran », c’est aussi le christianiser. Les méthodes apologétiques comme Camel essayent de présenter le Jésus islamique comme l’« Esprit de Dieu » ou la « Parole de Dieu » tels que le Coran en parle. Il faut faire très attention, car les musulmans eux-mêmes nient que ces expressions aient le moindre rapport avec la divinité du Christ, ou la doctrine biblique du Logos.

4. Fouad Accad et Camel estiment utile de construire un pont entre le Coran et la Bible. Mais l’image même du pont implique une certaine permanence. Les ponts peuvent être utiles en tant que communication temporaire, mais il y a toujours le danger que les ponts soient à double voie. L’histoire montre de nombreux exemples de musulmans utilisant de manière stratégique les données bibliques pour convaincre les chrétiens de la véracité de l’islam. Il ne peut y avoir aucun socle commun permanent entre la lumière et les ténèbres. Par conséquent, l’image du pont n’est probablement pas appropriée. Celle du « tremplin », utilisée par Lausanne 1995, est plus judicieuse du fait qu’elle n’implique pas de lien permanent.

5. Nous avons observé que la méthode Camel et, dans une certaine mesure, le comité de Lausanne suggéraient que, parce que des textes non bibliques étaient cités dans la Bible, l’utilisation et le contenu de ces textes étaient approuvés. Si on lit la Bible de manière superficielle, on pourrait avoir cette impression. Mais l’apôtre Paul à l’Aréopage d’Athènes ne se contente pas de citer des auteurs païens, il s’inscrit dans une polémique plus large contre les idoles, telle qu’on la trouve en particulier dans le livre d’Ésaïe. Prier avec Camel que les yeux de celui qui lit le Coran s’ouvrent et qu’il comprenne la vérité revient à nier l’idée biblique et historiquement chrétienne selon laquelle seule la Bible est la fontaine de toute vérité, et que seul le Saint-Esprit de vérité peut ouvrir les yeux obscurcis par le péché sur les vérités bibliques et sur Jésus qui est la vérité personnifiée.

6. Timothy Tennent estime que tout texte non biblique devrait être « dégagé de son contexte original et clairement réorienté dans un contexte christocentrique »45. Il dit également que les affirmations bibliques « que le Coran a insérées dans son texte sans déformation » restent « dignes de confiance et vraies »46. Bien que l’idée soit séduisante, Tennent semble oublier que, dans le cas du Coran, toutes les données bibliques ont été « cooptées » pour appuyer le ministère prophétique de Mahomet. Ainsi, la naissance virginale dans le Coran n’est pas aussi anodine qu’il y paraît. Tout d’abord, c’était une stratégie apologétique pour gagner les chrétiens de Najran à l’islam à l’époque de Mahomet. Ensuite, c’était pour montrer que Maryam, la mère d’Issa, était une femme musulmane chaste et exemplaire. Par conséquent, la naissance virginale islamique est un récit biblique qui a été détourné de son sens premier et retravaillé pour servir les intérêts de l’islam. Ce n’est pas la même démarche que celle de Paul qui cite Épiménide et Aratos en Actes 17 et les réinterprète de manière christocentrique. Tennent commet la même erreur que Camel en supposant qu’au sein de la constellation islamique niant l’affirmation biblique du Dieu trinitaire on peut trouver des vérités pures et non déformées. Cela ne tient pas compte du fait que le texte du Coran fait partie d’une vision islamique du monde bien plus large.

Conclusion

Dans son désir de communiquer avec les musulmans, la méthode Camel a construit un pont à partir du Coran, un pont qu’elle a poussé trop loin. Elle a fondé sa démarche sur le présupposé erroné que l’homme naturel peut saisir les vérités spirituelles par des moyens naturels et que son système de raisonnement est plus ou moins épargné par la chute. En fait, elle affirme que les cendres de la « lumière naturelle » peuvent se transformer en flammes par la raison, la logique et les bonnes informations.

Ensuite, Camel s’appuie sur une idée qui n’est pas très éloignée de l’affirmation suivante du catholique romain Louis Massignon : « Si un musulman suivait les incitations de son âme jusqu’au bout, il viendrait au Christ. »47 Dans le cas de Camel, on pourrait l’exprimer ainsi : « Si un musulman suivait jusqu’au bout les lectures du Coran proposées par la méthode Camel, il viendrait au Christ. » Cette idée sur laquelle est fondée la méthode est erronée, car elle attribue le même statut au Coran qu’au « Saint-Esprit parlant par l’Écriture ».

Concernant l’utilisation du Coran, le chrétien doit maintenir en tension l’idée selon laquelle rien n’échappe à la souveraineté de Dieu, pas même l’islam et le Coran, et le fait que les « fils de la désobéissance », c’est-à-dire tous ceux qui ne sont pas en Christ, produisent néanmoins des textes qui peuvent refléter certains aspects de la révélation générale. Aussi nobles et édifiants que ces textes puissent paraître, ils reflètent cependant l’ignorance de l’humanité déchue ou, comme le dit Jean Calvin, même « s’il y a encore quelques petites flammes […] cette clarté est masquée par une telle couche d’ignorance qu’elle ne peut montrer son efficacité »48.


  1. John Span est doctorant à la Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence. Il a travaillé pendant quinze ans dans des contextes à forte majorité musulmane. Il est un des membres fondateurs du site biblicalmissiology.org et a publié des articles sur la missiologie réformée et sa mise en pratique sur le terrain. Il fait également des recherches sur la manière dont les études de cas peuvent être utilisées dans le cadre de la formation missionnaire.↩︎

  2. J.C. Ryle, Old Paths : Being Plain Statements on Some of the Weightier Matters of Christianity, London, William Hunt, 1878, p. 273.↩︎

  3.  La première citation est de Jerry Rankin, ancien directeur du service missionnaire de la Convention des baptistes du Sud, et la seconde de Phil Parshall, un ancien missionnaire de la SIM au Bangladesh, dont les écrits ont fourni des idées à la méthode Camel. Jerry Rankin, cité par Ken Walker, « Out of Context : Debate over ‘Camel method’ probes limits of Muslim-focused evangelism », Christianity Today, vol. 54, no 4, avril 2010, p. 14-15 ; Phil Parshall, « Review of the Camel Training Manual by Kevin Greeson », Evangelical Missions Quarterly, vol. 41, no 3, 2005, p. 384-385.↩︎

  4.  Nous avons légèrement modifié une définition de la théologie naturelle donnée par Greg Bahnsen dans son cours « Philosophy of Christianity – Critique of Natural Theology » (Ashland Theological Seminary).↩︎

  5.  Une version française appelée « méthode du chameau » est disponible en ligne : https://www.dropbox.com/s/tx41cakpvkt1pps/la_methode_du_chameau%20Camel%20French2.pdf?dl=0.↩︎

  6.  David Garrison, sous dir., « The Camel Method : Introducing Muslims to Jesus », 2003, p. 3.

    Document publié en ligne : www.paul-timothy.net/docs/camel_method.doc.↩︎

  7.  Kevin Greeson et Randy Owens, « The Camel Method : Muslim Evangelism Training for Christians », 2005, p. 2.

    Document publié en ligne : http://standupforthetruth.com/wp-content/uploads/2014/01/PEACE-Camel-Training- Final.pdf.↩︎

  8.  Fouad Accad, Building Bridges : Christianity and Islam, Colorado Springs, NavPress, 1997, p. 113.↩︎

  9.  Kevin Greeson, The Camel, How Muslims Are Coming to Faith in Christ, Monument, CO, WIGTake Resources, 2007, p. 103.↩︎

  10.  Fouad Accad, « The Qurʾan : A Bridge to Christian Faith », Missiology 4, no 3, 1976, p. 331-342.↩︎

  11.  Kevin Greeson, « Camel Tracks… Discover the Camel’s Secret », 2009.

    Document publié en ligne : http:// www.ruhallah.webs.com.↩︎

  12.  Interview de Kevin Greeson avec Steve Addison, 19 octobre 2011.

    Disponible en ligne : https://player.fm/series/movements-with-steve-addison/027-building-a-bridge-for-muslims-kevin-greeson-podcast.↩︎

  13.  Ibid., à 15:00 sur le podcast.↩︎

  14.  Pour un ensemble de ressources et la dernière version appelée « Camel II », voir : http://themissionnetwork.org/camel-ii-2/.↩︎

  15. Kevin Greeson, « Effective Bridging and Contextualization : Fishing with Food that the Fish Like », in Discovering the Mission of God : Best Missional Practices for the 21st Century, sous dir. Mike Barnett et Robin Martin, Downers Grove, IVP Academic, 2012, p. 420-434.

    Également disponible en ligne : http://ruhallah.webs.com/Issues/Fishing_With_Food_the_Fish_Like.pdf.

    Kevin Greeson, « Camel Tracks » ; Kevin Greeson, « Ruhallah » (document disponible en ligne : http:// www.ruhallah.webs.com).↩︎

  16.  Samiron Baroi, The Way to Heaven : through the Light of the Qur’an, Dhaka, Bangladesh, A.M. Chowdhury Publication, 2004.↩︎

  17.  David V. Garrison, A Wind in the House of Islam : How God is drawing Muslims around the World to Faith in Jesus Christ, Monument, WIGTake Resources, 2014, p. 119-120.↩︎

  18.  Ibid., p. 120.↩︎

  19.  John Span, « A Critique of the CAMEL Method’s use of the Miracles of the Muslim Jesus », mémoire de master soutenu à la Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence, 2016. Disponible en ligne :

    https://www.academia.edu/28624139/A_CRITIQUE_OF_THE_CAMEL_METHODS_USE_OF_THE_MIRACLES_OF_THE_MUSLIM_JESUS_THESIS_PRESENTED_TO_THE_FACULTE_JEAN_CALVIN_IN_PARTIAL_FULFILLMENT_OF_THE_REQUIREMENTS_FOR_THE_DEGREE_MASTER_IN_THEOLOGY.↩︎

  20.  Le traité dit, par exemple (p. 6-7) : « Voulez-vous connaître la Vérité et être affranchis ? Prenez le temps d’ouvrir votre Coran et de lire pour vous-même la sourate Al-Imran 3:42-55. Je vous propose une explication de chaque aya [verset]. Je prie que vos yeux s’ouvrent et que vous compreniez cette Vérité et rejoigniez le mouvement des musulmans pakka (italiques dans l’original). »↩︎

  21.  Pour un survol historique, une analyse et une critique de la théologie de l’accomplissement, voir Adam Sparks, One of a Kind : The Relationship between Old and New Covenants as the Hermeneutical Key for Christian Theology of Religions (Eugene, Pickwick Publications, an Imprint of Wipf & Stock Publishers, 2014) ; Paul Hedges, Preparation and Fulfilment : A History and Study of Fulfilment Theology in Modern British Thought in the Indian Context (Oxford, Lang, 2001).↩︎

  22.  Kevin Greeson, Austin, Texas lecture (7 avril 2014, session de 9 h 30), heure 1:08:00.↩︎

  23.  Kevin Greeson, « CAMEL Tracks », p. 9-10. Les trois derniers termes sont les termes islamiques désignant le Pentateuque, les Psaumes et l’Évangile. Il faut toutefois noter que les musulmans ne voient pas ces parties de la Bible de la même manière que les chrétiens. Ils considèrent qu’elles sont descendues du ciel de la même façon que le Coran et que leur contenu n’est valable que dans la mesure où il est en accord avec les enseignements islamiques.↩︎

  24.  Par exemple, le document CAMEL de 2003 conseille au stagiaire de lire la sourate 3:42-55 en présence d’un ami musulman et de dire : « J’ai lu le Coran et j’ai découvert une vérité extraordinaire qui m’a donné une espérance de vie éternelle au ciel. Pouvez-vous lire la sourate Al-Imran 3:42-55 ? » Le stagiaire apprend à montrer à partir des versets 42-48 que « Issa est saint » ; à partir des versets 49-54 qu’il a « pouvoir sur la mort » et à partir du verset 55 que « Issa connaît le chemin jusqu’au ciel et est le chemin ». Garrison, « The Camel Method : Introducing Muslims to Jesus », p. 18-19.↩︎

  25.  Kevin Greeson, « Islam : Getting2Gospel », document non publié, International Mission Board, 2015, p. 9.

    En ligne : https://s3.amazonaws.com/SouthAsianPeoples/Islam+G2G+guide.pdf.

    La christianisation du Coran par Gleeson dans ce texte est évidente, le mot Issa désignant le Jésus musulman n’ayant rien à voir avec le salut.↩︎

  26.  Majuscule dans l’original.↩︎

  27.  Greeson, « Camel Tracks », p. 3, 9. Pour la version française, voir « Sur les traces du chameau. Comment découvrir le secret du chameau ? » (2008).

    En ligne : http://100emenom.free.fr/page22/files/100emeNom.pdf.↩︎

  28.  Cornelius Van Til définit la théologie naturelle comme « apprendre certaines vérités au sujet de Dieu ou de la destinée de l’homme à partir de réflexions logiquement indépendantes de la révélation biblique et d’une adhésion préalable à la foi chrétienne ». L’absence d’adhésion préalable à la foi chrétienne caractérise manifestement l’auditoire de la méthode Camel. Cornelius Van Til, The Case for Calvinism, Presbyterian and Reformed Publishing Company, Philadelphia, 1964. Voir aussi Jeffrey K. Jue, « Theologia Naturalis : A Reformed Tradition », in Revelation and Reason : New Essays in Reformed Apologetics, sous dir. K. Scott Oliphant and Lane G. Tipton, Philipsburg, Presbyterian and Reformed, 2007, p. 168-189.↩︎

  29. Troisième point de doctrine, art. IV.↩︎

  30.  Troisième point de doctrine, art. VI.↩︎

  31.  Cornelius Van Til, The Defense of the Faith, Presbyterian and Reformed Publishing Company, Philadelphia, 1955, p. 111.↩︎

  32.  Emir Caner, « Insider Movements’ Equivalent of Limbo : The CAMEL », in Chrislam : How Missionaries Are Promoting an Islamized Gospel, sous dir. Joshua Lingel, Jeffrey J. Morton et Bill Nikides, Garden Grove, i2 Ministries, Inc, 2011, p. 144-152 (p. 147, n. 8, où il cite un échange de mails avec Keith Eitel, 9 décembre 2010).↩︎

  33. David Garrison (sous dir.), « Welcome to Camel Training », in CAMEL Rider’s Journal, accompagnant le DVD (Arkadelphia, WIGTake Resources, 2009, session 1, heure 1:28).↩︎

  34. Scott K. Oliphant, Covenantal Apologetics : Principles and Practice in Defense of Our Faith, Wheaton, Crossway, 2013, p. 53.↩︎

  35.  Texte disponible en ligne : http://www.lausanne.org/content/lop/lop-13.↩︎

  36.  Ministry in Islamic Contexts, Lausanne Occasional Paper 28, published by the Lausanne Committee for World Evangelization, the Institute for the Study of Islam and Christianity [ISIC] and The World of Islam, CD-ROM (1996).↩︎

  37.  IC (en français moderne) I.i.4, p. 15.↩︎

  38.  Voir IC I.iii.1, p. 9-10.↩︎

  39.  Greg Bahnsen, « The Encounter of Jerusalem with Athens », Ashland Theological Bulletin, Spring 1980, p. 4-40.↩︎

  40.  John D. Currid, Against the Gods : The Polemical Theology of the Old Testament, Wheaton, Crossway, 2013.↩︎

  41.  M.D. Gibson, sous dir., An Arabic Version of the Acts of the Apostles and the Seven Catholic Epistles. From an Eighth or Ninth Century ms. in the Convent of St. Catherine on Mount Sinai. With a Treatise on the Triune Nature of God with Translation, London, C.J. Clay & Son, 1899.↩︎

  42.  Mark N. Swanson, « Beyond Prooftexting : Approaches to the Qurʾan in Some Early Arabic Christian Apologies », Muslim World 88, no 3-4, Jl-O 1998, p. 297ss.↩︎

  43.  Bassam M. Madany, « The Missiology of Kamil Abdul Messiah : A Syrian Convert from Islam to Christianity ».

    En ligne : www.answering-islam.org/authors/madany/kamil_jessup.html.↩︎

  44.  Cf. Samuel P. Schlorff, « The Hermeneutical Crisis in Muslim Evangelization », Evangelical Missions Quarterly, 16, no 3, juillet 1980.↩︎

  45.  Timothy Tennent, Theology in the Context of World Christianity : How the Global Church Is Influencing the Way We Think About and Discuss Theology, Grand Rapids, Zondervan, 2007, p. 71-72.↩︎

  46.  Tennent, « Can Hindu Scriptures Serve as a ‘Tutor’ to Christ ? », p. 1081.↩︎

  47.  Jean Daniélou, The Salvation of the Nations, trad. Angeline Bouchard, Notre Dame, Notre Dame University Press, 1962, p. 30-31. Titre original : Le mystère du salut des nations, Paris, Seuil, 1946.↩︎

  48.  IC II.ii.12, p. 214.↩︎

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