Le calvinisme, une chance pour l’avenir de l’église ?

Le calvinisme,
une chance pour l’avenir de l’église ?

Paul WELLS[1]

Oui, si nous concevons la vie de l’Église chrétienne comme une vie en union avec le Christ, en ne pas oubliant un des piliers de la foi chrétienne. Gérald Bray a indiqué l’importance de la communion avec Christ dans la théologie de la Réforme. La phrase de Calvin dans l’Institution chrétienne « tant que nous ne sommes pas à Christ, ce qu’il a fait pour le salut n’a pas de sens pour nous… il faut être à lui et qu’il habite en nous » est une des plus importantes de l’histoire de la pensée chrétienne.

L’union avec Christ a une incidence transformatrice sur tout. Elle est la clef d’interprétation d’une vision du monde, de la vraie spiritualité et de notre pratique ecclésiale, de notre être en mission. Comme le dit Herman Bavinck, à la suite de Calvin, Christ est indivisible et il doit être glorifié en tout et partout.

Le peuple de Dieu est uni à tout ce que Christ a été, a fait, à ce qu’il est temporellement et éternellement.

1 Corinthiens 1.30 nous apprend qu’il existe deux sagesses et qu’il faut désapprendre la sagesse du monde pour apprendre celle qui vient de Dieu, par laquelle nous avons, en Christ, la justice, la sanctification et la rédemption.

George Whitefield, dans une prédication célèbre, affirme qu’il s’agit, dès avant le temps, de l’alliance éternelle de rédemption de Dieu en Christ qui est médiateur de la création et du salut. Christ exerce trois offices : celui de prêtre, il est notre justice ; celui de prophète, il est notre sainteté car, selon Jean 17, sa parole sanctifie son peuple ; il est notre roi, car rédempteur, il nous apporte l’espérance de la vie à venir.

En Christ, notre destin est lié à son passé et à son avenir. Nous sommes greffés sur lui, nous vivons de sa vie. Nous participons à sa mort et à sa résurrection, nous vivons une vie nouvelle.

Il règne sur tout et nous régnons déjà avec lui.

Notre union avec lui a une incidence sur le social et brise la distinction entre vie sacrée et vie profane. Tout appartient à Jésus-Christ. La personne régénérée s’active partout dans le service de Dieu, sans attendre la nouvelle création…

Dans l’Église en tant que corps de Christ ou dans le travail, rien n’est profane, car tout appartient à Christ. Il faut que ce monde reconnaisse son destin dans l’Évangile. Dieu en Christ est devenu pauvre afin que nous soyons riches et il nous destine non pas à la richesse dans ce monde, car il faut aussi souffrir avec Christ, mais à la richesse de la communion dans sa sainteté au sein de la nouvelle création.

La théologie réformée milite contre tout ce qui s’oppose à Christ : l’injustice dans ce monde, la pauvreté, la vulgarité et le péché, et cela jusque dans nos vies. Le règne de Satan est brisé par la justice de Christ, par la plénitude de son salut, la beauté et la nouveauté qu’il apporte…

C’est le privilège de cette humble Faculté, selon les perspectives formulées par Pierre Courthial lors de l’ouverture en 1974 et lors du 25e anniversaire, de participer à cette lutte pour la vérité.


[1] Paul Wells est professeur émérite de théologie systématique à la Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence.

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