Peut-on perdre le salut ?

Peut-on perdre le salut ?

Christophe GENEVAZ*

Trop de chrétiens sont encore aujourd’hui troublés à l’idée de « perdre le salut ». Cette expression, quoique absente de la Bible, tire sa légitimité de certains de ses passages. Le présent article a pour objectif:

– d’introduire à la question du salut sans évacuer des versets qui semblent a priori contredire notre thèse, à savoir qu’un croyant ne peut en aucun cas perdre son salut;

– de mettre en évidence le fondement de notre espérance: la foi, dont une juste compréhension dissipe toute inquiétude, la foi comme « ferme assurance (ou certitude) de ce qu’on espère » (Hé 11:1).

En préliminaire, il faut noter que le problème évoqué ne se pose pas vraiment aux nouveaux convertis, tout à la joie de leur « lune de miel » avec le Seigneur. Il n’intéresse que les croyants déjà mûris dans la foi, en butte aux épreuves, tentations et questions inhérentes à la vie chrétienne dans la durée.

I. La foi sauve

La Bible est catégorique sur ce point: Dieu a le désir et le pouvoir de sauver sans réserve tous ceux qui sincèrement le recherchent:

Tournez-vous vers moi et vous serez sauvés, vous tous qui êtes aux extrémités de la terre (Es 45:22).

Quiconque invoquera le nom de l’Eternel sera sauvé (Jo 3:5).

Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n’ont pas cru? (Rm 10:13).

(Jésus) peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui (Hé 7:25).

Jésus (Yavhé sauve) incarne et réalise en sa propre personne (par son nom) tout le sens des promesses bibliques de salut. Le nom de Jésus (Yechoua) apparaît d’ailleurs en filigrane dans tous les passages où il est question de salut dans l’Ancien Testament.

Croire, c’est accepter d’être personnellement uni de coeur à Jésus, en osant le « confesser de la bouche » (Rm 10:10). La foi confessée ouvertement suffit à nous garantir le salut et la vie éternelle:

Quiconque croit en lui ne sera point confus (Rm10:11).

Celui qui a le Fils a la vie; celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu (1 Jn 5:12-13).

Le mot « salut » ne désigne pas une réalité statique, mais le mouvement même de l’existence croyante, depuis le point initial qu’est la conversion: passage de la mort spirituelle à la vie éternelle, de l’esclavage du péché à la liberté de l’Esprit, processus de guérison, continuelle restauration de l’âme par la Parole et la prière; achèvement de la destinée personnelle et communautaire dans la résurrection physique et la Jérusalem céleste. Ainsi, le salut complet se présente en forme dialectique:

– d’une part, nous sommes déjà sauvés, « assis dans les lieux célestes » (Ep 2:6);

– d’autre part, nous attendons encore la pleine manifestation de cette réalité déjà acquise: « c’est en espérance que nous sommes sauvés » (Rm 8: 24). « Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté » (1 Jn 3:2).

La foi seule suffit pour obtenir le salut dont Dieu est entièrement l’auteur. En Romains 10:1, Paul écrit: « Ma prière à Dieu, c’est qu’ils soient sauvés ». Pourquoi ses parents juifs ne sont-ils pas encore sauvés? Parce qu’en « cherchant à établir leur propre justice, il ne se sont pas soumis à la justice de Dieu ».

L’obstacle à l’acquisition du salut surgit quand l’homme religieux prétend apporter sa propre contribution à l’action salvatrice de Dieu, accomplir la loi divine par ses propres forces, au lieu d’avouer son échec radical et, ensuite, s’abandonner avec humilité à la grâce, croyant simplement que Jésus a tout accompli pour nous, jusqu’à la croix. C’est là que le Christ a payé tout le prix de nos transgressions de la Loi, en versant son sang qui nous purifie de tout péché, à condition que nous y croyions. L’Evangile, la bonne nouvelle, tient en une seule déclaration solennelle: « Je ne me souviendrai plus de leurs péchés, ni de leurs iniquités. » (Hé 10:17) Tel est le sens de la nouvelle alliance par le sang de Jésus-Christ: tous ceux qui croient en lui sont délivrés de toute condamnation. En effet, Dieu les regardant, non plus en eux-mêmes, mais à travers le sacrifice de son Fils, peut les déclarer « justes ». Si nous croyons vraiment que le sang de Jésus suffit à effacer l’entière dette de toutes nos fautes, passées, présentes et à venir, nous pouvons être certains de la pérennité de notre salut.

II. La foi qui sauve est celle qui dure

La foi, étant le moteur de notre engagement à la suite du Christ, s’inscrit dans la durée. Celle-ci constitue le meilleur test quant au sérieux de notre foi. C’est l’un des grands enjeux de l’épître aux Hébreux:

Nous sommes devenus participants de Christ, pourvu que nous retenions fermement jusqu’à la fin l’assurance que nous avions au commencement (3:14).

Un manque d’assurance est le signe d’un manque de foi. « N’abandonnons pas notre assurance, à laquelle est attachée une grande récompense » (10:35). En fait, le croyant n’a plus le choix: ou bien, il continue à vivre par la foi après avoir cru, ou bien, théoriquement, il cesse d’être croyant en se retirant de la foi.

Et mon juste vivra par la foi; mais, s’il se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui (…) nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour se perdre, mais de ceux qui ont la foi pour sauver leur âme (10:38-39).

Vivre par la foi, voilà le secret. Aucun doute quant à l’acquisition de son salut n’est permis au croyant, c’est-à-dire à celui qui, justifié par la foi, en vit chaque jour dans sa relation personnelle au Seigneur.

La vraie question reste donc celle-ci: peut-on, en pratique, après s’être sérieusement engagé dans la foi, cesser de croire un jour? Bible en main, nous pensons pouvoir affirmer que non. Nombreux sont les passages où il apparaît que la caractéristique du « fidèle » est la continuité dans l’engagement de foi[1].

i) Examen de quelques textes

L’épître aux Hébreux s’occupe non pas de savoir si l’on peut « perdre la foi » mais si, dans les premières assemblées judéo-chrétiennes, certains vont enfin se décider à sortir de leur état d’incrédulité:

Prenez garde, frères, que quelqu’un de vous n’ait un coeur mauvais et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant (3:12).

L’exhortation s’adresse à celui qui, croyant déclaré au milieu des frères, n’est en réalité qu’un faux croyant puisqu’il conserve un « coeur mauvais et incrédule »: sa nature profonde n’a pas encore été changée, il n’a pas encore expérimenté la réalité de la nouvelle alliance. La référence au péché de rébellion des Hébreux dans le désert est transparente: familialement et par tribus embarqués dans l’exode hors de l’esclavage vers la liberté, beaucoup étaient intérieurement restés esclaves de l’Egypte et profondément incrédules. C’est cette incrédulité qui, seule, les a empêchés d’entrer dans le repos de Dieu. Car ce repos n’est donné qu’à ceux qui, délaissant toute résistance intérieure, s’abandonnent à la grâce en Dieu.

Mais la résistance qui persiste dans le camp de Dieu ne peut qu’entraîner les sanctions de l’alliance. Les exhortations disciplinaires de l’épître aux Hébreux ont donc pour objectif, non de troubler les croyants, mais d’interpeller les incrédules. Ce sont ceux-ci qui, subsistant au sein des assemblées chrétiennes, constituent autant de fauteurs de troubles. Leur responsabilité apparaît d’autant plus lourde qu’ils ont déjà goûté aux grâces du Saint-Esprit dans l’assemblée, expérimenté l’amour jaillissant d’une vraie communion fraternelle. Ayant été personnellement confrontées à l’amour et à la vérité du ressuscité, ces personnes font pourtant mine de ne pas comprendre. Leur désir est seulement de continuer à profiter des bienfaits de la céleste pluie (cf. Hé 6:7), de tous les avantages de la vie ecclésiale… sans repentance et sans véritable engagement de coeur avec Jésus.

Pourquoi est-il dangereux de rester incrédule dans le camp de Dieu? Parce que cette incrédulité ne peut que virer à l’apostasie, c’est-à-dire au rejet haineux et actif, souvent bien caché derrière une belle façade religieuse, de la personne même de Jésus-Christ. Dieu, voyant le coeur de plusieurs récalcitrants au bord de l’apostasie, les avertit encore dans sa miséricorde:

Il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance puisqu’ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie (Hé 6: 4-6).

La Parole dit bien: « Qui ont eu part au Saint-Esprit » et non pas: « qui ont été scellés du Saint-Esprit ». Voilà ce qui crée la différence entre le croyant authentique, propriété définitive de Dieu (symbolisée par le sceau), et le croyant de nom, dont la chute est inévitable s’il s’obstine à louvoyer entre foi et incrédulité. Il est capital de repérer que cette chute mentionnée au verset 6 est bien l’apostasie, qui n’a rien à voir avec une quelconque chute morale. Elle ne saurait même pas se confondre avec la passagère faiblesse de celui qui, sous la torture, renie verbalement son Seigneur. Ses larmes de repentance en seront d’ailleurs ultérieurement la preuve: songeons au reniement de Pierre.

En Hébreux 10: 26-31, l’auteur démasque l’hypocrisie pharisienne de celui qui, refusant d’envisager la purification de ses péchés par le sang de Jésus, prétend néanmoins continuer à s’approcher tel quel de Dieu. Cela revient à « pécher volontairement »: si on rejette la grâce qui est en Christ, « après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés ». C’est-à-dire que tout essai d’autojustification morale et religieuse est par avance déclaré nul et non avenu devant Dieu. Aux « rebelles » à la grâce, il ne reste plus que « l’attente terrible du jugement et l’ardeur d’un feu qui (les) dévorera ». Le dédain du seul moyen de salut pour toute l’humanité, du seul autel valable au yeux du Père céleste – celui du sacrifice unique et parfait de son Fils – constitue en vérité un « outrage à l’Esprit de la grâce », lorsqu’en « profanant le sang de l’alliance » on « foule aux pieds le Fils de Dieu ». On peut se demander si, aujourd’hui, une telle apostasie ne guette pas ceux qui, tout en se réclamant de Jésus-Christ, préconisent ouvertement des alliances et des prières interreligieuses « pour le bien et la paix de l’humanité »[2].

ii) Résumé

Nous pouvons maintenant mieux saisir pourquoi l’expression non biblique « perdre la foi » est inadéquate. Ces versets évoquent le fait que certains membres des Eglises, à un moment donné, choisissent délibérément de s’écarter de la foi (comme du seul port d’attache ou du seul navire capable de mener à bon port) en essayant d’entraîner dans cet écart, ou ce naufrage, d’autres membres des mêmes assemblées. Ces personnes, dont l’attitude pourrait être qualifiée de déviante ou sectaire, ont-elles jamais possédé la vraie foi?[3]

Par conséquent, même en admettant que quelqu’un puisse affirmer sincèrement « j’ai perdu la foi », la question de la nature de cette foi resterait posée. Jacques 1:3 nous paraît apporter une réponse définitive: « L’épreuve de la vraie foi produit la persévérance. » L’absence de persévérance est donc un signe indubitable d’absence de la vraie foi, car celle-ci consiste à demeurer en Christ[4].

Telle est aussi l’une des leçons qu’on peut tirer de la parabole du semeur. Dans l’explication privée qu’en donne Jésus, il s’avère que pour ceux qui sont semés « le long du chemin (…) le diable vient, et enlève de leur coeur la parole, de peur qu’ils ne croient et soient sauvés » (Lc 8:12). On voit bien que la foi suffit à sauver, pourvu qu’il s’agisse d’une foi persévérante, comme l’indique la suite: « ceux qui sont sur le roc, ce sont ceux qui, lorsqu’ils entendent la parole, la reçoivent avec joie; mais ils n’ont pas de racine, ils croient pour un temps, et ils succombent au moment de la tentation. » (v. 13) En effet, l’illusion d’avoir la foi ne peut que disparaître face aux épreuves de la vie: « à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il croit avoir » (v.18). Seule un semblant de foi peut être perdu, et jamais la foi elle-même! Car il est impossible de perdre ce qu’on n’a pas.

III. La foi qui sauve implique une vraie connaissance

La foi est l’accueil de Jésus lui-même, lorsqu’il vient à nous dans sa Parole. Affirmer que la foi seule nous sauve revient à reconnaître en Jésus l’unique Sauveur:

La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ (Rm 10:17);

Il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés (Act 4:12), a dit Pierre devant le sanhédrin. Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, a dit Paul à son geôlier (Act 16:31).

Sauvé sans aucune réserve ni sous-entendu!

« Il n’y a plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ » (Rm 8:1). La vraie foi nous place définitivement en Christ au sens où elle nous fait « revêtir le Christ » (cf. Ga 3:27), ce dont le baptême est le signe. L’image biblique assez fréquente du vêtement blanc des rachetés illustre la même réalité spirituelle. Or la seule chose qui peut motiver une exclusion hors de la présence de Dieu, c’est le refus délibéré de revêtir cet habit qui est le cadeau de l’amour.

Dans la parabole des invités aux noces (Mt 22:11-12), nous voyons illustré l’affront que constitue ce rejet de l’amour gratuitement offert, ce refus de croire et d’honorer le Fils, qui va de pair avec une prétention au droit de jouir quand même de toutes les faveurs célestes, en participant au repas du Seigneur sans ce vêtement de noces. Celui-ci symbolise aussi la vraie louange, expression de la joie qu’on éprouve à se savoir définitivement uni au Christ. Ici encore, le péché par excellence reste l’incrédulité des personnes de l’intérieur, de celles qui, ayant déjà une vie ecclésiale, ne veulent pas voir en face qu’il y a un réel danger à rester dans un état de nudité spirituelle en présence de Dieu.

Avec la parabole des dix vierges, nous avons un autre excellent moyen d’éprouver la solidité de notre argumentation. Question: les cinq vierges folles, finalement rejetées, font pourtant bien partie de l’Eglise? Oui, sans aucun doute. Mais nous allons bientôt voir en quoi elles ne sont pas membres du corps du Christ, de l’Eglise en tant qu’épouse. Les cinq folles sont du peuple de Dieu au sens où en Israël comme dans les Eglises chrétiennes, chacun peut largement bénéficier des grâces du Seigneur: connaissance de la Bible, richesse d’un patrimoine et d’un héritage spirituel, culturel et même matériel, accès à certaines protections et valeurs morales, etc. Mais tout cela ne peut pas faire oublier qu’il y a toujours un moment où chaque membre du peuple de Dieu se sent invité à faire une démarche personnelle pour entrer dans une relation nouvelle avec le Seigneur.

En Matthieu 25, la folie des cinq vierges consiste en une négligence pure et simple à effectuer ce pas décisif vers une connaissance personnelle et approfondie de Dieu. Ces cinq-là se contentent de garder tout l’héritage spirituel dans une petite lampe qui va les éclairer pour un temps! Leur folie gît dans l’absence de réserve, de communion vivante avec le Père et le Fils par le Saint-Esprit (l’huile), qui peut seul alimenter notre vie spirituelle, notre vie de prière! Toutes les vierges s’endorment quand la nuit est trop avancée… la seule différence réside alors dans la présence où l’absence de réserve qui symbolise cette relation personnelle à Dieu par le Saint-Esprit.

L’Eglise, avec toute sa richesse spirituelle, ne saurait remplacer mon expérience, ni suppléer à mon manque d’obéissance. La déclaration finale « je ne vous connais pas » (v. 12) ne fait que révéler ce fait tragique: les vierges insensées, religieuses de tradition, mais tièdes de coeur, car imbues de leur qualité de membres du peuple de Dieu, n’ont jamais cherché une vraie relation personnelle avec lui. Après lui avoir trop longtemps fermé la porte de leur coeur, elles voient arriver le moment où, pour elles, la porte de la grâce se ferme à son tour.

IV. La persévérance: une condition?

Beaucoup de passages bibliques présentent la persévérance de la foi comme la condition de l’acquisition du salut pour ceux qui ont déjà cru: ainsi Luc 21:12: « Par votre persévérance vous sauverez vos âmes. » A côté des exhortations concernant spécialement les croyants de nom qui subsistent dans les Eglises, nous trouvons énormément d’exhortations à l’évidence adressées aux vrais disciples de Jésus, concernant la vigilance, la lutte contre le péché, contre les fausses doctrines, etc. Tout se passe comme si le danger qui guette les croyants à chaque instant était bien réel. Effectivement, l’adversaire n’utilise jamais contre nous de « cartouches à blanc »! Notre premier ennemi est d’ailleurs notre « vieux moi » avec ses tendances égoïstes naturellement contraires à celles de l’Esprit. Marcher par l’Esprit, pour ne pas assouvir les désirs charnels qui pourraient nous entraîner dans la mort spirituelle, tel est le lot normal de tout croyant. Prenez garde à vous-mêmes, de crainte que vos coeurs ne s’appesantissent par les excès du manger et du boire, et par les soucis de la vie (Lc 21:34). Si vous vivez selon la chair, vous mourrez; mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez (Rm 8:13). L’autre danger qui nous menace est celui de la séduction par les faux prophètes, faux messies, faux évangiles: Prenez garde d’être séduits… (Lc 21:8). Je vous rappelle, frères, l’Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu (…) et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez dans les termes où je vous l’ai annoncé; autrement, vous auriez cru en vain (1 Co15:1). La grâce, en effet, n’est opérante pour nous que si nous restons dans la foi, attachés au seul Evangile de Jésus-Christ. Est-ce à dire que, parce que nous aurons à vivre jusqu’au bout un combat bien réel contre la chair, le monde et le diable, notre salut n’est pas assuré? Tout au contraire: nous sommes certains de réussir en fin de compte parce que, dans ce combat, ces épreuves, Dieu (Emmanuel) est avec nous, et qu’il nous fait l’honneur de venir partager notre histoire individuelle et collective, dans la mesure où nous sommes son corps militant ici-bas. Les exhortations adressées aux élus ne sont là que pour les rappeler à la réalité quotidienne de leur incarnation: la vie de foi est une vie réelle, avec tous les risques et les difficultés que cela suppose. Pourtant nous sommes assurés de la victoire finale, par-delà tous les échecs et toutes les défaites temporaires: pas un seul des enfants de Dieu ne se perdra. Par exemple à propos des faux christs et des faux prophètes, Jésus dit significativement: « Ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire même les élus, s’il était possible » (Mt 24:24). Mais justement cela n’est pas possible, grâce à Dieu ! Les exhortations et avertissements comportant les conjonctions de subordination « pourvu que », « si du moins » sont là, non pour introduire le doute dans l’esprit des fidèles, mais pour les aider à se situer dans leur communion personnelle et quotidienne avec le Seigneur[5]. La Bible fonctionne comme un miroir de l’âme. Celui-ci sert, d’abord, à s’examiner soi-même pour savoir si oui ou non l’on est « dans la foi » (2 Co13:5), laquelle se traduit en actes (Jc 1:22-25). Ce miroir nous montre ensuite les choses dont il faut se repentir, alors même que Christ est déjà en nous[6]. L’exercice de la piété fait, en ce sens, partie de la pleine et concrête réalisation de notre salut. Avoir peur de perdre celui-ci, parce qu’il faut vivre par la foi chaque jour, n’est donc absolument pas normal pour un chrétien! Le mauvais argument de la perte possible du salut doit entièrement s’effacer devant l’authentique prédication biblique de la sanctification, de la persévérance assurée des croyants par la foi. La justice du juste ne le sauvera pas au jour de sa transgression… le juste ne pourra pas vivre par sa justice au jour de sa transgression.Lorsque je dis au juste qu’il vivra, s’il se confie dans sa justice et commet l’iniquité, toute sa justice sera oubliée, et il mourra à cause de l’iniquité qu’il a commise. (Ez 33:12-13) Ce passage présente un cas de figure très précieux pour comprendre en quoi consiste vraiment le salut. Celui-ci consiste d’abord à échapper à l’emprise, à l’esclavage du péché. Ainsi tombe de lui-même ce raisonnement très malhonnête, qui consisterait à se « confier dans sa justice » en se disant par exemple: « J’ai cru, je suis justifié par ma foi, donc je ne risque plus rien: je suis libre de tranquillement continuer à pécher! » S’imaginer une telle chose prouverait à l’évidence que l’on n’est pas encore entré dans le salut. Au contraire, la vraie liberté consiste à vivre sans pécher: « Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche point » (1 Jn 5: 18); autre traduction: « ne pratique pas le péché », ou « ne pèche pas continuellement, habituellement »; autrement dit, le fait de pécher n’est plus pour lui un mode de vie normal, à la façon du monde (ce qui ne l’empêche pas d’avoir besoin de demander pardon à Dieu pour les péchés qu’il peut encore commettre (cf. 1 Jn:8-9). Ce n’est que par la foi et l’entrée dans la libération de l’Esprit que l’homme peut échapper à l’emprise du péché ainsi qu’à celle des esprits impurs ou des démons, auxquels le péché a pu ouvrir des portes. Etre rempli du Saint-Esprit, voilà ce qui constitue la garantie totale contre tout risque d’invasion démoniaque. Cela ne signifie pas qu’un chrétien ne puisse pas, par de coupables pratiques (notamment sexuelles), ouvrir des brèches à l’action de certains démons dans sa vie. Si quelqu’un déjà chrétien peut, par sa faute, subir la tentation de certains « liens démoniaques » (par exemple en allant voir un film pornographique ou participer à une séance de spiritisme, même pour « s’informer »), l’Esprit saint qui habite en lui est puissant pour briser de tels liens. En effet, le monde des ténèbres ne peut garder longtemps une emprise sur ceux qui, appartenant au Seigneur, vivent de sa grâce en confessant les péchés que l’Esprit met au fur et à mesure en lumière dans leur conscience.

V. La foi qui sauve est une mort à soi-même

Ce qu’un homme peut perdre, c’est son âme, et ce qu’il peut obtenir, c’est le salut de son âme… s’il accepte de renoncer à sa vie propre pour suivre Jésus. La vie de foi est donc une vie de disciple, qui ne recule devant aucun sacrifice, par amour exclusif du Maître: « Quiconque voudra sauver sa vie la perdra, et quiconque perdra sa propre vie pour l’amour de moi et de l’Evangile la sauvera. » (Mc 8:35) Celui qui perd ainsi sa vie pour l’amour de Jésus, obtenant par là-même le salut de son âme, ne peut évidemment plus jamais perdre ce salut. Pensons à l’exemple de Pierre. Lui, l’enthousiaste présomptueux, pour entrer dans la vraie foi, n’a-t-il pas dû expérimenter la faillite complète de l’homme naturel, avec sa prétention de « fidélité jusqu’à la mort »? En réalisant l’horreur de sa trahison survenue après ses belles promesses, Pierre est mort à lui-même pour entrer plus tard, par la grâce de Jésus, dans la vraie fidélité, la vie de foi et de service basée non plus sur ses propres forces à lui, mais sur la grâce et la puissance de l’Esprit saint. C’est par là qu’il est entré dans sa vraie vocation de roc, d’homme de foi par excellence, de colonne de l’Eglise.

VI. Dieu seul garantit notre salut

L’exemple qui précède illustre bien la toute-puissance de la grâce de Dieu, qui vient sauver les êtres faibles et faillibles que nous sommes tous. Si le salut devait reposer sur notre humaine capacité à tenir un engagement, personne en définitive ne pourrait y atteindre. Mais là encore les paroles de Jésus renferment un puissant encouragement. Aucun vrai croyant n’est en danger d’être « mis dehors », car le simple fait de venir à Jésus est déjà en soi le signe que, de toute éternité, le Père nous a donnés à son Fils. Avoir la révélation du Fils et croire en lui prouve en fait qu’on est déjà entré dans la vie éternelle. Bien sûr, l’entendement humain se trouve largement dépassé par la réalité biblique de l’élection et de la prédestination. Songeons seulement que si nous avons cru en Jésus, c’est par un effet de la grâce de Dieu.

Tout ce que le Père me donne viendra à moi, et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi (Jn 6:37);

La volonté de mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en Lui ait la vie éternelle (Jn 6:40);

Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie (Ep 2:8-9);

Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, par la sanctification de l’Esprit et par la foi en la vérité (2 Th 2:13).

Nous sommes exhortés à croire, mais uniquement sur le fondement de l’initiative divine. Car la foi n’est pas du domaine des capacités humaines, c’est vraiment un don d’en haut: « L’oeuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » (Jn 6:29) La foi n’est pas de notre part une oeuvre, mais un « laissez-faire », un pur mouvement d’abandon à la grâce. Un tel oui sans condition signifie la capitulation, la mort à soi-même. Croire, c’est désirer vivre toujours sous l’influence de Jésus qui nous sauve de nos péchés, qui guérit, restaure et redresse tout ce qui en nous était malade, ruiné, retors. Or ce travail, une fois commencé avec l’illumination de notre coeur et de notre intelligence, ne peut qu’être mené à bien du point de vue éternel. Car le Seigneur achève toujours ce qu’il a entrepris; alors nous pouvons, nous devons croire en son oeuvre à lui.

La sanctification « sans laquelle personne ne verra le Seigneur » (Hé 12:14), et qu’il faut rechercher car elle est le but de notre élection (cf. 2 Th. 2:13) est certes un élément capital dans le processus du salut. Mais là encore, un échec serait inévitable si elle devait s’opérer par des efforts de volonté humaine. La sanctification ne peut être que l’oeuvre du Saint-Esprit en nous, qui agit dès que nous avons reçu Jésus dans notre vie. Il nous est seulement demandé de consentir et de collaborer à cette oeuvre du Saint-Esprit… par la foi exclusivement! Telle est la charte de toute la vie du croyant: « Le juste vivra par la foi. »

Dans le même ordre d’idée, lorsque Paul écrit aux Philippiens: « travaillez à votre propre salut avec crainte et tremblement » (2:12), il ne laisse aucunement entendre que certains pourront manquer le but par manque de travail; il ne prêche pas un salut par les oeuvres! Il veut dire que notre travail ici-bas doit s’effectuer dans un esprit de prière, avec une conscience vive de la présence du Seigneur. Le fait de réaliser que nous sommes à Dieu pour toujours, voilà ce qui éveille en nous la crainte respectueuse, la crainte émerveillée qu’un Dieu si grand puisse être si proche, au point de vouloir collaborer avec nous. Le grec peut aussi se traduire: « Mettez votre salut en action car c’est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire! » Attention à ne pas oublier ce verset 13. Soyons d’abord attentifs à la manière dont le Saint-Esprit veut nous conduire dans l’action (gare à l’activisme, même chrétien, et à ses résultats catastrophiques!). Ces paroles de Paul sont en réalité très encourageantes: elles nous invitent à nous en remettre à Dieu pour toutes nos activités. « Je suis persuadé, dit Paul aux Philippiens, que celui qui a commencé en vous une oeuvre bonne, en poursuivra l’achèvement jusqu’au jour du Christ-Jésus. » (Ph 1:6)

Si quelque trouble subsiste encore à propos de notre persévérance, les paroles de Jésus suffiront à le dissiper à tout jamais:

Mes brebis entendent ma voix; je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous; et personne ne peut les ravir de la main de mon Père (Jn10:27-29).

Il se peut qu’une brebis s’écarte du troupeau pour aller s’égarer un certain temps; mais nous croyons que le bon Berger ira lui-même à sa recherche, afin de la ramener au bercail (cf. Mt 18:12-14).

VII. Perdre le salut: non. L’assurance, peut-être!…

… Si on a péché! Il faut être clair: l’expérience du péché, de chutes éventuellement répétées après la conversion, est commune à tous les chrétiens. Le risque existe de confondre perdre l’assurance du salut et perdre le salut lui-même. Après avoir attristé le Saint-Esprit, on peut temporairement ne plus éprouver le merveilleux sentiment de paix qui accompagne une communion vivante avec le Seigneur. Mais cela ne signifie pas la fin de cette communion, ni le rejet du Seigneur. C’est plutôt une invitation à confesser nos péchés, afin de retrouver paix et joie. Alors nous pouvons être assurés qu' »il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité » (1 Jn 1:9), car « le sang de Jésus nous purifie de toute iniquité ». Et si nous oublions de confesser nos fautes? Alors soyons sûrs que le Saint-Esprit ne nous laissera pas tranquilles (Ps 32:3-5).

Il y a aussi, dans la vie chrétienne, des périodes plus ou moins longues de désert spirituel, par lesquelles Dieu nous éprouve et nous purifie afin de nous faire grandir et mûrir dans la foi. Il se peut que nous ayons alors à résister à l’accusateur, qui en profite pour nous accabler, nous faire douter de l’amour de Dieu envers nous.

VIII. Perdre le salut: non. La récompense, peut-être!

Si l’idée non biblique de perte du salut doit être combattue, il ne faut pas évacuer pour autant les passages évoquant la possible perte d’une récompense pour les croyants. L’enseignement de Paul est exemplaire à cet égard; il revient sur cette notion d' »oeuvre » avec une illustration:

Si l’oeuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement (Jésus-Christ) subsiste, il recevra une récompense. Si l’oeuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa récompense; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu » (1 Co 3:14-15);

Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien (1 Co 13:3).

Cela nous met en garde contre une fausse idée de l’action « chrétienne » visant la récompense: pour Dieu, seule compte une motivation pure, désintéressée, mue uniquement par l’amour. Une marque d’authenticité sera plutôt l’absence de calcul réfléchi, qui exprime le jaillissement naturel et spontané des oeuvres vraiment spirituelles. Seules seront récompensées les oeuvres que le Saint-Esprit nous aura réellement inspirées depuis notre conversion à Jésus-Christ.

Tout en gardant à l’esprit le caractère immérité de la récompense, laquelle met surtout en relief l’extraordinaire générosité du Seigneur (nous ne sommes, en effet, jamais que des « serviteurs inutiles »), nous constatons qu’elle introduit bibliquement la notion de rang, voire de hiérarchie parmi les croyants (tous) sauvés de la perdition.

Pour évoquer la faveur spéciale que Dieu réserve à certains élus, l’Apocalypse utilise le symbole de la couronne dans un but de consolation, de réparation eu égard aux outrages, persécutions et pertes subis par les chrétiens de la part des faux croyants[7]. En dépit de tout ce qui est publiquement visible, la véritable royauté spirituelle appartient à ceux qui souffrent dans l’ombre, parce qu’ils tiennent la Bible pour ce qu’elle est vraiment: la seule autorité en matière de foi. C’est pourquoi les véritables croyants ne cèderont pas à l’intimidation.

Sans chercher les distinctions pour elles-mêmes (ce serait tomber dans l’orgueil spirituel ou l’ambition trop humaine, cf. Mc 10:37), il est bon de se rappeler qu’en attribuant des couronnes, Dieu se plaît à faire justice, quand bien même personne ne peut se prévaloir devant lui d’aucun « mérite ».

IX. « L’amour parfait bannit la crainte » (1 Jn 4:18)

Autant la Parole de Dieu combat la fausse assurance et la présomption de ceux qui, vierges folles ou Laodicéens tièdes, s’imaginent déjà sauvés de par leur qualité de membres actifs d’Eglise, autant elle interdit de mettre en doute le salut final de ceux qui croient réellement en Jésus. Ceux qui, chrétiens sincères, s’efforcent pourtant de le faire pensent rendre service et ranimer le zèle apparemment refroidi de plusieurs frères. Mais réalisent-ils qu’en cela ils ne pourront qu’obtenir le résultat inverse de celui qu’ils espèrent? Car objectivement, à qui profitent la crainte, le trouble et le doute ainsi suscités et entretenus dans l’esprit des fidèles? Pensons à ceux qui sont psychologiquement fragiles, notamment à tendance dépressive. Et même auprès des plus robustes, l’idée naguère exprimée devant l’auteur de ces lignes qu’un ultime faux pas non confessé avant notre mort peut définitivement nous priver du salut…

La fausse doctrine de la possible perte du salut est le poison qu’on présente avec l’Evangile, poison trop souvent pris pour un remède, un fortifiant pour croyants… et dont les effets restent nuisibles, même à dose homéopathique! Non, Dieu ne perdra, ne rejettera jamais aucun de ses enfants: notre adoption en Christ nous met définitivement à l’abri. La fausse doctrine en question est un piège subtil qui pourrait bien constituer l’une des pièces maîtresses de la stratégie de l’ennemi, dans sa volonté d’anéantir tout ferment de réveil dans l’Eglise.

« Dieu a-t-il vraiment dit qu’il suffit de croire en son Fils pour être sauvé? » Beaucoup de passages bibliques ne sont-ils pas là pour montrer que tout n’est pas aussi simple? A relire avec honnêteté les passages habituellement cités en référence, on y trouve au contraire des motifs d’encouragement pour soi-même, ainsi qu’une motivation puissante à intercéder pour nos relations encore inconverties (quoique éventuellement chrétiennes déclarées, baptisées). Oui, le feu du Saint-Esprit doit consumer les mensonges de l’accusateur, en premier lieu dans le coeur des croyants!

En méditant sur ce thème, il nous est apparu que le simple doute quant au salut final des chrétiens ressemble fort à de l’incrédulité, puisque loin d’honorer les salutaires promesses du Seigneur, il en restreint fortement la portée: « Car ils ne crurent pas Dieu et ne se fièrent pas en son salut… » (Ps 78,22). Ce doute constitue bel et bien un péché susceptible d’attrister « le Saint-Esprit par lequel vous avez été scellés, pour le jour de la rédemption » (Ep 4:30). Or, si nous avons cru, nous avons à coup sûr été scellés.

Après avoir entendu la parole de la vérité, l’Evangile de votre salut, en lui (Christ) vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis (Ep 1:13).

Conclusion

Aucun de ceux qui viennent à Jésus ne seront jamais rejetés hors de sa présence: « Tout ce que le Père me donne viendra à moi, et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi. » (Jn 6:37) L’attraction du Père est la cause initiale de notre salut; celui-ci pourrait se comparer à une orbite planétaire, hors de laquelle aucun satellite ne peut plus s’égarer, une fois qu’il y est entré. L’image est certes insuffisante, car c’est librement et volontairement que, ayant été touchés par la grâce, nous choisissons de venir et de rester sous l’influence vivifiante de notre Sauveur bien-aimé.

« Tu séparerais plutôt un chrétien du Christ », tel était le proverbe qui a circulé dans l’Empire romain, aux premiers temps de l’Eglise, pour exprimer une impossibilité majeure. Les païens de l’époque avaient bien compris que la caractéristique du chrétien était d’être indissolublement lié à Christ.

Celui qui est gratuitement justifié par sa foi en Jésus ne court aucun danger de se perdre: car son salut repose entre les mains de Dieu, et de lui seul. Il doit cesser par conséquent d’avoir peur de la vie, et des difficultés qu’elle nous réserve:

« J’ai la conviction, dit Paul, que ni la mort ni la vie (…) ni les choses présentes ni les choses à venir (…) ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Rm 8:38-39)

PRIÈRE FINALE

Seigneur Jésus, je veux te louer d’avoir, par ton sang précieux, payé tout le prix de mon salut. Pardon d’avoir pu douter de la suffisance de ton sacrifice à la croix pour me racheter et sauver pleinement. Pardon d’avoir imaginé qu’il fallait ajouter une oeuvre de ma part: même le fait d’avoir cru en toi n’est pas mon oeuvre, mais celle de ton Père en moi, selon tes propres paroles. Pardon d’avoir tellement de peine à concevoir l’absolue gratuité de ton salut.

Merci, Saint-Esprit, de me convaincre encore que je suis, par ma seule foi en Jésus, définitivement entré dans le salut. Merci de m’avoir scellé. Viens désormais continuellement me remplir!

Gloire à toi, Père, de m’avoir choisi de toute éternité, en considération de l’oeuvre de ton Fils que j’ai eu le privilège de laisser un jour entrer dans ma vie. Merci de m’avoir donné à Lui pour vous appartenir et vous servir à jamais, Trinité sainte, dans la joie, l’obéissance et l’amour. Amen.


* C. Genevaz est pasteur de l’Eglise Réformée de France et aumônier de la Marine à Toulon.

1 Ainsi Ap 17:14: « les appelés, les élus et les fidèles ». Pour les auteurs inspirés, il ne peut y avoir qu’une seule catégorie de croyants: celle des fidèles par opposition à celle des infidèles (cf. 1 Co 6:15: quelle part a le fidèle (croyant) avec l’infidèle (incroyant)?).

2 2 Pierre 2 donne une description de l’apostasie voisine des évocations de l’épître aux Hébreux, ou en tout cas dans le même esprit. L’annonce de l’apparition de « faux docteurs » avec leur cortège de disciples au sein même des Eglises, a pour but d’exercer la vigilance des croyants véritables.

3 Il est permis d’en douter vu le contexte et dans la mesure où l’authenticité de la foi se vérifie aux fruits qu’elle produit dans la vie personnelle, comme Jésus l’a clairement dit (Mt. 7:15-20); pensons aussi à Jacques (1:14-26), qui propose un test de la foi par les oeuvres de justice qui en jaillissent normalement. La mauvaise conscience (ou le doute quant à la véracité des promesses de l’Evangile), la séduction des richesses ou des fausses doctrines sont des pièges dans lesquels tombent forcément les personnes incertaines, incapables d’effectuer « le saut de la foi », comme disait le philosophe chrétien Kierkegaard.

4 Cf. Jn 15:4 et 1 Jn 2:28.

5 Deux cent cinquante environ dans la Bible à propos de choses qui, de près ou de loin, se rapportent au salut.

6 Dans l’introduction à sa traduction de la Bible, Darby note opportunément que les conditions, les « si » se rapportent spécialement au voyage du peuple élu au désert, type de l’existence chrétienne ici-bas. « Pour ceux qui ont la foi et la vie, on trouve avec les « si » la promesse d’être gardés jusqu’au bout, de sorte que pour la foi, il n’y a pas d’incertitude: mais dans le désert, il s’agit de relations expérimentales avec un Dieu vivant, et non d’une oeuvre accomplie. » (La Bonne Semence, 1970, XV)

7 Quand on vit comme à Smyrne dans l’échec apparent, en butte au mépris des « méchants » qui prospèrent, en danger constant d’emprisonnement ou de mort violente (c’est aujourd’hui le cas dans nombre de pays sous régime islamique), il est très encourageant de recevoir cette exhortation : « Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie » (Ap 2:10), celle du martyre. Ou bien quand, à Philadelphie, c’est la dépression qui guette les croyants en butte à l’humiliation, la marginalisation et la destruction verbale (voire physique) de la part des bien-pensants religieux qui détiennent le pouvoir (pensons ici à la situation morale des protestants de l’époque du « désert »), il est réconfortant de l’entendre ainsi confirmée par Jésus lui-même : « Retiens ce que tu as, afin que personne ne te prenne ta couronne. »

Les commentaires sont fermés.