Encadrés

PRIÈRE DU MATIN AU CHRIST1

Fils du Père très bon,
Pareil au Tout-Puissant,
Vraie source de lumière,
Vrai Dieu né du vrai Dieu;
La nuit s’est dissipée,
Déjà les premiers feux
De l’aurore s’allument,
Empourprant ciel et terre,
Démasquant les ténèbres.
Mais la noire ignorance
Assombrit notre coeur,
La raison enfoncée
Dans d’épaisses erreurs
Va bientôt défaillir.
Surgis, soleil très pur,
Illumine le monde,
Eclaire notre nuit,
De l’erreur chasse l’ombre.
Fais fondre la froidure
Qui durcit notre coeur.
Que ta chaleur consume
Ses putrides humeurs.
Infiltre en lui la grâce
De la rosée céleste,
Pour qu’il porte au centuple
La divine semence.

George Buchanan, Réformateur écossais (1506-1582)

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1. L’Hymnus matutinus ad Christum est inséré à la fin des Paraphrases des Psaumes de George Buchanan, éditées d’abord à Genève en 1566 par Robert et Henri Estienne. Cette édition a été suivie d’une centaine d’autres dans toute l’Europe protestante jusqu’au XVIIIe siècle.


TE DEUM

Dieu nous te louons,

Seigneur nous te chantons,

Père éternel, la terre entière te révère.

Les anges, les cieux et toutes les puissances,

les chérubins et les séraphins proclament:

Saint, Saint, Saint est le Seigneur, Dieu de l’univers.

Ciel et terre sont remplis de la majesté de sa gloire.

Le choeur glorieux des apôtres,

le corps d’élite des prophètes, l’armée éclatante des martyrs,

te chantent avec la sainte Eglise,

répandue sur toute la surface de la terre.

Père d’infinie majesté,

digne de louange est ton Fils unique et vrai,

Saint est l’Esprit qui nous assiste.

Tu es, ô Christ, le Roi de gloire!

Tu es le Fils éternel du Père.

Tu as voulu revêtir l’homme pour le sauver, sans mépriser le sein d’une vierge.

Tu as vaincu l’aiguillon de la mort.

Tu ouvres aux croyants le royaume de Dieu.

Tu sièges à la droite de Dieu et dans la splendeur du Père.

Nous croyons à ton retour et à ton jugement.

Aussi nous t’en prions, secours tes serviteurs

que tu as rachetés de ton sang précieux.

Compte-nous parmi les saints, dans l’éternelle gloire.

Sauve ton peuple, Seigneur, et bénis ton héritage.

Gouverne, et porte-le, jusqu’à l’éternité.

Au long des temps nous te bénissons;

nous louons ton nom à jamais et pour les siècles des siècles.

Daigne, ô Seigneur, en ce jour, nous préserver de toute faute.

Prends pitié de nous, Seigneur, de nous prends donc pitié.

Advienne ta miséricorde, qui répond à notre espérance.

En toi, Seigneur, j’ai espéré

La mort ne pourra me confondre.

Amen.

Le Te Deum, quelquefois intitulé Te Deum laudamus a été attribué à Hilaire de Poitiers, à Ambroise de Milan et à Augustin, trois Pères de la chrétienté latine, nés au IVe siècle, dans l’ordre indiqué. Il s’agit sans doute d’une compilation de sources variées.


MA VIE ENTRE TES MAINS

Je ne veux, Seigneur, ni or ni argent,
Donne-moi une foi ferme et inébranlable.
Je ne cherche, Seigneur, ni plaisirs ni joies en ce monde
Console-moi et affermis-moi par ta sainte Parole.
Je ne demande pas honneur
et considération du monde
qui ne peuvent en rien rapprocher de Toi;
Donne-moi ton saint-Esprit,
pour qu’il éclaire mon coeur, me fortifie
et me console dans mon angoisse et ma misère.
Garde-moi jusqu’à la mort dans la vraie foi
et la ferme confiance de ta grâce.

Martin Luther (1483-1546), dans Prières de tous les temps: la tradition luthérienne (Chambray: CLD, s. d.), 35.


CARREFOUR THÉOLOGIQUE 1998

DE LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE RÉFORMÉE

D’AIX-EN-PROVENCE

Il aura lieu du 6 au 8 mars 1998 et aura pour thème cette année:

Le phénomène « Jésus » aujourd’hui

Parmi les intervenants: MM. F. BAUDIN, S. BÉNÉTREAU, D. BERGÈSE,

D. BOURGEOIS, F. FAURE, T. HUSER, P. LEFUR, PH. ROLLAND

ainsi que les professeurs de la Faculté d’Aix.

Renseignements et inscription à la Faculté:
33, avenue Jules Ferry, F – 13100 Aix-en-Provence;
Tél. (33) 04 42 26 13 55, Fax (33) 04 42 93 22 63.


NOËL DANS L’ÉGLISE ANCIENNE

Notre fête de Noël, célébrée le 25 décembre, a été ignorée des chrétiens des trois premiers siècles. Jusqu’au début du IVe siècle, ce jour qui, par la suite, constituera une date centrale dans l’Eglise chrétienne, a passé inaperçu pour les chrétiens: ils ne s’assemblaient pas pour un culte, et la naissance du Christ n’était même pas mentionnée. En revanche, nous verrons qu’en ce temps-là, dans l’Empire romain, païen, le 25 décembre constituait une fête spéciale, consacrée au culte du soleil.
Avant de fêter la naissance du Christ ce jour-là, on la commémorait en Orient, et plus tard en Occident également, à une autre date: le 6 janvier. Le fait de fixer cette commémoration à un jour déterminé ne revêtait pas, à l’origine, une importance fondamentale quant à la nature de cette fête, et cela pour la simple raison qu’en dépit des calculs auxquels s’essayaient quelques docteurs, l’Eglise des trois premiers siècles s’accommodait, dans son ensemble, de ce que nous ignorons entièrement la date de naissance de Jésus. Ceci nous amène à notre première question…
Dans les premiers temps, les chrétiens, non seulement s’accommodaient de ce qu’ils ignoraient la date de la naissance de Jésus, mais ne ressentaient pas le besoin de fêter la descente du Christ sur la terre. Beaucoup plus que son incarnation, sa mort et sa résurrection intéressaient les premières communautés. A l’origine, tous les « jours du Seigneur », c’est-à-dire tous les dimanches1, marquaient la résurrection du « Seigneur » Jésus-Christ, et, à côté d’eux, par la suite, il n’y avait qu’une fête chrétienne: Pâques, commémoration de la mort et de la résurrection du Christ, accompagnée du cycle qui l’entoure immédiatement. De même, dans le christianisme primitif, les fêtes consacrées aux apôtres et aux martyrs se rapportaient à leur mort et non à leur jour de naissance. Origène, au début du IIIe siècle, proteste formellement contre l’usage qui consiste à fêter un jour de naissance. C’est là, selon lui, une coutume païenne. Dans la Bible, seuls des païens et des impies ont fêté leur jour de naissance: Pharaon et Hérode2.
… Ainsi, quand la fête de la naissance du Christ, qui doit être éclairée à la lumière du Vendredi saint, est mise, au même titre que celui-ci et avec la valeur d’un signe, en relation avec la nature entière, ce fait se situe entièrement sur cette ligne néo-testamentaire. Il en est de même, sous une autre forme, dans le récit de Noël de l’évangile de Matthieu, quand l’apôtre mentionne l’étoile de Bethléem.
Noël nous rappelle ainsi le caractère christocentrique de la révélation néo-testamentaire dans laquelle toutes choses, y compris la création, sont rapportées au Christ, car elle attend de Lui sa rédemption (Rm 8:19 ss). Que le « Soleil invaincu » ait fini néanmoins par être vaincu, quand le jour de sa naissance, sans être aboli, fut subordonné à celui du sauveur Jésus-Christ, ce fait nous rappelle, par conséquent, en même temps, que, selon le Nouveau Testament, toute révélation de Dieu dans la nature est subordonnée à sa révélation dans l’acte d’amour du Christ.
« Ce n’est point à tort que le peuple appelle ce saint jour de la naissance du Seigneur le soleil nouveau, et qu’il affirme cela si nettement que les juifs et les païens aussi se trouvent réunis sous cette expression. Nous la maintiendrons volontiers, car avec l’apparition du Sauveur se renouvellent non seulement le salut de l’humanité, mais aussi la clarté du soleil… En effet, si le soleil, lors de la passion du Christ, s’obscurcit, il faut qu’à sa naissance il resplendisse, plus éclatant que de coutume. »3.
Oscar Cullmann, Noël dans l’Eglise ancienne
(Neuchâtel: Delachaux & Niestlé, 1949).
_______________

1. Appelés plus tard jours du Soleil.
2. Commentaire du Matthieu XIV, 6 (Ed. Klostermann), 30. Cf. aussi Hom. in Levit.
VIII, 3.
3. Sermon attribué à Ambroise, n° VI, Migne PLT. 17, 64.


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