II. L’Enseignement religieux dans le Nouveau Testament.

II. L’Enseignement religieux dans le Nouveau Testament.

Wim VERBOOM*

Le professeur Wim Verboom, qui enseigne la catéchèse aux futurs pasteurs à l’Université de Leyde, aux Pays-Bas, nous propose trois études.

Son plan général est le suivant:

–Introduction et l’enseignement religieux dans l’Ancien Testament. –L’enseignement religieux dans le Nouveau Testament. –Education et catéchèse aujourd’hui.

Le première étude a paru dans le précédent numéro; voici la deuxième. La dernière sera publiée dans un prochain numéro.

Introduction

Existe-t-il un lien entre l’enseignement et l’apprentissage selon le Nouveau Testament et ceux de l’Ancien Testament? L’Eglise primitive est née d’Israël à la Pentecôte et toutes sortes d’usages juifs y ont été perpétués. Jésus et ses apôtres lisent et expliquent les Ecritures de l’Ancien Testament. En observant la Torah, Jésus et Paul sont vraiment des fils d’Israël qui en respectent les usages et les coutumes.

S’il y a donc continuité, il y a aussi discontinuité. La foi ou l’incroyance vis-à-vis de Jésus, le Christ, ont suscité des chemins divergents: si l’Evangile donne à l´Eglise chrétienne son identité, cela ne veut pas dire, cependant, que l´Eglise se soit substituée à Israël, car Israël reste le frère aîné dont la conversion est espérée.

Cette continuité et cette discontinuité déterminent l’enseignement de l’Eglise. Certes, Jésus-Christ est central, mais la vie de l´Eglise reste incompréhensible si l’on ignore son arrière-plan juif.

I. L’enseignement de Jésus

L’office de prophète constitue une partie de l’œuvre de Jésus et l´enseignement qu’il dispense correspond à sa mission de Sauveur des pécheurs. Jésus a reçu la sagesse divine qui surpasse toute sagesse humaine, même celle de Moïse. Dans le temple de Jérusalem, au milieu des docteurs, il écoute et questionne; la sagesse et l’intelligence de ses réponses étonnent (Lc 2:46, 47). Jésus est non seulement élève, mais encore docteur, bien que fils de la Loi. A l’âge de 30 ans, baptisé par Jean et rempli du Saint-Esprit, Jésus commence son enseignement: “Quand le sabbat fut venu, il se mit (selon la coutume juive) à enseigner dans la synagogue.” (Mc 6:2) Jésus ressemble à un rabbi, un enseignant (didaskalos) dans la pure tradition juive; il commente la Torah. Ce qui frappe, dans le cas de Jésus, c’est qu’il s’applique l’Ecriture à lui-même comme, par exemple, à Nazareth: “Aujourd’hui cette Ecriture, que vous venez d’entendre, est accomplie”. La vie de Jésus est un accomplisement parfait de la Torah.

En plus de la foule, Jésus enseigne le cercle étroit de douze disciples (mathètai) , qui constitue le début de l´Eglise chrétienne issue d’Israël. Chez les autres, il fallait s’inscrire pour suivre leur enseignement tandis qu’avec Jésus, c’est l’inverse: c’est lui qui appelle l’un après l’autre ses disciples pour former une communauté spirituelle vivante d’apprentissage. Le Maître est en même temps le Berger de ses brebis.

Luc 4 nous montre comment Jésus enseigne les Ecritures. Le jour du sabbat, il est debout dans la synagogue pour les lire et les citer:

L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint; il m’a envoyé pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, pour guérir ceux qui ont le cœur brisé. Pour proclamer aux captifs la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour proclamer une année de grâce du Seigneur. (vv.18, 19)

Puis, il s’assied et explique l’Ecriture [1] . L’explication de l’Ecriture par Jésus a suscité des résistances. Elle implique un engagement et n’est pas (comme en Grèce) une instruction qu’on peut écouter sans autre conséquence sur la vie. L’instruction de Jésus s’inspire de l’enseignement juif; elle est pratique et s’adresse à tout l’homme (volonté, sentiments,…) tout en faisant ressortir le sens profond des Ecritures. Jésus est patient et recommence autant que nécessaire ses explications quand les disciples ne comprennent pas. Il en est ainsi avec les disciples d´Emmaüs qui sont au désespoir parce qu’ils croient que Jésus est mort et que tout espoir est évanoui. Jésus leur dit:

Hommes sans intelligence, et dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes. Le Christ ne devait-il pas souffrir de la sorte et entrer dans sa gloire?… alors il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre les Ecritures. (Lc 24:2, 26, 45)

Jésus est le centre de l’Ecriture, non seulement dans son œuvre, mais encore dans sa volonté, ses commandements. En lui se manifestent la volonté réelle et l’amour radical de Dieu. Les Béatitudes ainsi que le résumé de la Loi en constituent de grands exemples.

Jésus enseigne d’une toute autre façon que les scribes qui connaissent à fond l’Ecriture et ne cessent de décortiquer la Loi pour découvrir la signification précise de ses prescriptions grandes et petites. Leur travail est sans effet sur la vie. Jésus, en revanche, s’exprime avec l’autorité (Mt 7:29) de son Père, qui parle par lui. Ses paroles sont des actes comme la Parole divine, la parole créatrice, est un acte.

Dans toutes ses activités d’enseignement, Jésus se révèle comme Messie, Fils de Dieu et Fils de l’homme, le Serviteur de l’Eternel, la pierre angulaire du plan de Dieu [2] . Quand il instruit la femme samaritaine, il l’amène à croire qu´il est le Messie qui devait venir, ce qu’il commente dans la suite de l’évangile de Jean en se servant d’images évocatrices: “je suis” le pain vivant, la lumière du monde, le bon berger, etc. Il initie ainsi ses disciples à son œuvre salvatrice, à ses souffrances, à sa mort et à sa résurrection et il leur présente l´action du Saint-Esprit qui, à son tour, sera leur Maître. Puis il se tourne vers l’avenir, où son retour occupe une place centrale.

II. Le royaume comme cadre de l’enseignement de Jésus

L’enseignement de Jésus reste dans le cadre de l’Alliance, bien que le mot soit rarement utilisé dans les Evangiles [3] . Dans son instruction, Jésus invite à répondre à l’appel de l’alliance en croyant en lui qui en est le centre. Le mot “Alliance” est proche dans son sens et cependant distinct de “Royaume de Dieu”, que l’on trouve dans l’enseignement de Jésus. Le royaume est étroitement lié au peuple d´Israël, peuple d’Abraham et peuple de l’Alliance. Matthieu 8:12 parle des juifs comme des “fils du royaume”.

Cependant, il y a entre l’idée du Royaume de Dieu et Israël un rapport critique et plein de tension qui rend impossible leur identification pure et simple. Plusieurs paraboles soulignent la fonction critique du Royaume de Dieu à l’égard du peuple de l’Alliance. La même idée se trouve dans le terme “nouveauté” appliquée à la nouvelle alliance par rapport à l’ancienne alliance. L’alliance se renouvelle maintenant par l’œuvre salvatrice de Jésus-Christ dont l’enseignement a pour objectif que nous soyons des nouveau-nés par le miracle de la régénération. Celui qui croit en Jésus est vraiment un enfant de l’Alliance; Dieu l’a voulu et il inverse les rôles: les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers (Mt 20:16). D’une part, Jésus coupe court à toute prétention, tout automatisme liés à l’alliance et, d’autre part, il cherche ce qui est perdu pour le sauver, comme Zachée qui, lui aussi, est un enfant d’Abraham (Lc 19:9).

C’est ainsi que l’idée d’alliance joue indirectement un rôle dans l’enseignement de Jésus. Comme sujet du Royaume, appartenant à la nouvelle Alliance, on apprend en s’abandonnant complètement à Jésus. Le Royaume de Dieu déborde les “anciennes” frontières et n’est plus limité à Israël, mais englobe ceux qui étaient à l’extérieur. L’enseignement de Jésus ne sera compris tout à fait qu´à la Pentecôte, lorsque les peuples entrent dans le cercle de lumière du Royaume de Dieu. Désormais cet enseignement sera dispensé dans le monde entier jusqu’à ce que tout genou fléchisse devant Jésus.

III. Le contenu de l’enseignement de Jésus

Jésus enseigne l’Ecriture qui témoigne de lui, à savoir:

  • La foi en lui, le Messie, qui est prophète, prêtre et roi et en son œuvre (Mt 16:16).
  • Les commandements dans toute leur profondeur et exempts de légalisme (Mt 5:38, 39). Le radicalisme du commandement de Jésus, c’est l’amour profond pour ses ennemis et l´ardeur à prier pour ceux qui l’ont fait mettre à mort.
  • La prière sans vaines redites, comme celle des païens, qui croient que le nombre de leurs paroles assure leur pardon, et sans ostentation comme celle des Pharisiens, mais d´un cœur sincère, dans le secret d´une chambre.

IV. L’enseignement didactique de Jésus

La pédagogie de Jésus est didactique, comme en témoignent les paraboles. Le théologien juif Pinchas Lapide dit qu´elle a

la fantaisie orientale qui parle en images et paraboles pour désigner la vérité indicible du salut… La vigne, les ouvriers méchants du vignoble, le figuier, les fils du royaume, le fils perdu, le repas de noces, le serviteur fidèle, tous ces propos et toutes ces images bibliques et des centaines d’autres encore sont riches d’allusions pour des oreilles juives qui connaissent la Bible…

Les paraboles de Jésus veulent, premièrement, révéler quelque chose à l’aide d’images familières que tout le monde comprend et, deuxièmement, cacher le vrai secret à ceux qui ne croient pas en lui et qui ne veulent pas comprendre. Jésus opère ainsi, dans son enseignement, une séparation entre la foi et l’incroyance.

Jésus enseigne également par des actes miraculeux qui sont des signes, des présages de ce qui arrivera, un jour, lorsque son Royaume viendra dans sa perfection et que le pouvoir du diable sera anéanti. L’enseignement de Jésus par ses miracles comporte un aspect eschatologique qui annonce les nouveaux cieux et la nouvelle terre, lorsque toutes les prophéties de l’Ancien Testament seront accomplies. Les attitudes et les gestes de Jésus nous instruisent également. Il impose les mains et bénit les petits enfants, il écrit dans le sable lorsqu’on lui amène la femme adultère (Jn 8:1-11), il accepte l’onction de ses pieds par une femme pécheresse. Tout parle de sa personne et de son œuvre, et nous montre qui est Dieu et quelle est sa volonté pour l’homme.

V. L’enseignement dans l’Eglise primitive

Les premiers chrétiens sont des “disciples” qui restent élèves tout au long de leur vie; ils sont enseignés par le Saint-Esprit. L’apprentissage du Christ (Ep 4:20), “apprendre à connaître Christ”, est synonyme de devenir et rester chrétien. L’Esprit de Christ enseigne et les chrétiens enseignent , car Dieu a voulu l’un et l’autre. En Matthieu 28:19, l’exhortation “enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit” correspond à une mission à trois volets:

  • l’enseignement qui précède le baptême. Faire des disciples, des adeptes de Jésus;
  • le baptême, avec l’eau comme double symbole du dépouillement du péché et d’une vie nouvelle;
  • la mise en application constante de ce que Jésus a ordonné.

Le baptême est un point de repère dans l’apprentissage du chrétien au sein de l´Eglise, en tant que signe de la nouvelle naissance et de la réception des dons conférés par le Saint-Esprit. Plus on apprend à connaître Christ, plus on reçoit en lui, et plus on manifeste les fruits de l’Esprit qui édifient l´Eglise.

L’enseignement avant le baptême est missionnaire, comme dans le cas de l’Ethiopien (Ac 8). Dans la première période de l´Eglise, il n’a pas encore de structure déterminée. Il est donné aux juifs dans la synagogue; prédication et instruction, exégèse et application, discours et confessions s’y entremêlent [4] . Parfois cet enseignement n’a eu qu’un caractère éphémère, n’étant pas toléré par les chefs officiels de la synagogue; alors les apôtres partent vers d’autres lieux, comme l’école de Tyrannus à Ephèse (Ac 19:9) ou les maisons des futurs chrétiens (Actes 10). C’est l’occasion d’entrer en contact avec les païens, qui ne peuvent pas pénétrer dans les synagogues.

L’enseignement avant le baptême aboutit à la confession de foi que Jésus est le Fils de Dieu, le Sauveur du monde. Il s’agit d’un choix public pour le Christ, d’une “belle confession” comme celle de Timothée faite devant plusieurs témoins (1 Tm 6:13). Cet enseignement expose quelle est la position du chrétien face à l’Ancien Testament, aux commandements et aux traditions d’Israël, à la culture païenne environnante et aux courants spirituels et religieux comme le gnosticisme. L´Eglise persévère dans l’enseignement des apôtres (Ac 2:42) et croît dans la connaissance de Dieu et de sa grâce (1 Co 12:10; 2 Th 1:3); elle discerne quelle est la volonté de Dieu (Rm12:2), s’édifie sur le fondement des apôtres et des prophètes pour former une maison spirituelle (1 Pi 2:5) dont Jésus-Christ est la pierre angulaire (Ep 2:20).

Dans les jeunes Eglises, les personnes ayant la tâche spéciale d’enseigner sont appelées, comme à Antioche, “docteur” (Ac 13:1); à Ephèse, le docteur est aussi le pasteur. A Ephèse et à Corinthe, Apollos, qui est instruit par Priscille et Acquilas, s’occupe également de l’enseignement (Ac 18:25-26). Dans les Eglises de Galatie, il y a un catéchète (Ga 6:6). Le Nouveau Testament ne nous renseigne guère sur la façon dont l’enseignement est dispensé, mais il est vraisemblable qu’il est donné dans les réunions organisées dans les maisons, dans des endroits sûrs, à l’occasion de baptêmes, etc. L’enseignement est oral et s’appuie sur les Ecritures de l’Ancien Testament (1 Co 15:3). Plus tard, il utilise les ép”tres et les évangiles du Nouveau Testament. Les sacrements du baptême et de la Cène, comme les miracles et les signes qui se produisent alors, sont une visualisation du salut en Christ. Aussi ont-ils une signification didactique particulière.

Les enfants aussi appartiennent à l´Eglise car ils sont qualifiés de “saints” (1 Co 7:14). A la Pentecôte, Pierre dit, dans son discours, que la promesse du Saint-Esprit est aussi pour les enfants (Ac 2:39). Lorsque les adultes qui se sont ralliés à l´Eglise ont reçu le baptême, les membres de leur famille les reçoivent aussi comme ceux de Corneille et du geôlier de Philippes. Dans l´Orient ancien, il ne pouvait en être autrement. Ephésiens 6:1-3 et Colossiens 3:20 autorisent à penser que les enfants assistent aux réunions de l´Eglise dans lesquelles lecture est faite des épîtres. A noter, en effet, que Paul s’adresse spécialement aux enfants (Ep 6:1). L’éducation du jeune Timothée nous sert d’illustration. La foi de sa grand-mère Loïs et de sa mère Eunice lui a été transmise et l’éducation dans la foi que donnent les parents s’inscrit dans le prolongement de la pratique en Israël.

VI. L’apprentissage chrétien

i) Son but

Devenir disciple, fidèle de Jésus-Christ, est le but de l’apprentissage dans le Nouveau Testament. Il s’agit moins d’acquérir un savoir que de connaître le Seigneur et de le suivre. En Philippiens 3:10, Paul écrit: “Mon but est de le connaître, lui, ainsi que la puissance de sa résurrection.” Le lien de foi qui nous unit à Christ détermine toute la vie, un “style de vie”. L’amour est central comme dans l’enseignement de Jésus: “Que le Christ habite dans vos cœurs par la foi et que vous soyez enracinés et fondés dans l’amour.” (Col 2:7) Vivre cela implique de se dépouiller du vieil homme et de revêtir l´homme nouveau. Le vieil homme vit dans le péché et l´homme nouveau mène une vie qui honore Dieu. L’apprentissage et la conversion sont unis. Dans l´apprentissage, le Saint-Esprit renouvelle les êtres humains afin qu’ils deviennent ce qu’ils sont en Christ: appelés à être saints (1 Co 1:2), fils de l’Alliance (Hé10:16), du Royaume de Dieu (1 Th 2:12). Cette pédagogie permet d’acquérir le don de discerner entre le bien et le mal afin de ne plus être des enfants, flottants et entraînés à tout vent de doctrine (Ep 4:14) mais de “dire la vérité avec amour” (v. 15).

A cette croissance personnelle dans la foi s’ajoute l’édification des Eglises dans la foi, l’espérance et l’amour; tels sont les buts de l’enseignement selon le Nouveau Testament.

ii) Son contenu

En s’appropriant – dans son esprit et dans son cœur – le contenu de l’enseignement, le disciple est sur la bonne voie pour atteindre l’objectif: connaître Dieu en Jésus-Christ. Il s’agit, d’une part, de la doctrine , la didachè , qui comprend des thèmes comme: Dieu, ses actes, ses promesses, ses commandements, la personne, l’œuvre et l’avenir de Jésus-Christ. Cette doctrine est un système de vérités non pas abstraites mais fonctionnelles et vivantes. Face à une fausse doctrine, il faut conserver “le bon dépôt” ( parathèkè , 1 Tm 6:20). Il s’agit, d’autre part, d´un enseignement concernant la vie chrétienne , l’éthique. La jeune Eglise a besoin d’être éclairée sur nombre de questions pratiques, à savoir les lois juives, les habitudes des païens, le comportement à adopter face au paganisme, etc. La prière est intégrée à cette instruction, car c’est en priant et en rendant grâces qu’on devient disciple de Jésus. Aussi Paul dit-il: “Priez sans cesse” et “En toute circonstance, rendez grâces” (1 Th 5:17, 18).

Il y a des étapes dans l’instruction qui permettent aux nouveaux convertis de croître dans la foi. Au début, ils sont nourris de lait comme les petits enfants; puis ils reçoivent une nourriture solide, comme le suggère l’image de 1 Corinthiens 3. L’épître aux Hébreux (5:1, 2) évoque aussi le contenu de l’enseignement de l´Eglise. Elle présente les principes essentiels de la foi chrétienne sous forme de trois cercles concentriques:

  • la conversion avec l’abandon des œuvres de mort et la foi en Dieu; c’est la foi personnelle;
  • la doctrine du baptême et de l’imposition des mains; c’est la communauté chrétienne;
  • la résurrection des morts et le jugement dernier; c´est l’avenir.

En résumé, trois éléments sont toujours présents dans l’apprentissage du disciple: la foi , la relation personnelle avec Dieu; le commandement , la volonté de Dieu et une vie consacrée; la prière , l´action de grâces et de louange. La vie de l’apôtre Paul offre une combinaison remarquable de ces éléments spirituels.

iii) Sa méthode

Les méthodes didactiques utilisées avec ceux qui se rallient à l´Eglise nous sont largement inconnues. L’influence personnelle des apôtres a été importante. Leurs épîtres ont une autorité plénière due à leur inspiration par le Saint-Esprit. Elles sont lues dans les réunions et parfois expédiées à d’autres Eglises, comme l´indique l’épître aux Colossiens. Cette épître doit être expédiée à l´Eglise de Laodicée, qui fera part de celle qu’elle a reçue directement (Col 4:16). Les épîtres sont à la fois kérygmatiques et pastorales. Outre les épîtres, il y a aussi les évangiles. Si les épîtres proposent des réflexions, les évangiles racontent les hauts faits de Dieu en Jésus-Christ. Les besoins particuliers des destinataires expliquent la coloration, l’angle d’approche et l’éclairage de chacun des quatre évangiles. Cependant, malgré leur diversité, ces écrits n’ont qu’un seul but:

Ceci est écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom. (Jn 20:31)

iv) En résumé

1. L’apprentissage chrétien n’est pas intellectuel; selon la conception juive, il consiste plutôt à acquérir une sagesse pratique, comme l’indiquent les mots utilisésdans le Nouveau Testament [5] ; ces mots considèrent l’homme dans sa totalité: son intelligence, son cœur ainsi que ses faits et gestes.

2. L’apprentissage chrétien comporte un élément d’autorité. Ecouter est impossible si on ne s’engage pas. Cette notion d’autorité apparaît dans l’utilisation du mot katèchein , qui signifie littéralement: faire entendre d’en haut. Il ne s´agit pas d’un pouvoir humain ou d’une autorité humaine, mais de l’autorité de Dieu qui s’est révélée en Jésus. C´est pourquoi une séparation nette entre enseignement et proclamation n’est pas possible, comme cela ressort de plusieurs textes des Actes où les deux mots se suivent (par exemple: 5:42; 15:35; 20:20; 28:31).

3. Dans le Nouveau Testament, l’accent tombe tantôt sur l’enseignement des docteurs donné avec autorité, tantôt sur l’apprentissage de l’élève présenté comme un voyage de découverte. Le premier protège des fausses doctrines; le second d´une émancipation excessive. La démarche est réciproque. “Instruisez-vous et avertissez-vous réciproquement, par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels.” (Ep 3:16)

4 . L’apprentissage est intégré à la vie communautaire. Il n’a pas une place à part, ou isolée dans l´Eglise. Il est tellement relié aux autres aspects de la vie communautaire qu´il ne s’en distingue pas toujours.

5. L’apprentissage dure toute la vie. On reste toujours disciple et on n’a jamais fini d’apprendre. En apprenant, on agit et en agissant, on apprend. C´est ainsi que s’effectue la croissance de la foi. Cette croissance peut être douloureuse, car apprendre veut dire changer, se convertir. Quoi qu’il en soit, notre connaissance demeurera partielle. Ce qui est parfait viendra plus tard.


1 Cette habitude a été longtemps en usage, aussi dans l´Eglise chrétienne. Nous lisons qu’Augustin prononçait ses homélies assis.

2 Mt 8:17, Es 53:4; Mt 11:19, Dn 7:13; Mt 21:42, Ps 118:22-23.

3 On trouve le terme dans l’institution de la sainte Cène où Jésus parle de la nouvelle Alliance (kaine diatheke) . Cet événement est l’accomplissement de la prophétie de Jérémie 31, qui se réalise dans la vie de Jésus.

4 Comme à Salamis (Ac 13:15), Antioche (Ac 17:1), Iconium (Ac 14:1), Thessalonique (Ac 17:1), etc.

5 Didaskein : apprendre pour comprendre les Ecritures. Katèchein :apprendre quel est le contenu de la foi en Jésus-Christ. Manthanein : apprendre, surtout au sens de “former”. Paideuein : apprendre, c’est accompagner au cours de la vie.

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