95 THÈSES POUR AUJOURD’HUI

95 THÈSES POUR AUJOURD’HUI

Daniel Bergèse1 et Pierre Berthoud2

L’Église du Christ poursuit son chemin tout au long des siècles et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle ; c’est là une des certitudes de la foi. Cependant cela ne signifie pas que le cours de son histoire serait semblable à un long fleuve tranquille et qu’aucune menace sérieuse ne viendrait assombrir son existence. De fait, pour quiconque regarde un tant soit peu en arrière, les luttes internes pour le maintien ou pour le retour à l’Évangile véritable ont été constantes. Ce phénomène est lié à la nature même de l’Église, « colonne et soutien de la vérité » au sein d’un monde infiltré par « le père du mensonge ». L’Église détient son existence d’une Parole qui la fonde, et elle ne peut se maintenir dans le temps sans proclamer ce message fondateur, sans le redire sans cesse et sans l’expliciter (d’abord pour elle-même) de génération en génération.

Si l’affichage des 95 thèses par Martin Luther, il y a cinq cents ans, fut le premier acte qui ouvrit la porte au grand bouleversement politico-religieux que va connaître le xvie siècle, ce n’est pas parce que le moine de Wittenberg aurait inventé une nouvelle religion, plus compatible avec son temps. Certes, ses affirmations vont rejoindre des questionnements et des attentes qui étaient ceux de beaucoup de ses contemporains. Mais, en réalité, Luther ne vient pas inventer un nouveau christianisme. Il est au contraire animé par la volonté de faire ressurgir l’Évangile de toujours ; un Évangile que des siècles de juridisme, de cléricalisme et d’érudition scolastique avaient fini par voiler, pour ne pas dire cacher. Si la crise a été si violente, si une grande partie du christianisme d’Occident a quitté la maison romaine, cela fut la conséquence d’une incapacité de l’Église à se réformer. Depuis près de deux cents ans pourtant, un refrain était constamment repris : il fallait réformer l’Église « dans sa tête et dans ses membres ». Mais la véritable réformation qu’il fallait à l’Église ne pouvait pas se limiter à un simple toilettage de l’institution. Il fallait réentendre la Parole de Dieu. Il fallait la laisser parler librement. Aucun pape, aucun concile n’a pu ou su le faire. Martin Luther, lui, l’a fait.

C’est en réaction au commerce des indulgences, chacun le sait, que Luther a pris l’initiative d’écrire et d’afficher3 ses 95 thèses. Cependant, dans les lignes introductives, il présente un motif plus profond et plus général : c’est, écrit-il, « Par amour pour la vérité et dans le but de la préciser ». Il est bien des domaines où chacun peut dire son opinion, mais il en est d’autres où l’enjeu exige que l’on s’exprime « au nom de la vérité ». Cela n’induit évidemment pas un principe d’infaillibilité – Luther a pu se tromper, il a pris le risque de se tromper – mais cela signifie que pour Luther, et bien sûr pour tous les réformateurs du xvie siècle, il est possible de rendre compte de façon substantielle et juste de la révélation de Dieu.

Un grand nombre de publications marquent ce 500e anniversaire de la Réformation et rendent ainsi un juste hommage au visionnaire, à l’homme de foi et de conviction, l’homme courageux que fut Martin Luther. La brève contribution que vous trouverez ci-dessous n’est cependant pas de nature historique. Elle n’est pas non plus une analyse théologique de la pensée de Luther ou une explication de ses thèses de 1517. Elle s’inspire tout simplement et très directement de la geste du réformateur. Ces 95 thèses du xxie siècle tentent de mettre le doigt sur certaines faillites ou dérives de la foi protestante, et proposent en conséquence une nouvelle démarche. L’Église d’aujourd’hui n’a-t-elle pas besoin d’une nouvelle réformation ?

Bien évidemment, l’Église que Luther voulait voir se réformer avait une identité bien définie. Aujourd’hui, en particulier avec le protestantisme, les visages sont divers et la pertinence de ces thèses ne sera pas la même pour tous. C’est donc premièrement sur la porte des Églises dites « historiques » (anglicanes, luthériennes et réformées) que s’affichent ce libelle, mais il n’est pas exclu que certains propos sonnent juste dans d’autres milieux. Dans un contexte bien différent de celui de Martin Luther, et bien conscients du privilège de leur sécurité, les rédacteurs ont cependant pris la plume par amour pour la vérité et dans le but de la préciser.

La Parole de Dieu

1. Après cinq cents ans d’existence, les Églises protestantes n’ont pas toujours fait fructifier en bien l’héritage légué par leurs fondateurs.

2. De telle sorte que la situation en ce début de xxie siècle, et en ce qui concerne la foi et le salut, est au moins aussi inquiétante qu’elle ne l’était dans l’Église de Rome au début du xvie.

3. Plusieurs modes théologiques ont fini par anesthésier l’autorité de la Bible que les réformateurs ont pourtant voulu remettre au premier plan.

4. Lorsque la Parole de Dieu est renvoyée dans un au-delà du texte biblique, on peut y voir une atteinte grave à la doctrine de l’incarnation.

5. La parole « faite chair » ne vient pas remplacer la parole écrite, elle certifie au contraire la véracité de la révélation du Dieu infini et personnel exprimée selon les catégories du langage humain.

Écriture et interprétation

6. Par ailleurs, l’Écriture sainte est désormais grandement muselée, non plus par le poids d’une tradition, mais par des grilles de lecture qui lui sont étrangères et qui reflètent l’influence du monde.

7. Ce n’est pas au monde de faire l’herméneutique de la Bible, c’est la Bible qui doit nous conduire à une herméneutique du monde.

8. Il est vain d’invoquer l’Esprit Saint pour justifier des interprétations contraires à l’enseignement de la Bible.

9. C’est bien plutôt l’esprit du siècle qui pousse à ignorer, relativiser ou détourner les croyants du message que nous ont communiqué les prophètes et les apôtres.

10. En tout ce qui est nécessaire de savoir pour être sauvé et pour mener une vie qui soit agréable à Dieu, le message de la Bible est clair et accessible à chacun.

11. Les conflits d’interprétation portent, ou bien sur des points secondaires, ou bien sont le produit non des Écritures, mais des présupposés idéologiques de l’interprète lorsqu’ils sont contraires à ceux qui sous-tendent les écrits bibliques.

12. La foi ne sera jamais une simple réédition religieuse des croyances et des valeurs qui mènent la société.

13. Le combat pour la vérité demeure quel que soit le siècle et quelles que soient les cultures.

14. Il est donc inévitable que le croyant se trouve en plusieurs points en désaccord avec les options dominantes, quelquefois même quand celles-ci se parent d’un certain altruisme.

15. Et comme la vérité est, dans l’Écriture, une notion holistique, ce combat s’actualise tout autant au niveau des idées et de l’expression culturelle que dans celui des comportements et du style de vie.

16. « Ma conscience est liée par la Parole de Dieu », disait Luther ; ce n’est donc pas ma conscience qui fait autorité pour la foi, mais la Bible.

L’Évangile dans son contexte

17. Il nous faut donc d’abord refuser le réductionnisme qui voudrait enfermer la foi dans un domaine religieux ou psychologique sans incidence sur notre compréhension du monde.

18. Le schéma historique et biblique – création, chute, rédemption – est la clé qui va nous permettre de comprendre le monde.

19. Et non seulement de comprendre le monde, mais aussi de comprendre la nature et la pertinence de l’Évangile dont l’Église se nourrit et qu’elle est chargée de proclamer jusqu’aux extrémités de la terre.

20. L’Évangile de la grâce de Dieu s’inscrit sur un double fondement (création-chute) qui en détermine le contenu.

21. Tous les docteurs et théologiens qui ont minimisé ou ignoré cette (double) assise se sont égarés dans leur présentation de l’Évangile.

22. L’Évangile est une puissance de salut si on le reçoit tel qu’il est. S’il est détourné de sa nature réelle, il devient une idéologie ou une mystique et la foi qu’il engendre est vaine.

L’Évangile de grâce face au péché

23. L’Évangile de la grâce de Dieu non seulement ne relativise pas la déchéance de l’homme, mais au contraire en révèle toute la profondeur et le tragique.

24. Ainsi la première grâce accordée par l’Esprit est celle de la repentance (thèse 1 de Martin Luther).

25. Elle implique la prise de conscience que rien de ce qui est de moi ne peut plaire à Dieu, que je suis seulement digne d’être condamné au jour du jugement.

26. Sans la vision de la sainteté de Dieu face à la misère morale de l’homme, il n’y a plus l’Évangile de la grâce de Dieu mais un autre évangile.

27. La deuxième grâce accordée par l’Esprit est celle de la foi en Jésus-Christ, mort en sacrifice pour le pardon de mes péchés.

28. Abandonner la dimension sacrificielle et substitutive de la mort du Christ sur la croix constitue un rétrécissement de l’Évangile et ne peut se comprendre que dans une logique de déconstruction et de réinterprétation du message biblique tout entier.

29. Par son sacrifice, le Christ me rachète et m’ouvre à une vie nouvelle. Il n’y a sur la terre aucune autre voie par laquelle je pourrais être sauvé, réconcilié avec Dieu pour le temps et l’éternité.

30. Un Évangile de la grâce universelle qui sauve indistinctement croyants et incroyants sur la base de l’amour de Dieu est une grave déformation de l’Évangile biblique.

31. Sans le prix du sacrifice expiatoire accompli par le Christ à la croix, sans l’Esprit Saint me communiquant la foi et m’introduisant dans la repentance, il n’y a pas de salut.

La grâce qui sauve

32. On ne saurait non plus réduire l’Évangile à un verdict juridique de salut accordé gratuitement à celui qui croit.

33. La grâce par laquelle je suis justifié devant Dieu est en même temps, par la vertu de l’Esprit Saint, ce qui va me conduire dans un chemin de sanctification.

34. Une grâce considérée comme une vérité universelle, et en conséquence détachée de l’événement historique du Christ donnant sa vie en rançon, devient fatalement une grâce « à bon marché ».

35. Et comme l’a si bien dit Dietrich Bonhoeffer, « la grâce à bon marché est l’ennemie mortelle de notre Église ».

36. « Dans cette Église, le monde trouve, à bon marché, un voile pour couvrir ses péchés, dont il ne se repent pas et dont, a fortiori, il ne désire pas être libéré. »

37. Le plein Évangile est une puissance de salut non seulement parce qu’il fait connaître le seul moyen pour être réconcilié avec Dieu, mais aussi parce qu’il donne la volonté et la force de marcher à la suite du Christ.

38. Là où il n’y a pas ce désir de progresser dans la voie de la sanctification – mort à soi-même et vie nouvelle en Christ – là se révèle une fausse conception de la grâce.

L’Évangile et la loi

39. La liberté en Christ ne conduit pas à l’abandon des ordonnances morales révélées par Dieu pour le bien de l’homme créé à son image, mais à une nouvelle manière de les habiter.

40. Le Christ n’a pas aboli la loi mais il l’a accomplie. Celle-ci se trouve ainsi à la fois dépassée et validée.

41. L’abandon de la loi au nom de l’Évangile révèle une mécompréhension du message du Nouveau Testament, aux conséquences funestes.

42. La loi n’est un joug que pour celui qui cherche sa justification dans son application.

43. La vie par l’Esprit du Christ produit elle-même des fruits de justice qui sont agréables à Dieu.

44. C’est en cela que réside la liberté chrétienne : lorsque notre nature, prisonnière du péché, est régénérée et renouvelée en Christ.

45. Dès lors, c’est l’obéissance à Dieu, et souvent l’obéissance joyeuse, qui devient la marque de ma liberté.

46. Le chrétien garde donc précieusement le double commandement d’aimer Dieu de tout son cœur, de toute sa pensée et de toute sa force et d’aimer son prochain comme soi-même.

47. Pour mettre en pratique ce chemin de sainteté, il se laisse pénétrer par l’exemple du Christ, mais aussi par bien d’autres exemples d’hommes et de femmes de foi.

48. Il cherchera aussi à comprendre et à se laisser éclairer par toutes les prescriptions et exhortations que l’on trouve dans l’Ancien et le Nouveau Testament.

49. Si l’éthique chrétienne est conduite avant tout par une morale de l’homme intérieur (du cœur), il ne s’ensuit pas une relativisation des actes concrets et des choix de vie.

50. Ainsi il est impossible de justifier des comportements que la Bible dénonce comme des péchés en ayant recours à l’idée générale de l’amour ou en invoquant une quelconque sincérité de cœur.

L’Église, moyen de grâce

51. Pour entrer et progresser sur ce chemin de salut, Dieu a donné des « moyens de grâce ».

52. Au-delà de la révélation elle-même, l’Église, lorsqu’elle est gouvernée selon l’ordre établi par le Seigneur Jésus-Christ, est le moyen de grâce par excellence en ce qu’elle contient tous les autres, notamment la prédication, les sacrements et les ministères.

53. Par réaction contre tout embrigadement non critique, les protestants se sont souvent fourvoyés dans une sorte d’individualisme de la foi qui leur a été dommageable.

54. Concevoir l’Église comme un simple rassemblement de croyants est une vision réductrice qui ne rend pas justice au plan de Dieu révélé dans l’Écriture sainte.

55. L’alliance de grâce contractée avec Abraham vise, au-delà de ce dernier, toute sa descendance, c’est-à-dire un peuple.

56. De même, dans le Nouveau Testament, le Christ vient bâtir son Église, et c’est elle qui va hériter des promesses faites à Abraham.

57. Autrement dit, l’alliance de Dieu n’est pas établie d’abord avec moi, et avec chaque croyant, mais avec cette personnalité collective qu’est l’Église.

58. C’est ainsi que Calvin a pu parler à juste titre de l’Église comme une mère. C’est en elle que – normalement – Dieu engendre ses enfants.

59. Ignorer ou minimiser ce statut et ce rôle donnés à l’Église par Dieu entraîne un certain nombre de conséquences néfastes pour la foi et pour le témoignage dans le monde. Il est donc urgent de reposer les bases d’une saine ecclésiologie.

Visible et invisible

60. L’Église est à la fois une réalité visible et une réalité invisible. Il est important de maintenir ces deux pôles ainsi que leurs relations réciproques.

61. Un accent trop univoque sur le visible conduit au formalisme et au juridisme dont l’Église de Rome est encore aujourd’hui un exemple.

62. Un accent trop univoque sur l’invisible conduit à l’illuminisme et à l’émiettement de la foi dont le protestantisme est trop souvent l’illustration.

63. En tant que protestants, donc, il nous faut nous réapproprier l’Église visible comme un maillon essentiel de l’œuvre de Dieu en vue du salut.

L’Église rassemblée

64. Ainsi, la véritable spiritualité se construit naturellement avec les autres croyants dans les rassemblements de l’Église.

65. Chaque rassemblement, « au nom du Seigneur », est un don du ciel et doit être reçu comme tel.

66. Le culte hebdomadaire est un événement, une fête, un signe d’alliance et le moment par excellence où l’Église devient visible, pour nous-mêmes et pour la cité.

67. C’est le Seigneur qui nous y convoque, ainsi la participation régulière de chaque croyant est-elle en même temps une obligation et un fruit de la foi.

68. Le culte se doit de mettre en forme, par sa liturgie (ou son déroulement), les conditions de la rencontre avec Dieu et la bénédiction qui en découle.

69. La prédication n’est pas le lieu d’expression des libres opinions du prédicateur mais un message qui se doit d’être en écho à la révélation biblique dans sa teneur objective. Le prédicateur parle au nom de Dieu et en vue d’édifier le corps du Christ.

70. Les réunions d’Église vécues dans la présence du Seigneur sont un moyen efficace par lequel « Dieu ajoute à l’Église ceux qui sont sauvés ».

71. Lorsqu’ils restent dans leur rôle de serviteurs du Seigneur, les synodes sont une forme légitime de rassemblement visant à exprimer une dimension plus large de la communion ecclésiale.

72. Cependant, leur autorité, en matière de foi et de mœurs, découle de leur capacité à rendre compte de la Parole de Dieu.

73. à eux aussi s’applique cette parole de l’Écriture : « Examinez toutes choses, retenez ce qui est bon. »

La foi de l’Église

74. Il faut parler à nouveau de la foi de l’Église, non pas comme un consensus minimum à un moment donné, mais comme le dépôt de la foi « transmis aux saints une fois pour toutes ».

75. L’Église protestante n’a pas surgi à partir de rien. Elle s’inscrit dans la tradition véritable de l’Église universelle.

76. En conséquence, dire la foi de l’Église implique de s’approprier et de confesser les doctrines de la tradition œcuménique, lorsque celles-ci paraissent conformes à la Parole de Dieu.

77. Les déclarations de foi squelettiques qui ont émaillé l’histoire des Églises réformées en France depuis un siècle et demi ne peuvent prétendre dire la foi de l’Église.

78. A fortiori, le pluralisme doctrinal, qui est un état de fait dans nombre d’unions d’Églises, ne peut en aucune manière prétendre dire la foi de l’Église.

79. Vouloir sauver l’unité de l’Église en validant des contenus divergents et contradictoires au niveau de la doctrine est une profonde erreur. C’est une atteinte à la notion biblique d’unité et de communion.

80. Avant d’être une organisation ou une structure, l’unité de l’Église repose sur une communion dans la foi, c’est-à-dire sur le contenu doctrinal de la foi.

81. Vouloir sauver la liberté de conscience en validant des contenus divergents au niveau de la doctrine est une profonde erreur. C’est choisir l’individu contre l’Église, corps du Christ.

82. Or, il ne s’agit pas d’opposer foi de l’Église et foi individuelle mais de les faire coexister en reconnaissant à l’Église le droit et le devoir de dire quelle est la doctrine qu’elle enseigne.

83. À la Réforme, la foi de l’Église a été confessée par le moyen des confessions de foi et des catéchismes.

84. Au lieu de les laisser dormir dans leur lointain passé, la continuité de la foi nous oblige à reprendre à nouveaux frais la question de l’autorité de ces textes.

85. L’Église protestante ne peut échapper à la question de la vérité de la foi chrétienne. Celle-ci doit avoir des conséquences en ce qui concerne l’organisation, la discipline et la proclamation de l’Évangile.

La formation théologique

86. Par exemple, l’Église visible qui assume son rôle maternel auprès des croyants se doit d’offrir des lieux de formation théologique qui soient en accord avec sa foi.

87. La recherche théologique ne peut s’exercer sur la base d’une prétendue neutralité confessionnelle.

88. En particulier, la dogmatique, comme l’a fort bien vu Karl Barth, ne peut s’écrire pour le monde, elle est nécessairement une dogmatique pour l’Église.

89. Exprimer et enseigner la foi apostolique en utilisant les concepts et les connaissances d’aujourd’hui, mais sans épouser les présupposés du monde, est tout à fait possible et souhaitable.

90. Un lieu de formation théologique qui participe de la maternité de l’Église donnera aux croyants un équipement intellectuel, spirituel et pratique qui affermira leur foi et valorisera leur témoignage dans la société et la culture environnante.

Consolider ses fondements

91. L’adversaire des origines, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant comment il pourra dévorer les croyants, c’est-à-dire les éloigner du salut en Christ.

92. Bien des protestants ont déjà été dévorés, et peut-être souvent parce que l’Église n’a pas été en mesure de les armer ou de leur offrir un abri.

93. Après avoir longtemps glissé sur la pente qui mène à une identification complète avec le monde, l’Église protestante se doit de réentendre ses fondamentaux.

94. Non pas pour revenir cinq siècles en arrière mais pour pouvoir se projeter dans le nouveau siècle sur une base consolidée, et ainsi écrire une nouvelle et belle page de l’histoire de la foi.

95. Secouer les institutions pour les réformer, c’est toujours provoquer des remous qui peuvent être pénibles, mais il vaut mieux « entrer au ciel par beaucoup de tribulations, plutôt que de se reposer sur la sécurité d’une fausse paix » (thèse 95 de Martin Luther).


  1. Daniel Bergèse est pasteur et chargé de cours d’histoire à la Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence.↩︎

  2. Pierre Berthoud est professeur émérite de la Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence.↩︎

  3. Nous n’entrons pas dans le débat pour savoir si l’affichage sur la porte de la chapelle du château de Wittenberg a bien eu lieu. Il ne semble pas que la preuve du contraire ait été faite.↩︎

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