Stuart OLYOTT – La Revue réformée http://larevuereformee.net Sat, 11 Dec 2010 15:24:11 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.12 Les trois grandes bénédictions de la vie chrétienne http://larevuereformee.net/articlerr/n223/les-trois-grandes-benedictions-de-la-vie-chretienne Sat, 11 Dec 2010 17:17:35 +0000 http://larevuereformee.net/?post_type=articlerr&p=389 Continuer la lecture ]]> Les trois grandes bénédictions de la vie chrétienne

Stuart OLYOTT*

I. La justification

C’est merveilleux d’être chrétien! Quand je me lève le matin, j’ai envie de danser, j’ose danser…

Comment se fait-il que vous soyez chrétiens? Vous appartenez à la race d’Adam, vous avez péché en lui, vous êtes donc de cette race déchue. Comment se fait-il que vous soyez des chrétiens régénérés, vous n’avez plus la justice originelle, vous avez une nature corrompue, totalement corrompue? Des pensées impures se sont souvent emparées de vous. Vous appartenez à cette race misérable, n’est-ce pas? Vous avez perdu la communion avec Dieu. Vous vivez comme moi, sous la colère et la condamnation du Dieu Tout-Puissant. Vous êtes assujettis à toutes les misères de la vie actuelle. La mort et l’enfer vous attendent.

Comment se fait-il que vous soyez chrétiens? Vous l’êtes parce que Dieu est Dieu et qu’il vous aime depuis toujours. Avant la fondation du monde, il vous a élus pour son unique bon plaisir. Il existe depuis toujours et depuis toujours il pense à vous. Voilà ce que dit la Bible: de toute éternité, Dieu m’aime. Il a décidé de me sauver de mon état de péché et de misère. En fin de compte, durant ma vie, il m’a convaincu de mon péché et de ma misère, il a illuminé mon esprit par la connaissance du Christ, renouvelé ma volonté et il m’a persuadé, rendu capable d’embrasser Jésus-Christ qui m’était librement offert dans l’Evangile. C’est pour cela que je suis chrétien: à cause de la seule grâce de Dieu.

Vous êtes chrétiens et le Christ verse sur vous, abondamment, toutes sortes de bénédictions. Nous sommes incroyablement riches. Quelles sont ces bénédictions?

– Dieu m’aime.

– La paix de Dieu a envahi ma conscience.

– J’ai une certaine joie que me donne l’Esprit Saint.

– Je crois que j’ai fait quelques progrès dans la vie spirituelle, trop peu…

– Je suis sûr que le Seigneur va prendre soin de moi jusqu’à la fin de mes jours.

Ces bénédictions-là ne sont pas les plus grandes. Quelles sont les plus grandes? Il y a les bénédictions dont nous jouissons maintenant et celles qui nous attendent au jour de notre mort. Il y en aura le jour de la résurrection, le jour du jugement, éternellement. Les bénédictions les plus grandes sont: la justification, l’adoption et la sanctification dont nous jouissons déjà maintenant dans la vie présente.

(Rm 8 :30)

Qu’est-ce que la justification?

A) La justification est une déclaration

Dieu dit quelque chose à mon sujet. Il ne s’agit pas de quelque chose que Dieu fait au pécheur, de quelque chose qui arrive dans la vie du chrétien. C’est une déclaration.

(Dt 25:1)

Voilà un juge, un procès au cours duquel le juge doit se prononcer sur tout ce qu’il aura entendu. Si l’homme est condamnable, il le déclare coupable; s’il n’est pas coupable, il le justifie.

La justification est une déclaration légale, dans le langage du tribunal. Voilà de quoi il est question lorsque nous, qui sommes coupables, parlons de cette grande bénédiction de la vie chrétienne.

« Or, nous savons que tout ce que dit la loi, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, afin que toute bouche soit fermée, et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu.Car il n’y a pas de distinction: tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu.

Car il n’y a pas de distinction : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. » (Rm 3:19 et 23)

Dieu peut-il justifier le coupable? Oui, parce que Romains 4 est le cœur de l’Evangile:

(Verset 5)

L’islam, le bouddhisme, le catholicisme et le protestantisme actuels, beaucoup d’évangéliques disent qu’en fin de compte Dieu justifie ceux qui sont bons. Mais la Bible dit que Dieu justifie l’impie. Comment se fait-il qu’une telle chose soit possible?

Dieu est juste. Dieu est saint. Dieu est correct. Un juge ne ferait jamais ce que fait Dieu. Un juste juge condamne l’impie et justifie celui qui n’est pas coupable. La justification est une déclaration que l’impie n’est pas coupable.

B) La justification se fait à cause de l’imputation

C’est là un mot clé de l’Evangile. Que veut dire le mot ? Dieu estime que quelque chose qui appartient à celui-ci doit maintenant être transféré à celui-là, c’est-à-dire qu’il crédite le compte de celui-là à cause de ce qu’a fait celui-ci. Telle est l’imputation. Dieu prend une chose qui appartient à une personne pour l’imputer au compte d’une autre personne.

Remarquons que l’imputation, dans le Nouveau Testament, est dans les deux sens. Qu’en est-il de l’imputation du péché d’Adam? Toute la race est déchue à cause de lui. Son péché originel a été imputé à tout le monde, sauf au Christ. Mais cette imputation-là n’est pas dans les deux sens: L’imputation en question, maintenant, se fait dans les deux sens.

(2 Co 5:21)

C’est un verset clé. Dieu le Père agit envers son Fils comme si lui, le Fils, avait péché. Autrement dit, mon péché est mis sur le compte du Fils de Dieu et Dieu agit envers son propre Fils comme s’il avait fait ce que j’ai fait. Il y a imputation, car la justice de Christ est mise sur mon compte et Dieu agit en moi, envers moi, comme si j’étais le Christ.

Ce qui m’étonne toujours, en lisant le Nouveau Testament, est la vérité suivante: aux yeux de Dieu, je suis aussi juste que Dieu lui-même. Telle est la justification! Pourtant je suis pécheur, j’ai péché aujourd’hui et je pèche même en faisant cette prédication, car elle n’est pas parfaite. Mais, aux yeux de Dieu, dans un sens légal, je suis aussi juste que le Fils de Dieu lui-même; et le Fils de Dieu étant Dieu, on peut donc dire que je suis aussi juste que Dieu. La vie parfaite et sainte du Fils de Dieu a été mise sur mon compte à cause de l’imputation.

La justification est une déclaration qui est faite à cause de l’imputation.

C) Dieu est l’auteur de la justification

(Rm 8:33)

Dieu est celui qui justifie. Cela est d’une importance primordiale. Dieu est l’auteur de la justification. Certains pensent: « Je ne suis pas juste devant Dieu, j’agis mal, j’ai beaucoup de pensées impures, j’ai utilisé des mots regrettables, j’ai accompli bien des actions ruineuses… tout cela fait partie de ma vie, de ma personnalité; oui, je suis pécheur, mais Dieu est, pourtant, d’accord pour accepter ma foi au lieu de cette justice parfaite que je lui dois. » Il est aussi des prédicateurs qui prêchent cela: , donnant ainsi l’impression que c’est la foi qui est la base de la justification, son fondement, comme si c’était à notre foi que nous devions notre justification.

Le Nouveau Testament ne s’exprime jamais de la sorte. Il insiste sur le fait que nous devons notre justification à Dieu lui-même à cause de l’œuvre de son Fils bien-aimé, le Seigneur Jésus-Christ.

(Rm 3:24)

Il n’y en a qu’un seul qui porte le péché des élus. Il n’y en a qu’un seul qui soit notre Rédempteur. Un seul est parfait et il est mort à la place des autres.

Qu’est-ce que la foi? Elle est seulement un instrument que Dieu nous donne pour que nous puissions recevoir, de sa part, cette justification gratuite qu’il accorde au pécheur. La foi n’est qu’un instrument, elle n’est pas à la base de notre justification. Elle est seulement la main qui reçoit la justification, la bénédiction de Dieu. Un mendiant qui tend la main ne la remercie pas si quelqu’un y met un euro; il regarde dans les yeux la personne qui lui a donné une pièce et lui dit: Il n’attribue pas à sa propre main ce qui revient à cette personne. Comment donc certains peuvent-ils attribuer à leur foi le fait d’être justifiés devant Dieu et oublier l’œuvre et la personne du Fils de Dieu?

(Ph 3:8)

Qu’est-ce que la justification? C’est une déclaration qui est faite à cause de l’imputation, mais Dieu en est l’auteur. C’est à Dieu que nous devons cette justification dont nous sommes bénéficiaires.

D) D’autres points

1. La justification est un acte. Un acte accompli instantanément. Il ne s’agit pas d’un processus. Il y a des choses, assurément, qui s’effectuent petit à petit, qui s’achèvent progressivement; pas la justification. On est ou on n’est pas justifié. Pas d’intermédiaire. Que l’on soit justifié depuis trente secondes ou depuis trente ans, on est justifié de la même manière, autant.

(Rm 8:1)

Il n’y a aucune condamnation pour l’un comme pour l’autre.

2. Personne n’est justifié avant de s’être repenti et de croire. Il faut y insister, car il est des chrétiens, les hypercalvinistes, qui pensent que Dieu, aimant les élus depuis toujours, ceux-ci sont justifiés depuis toujours. La Bible ne s’exprime pas ainsi.

Personne n’est justifié avant de s’être repenti et de croire; et ceux qui se repentent croient; et ceux qui croient se repentent. Les deux choses vont ensemble. Quand le Seigneur vous unit à lui-même au moment de l’appel efficace, au moment de la vocation céleste, il vous justifie complètement, entièrement et éternellement. On n’est point justifié avant ce moment-là.

« Sachant que l’homme n’est pas justifié par les œuvres de la loi, mais par la foi en Christ-Jésus, nous aussi nous avons cru en Christ-Jésus, afin d’être justifiés par la foi en Christ, et non par les œuvres de la loi, parce que nul ne sera justifié par les œuvres de la loi. » (Ga 2:16)

, ce qui implique que Paul n’était pas justifié avant de croire.

(Col 1:21)

Personne n’est justifié avant d’avoir cru. Mais dès que l’on croit, on est justifié tout de suite; aussi justifié que tous les chrétiens du monde.

(Ac 13:38)

(Rm 3:21-22)

(Rm 4:23-24)

3. Nous sommes justifiés par le moyen de la foi seule. Il n’est pas nécessaire d’observer la Loi de Dieu, d’obéir aux exigences de Dieu pour être sauvé.

(Rm 3:20)

Les œuvres ne sont pas nécessaires pour le salut. C’est par la foi toute seule, par le moyen de cette foi seule que nous sommes justifiés; mais la foi qui nous justifie n’est jamais seule, comme l’a dit Luther.

(Jc 2:26)

(Jc 2:17)

Ces œuvres ne nous recommandent pas à Dieu. Ces œuvres-là sont le fruit de notre foi. Si on est justifié au sens néotestamentaire, on est sanctifié. Ceux qui sont sauvés sans la Loi la respectent et l’aiment. Ceux qui sont justifiés auront une vie radicalement transformée. Car le but du salut est toujours la conformité au Christ.

(Rm 4:16)

La justification est un acte de la libre grâce de Dieu qui nous fait ainsi enfants d’Abraham, enfants de Dieu, justifiés jusque dans l’éternité.

Comment savoir si une assemblée qui se dit Eglise l’est ou non? Comment savoir si le prédicateur de l’Evangile dit vrai ou non? Selon Luther, il faut réfléchir à la doctrine de base du Nouveau Testament, la justification par la foi, le message du salut, et vérifier quelle place lui est reconnue.

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A la fin de chaque journée, je m’aperçois que la jalousie a habité mon cœur à plusieurs reprises. J’ai, en fait, des tas de péchés et de lacunes à confesser… Qu’est-ce que Dieu pense de moi? Il me plaît de vous dire qu’il est très content de moi. Je ne plaisante pas. Car Dieu dit:

(2 Co 5:21)

Telle est la doctrine de la justification par la foi. Si tout le monde la comprenait, le pape serait au chômage avant la fin de la semaine. Et si les membres de chaque Eglise la comprenaient, une bonne moitié des problèmes qui existent dans celle-ci auraient disparu avant demain matin! La plupart des évangéliques ne comprennent pas la doctrine de la justification par la foi. Vous pensez peut-être que c’est une doctrine dangereuse et vous avez raison. Si vous le pensez, c’est que vous commencez à la comprendre: aux yeux de Dieu, je suis juste; je suis aussi juste que le Fils de Dieu; je suis aussi juste que Dieu, sans référence à mes œuvres.

II. L’adoption

Le Petit Catéchisme de Westminster1 donne la définition suivante de l’adoption:

(Question 34)

Le puritain John Owen a dit que la doctrine de l’adoption était . Il y a des chrétiens qui frôlent l’apostasie, qui se découragent, qui ont des évanouissements spirituels, qui s’affaiblissent de plus en plus. Comment les ranimer? Comment les encourager, renouveler leurs forces, leur donner un coup de main? En leur enseignant la doctrine de l’adoption, à laquelle ils pourront se rafraîchir en en buvant l’eau.

Pour savoir ce qu’est le christianisme, il est essentiel de comprendre la doctrine de l’adoption. Si on ne la comprend pas, il est impossible de percevoir la différence qu’il y a entre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament ainsi que l’ampleur et la majesté de l’Evangile, parce que l’adoption est le point focal, le noyau du message du Nouveau Testament.

A) Tous les hommes ne sont pas enfants de Dieu

Le privilège d’être enfants de Dieu appartient aux seuls croyants. Dans l’Ancien Testament, Dieu est le père de la descendance d’Abraham.

(Ex 4:22)

(Os 11:1)

Israël est fils de Dieu. Israël, en tant que nation. Et les autres nations? Elles ne jouissent jamais de ce privilège qui appartient à la nation d’Israël. Dans l’Ancien Testament, personne n’utilise le mot

en parlant personnellement à Dieu.

Dans le Nouveau Testament, Dieu est le père de ceux qui se repentent de leurs péchés et qui le Seigneur Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur. Par la foi, ces personnes deviennent descendance, semence d’Abraham.

« Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Christ-Jésus: vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Christ-Jésus. Et si vous êtes à Christ, alors vous êtes la descendance d’Abraham, héritiers selon la promesse. » (Ga 3:26-29)

Nous sommes donc Israël, la descendance d’Abraham, fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ.

(Jn 1:12-13)

Tous ceux qui croient sont enfants de Dieu et descendance d’Abraham.

(Jn 14:6)

Par ce chemin, par cette vérité, cette vie, on vient au Père que l’on a le droit d’appeler: Tous les hommes ne sont pas enfants de Dieu; selon la Bible, ce privilège appartient aux croyants. Mais cette filiation n’est pas naturelle; nous sommes des fils adoptifs. Il s’agit d’une filiation adoptive.

« Lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la loi, afin de racheter ceux qui étaient sous la loi, pour que nous recevions l’adoption. Et parce que vous êtes des fils, Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, qui crie: Abba! Père! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils; et si tu es fils, tu es aussi héritier, grâce à Dieu. » (Ga 4:4-7)

Remarquons le passage au singulier. Le croyant devient un fils adoptif de Dieu.

« Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Et vous n’avez pas reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions: Abba! Père! L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être aussi glorifiés avec lui. » (Rm 8:14-17)

« En lui, Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui. Dans son amour, il nous a prédestinés par Jésus-Christ à être adoptés, selon le dessein bienveillant de sa volonté, pour célébrer la gloire de sa grâce qu’il nous a accordée en son bien-aimé. » (Ep 1:4-6)

« Voyez quel amour le Père nous a donné, puisque nous sommes appelés enfants de Dieu! Et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas: c’est qu’il ne l’a pas connu. Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté; mais nous savons que lorsqu’il sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui (le Seigneur) est pur. » (1 Jn 3:1-3)

Voici un bon résumé de la doctrine de l’adoption que j’ai trouvé dans un ouvrage traduit de l’anglais: « Tous ceux qui sont justifiés, Dieu daigne les rendre participants, en et pour son Fils unique Jésus-Christ, de la grâce d’adoption par laquelle ils sont comptés au nombre des enfants de Dieu dont ils ont les libertés et les privilèges. Son nom est mis sur eux. Ils reçoivent l’Esprit d’adoption, s’approchent avec assurance du trône de la grâce et peuvent s’écrier: Ils sont l’objet de la compassion, de la protection et du secours de Dieu. S’ils sont châtiés par lui comme par un père, ils ne sont cependant jamais rejetés, mais scellés pour le jour de la rédemption. Ils héritent des promesses en tant qu’héritiers de la vie éternelle. »

B) Les points essentiels du Nouveau Testament sur l’adoption

1. Parmi tous les privilèges du chrétien, l’adoption est le plus grand, le plus élevé. La justification est la première bénédiction de l’Evangile. Tout dépend de la justification, mais elle n’est pas le privilège le plus grand que donne l’Evangile: c’est l’adoption. La justification est une idée légale; l’adoption est une idée familiale. La justification utilise un vocabulaire de tribunal; l’adoption utilise un vocabulaire d’amour. Dans la justification, on voit Dieu comme notre Juge; dans l’adoption, on le voit comme notre Père.

Je suis coupable devant le juge qui dit: , mais je le suis. La justice du Fils de Dieu a été mise sur mon compte; aussi Dieu dit-il que je ne suis pas coupable. C’est pourquoi j’ose vivre et j’ose mourir.

L’adoption est quelque chose de différent. Le juge se lève et s’approche de moi, m’embrasse, me prend chez lui, me procure de nouveaux vêtements (justification), me donne son nom; son foyer est mon foyer, sa famille est ma famille. Je lui appartiens; je suis un membre de sa famille. Il m’accorde d’innombrables privilèges. Tout cela serait impossible sans la justification; l’adoption est le plus grand privilège que nous accorde l’Evangile.

2. Si on oublie l’adoption, il est impossible de vivre en chrétien. Qu’est-ce qu’un chrétien? Voici la définition la plus simple, la plus juste:

(Mc 3:35)

Voilà ce que Jésus dit en regardant ses disciples. Nous sommes donc frères, sœurs… de Jésus-Christ, Fils de Dieu.

« Et voici que Jésus vint à leur rencontre (des femmes) et dit: Je vous salue. Elles s’approchèrent pour saisir ses pieds et elles l’adorèrent. Alors Jésus leur dit: Soyez sans crainte; allez dire à mes frères de se rendre en Galilée: c’est là qu’ils me verront. » (Mt 28:9-10)

« Jésus lui dit: Ne me touche pas; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va vers mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Marie-Madeleine vint annoncer aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur, et qu’il lui avait dit ces choses. » (Jn 20:17-18)

Jésus est Fils de toute éternité. Nous, nous ne sommes que des fils adoptifs. Un chrétien est un fils adoptif de Dieu, quelqu’un qui a le droit de dire à Dieu:

Comment se comporter en chrétien? Lorsque je suis devenu chrétien, on m’a fait toutes sortes de recommandations sur ce qu’il m’était désormais interdit de faire (fumer, aller au cinéma, etc.). Il y avait quantité de tabous, de règlements, d’ordonnances écrasantes. Le Nouveau Testament n’est pas du tout comme cela. Pour savoir comment se comporter en chrétien, il faut étudier, par exemple, le Sermon sur la Montagne.

« Vous avez entendu qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. (…)

 »Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » (Mt 5:43-44 et 48)

Nous sommes fils et Dieu est notre Père. Il suffit de l’imiter. Il est bon envers tout le monde, il est bon et fait du bien, il est tendre, il est lent à la colère, il est rempli de miséricorde et de grâce. Dieu est amour. Nous devons agir de la même manière. Pour se comporter en chrétien, il faut prendre exemple sur le Père, comme font les enfants quand ils ne savent pas que faire. Que ferait-il à notre place?

(Mt 5 :16)

Dans le doute, c’est à nous de faire honneur à notre Père et de le glorifier. Quelle action glorifiera le plus le Père? Telle est la question. En Matthieu 6, on voit un enseignement semblable. Un enfant qui aime son père veut lui plaire. C’est pourquoi, il faut prier, jeûner, secrètement. Cela plaît au Père.

Il est impossible de vivre en chrétien sans comprendre la doctrine de l’adoption. Si on oublie un instant qu’on est enfant de Dieu, on risque de quitter le bon chemin du comportement chrétien. Cela doit toujours être la pensée dominante dans la vie chrétienne: je suis enfant, Dieu est mon père, je dois agir en conséquence.

En Matthieu 6 et 7, il y a beaucoup d’enseignements sur la prière, sur les inquiétudes (Mt 6:32-34). Il est impossible de vivre en chrétien si on oublie son état de fils, d’enfant de Dieu.

C) Conséquences de l’adoption

Différentes choses arrivent au chrétien qui se souvient de son adoption.

1. Tout d’abord, il est ému par la grandeur de la grâce de Dieu.

« Voyez quel amour le Père nous a donné, puisque nous sommes appelés enfants de Dieu! Et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas: c’est qu’il ne l’a pas connu. Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté; mais nous savons que lorsqu’il sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jn 3:1-2)

Une bonne exégèse permet d’entrer dans l’émotion de ce passage. Nous sommes bien plus que des pécheurs pardonnés; nous sommes enfants de Dieu. Comment ne pas discerner l’émotion qui se dégage de ce texte? Il existe chez certains chrétiens une rigidité qui ne se trouve nulle part dans le Nouveau Testament.

« Je me lèverai, j’irai vers mon père et lui dirai: Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi; je ne suis plus digne d’être appelé ton fils; traite-moi comme l’un de tes employés. Il se leva et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut touché de compassion, il courut se jeter à son cou et l’embrassa. Le fils lui dit: Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs: Apportez vite la plus belle robe et mettez-la-lui; mettez-lui une bague au doigt, et des sandales pour ses pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir. » (Luc 15:18-24)

Si on n’est pas ému à la lecture d’un tel texte, on n’est pas chrétien. Il est impossible au cœur régénéré de rester indifférent devant de telles vérités. Quelqu’un qui se souvient de son adoption est ému, toujours ému devant la grandeur de la grâce de Dieu.

(Jn 17:22-23)

Dieu aime les chrétiens comme il aime son Fils éternel. Le chrétien qui se souvient de son adoption est différent; il a quelque chose en lui, il est souvent muet de saisissement en lisant la Parole de Dieu.

2. Le chrétien désire ardemment aller au ciel. Selon le Nouveau Testament, le chrétien est héritier; le foyer de Dieu est son foyer. Impossible pour lui d’oublier ce qui l’attend grâce à Dieu, ce que l’avenir lui réserve.

(Ga 4:7)

Le chrétien est héritier avec Christ. Des trésors sont à lui: un foyer, tout un héritage partagé avec le frère aîné, Jésus-Christ. En y pensant, en y réfléchissant, une grande impatience se fait jour dans le cœur du chrétien qui se souvient de son adoption.

3. Le chrétien qui a compris la doctrine de l’adoption cesse de se mettre à la recherche d’expériences secondaires. Pourquoi Dieu nous a-t-il donné l’Esprit? Pour nous rendre puissants? Est-ce pour cela que certains recherchent la puissance pensant que c’est le ministère primordial de l’Esprit Saint? Il y en a aussi qui cherchent une sorte d’explosion intérieure, une sanctification totale et instantanée, pensant que le ministère primordial de l’Esprit est de donner ce genre d’expérience.

Pourquoi le Seigneur nous a-t-il donné l’Esprit? Pour que cet Esprit soit en nous l’Esprit d’adoption. Si vous êtes enfants de Dieu, si cette idée s’est vraiment emparée de vous à cause de cette vérité, vous avez commencé à comprendre le ministère essentiel du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit n’a été donné le jour de la Pentecôte que pour que vous puissiez dire: et obéir à votre Seigneur qui a dit: Tel est le ministère essentiel du Saint-Esprit. Il est là pour vous convaincre de votre filiation, de votre état de fils adoptif.

Celui qui comprend la doctrine de l’adoption se met à la recherche de la sainteté et de la piété personnelles. Qu’est-ce que la sainteté, la sanctification? C’est la ressemblance familiale. Pourquoi rechercher la sanctification? Pour ne pas déshonorer le Père, lui faire honte. Comment Dieu va-t-il nous sanctifier? Comme un père, par l’instruction patiente et par la discipline.

Il importe donc de redécouvrir la doctrine de l’adoption. Peu de livres ont été écrits à son sujet depuis la Réforme. Quatre seulement, à ma connaissance. Deux au XIXesiècle, un au XXe et un au XXIe siècle. Luther a bien compris cette doctrine, mais pas ses disciples. Les puritains même, sauf exception, laissent à désirer car, pour eux, l’adoption n’est qu’une subdivision de la doctrine de la justification. Pourtant cette doctrine de l’adoption est un bijou rare, de la plus haute valeur, qui se trouve dans les trésors de la Bible.

III. La sanctification

L’Eternel est bon…

L’Eternel est juste… » (Ps 145)

Parce que Dieu est bon, il déverse sur ses élus une multitude de bénédictions, dont les plus grandes sont la justification, l’adoption et la sanctification.

La justification se trouve même dans l’Ancien Testament. Je pèche constamment au cours des journées. Pourtant, l’Eternel est toujours content de moi: en lui, en effet, je suis justice de Dieu.

Qu’est-ce que la sanctification? Selon le Petit Catéchisme de Westminster, (question 35).

Les chrétiens ne sont-ils pas stupides, et même débiles, puisqu’il est possible d’arriver au travail avec un quart d’heure de retard sans que les patrons s’en aperçoivent, puisqu’il est possible de mal remplir sa déclaration de revenus pour payer moins d’impôts, de faire un trajet routier rapidement en ne respectant pas les limitations de vitesse, etc.? N’est-il pas stupide, en effet, que le chrétien arrive à l’heure, soit honnête, respecte les limitations de vitesse, etc.? Le chrétien est différent, et il ne peut pas faire autrement. Pourtant, il n’est pas comme ceux qui essaient de s’imposer une moralité et de devenir autres qu’ils ne sont.

Le chrétien apparaît différent parce qu’il est, en effet, différent. Cela se voit tout de suite dans son voisinage. Par exemple, il passe moins de temps que les autres devant sa télévision, il surveille ce que ses enfants regardent sur le petit écran et exige qu’ils soient obéissants; il s’occupe un peu de ses voisins, surtout des personnes âgées et des infirmes; il évite les jeux de hasard… Il est différent.

La sanctification est une des grandes bénédictions de l’Evangile. Nous allons le voir en suivant quatre étapes.

A) La sanctification commence par un changement intérieur radical

Voilà pourquoi le chrétien n’est pas quelqu’un en train de devenir autre qu’il n’est. La sanctification est la manifestation de sa nouvelle nature. Quand Dieu vous a sauvés, il a envoyé dans votre cœur son Esprit:

(Rm 8:9)

Tout chrétien, sans exception, a l’Esprit dans son cœur. Aussi lui est-il impossible d’être comme les autres. Le Saint-Esprit est présent dans son cœur et dans son corps. Le Nouveau Testament parle du renouveau que donne le Saint-Esprit comme un des privilèges du chrétien; son cœur n’est plus de pierre mais de chair. Le chrétien est une nouvelle création.

quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. (2 Co 5:17)

On a tellement l’habitude de lire ce genre de verset qu’on en oublie la force. Comme Paul le dit, ce n’est ni la circoncision, ni l’incirconcision, ni le pédobaptisme, ni le baptisme… qui compte, c’est d’être une nouvelle créature. Nous sommes régénérés, nous sommes nés de nouveau. Le Nouveau Testament dit même que nous sommes participants de la nature divine. Cette formulation est étonnante! Le chrétien a été renouvelé par l’Esprit, il s’est dépouillé de sa vieille nature. Certains pensent qu’il est le siège d’un combat entre ses deux natures. Or, la Parole de Dieu dit que nous nous sommes dépouillés de la vieille nature.

En un instant, le chrétien a été régénéré, mais il n’est pas encore parfait. Un petit enfant doit grandir. Il est complet à sa naissance, il a tous ses doigts, etc., mais il n’est pas encore grand. Son petit corps doit se développer. Cette nouvelle vie doit, en quelque sorte, faire valoir tous ses droits.

Le péché est là, dans mes membres. Mais, dans cette usine que je suis, il y a un nouveau patron. Le problème est qu’il doit utiliser le personnel et l’outillage d’autrefois. Il est nouveau et il y a comme une tension entre lui qui est nouveau et les autres. Cependant, il n’y a pas deux patrons! Toutes sortes d’attitudes et d’habitudes anciennes, d’avant sa conversion, restent chez le chrétien… pourtant il a subi une transformation radicale et permanente grâce au Saint-Esprit qui est en lui.

B) La sanctification est un processus

La justification est un acte: le chrétien récent est aussi justifié que le chrétien de longue date. L’adoption est un acte: le chrétien récent est fils de Dieu et l’ancien aussi. Tous les deux sont l’un et l’autre fils de Dieu, de façon égale.

La sanctification est une œuvre. Le chrétien récent n’est pas aussi sanctifié que l’ancien.

Ces distinctions sont très importantes, sinon il y a une totale confusion dans la compréhension du christianisme et de la vie chrétienne, c’est-à-dire dans la manière de se comporter en chrétien.

Le chrétien n’est pas encore sans péché. Il est en guerre avec le péché qui est là dans ses membres. La sanctification est quelque chose qui l’humilie, qui lui fait éprouver une frustration. Il a un désir, un but: ressembler au Christ. Son intelligence pense à la Loi de Dieu, il l’aime dans son for intérieur, il veut être saint. Pourtant, il n’y a pas deux personnes en lutte à l’intérieur de la nature du chrétien. Il y a unité, mais frustration. Comment reconnaît-on quelqu’un en train d’être sanctifié?

Ce chrétien ressemble à une personne qui, en se déplaçant par une nuit noire, tombe dans une flaque d’eau. Il se relève tout sale, mais il ne sait pas à quel point il l’est. Il tente de se nettoyer, mais il ne réalise vraiment son état qu’en arrivant en pleine lumière; et là, il s’écrie: La sanctification est un processus, quelque chose de graduel, une œuvre progressive qui concerne toutes les parties de notre être: âme, esprit et corps. Nous sommes toujours en train de devenir de plus en plus saints, le but étant la conformité au Christ.

C’est pour cela que le chrétien a été sauvé et régénéré. Il ne sera pas entièrement sanctifié avant d’avoir revêtu son corps glorifié qui ressemblera au corps glorifié de Christ. La sanctification est un processus pour chacune de nos vies personnelles. On monte peu à peu la pente, avec des chutes, des rechutes. Il y a des moments de réussite, d’humiliation, de larmes… La marche est lente, mais les progrès sont là. Des péchés qui nous troublaient au début de notre vie chrétienne ne nous troublent plus. Heureusement. Mais la crainte, la peur de retomber, de rechuter demeure. On prend des mesures en évitant les vieux maîtres d’autrefois. Nous sommes conscients de notre faiblesse… mais les progrès existent. Il s’agit d’un travail.

C) La sanctification est l’œuvre de Dieu

La sanctification est une œuvre de Dieu en nous. Elle est, en quelque sorte, synergique – nous travaillons . Le Nouveau Testament contient toutes sortes de commandements, d’instructions, de directives. Il nous invite à nous débarrasser de nos habitudes d’autrefois, à nous diriger de façon sainte vers le Christ.

(1 Th 4:3, 7)

Ainsi la sanctification n’est pas automatique. Il faut faire un certain effort.

(1 P 1:16)

Puis Pierre dit comment se comporter en chrétien, s’opposer à certaines tendances en nous, nous abstenir de certaines choses, faire des efforts. Dans l’épître de Paul aux Ephésiens, il y a trois chapitres de directives dont voici le résumé:

(Ep 5:1)

(1 Co 11:1)

(Ph 2:5)

Le chrétien a toutes sortes de nouveaux désirs, mais il lui faut travailler pour être dans la pratique, dans la vie concrète de tous les jours. C’est l’œuvre de Dieu, mais c’est aussi son œuvre à lui. Il n’y a rien d’automatique. Il faut un effort. La sanctification est, en ce sens-là, synergique.

De Dieu, nous viennent les forces nécessaires pour mettre en pratique tous ses commandements. Il existe des chrétiens qui pensent ainsi: je suis faible, incapable de résister à la tentation, je ne suis pas assez fort; quand je le serai, je ferai ceci ou cela, mais pas maintenant car j’en suis incapable. Le Nouveau Testament ne s’exprime pas ainsi. Le commandement est là, il faut lui obéir et, en le faisant, on reçoit les forces nécessaires.

A l’homme qui avait la main sèche dans la synagogue, qu’a dit le Seigneur? (Mt 16:13) En obéissant à ce qui semblait être un ordre impossible à exécuter, il reçoit les forces nécessaires. Un des défauts du mouvement charismatique est de dire: Rien de tel dans le Nouveau Testament. De Dieu lui-même viennent les forces. A moi d’obéir et Dieu me donnera les forces nécessaires.

Le chrétien travaille, il est à l’œuvre, Dieu travaille, il est à l’œuvre. La preuve que Dieu est à l’œuvre, c’est que je le suis aussi.

« Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, non seulement comme si j’étais présent, mais plus encore maintenant que je suis absent. Car c’est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire selon son dessein bienveillant. » (Ph 2:12-13)

La preuve que Dieu est en train de sanctifier le chrétien est que celui-ci est en train de se sanctifier lui-même. Il travaille à son salut avec crainte et tremblement. Pourquoi? Parce que Dieu est à l’œuvre. Que fait-il? Il opère en nous, il agit sur notre vouloir. Si nous désirons la sainteté, c’est parce que Dieu est à l’œuvre. Et l’inverse est également vrai. Si un chrétien est plus saint aujourd’hui qu’hier ou qu’il y a quelque temps, c’est parce que Dieu est à l’œuvre en lui.

(2 Co 3:18)

L’Esprit est là et nous transforme. La sanctification et la glorification, dans le Nouveau Testament, sont deux aspects du même phénomène. La glorification est l’achèvement de la sanctification. C’est ce qui explique ce verset un peu difficile de l’épître aux Romains où l’apôtre passe immédiatement de la justification à la glorification:

(Rm 8:30)

Où est la sanctification? Elle est là à l’intérieur du terme , car si Dieu prépare la place, il nous prépare pour la place. La sanctification est le commencement de la glorification.

(2 Co 4:16)

Même lorsque notre corps se détériore, quelque chose se passe en nous: notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour; il est plus fort aujourd’hui qu’hier. Telle est la vérité de la vie chrétienne. C’est de cette manière que Dieu nous rend semblables à l’image de son Fils.

Qu’est-ce que le ciel, le paradis? C’est ressembler entièrement et complètement, dans notre être intérieur et physiquement, au Fils de Dieu. Le Nouveau Testament enseigne que Dieu est en train d’accomplir cela en nous.

D) La sanctification est effectuée surtout, sinon exhaustivement, par la Parole de Dieu

Cela est logique. Il est impossible de plaire à Dieu si on ne sait pas ce qui lui plaît. La Parole de Dieu est l’instrument principal dont Dieu se sert pour nous sanctifier. Dans le Psaume 119, tous les versets, sauf une exception, font allusion à la Parole de Dieu.

(Verset 6)

Voilà une question actuelle. En Jean 17, le Fils de Dieu prie pour nous et pour tous les croyants: (Verset 17) Et Paul à Timothée:

(2 Tm 3:16-17)

Le chrétien peut devenir ce que Dieu veut par la seule Parole, qui est l’instrument principal dont il se sert pour la sanctification. C’est pour cela que les chrétiens évangéliques ont beaucoup insisté sur la lecture personnelle de la Bible. Pourtant, pendant plus d’un millénaire, les Eglises de Dieu ont survécu sans Bible imprimée. Il n’est certes pas question de décourager de lire la Bible, mais de reconnaître que c’est un moyen de grâce second.

Avant l’invention de l’imprimerie, l’Eglise de Dieu a survécu et connaissait bien la Bible, mieux que nous, sans pouvoir la lire personnellement. Qu’ont fait les chrétiens? Ils ont compris que le Seigneur était bon et qu’il donnait à ses Eglises toutes sortes de charismes et aussi des dons qui sont des hommes. Il y a des hommes qui sont particulièrement capables d’interpréter la Parole et de l’enseigner, d’en tirer une bonne doctrine, une bonne éthique, de prêcher avec amour, avec l’Esprit de Dieu, avec une certaine onction, en présentant la Parole non seulement à l’intelligence, mais à la conscience et de façon applicable à la vie de tous les jours. C’est de cette manière que l’Eglise primitive a pu connaître la Parole au moyen de ces hommes envoyés par le Chef (la Tête, dit le Nouveau Testament) de l’Eglise: pasteurs, docteurs, enseignants (Ep 4:11-16).

Si quelqu’un lit la Parole de Dieu tous les jours et ne va pas au culte, c’est un rétrograde, qui frôle l’apostasie, qui joue sur le bord de l’enfer. Car il méprise le Chef de l’Eglise qui a envoyé, dans son Eglise, ces pasteurs, ces docteurs et ces enseignants. Il est dangereux de lire la Bible tous les jours sans se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu enseignée par eux. C’est peut-être pour cela qu’il y a si peu de sanctification.

La Parole de Dieu n’appartient pas à un individu quelconque, elle appartient à l’Eglise de Dieu. C’est donc un devoir premier que de devenir membre d’une Eglise fidèle et de se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu enseignée par quelqu’un envoyé, avec évidence, par le Chef de l’Eglise. C’est à l’Eglise de soutenir financièrement ces enseignants.

Rien n’est plus important que de se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. Le Seigneur nous dit: Il ne suffit pas d’avoir de bons docteurs, il faut aussi prendre garde à la manière d’écouter la Parole; il convient de prier avant, de préparer son cœur, de venir docilement et de se mettre à l’écoute en aimant ce que l’on entend, ce que l’on écoute. Il faut examiner ce qui est dit par le prédicateur, car lui aussi est un homme, pécheur comme son auditeur.

Je dois conserver tout ce que j’entends dans mon cœur, afin de vivre, à la lumière de l’enseignement reçu, tout au long de la semaine et jusqu’à la fin de mes jours, jusqu’à ce que la Parole de Dieu fasse partie intégrante de mon être. Passer souvent son week-end à la campagne, c’est ne pas prendre au sérieux la sanctification.

Il faut se mettre très régulièrement à l’écoute de la Parole de Dieu, mais elle n’est pas le seul moyen dont Dieu se sert.

« Nos pères, en effet, nous corrigeaient pour un peu de temps, comme ils le jugeaient bon; mais Dieu nous corrige pour notre véritable intérêt, afin de nous faire participer à sa sainteté. Toute correction, il est vrai, paraît être au premier abord un sujet de tristesse et non de joie; mais plus tard elle procure un paisible fruit de justice à ceux qu’elle a formés. » (Hé 12:10-11)

Le chrétien éprouve parfois des doutes. L’incrédulité et le doute ne sont pas la même chose. Quand il est dans le doute, que fait le chrétien? Il se met à étudier les Ecritures afin d’apprécier la situation dans laquelle il se trouve; il se demande si la Bible est vraiment la Parole de Dieu ou non. Il examine le texte d’une manière nouvelle et, ainsi, il trouve la victoire et son doute s’évanouit… du moins pour l’instant. Cette expérience le sanctifie et lui donne l’occasion de découvrir bien des passages qui lui deviennent précieux.

Lorsqu’il est dans le deuil, le chrétien s’appuie sur les promesses de Dieu. Lorsqu’il passe par la douleur, il est poussé à prier; lorsqu’il est malade, il apprend à être plus compatissant à l’égard de ceux qui le sont. Dans les cas où il est perplexe et ne sait pas que faire, il demande à Dieu la sagesse. Lorsqu’il est persécuté, il apprend à pardonner aux autres leurs péchés et apprécie d’une manière nouvelle le pardon que Dieu lui accorde.

Toutes ces expériences nous poussent à réexaminer notre foi à la lumière de la Parole et cela nous sanctifie et nous prépare à la gloire qui nous attend dans l’avenir qui nous est réservé.

C’est ainsi que Dieu nous sanctifie. Lorsqu’un non-chrétien qui se croit chrétien passe par le doute, que fait-il? Il claque la porte, tourne le dos à Dieu et dit au revoir à sa profession chrétienne. Il peut le faire parce qu’il est non régénéré. Le chrétien ne peut pas agir de même, parce qu’il est régénéré. Dans la maladie, le non-chrétien qui se dit chrétien considère que Dieu est injuste, étant donné tout ce qu’il a fait. Le chrétien ne peut pas s’exprimer de la sorte, car il sait que Dieu est sage et que lui ne l’est pas. Par cette expérience, il apprend à se soumettre à une sagesse qui n’est pas la sienne. C’est ainsi que Dieu nous sanctifie.

La sanctification a une importance qu’il est impossible d’exagérer:

« C’est pourquoi redressez les mains abattues et les genoux paralysés; que vos pieds suivent des pistes droites, afin que ce qui est boiteux ne dévie pas, mais plutôt soit guéri. Recherchez la paix avec tous, et la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur. » (Hé 12:12-14)

On ne lit nulle part: Sans doute ne verra-t-on pas le Seigneur sans être justifié. De même pour l’adoption. C’est dire combien la sanctification est importante. Aussi ne peut-on qu’être reconnaissant que la sanctification soit un don de Dieu. Je sais que Dieu est bon et, en travaillant, en m’adonnant à la sanctification, j’ai la preuve dont j’ai besoin que Dieu est à l’œuvre dans ma vie. Tous les désirs qui se trouvent dans mon cœur et toute cette action à laquelle je me livre sont un don de Dieu. En travaillant ainsi, je commence aussi à ne pas me vanter, mais à être de plus en plus émerveillé par l’admirable grâce de Dieu.


* S. Olyott est pasteur et professeur de théologie pratique au Collège de théologie évangélique au Pays de Galles (ECTW).

1 Les textes de Westminster (Aix-en-Provence: Kerygma, 1988), 73.

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une prédication « ciblée »

Stuart OLYOTT*

Une prédication qui n’est pas « ciblée » n’est pas une prédication

C’est dans ce sens que Charles Spurgeon a dit: « Là où commence l’application, là commence la prédication. » De la même manière, John A. Broadus a écrit: « Dans la prédication, l’application n’est pas qu’un appendice au thème ou une partie subordonnée: elle en est plutôt le cœur. » Daniel Webster a déclaré: « Lorsque j’écoute une prédication, je tiens à ce qu’elle me soit personnellement applicable. » Et Geoffrey Thomas a écrit plus récemment: « Lorsque la prédication reste stérile, cela provient le plus souvent du manque d’applications. » De même, John F. Bettler s’exclame: « Dans la prédication, il s’agit non de parler de la vérité aux gens mais de leur dire la vérité. »

Ces affirmations sont-elles justes? Assurément, pour au moins trois raisons.

1. Nous prêchons la Bible: mais pourquoi Dieu a-t-il donné la Bible?

Dieu l’a donnée pour illuminer nos esprits afin de transformer nos vies. Rien dans la Bible n’est écrit pour satisfaire notre curiosité. Tout est écrit pour nous amener à la repentance et à la connaissance de Dieu en la personne de Jésus-Christ, pour nous transformer progressivement à son image. Il s’ensuit donc que toute prédication biblique qui n’a pas pour objectif de conduire les gens à se repentir et à croire en Jésus-Christ et, ensuite, à vivre en lui obéissant de mieux en mieux, non seulement n’est pas ce qu’elle devrait être, mais donne une fausse idée de la Bible.

Paul, sous l’inspiration de Dieu, a écrit: « Or, tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation que donnent les Ecritures, nous possédions l’assurance. » (Rm 15.4) Paul affirme que l’Ancien Testament a été écrit pour nous instruire afin de nous inciter à la persévérance et de nous encourager. Aussi, tout enseignement biblique qui se limiterait à dispenser des connaissances raterait son objectif. Un bon enseignement doit déboucher sur une mise en pratique adaptée à ses auditeurs.

Paul écrit aussi: « Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute œuvre bonne. » (2Tm 3.16-17) Les Ecritures n’ont pas été données seulement pour nous informer, mais aussi pour nous apprendre à vivre dans la sainteté. Tout enseignement tiré de la Bible doit donc viser le même objectif. S’il n’en est pas ainsi, la prédication n’est pas complètement fidèle.

2. La prédication selon la Bible confirme l’opinion des personnes citées plus haut

Dans la Bible, quatre mots sont traduits par prédication. Le plus couramment utilisé est kerusso,qui signifie proclamer comme un héraut. Le prédicateur a un message à proclamer, message qu’il n’a pas inventé mais qui lui a été confié. Comme nous l’avons déjà signalé, le message de la Bible s’applique à la vie: un héraut pourrait-il faire une proclamation royale sans indiquer ce que l’on attend de la part des auditeurs?

Le deuxième mot est euangelizo, qui signifie annoncer la bonne nouvelle: cette nouvelle est-elle à énoncer devant des personnes ou bien leur est-elle destinée? Il est clair que ce qui constitue une bonne nouvelle pour certains peut en être une mauvaise pour d’autres. La bonne nouvelle peut-elle être annoncée sans que ceux à qui elle est destinée se reconnaissent?

Le troisième mot est martureo, qui signifie porter témoignage de faits. Mais se limiter à annoncer des faits, rien que des faits, cela ne risque-t-il pas de susciter la réponse: « Eh alors? » Ne convient-il pas plutôt de préciser en quoi ces faits sont importants pour ceux à qui l’on parle?

Le quatrième mot utilisé est didasko, qui veut dire énoncer en termes concrets ce que signifie le message dans le concret de la vie.Une prédication dépourvue d’applications pratiques manque d’aspects concrets.

Dans le Nouveau Testament, une étude approfondie permet de constater que ces quatre mots sont utilisés de manière interchangeable. Dans une véritable prédication, ils se trouvent réunis. Aussi, dans la prédication, l’enseignement doit-il être accompagné d’applications pour se conformer à la définition du Nouveau Testament.

3. Exemples de prédication biblique soutenant notre thèse

Le plus grand prédicateur de tous est Jésus-Christ1. Toutes ses prédications comportent trois brins (axes): affirmer,illustrer,appliquer.Ces trois brins sont si étroitement liés ensemble qu’il est parfois impossible de dire duquel relève telle ou telle phrase. Car, grâce à la sagesse divine, les trois brins forment un seul fil. On le voit clairement en Matthieu 6.25-34. Pour notre Seigneur, pas de prédication sans application à ses auditeurs.

Il en va de même pour Jean-Baptiste. En Luc 3.7-18, on trouve un excellent exemple de sa prédication. Jean s’adresse directement à la conscience de ses auditeurs avec une force telle que ceux-ci s’écrient: « Que ferons-nous donc? » (v. 10) En réponse à leur question, Jean formule non pas de vagues généralités, mais des directives précises. La vraie prédication a toujours pour effet de susciter cette même question chez les auditeurs, même s’ils ne la posent pas à voix haute. La véritable prédication répond à la question qu’elle évoque.

Les apôtres n’ont jamais oublié ce qu’ils ont appris à l’école du Seigneur. La prédication de Pierre, le jour de la Pentecôte, est une attaque frontale visant la conscience de ses auditeurs. « Après avoir entendu cela, ils eurent le cœur vivement touché, et ils dirent aux apôtres: Frères, que ferons-nous? » (Ac 2.37) L’énoncé de la doctrine est suivi par une application. Une question, une fois posée, est accompagnée d’une application adaptée. Selon la méthode apostolique, la doctrine débouche toujours sur une application. Cela se vérifie, à maintes reprises, dans les épîtres. Dans la pensée de Dieu, un enseignement qui n’indiquerait pas une concrétisation appropriée est inconcevable. Il devrait en être de même pour nous.

Trois étapes vers la prédication « ciblée »

En Matthieu 6.18, notre Seigneur évoque avec ses disciples les questions de l’aumône, de la prière et du jeûne. Pour chacune, il leur indique ce qu’il faut faire, comment ils doivent procéder et pourquoi cela en vaut la peine. Nous avons déjà noté que la méthode du Seigneur est affirmer,illustrer etappliquer.La troisième étape, appliquer, peut se diviser en trois:

1. Que faire?

La vérité ayant été proclamée, les auditeurs ont besoin de savoir ce que cela signifie en pratique. Qu’exigent, de leur part, ces vérités proclamées?

Parfois, la visée est large, tandis qu’à d’autres moments, elle est plus directe. Voilà pourquoi de nombreux passages de la Parole de Dieu s’adressent directement aux épouses, aux maris, aux enfants, aux maîtres, aux esclaves, aux jeunes, aux vieillards, etc. Le doigt est posé sur chaque problème ou situation spécifique, générale ou particulière. Chaque auditeur doit pouvoir conclure que le message lui est destiné, sans pour autant avoir été mis en cause personnellement par le prédicateur.

Les prédicateurs se préoccuperont, donc, de faire apparaître les leçons qui surgissent directement de chaque passage étudié, sans toutefois en faire un inventaire exhaustif. Il importe, en effet, de proposer des applications qui correspondent aux situations de ceux qui écoutent. Ainsi, les auditeurs comprendront que c’est le texte même de la Parole de Dieu s’adresse à eux, et non un homme qui se jugerait habilité, en quelque sorte, à leur dire comment ils doivent vivre. Le prédicateur, lui aussi, vit sous l’autorité de la Parole de Dieu et s’incline devant la Seigneurie du Christ. Il s’ensuit que même s’il dit vous, il se fera à lui-même une application humble, simple et naturelle de la Parole.

2. Comment le faire?

Notre Seigneur ne s’est pas limité à instruire ses disciples au sujet de l’aumône, de la prière et du jeûne. Il leur a dit comment faire en prononçant une parole divine, donc infaillible. Le prédicateur, quant à lui, ne propose aucune application infaillible, à moins qu’elle ne soit clairement indiquée dans les pages du livre de Dieu. Cela va de soi.

Le prédicateur peut seulement suggérer des conseils utiles, car il n’a aucun pouvoir législatif. Il n’a pas qualité pour lier la conscience d’autrui lorsque Dieu ne le fait pas explicitement.

Cependant, il est certain que les chrétiens ont besoin qu’on leur explique comment faire; or, dans de nombreuses communautés, on ne le fait pas. Par exemple, il ne suffit pas de tirer des Ecritures l’enseignement que les maris et les pères sont responsables devant Dieu de l’organisation et de la conduite du culte de famille; ils ont besoin d’indications sur la manière de le faire. Il ne suffit pas de dire que les mains devraient être occupées à travailler pour le royaume de Dieu; il est nécessaire de préciser, de façon claire et explicite, en quoi cela consiste concrètement. Il ne suffit pas non plus de dire aux personnes âgées qu’elles n’ont pas à redouter la mort; il faut leur expliquer, en termes clairs et nets, comment faire lorsque cette peur s’empare d’elles.

Une prédication « ciblée », bien adaptée aux croyants, ne consiste pas à les fustiger. Lorsque la prédication est concrète et pratique, ceux-ci se savent face à un prédicateur ayant un cœur de pasteur. Un prédicateur qui aime les personnes auxquelles il s’adresse ne se limite pas à leur dire ce qu’il faut faire; il leur dit aussi comment, tout comme des parents apprennent à leur enfant à faire la cuisine ou à taper dans un ballon de foot. Voilà comment les prédicateurs enseignent aux fidèles à débuter dans la vie chrétienne et à la vivre pleinement.

3. Pourquoi cela en vaut la peine

Le prédicateur est appelé à faire preuve de persuasion: « Connaissant donc la crainte du Seigneur, nous cherchons à convaincre les hommes. » (2Co 5.11a) Dire ce qu’il faut faire suffit rarement pour inciter à le faire. Même si les croyants ont bien perçu ce qu’ils devraient faire, la mise en pratique peut encore leur poser des problèmes.

La prédication doit convaincre et montrer pourquoi cela vaut la peine. Le cœur humain est si tortueux que même si nous savons ce qu’il faut faire et comment le faire, nous protestons parfois: « A quoi bon? Cela en vaut-il la peine? » Il incombe aux prédicateurs de montrer pourquoi cela en vaut la peine.

La prédication n’a pas pour autant à s’étirer en longueur. Elle doit être brève, vivante et directe afin que les auditeurs comprennent que pour rendre gloire à Dieu et lui faire honneur, pour connaître sa bénédiction et marcher réellement dans les voies de la sainteté, pour aimer leur voisin comme eux-mêmes, aucun chemin n’est meilleur que celui de l’application de la Parole. Si le message s’y prête, que l’émotion ait libre cours! Les auditeurs seront-ils remués si le prédicateur ne l’est pas? Comment un officier d’infanterie fait-il pour conduire ses hommes face à l’ennemi? Lui suffit-il de donner froidement des ordres? Ne s’efforce-t-il pas plutôt de leur expliquer pourquoi remporter cette bataille est important, et ce qui se passerait si elle était perdue? Il explique sa stratégie avant de s’écrier: « En avant! »

L’ardeur n’est pas une preuve d’onction, mais en manifester n’est pas pécher. Il ne s’agit pas de l’émotion artificielle d’un comédien, mais de celle qui manifeste un attachement solide à la vérité révélée. Le prédicateur ressent des sentiments profonds. Le Nom de Dieu n’est-il pas gravement atteint par la désobéissance de l’Eglise? Des milliers de personnes qui se disent chrétiennes ne contreviennent-elles pas aux prescriptions bibliques, se mettant ainsi en danger de mort éternelle? Des chrétiens innombrables ne passent-ils pas à côté de la pleine bénédiction de Dieu dans leur vie en raison de leur ignorance et de leur confusion d’esprit? Ne sont-ils pas nombreux ceux qui écoutent la Parole de Dieu, semaine après semaine, sans être convertis? Y a-t-il rien de plus merveilleux que de marcher avec Dieu, de contempler son Fils, de connaître sa paix, sa providence et sa direction? Comment se fait-il, alors, que la prédication soit si plate sur le plan des émotions? Ne devrait-elle pas plutôt vibrer d’encouragements à être joyeux, à être reconnaissant? Ne devrait-elle pas exprimer la compassion, la pitié, la tristesse, la colère devant le péché?

C’est ainsi qu’un prédicateur prêchera avec conviction.

Des conseils pratiques pour préparer une prédication « ciblée »

1. Connaître ses auditeurs

Le prédicateur qui se trouve dans une Eglise qu’il ne connaît pas peut, cependant, avant de prêcher la Parole, se renseigner sur ses auditeurs. Devant son auditoire habituel, il lui appartient de s’interroger en permanence sur la situation spirituelle de la communauté. Où en sont ses membres du point de vue spirituel? Sauvés ou perdus? Grandissent-ils dans la foi, ou piétinent-ils plutôt? Quels sont leurs joies, leurs chagrins, leurs problèmes, leurs tentations? Quelle est leur manière de penser (question importante, puisqu’il doit adapter son style en conséquence)? Quels sont les obstacles susceptibles de les empêcher de comprendre ou de mettre en pratique la vérité prêchée? Quels sont leurs préjugés? Leurs incompréhensions? Quel est leur niveau d’instruction? Quelles illustrations vont le mieux leur convenir?

Le prédicateur doit s’interroger sans se lasser. Il devrait connaître les circonstances personnelles de chacune des personnes qui fréquentent l’Eglise, avoir une vue suffisante de la forme que revêt leur journée, savoir quelles sont leurs relations familiales, leurs amis, leurs activités de loisirs et quelle a été leur vie jusqu’ici. Il lui appartient de ne pas s’arrêter tant qu’il ne connaît pas chacun intimement.

Pour en arriver là, une seule solution: passer du temps avec chacun des membres de l’Eglise. Avant et après le culte sont des moments privilégiés pour avoir des conversations utiles, mais cela est loin de suffire. Le prédicateur doit les accueillir chez lui, leur rendre visite chez eux le plus souvent possible. La prédication et le travail pastoral sont intimement liés, et cela devrait être visible en pratique. Il revient au prédicateur de trouver des façons de passer du temps avec chaque membre de l’Eglise, d’avoir des activités avec tous, de connaître les enfants et les jeunes comme des êtres à part entière. Ainsi il prêchera à des personnes qu’il connaît et qui le connaissent.

2. Prier pour les auditeurs

Celui qui prêche la Parole est tenu de prier pour tous ceux qui l’écoutent. Tenir une liste de prière hebdomadaire est utile afin de prier pour tous. Pourquoi ne pas s’arrêter, à différents moments de la journée, pour essayer d’imaginer ce que les membres de l’Eglise sont en train de vivre, ou bien se rendre à l’église et s’asseoir à la place des uns et des autres, les imaginer en train d’écouter le message en cours de préparation et se demander comment ce message va les aider? Y a-t-il quelque chose qui pourrait éventuellement les distraire – par exemple, dans le bâtiment – dont le prédicateur se servirait pour les aider à comprendre la vérité et à la fixer dans leurs esprits?

3. Penser aux auditeurs en préparant un message

Autrement dit, le prédicateur doit penser non à un auditoire idéalisé, celui dont tout pasteur rêve, mais à celui qui se trouve devant lui dimanche après dimanche.

Il s’agit de méditer un passage ou le texte de la prédication, de se demander pourquoi l’Esprit Saint l’a mis dans la Bible. Ce fil conducteur trouvé, il est intéressant de le formuler en une seule phrase. A partir de ce moment-là seulement, il est possible de préparer un message et, en le travaillant, de veiller à ce que son contenu ne s’en écarte pas. L’exposition du texte doit parler aux gens de leur âme et de leur vie. Il faut veiller à ce que tous les points principaux de la prédication s’adressent vraiment aux auditeurs et ne se limitent pas à une transmission d’informations. Il peut être utile de parler à la deuxième personne.

Le serviteur de Dieu qu’est le prédicateur aura tout intérêt à suivre la méthode établie par Dieu. Il divisera une feuille en trois colonnes intitulées: affirmer,illustrer,appliquer. Dans la première colonne, il écrira les informations à transmettre. Dans la deuxième, il trouvera une illustration correspondant à chacun des principaux points de l’enseignement. La troisième colonne, quant à elle, sera, à son tour, divisée en trois: Que faire? Comment le faire? Pourquoi cela en vaut la peine. Cette dernière colonne permettra de présenter des applications pour chaque élément de l’enseignement dispensé. Procéder ainsi ponctuera la prédication d’applications réfléchies et utiles qui retiendront immanquablement l’attention. L’auditeur dont la conscience est touchée comme celui qui a reçu de quoi mieux construire ses pensées et vivre sa vie ne s’endormiront pas!

4. Il ne reste qu’à prêcher!

Une prédication n’est rien tant qu’elle n’a pas été prêchée. Celui qui la prononce doit regarder chacun droit dans les yeux, lui parler avec une voix naturelle et un amour débordant, sans penser à lui-même. Il cherche la gloire de Dieu et le bien de chaque homme, chaque femme, chaque enfant présent devant lui. Il ne parle pas en l’air, mais vise la conscience de chaque auditeur. La mission du prédicateur est de faire en sorte que les pécheurs deviennent saints et que les saints croissent en sainteté.

Chrétien vit, suspendu au mur, le portrait d’un homme remarquable.

Ses yeux étaient levés vers le ciel; dans ses mains, il tenait le meilleur des livres; la loi de vérité était écrite sur ses lèvres, et le monde se trouvait derrière lui. Il avait l’attitude de quelqu’un qui plaide avec les hommes, et une couronne d’or était suspendue au-dessus de sa tête2.

Dans Le Voyage du pèlerin,John Bunyan décrit ainsi le vrai prédicateur de l’Evangile. Quel prédicateur n’aspirerait pas à ressembler à cet homme ?

* Stuart Olyott est professeur à la Faculté de théologie évangélique du Pays de Galles, à Brigend, et « pasteur des pasteurs » au sein du Mouvement évangélique du Pays de Galles. Cet article a été publié dans Foundations (no 40), 26-30.

1 Cf. l’ouvrage récent de S. Olyott, Prêcher comme Jésus (Chalon-sur-Saône: Europresse, 2004).

2 J. Bunyan, Le Voyage du pèlerin (La Bégude-de-Mazenc: CLC, 1970), 39.

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