Paulin BÉDARD – La Revue réformée https://larevuereformee.net Thu, 14 May 2015 09:14:00 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.12 Psaume 126 La restauration du pèlerin https://larevuereformee.net/articlerr/n269/psaume-126-la-restauration-du-pelerin Thu, 14 May 2015 11:14:00 +0000 http://larevuereformee.net/?post_type=articlerr&p=890 Continuer la lecture ]]> LA RESTAURATION DU PÈLERIN
Psaume 126

Paulin BÉDARD*

Peuple du Seigneur,

La route du pèlerin est parsemée de joies et de larmes. Autrefois, les pèlerins montaient à Jérusalem pour célébrer les grandes œuvres du Seigneur. Sur la route, ils passaient par des hauts et des bas. Ils se souvenaient avec joie des grandes œuvres que Dieu avait accomplies pour eux. Dans leurs peines, ils espéraient que Dieu ferait encore de grandes choses. Nous aussi, nous sommes des pèlerins en route vers la nouvelle Jérusalem. Le Seigneur a fait de grandes choses pour nous. Il nous a restaurés dans sa grâce. C’est un sujet de grande joie. En même temps, le voyage n’est pas terminé. Nous avons besoin que le Seigneur nous restaure encore. Nous attendons une joie encore meilleure. Le Psaume 126 célèbre la restauration du pèlerin.

1. La joie de la restauration passée (Ps 126.1-3)

« Quand l’Eternel ramena les captifs de Sion, nous étions comme ceux qui font un rêve. » (v. 1) Le pèlerin regarde en arrière et se souvient d’une restauration que Dieu a déjà faite dans le passé. Il doit « se pincer » pour être sûr que cela est bien réel. C’est comme un rêve, et pourtant cela est bien réel. Dieu nous a ramenés ! Il nous a restaurés ! De quelle restauration s’agit-il ? Plusieurs pensent qu’il s’agit du retour de l’exil. Une partie d’Israël a été déportée à Babylone. Plus tard, à l’époque de Néhémie, Dieu les a ramenés en Israël. Oui, c’était comme un rêve. Ils ont été punis à cause de leurs péchés, déportés loin de la terre promise et Dieu, dans sa bonté, les a ramenés, il les a restaurés ! Il est possible, en effet, que le verset 1 parle de ce retour de l’exil, mais ce n’est pas certain. Le texte ne le dit pas.

L’expression « ramener les captifs », en hébreu, a un sens très large. Littéralement, on peut traduire : « L’Eternel retourna le retour. » Dieu a fait un retournement. Il a produit un renversement de situation. Le livre de Job contient la même expression : « L’Eternel rétablit la situation de Job. » (Jb 42.10) Job avait perdu ses richesses, ses enfants, sa santé, et Dieu a renversé la situation. L’expression doit donc être prise au sens large de restauration, de rétablissement, de renouveau. Toute l’histoire d’Israël est remplie de renouveaux et de renversements de situation.

Prenons, par exemple, la sortie d’Egypte. Israël était esclave en Egypte, dans la misère profonde. Dieu les a sortis de cette fournaise pour les conduire dans le pays promis. Quelle grande restauration ! Certains pensent que le Psaume 126 célèbre non pas le retour d’exil, mais la sortie d’Egypte, mille ans auparavant. Quand l’Eternel les délivra par son bras puissant, quand il fit périr les Egyptiens dans la mer, c’était comme un rêve. Du jour au lendemain, eux qui étaient des esclaves ont été libérés ! Il fallait « se pincer » pour vérifier que ce n’était pas un rêve. Plus tard, les pèlerins montaient chaque année à Jérusalem pour aller célébrer la fête de la Pâque. Ils marchaient en chantant les « Psaumes des montées ». Qu’est-ce qu’on célébrait lors de la Pâque ? La sortie d’Egypte ! L’Eternel ramena les captifs de Sion, prisonniers en Egypte. Il renversa la situation et les rétablit dans sa grâce.

Mais Dieu n’avait pas terminé. Plusieurs fois, l’Eternel a restauré son peuple. Il leur a donné des juges pour les délivrer de leurs ennemis : Gédéon, Samson, Samuel. Il les a délivrés de Sennachérib. Toute l’armée assyrienne encerclait Jérusalem. Ezéchias implora l’Eternel et Dieu envoya son ange, qui tua 185 000 soldats assyriens. Le lendemain matin, il fallait « se pincer » à Jérusalem, c’était comme un rêve. Les ennemis étaient disparus (2R 19).

Les pèlerins chantent le Psaume 126 pendant qu’ils montent à Jérusalem. Ils commémorent une restauration. Laquelle ? Sortie d’Egypte ? Libération des Philistins ? Mort de Sennachérib ? Retour de l’exil ? Nous ne savons pas et il n’est pas nécessaire de le savoir. L’important, c’est de voir la réaction. Quelle est la réaction des pèlerins ? La joie ! « Alors notre bouche riait de joie, et notre langue poussait des cris de triomphe. » (v. 2) La joie d’être délivrés des Egyptiens, la joie d’être épargnés par les Assyriens, la joie d’être ramenés d’exil. L’événement est tellement surprenant, tellement inattendu qu’il déclenche un rire presque incontrôlable. La bouche est remplie de rires joyeux. La langue pousse des cris de joie. Les choses allaient vraiment mal, mais Dieu a fait pour eux une œuvre très grande. Il a renversé la situation. On s’émerveille de ce que Dieu a fait ; cela provoque l’étonnement et la joie ! Les pèlerins expriment leur émotion avec passion, la passion de louer l’Eternel. Nous étions dans la misère et nous sommes libres ! Quel soulagement et quelle joie !

Même les païens autour d’eux le voient et le savent. « Alors on disait parmi les nations : L’Eternel a fait pour eux de grandes choses ! » (v. 2) Quand les deux espions sont allés à Jéricho, Rahab, la prostituée, leur a dit : « L’Eternel, je le reconnais, vous a donné ce pays, la terreur que vous inspirez s’est abattue sur nous, et tous les habitants de ce pays défaillent devant vous. Car nous avons appris que l’Eternel a mis à sec devant vous les eaux de la mer des joncs, lors de votre sortie d’Egypte (…). » (Jos 2.9-10) Quand Dieu fait du bien à son peuple, il s’arrange pour que les nations païennes le sachent. Même chose au retour de l’exil : « Les nations reconnaîtront que je suis l’Eternel qui sanctifie Israël (…). » (Ez 37.28) L’Eglise s’en réjouit et répond : amen ! « L’Eternel a fait pour nous de grandes choses ! Nous sommes dans la joie ! » (v. 3)

Aujourd’hui, nous sommes venus célébrer ensemble les grandes choses que l’Eternel a faites pour nous ! Sommes-nous dans la joie ? Quand l’Eternel a renversé la situation de son peuple, quand Dieu a envoyé son propre Fils dans le monde, quand Jésus est mort sur la croix pour payer notre dette, quand nous étions esclaves de nos péchés et qu’il nous en a libérés, quand nous étions prisonniers de la condamnation et de la mort et qu’il nous a acquittés, « nous étions comme ceux qui font un rêve ». Tout cela semblait trop beau pour être vrai. Il fallait « se pincer » pour être sûr et certain que c’était bien réel. Oui ! c’est réel ! « Alors notre bouche riait de joie, et notre langue poussait des cris de triomphe ! »

Les païens regardent l’Eglise et se disent : « Le Seigneur a fait pour eux de grandes choses ! » Et l’Eglise répond : amen ! « L’Eternel a fait pour nous de grandes choses ! Nous sommes dans la joie ! » Le Seigneur a fait de grandes choses dans nos vies. Il a complètement renversé la situation. Il nous a délivrés de nos péchés par son Fils. Il nous a donné son Saint-Esprit. Il nous a fait connaître sa Parole. Il a régénéré nos cœurs. Il nous a fait passer de la mort à la vie. Il nous a restaurés dans sa grâce. Chaque fois que nous nous éloignons, il nous ramène à lui. Il nous a fait du bien tellement souvent ; cela devrait provoquer l’étonnement et la joie ! Sommes-nous dans la joie ? Quand nous chantons ensemble des chants joyeux en son honneur, avons-nous le cœur abattu, le visage triste et la bouche qui marmonne, ou nos cœurs et nos bouches expriment-ils des chants joyeux ? Bien sûr, dans la vie chrétienne, il y a des peines et des tristesses, il y a des moments plus difficiles. La route du pèlerin est parsemée de joie et de larmes, mais la joie devrait prédominer, parce que le Seigneur a fait pour nous de grandes choses ! Il nous a restaurés par Jésus-Christ !

Le pèlerin regarde en arrière et se réjouit, parce qu’il se rappelle que Dieu a déjà fait de grandes choses pour son peuple. Mais que Dieu fait-il maintenant et que pouvons-nous espérer pour l’avenir ? Pouvons-nous avoir confiance que le Seigneur va encore nous restaurer ? Oui, certainement ! Le pèlerin regarde en avant, plein d’espérance.

2. L’espérance de la restauration à venir (Ps 126.4-6)

Le pèlerin se souvient que Dieu a déjà restauré son peuple. Ensuite, que fait-il? Il prie, il demande au Seigneur : « Fais-le encore ! » « Eternel, ramène nos captifs comme des torrents dans le Négueb. » (v. 5) « Ramène nos captifs », c’est-à-dire « restaure-nous ». Nous retrouvons la même expression qu’au verset 1. « Retourne un retour. » « Renverse la situation encore une fois. » Pour les chrétiens, la mémoire du passé n’est pas de la nostalgie : « Ah, autrefois, c’était le bon vieux temps ! » Non, la mémoire du passé nous donne une raison de prier et d’espérer que Dieu agira encore. « Tu l’as déjà fait… fais-le encore. » « Merci – je t’en prie. » Tu nous as fait sortir d’Egypte ! Quelle joie ! Merci ! Maintenant, je t’en prie, délivre-nous de Sennachérib. Tu nous as délivrés de Sennachérib. Quelle joie ! Merci ! Maintenant, je t’en prie, fais-nous sortir de Babylone et ramène-nous dans notre pays. Tu nous as envoyé ton Fils bien-aimé, tu nous as délivrés de nos péchés, tu nous as justifiés ! Quelle joie ! Merci ! Maintenant, je t’en prie, sanctifie-nous, transforme-nous. Tu nous as donné ton Saint-Esprit. Nous sommes dans la joie ! Merci ! Maintenant, je t’en prie, que ton Saint-Esprit nous fasse porter encore plus de fruit.

Telle est la prière du pèlerin en marche vers la nouvelle Jérusalem. Cette prière n’est pas seulement pour lui, elle est pour toute l’Eglise. Tu nous as placés dans ton Eglise. Tu nous as donné des anciens, des diacres, des frères et sœurs avec toutes sortes de beaux talents. Merci, Seigneur ! Tu nous donnes le privilège d’entendre ta Parole chaque semaine. Merci pour les enseignements, merci pour le groupe de jeunes, merci pour toutes les personnes qui ont un amour pour toi et pour ton Eglise. Nous sommes dans la joie parce que le Seigneur a fait pour nous de grandes choses. Maintenant, nous t’en prions, continue, Seigneur. Fais-le encore. Restaure-nous encore ! Produis un renouveau dans nos cœurs et dans ton Eglise. Ramène ceux qui se sont éloignés. Fortifie nos mariages et nos familles. Donne à nos jeunes une plus grande maturité. Fais-nous grandir. Ajoute de nouveaux chrétiens dans l’Eglise.

« Eternel, ramène nos captifs comme des torrents dans le Négueb. » Le Négueb est une région assez désertique au sud de la Palestine. L’été, il y fait chaud, l’air y est sec. L’herbe a de la difficulté à pousser. Puis, soudainement, la pluie transforme le paysage. Des torrents jaillissent, puissants et rafraîchissants. En l’espace d’une journée, les fleurs se mettent à pousser. C’est l’image d’une restauration puissante, presque instantanée. C’est l’image de la souveraineté de Dieu capable de transformer un désert en jardin luxuriant. « Le désert et le pays aride s’égayeront; la steppe tressaillira d’allégresse et fleurira comme un narcisse; elle se couvrira de fleurs et tressaillira avec chants d’allégresse et de triomphe. » (Es 35.1-2) « Car je répandrai des eaux sur le sol altéré et des ruisseaux sur la terre desséchée ; je répandrai mon Esprit sur ta descendance et ma bénédiction sur ta progéniture. Ils germeront au beau milieu de l’herbe. » (Es 44.3) Le Saint-Esprit est comme une eau pure déversée sur un sol desséché.

Vous connaissez des gens autour de vous qui sont morts spirituellement ? Le Saint-Esprit est capable de produire un renversement dans leur vie. Et vous-mêmes, il vous arrive peut-être de passer par des sécheresses spirituelles ? Il nous arrive tous de traverser des déserts. Nous perdons de l’intérêt pour la Parole de Dieu, nous prions moins, nous sommes moins fervents, nous prenons nos distances par rapport à des frères et sœurs dans l’Eglise. Dieu est capable de transformer nos vies en profondeur. Depuis la Pentecôte, l’Esprit Saint continue d’arroser l’Eglise comme un torrent d’eau fraîche.

Le pèlerin prie. Il espère un renouveau. Il espère tellement qu’il se met au travail. Il nous encourage à travailler pour qu’un renouveau se produise. Le Psaume 126 contient deux images. Première image, des torrents dans le Négueb : c’est l’image de la souveraineté de Dieu. Il est capable d’agir quand il veut, en un instant s’il le veut. Deuxième image, la semence et la moisson. C’est l’image de la responsabilité humaine. Retroussons nos manches et mettons-nous au travail. « Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec cris de triomphe. Celui qui s’en va en pleurant, quand il porte la semence à répandre, s’en revient avec cris de triomphe, quand il porte ses gerbes. » (v. 6)

Dieu nous a déjà restaurés dans le passé, alors nous prions : « Seigneur, fais-le encore. Restaure-nous encore ! » La prière est nécessaire, mais une fois qu’on a prié, on se lève, on prend son sac de graines et on va semer ses graines. Le renouveau spirituel est toujours l’œuvre du Dieu souverain, mais n’oublions jamais la responsabilité humaine. Dieu nous appelle à prier et ensuite il nous appelle à travailler. Il nous demande de semer nos graines avec la promesse suivante : Dieu produira le renouveau au moyen des graines que nos mains auront semées. Nous sommes co-ouvriers avec Dieu, dit l’apôtre Paul (1 Co 3.9).

Le travail d’un fermier est un travail exigeant. Il faut travailler dur, se lever tôt, se coucher tard, être à son affaire, labourer, patienter, persévérer. Oui, la joie prédomine dans la vie chrétienne, mais il y a aussi des larmes : « Ceux qui sèment avec larmes… Celui qui s’en va en pleurant, quand il porte la semence à répandre… » Pourquoi des larmes ? Parce que le travail est exigeant, parce que la terre n’est pas facile à cultiver, parce que nous risquons même de perdre nos graines. Nous ne connaissons pas l’avenir. Nous ne savons pas si nos graines vont germer, si nos efforts vont produire quelque chose. Il y a des risques et il faut du temps avant de voir le résultat. Souvent nous manquons de patience, nous imaginons des résultats instantanés.

Oui, le Seigneur a promis de nous restaurer, mais il n’a jamais dit que le processus serait facile. Dieu est souverain et peut produire une transformation radicale en un instant, comme avec un torrent qui jaillit. Mais Dieu nous demande aussi de semer et de patienter. Il faut du temps avant de récolter la moisson. Il ne faut pas se décourager si les fruits sont encore peu abondants. Je parle des fruits dans nos propres vies, nos progrès spirituels. Je parle des fruits dans l’Eglise, l’épanouissement de l’Eglise. Je parle aussi des fruits dans l’évangélisation, des nouvelles conversions.

Jésus a semé avec larmes. Il a semé à grands cris. Il a travaillé dur, il a souffert, il est mort, il a été enseveli, comme une graine ensevelie dans la terre pour ensuite produire une belle récolte. Il a supporté la croix, méprisé la honte, « en vue de la joie qui lui était proposée » (Hé 12.2). Aujourd’hui, il est assis sur son trône, à la droite de Dieu. Il est entré dans la gloire et la joie. Il récolte abondamment ce qu’il a semé. Il rassemble son peuple des quatre coins de la terre. Il nous a confié la semence de sa Parole. Allons, nous aussi, semer en pleurant, dans nos vies, dans nos familles, dans l’Eglise et dans le monde. Plus tard, nous récolterons dans la joie. « Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec cris de triomphe. » C’est une promesse !

Nous vivons dans un entre-deux. Le Seigneur nous a déjà restaurés. Il a promis de nous restaurer encore. Nous sommes déjà dans la joie. Pourtant, nous semons dans les larmes. Un mois plus tard, une année plus tard, plusieurs années plus tard, nous récolterons dans la joie. Dieu nous fait porter des fruits déjà sur cette terre. Un jour, ce sera la grande récolte finale. Soyons patients et persévérants. Ayons confiance qu’un jour, quand Jésus reviendra, il complétera parfaitement son œuvre de restauration. Ce jour-là, nous entrerons dans la nouvelle Jérusalem. Le Seigneur essuiera toute larme de nos yeux (Ap 21.4). C’est une promesse ! Nous serons réunis avec tous les pèlerins de l’Ancien et du Nouveau Testament. Nous porterons tous ensemble nos gerbes dans une joie complète. Nous chanterons ensemble un chant nouveau, le chant de la grande moisson, le chant de la restauration pleinement accomplie. Nous serons dans la présence de Jésus et nous crierons : Oui, l’Eternel a vraiment fait pour nous de grandes choses ! Nous sommes dans la joie ! Amen.

]]>
Psaume 127 La source de bénédiction du pèlerin https://larevuereformee.net/articlerr/n269/psaume-127-la-source-de-benediction-du-pelerin Thu, 14 May 2015 11:14:00 +0000 http://larevuereformee.net/?post_type=articlerr&p=891 Continuer la lecture ]]> LA SOURCE DE BÉNÉDICTION DU PÈLERIN
Psaume 127

Paulin BÉDARD*

Bien-aimés du Seigneur,

Nous continuons notre marche sur la route du pèlerin avec les « Psaumes des montées ». Le Psaume 127 nous fait voir que les pèlerins en Israël n’étaient pas seulement des voyageurs. Ils étaient aussi des bâtisseurs. C’étaient des gens qui voyageaient trois fois par année pour aller célébrer l’Eternel à Jérusalem, mais, pendant le reste de l’année, ils étaient occupés à bâtir des maisons, à protéger des villes et à prendre soin de leurs familles. Toutes ces activités, ils devaient les entreprendre en comptant sur celui qu’ils allaient célébrer à Jérusalem. Comment nos familles, comment nos projets, comment nos travaux peuvent-ils prospérer ? Seulement si Dieu donne sa bénédiction. Le Psaume 127 nous parle de la source de bénédiction du pèlerin. Le Seigneur est la source de toute bénédiction.

1. Sans la bénédiction du Seigneur, tous nos efforts sont inutiles (Ps 127.1-2)

Ce Psaume est divisé en deux parties, mais il contient trois sujets : le travail, la sécurité, la famille. D’abord le travail : « Si l’Eternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain. » (v. 1) Le roi Salomon nous enseigne que tous nos efforts déployés au travail sont inutiles sans la bénédiction du Seigneur. Le travail est un don de Dieu (Gn 1.28, 2.15). Après la chute, le travail est devenu difficile parce que Dieu a maudit le sol à cause du péché (Gn 3.17-19). Au lieu de s’humilier, les hommes sont devenus arrogants. Ils se sont mis à penser qu’ils pouvaient produire des bons fruits par leurs propres efforts. Ils se sont mis à s’enorgueillir de leurs accomplissements. Pensez à la tour de Babel. L’orgueil a poussé les hommes à construire cette tour. Ils s’imaginaient pouvoir bâtir une tour jusqu’au ciel par leur propre force. Dieu a mis fin à leur projet (Gn 11.1-9). Leur travail était inutile. « Si l’Eternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain. »

Il y a beaucoup de gens habiles et laborieux qui ont la même attitude aujourd’hui. Ils refusent de reconnaître que Dieu est la source de tout ce qu’ils possèdent. Ils prétendent que Dieu n’a rien à voir avec le succès qu’ils ont dans leur travail ou dans leur entreprise. Nous savons qu’au bout du compte leur succès ne va pas durer longtemps. La vie est courte et un jour nous allons nous présenter devant Dieu. Ceux qui s’imaginent indépendants vont s’apercevoir qu’ils ont travaillé toute leur vie en vain, pour absolument rien. Les accomplissements de ceux qui meurent en dehors de Jésus-Christ vont disparaître en fumée.

Salomon utilise trois fois le mot « vain ». Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ? « Vanité des vanités, tout est vanité. » (Ec 1.2) Le livre de l’Ecclésiaste écrit par Salomon a montré toute la vanité qu’il y a à vivre sans Dieu. Salomon en a fait lui-même l’expérience. Qu’est-ce que Salomon a bâti ? Il a bâti une famille avec des centaines de femmes et de concubines. Il a bâti un royaume qui a fini par tomber en ruine à cause de sa polygamie et de ses péchés. Salomon a fait des mauvais choix. En conséquence, son travail est devenu inutile.

Mais Salomon, par la grâce de Dieu, a aussi fait de bonnes choses. Il a entrepris un très beau projet de construction. Il a bâti une maison, la maison de l’Eternel, le temple à Jérusalem. C’est là, au temple, que les pèlerins se rendaient pour adorer Dieu. Cette maison était une bénédiction parce que Dieu était impliqué dans le projet. Si l’Eternel bâtit la maison, ceux qui la bâtissent ne travaillent pas en vain. Leur travail est utile, parce qu’ils reconnaissent que Dieu est la source de toute bénédiction.

Quelle est notre attitude face à notre travail, à nos projets ou à nos études ? Prévoyons-nous avoir du succès grâce à nos efforts ? Ou bien croyons-nous que Dieu seul pourra bénir nos travaux ? Si nous pensons que tout cela dépend de nous, tôt ou tard nous allons découvrir que tous nos efforts sont inutiles. Toutes les fois que nous entreprenons un nouveau projet, commençons d’abord par nous demander si c’est la volonté de Dieu, et commençons par prier pour que Dieu bénisse nos projets.

Ce Psaume s’applique aussi à l’Eglise, la maison du Seigneur. Nous sommes co-ouvriers avec Dieu. Comme Salomon, nous faisons des efforts pour bâtir la maison du Seigneur, le temple du Saint-Esprit. « Si l’Éternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain. » Si nous travaillons à bâtir l’Eglise sans compter sur l’aide du Seigneur, nos efforts seront inutiles. Si nous pensons pouvoir attirer des gens à l’Eglise par d’autres moyens que ceux choisis par Dieu (sa Parole et son Esprit), tous nos efforts seront inutiles. Certaines Eglises cessent de prêcher l’Evangile. A la place, elles inventent des trucs pour attirer les gens. Parfois, elles ont beaucoup de succès, car elles ne parlent plus du péché ou de la repentance ; soyons certains que leur succès ne durera pas longtemps.

Jésus est un Roi plus grand que Salomon. Dans toutes ses entreprises, il a toujours compté sur la bénédiction de son Père. Il a toujours obéi à sa Parole. Il a prié pour tous ses besoins. Nous pouvons être certains qu’il n’a pas travaillé en vain. Son enseignement, sa mort sur la croix, sa résurrection, tout cela n’a pas été inutile. Jésus a dit : « Je bâtirai mon Eglise et les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle. » (Mt 16.18) Nous pouvons être certains que son projet de construction va réussir. Tous ceux qui travaillent en comptant sur Jésus-Christ et sur sa bénédiction peuvent être certains que leur travail ne sera pas inutile. « Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, progressez toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur. » (1 Co 15.58)

Deuxième sujet du Psaume : la sécurité. « Si l’Eternel ne garde la ville, celui qui la garde veille en vain. » (v. 1) Nous bâtissons, ensuite nous voulons protéger ce que nous avons bâti. Le roi Salomon avait à cœur la protection de Jérusalem. Il avait des chevaux, il avait une armée, mais il avait compris que c’est Dieu qui protège la ville. Combien de fois avez-vous entendu nos dirigeants nous dire que la sécurité de notre ville ou de notre pays dépendait de Dieu ? Un pays peut avoir l’armée la plus puissante, si nous ne cherchons pas la protection de Dieu, tôt ou tard, le pays sera détruit soit par des envahisseurs, soit par la décadence morale. Cela est arrivé des centaines de fois dans l’histoire. Cela est arrivé à Jérusalem, quand Israël a cessé de mettre sa confiance en Dieu.

Dieu promet que la nouvelle Jérusalem sera gardée en parfaite sécurité. Il promet même de garder ses enfants en sécurité durant tout leur voyage sur la terre. Inutile d’avoir peur. Ayons confiance en lui. Il est notre sécurité. Même si Dieu venait nous chercher cette nuit, nous avons la promesse que, si nous sommes unis à Jésus, nous allons nous réveiller dans la gloire avec Dieu. Mais pour ceux qui cherchent leur sécurité ailleurs qu’en Jésus, ils se réveilleront, un jour, au milieu des pires tourments.

Ceux qui comprennent que leur vie est vaine et inutile peuvent réagir de deux façons. Certains se désespèrent et peuvent aller jusqu’au suicide. En dehors de Jésus-Christ, ils ne voient pas de sens à leur vie. D’autres, au contraire, se mettent à travailler plus fort. Dans leur désir de trouver un sens à leur vie, ils redoublent d’énergie. « En vain vous levez-vous tôt le matin, vous couchez-vous tard, et mangez-vous le pain d’affliction. » (v. 2) Ces gens deviennent esclaves de leur travail. Ils brûlent la chandelle par les deux bouts. Ils pensent qu’en travaillant toujours plus, ils y trouveront un sens d’accomplissement. Ils n’arrivent jamais à se contenter de ce qu’ils ont, mais tous leurs efforts sont inutiles. Un jour, ils devront se présenter devant le Juge des vivants et des morts. Aujourd’hui déjà, ils mangent « le pain d’affliction ». Leur pain provient d’un travail pénible. Leur pain, ils le mangent avec un cœur troublé. Ils sont tellement préoccupés par les soucis du travail qu’ils n’arrivent même pas à goûter paisiblement le fruit de leur travail. Ils ne sont pas capables de prendre plaisir à manger un bon repas. Les soucis les affligent.

Le Seigneur « en donne autant à son bien-aimé pendant qu’il dort » (v. 2). Cela ne veut pas dire que nous pourrions dormir sans jamais faire l’effort de travailler. Cependant, ceux qui comptent sur Dieu reçoivent des cadeaux gratuits plus riches que tout le salaire de ceux qui comptent sur leur propre force. Connaissez-vous l’autre nom qui est donné à Salomon dans la Bible ? Salomon s’appelait aussi Yedidya (2 S 12.25), qui veut dire « bien-aimé de l’Eternel ». Nous retrouvons le même nom dans ce Psaume. Salomon utilise son nom ! Le Seigneur « en donne autant à son bien-aimé pendant qu’il dort ». Qu’est-ce que Dieu a donné à Salomon, son bien-aimé, pendant qu’il dormait ? Dieu lui a donné la sagesse, comme Salomon l’avait demandé pendant son sommeil (1 R 3). Il lui a donné la sagesse de diriger son royaume. Il lui a aussi promis des richesses.

Jésus est le bien-aimé de son Père, le bien-aimé par excellence. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toute mon affection. » (Mt 17.5) Jésus est plein de sagesse et plein de richesse. Quand nous sommes unis à lui, nous devenons des bien-aimés du Seigneur et nous recevons gratuitement des trésors immenses. Il nous en donne beaucoup plus pendant que nous dormons que tout le salaire de ceux qui pensent être la source de leur propre bonheur. Quel Dieu plein de grâce nous avons !

2. Avec la bénédiction du Seigneur, nous trouvons le vrai bonheur (Ps 127.3-5)

La deuxième partie du Psaume semble traiter d’un sujet bien différent. Salomon a parlé du travail et de la sécurité, maintenant il parle de la famille. Certains commentateurs pensent qu’à l’origine ces deux parties étaient deux Psaumes séparés qui auraient, par la suite, été collés ensemble. C’est bien mal comprendre la Bible. Au fond, tous ces sujets vont ensemble. Pourquoi travailler et bâtir une maison ? Pour la famille. Pourquoi garder la ville ? Pour protéger la famille. Si l’Eternel bâtit la maison et si l’Eternel garde la ville, c’est pour nous donner le bonheur d’avoir une famille à la gloire de Dieu. Cela aussi est un don de l’Eternel. Travail, protection, famille : le Seigneur est la source de toute bénédiction !

« Voici que des fils sont un héritage de l’Eternel, le fruit des entrailles est une récompense. » (vv. 3-5) Les enfants sont une récompense, non pas dans le sens que nous méritons d’en avoir, mais dans le sens qu’ils sont précieux. Une telle idée ne correspond pas tellement à la mentalité moderne. Aujourd’hui, bien des gens pensent que les enfants sont un fardeau, une charge financière, une responsabilité pénible. Quelle tristesse ! La Bible nous dit, au contraire, que les enfants sont un héritage de l’Eternel, un cadeau précieux du Seigneur. D’autres s’imaginent que l’enfantement est seulement un phénomène naturel que nous pourrions contrôler par des techniques de reproduction, comme si nous avions le contrôle sur la vie. La Bible nous dit que c’est Dieu qui rend stérile et qui rend fertile. Les enfants sont un cadeau de Dieu.

Les jeunes qui ont le désir de se marier ou les jeunes couples déjà mariés devraient prendre au sérieux cette parole. Les enfants sont une grande richesse pour la famille, pour l’Eglise et pour la société. Au lieu de décider tout seuls à quel moment vous aurez des enfants et combien d’enfants vous voulez avoir, commencez plutôt par vous mettre à genoux en demandant à Dieu : « Quelle est ta volonté pour notre couple, Seigneur ? Nous sommes à ton service. Nous comptons entièrement sur toi pour notre famille, toi seul est la source de toute bénédiction. »

« Comme les flèches dans la main d’un héros, ainsi sont les fils de la jeunesse. » (v. 4) Salomon utilise une image militaire. Les enfants sont comme des flèches dans la main d’un guerrier. Ils sont une protection devant l’ennemi. Le guerrier doit bien viser pour atteindre la cible. Les parents sont responsables d’éduquer leurs enfants dans la foi. C’est la cible visée. Tant que la flèche n’a pas quitté la main, tant que les enfants n’ont pas quitté la maison, nous devons viser la cible pour que nos enfants apprennent à connaître la Parole de Dieu et à répondre avec amour à l’appel du Seigneur. Encourageons les jeunes parents à lire la Bible à leurs enfants, à prier avec leurs enfants, à être un bon exemple pour leurs enfants. Rappelons-nous cependant que nous ne pouvons pas donner la foi à nos enfants. Le Seigneur nous garde humbles. Encore là, nous dépendons entièrement de la grâce de Dieu. Comptons sur lui et sur sa promesse. Il est la source de toute bénédiction.

« Heureux l’homme qui en a rempli son carquois ! » (v. 5) Savez-vous combien de flèches on pouvait mettre dans un carquois ? Imaginez un guerrier qui s’en va à la guerre, il veut apporter plus que quatre ou cinq flèches avec lui. On dit qu’un carquois à cette époque contenait trente flèches. Un carquois dans un char en contenait cinquante. Evidemment, aucun mariage monogame ne peut remplir un tel carquois. On comprend, bien sûr, l’idée générale. C’est une bénédiction pour des parents d’avoir plusieurs enfants. Mais Salomon ne pense pas seulement à des familles individuelles. Il pense à toute la famille de Dieu. Le Seigneur avait promis à Abraham une descendance nombreuse comme les étoiles du ciel. C’est un bonheur et une bénédiction pour l’Eglise d’avoir beaucoup d’enfants, un carquois bien rempli. Les enfants sont une bénédiction quand ils sont des flèches qui atteignent la cible, et non pas quand ils transpercent le cœur des parents. Les parents sont vraiment heureux quand leurs enfants marchent avec le Seigneur. Prions que Dieu donne à notre Eglise plusieurs familles et plusieurs enfants qui apprennent à connaître le Seigneur. Encore là, nous dépendons de la bénédiction de Dieu en toutes choses.

« Ils n’auront pas honte, quand ils parleront avec des ennemis à la porte. » (v. 5) Salomon utilise maintenant une image juridique. La porte de la ville était l’endroit où les anciens exerçaient la justice. Si quelqu’un intente un procès contre vous, il vous amène à la porte de la ville pour vous accuser devant les anciens. Si l’accusateur est méchant et vous accuse faussement, comment vous défendrez-vous si vous êtes seul ? Si vous avez plusieurs fils avec vous, ce sera une protection. Ils parleront pour vous, en votre faveur. Autrement dit, les enfants sont une sécurité pour les parents, une protection qui est un don de Dieu.

Salomon a eu des centaines de femmes, mais curieusement la Bible ne mentionne qu’un seul fils de Salomon, Roboam, qui a continué la lignée royale promise à David. Salomon n’avait qu’une seule flèche dans son carquois. Il avait besoin de bien viser… Une flèche qui a parcouru les siècles, en suivant la trajectoire de Roboam, Abiyam, Asa, Ezéchias, Josias, jusqu’à Jésus-Christ. La flèche a fini par atteindre la cible. Elisabeth remplie de l’Esprit a dit à Marie : « Le fruit de tes entrailles est béni ! » (Lc 1.42) Son fils est un héritage de l’Eternel, le don de Dieu le plus précieux. Heureux ceux qui se confient en lui !

Nos enfants peuvent être une joie et un bonheur pour nous seulement parce que Jésus, le Fils promis, est venu nous sauver et nous protéger. C’est lui qui a reçu la flèche destinée aux ennemis de Dieu. Il a été transpercé par la lance du soldat. C’est lui qui est mort à notre place à cause de nos péchés, pour apaiser la colère de Dieu. C’est lui qui parle pour nous aux portes de la ville. C’est lui qui prend notre défense contre Satan, notre accusateur. C’est lui qui plaide pour nous et qui nous défend devant le tribunal de Dieu. C’est lui qui règne aujourd’hui sur son Royaume et qui bâtit son Eglise. Tout notre salut vient de Jésus-Christ. Comptons sur lui. Il est la source de toutes bénédictions spirituelles.

Pendant notre pèlerinage sur terre, nous sommes occupés à travailler, à protéger nos villes et à prendre soin de nos familles. N’oublions jamais que nous sommes des pèlerins voyageurs. Nous sommes en marche vers la nouvelle Jérusalem. Nous allons adorer Dieu et remercier notre Sauveur pour toutes les bénédictions qu’il nous accorde si généreusement. Comptons sur lui dans toutes nos entreprises. Nos efforts ne sont pas inutiles. Même le jour où nous allons nous endormir du sommeil de la mort, le Seigneur en donne encore plus à ses bien-aimés pendant qu’ils dorment. Un jour, nous ressusciterons et nous recevrons gratuitement l’héritage et la récompense préparés par son Fils bien-aimé. Amen.

]]>
Psaume 128 Les bénédictions du pèlerin https://larevuereformee.net/articlerr/n269/psaume-128-les-benedictions-du-pelerin Thu, 14 May 2015 11:14:00 +0000 http://larevuereformee.net/?post_type=articlerr&p=892 Continuer la lecture ]]> LES BÉNÉDICTIONS DU PÈLERIN
Psaume 128

Paulin BÉDARD*

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

Les pèlerins en Israël se rendaient trois fois par année à Jérusalem. Ils allaient remercier leur Dieu pour toutes les bénédictions reçues, en espérant recevoir encore d’autres bénédictions qui viendraient de la montagne de Sion. Pendant la route, les pèlerins chantaient le Psaume 128. Ils chantaient leur bonheur d’être bénis par l’Eternel. C’étaient des pèlerins heureux ! Nous sommes des pèlerins en route vers la nouvelle Jérusalem. Sommes-nous des pèlerins heureux et bénis ? Certainement ! Pendant notre voyage, nous sommes appelés à nous réjouir des nombreuses bénédictions que le Seigneur déverse sur nous et qu’il a promis de déverser encore.

Le bonheur chanté dans le Psaume 128 commence par un homme qui craint l’Eternel. Ses bénédictions s’étendent ensuite à son travail, à sa famille et puis à la ville de Jérusalem, aux générations futures et finalement à tout Israël. Le bonheur d’appartenir au Seigneur ressemble à des cercles sur l’eau. Quand on jette une pierre dans l’eau, les cercles s’élargissent et se propagent au loin comme les bénédictions de Dieu. Le Psaume 128 nous fait contempler les riches bénédictions du pèlerin.

1. Le fidèle du Seigneur est heureux (Ps 128.1)

Le premier verset donne le ton au reste du Psaume. « Heureux quiconque craint l’Eternel et marche dans ses voies. » (v. 1) Une déclaration de bonheur ! Qui ne veut pas vivre heureux ? Quelles sont les conditions du bonheur ? « Heureux quiconque craint l’Eternel et marche dans ses voies. » Cette déclaration peut sembler surprenante. Très peu de gens pensent que, pour être heureux, il faille craindre l’Eternel et marcher dans ses voies. Nous savons, pourtant, dans nos cœurs, que c’est la seule façon d’être heureux.

Que veut dire « craindre l’Eternel » ? Devons-nous avoir peur de lui et chercher à fuir loin de Dieu ? Pas du tout. Craindre Dieu, c’est avoir un amour rempli de respect et de révérence pour Dieu ; c’est reconnaître qu’il est le Dieu souverain. Le monde entier lui appartient, il est digne d’être servi et adoré de tout cœur. Si nous craignons l’Eternel, nos vies seront centrées sur lui et non pas sur nous. Nous voudrons lui plaire et lui obéir en toutes choses. Toutefois, il n’est pas suffisant d’avoir la crainte de l’Eternel dans nos cœurs. Nous devons également marcher dans ses voies avec nos pieds. Celui qui aime Dieu de tout son cœur obéira à ses commandements de toutes ses forces. Voilà la recette du bonheur !

Mais alors, qui peut vraiment vivre heureux ? Qui peut espérer recevoir la bénédiction de Dieu ? Craignez-vous l’Eternel de tout votre cœur ? L’aimez-vous de toute votre âme et de toutes vos forces ? Marchez-vous pleinement dans ses voies chaque jour, sans jamais vous éloigner du bon sentier ? Nous connaissons la réponse. Nous ne faisons jamais parfaitement ces choses. Nous ne craignons pas Dieu de tout  notre cœur et nous ne marchons pas dans ses voies de toutes nos forces.

Le Psaume 128 nous parle de Jésus-Christ. Jésus a craint l’Eternel parfaitement. Jésus a parfaitement marché dans ses voies. Il a aimé son Père de tout son cœur et il a obéi à sa volonté en toutes choses. Heureux celui qui craint l’Eternel et qui marche dans ses voies ! Oui, Jésus est heureux ! Il a pleinement mérité de recevoir cette récompense. Il est monté au ciel dans un bonheur complet. Si nous sommes unis à lui par la foi, Jésus nous fait partager ce grand bonheur. Nos péchés sont effacés, son obéissance parfaite nous est donnée gratuitement. Nous sommes bénis en lui, à cause de lui. Au lieu de voir en nous tous nos péchés, Dieu voit en nous la perfection de son Fils. Il peut donc déverser sur nous ses riches bénédictions. Nous n’avons pas besoin de les mériter. Jésus les a méritées pour nous ! Par la foi, nous avons déjà reçu la bénédiction de Dieu. Et maintenant, nous apprenons à craindre l’Eternel et à marcher dans ses voies pour exprimer notre reconnaissance. Croyons en Dieu, croyons dans son Fils et croyons que ces bénédictions sont pour nous.

A quoi ressemble une personne heureuse ? Les bénédictions décrites au Psaume 128 sont des bonheurs simples, mais profonds. Premier cercle de bénédiction : le travail.

2. Son travail est béni (Ps 128.2)

« Tu jouis alors du travail de tes mains, tu es heureux, tu prospères. » (v. 2) Oui, le travail est une bénédiction. C’est un don de Dieu ! Depuis la chute, Dieu a maudit le sol. Les chardons et les épines rendent le travail difficile. Il faut gagner son pain à la sueur de son front. La malédiction colle au travail. « Vanité des vanités ! (…) Que reste-t-il à l’homme de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ? » (Ec 1.2-3) Mais pour celui qui craint l’Eternel et qui marche dans ses voies, « tu jouis alors du travail de tes mains, tu es heureux, tu prospères ». La malédiction est renversée et Dieu bénit le travail de nos mains.

Si l’on pose la question « Que faut-il pour être heureux? », combien de personnes, pensez-vous, parleront de leur travail ? Le travail n’est pas souvent vu comme une bénédiction. On préfère penser aux vacances ou aux loisirs. Les vacances et les loisirs sont légitimes, autant qu’ils nous permettent de revenir au travail frais et dispos. On préférerait gagner à la loterie pour n’avoir plus jamais à travailler le reste de sa vie. Nombreux sont ceux qui souhaitent prendre leur retraite le plut tôt possible. Et pourtant, d’après la Bible, jouir du travail de ses mains est une bénédiction. Cela fait partie du bonheur que Dieu nous donne !

Le Psaume 128 soulève toutefois une grande question : Dieu est-il vraiment fidèle à sa promesse ? Ceux qui craignent l’Eternel et qui marchent dans ses voies jouissent-ils vraiment tous du travail de leurs mains ? Est-ce que Dieu bénit le travail de tous les chrétiens fidèles ? Il y a des gens parmi nous qui jouissent du travail de leurs mains. Oui, Dieu bénit leur travail. Il les fait prospérer. Remercions-le pour ses bénédictions ! Il y en a d’autres parmi nous pour qui le travail est ardu et frustrant. Le travail de leurs mains porte peu de fruit et se transforme parfois en échec. Est-ce parce qu’ils manquent de foi ou qu’ils sont moins obéissants ? Non. La bénédiction n’est pas liée au mérite. Nous ne croyons pas à « l’évangile de la prospérité » si répandu dans certains milieux chrétiens. « Croyez en Jésus et tout ira bien, vous deviendrez riches et en santé. » Pas du tout ! Nous subissons encore durement les conséquences de la chute.

Il faut comprendre le Psaume 128 à la lumière de Jésus-Christ. Jésus est celui qui a craint l’Eternel parfaitement et qui a parfaitement marché dans ses voies. Alors Dieu a béni le travail de ses mains. Jésus a travaillé dur, à la sueur de son front, qui est même devenue comme des grumeaux de sang. Jésus a douloureusement ressenti les épines quand on a enfoncé sa couronne d’épines sur sa tête. Jésus a travaillé à la gloire de Dieu et son travail a transpercé ses mains et l’a conduit à la mort. Il a été maudit à notre place. Il a subi la malédiction pour nos péchés. Mais son Père a fait prospérer le travail de ses mains. Jésus est ressuscité, il est monté au ciel dans la gloire. Aujourd’hui, Jésus jouit du travail de ses mains. Nous sommes le fruit de son travail ! Le rassemblement de son Eglise depuis le commencement du monde jusqu’à la fin est le fruit de son dur labeur. Par conséquent, si nous sommes unis à lui par la foi, notre travail n’est pas vain dans le Seigneur (1 Co 15.58).

Notre travail est parfois pénible et frustrant, c’est parfois un échec en apparence. Souvenons-nous que le travail de Jésus à la croix a été extrêmement pénible et a semblé un échec en apparence. Mais Dieu a béni son travail pour que nous puissions être bénis dans le nôtre. Marchons par la foi, sachant que notre travail n’est pas vain dans le Seigneur. Dieu fera fructifier le travail de nos mains, d’une façon ou d’une autre. « Que la tendresse du Seigneur, notre Dieu, soit sur nous ! Affermis pour nous l’ouvrage de nos mains, oui, affermis l’ouvrage de nos mains ! » (Ps 90.17) Si nous ne récoltons pas les fruits aujourd’hui, nous les récolterons demain, sinon nous les récolterons au jour de la grande moisson.

Les cercles du bonheur s’élargissent. Nous passons du travail à la famille.

3. Sa famille est bénie (Ps 128.3-4)

« Ta femme est comme une vigne féconde dans l’intérieur de ta maison ; tes fils sont comme des plants d’olivier, autour de la table. C’est ainsi qu’est béni l’homme qui craint l’Eternel. » (vv. 3-4) L’homme qui craint l’Eternel reçoit des bénédictions conjugales et familiales. Sa femme « est comme une vigne féconde ». La vigne féconde est un symbole de bénédiction. C’est une image qui représente la réjouissance. Quelle joie de vivre en compagnie d’une épouse fidèle ! Elle est féconde, bien sûr, parce qu’elle porte des enfants, mais aussi parce que son travail est fructueux. C’est une joie de rentrer à la maison et de goûter au fruit de son travail.

Remarquez bien qu’elle est une vigne féconde « dans l’intérieur de sa maison ». Cela ne veut pas dire qu’elle est toujours confinée entre quatre murs. La femme vaillante de Proverbes 31 est très occupée à l’extérieur de la maison ; elle fait du commerce, elle prend soin des malheureux. La Bible souligne tout de même l’importance du rôle de l’épouse à l’intérieur du foyer (Tt 2.4-5). Une épouse qui prend soin de son foyer n’est pas une malédiction, comme plusieurs le pensent aujourd’hui. Au contraire ! C’est une grande bénédiction pour son mari, pour sa famille, pour l’Eglise et pour la société. Voilà un des bonheurs simples et profonds que Dieu prend plaisir à donner à ceux qui le craignent et qui marchent dans ses voies.

Les bénédictions ne s’arrêtent pas là ! « Tes fils sont comme des plants d’olivier, autour de la table. » L’olivier est un autre symbole de prospérité. Autour de l’arbre principal des parents, les nouvelles pousses grandissent et deviennent solides. Ils apporteront leur contribution à la famille. Un jour, ils produiront des olives qui donneront de l’huile, une huile utile pour la maison et qui fait rayonner le visage de joie. Les enfants sont autour de la table. Les parents pourvoient à leurs besoins et se réjouissent de voir tous ces visages réunis ensemble autour d’un bon repas. C’est un bonheur d’avoir des enfants qui grandissent autour de nous, qui deviennent solides dans la foi et qui portent de bons fruits.

Encore une fois, le Psaume 128 nous oblige à nous poser la question : Dieu est-il toujours fidèle à sa promesse ? Ceux qui craignent l’Eternel et qui marchent dans ses voies reçoivent-ils vraiment toujours ces bénédictions ? Certains parmi nous sont bénis de vivre un mariage heureux, avec un mari fidèle, une épouse fructueuse et des enfants qui font la joie de leurs parents. D’autres parmi nous vivent des tensions dans leur mariage ; d’autres n’ont pas encore trouvé de conjoint ; d’autres ont des enfants rebelles ; d’autres n’ont pas encore la bénédiction d’avoir des enfants. Est-ce parce qu’ils manquent de foi ou qu’ils ne sont pas assez obéissants ? Non. La bénédiction ne va pas au mérite. Ces bénédictions peuvent venir plus tard, en leur temps. Il ne faut pas désespérer. Remercions le Seigneur pour l’abondance de bénédictions qu’il nous donne déjà et comptons sur lui pour l’avenir.

Cependant, il est important de comprendre le Psaume 128 à la lumière de Jésus-Christ. C’est Jésus qui a parfaitement craint l’Eternel et qui a parfaitement marché dans ses voies. C’est lui qui est parfaitement heureux et qui reçoit toutes ces bénédictions. Peut-être penserez-vous que Jésus ne s’est jamais marié et qu’il n’a pas eu d’enfants. C’est vrai. Toutefois, Jésus est un Epoux fiancé à son Eglise. Nous sommes son Epouse, une épouse qui fait sa joie. Le Saint-Esprit nous rend fructueux et nous fait porter toutes sortes de bons fruits à sa gloire. Ce bon fruit inclut des nouveaux croyants. Galates 4 nous dit que l’Eglise est la mère des croyants. Jésus a une grande famille, une épouse et des enfants qui font sa joie. Son travail est béni et sa famille est bénie.

Oui, en Jésus-Christ, Dieu est fidèle à ses promesses ! Voilà la récompense que Jésus reçoit parce qu’il a craint l’Eternel de tout son cœur et parce qu’il a marché dans ses voies de toutes ses forces. Quand nous sommes unis à Jésus par la foi, nous recevons gratuitement ces bénédictions. Que nous soyons mariés ou célibataires, que nous ayons des enfants ou non, nous avons tous le bonheur de faire partie de la grande famille de Dieu. Nous sommes heureux et bénis d’appartenir à son Eglise, son épouse féconde dans sa maison, ses enfants qui font sa joie autour de sa table, la table de la sainte cène. Réjouissons-nous et remercions le Seigneur de nous avoir accordé ce si grand cadeau !

Mais ce n’est pas tout. Les cercles de bénédiction s’élargissent encore.

4. Il verra la bénédiction s’étendre au loin (Ps 128.5-6)

« L’Eternel te bénira de Sion. » (v. 5) C’est le point de départ de toute bénédiction, la montagne de Sion. C’est là, pourrions-nous dire, que la pierre tombe dans l’eau. A partir de là, les cercles s’agrandissent. C’est là, à Sion, que les pèlerins se rendaient pour célébrer l’Eternel et recevoir de lui ses bénédictions. C’est là, dans le temple de Jérusalem, que les sacrifices d’animaux étaient offerts pour les péchés du peuple. C’est là où la Parole de Dieu était proclamée et où la bénédiction d’Aaron était prononcée (Nb 6.23-26). Les pèlerins marchaient les yeux fixés sur Jérusalem, la source de toute bénédiction.

Jésus est allé à Sion. Il a fait partie de ces pèlerins qui se rendaient à Jérusalem pour célébrer les trois fêtes annuelles (la fête de la Pâque avec la fête des pains sans levain, la fête des semaines ou des prémices de la moisson, la fête des huttes ou des récoltes, Ex 23.14-17 ; Lv 23 ; Dt 16.1-16). Mais la dernière fois qu’il s’y est rendu, ce n’était pas pour recevoir une bénédiction. C’était pour recevoir la terrible malédiction à cause de nos péchés, quand il a été offert en sacrifice d’expiation sur la croix. Aujourd’hui, nous n’allons plus en pèlerinage dans l’ancienne ville de Jérusalem. Nous levons les yeux vers la nouvelle Jérusalem, le sanctuaire céleste, là où Jésus est entré, après avoir accompli parfaitement notre rédemption. C’est de là, de cette Jérusalem d’en haut, que viennent sur nous toutes bénédictions. Jésus est la source de notre bonheur. C’est lui, au ciel, le point de départ de tous les cercles concentriques.

Les grands cercles de bénédictions nous atteignent, nous, notre travail, notre famille, notre Eglise, et les cercles s’élargissent pour s’étendre au loin. « Et tu contempleras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie. Tu verras les fils de tes fils. Que la paix soit sur Israël ! » (vv. 5-6) Les cercles s’élargissent dans le temps. Tu auras le bonheur de voir les fils de tes fils. Ce sera une joie de voir nos petits-enfants et nos arrière-petits-enfants bénis par l’Eternel. Les bénédictions de Dieu sont là pour durer longtemps, car il est fidèle à son alliance, de génération en génération. Même si nous n’avons pas d’enfants ou de petits-enfants nous-mêmes, ce sera une joie et un bonheur de voir les générations suivantes vivre pour Jésus-Christ et grandir dans son Eglise. Les cercles de bénédiction s’élargissent aussi dans l’espace. Nous verrons le bonheur de Jérusalem, et même que tout Israël au grand complet sera dans la paix.

Les pèlerins de l’Ancien Testament n’ont pas toujours contemplé le bonheur de Jérusalem tous les jours de leur vie. Le malheur s’est parfois abattu sur Jérusalem. La paix n’a pas toujours régné en Israël. Les ennemis sont venus de l’extérieur, souvent parce que des troubles ont surgi de l’intérieur. Dieu a-t-il été infidèle à sa promesse? Non. Cette promesse est pour Jésus-Christ, pour celui qui a craint l’Eternel parfaitement et qui a parfaitement marché dans ses voies. Jésus monté au ciel peut désormais contempler le bonheur de Jérusalem tous les jours de sa vie. Jésus est entré dans la joie de son Père. Il nous donne sa Parole et son Esprit pour nous communiquer déjà un avant-goût de cette joie et de ce bonheur de la nouvelle Jérusalem céleste. Unis à Jésus, nous sommes déjà bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes (Ep 1.3). Remercions-le et célébrons-le de nous faire goûter à ce grand bonheur ! Un bonheur qui nous est déjà donné gratuitement.

Mais nous sommes encore des pèlerins en route vers la nouvelle Jérusalem. Nous ne sommes pas encore arrivés. Nous vivons encore dans un monde déchu, frappé par toutes sortes de malédictions. Aujourd’hui, nous marchons par la foi et non par la vue. Un jour, nous goûterons pleinement à cette joie et à ce bonheur. Ce jour-là, nous contemplerons avec notre Sauveur le bonheur de Jérusalem pour toute l’éternité. Par conséquent, montrons notre reconnaissance. Vivons aujourd’hui pour lui. Soyons dans la joie. Craignons l’Eternel et marchons dans ses voies. Car c’est ainsi qu’est béni l’homme qui craint l’Eternel. Amen.

]]>
Psaume 129 La délivrance du pèlerin https://larevuereformee.net/articlerr/n269/psaume-129-la-delivrance-du-pelerin Thu, 14 May 2015 11:14:00 +0000 http://larevuereformee.net/?post_type=articlerr&p=894 Continuer la lecture ]]> LA DÉLIVRANCE DU PÈLERIN
Psaume 129

Paulin BÉDARD*

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

Le voyage du pèlerin n’est pas de tout repos. Oui, nous marchons avec joie vers la nouvelle Jérusalem. Le Seigneur nous bénit de tant de bénédictions. Le Psaume 128 nous a présenté les bénédictions du pèlerin. Cependant, le pèlerin du Seigneur vit aussi des combats. Des ennemis se dressent contre l’Eglise et lui veulent du mal. Ces ennemis sont puissants et féroces. Réussiront-ils à détruire l’Eglise du Seigneur ? Quel sort est réservé aux méchants ? Le Seigneur est juste. Il a déjà délivré son peuple. Il délivrera encore. Le pèlerin peut marcher le cœur reconnaissant et le cœur confiant. Le Psaume 129 nous parle de la délivrance du pèlerin. Le Psaume se divise en deux parties.

1. La délivrance passée est célébrée (Ps 129.1-4)

Le pèlerin rappelle à sa mémoire des souvenirs douloureux. « Souvent ils m’ont attaqué dès ma jeunesse. » (v. 1) Le psalmiste parle d’une façon très personnelle mais, en fait, il raconte toute l’histoire d’Israël. Le chef de chorale entonne la première strophe et invite toute l’assemblée à répondre après lui. « Souvent ils m’ont attaqué dès ma jeunesse – qu’Israël le dise ! – souvent ils m’ont attaqué dès ma jeunesse. » (vv. 1-2) Tout Israël doit le répéter parce que tout Israël a été attaqué dès sa jeunesse.

A quand remonte la jeunesse d’Israël ? Au moment où Dieu l’a fait sortir d’Egypte. « Quand Israël était jeune, je l’aimais, et j’ai appelé mon fils hors d’Egypte. » (Os 11.1) Dès sa jeunesse, en Egypte, le peuple de Dieu a été durement opprimé par les Egyptiens. Mais Dieu les a délivrés ! Plus tard, Israël a subi les attaques d’autres ennemis, pas seulement de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur. Pourquoi ont-ils tourné en rond dans le désert pendant quarante ans ? A cause de leurs péchés. Le péché est un ennemi redoutable qui se cache dans nos cœurs et qui nous attaque durement. Et puis, bien sûr, l’ennemi le plus redoutable, c’est le diable. Depuis l’entrée du péché dans le monde, Dieu a promis qu’un Sauveur viendrait écraser la tête du serpent (Gn 3.15). Entre-temps, Dieu annonce un grand conflit entre le diable et la descendance de la femme. Israël a toujours été au milieu de ce grand conflit. « Souvent ils m’ont attaqué dès ma jeunesse – qu’Israël le dise ! » (v. 1) Les attaques ont continué. Pendant la période des Juges, souvenez-vous, les Philistins et les Madianites les ont attaqués. Durant l’époque des rois, rappelez-vous, les Assyriens, les Babyloniens et d’autres encore les ont attaqués. Des attaques de l’extérieur, mais aussi des attaques de l’intérieur.

Pourquoi ces ennemis sont-ils venus les attaquer ? Souvent, c’était parce que Dieu les châtiait à cause de leurs révoltes. Le péché est un ennemi à l’intérieur de nos murs. Satan aussi voulait les détruire pour empêcher que la promesse du Sauveur s’accomplisse. Oui, souvent, ils m’ont attaqué, tous ces ennemis ! Le Psaume 129 aidait les pèlerins à prendre conscience que chacun d’eux était personnellement impliqué dans ce combat.

Mais pourquoi rappeler ces souvenirs douloureux ? Pour se souvenir des délivrances du Seigneur. « Mais ils ne l’ont pas emporté sur moi. » (v. 2) N’est-ce pas étonnant ? Après toutes ces attaques, le peuple de Dieu aurait dû être anéanti. Mais non ! Il a survécu. C’étaient des survivants ! Les ennemis ne l’ont pas emporté sur moi. Les Egyptiens, les Philistins, les Madianites, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Romains, les nombreux péchés d’Israël, ses révoltes, ses murmures, ses idolâtries, ses injustices, Satan lui-même, tous ces ennemis terribles nous ont affligés, mais ils n’ont pas gagné. « Ils ne l’ont pas emporté sur moi. » Chaque pèlerin devait s’identifier personnellement à cette délivrance. Chacun devait pouvoir dire : « Moi aussi, le Seigneur m’a délivré. » Pourquoi ? Pour susciter la reconnaissance dans le cœur de chaque fidèle.

Les attaques étaient féroces. « Des laboureurs ont labouré mon dos, ils y ont tracé de longs sillons. » (v. 3) La charrue est passée sur le dos d’Israël. Ils ont labouré mon dos. Ils ont déchiré ma chair. Le dos d’Israël a été taillé d’incisions longues et profondes. C’est l’image des dures afflictions du peuple de Dieu. C’est le résumé de toute l’histoire d’Israël. Chaque pèlerin est appelé à s’identifier à cette expérience douloureuse.

Les ennemis ne sont pas tendres. Ils veulent la destruction de l’Eglise. Ils veulent ma destruction. Mais « l’Eternel est juste : Il a détaché les cordes des méchants » (v. 4). Oui, l’Eternel est juste ! Réjouissons-nous ! Les ennemis sont injustes, mais Dieu, lui, est toujours juste dans sa façon de traiter son peuple. Il est juste même dans leurs souffrances. Il est juste aussi pour les libérer de leurs souffrances. Le Seigneur est juste parce qu’il est fidèle à sa promesse. « Il a détaché les cordes des méchants. » Il a coupé le câble qui rattachait la charrue aux bœufs. La charrue ne creuse plus de sillons. Il a coupé la corde qui gardait Israël prisonnier. Ils sont libres ! Oui, l’Eternel est juste pour délivrer son peuple de ses ennemis. Il est juste pour me délivrer.

Jésus a probablement chanté le Psaume 129. Chaque année, Jésus s’est rendu à Jérusalem pour célébrer les trois fêtes annuelles avec les autres pèlerins (la fête de la Pâque avec la fête des pains sans levain, la fête des semaines ou des prémices de la moisson, la fête des huttes ou des récoltes, Ex 23.14-17 ; Lv 23 ; Dt 16.1-16). Ces paroles, dans sa bouche, ont pris un sens très profond. « Souvent ils m’ont attaqué dès ma jeunesse – que Jésus le dise ! – souvent ils m’ont attaqué dès ma jeunesse, mais ils ne l’ont pas emporté sur moi. » (vv. 1-2)

Dès sa jeunesse, Hérode est venu l’attaquer. Tout au long de sa vie, Jésus a subi les pires attaques. La dernière fois qu’il est monté à Jérusalem, il savait ce qui l’attendait. Il pouvait dire et chanter avec émotion : « Des laboureurs ont labouré mon dos, ils y ont tracé de longs sillons. » (v. 3) Le fouet des soldats romains est venu frapper son dos. Au bout du fouet, on attachait un morceau de métal ou un os pointu pour déchirer la peau et pour creuser des sillons dans la chair. Le Psaume 129 est devenu pour Jésus un chant très personnel qui résumait la douleur de toute sa vie. Qui étaient ses ennemis ? Hérode, Pilate, les Romains, les Juifs, les chefs religieux, la foule entière. Ils l’ont tous crucifié. Le diable en personne est venu l’attaquer férocement. Mais quels étaient encore ses ennemis qui l’ont crucifié ? Nous-mêmes, nous étions là, nous aussi, avec nos péchés ! Son dos a été labouré à cause de nos péchés. Nous méritions des souffrances éternelles, c’est lui qui les a subies à notre place. « C’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. » (Es 53.5)

Jésus pouvait dire, cependant, avec joie : « mais ils ne l’ont pas emporté sur moi ». Oui, Jésus est mort à cause de mes péchés, mais dans sa mort même, il a remporté la victoire. Jésus n’est pas resté dans le tombeau. Il est ressuscité ! L’Eternel est juste ! Il a détaché les cordes des méchants ! Dieu a délivré son Fils de tous ses ennemis. Jésus est victorieux ! Il est vivant aujourd’hui pour nous faire marcher avec joie sur la route du pèlerin. Soyons reconnaissants ! Il nous conduit par sa Parole et par son Esprit vers la nouvelle Jérusalem.

Alors, à notre tour, nous redirons : « Souvent ils m’ont attaqué dès ma jeunesse – que l’Eglise le dise ! » Ces paroles doivent devenir personnelles pour chacun de nous. Jésus a dit : « Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, moi, j’ai vaincu le monde. » (Jn 16.33) Paul ajoute : « C’est par de nombreuses tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu. » (Ac 14.22) Des tribulations, des épreuves, des souffrances, des combats, des persécutions, des ennemis de toutes sortes qui cherchent à détruire l’Eglise. Voilà un bon résumé de l’histoire de l’Eglise. C’est le programme de notre vie. A notre tour, nous pouvons dire : « mais ils ne l’ont pas emporté sur moi ». Une parole personnelle. Chacun de nous devrait pouvoir dire : « C’est moi que Jésus est venu délivrer. »

Les ennemis du chrétien sont redoutables : les persécutions en Corée du Nord et dans plusieurs pays dans le monde, la sécularisation qui progresse, les évolutionnistes qui deviennent plus agressifs, les musulmans qui se multiplient, les médias qui font mauvaise presse aux chrétiens. Des ennemis extérieurs, mais aussi des ennemis intérieurs, nos propres péchés qui nous attaquent inlassablement. Nos péchés qui viennent labourer notre dos comme une charrue et qui nous déchirent. Des ennemis spirituels, le diable et les démons avec leurs flèches enflammées. Tous ces ennemis détestent et oppriment les chrétiens. Mais « l’Eternel est juste, il a détaché la corde des méchants ». Il nous a délivrés en Jésus-Christ ! Nous sommes libérés ! Nous sommes des survivants ! Soyons reconnaissants ! Dieu est juste, il est fidèle à son alliance.

Le pèlerin, donc, regarde en arrière. Il se souvient des afflictions d’autrefois et célèbre la délivrance passée. Le pèlerin regarde aussi en avant, il espère la délivrance à venir.

2. La délivrance à venir est espérée (Ps 129.5-8)

Les versets 5 à 8 peuvent être compris comme une prière ou comme une promesse. Dans les versets précédents, les verbes étaient au passé. Maintenant, les verbes sont au futur. Il est possible de traduire comme dans la Bible à la Colombe : « Qu’ils soient honteux et qu’ils reculent (…). Qu’ils soient comme l’herbe des toits. » C’est alors l’expression d’une prière pour la défaite des ennemis. Il est également possible de traduire : « Ils seront honteux et ils reculeront (…). Ils seront comme l’herbe des toits. » C’est alors l’expression d’une promesse qui annonce leur défaite certaine. Une prière ou une promesse. Les deux traductions sont correctes. L’idée principale demeure sensiblement la même. Dieu, dans sa justice, jugera ses ennemis, il les renversera, c’est promis, c’est certain. Et parce qu’il l’a promis, nous prions pour que vienne son jugement. Cette promesse ou cette prière contient quatre éléments.

Premièrement, les ennemis d’Israël échoueront. « Qu’ils soient honteux et qu’ils reculent, tous ceux qui ont de la haine pour Sion ! »  (v. 5) Les ennemis ont de grandes prétentions. Ils se pensent forts. Ils pensent pouvoir malmener l’Eglise comme ils veulent. Dieu va toutefois les mettre en échec. Ils auront honte et seront obligés de reculer.

Deuxièmement, les ennemis d’Israël seront éphémères. Ils ne dureront pas longtemps. « Qu’ils soient comme l’herbe des toits, qui sèche avant qu’on l’arrache ! » (v. 6) A cette époque, les maisons avaient des toits plats. Des mottes de terre s’accumulaient à certains endroits et permettaient aux graines de germer. L’herbe commençait à pousser, mais aussitôt le soleil venait la sécher. C’est ce qui arrivera à tous ceux qui détestent Sion et qui ont de la haine pour Dieu et pour son plan.

Troisièmement, leurs œuvres seront stériles. Ils ne porteront aucun fruit. « Le moissonneur n’en remplit pas sa main, ni le lieur de gerbes sa poche. » (v. 7) Normalement, le moissonneur s’en va au champ et remplit sa main de belles gerbes. Un autre vient pour attacher les gerbes ensemble. Eh bien, cela n’arrivera pas aux ennemis d’Israël !

Quatrièmement, ils ne seront pas bénis, ni eux ni leurs œuvres. « Et les passants ne disent pas : Que la bénédiction de l’Eternel soit sur vous ! Nous vous bénissons au nom de l’Eternel ! » (v. 8) A cette époque, au temps des moissons, c’était la coutume, en Israël, de se bénir mutuellement. « Voici que Booz vint de Bethléem et dit aux moissonneurs : Que l’Eternel soit avec vous ! Ils lui répondirent : Que l’Eternel te bénisse ! » (Rt 2.4) Pour les méchants, cela n’arrivera pas. Que les méchants ne reçoivent pas cette bénédiction ! Que personne ne souhaite la bénédiction de Dieu sur eux ! Qu’ils soient mis en échec, qu’ils soient éphémères, que leurs œuvres soient stériles et que la bénédiction ne repose pas sur eux ! C’est la prière du pèlerin. C’est la promesse qui lui donne une pleine espérance.

Certains diront peut-être que le Psaume 129 n’a pas l’air très chrétien. Prier pour la défaite des ennemis ? Espérer leur défaite ? Ne sommes-nous pas, au contraire, appelés à aimer notre prochain ? Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’une vengeance personnelle. La Bible nous interdit de nous venger nous-mêmes. La vengeance appartient à l’Eternel. Il faut laisser Dieu exercer lui-même son jugement. Nous sommes appelés à aimer notre prochain, certainement. Le Seigneur nous demande de présenter l’autre joue et de répondre au mal par le bien. Mais le Seigneur nous enseigne aussi à prier : « Que ton règne vienne. » Que faut-il pour que le règne de Dieu vienne ? Il faut absolument que les ennemis qui s’opposent à son règne soient vaincus, qu’ils soient honteux, qu’ils reculent, que leurs vies soient éphémères, que leurs œuvres soient stériles, qu’ils ne soient pas bénis, mais au contraire qu’ils soient maudits. C’est Dieu lui-même, dans sa Parole, qui annonce des bénédictions et des malédictions. Il est juste et fidèle, il accomplira toute sa Parole pour que son règne vienne. Nous sommes appelés à compter sur cette promesse. Nous sommes appelés à prier pour que toute sa volonté s’accomplisse, incluant le jugement des méchants.

Jésus lui-même a promis qu’un jour son jugement viendrait. Il l’a promis dans des termes encore bien plus forts que le Psaume 129. Jésus lui-même répondra à cette prière de son peuple. Il accomplira sa promesse. Nous devons laisser entre ses mains le soin d’accomplir son jugement à sa façon.

Par exemple, en Actes 12, le roi Hérode maltraitait les chrétiens. Il a fait mourir Jacques. Il a fait mettre en prison l’apôtre Pierre. Les frères ont prié pour la délivrance. Quel a été le résultat ? Hérode est mort, rongé par les vers, parce qu’il n’avait pas donné gloire à Dieu. Hérode a reculé, il a été honteux, sa vie a été éphémère, ses œuvres stériles, il a été maudit par Dieu. Autre exemple, en Actes 9, Saul de Tarse persécutait l’Eglise, il approuvait le meurtre d’Etienne, il se préparait à faire mourir beaucoup d’autres chrétiens. Et qu’est-il arrivé ? Jésus est apparu à Saul et il a fait de lui l’apôtre Paul. Saul a reculé, il a été honteux, ses œuvres mauvaises ont été éphémères et stériles, et Dieu a fait de lui un apôtre puissant pour propager l’Evangile partout dans l’Empire romain. Jésus accomplit son jugement comme il veut. Il a délivré son Eglise par la mort d’Hérode, il a aussi délivré son Eglise par la conversion de Paul. Quand nous prions « Que ton règne vienne, renverse tes ennemis, fait reculer ceux qui détestent Sion », nous laissons entre les mains du Seigneur le soin de faire venir son règne comme il veut, soit par des châtiments, soit par des conversions.

Mais n’oublions pas que nos ennemis ne sont pas seulement des personnes. Notre grand ennemi, c’est le péché. Notre pire ennemi, c’est le diable. Nous prions « Délivre-nous du mal, délivre-nous du Malin ». Nous ne souhaitons aucun bien, ni à nos péchés, ni au diable. Que mes péchés soient éphémères, qu’ils cessent de porter tous ces mauvais fruits dans ma vie, que mes péchés soient renversés par ta puissance. Que le diable soit honteux. Que les œuvres des ténèbres soient stériles. Que les démons soient châtiés éternellement. Nous en avons la promesse et nous prions pour que Dieu accomplisse sa promesse. Jésus viendra tout accomplir au jour du jugement. Nous avons une grande espérance ! Nous serons alors totalement délivrés de tous nos ennemis !

Le pèlerin, donc, regarde en arrière. Il célèbre la délivrance passée. Il est plein de reconnaissance. Ses ennemis ne l’ont pas emporté. Le pèlerin regarde aussi en avant. Il se réjouit de la délivrance promise à venir. Il prie pour cette délivrance. Il est plein d’espérance. Il sait que les ennemis seront vaincus. Oui, l’Eternel est juste ! Soyons dans la joie ! Il est fidèle à ses promesses. Il nous a déjà délivrés en Jésus-Christ. Il nous délivrera encore par Jésus-Christ. Nous sommes en route vers la nouvelle Jérusalem. Soyons des pèlerins reconnaissants pour le passé et confiants pour l’avenir. L’Eternel est juste, il nous délivrera de tous nos ennemis. Amen.

]]>
Psaume 130 Le pardon du pèlerin https://larevuereformee.net/articlerr/n269/psaume-130-le-pardon-du-pelerin Thu, 14 May 2015 11:14:00 +0000 http://larevuereformee.net/?post_type=articlerr&p=895 Continuer la lecture ]]> LE PARDON DU PÈLERIN
Psaume 130

Paulin BÉDARD*

Chers frères et sœurs,

Le Psaume 130 s’appelle un « cantique des montées ». Il était chanté pendant que les pèlerins montaient vers Jérusalem pour aller adorer Dieu. Ces croyants montaient physiquement les collines jusqu’à la montagne de Sion. Il fallait aussi qu’ils « montent » spirituellement, que leur cœur s’élève vers Dieu.

Le pèlerin du Psaume 130 est pourtant au plus creux. Il est en détresse au plus profond de l’océan de ses angoisses à cause de ses péchés. Mais Dieu lui fait la grâce d’élever son cœur au plus haut, vers le trône de la grâce. Il monte vers Jérusalem, symbole sur terre du trône de la grâce qui est au ciel. Le Psaume 129 nous avait parlé de la délivrance du pèlerin. Le Seigneur a délivré son peuple de ses ennemis ; il promet encore sa délivrance. Le Psaume 130 se concentre sur un ennemi particulier, un ennemi des plus redoutables : le péché. Lorsque le poids du péché nous tire vers le bas, il nous faut regarder vers le haut pour espérer en l’Eternel, espérer son pardon. Le Psaume 130 célèbre le pardon du pèlerin.

1. Un cri désespéré (Ps 130.1-2)

Le pèlerin se sent comme englouti dans une mer déchaînée. Il est entraîné au fond de l’océan. « Des profondeurs de l’abîme je t’invoque, Eternel ! Seigneur, écoute ma voix ! » (v. 1) Il est au milieu d’un grave danger et c’est là qu’il appelle à l’aide l’Eternel, le Dieu de l’alliance. Au secours, Seigneur !

Il est tellement difficile de nous exercer à la prière. Quand tout va bien et que nous vivons dans la prospérité, nos prières sont froides et sans ferveur. Nous nous pensons en sécurité dans notre confort. Quand tout va mal et que nous traversons les pires adversités, ce n’est pas mieux. Nous sommes paralysés par la douleur ou terrorisés par le danger, incapables de lever nos regards vers le Seigneur. N’est-il pas remarquable d’entendre cet homme, plongé dans une situation désespérée, élever son cœur vers Dieu et le supplier de toutes ses forces, avec ardeur et avec passion ! Dans son trou, le pèlerin désespéré élève sa voix vers le trône de la grâce pour y trouver grâce au moment opportun.

Ce pauvre malheureux n’a pas essayé de flatter Dieu pour gagner sa faveur. Il n’a pas essayé de se montrer gentil aux yeux de Dieu. Il n’a pas fait de promesse : « Non, non, je ne le ferai plus jamais, je le promets. » Ou encore : « A partir d’aujourd’hui, je m’engage à faire mieux. » Pas du tout ! Cet homme est profondément humilié par son propre péché. Tout ce qu’il désire, c’est obtenir la faveur de son Père céleste. Tout ce qu’il veut, c’est être entendu pour pouvoir être pardonné de tous les torts qu’il a causés. « Seigneur, écoute ma voix ! Que tes oreilles soient attentives à la voix de mes supplications ! » (v. 2) On ne peut pas forcer Dieu. On ne peut pas acheter la faveur de Dieu. On doit simplement l’implorer pour qu’il entende nos prières.

Le seul autre endroit dans l’Ancien Testament qui contienne cette expression, « Que tes oreilles soient attentives », se trouve en 2 Chroniques 6.40. Salomon a fait cette prière lors de la dédicace du temple : « Maintenant, ô mon Dieu, que tes yeux soient ouverts et que tes oreilles soient attentives à la prière faite en ce lieu ! » Dieu a répondu à Salomon : « Désormais mes yeux seront ouverts et mes oreilles seront attentives à la prière faite en ce lieu » (2 Ch 7.15) Dieu entendait les prières faites au temple ou faites en direction du temple. Pourquoi ? Parce qu’au temple le grand sacrificateur offrait des sacrifices d’animaux. Ces sacrifices représentaient le grand sacrifice de Jésus offert plus tard sur la croix.

Comment ce pèlerin pouvait-il oser demander à Dieu d’écouter sa voix dans sa détresse ? Parce que son cœur était orienté vers Jérusalem, vers le temple, là où l’Evangile de la grâce était déjà proclamé au moyen d’une aide visuelle sanglante. Oui, les oreilles du Seigneur sont attentives aux prières faites en ce lieu ou en direction de ce lieu. Comment pouvons-nous espérer que Dieu entende nos prières dans nos détresses ? Uniquement grâce au sang de Jésus versé à la croix pour nos péchés. Crions à l’Eternel et mettons notre confiance dans le sang de Jésus. C’est tout ce qu’il faut demander, une oreille attentive, que Dieu écoute ma voix, qu’il soit attentif à mes supplications. Voyez la grande simplicité de cette prière. Que personne ne dise que prier est compliqué. « Seigneur, entends ma voix, je suis dans la détresse, au secours ! Au secours à cause de Jésus ! »

2. Un pardon assuré (Ps 130.3-4)

Soudain, la détresse se transforme en grande assurance devant Dieu. « Si tu gardais (le souvenir) des fautes, Eternel, Seigneur, qui pourrait subsister ? Mais le pardon (se trouve) auprès de toi, afin qu’on te craigne. » (vv. 3-4) Dans le texte, nous voyons quelques mots entre parenthèses. Ces parenthèses signifient que, dans le texte en hébreu, ces mots ne sont pas là. C’est le traducteur qui a jugé bon de les ajouter pour mieux nous faire comprendre. La poésie hébraïque est souvent très comprimée. On ménage le nombre de mots pour produire un effet poétique plus puissant. « Si tu gardais les fautes, Eternel, Seigneur, qui pourrait subsister ? Mais le pardon est auprès de toi, afin qu’on te craigne. » Oui, si Dieu gardait (le souvenir) des fautes, si Dieu s’en souvenait, qui pourrait tenir devant lui ? Le pèlerin a d’abord supplié le Seigneur dans sa détresse personnelle. Il pense maintenant à toute la race humaine, pas seulement à lui, mais à tous les hommes. Il reconnaît que personne ne peut prétendre être juste devant Dieu. Ni lui ni personne d’autre.

Quand Dieu nous envoie des épreuves, souvent notre orgueil nous amène à penser: « Mais pourquoi une telle chose m’arrive-t-elle ? Il me semble que je mérite mieux que ça… » Le pèlerin du Psaume 130 ne raisonne pas du tout de cette façon ! Dans la détresse que Dieu lui envoie, il sait qu’il mérite beaucoup plus. Dieu pourrait m’envoyer des détresses bien pires. « Si tu gardais les fautes, Eternel, Seigneur, qui pourrait subsister ? » Nous n’osons pas imaginer à quoi notre vie pourrait ressembler si Dieu gardait le souvenir des fautes, si le Seigneur retenait contre nous tous les torts que nous avons causés, toutes les offenses que nous avons commises contre sa sainte majesté. « Qui pourrait subsister ? » Littéralement : « Qui pourrait tenir debout ? » Le Psaume ne donne pas directement la réponse à la question. Poser la question, c’est y répondre. Nous n’avons pas toujours besoin de donner à nos interlocuteurs toutes les réponses bien  « mâchées ». Il suffit parfois de poser la bonne question. En plus, la question est posée à Dieu, dans la prière : « Si tu gardais les fautes, Eternel, Seigneur, qui pourrait subsister ? » Evidemment, Dieu connaît la réponse, il est le Dieu saint. Le pèlerin connaît la réponse, lui aussi. Vous connaissez aussi la réponse dans vos cœurs. Si Dieu nous punissait comme nous le méritons, où serions-nous ? Qui pourrait rester là, debout devant lui et debout dans la vie ?

« Mais le pardon (se trouve) auprès de toi ! » Quelle vérité toute simple et tellement glorieuse ! Quelle simplicité de l’Evangile ! Quelle assurance émouvante et solide du pèlerin ! Lui qui, il y a un instant, était englouti au plus profond de l’océan par la gravité de ses péchés, il a maintenant dans son cœur cette confiance sereine et paisible. Il est capable de déclarer devant Dieu et devant le monde entier que nous n’avons aucune justice en nous-mêmes, mais que le pardon se trouve auprès de l’Eternel. C’est la plus belle nouvelle au monde ! Le pardon est auprès de toi, Seigneur ! Sommes-nous capables de prononcer cette prière avec autant de simplicité ? « Le pardon (se trouve) auprès de toi. »

Comment le pèlerin peut-il exprimer une telle assurance devant Dieu ? Parce qu’il est tourné vers Jérusalem, vers le temple, là où les sacrifices d’animaux sont offerts chaque jour pour les péchés du peuple. Ce n’est pas le pèlerin qui, tout à coup, a la bonne idée de demander pardon à Dieu. C’est Dieu qui est venu au-devant d’Israël pour donner à son peuple une image, une représentation visuelle du sacrifice de Jésus. C’est Dieu qui, de toute éternité, a prévu et préparé le moyen par lequel nous sommes délivrés de notre profonde misère. Comment exprimer à notre tour cette même confiance ? En regardant à Jésus, en tournant nos regards vers lui, qui est descendu au plus profond, au plus creux de son agonie sur la croix, pour accomplir la purification des péchés de son peuple. Il est ensuite ressuscité, il est monté au ciel, il est assis à la droite du Père, et c’est là que nous regardons pour trouver le pardon.

« Afin qu’on te craigne. » Qu’est-ce que cela veut dire ? « Le pardon se trouve auprès de toi, afin qu’on te craigne. » Vous souvenez-vous des trois choses qu’il faut connaître pour vivre et mourir dans l’heureuse assurance d’appartenir à Jésus-Christ ? Voici les trois choses à connaître : le péché, la grâce et la gratitude ; la grandeur de mon péché, la délivrance en Jésus-Christ et la reconnaissance que je lui dois. C’est exactement ce que nous trouvons au Psaume 130. « Si tu gardais le souvenir des fautes, Seigneur, Eternel, qui pourrait subsister ? Mais le pardon se trouve auprès de toi, afin qu’on te craigne. » Le Seigneur a le désir de pardonner, parce qu’il veut être craint.

Notre salut se trouve en lui seul. Toute notre vie devrait être une expression continuelle de gratitude. Nous avons été pardonnés ; tout ce qui nous reste à faire, c’est de craindre l’Eternel, non pour gagner des points, mais par pure reconnaissance. Dieu ne nous pardonne pas pour que nous puissions prendre nos péchés à la légère. « Ce n’est pas grave, de toute façon, Dieu va me pardonner ! » Non, Dieu pardonne pour que nous puissions le craindre, pour que nous puissions vivre dans une obéissance nouvelle, par la puissance du Saint-Esprit. Le pardon ne devrait pas nous amener à rester dans le péché. Le pardon devrait nous amener à la véritable adoration, à l’amour pour Dieu et pour ses commandements. « Afin qu’on te craigne. »

3. Une espérance entière dans l’Eternel (Ps 130.5-6)

Le pèlerin vient de faire une déclaration générale. Il vient de dire que Dieu fait grâce à des pauvres pécheurs qui se tournent vers lui. Il en a l’assurance. Maintenant le pèlerin applique cette vérité générale à sa vie personnelle. « J’espère en l’Eternel, mon âme espère, et je m’attends à sa parole. » (v. 5) Le pronom redevient « je ». On aura beau proclamer des grandes vérités à tout le monde, si on n’est pas capable de dire : « Oui, c’est vrai pour moi », tout cela ne vaut pas grand-chose. « J’espère en l’Eternel », oui, moi personnellement. Le mot « espérer » signifie attendre, comme quelqu’un tendu vers l’avant, avec le désir profond de voir quelque chose se produire. Le pèlerin est tendu vers l’avant. Toutes les fibres de son être sont tendues dans l’espoir que Dieu agira et qu’il tiendra parole : « et je m’attends à sa parole ». Tout le gâchis qu’il a causé par son péché n’aura pas le dernier mot. Il y a un avenir, il y a une espérance pour ceux qui s’attendent en l’Eternel et qui mettent leur confiance dans ses promesses.

Mais il faut attendre, il faut être patient, il faut espérer que la Parole de Dieu s’accomplisse en ma faveur. « Mon âme (compte) sur le Seigneur, plus que les gardes (ne comptent) sur le matin, que les gardes (ne comptent) sur le matin. » (v. 6) « Mon âme (compte) sur le Seigneur, plus que les gardes sur le matin. » Les gardes doivent veiller, ils doivent persévérer, ils doivent être vigilants au cas où un ennemi surgirait. Ils aspirent au matin pour qu’enfin finisse leur tour de garde. Ils sont conscients de chaque minute qui s’écoule lentement au milieu de la nuit noire. Ils espèrent une chose : que le matin enfin se lève. Mon âme compte sur le Seigneur encore plus que les gardes ne comptent sur le matin. Mon âme espère en Dieu. Mon âme attend l’aube de l’amour de Dieu, l’aube de sa miséricorde en ma faveur. Peut-être ai-je beaucoup péché, peut-être ai-je blessé beaucoup de personnes, peut-être ai-je causé beaucoup de gâchis autour de moi, dans ma famille, dans l’Eglise ou dans ma propre vie, mais j’ai une espérance. Le pardon de Dieu me donne une espérance pour l’avenir. J’espère en l’Eternel de tout mon cœur, de toute mon âme. Je m’attends à lui de toutes les fibres de mon être. Est-ce là votre prière ? Est-ce là votre espérance ?

4. Une solide proclamation à toute l’Eglise (Ps 130.7-8)

Maintenant, la longue attente est terminée pour celui qui a crié à l’Eternel dans son désespoir. Il était dans les profondeurs de l’abîme, il a regardé vers le haut pour crier à l’Eternel. Il a reçu le pardon de ses péchés, il en a l’assurance. Il espère en Dieu, confiant dans l’avenir. Et maintenant, que fait-il ? Il exhorte ses frères à faire de même. Il proclame la bonne nouvelle. « Israël, attends-toi à l’Eternel ! » (v. 7) Pourquoi Israël peut-il aussi s’attendre à l’Eternel ? « Car la bienveillance est auprès de l’Eternel, et la libération abonde auprès de lui. C’est lui qui libérera Israël de toutes ses fautes. » La bienveillance est auprès de l’Eternel. La bienveillance, la hèsèd en hébreu, c’est un mot qui revient souvent, qui se rapporte à l’alliance et qui est difficile à traduire en français. Grâce, bienveillance, fidélité, loyauté, amour indéfectible du Dieu de l’alliance. Tous ceux qui agonisent dans les profondeurs de leurs péchés et qui crient leur détresse au Seigneur, tous ceux-là reçoivent le pardon à cause de sa bienveillance et de sa grâce. Le pèlerin en a fait lui-même l’expérience. Il annonce maintenant joyeusement la bonne nouvelle au milieu de l’assemblée. « Israël, attends-toi à l’Eternel ! »

Ce cadeau n’est pas seulement une promesse pour l’avenir. C’est une réalité déjà présente. Dans l’Ancien Testament, on voyait déjà venir au loin quelque chose de grand : « C’est lui qui libérera Israël de toutes ses fautes. » Le temple annonçait un sacrifice plus grand à venir, le sacrifice de Jésus-Christ à la croix. La libération, la rédemption, c’est là qu’elle s’est finalement accomplie. Les sacrifices d’animaux ne faisaient que l’annoncer pour qu’Israël puisse espérer. Jésus est venu l’accomplir. Il a payé pour tous les péchés passés de son peuple, les péchés des pèlerins de l’Ancien Testament, les péchés d’Israël. Il a aussi payé pour tous les péchés à venir de son Eglise. Déjà, dans l’Ancien Testament, les croyants pouvaient dire : « La libération abonde auprès de lui. » La libération du péché était déjà abondante pour eux. Le pèlerin en faisait la proclamation solide et joyeuse. A combien plus forte raison nous aussi, nous qui vivons après la venue de Jésus, une fois qu’il a vraiment accompli la libération, la rédemption par son sacrifice. Oui, certainement, nous pouvons proclamer avec force : « La libération abonde auprès de lui », elle est abondante.

Libération ! Libéré de ses fautes ! Pas seulement pardonné, mais libéré ! Libéré de la condamnation du péché, libéré de la puissance du péché. « Que le péché ne règne donc pas dans votre corps mortel », dit l’apôtre Paul (Rm 6.12), car nous sommes morts au péché, nous sommes morts avec Jésus, nous sommes unis à lui dans sa mort et sa résurrection pour que le péché n’exerce plus son emprise sur nous. La libération abonde auprès du Seigneur. Elle est bien plus grande que nous ne pouvons l’imaginer ou que nous ne pouvons l’espérer.

Pensez-vous que vos péchés soient si horribles ? Pensez-vous que vous êtes incapables de vous sortir du trou quand vous retombez toujours dans les mêmes péchés ? Etes-vous découragés par tous les péchés qui sont encore là, dans votre vie, dans votre famille ou dans l’Eglise? Eglise du Seigneur, attends-toi à l’Eternel ! Dans la profondeur de ta misère, lève les yeux vers le haut ! Lève ton cœur vers le trône de la grâce ! Espère en ton Dieu ! Car la bienveillance, la fidélité, la grâce, l’amour, la loyauté indéfectible se trouvent auprès de l’Eternel. La libération abonde auprès de lui. Marchons plein d’espérance vers la nouvelle Jérusalem. C’est lui qui libérera son Eglise de toutes ses fautes. Amen.

]]>
Psaume 131 Le calme du pèlerin https://larevuereformee.net/articlerr/n269/psaume-131-le-calme-du-pelerin Thu, 14 May 2015 11:14:00 +0000 http://larevuereformee.net/?post_type=articlerr&p=898 Continuer la lecture ]]> LE CALME DU PÈLERIN
Psaume 131

Paulin BÉDARD*

Peuple bien-aimé du Seigneur,

Il n’est pas facile de rester calme. Etes-vous toujours capables de garder votre cœur en paix ? Pour la plupart d’entre nous, il faut vraiment lutter pour y arriver. Nous sommes souvent ballottés par les vagues de nos émotions. Une journée, nous sommes tout joyeux et, le lendemain, nous vivons des frustrations ou des découragements. Notre vie quotidienne ressemble souvent à des eaux turbulentes. Combien de fois nos vies ressemblent-elles aux eaux tranquilles et paisibles du Psaume 131 ?

David a écrit ce Psaume pour exprimer le calme que Dieu a mis dans son cœur. Le Saint-Esprit a donné ce Psaume à l’Eglise pour que les eaux tumultueuses de notre cœur se transforment en eau calme. En Israël, les pèlerins du Seigneur montaient à Jérusalem trois fois par année pour célébrer les fêtes en l’honneur de l’Eternel (la fête de la Pâque avec la fête des pains sans levain, la fête des semaines ou des prémices de la moisson, la fête des huttes ou des récoltes, Ex 23.14-17; Lv 23 ; Dt 16.1-16). Pendant la route, ils chantaient les « Psaumes des montées ». Ils chantaient le Psaume 131 pour les aider à calmer leur esprit tourmenté. Le Psaume 131 nous décrit le calme du pèlerin. Ce tout petit Psaume contient trois grandes vérités.

1. Le calme trouve sa source dans l’humilité (Ps 131.1)

David prie de façon remarquable. Il commence par parler de son cœur. « Eternel, je n’ai pas un cœur arrogant. » (v. 1) David s’adresse à celui qui connaît nos cœurs ! Que veut dire avoir un cœur orgueilleux ou arrogant ? Cela veut dire refuser la place que Dieu nous attribue dans sa création. S’élever à la place de Dieu, déterminer soi-même ce qui est bien et mal et se penser au-dessus des autres. L’orgueil est cet instinct naturel que nous recevons tous à la naissance et qui nous afflige de bien des façons. David mentionne, ensuite, les yeux : « Je n’ai pas des regards hautains. » L’orgueil vient du cœur, mais son expression visible se manifeste dans les yeux. Ce que le cœur désire, les yeux le cherchent. On a dit que les yeux sont le miroir de l’âme. Un seul regard peut communiquer tellement de choses : la colère, la haine, la convoitise, la jalousie. Un cœur arrogant regarde les autres de haut, avec mépris.

David n’avait ni un cœur arrogant ni des yeux hautains. Pourtant, la tentation était bien réelle pour lui. C’était un musicien talentueux, un poète accompli. C’était un guerrier redoutable qui a remporté de grandes victoires. C’était le roi d’Israël ! Il avait tout pour être gonflé d’orgueil. Par la grâce de Dieu, il a gardé un cœur humble devant son Dieu et un regard doux devant les hommes.

Dans sa jeunesse, il était simple berger et cela lui convenait. Quand son père lui a demandé d’aller porter de la nourriture à ses frères sur le champ de bataille, il y est allé en toute simplicité. Son frère Eliab s’est alors mis en colère : « Je connais ton insolence et la malice de ton cœur. C’est pour voir la bataille que tu es descendu. » (1 S 17.28) Fausse accusation ! Faux témoignage contre David ! David a entendu le géant Goliath mettre au défi le Dieu d’Israël. David a voulu se battre contre lui, non parce qu’il voulait des honneurs, mais parce que l’honneur de Dieu était bafoué. Plus tard, dans la caverne, quand il était pourchassé par Saül, David aurait pu tuer Saül et prendre sa place sur le trône. On l’accusait d’ailleurs d’être ambitieux. Mais non, il a humblement attendu que la promesse de Dieu s’accomplisse. Son humilité lui permettait de calmer son cœur dans l’adversité. Quand David est devenu roi, par la suite, il savait que cet honneur et cette responsabilité venaient de la grâce de Dieu seule, et non pas de ses mérites. David savait qu’il était pécheur. Il s’est humilié, il a demandé pardon pour ses péchés.

David ajoute : « Je ne m’engage pas dans des questions trop grandes et trop merveilleuses pour moi. » (v. 1) Cela veut-il dire que nous devrions éviter de réfléchir aux grandes questions théologiques de la Bible ? Pas du tout ! David voulait continuellement approfondir ses connaissances de la Parole de Dieu. Il méditait régulièrement la Parole. Mais voyez-vous, il y a bien des choses que Dieu ne nous a pas révélées. Pourquoi David a-t-il été si méchamment persécuté par Saül ? Pourquoi plus tard son propre fils Absalom s’est-il révolté contre lui ? Comment la promesse du Messie qui a été donnée à David s’accomplira-t-elle un jour ? David savait que ces questions étaient trop grandes, trop merveilleuses pour lui. Il acceptait humblement ses limites, sans chercher à comprendre les secrets de Dieu. L’humilité procurait à David un cœur calme et paisible devant les circonstances de sa vie qu’il ne comprenait pas.

David était l’image d’un autre roi, un roi qui allait venir mille ans plus tard. Jésus, notre grand Roi, Jésus, le Fils de David, a parfaitement accompli le Psaume 131. Jésus a dit: « Je suis doux et humble de cœur. Venez à moi (…) et vous trouverez du repos pour vos âmes. » (Mt 11.28-29) Son humilité est la source de notre repos ! L’apôtre Paul a dit : « Lui dont la condition était celle de Dieu (…), il s’est dépouillé (…), il s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. » (Ph 2.6-8) Jésus est un Roi plus excellent que David. C’est le Fils éternel de Dieu, le Tout-Puissant plein de majesté, sans aucun péché, contrairement à David. Ce grand Roi glorieux s’est humilié jusqu’à mourir sur la croix pour nos péchés d’orgueil et d’arrogance. Il nous a réconciliés avec Dieu. Son humilité est la source de notre paix avec Dieu ! Son humilité calme nos cœurs !

Jésus notre Roi envoie son Esprit Saint dans nos cœurs pour qu’à notre tour nous devenions humbles. Il nous incite à confesser nos péchés, comme David l’a fait. Il nous pousse à reconnaître que tout ce que nous avons, nous l’avons reçu par pure grâce. Nous ne pouvons nous vanter d’absolument rien. Puisque Jésus s’est humilié, nous dit Paul, ayons les mêmes sentiments que lui. « Ne faites rien par rivalité ou par vaine gloire, mais dans l’humilité, estimez les autres supérieurs à vous-mêmes. » (Ph 2.3) C’est souvent l’orgueil qui cause des querelles dans l’Eglise. L’humilité sera une source de paix en nous, dans nos cœurs. L’humilité sera aussi une source de paix entre nous, dans l’Eglise.

Nous sommes des pèlerins du Seigneur. Nous sommes en route vers la nouvelle Jérusalem. Nous avons reçu le Psaume 131 pour nous aider à nous apaiser durant notre voyage sur cette terre, jusqu’au but ultime, dans la nouvelle Jérusalem. Sommes-nous capables de prier comme David ? « Eternel ! je n’ai ni un cœur arrogant, ni des regards hautains. » Qu’en est-il de toutes nos questions qui nous troublent et qui perturbent notre esprit ? « Pourquoi cette épreuve m’arrive-t-elle? Pourquoi Dieu m’envoie-t-il cette maladie, cet accident, cette difficulté ? Pourquoi Dieu fait-il tourner les événements de cette façon ? Comment Dieu va-t-il s’y prendre pour réaliser son plan ? » Ayons l’humilité de reconnaître nos limites. « Je ne m’engage pas dans des questions trop grandes et trop merveilleuses pour moi. » Oui, j’étudie la Bible à fond, je veux connaître tout ce qu’il m’a révélé, mais les questions qui concernent les secrets de Dieu, je les laisse entre ses mains. Et alors, Dieu calmera nos cœurs. Son Esprit nous donnera sa paix dans nos âmes.

2. Le calme se repose dans le contentement (Ps 131.2)

Au verset 2, David continue sa prière : « Loin de là, j’ai imposé le calme et le silence à mon âme, comme un enfant sevré auprès de sa mère ; mon âme est en moi comme un enfant sevré. » En hébreu, « imposer le calme » signifie niveler, égaliser, comme on égalise un terrain. David a nivelé ses émotions, il a calmé son cœur, il a contenu ses turbulences. S’il avait besoin de se calmer, c’est sûrement parce que son âme était parfois troublée. Rappelez-vous sa colère contre Nabal. Ce Nabal dur et mauvais avait refusé de donner de la nourriture à David et à ses compagnons. Quelle offense pour David ! Un affront intolérable ! David avait résolu de tuer Nabal par vengeance. Il sentait le besoin irrésistible de prendre les choses en mains et de se faire justice lui-même. Il a fallu l’intervention providentielle d’Abigaïl pour éviter le drame (voir 1 S 25).

Dans toutes ses adversités, David a dû apprendre à se calmer. Cela n’a pas été facile. « J’ai imposé le calme et le silence à mon âme, comme un enfant sevré auprès de sa mère. » Quelle belle image ! Le sevrage d’un enfant est un processus douloureux pour la mère et pour l’enfant. La mère doit renoncer à ce contact proche et intime avec son enfant. Quel déchirement de priver son enfant du sein maternel et d’entendre l’enfant pleurer et pleurer ! L’enfant est habitué à se nourrir du lait de sa maman. C’est si bon ! Il ne veut pas arrêter. La mère a besoin d’être forte : « Non, c’est mieux pour toi de changer de nourriture. » L’agitation continue tant que le sevrage n’est pas terminé. Une fois sevré, l’enfant reste enfin calme auprès de sa mère. Il est simplement content d’être à ses côtés. Il sait qu’elle l’aime et qu’elle prend soin de lui, même s’il n’a plus son lait.

Le Psaume 131 nous dessine l’image du contentement. David a dû apprendre le contentement. Il a été sevré de son orgueil. Il a été sevré de son désir de trouver des réponses à ses questions trop grandes et trop merveilleuses pour lui. Il a sevré son âme spirituellement pour enfin trouver le repos et le contentement dans le Seigneur lui-même, non pas dans les bénédictions qu’il recevait, mais dans la personne même de son Dieu.

Le sevrage spirituel est un processus douloureux. Il a fallu que David attende pendant des années avant de recevoir la couronne promise, sans savoir pourquoi Saül le pourchassait. Même quand il est devenu roi, David a continué d’apprendre le contentement. Souvenez-vous de sa rencontre avec Chimeï (2 S 16). David endurait des souffrances pénibles parce que son propre fils Absalom s’était révolté contre lui. Absalom est entré dans Jérusalem avec ses troupes pour détrôner son père. David a dû s’enfuir encore une fois. Sur la route, il a rencontré Chimeï. Cet homme s’en est pris durement à David. Chimeï était quelqu’un de la maison de Saül. Pourtant, David n’avait rien fait de mal contre Saül. Chimeï a dit des choses épouvantables à David. Il s’est moqué de lui, il a dit du mal de lui, il l’a maudit, il lui a dit que c’est son fils Absalom qui deviendrait roi, il a lancé des pierres à David et à tous les serviteurs du roi. Comment David a-t-il réagi ? Qu’est-ce qu’un David arrogant aurait fait, pensez-vous ?

Qu’auriez-vous fait ? Vous êtes le roi, on vous maudit injustement, on vous lance des pierres à la figure, on vous calomnie publiquement. Est-ce que vos émotions ne deviendraient pas comme des montagnes russes ? Est-ce que vous ne voudriez pas prendre les choses en main, vous faire justice, punir le méchant, protéger votre réputation ?

Plus jeune, c’est sûrement ce que David aurait fait, comme il a voulu le faire avec Nabal. Mais maintenant, entre Nabal (1 S 25) et Chimeï (2 S 16), il y a eu un sevrage. David a imposé le calme et le silence à son âme. Il a nivelé ses émotions. Il a été sevré de ce genre de réaction remplie d’orgueil, centrée sur lui. Ce n’est plus son ego blessé qui était la force motrice de sa vie. Ecoutez sa réponse : « S’il maudit, c’est que l’Eternel lui a dit : Maudit David ! Qui donc lui dira : Pourquoi agis-tu ainsi ? » (2 S 16.10) David fait passer le Seigneur avant son ego. Il ne comprend pas pourquoi Chimeï agit de la sorte aussi méchamment. Mais David ne cherche plus à défendre son honneur personnel. Il laisse tout cela dans les mains du Seigneur. « Peut-être l’Eternel regardera-t-il ma peine et me fera-t-il du bien en retour de sa malédiction d’aujourd’hui. » (2 S 16.12) David a dû apprendre le contentement. Il s’est contenté de la promesse de Dieu pour lui et pour son royaume (2 S 7). Dans l’adversité, il a été capable de se calmer parce qu’il a appris à se reposer dans l’amour et la grâce de Dieu. Il s’est contenté de la personne même de son Dieu.

Mille ans plus tard, la promesse de Dieu en faveur de David s’est finalement accomplie en Jésus-Christ. Jésus a parfaitement vécu le Psaume 131. Il a imposé le calme et le silence à son âme quand il a été bafoué, quand il a été méprisé, quand on s’est moqué de lui, quand on l’a accusé faussement. Oui, Jésus a vécu des émotions fortes à Gethsémané. Des angoisses profondes l’ont troublé devant la coupe de la colère de Dieu qu’il devait boire à notre place. Mais il a calmé son cœur en acceptant humblement la volonté de son Père. Il a fait confiance à son Père sans aller au-delà avec des questions trop profondes. Au moment de mourir pour nos péchés, pour nos péchés d’orgueil et d’arrogance, Jésus a imposé le calme à son âme. « Père, je remets mon esprit entre tes mains. » (Lc 23.46) Il n’a pas cherché à prendre en main sa réputation, sa justice, son honneur. Il s’en est remis entre les bonnes mains de son Père. Il s’est contenté de la promesse de son Père. Promesse de résurrection, promesse de recevoir le trône éternel dans le Royaume des cieux, promesse de régner, promesse d’une Eglise rassemblée pour sa gloire.

Aujourd’hui, Jésus notre Roi nous dit : « Ma grâce te suffit. » (2 Co 12.9) Quand les échardes et les épines viennent nous transpercer, contentons-nous de la grâce du Seigneur qui nous suffit. Il déverse en nous son Esprit Saint pour que nous apprenions le contentement. Paul, en prison à cause de sa foi, a écrit ceci : « J’ai appris à me contenter de l’état où je me trouve. Je sais vivre dans l’humiliation et je sais vivre dans l’abondance. » (Ph 4.11-12) Le contentement ne vient pas tout seul. Il nous faut apprendre à nous contenter. Nous avons besoin d’un sevrage. Paul a été sevré pour être capable de se reposer calmement en Dieu, en toutes circonstances, même quand il était en prison à cause de sa foi.

Le secret du contentement ne se trouve pas dans ce qui nous arrive, mais plutôt dans ce que nous faisons avec nos circonstances. Trop souvent, nous nous imaginons qu’il faut qu’un certain nombre de conditions soient remplies pour être contents. « Si au moins j’avais un autre emploi, là je serais content. Si j’avais un mari, une épouse, des enfants, si j’avais une autre maison, si j’avais plus d’argent, si j’avais d’autres talents, si mon Eglise était différente, là je serais content. Comment Dieu peut-il permettre que telle épreuve m’arrive? » Apprenons plutôt à dire avec David : « J’ai imposé le calme et le silence à mon âme, comme un enfant sevré auprès de sa mère. » Je me suis contenté de la grâce de Dieu et de son amour pour moi. Je me suis contenté de sa présence bénie. Je suis à côté de Dieu et je suis pleinement content et satisfait.

3. Le cœur apaisé se nourrit d’espérance (Ps 131.3)

Comment David pouvait-il garder son calme intérieur ? Sa « recette » se trouve au verset 3 : « Israël, attends-toi à l’Eternel, dès maintenant et à toujours ! » Maintenant, il s’adresse à Israël, mais, bien sûr, il a commencé par lui-même. Au milieu des épreuves, David ne regardait pas à lui-même, il regardait à l’Eternel, son Dieu. « Je ne sais pas pourquoi cela m’arrive, Seigneur, mais je sais que tu le sais. Père, je ne sais pas quel est le but de cette épreuve, mais je sais que tu as un but. Et je sais que le but que tu as pour moi et pour tous tes enfants est toujours plein de grâce, plein d’amour, et que c’est pour mon bien que cela m’arrive. »

David est passé par le processus difficile d’apprendre à son âme à ne plus boire le lait naturel de la confiance en soi et à ne plus penser que nous avons toutes les réponses. Il a appris à se nourrir d’une meilleure nourriture, celle de la confiance en Dieu, celle de l’espérance en Dieu. « Je mets mon espérance dans le Seigneur et dans le Seigneur seul. » David ayant lui-même appris cette leçon, il l’enseigne ensuite à Israël. David appelle tout le peuple de Dieu à suivre son exemple. Vous aussi, mes frères et sœurs, mettez votre espérance dans le Seigneur ! Croyez dans ses promesses, tous les jours de votre vie, jusqu’à la fin de votre pèlerinage sur terre, jusqu’à l’entrée dans la nouvelle Jérusalem.

N’est-ce pas libérateur ? Que se passe-t-il quand nous manquons de confiance en Dieu ? L’orgueil refait surface. Nous ruminons des rancunes dans nos cœurs. L’amertume nous ronge les os. Nous cherchons à défendre notre réputation. Nous mettons toute notre énergie à nous protéger. Nous ne sommes jamais capables de nous relaxer. Jamais libres de nous reposer dans le contentement et de nous réjouir dans la grâce que Dieu nous a donnée. Avez-vous déjà remarqué que les personnes les plus malheureuses, les plus grincheuses, les plus critiques sont celles qui passent leur temps à vivre pour elles-mêmes ?

Mettons notre espérance dans le Seigneur. Que notre âme soit libre, en repos ! Mettez votre espérance dans celui qui a fait justice à David en punissant Nabal et Chimeï, dans celui qui a fait justice à Jésus en le ressuscitant des morts et en lui donnant le trône éternel de David. Abandonnez votre cause entre les mains du Seigneur. Sevrez vos âmes de toute confiance en vous-mêmes et mettez votre confiance uniquement dans le Seigneur, votre Dieu. Quand viendra le jour du malheur – la maladie, un accident, un échec financier ou la perte soudaine d’un être cher –, vous ne perdrez pas votre paix. Il y aura certes des turbulences, mais vous pourrez calmer votre cœur.

Seigneur, je m’humilie devant toi. Je ne te demande pas une explication, mais je regarde à toi pour que tu me sauves. Tu ne m’as pas promis une explication, tu m’as promis ton salut. Je ne vais pas chercher à fouiller dans tes plans secrets, mais je m’attends à toi pour que tu me viennes en aide au moment voulu. Tes voies sont trop élevées pour moi. Ton plan parfait s’est accompli dans la vie de ton Fils d’une façon que personne n’a compris au moment où tout cela s’est produit. J’ai confiance, Père, que ton plan pour ma vie s’accomplira parfaitement, lui aussi, à cause de Jésus. Je m’abandonne à toi. Viens calmer mon âme. Viens mettre ta paix dans mon esprit. Amen.

]]>
Psaume 132 L’alliance du pèlerin https://larevuereformee.net/articlerr/n269/psaume-132-lalliance-du-pelerin Thu, 14 May 2015 11:13:59 +0000 http://larevuereformee.net/?post_type=articlerr&p=901 Continuer la lecture ]]> L’ALLIANCE DU PÈLERIN
Psaume 132

Paulin BÉDARD*

Peuple du Seigneur,

Le Psaume 132 est bien différent du Psaume 131, d’abord par sa longueur, mais aussi par son contenu. Dans le petit Psaume 131, David nous explique comment il a imposé le calme à son âme. Il nous décrit son expérience personnelle. Dans le long Psaume 132, le plus long « Psaume des montées », il est aussi question de David, mais très peu de son expérience personnelle. C’est peut-être la raison pour laquelle nous avons plus de difficulté à nous identifier à ce Psaume. Il nous paraît plus loin de notre propre expérience. Aujourd’hui, on accorde une grande importance à l’expérience individuelle et aux sentiments intérieurs. Beaucoup de chrétiens pensent que la Bible parle essentiellement de notre relation personnelle avec Dieu. Oui, cette dimension est importante, mais elle n’est ni la seule ni même la plus importante. Notre salut personnel se situe dans le contexte beaucoup plus large de l’histoire du salut. Nous devons situer notre vie à l’intérieur de l’ensemble d’une histoire grandiose.

Quand les pèlerins en Israël se rendaient à Jérusalem pour adorer Dieu, ils ne pensaient pas seulement à leur relation personnelle avec Dieu. Ils pensaient au plan d’ensemble que Dieu avait pour son peuple. Nous qui sommes des pèlerins en route vers le Royaume de Dieu, nous avons grandement besoin, nous aussi, du Psaume 132. Ce psaume nous raconte les grands actes de Dieu dans l’histoire de son peuple. Il nous parle de l’alliance du pèlerin, l’alliance de Dieu avec son peuple. Le mot « alliance » n’apparaît nulle part dans ce Psaume, mais la notion d’alliance est partout présente. Dieu et David sont liés au moyen d’un serment.

1. Le serment que David a fait à Dieu (Ps 132.1-10)

Tout le contenu du Psaume est en fait une prière. Le verset 1 donne le ton : « Eternel, souviens-toi de David, de toutes ses peines ! » N’est-ce pas étrange comme prière ? Vous arrive-t-il souvent de prier de cette façon ? « Seigneur, souviens-toi de David. » Pourquoi demander à Dieu de se souvenir de David ? David est mort. Est-ce que les pèlerins du Seigneur doivent prier pour les morts ? Pas du tout ! Nous ne prions pas pour que Dieu fasse du bien aux morts. Leur sort éternel est déjà réglé. Nous demandons à Dieu de se souvenir de David pour que Dieu fasse du bien aux vivants.

Le Psaume 132 n’évoque pas simplement ma relation personnelle avec Dieu. Il traite du lien qui unit Dieu et David et qui a des répercussions sur toute l’Eglise et sur l’ensemble de l’histoire. Ce Psaume ne s’intéresse pas seulement à mes petits problèmes personnels. Il s’intéresse aux peines que David a eues et qui ont un impact sur nous tous. « Eternel, souviens-toi de David, de toutes ses peines ! Il fit ce serment à l’Eternel, ce vœu au puissant de Jacob : Je n’entrerai pas dans la tente où j’habite, je ne monterai pas sur le lit où je couche, je ne donnerai ni sommeil à mes yeux, ni assoupissement à mes paupières, jusqu’à ce que j’aie trouvé un lieu pour l’Eternel, une demeure pour le puissant de Jacob. » (vv. 1-5)

David s’est mis en peine. Il ne pensait pas à ses problèmes personnels. Il pensait à un grand problème, le problème de la présence de Dieu au milieu de son peuple. Le roi David avait du zèle pour la demeure de Dieu. Il avait un feu brûlant dans son cœur pour que Dieu soit vraiment présent dans l’Eglise. David a fait un serment à l’Eternel : « Non, je n’aurai pas de repos tant que je n’aurai pas trouvé un lieu de repos pour l’Eternel. Je n’entrerai pas en paix dans ma demeure tant que Dieu n’aura pas sa demeure en Israël. »

Souvenez-vous du contexte. Durant la période des Juges, chacun faisait ce qui lui semblait bon. Une bien triste période ! La présence de Dieu en Israël était négligée. Tout à coup, dans leur détresse, les Israélites se sont mis à s’intéresser à l’arche de l’alliance (voir 1S 4 à 6). Tout à coup, ils avaient besoin de la présence de Dieu. Les Israélites avaient les Philistins « sur le dos ». Alors, ils se sont dit : « Allons chercher l’arche et allons combattre les Philistins. » Les Israélites se sont servis de ce coffre en bois comme d’un porte-bonheur, alors qu’en réalité il était un symbole de la présence de Dieu, un symbole aussi du pardon des péchés, à cause de son couvercle, le propitiatoire, sur lequel on aspergeait le sang des animaux sacrifiés une fois par année.

Mais Dieu ne se laisse pas manipuler. Ce coffre n’était pas une boîte magique. Les Philistins ont battu Israël, ils ont transporté l’arche dans leur pays. Ils l’ont ensuite renvoyée en Israël parce que Dieu les a frappés durement. Et ensuite, pendant plus de vingt ans, l’arche de l’alliance a été négligée en Israël. Imaginez ! La présence toute spéciale de Dieu a été méprisée par son peuple. C’est comme si on venait au culte chaque dimanche sans faire attention à la présence de Dieu. Comme si Dieu n’était plus présent avec nous depuis des années, et que personne ne s’en apercevait. Quelle tristesse !

David a dit : « Voici que nous en avons entendu parler à Ephrata. » (v. 6) Ephrata, c’est Bethléhem, le village natal de David. Quand David était jeune, le peuple a entendu parler de l’arche. David a pris à cœur ce problème. Il a juré de « trouver un lieu pour l’Eternel, une demeure pour le puissant de Jacob » (v. 5). Oui, David avait à cœur que l’adoration de l’Eternel devienne la chose la plus importante en Israël. David est allé chercher l’arche à Qiryath-Yearim (1 Ch 13.6). « Nous l’avons trouvée dans la campagne de Yaar. » (v. 6) Ils l’ont transportée à Jérusalem, l’endroit choisi par Dieu, l’endroit préparé par David pour que l’arche de l’alliance y soit installée et que Dieu y soit adoré (2 S 6).

Le zèle de David s’est transmis à tout Israël, comme un feu brûlant. « Allons à sa demeure, prosternons-nous devant son marchepied ! » (v. 6) Quand David a fait monter l’arche à Jérusalem, tout Israël était rassemblé pour le grand événement. Un jour de grande réjouissance (1 Ch 15.28). Quand, plus tard, Salomon a fait transporter l’arche dans le temple, cela a été un autre jour de grandes festivités (1 R 8 ; 2 Ch 5 à 7). On a prié : « Lève-toi, Eternel, viens à ton lieu de repos, toi et ton arche imposante ! Que tes sacrificateurs soient revêtus de justice et que tes fidèles poussent des cris de joie ! » (vv. 8-9) Le serment accompli par David est devenu une occasion pour tout Israël de prier avec ardeur. Lève-toi, Seigneur, viens habiter dans ton lieu de repos, fais en sorte que tes sacrificateurs fassent un travail selon ta justice. Que par leurs sacrifices sur le propitiatoire, nous puissions recevoir l’assurance du pardon. Que tes fidèles se réjouissent en ta présence !

Oui, Eternel, souviens-toi de David et de toutes ses peines ! « A cause de David, ton serviteur, ne repousse pas ton messie ! » (v. 10) Eternel, souviens-toi aussi de Jésus-Christ et de toutes ses peines. Jésus, le Fils de David, le grand Messie. Il a eu un zèle brûlant pour l’honneur de Dieu. Il a eu le grand désir de voir la présence toute spéciale de Dieu dans son Eglise, un désir beaucoup plus grand que celui de David. Jésus a juré de faire la volonté de son Père. Il s’est engagé tout entier. Il s’est mis en peine. Il s’est oublié lui-même. Il n’a pas eu d’endroit où se reposer. Il n’a jamais été en repos tant que l’expiation de nos péchés n’a pas été accomplie. Il n’est pas entré dans son grand palais royal au ciel tant que le travail reçu de son Père n’a pas été complété sur terre. Il est venu pour faire de son Eglise le temple du Saint-Esprit, la demeure toute spéciale de Dieu sur terre ! Jésus était enflammé d’un zèle pour la maison de Dieu. Son zèle se transmet aujourd’hui à son Eglise par le feu brûlant de son Esprit. Et alors, nous répondons : « Allons à sa demeure, prosternons-nous devant lui ! Adorons-le ! »

Non, nous ne prions plus comme autrefois : « Lève-toi, viens à ton lieu de repos. » Dieu est déjà venu habiter dans son Eglise le jour de la Pentecôte. Nous ne prions plus comme dans l’Ancien Testament : « Que tes sacrificateurs soient revêtus de justice. » Jésus est déjà revêtu de justice. Son sacrifice une fois pour toutes est absolument parfait. Le symbole de l’arche et le symbole du propitiatoire sont accomplis en Jésus-Christ et par son Esprit. Nous prions cependant avec zèle et avec ardeur : « Seigneur, continue de demeurer parmi nous. Seigneur, pardonne nos péchés. Consacre-nous à ton service pour que nous t’offrions des sacrifices de reconnaissance. Que tes fidèles poussent des cris de joie ! »

Nous aussi nous avons fait serment de servir l’Eternel. Nous avons prononcé des vœux solennels lors de notre profession de foi. Nous avons fait alliance avec le Dieu de l’alliance. Avons-nous ce zèle qui brûlait dans le cœur de David ? Avons-nous ce zèle que Jésus nous communique par son Esprit ? Avons-nous cet ardent désir de voir la présence de Dieu briller au milieu de nous, pour qu’il soit glorifié et adoré ? Ou bien sommes-nous trop absorbés par nous-mêmes et par nos problèmes personnels ?

2. Le serment que Dieu a fait à David (Ps 132.11-18)

La première partie du Psaume fait tourner les regards du pèlerin vers le passé : David a fait à Dieu un serment et il l’a accompli. La deuxième partie du Psaume fait tourner les regards vers l’avenir : Dieu a fait à David un serment, mais ce serment n’est pas encore accompli.

David voulait même construire un temple pour Dieu. Mais là, Dieu a dit « non », parce que David avait fait la guerre. « Non, David, ce n’est pas toi qui me construira un temple, c’est ton fils après toi. Ce n’est pas toi qui me construira une maison ; c’est moi qui te construirai une maison, une lignée royale. » (voir 2 S 7). David avait des projets, mais Dieu avait des projets différents et bien plus grands. « L’Eternel a fait serment à David, en vérité il n’y reviendra pas. C’est un de tes descendants que je mettrai sur ton trône. » (v. 11) David n’a pas pu faire tout ce que son cœur désirait, mais Dieu fera certainement tout ce qu’il désire. Le zèle de Dieu est beaucoup plus grand que le zèle de David. Le serment de Dieu s’étend aux générations à venir. Dieu est en charge de son plan grandiose.

« Eternel, souviens-toi de David. » C’était la prière du pèlerin, une prière tournée vers l’avenir. « Souviens-toi de ce que tu as promis à David. » Quand les rois d’Israël et les rois de Juda se sont détournés de Dieu, quand ils ont méprisé la présence de Dieu en allant adorer des idoles et en faisant ce qui est mal aux yeux de l’Eternel, que faisaient les fidèles pèlerins du Seigneur ? Ils montaient encore à Jérusalem avec ce Psaume dans leur bouche et dans leur cœur. « Souviens-toi de ta promesse envers David ! Tu as promis un roi juste et fidèle. »

Quand Dieu a puni Israël pour ses péchés et qu’ils ont été transportés en exil à Babylone, quand le temple de Dieu a été détruit, qu’est-ce que les fidèles pouvaient faire ? Ils ne pouvaient même plus aller en pèlerinage à Jérusalem pour prier dans la présence de Dieu. Ils avaient cependant encore en main le Psaume 132. Ils pouvaient encore prier : « Seigneur, souviens-toi de David, tu as fait serment. » « Oui, l’Eternel a choisi Sion, il l’a désirée pour son habitation : C’est mon lieu de repos à toujours ; j’y habiterai, car je l’ai désirée. » (vv. 13-14) Son lieu de repos était dévasté, son temple détruit. Dieu avait temporairement quitté Jérusalem. Quelle tristesse ! Mais sa promesse était toujours là, toujours vraie. Dieu a choisi Sion. Le désir de son cœur était toujours d’habiter à Jérusalem, au milieu de son peuple en fête. « J’y habiterai, car je l’ai désirée. » Quelles paroles sublimes ! Le désir de Dieu ! Une promesse qui a nourri la prière d’Israël pendant des générations au milieu de leurs problèmes les plus graves.

Comment se fait-il que David ait eu un grand zèle pour la présence de Dieu ? Cela vient de ce que Dieu a communiqué à David son propre désir et son propre zèle. Dieu lui-même avait le désir d’habiter au milieu de son peuple. Voilà le cœur de l’alliance ! Voilà le cœur de la promesse : Dieu avec nous, Dieu au milieu de nous ! Je l’ai promis, dit le Seigneur, et je tiendrai parole. Quand Israël est revenu d’exil et que le temple a été reconstruit, oui, Dieu est revenu habiter à Sion, comme promis. Mais son serment n’était pas encore totalement accompli. Il n’y avait plus de roi en Israël. Le trône de David était… vide ! Le magnifique Royaume de Dieu n’était pas encore établi. Les pèlerins devaient encore prier : « Eternel, souviens-toi de David. » Souviens-toi de ton serment.

Oui, finalement, la promesse de Dieu s’est accomplie ! Oui, son désir brûlant s’est réalisé ! Les prières de tous les pèlerins d’Israël au long des générations ont été exaucées ! Dieu avait fait serment : « J’élèverai la puissance de David, je préparerai un successeur à mon messie. » (v. 17) Voilà enfin l’arrivée du grand Roi, bien plus puissant que David. Jésus-Christ ! Il est venu sur la terre accomplir la purification des péchés de son peuple par son sang. Il est monté au ciel et il s’est assis à la droite de Dieu. Il règne pour toujours avec puissance. Le magnifique Royaume de Dieu s’est approché, il a vraiment commencé ! Oui, Dieu est entré dans son lieu de repos, comme il le désirait si ardemment. Il est entré dans sa demeure. Il a fait de l’Eglise le temple du Saint-Esprit. Ce temple aujourd’hui est partout sur la terre, là où l’Eglise se rassemble au nom de Jésus-Christ. Le Dieu de l’univers est venu habiter dans nos cœurs et dans son Eglise!

Vous rendez-vous compte, bien-aimés du Seigneur, à quel point Dieu a ardemment désiré habiter au milieu de nous ? Etes-vous pleins de reconnaissance de ce que nous sommes le temple de Dieu ? Jésus a dit : « Et moi, je prierai le Père [certainement une prière ardente], et il vous donnera un autre Consolateur qui soit éternellement avec vous [quel cadeau absolument magnifique !], l’Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas [c’est un immense privilège qui n’est pas donné à tous, mais qui est réservé à son peuple béni] ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure près de vous et qu’il sera en vous. » (Jn 14.16-17) Oui, Dieu est près de nous, il est en nous, il prend soin de nous. Une pluie de bénédictions est gardée en réserve pour nous. « Je comblerai de bénédictions ses ressources, je rassasierai de pain ses pauvres ; je revêtirai de salut ses sacrificateurs, et ses fidèles pousseront des cris de joie. » (v. 15)

La promesse de Dieu à David est-elle entièrement accomplie ? Non, pas encore. Il reste encore beaucoup de bénédictions à déverser. Il reste encore du pain à recevoir. Il reste encore la beauté du manteau du salut à montrer fièrement autour de nous. Il reste encore des cris de joie à venir. Nous, les pèlerins du Seigneur, nous sommes en route, et sur la route, nous devons encore prier : « Eternel, souviens-toi de David. » « Souviens-toi de ton serment fait à David. »

Le monde moderne se soucie très peu de la présence de Dieu, c’est le moins qu’on puisse dire. Le monde est en rébellion contre le règne de Jésus-Christ. Cette situation déplorable vous décourage-t-elle ? Alors, prenons courage et souvenons-nous de la promesse de Dieu et de son désir le plus grand. Son zèle brûle encore aujourd’hui pour David. Il arrive même parfois que l’Eglise se soucie très peu de la présence de Dieu au milieu d’elle. Nous sommes souvent centrés sur nous-mêmes, sur nos soucis, sur nos petits problèmes personnels. Apprenons à situer notre vie et nos problèmes personnels à l’intérieur du plan grandiose de Dieu. Nous sommes dans cette grande alliance qui se déploie majestueusement dans l’histoire. Oui, l’histoire avance vers son but, exactement comme Dieu l’a promis à David.

Un jour, au grand jour du jugement, nous verrons la défaite complète des ennemis de Dieu. « Je revêtirai de honte ses ennemis, et sur lui brillera son diadème. » (v. 18) Nous verrons la gloire et la victoire complète de Jésus-Christ, notre Roi invincible. Ce jour-là, on dira : « Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. » (Ap 21.3) En attendant, nous sommes encore des pèlerins en route vers ce but ultime. Seigneur, souviens-toi de David ! Amen.

]]>
Psaume 133 L’unité des pèlerins https://larevuereformee.net/articlerr/n269/psaume-133-lunite-des-pelerins Thu, 14 May 2015 11:13:59 +0000 http://larevuereformee.net/?post_type=articlerr&p=904 Continuer la lecture ]]> L’UNITÉ DES PÈLERINS
Psaume 133

Paulin BÉDARD*

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

Vous connaissez certainement la joie de vivre la communion fraternelle. Vous avez fait l’expérience de cette union bénie avec des frères et sœurs qui partagent la même foi. Quel privilège donné par Dieu à ses enfants ! En Jésus-Christ, Dieu nous unit à lui pour que nous soyons unis les uns aux autres dans la famille de Dieu. Voilà quelque chose de tellement précieux qui ne se trouve nulle part ailleurs que dans l’Eglise. Même dans nos meilleures rencontres avec nos familles ou avec des amis qui n’ont pas la foi, nous ressentons un vide et une grande pauvreté. L’absence de vraie communion nous attriste. Nous pouvons passer à peine une heure en compagnie de frères chrétiens et cette communion est plus riche que des journées entières avec des frères de sang qui n’ont pas la foi.

Le roi David a vécu, lui aussi, cette joie de l’harmonie fraternelle dans le peuple de Dieu. Dans le Psaume 133, il exprime cette joie qu’il transmet à l’Eglise. Le Psaume 133 fait partie des « Psaumes des montées ». Les pèlerins du Seigneur s’en servaient comme chants de voyage pour unir leurs cœurs ensemble. Ces pèlerins étaient appelés à se réjouir de cette union bénie. Le Psaume 133 nous parle de l’unité des pèlerins.

1. L’admiration de cette unité (Ps 133.1)

Oui, David est dans l’admiration, il est fasciné par la beauté de l’unité fraternelle. Il commence en disant « Voici ». Ce mot signifie « voyez », « regardez attentivement », « appréciez ». Dieu veut attirer notre attention sur quelque chose d’important et de glorieux. « Voici qu’il est bon, qu’il est agréable pour des frères d’habiter unis ensemble ! » (v. 1) Depuis l’entrée du péché dans le monde, la bonne entente entre humains est devenue très rare. Dans le mariage, Adam et Eve se sont mis à s’accuser. Ils ont perdu cette communion qu’ils avaient entre eux parce qu’ils ont perdu cette communion avec Dieu. La discorde est apparue entre frères. Caïn et Abel, Isaac et Ismaël, Esaü et Jacob, Joseph et ses frères. Des guerres et des conflits perpétuels déchirent peuples et nations. Même dans la famille de Dieu, la discorde existe et assombrit les relations.

David en savait quelque chose. Il a vu les ravages causés par le péché dans sa propre famille et parmi son peuple. Haine et persécution du roi Saül, discorde entre les tribus d’Israël, révolte d’Absalom, son fils. Mais Dieu a aussi donné à David la joie de voir l’unité rétablie. David est devenu un instrument puissant pour restaurer l’unité du peuple de l’alliance. Toutes les tribus d’Israël se sont ralliées autour de lui pour le consacrer roi et se soumettre à son règne (2 S 5). Toute la maison d’Israël s’est unie à David pour faire monter l’arche de l’alliance à Jérusalem (2 S 6). Le Roi des rois s’est servi de David pour unifier le Royaume de Dieu sur la terre. Voyez, regardez, admirez comme il est bon et agréable pour des frères d’habiter unis ensemble !

C’est tellement rare dans ce monde déchiré par tant de divisions. Il vaut la peine de s’arrêter et d’admirer. L’unité fraternelle est d’une grande beauté. Elle procure une grande joie. Les pèlerins du Seigneur vivaient déjà cette communion pendant leur voyage. Ils chantaient ensemble les « Psaumes des montées ». Ils unissaient ensemble leur cœur parce qu’ils avaient une même foi et se préparaient à célébrer leur Dieu ensemble à Jérusalem.

Oui, que c’est bon, que c’est agréable pour des frères d’habiter unis ensemble ! Dieu nous a créés et nous a mis ensemble pour vivre en harmonie, pour avoir de l’affection les uns pour les autres, pour nous entraider, nous soutenir, porter les fardeaux les uns les autres, nous exhorter, nous avertir mutuellement. « Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère. » (1 Jn 4.21)

L’unité est une très bonne chose, c’est même une chose très agréable. Certaines choses sont bonnes, mais pas nécessairement agréables, par exemple quand un père discipline son enfant. D’autres choses sont agréables, mais pas nécessairement bonnes, par exemple manger trop de dessert sucré. La concorde entre frères est, à la fois, bonne et agréable. C’est bon en soi, parce que Dieu le veut. C’est bon pour nous, parce qu’ensemble nous sommes plus forts. C’est bon pour le monde, parce que les êtres humains sont attirés par la lumière. Et, de plus, c’est agréable. Cela est agréable à Dieu. Quand des frères vivent ensemble dans l’amour, quand ils mettent leurs talents au service des autres, quand ils sont pleins de bonté les uns pour les autres, Dieu s’en réjouit. Cela nous est agréable, nous qui vivons cette communion. Comme il est plaisant, comme il est encourageant de vivre unis ensemble ! Dans une même foi, une même pensée, une même doctrine, un même cœur, un même amour. Quel délice ! A l’inverse, quand on fait partie d’une Eglise remplie de querelles et de chicanes, quelle tristesse et quelle misère ! La discorde n’a rien de bon et n’a rien d’agréable non plus.

Je remercie le Seigneur de ce qu’il a mis entre nous, dans cette Eglise, une bonne entente, une harmonie, une communion véritable. Voyez qu’il est bon, qu’il est agréable pour des frères d’habiter unis ensemble ! Voyez ! Admirez ! Contemplez l’œuvre de Dieu parmi nous ! En même temps, il ne faut pas se le cacher, il nous reste encore des progrès à faire. L’individualisme de notre époque a tendance à s’infiltrer dans l’Eglise. Il est si facile de vivre chacun pour soi, isolé les uns des autres. Nous avons besoin les uns des autres dans le corps.

En Ephésiens 4, Paul nous demande de nous efforcer de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. C’est difficile, nous devons nous « efforcer ». Nous avons besoin d’humilité, de douceur, de patience. Il faut combattre en nous le péché d’orgueil, d’égoïsme et de discorde. Quand des querelles surgissent, quand des barrières s’élèvent entre nous, quand l’indifférence ou le froid s’installe avec un frère ou une sœur, repentons-nous, humilions-nous, renonçons à nous-mêmes, prenons notre croix, suivons Jésus et réconcilions-nous. Ne laissons pas le diable nous séparer. Progressons dans l’amour et dans la bonne entente. Voyez comme c’est bon et comme c’est agréable !

2. L’illustration de cette unité (Ps 133.2-3a)

David utilise deux illustrations pour nous faire voir comme c’est bon et agréable de vivre unis ensemble. D’abord, « c’est comme l’huile la meilleure qui, répandue sur la tête, descend sur la barbe, sur la barbe d’Aaron, qui descend sur le bord de ses vêtements » (v. 2). Etrange comparaison. Que signifie cette illustration ? L’huile descend. Elle est répandue sur la tête, elle descend sur la barbe, elle descend sur le bord des vêtements, littéralement sur l’ouverture des vêtements. Il s’agit peut-être de l’ouverture d’en haut, le collet, ou peut-être de l’ouverture d’en bas, le bas de la tunique. De toute façon, l’huile descend et coule en abondance. L’unité fraternelle ressemble à cette huile. Elle vient d’en haut et elle descend en bas. C’est un don de Dieu, un don magnifique ! Le Psaume 133 est un autre « Psaume des montées ». Les pèlerins montent, mais l’essentiel, pour eux, c’est la bénédiction qui descend sur eux pour sceller leur unité.

En Exode 30, Dieu avait donné l’ordre à Moïse de préparer cette huile spéciale. La liste des ingrédients mentionne l’huile d’olive, la cannelle et plusieurs sortes de plantes aromatiques. Une huile très parfumée qui sentait bon ! On n’en mettait pas seulement deux ou trois gouttes sur le front. L’huile coulait en abondance. La recette indique cinq litres d’huile d’olive, sans compter tous les aromates. On en versait sur la tente de la rencontre, sur les objets dans la tente, sur la tête d’Aaron et sur la tête de ses fils. La bonne odeur du parfum se répandait partout autour, il était impossible de la manquer. Ceux qui participaient à la cérémonie n’étaient pas prêts de l’oublier ! L’unité des croyants est comme cette huile. Elle vient d’en haut, elle descend sur nous, elle est abondante et elle produit une bonne odeur qui se répand partout !

Mais à quoi servait cette huile sainte ? A deux choses : à mettre à part le sacrificateur pour un travail bien spécial et à montrer que Dieu lui donnait la capacité de faire son travail. Consécration et capacité. Quel était son travail ? Offrir des sacrifices pour servir de médiateur entre Dieu et son peuple. Les pèlerins qui se rendaient à Jérusalem étaient des pécheurs, tout comme nous. Il fallait qu’ils offrent des sacrifices d’animaux pour leurs péchés de querelle et de discorde. Les animaux mis à mort étaient le signe et la promesse de la mise à mort du Sauveur sur la croix. Les pèlerins pouvaient d’avance se réjouir du pardon de leurs péchés ! Ils étaient unis dans une même foi, autour d’un même Sauveur, représenté par le sacrificateur. Il ne peut pas y avoir de véritable union spirituelle entre frères sans d’abord reconnaître notre besoin d’expiation de nos péchés. Le ministère de cette huile précieuse faisait leur joie et leur unité !

Cette huile sainte représente le Saint-Esprit versé sur Jésus sans mesure. « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres. » (Lc 4.18) Au baptême de Jésus, le Saint-Esprit a été versé sur lui pour le mettre à part et lui donner la capacité de faire son travail. Jésus s’est offert lui-même sur la croix pour tous nos péchés de querelle et de discorde. Le Saint-Esprit a coulé en abondance, d’abord sur lui, qui est la Tête, pour qu’il puisse faire tout son travail. Ensuite, le Saint-Esprit a continué de couler en abondance sur son corps qu’est l’Eglise. Le jour de la Pentecôte, les chrétiens étaient tous unis ensemble, remplis du Saint-Esprit. Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières. Ils avaient une même doctrine et un même amour. Ils partageaient leurs biens matériels pour que personne ne soit dans le besoin (Ac 2.42-47).

Voyez qu’il est bon, qu’il est agréable pour des frères d’habiter unis ensemble ! La communion des croyants est le fruit du travail de Jésus qui déverse son Esprit sur nous encore aujourd’hui. Une huile de joie précieuse et parfumée versée sur nous ! Une huile sainte qui nous consacre à ce ministère d’amour envers nos frères et qui nous donne la capacité de les aimer.

Voyons-nous que l’amour entre frères est un amour saint, d’un grand prix aux yeux de Dieu, plus précieux que l’huile sainte ? Faisons-nous tous nos efforts pour conserver l’unité de l’Esprit qui est le lien de la paix ? Si quelqu’un de l’extérieur était en visite parmi nous dans notre Eglise, serait-il étonné de voir l’unité qui règne parmi nous ? S’exclamerait-il : « Comme cela sent le bon parfum de l’amour fraternel » ? Ou son nez pourrait-il détecter de mauvaises odeurs de discorde ? Aaron et ses fils n’avaient pas le droit d’exercer leur ministère tant qu’ils n’avaient pas reçu l’onction d’huile. De même, notre service chrétien n’est pas acceptable devant Dieu sans cet amour pour nos frères et nos sœurs. « Quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. » (1 Co 13.2)

Deuxième illustration : Des frères qui vivent unis ensemble, « c’est comme la rosée de l’Hermon, qui descend sur les montagnes de Sion » (v. 3). Encore une fois, la rosée descend, comme l’unité des frères qui est un don de Dieu descendu du ciel. La rosée vient du mont Hermon, la montagne la plus élevée en Israël, 2800 mètres d’altitude. Le sommet de la montagne est recouvert de neige, ce qui produit beaucoup d’humidité, de la rosée et même des rivières.

On ne comprend pas très bien comment la rosée de l’Hermon, qui est complètement au nord, à la frontière du Liban, peut descendre sur la montagne de Sion, qui est au sud, 200 kilomètres plus loin. Mais, de toute façon, l’image poétique est très claire. La rosée rafraîchit le sol. Elle permet aux plantes de s’épanouir. Pour ceux qui vivent plusieurs mois dans le froid et la neige, il n’est pas toujours évident de bien saisir l’importance de ce phénomène naturel, mais pour ceux qui vivent dans des régions semi-désertiques, la rosée est très significative. L’unité fraternelle est comme la rosée. Elle est rafraîchissante et bienfaisante. Elle produit de bons fruits.

Quand vous vous préparez à vous rassembler avec le peuple de Dieu, êtes-vous dans la joie à l’idée de vous retrouver ensemble devant Dieu ? « Oui, j’ai hâte, il est bon et rafraîchissant de nous retrouver ensemble pour chanter les louanges du Seigneur et écouter sa Parole avec des frères et sœurs que nous aimons et qui nous aiment. » Ou bien avez-vous le cœur lourd ? « Ah, c’est pénible, rien qu’à la pensée que je vais rencontrer telle personne et que je devrai la saluer. J’espère au moins ne pas avoir besoin de lui parler. » Nos rencontres entre frères et sœurs ressemblent-elles à une terre sèche et sans fruit ? Ou sont-elles rafraîchissantes et pleines de bons fruits ?

3. La bénédiction à la source de cette unité (Ps 133.3b)

Oui, comme il est bon et agréable pour des frères de vivre unis ensemble ! Mais d’où vient cette unité dans l’amour ? Comment se fait-il que l’huile sainte et la rosée fraîche puissent produire cette belle communion ? C’est à cause de la bénédiction de Dieu. L’unité dans l’amour vient de la bénédiction de Dieu. « C’est là que l’Eternel donne la bénédiction, la vie, pour l’éternité. » (v. 3) C’est là où cette bénédiction était donnée, à la montagne de Sion, où coulait la rosée de l’Hermon, où le ministère de l’huile sainte était exercé. Là, le sacrificateur offrait, d’abord, des sacrifices pour les péchés. Là, ensuite, il sortait dehors pour bénir le peuple. C’est à Jérusalem que l’Eternel donnait la bénédiction à son peuple. Les pèlerins marchaient sur la route et gravissaient la montagne de Sion avec ce grand désir de recevoir la bénédiction de l’Eternel. Ils montaient sur la montagne dans l’espoir que la bénédiction allait descendre du ciel. Ils avaient la grande espérance de trouver cette communion profonde avec leurs frères et sœurs pendant l’adoration de leur Dieu.

Où trouver l’unité dans l’amour ? Dans l’adoration de Dieu et dans l’adoration de son Fils Jésus-Christ. Quand nous nous rassemblons pour adorer, quand nos cœurs s’élèvent vers le ciel, vers la nouvelle Jérusalem, pour célébrer les grands actes de Dieu en notre faveur, c’est là que l’Esprit de Dieu vient souder nos liens ensemble. C’est là, dans l’adoration, qu’il déverse dans nos cœurs un amour nouveau pour nos frères. Oui, c’est bien triste, il y a des divisions dans le monde. C’est bien triste, il y a des divisions même dans l’Eglise de Jésus-Christ. C’est bien triste, il y a même parfois des divisions parmi nous. Nous manquons d’amour les uns pour les autres. Nous avons besoin d’entendre encore la Parole de Dieu qui nous appelle : « Venez me louer, venez m’adorer ensemble pour recevoir ma bénédiction. » Sa bénédiction, c’est la vie, pour l’éternité ! Y avez-vous pensé ? La vie éternelle en Jésus-Christ, voilà ce qui nous unit. Nous avons en commun un riche héritage. Jésus parmi nous, notre vie, voilà celui qui nous unit !

Comme c’est bon, comme c’est agréable ! Le culte d’adoration est-il vraiment une belle expérience pour vous ? La célébration de notre Dieu vous aide-t-elle à vous rapprocher les uns des autres ? Ou est-ce que vous avez hâte, après le culte, de retourner chez vous en vitesse, sans parler à personne, pour oublier vos frères et sœurs pendant le reste de la semaine ? Vous rendez-vous compte de cette réalité merveilleuse ? Nous avons un Sauveur qui est mort pour notre salut ! La bénédiction qu’il nous donne, c’est la vie, pour l’éternité ! Le Saint-Esprit nous unit à Jésus-Christ. Le Saint-Esprit nous unit les uns aux autres. Nous appartenons à Jésus-Christ et, alors, nous sommes rattachés les uns aux autres, dans un même corps.

Cette joie, aujourd’hui, est un avant-goût. La vie pour l’éternité est déjà commencée. Elle fait déjà notre joie, une joie partagée. Mais c’est seulement un avant-goût. Cette vie déjà commencée va durer pour l’éternité. Un jour, enfin, les enfants de Dieu seront tous réunis. Nous habiterons pleinement unis, tous ensemble autour de notre merveilleux Sauveur ! Le jugement dernier aura été prononcé. Le péché sera complètement éliminé. L’unité sera rendue parfaite pour l’éternité.

D’ici là, il reste encore du travail à faire, une route à parcourir, le sentier du pèlerin. Prions pour une plus grande communion entre nous. Prions pour une plus grande unité de tous les enfants de Dieu. Efforçons-nous de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. Chantons ensemble en marchant vers la nouvelle Jérusalem. Comme ce sera bon et comme ce sera agréable pour des frères d’être enfin unis, tous ensemble, dans la nouvelle Jérusalem ! Amen.

]]>
Psaume 134 Le plus grand bien du pèlerin https://larevuereformee.net/articlerr/n269/psaume-134-le-plus-grand-bien-du-pelerin Thu, 14 May 2015 11:13:59 +0000 http://larevuereformee.net/?post_type=articlerr&p=906 Continuer la lecture ]]> LE PLUS GRAND BIEN DU PÈLERIN
Psaume 134

Paulin BÉDARD*

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

Bénir Dieu et être béni par Dieu, voilà les deux plus belles réalités de la vie chrétienne. Bénir Dieu, dire du bien de Dieu, adorer Dieu, voilà le but premier de toute notre vie. Etre béni par Dieu, recevoir de Dieu le bien qu’il a préparé pour ses enfants, voilà notre besoin le plus grand. Bénir Dieu et être béni par Dieu ! Une parole qui monte au ciel, une parole qui descend du ciel. Voilà de quoi remplir notre vie de la plus grande richesse qui soit !

Le Psaume 134 est le dernier des quinze « Psaumes des montées ». Les pèlerins d’Israël sont montés à Jérusalem pour bénir l’Eternel et pour être bénis par l’Eternel. Le tout premier Psaume de la série avait commencé sur une note douloureuse. « C’est à l’Eternel que dans ma détresse j’ai crié (…). Malheureux que je suis (…). » (Ps 120.1, 5) Le dernier Psaume termine le parcours sur une note bienheureuse. « Bénissez l’Eternel ! (…) Que l’Eternel te bénisse ! » (Ps 134.1, 3) Tout au long du trajet, le pèlerin a fait l’expérience de la présence de Dieu. Il a trouvé en Dieu sa protection, sa joie, sa délivrance, son pardon, son espérance. « Le secours me vient de l’Eternel qui a fait les cieux et la terre. » (Ps 121.2) « Je suis dans la joie quand on me dit : Allons à la maison de l’Eternel. » (Ps 122.1) « Fais-nous grâce, Eternel, fais-nous grâce ! » (Ps 123.3) « Notre secours est dans le nom de l’Eternel, qui a fait les cieux et la terre. » (Ps 124.8) Et ainsi de suite. Il est normal que le dernier Psaume de ce long parcours se termine bien, et même très bien. Le Psaume 134 nous parle du plus grand bien du pèlerin.

1. Bénir l’Eternel (Ps 134.1-2)

« Voici : bénissez l’Eternel, vous tous, serviteurs de l’Eternel! » (v. 1) Le Psaume 133, juste avant, avait commencé de la même façon, avec le même mot : « Voici ! » « Voici qu’il est bon, qu’il est agréable pour des frères d’habiter unis ensemble ! » David avait attiré notre attention sur les bienfaits de la communion fraternelle. Voici, portez toute votre attention, c’est important ! Et maintenant, le Psaume 134 attire notre attention sur un bienfait encore meilleur. « Voici, bénissez l’Eternel ! » Voyez comme c’est grand ! Bénir l’Eternel !

Les pèlerins sont sur le point de quitter Jérusalem. La célébration qui a duré une semaine est presque terminée. Ils vont très prochainement redescendre de la montagne de Sion. Ils feront le voyage de retour et rentreront chacun chez soi. Mais juste avant de partir, les pèlerins ont quelque chose à dire à ceux qui restent au temple : « Voici », c’est important, portez attention ! « Bénissez l’Eternel, vous tous, serviteurs de l’Eternel, qui vous tenez dans la maison de l’Eternel pendant les nuits ! » L’exhortation s’adresse aux serviteurs de l’Eternel qui travaillent au temple en permanence, c’est-à-dire les Lévites. Les sacrificateurs et les Lévites étaient les seuls qui avaient le droit de s’approcher de Dieu au temple. Il était strictement interdit à tous les autres d’entrer dans le lieu saint. Dieu est saint et il est dangereux de s’approcher de lui.

Le premier livre des Chroniques nous dit que les Lévites exerçaient plusieurs fonctions dans le temple (1 Ch 9 et 23). Certains travaillaient même la nuit, pour garder l’entrée, pour s’assurer que les lampes restaient allumées ou pour chanter les louanges de Dieu. « Les chantres étaient à l’ouvrage jour et nuit. » (1 Ch 9.33) L’adoration devait se poursuivre jour et nuit. Dans le Psaume 134, les croyants encouragent les Lévites : « Continuez votre travail. N’arrêtez pas. Ne vous endormez pas. Continuez de louer Dieu pendant les nuits. » Les pèlerins vont bientôt partir, mais les Lévites doivent rester au temple. C’était leur devoir de bénir l’Eternel continuellement.

N’est-ce pas remarquable ? Les pèlerins qui se préparent à partir ont sûrement à l’esprit bien d’autres sujets de conversation. « Je dois préparer mes bagages et ne rien oublier. Avec qui allons-nous voyager ? J’ai du travail qui m’attend à la maison. J’aimerais visiter mon beau-frère. » Nous pouvons très bien comprendre. Que faisons-nous quand le culte est terminé ? Nous nous mettons à parler entre nous de toutes sortes de sujets : le sport, le travail, la famille, la santé, les voyages, la température. Nous changeons rapidement du mode « adoration » au mode « conversation ».

Le Psaume 134 oblige les pèlerins à penser autrement. La fête est sur le point de se terminer et voilà que les adorateurs sont encore en mode « adoration ». Ils ont le grand désir que Dieu continue d’être adoré, même une fois qu’ils auront quitté Jérusalem. Ils s’apprêtent à reprendre la route, ils seront bientôt de retour chez eux, ils se remettront à leurs activités régulières : travail, famille, train-train quotidien ; mais leur souci premier, c’est que Dieu continue d’être béni à Jérusalem. « Voici, bénissez l’Eternel, vous tous, serviteurs de l’Eternel, qui vous tenez dans la maison de l’Eternel pendant les nuits ! » Voilà le bien le plus grand, le trésor le plus précieux du pèlerin. Voilà le plus grand désir qui brûle dans son cœur. Que l’Eternel soit béni sans arrêt, jour et nuit !

Mais que signifie exactement « bénir l’Eternel » ? Bénir l’Eternel signifie dire du bien de lui, dire combien il est grand et puissant. Bénir Dieu, c’est reconnaître son caractère majestueux dans un acte d’adoration. Dieu a-t-il vraiment besoin d’être béni ? Lorsqu’on bénit quelqu’un, on enrichit cette personne d’un bienfait qu’elle n’a pas. On lui apporte quelque chose qui lui manque. Qu’est-ce qui manque à notre Dieu ? Qu’est-ce qui pourrait l’enrichir davantage ? Il possède toutes les richesses. Il n’a besoin de rien. Quand nous bénissons Dieu, nous n’ajoutons rien à tout ce qu’il possède. Nous l’adorons pour ce qu’il est. Nous reconnaissons qu’il possède tout et qu’il est immensément grand.

« Elevez vos mains vers le sanctuaire et bénissez l’Eternel ! » (v. 2) Les serviteurs élevaient leurs mains pour bénir Dieu. Il était fréquent d’élever les mains pour prier. Au verset 2, le mot qôdesh en hébreu a deux sens possibles : « sanctuaire » ou « sainteté ». Il est possible de traduire : « Elevez vos mains de sainteté et bénissez l’Eternel. » Pour bénir l’Eternel, il faut avoir des mains saintes. Paul dit : « Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, en élevant des mains pures, sans colère ni contestation. » (1 Tm 2.8) Pour prier Dieu, il faut des mains pures, des mains saintes. Nos mains symbolisent nos actions. Pour bénir Dieu dignement avec nos bouches, il faut que nos actions soient pures et saintes. Il n’était pas suffisant d’être né dans la tribu de Lévi, il fallait avoir des mains pures, une vie purifiée par le sang des sacrifices offerts sur l’autel. Il fallait que les serviteurs de Dieu soient pardonnés, purifiés et sanctifiés pour pouvoir bénir Dieu d’une manière qui lui soit agréable. Dieu demande une adoration qui vient d’un cœur pur et d’une vie sainte. « Elevez vos mains de sainteté et bénissez l’Eternel. »

Le Psaume 134 est maintenant accompli en Jésus-Christ. Nous n’avons plus besoin d’aller au temple de Jérusalem trois fois par année pour adorer Dieu. Jésus s’est offert lui-même en sacrifice pour nos péchés. Il a béni et glorifié son Père quand il était sur la terre. Et maintenant qu’il est au ciel, il est entré dans le sanctuaire céleste pour continuer de glorifier son Père. Il intercède pour nous continuellement auprès du Père. Jésus est devant son Père, jour et nuit, pour le bénir et pour prier en notre faveur. Il le fait sans arrêt, continuellement. Il élève des mains pures, des mains de sainteté, des mains innocentes qui ont été transpercées pour nos péchés. Il déverse sur nous son Esprit Saint pour qu’à notre tour nous devenions des adorateurs en esprit et en vérité. Si nous croyons en lui, il purifie nos cœurs, il purifie nos mains et nos actions pour qu’à notre tour nous puissions élever des mains pures, des mains de sainteté, et bénir l’Eternel.

Nous ne sommes pas comme ces pèlerins en Israël qui devaient quitter la présence de Dieu à Jérusalem. Nous avons libre accès dans la présence de Dieu. « Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste. » (Hé 12.11) Nous n’avons pas besoin de confier à des spécialistes la responsabilité de bénir l’Eternel à notre place. Chacun d’entre nous est libre de s’approcher du trône de la grâce en tout temps. « Puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus le Fils de Dieu (…) approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, en vue d’un secours opportun. » (Hé 4.14, 16)

Nous sommes unis à Jésus, notre grand Sacrificateur. C’est notre privilège de venir dans la présence même de Dieu. Voilà notre bien le plus grand ! Voilà notre richesse la plus précieuse ! Vous rendez-vous compte de l’immense privilège que nous avons ? Il ne s’agit pas d’une expérience temporaire, une fois par semaine. Nous avons accès à sa présence chaque jour, à chaque instant, jour et nuit. Bien sûr, nous ne pouvons pas toujours nous concentrer sur Dieu pour le bénir continuellement. Nous avons notre travail, nos occupations et nos responsabilités. C’est normal. Nous avons toutefois la liberté de louer Dieu n’importe où et n’importe quand. Nous devrions avoir au plus profond de notre cœur le désir de nous approcher de la présence de Dieu.

Nous sommes facilement portés à critiquer, à murmurer, à contester, à nous mettre en colère, à dire des paroles vides ou désagréables. Efforçons-nous au contraire de bénir notre Dieu. Nous avons tellement de raisons de le bénir. Avons-nous vraiment à cœur de bénir Dieu ? Est-ce là notre plus grand désir, notre bien le plus précieux ? Faisons-nous notre joie de dire au Seigneur qu’il est grand, jour après jour ? Exerçons-nous à bénir l’Eternel en toute circonstance. Profitons de chaque occasion pour dire du bien de notre Dieu, pour parler de sa grandeur et de sa grâce. Même la nuit, quand le sommeil fait défaut, quand vous souffrez d’insomnie, bénissez l’Eternel. Bénissez l’Eternel le jour et la nuit, en élevant des mains pures, purifiées par le sang de Jésus.

Le Psaume 134 n’est pas encore tout accompli. Nous sommes encore loin de le vivre pleinement, mais prenons courage ! Un jour, il sera entièrement et parfaitement accompli. Les serviteurs de l’Eternel qui bénissaient Dieu continuellement dans le temple sont un reflet de ce qui nous attend dans l’avenir, un reflet de ce que nous serons dans la gloire éternelle. L’apôtre Jean a vu dans une révélation la foule immense des rachetés qui bénissaient Dieu continuellement. « Ils sont devant le trône de Dieu et lui rendent un culte jour et nuit dans son temple. » (Ap 7.15) Nous aurons la joie de bénir Dieu et d’adorer Jésus-Christ parfaitement et continuellement. Mais pour cela, il nous faut d’abord être bénis par Dieu.

2. Etre béni par l’Eternel (Ps 134.3)

Le verset 3 répond aux versets précédents : « Que l’Eternel te bénisse de Sion, lui qui a fait les cieux et la terre ! » Cette réponse était probablement prononcée par un sacrificateur avant le départ des pèlerins. Le sacrificateur avait le rôle de bénir le peuple. Les pèlerins disaient aux Lévites : « Bénissez l’Eternel ! » Et le sacrificateur leur répondait : « Que l’Eternel te bénisse de Sion, lui qui a fait les cieux et la terre ! »

Quelle est la différence entre bénir Dieu et être béni par Dieu ? Rien n’est plus différent. Quand nous bénissons Dieu, il le mérite pleinement. Quand Dieu nous bénit, c’est par pure grâce, jamais sur la base de nos supposés mérites. Quand nous bénissons Dieu, nous reconnaissons sa grandeur. Nous déclarons qu’il possède tout en lui-même. Quand Dieu nous bénit, il nous donne ce que nous n’avons pas. Il fait de nous ce que nous ne sommes pas. Quand nous bénissons Dieu, nous n’ajoutons rien à toute la richesse qu’il possède. Nous reconnaissons simplement sa perfection et sa gloire. Quand Dieu nous bénit, il fait de nous de nouvelles créatures en Jésus-Christ. Il nous renouvelle entièrement par son Esprit. Il nous accorde le salut éternel qu’il nous est impossible d’acquérir par nous-mêmes. Il fait de nous ses enfants, les héritiers de son Royaume. Bénir et être bénis sont deux choses très différentes, mais deux choses qui vont ensemble. Quand Dieu nous bénit souverainement par sa grâce, nous avons alors la joie et le devoir de le bénir dans l’adoration.

Nous avons absolument besoin d’être bénis. Nous sommes des pécheurs qui ont besoin d’être pardonnés et recréés par la grâce et la puissance de Dieu. Sans sa bénédiction, tout ce qui reste, c’est la malédiction. Dans l’alliance, il y a seulement deux possibilités : la bénédiction ou la malédiction. Pour ceux qui rejettent le Seigneur et qui refusent de croire et d’obéir à sa Parole, c’est la malédiction qui demeure sur eux, le malheur et la mort éternelle. Nous dépendons entièrement de la bénédiction de Dieu en Jésus-Christ pour notre vie, aujourd’hui et dans l’éternité. Recherchons sa bénédiction. Désirons-la comme le trésor le plus précieux. Elle nous est promise : « Que l’Eternel te bénisse de Sion ! »

D’où vient sa bénédiction ? Elle vient d’un endroit bien précis. Elle vient de Sion. Dans l’Ancien Testament, c’est là que les pèlerins se rendaient, à Jérusalem, sur la montagne de Sion, pour recevoir la bénédiction des mains du sacrificateur. La bénédiction de Dieu était d’abord symboliquement représentée par les sacrifices d’animaux pour le pardon des péchés. La bénédiction était, ensuite, prononcée par le sacrificateur qui bénissait le peuple. « Que l’Eternel te bénisse et te garde ! Que l’Eternel fasse briller sa face sur toi et t’accorde sa grâce ! Que l’Eternel lève sa face vers toi et te donne la paix ! » (Nb 6.24-26) Aujourd’hui, d’où vient sa bénédiction ? Elle vient encore d’un endroit bien précis. Elle vient de la Jérusalem céleste, là où Jésus est monté. « Après avoir accompli la purification des péchés, il s’est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts. » (Hé 1.3) Pour avoir la vie éternelle, il faut la bénédiction de Dieu, et cette bénédiction vient de Jésus-Christ, uniquement.

Il nous reste encore une question qui peut nous trotter dans la tête. Cette bénédiction est-elle continuelle ? Est-elle disponible tous les jours ou est-elle seulement pour des occasions spéciales ? Les pèlerins en Israël pouvaient se demander : cette bénédiction, est-elle seulement pour les bons moments que nous passons à Jérusalem ? Non ! Elle était là pour éclairer chaque jour de leur vie. « Que l’Eternel te bénisse de Sion. » Cette parole voulait dire : la bénédiction que tu as reçue à Sion dure le reste de ta vie. Quand Jésus est monté au ciel, il a béni son Eglise. « Il leva les mains et les bénit. Pendant qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut enlevé au ciel. » (Lc 24.50-51) Cette bénédiction de notre Sauveur en gloire continue le reste de notre vie et demeure sur son Eglise de génération en génération.

Mais n’y a-t-il pas des situations qui peuvent nous rendre malheureux, des circonstances capables de nous enlever cette joie et cette paix avec Dieu ? Eh bien non, malgré les sombres nuages qui peuvent parfois planer sur nos têtes, aucune circonstance ne peut nous priver de la bénédiction de Dieu. Aucun nuage ne peut nous cacher la lumière de sa face. Pourquoi ? Parce que celui qui nous bénit est le Créateur tout-puissant. « Que l’Eternel te bénisse de Sion, lui qui a fait les cieux et la terre ! » Il est le Créateur tout-puissant et le Maître souverain du ciel et de la terre. Quand il bénit, rien ne peut s’y opposer.

Oui, soyons assurés de sa bénédiction qui nous est promise. Dépendons constamment de sa grâce. Ne soyons pas découragés si certains d’entre nous sont malades ou éprouvés. Ne soyons pas découragés de voir l’Eglise grandir si peu. Ne soyons pas découragés de voir l’Evangile si souvent rejeté. Ne soyons pas inquiets face à l’avenir de l’Eglise. Cessons de nous inquiéter. Croyons que Dieu bénira encore son Eglise, non pas à cause de nous, mais à cause de Jésus-Christ. Croyons qu’il a de grandes bénédictions en réserve pour nous dans l’avenir. Continuons de bénir notre Dieu sans nous lasser, sans nous arrêter. Il en est digne. Continuons de compter sur sa bénédiction. Nous en sommes indignes, mais Dieu nous l’a promise à cause de son Fils Jésus-Christ. Bénissez l’Eternel ! Que l’Eternel nous bénisse ! Amen.

]]>
Psaume 120 Le chemin raboteux du pèlerin https://larevuereformee.net/articlerr/n269/psaume-120-le-chemin-raboteux-du-pelerin Thu, 14 May 2015 11:13:59 +0000 http://larevuereformee.net/?post_type=articlerr&p=884 Continuer la lecture ]]> LE CHEMIN RABOTEUX DU PÈLERIN
Psaume 120

Paulin BÉDARD*

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

Nous avons tous, déjà, conduit sur des chemins raboteux. Notre réseau routier est en mauvais état. Sur certaines routes, il faut quasiment faire du slalom pour réussir à éviter les nids-de-poule. Dans plusieurs de nos villes et de nos régions, il y a des rues en construction. Ces réalités routières peuvent être cause de retards ou de frustration durant nos déplacements.

Le chrétien est un voyageur en route vers le ciel. Nous sommes des pèlerins en route vers la Jérusalem céleste. La route du chrétien n’est pas toujours belle et bien goudronnée. Elle est souvent parsemée de nids-de-poule. Des travaux nous obligent à faire des détours. Les chemins en mauvais état nous forcent à ralentir. Notre voyage spirituel peut subir des retards ou des frustrations. Heureusement, le Seigneur nous accompagne. Pour nous encourager, il nous a donné des chants pour la route. Les Psaumes 120 à 134 s’appellent « Cantiques des montées ». Ils sont là pour réconforter le voyageur.

Je vous propose d’avancer ensemble sur la route du pèlerin à l’aide de ces Psaumes. Ma prière est que Dieu nous conduise pendant notre voyage. J’ai confiance et j’ai hâte de voir comment il va nous diriger. Commençons par le Psaume 120. Un mot d’avertissement d’abord : le voyage commence sur un chemin raboteux, le chemin raboteux du pèlerin. Le voyageur du Psaume 120 est un peu comme nous et nous sommes un peu comme lui. Essayons de nous identifier à son expérience.

1. Sa montée

« Cantique des montées », tel est le titre. Qu’est-ce que cela signifie ? Quelque chose doit monter, mais quoi ? Le Psaume ne le dit pas. On a proposé toutes sortes d’interprétations. Certains ont dit que c’était la voix des chanteurs qui montent. Ces Psaumes auraient été chantés une tonalité plus haute que les autres Psaumes. C’est possible, mais nous n’en avons aucune preuve. D’autres ont pensé que les chanteurs montaient un escalier pour aller au temple. Quinze marches, quinze Psaumes, un Psaume chanté sur chaque marche. Le texte n’en dit rien et cette idée semble un peu farfelue. D’autres ont imaginé que les Israélites avaient chanté ces Psaumes lors du retour d’exil à Babylone. C’est possible. Le Psaume 126 au verset 1 précise : « Quand l’Eternel ramena les captifs de Sion, nous étions comme ceux qui font un rêve. » Une difficulté existe : plusieurs de ces Psaumes ont été écrits bien avant l’exil par David ou par Salomon. Le retour d’exil n’est donc pas leur contexte original, bien qu’ils aient pu être chantés plus tard.

La majorité des commentateurs s’accordent sur l’explication suivante. Trois fois par année, les Israélites partaient de chez eux pour se rendre à Jérusalem afin d’aller célébrer les grandes fêtes annuelles (la fête de la Pâque avec la fête des pains sans levain, la fête des semaines ou des prémices de la moisson, la fête des huttes ou des récoltes, Ex 23.14-17 ; Lv 23 ; Dt 16.1-16). Pendant leur voyage, ils chantaient ces Psaumes. Il fallait, en effet, monter puisque Jérusalem est située sur une montagne. Le prophète Esaïe indique justement qu’ils chantaient en montant pour aller à Jérusalem : « Vous chanterez comme la nuit où l’on célèbre la fête, vous aurez le cœur joyeux comme celui qui marche au son de la flûte, pour vous rendre à la montagne de l’Eternel, vers le Rocher d’Israël. » (Es 30.29)

Plusieurs « cantiques des montées » évoquent d’ailleurs Jérusalem, le temple, la montagne de Sion. « Je suis dans la joie quand on me dit : Allons à la maison de l’Eternel ! Nos pieds se sont arrêtés à tes portes, Jérusalem ! » (Ps 122.1) « Ceux qui se confient en l’Eternel sont comme la montagne de Sion (…) Jérusalem est entourée de montagnes, ainsi l’Eternel entoure son peuple. » (Ps 125.1-2) « L’Eternel te bénira de Sion, et tu contempleras le bonheur de Jérusalem. » (Ps 128.5) On retrouve des idées semblables dans les Psaumes 129, 132, 134, notamment. Le pèlerin a ses pensées fixées sur Jérusalem. Il désire y aller, il a hâte d’y arriver. Il veut adorer le Seigneur dans son temple. Il espère recevoir sa bénédiction qui vient de Sion, la montagne sainte. Le pèlerin n’est pas encore arrivé. Il est en route. Sa route est longue, mais il va de l’avant, par la foi, car Dieu est fidèle. Les chants pour la route sont importants. Ils l’encouragent à aller de l’avant. Ils sont là pour « ensoleiller » sa route. Ils remplissent son cœur de toute la beauté qui l’attend à la fin du voyage.

Certains ont détecté, dans plusieurs de ces Psaumes, une forme littéraire progressive. Même la tournure des phrases est ascendante, comme pour faire monter spirituellement. Par exemple : « Je lève les yeux vers les montagnes… D’où me viendra le secours ? Le secours me vient de l’Eternel (…). » (Ps 121.1-2) Les mots clés sont répétés comme pour rythmer la marche. « Celui qui te garde ne sommeillera pas. Voici, il ne sommeille ni ne dort, celui qui garde Israël. L’Eternel est celui qui te garde (…). L’Eternel te gardera de tout mal ; il gardera ton âme ; l’Eternel gardera ton départ et ton arrivée (…). » (Ps 121.3-8) Le rythme du chant nous encourage à monter jusqu’à l’arrivée.

La même technique est utilisée dans le Psaume 120. Le pèlerin dit au verset 2 : « Eternel, délivre mon âme de la lèvre mensongère, de la langue trompeuse ! Que te donne, que te rapporte une langue trompeuse ? » Voyez la répétition des mots clés. Pourtant, ici, l’effet produit n’est pas vers le haut, mais vers le bas. Le mensonge est découragé. On ne monte pas à Jérusalem si on a une langue trompeuse. On doit se séparer du mensonge pour aller adorer Dieu. Il y a un autre exemple au verset 6 : « Trop longtemps mon âme a demeuré auprès de ceux qui haïssent la paix. Je suis pour la paix. » Littéralement : « Moi shalom », « moi la paix ». Le mot « paix » est répété et, cette fois, l’effet produit nous fait monter. Le voyageur recherche la paix, il la désire de tout son cœur. Il monte pour la trouver auprès de Dieu. « Mais dès que je parle, eux, ils sont pour la guerre. » Et là, on redescend. Il y a des trous. Il y a des nids-de-poule. La route est mauvaise. Il y a la guerre et des conflits. De grands défis nous attendent sur la route.

Les chrétiens sont des pèlerins spirituels. Nous suivons Jésus-Christ. Il a, lui aussi, sûrement chanté ces Psaumes quand il se rendait à Jérusalem pour fêter avec sa famille les grandes œuvres de son Père céleste. Il est monté à Jérusalem pour servir Dieu. Rendu là, il est descendu jusqu’au plus creux de son agonie. Il est mort sur la croix pour nos péchés. Mais il s’est relevé. Il est ressuscité et il est monté jusqu’au ciel. Il est vivant dans la nouvelle Jérusalem. Il est digne de notre adoration. Il nous prépare une place dans la maison du Père. C’est là notre destination finale. Nous allons à sa rencontre pour célébrer, bientôt, la plus grande fête avec lui. Avez-vous hâte ?

Nous sommes des pèlerins. Nous sommes en route. Nous ne sommes pas encore rendus. La route est longue. Il y a des trous. Les chrétiens passent par des creux. Mais n’oublions pas une chose. La route va en montant. Nous chantons les Cantiques des montées. Dieu est fidèle. Il nous donne des chants pour la route. Vous est-il déjà arrivé de marcher sur un chemin raboteux ? Avez-vous déjà rencontré des nids-de-poule dans votre marche chrétienne ? Vous êtes-vous déjà demandé si la route de votre vie sera, un jour, bien droite et bien goudronnée ? Si vous vous posez ce genre de question, vous allez sûrement pouvoir vous identifier à notre pèlerin qui crie à l’Eternel.

2. Sa détresse

Selon nos critères, le Psaume 120 n’est pas un beau Psaume. Quand on part en voyage, on est joyeux, plein d’enthousiasme. Ici, pas du tout. Le voyage commence par un cri de détresse et finit par le mot « guerre ». Pas de joie, pas de louange, pas de verts pâturages. Il n’est pas surprenant que le Psaume 120 ne soit pas très populaire. C’est un chant rugueux, le chemin du pèlerin est raboteux. « C’est à l’Eternel que dans ma détresse j’ai crié… » (v. 1) Le verbe indique un passé en même temps qu’un présent. Cet homme a déjà crié et il continue de le faire. Quelle est la cause de sa détresse ?

Il y a, d’abord, le mensonge. « Eternel, délivre mon âme de la lèvre mensongère, de la langue trompeuse. » (v. 2) Ce pèlerin est tourmenté parce qu’il y a, autour de lui, des gens qui tordent la vérité et qui vivent dans le mensonge. N’est-ce pas surprenant ? Le danger qui menace sa vie, ce ne sont ni des animaux féroces, ni des armées invincibles, ni des meurtriers, mais simplement des lèvres mensongères. La bouche, la langue, les lèvres : ne sont-elles pas inoffensives ? Nous sommes tellement habitués au mensonge que nous nous demandons où est le danger. Certains prient : « Seigneur, délivre-moi des voleurs, délivre-moi des bandits. » Combien de gens prient : « Seigneur, délivre-moi des menteurs » ?

Pouvons-nous nous approprier l’expérience de ce pèlerin ? Oui, certainement. Nous vivons dans un monde rempli de mensonges et de menteurs. Etes-vous fatigués de tous les mensonges qu’on entend partout? Mensonge sur nos origines. Dans toutes les écoles, on enseigne l’évolution. Mensonge sur notre identité. On nous dit : « Vous êtes un animal évolué, mais vous êtes cependant une bonne personne. » Mensonge sur la réalité du péché. On nous dit que le péché n’existe plus. Mensonge sur les solutions proposées. Si vous avez des problèmes, nous affirme-t-on, vous pouvez vous en sortir par vous-même. Arrogance des lèvres flatteuses et trompeuses. Mensonge sur notre destinée éternelle. Le ciel et l’enfer, on s’en moque. Mensonge sur le mariage. Les homosexuels ont réussi à faire passer leur message. Mensonge sur l’avortement. On évite à tout prix de reconnaître qu’il s’agit d’un meurtre. Mensonge sur l’amour. Le dernier film que vous avez regardé a peut-être essayé de vous convaincre que les relations sexuelles en dehors du mariage sont vraiment une bonne chose. Mensonge que constituent les faux témoignages et les fausses accusations qui brisent des réputations. Mensonge dans la publicité. On vous met dans la tête que vous avez absolument besoin du dernier gadget électronique. Mensonge partout. A qui pouvez-vous vraiment vous fier ? Aux vendeurs, aux politiciens, à votre garagiste, et même aux membres de votre famille ? Peut-être le mensonge a-t-il réussi à s’insinuer dans vos propres vies, dans vos pensées et sur vos lèvres, jusque dans votre bouche. Si tel est le cas, nous avons besoin de nous repentir et de renoncer au mensonge.

« Seigneur, délivre-moi de la lèvre mensongère. » J’ai besoin de cette prière. La puissance du mensonge est redoutable. Ceux qui persistent dans cette voie périront éternellement. « (…) et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang brûlant de feu et de soufre ; cela, c’est la seconde mort. » (Ap 21.8) Nous avons besoin d’être délivrés du mensonge afin de pouvoir nous mettre en route vers le ciel. « Délivre-moi ! » Ressentez-vous cette détresse ? Est-ce là votre prière ? Dieu seul peut nous délivrer du mensonge.

Le grand Psaume 119, placé juste avant, célèbre la perfection de la Parole de Dieu. Sa Parole est remplie de vérité. Tout ce qui sort de la bouche de Dieu est vrai. « Le principe de ta parole est la vérité. » (Ps 119.160) « Les paroles de l’Eternel sont des paroles pures. »  (Ps 12.7) Il n’y a jamais eu de mensonge sur les lèvres de Jésus. Il est le Chemin vers le Père. Il est aussi la Vérité et la Vie. « Tu as les paroles de la vie éternelle. » (Jn 6.68) Jésus a promis de nous conduire dans la vérité jusque dans la vie éternelle. Mais le chemin du pèlerin est raboteux.

Le mensonge cause la détresse. L’éloignement cause aussi la détresse. « Malheureux que je suis de séjourner à Méchek, de demeurer parmi les tentes de Qédar! » (Ps 120.5) Le pèlerin se plaint d’habiter loin de Jérusalem. Méchek, c’est quelque part au nord, en Turquie ou en Russie. Qédar est au sud, dans le désert d’Arabie. Evidemment, une même personne ne peut pas habiter à ces deux endroits en même temps. Le Psaume utilise une façon de parler. Le pèlerin se sent loin de chez lui. Il a le mal du pays. Il est loin de sa vraie maison, la maison de l’Eternel, à Jérusalem. Il crie à l’Eternel dans sa détresse.

Imaginez un jeune enfant qui, pour la première fois, va passer deux semaines dans un camp d’été. « Je m’ennuie de ma maman, je veux retourner à la maison. » Il est normal pour un pèlerin du Seigneur de se sentir loin de chez lui dans ce monde. Il est normal de dire : « Malheureux que je suis. » Un chrétien a-t-il le droit de se plaindre ? Il n’a certes pas le droit d’être mécontent de ce que Dieu lui donne, mais il peut se plaindre, et il doit se plaindre, de ne pas se sentir chez lui dans ce monde qui déteste Dieu. Non pour déprimer ou contester les voies du Seigneur, mais parce qu’il aspire à un monde meilleur. Jésus est en train de nous préparer une belle place. J’ai tellement hâte de rentrer chez moi, dans la maison du Père. Avez-vous hâte ? Sentez-vous la détresse d’habiter loin de chez vous dans ce monde corrompu ?

« Trop longtemps mon âme a demeuré auprès de ceux qui haïssent la paix. » (v. 6) Voilà pourquoi le pèlerin ne se sent pas chez lui. Ses voisins aiment la guerre. Lui, il est pour la paix. « Moi, la paix. » Il aspire à la paix. Il désire profondément la shalom du Royaume de Dieu. C’est Dieu qui donnera cette paix. Plus de guerre, plus de conflits, paix avec les autres, paix en nous-mêmes et, surtout, paix avec Dieu. Le vrai pèlerin a soif de paix. C’est notre Roi qui donne cette paix. « C’est à l’Eternel que dans ma détresse j’ai crié. (…) Eternel, délivre mon âme (…). » (v. 1) Dieu seul pourra satisfaire ce désir de paix. En Jésus-Christ, nous avons trouvé la paix. Son sacrifice sur la croix nous procure la paix complète avec Dieu. Cela nous donne le désir de voir la paix régner autour de nous. En avez-vous assez de voir tous ces gens en guerre contre Dieu, en guerre les uns contre les autres ? Les conflits entre l’homme et la femme, les querelles de famille, les discordes dans l’Eglise, les conflits au travail… Avez-vous le désir de trouver la paix ? Le chemin du pèlerin est encore bien raboteux. Le mensonge, l’éloignement, les conflits. Dans notre détresse, nous crions vers Dieu. Cette prière procure au pèlerin une grande assurance.

3. Son assurance

L’assurance du pèlerin est exprimée dès le début du chant. « C’est à l’Eternel que dans ma détresse j’ai crié et il m’a répondu. » (v. 1) L’Eternel m’a répondu ! Je crie encore et il répond encore. Sa délivrance n’est pas complète. Le mensonge est encore là. La guerre est encore là. Nous ne sommes pas encore arrivés à Jérusalem. La route est longue et raboteuse, mais je sais que Dieu me répondra. J’ai confiance en lui. Il est fidèle.

Comment répond-il ? Les versets 3 et 4 sont pleins d’assurance : « Que te donne, que te rapporte une langue trompeuse ? » Qu’est-ce que cela rapporte de mentir ? Réponse : « Les traits aigus du guerrier, avec les charbons ardents du genêt. » Telle est la conséquence. Dieu répond à la détresse de son enfant. Il envoie des flèches sur les menteurs. Le genêt est un bois qui, paraît-il, peut brûler et rester chaud longtemps. Les conséquences du péché durent longtemps et sont très pénibles. Dieu entre en jugement. Son jugement atteint la cible. La flèche parvient à son but et produit des brûlures éternelles. Oui, nous avons confiance que Dieu délivrera son Eglise et nettoiera la terre du mensonge.

Curieusement, les versets 5 à 7 ne contiennent pas d’assurance. « Malheureux que je suis (…) eux ils sont pour la guerre », et le chant se termine sur cette note discordante, dans un nid-de-poule. N’est-ce pas déprimant ? Pourtant, le Psaume s’appelle bien « Cantique des montées ». Nous sommes donc supposés monter. Nous ne restons pas dans le creux, tout déprimés. Le verset 1 est la clé. Peu importent nos détresses encore non résolues, nous avons cette assurance : dans ma détresse, je crie à l’Eternel et il me répond. Cela suffit. Ma grâce te suffit dans ta faiblesse. Peut-être êtes-vous, en ce moment de votre vie, embourbés dans un grand creux ? Criez à l’Eternel et il répondra. Ayons confiance en lui. Il est fidèle. Le chemin du pèlerin est raboteux jusqu’au bout de la route, mais gardons confiance. Le Seigneur marche devant son peuple. Il va nous conduire jusque chez nous, dans sa maison. Amen.

]]>