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Le combat spirituel
dans les lettres de Paul – Qu’est-ce que la vie chrétienne normale ?

Le combat spirituel
dans les lettres de Paul
« Qu’est-ce que la vie chrétienne normale ? »


Donald COBB
Professeur de grec et de Nouveau Testament
Faculté Jean Calvin d’Aix-en-Provence


Pour de nombreux chrétiens, les évangiles synoptiques constituent le point de départ logique pour définir les contours du combat spirituel. En effet, autant Matthieu que Marc et Luc sont marqués, du début à la fin, par une forte opposition de la part des puissances spirituelles et, du côté de Jésus, des exorcismes ou délivrances liées à une emprise démoniaque. Ce que nous voyons dans les Actes va dans le même sens : ce livre relatant les premiers temps de l’Eglise montre, à plus d’une reprise, les apôtres agir à l’instar du Christ en chassant les esprits impurs et en opérant des miracles spectaculaires. Il pourrait sembler évident que les récits contenus dans ces différents livres indiquent une démarche normale pour les croyants par la suite et fournissent ainsi le modèle du combat spirituel qu’ils ont à mener dans leurs propres vies.

Une démarche méthodologique plus sûre consiste toutefois à s’appuyer en priorité non sur les évangiles et les Actes, mais sur les épîtres. En effet, si les évangiles décrivent comment Jésus et l’Eglise naissante ont pu agir dans une situation et à une époque précises, les épîtres ont le souci de mettre en avant comment les chrétiens doivent vivre. Autrement dit, les évangiles et les Actes, dans ce domaine, sont avant tout descriptifs. Les épîtres sont de nature beaucoup plus prescriptive. Il s’agit donc de cerner comment les auteurs inspirés appellent, de façon explicite, leurs lecteurs à agir et à vivre dans le monde présent et, notamment, vis-à-vis des puissances « invisibles ». Dans le présent article, nous allons passer en revue les principales indications sur le combat spirituel dans les épîtres de Paul. Dans un second temps, nous nous pencherons sur un passage particulier, Ephésiens 6.10-20, qui représente le texte paulinien le plus développé sur ce sujet.

1. Quelques indications générales

A. Une réalité vaincue mais active

Nous pouvons commencer par un constat général de nature assez évidente : en accord avec son judaïsme natal, Paul reconnaît l’existence du monde surnaturel et des esprits néfastes qui le peuplent. Le vocabulaire qu’il utilise suggère déjà une première orientation : « Satan » (Satanas) revient dix fois dans ses lettres1 [1], « le diable » (ho diabolos)2 [2] et « démons » (daimonia) cinq fois chacun, ce qui nous donne une vingtaine d’occurrences dans huit des treize épîtres. A ceci il faut ajouter des expressions comme « Bélial »3 [3], « le dieu de ce siècle »4 [4], ou encore « les puissances, autorités et principautés dans les lieux célestes »5 [5]. Le statut de ces dernières est parfois discuté : s’agit-il de réalités spirituelles personnelles, de tyrannies humaines ou simplement de tendances supramondaines impersonnelles ?6 [6] Là-dessus, il existe une certaine variété de positions, mais la plupart des commentateurs préfèrent très nettement la première interprétation (ou, pour Ephésiens 1.21, une combinaison des deux premières)7 [7]. Ainsi, si la question des puissances surnaturelles ne fait pas systématiquement partie des enseignements de Paul, elle y est néanmoins régulièrement présente.

Quelle menace ces réalités représentent-elles pour les croyants ? Paul souligne que Jésus-Christ lui-même en est le créateur et le chef8 [8]. Elles ne constituent donc nullement un pouvoir qui puisse rivaliser avec son règne. De plus, ces « puissances et autorités » ont été vaincues à la croix9 [9]. Par la mort du Christ, Dieu a « […] dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix » (Col 2.15). Cette victoire est encore scellée par le tombeau vide : selon Ephésiens 1.21, en ressuscitant le Christ, Dieu l’a élevé « au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité, et de tout nom qui peut être nommé, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir ». Tous ces textes soulignent sans ambages la supériorité du Christ sur le monde spirituel. Ils mettent en évidence, comme le rappelle Jean-Noël Aletti, « le paradoxe d’un homme élevé, par sa résurrection-exaltation, plus haut que toutes les puissances célestes, preuve absolue, indépassable, de la puissance divine »10 [10]. Il convient d’ailleurs de reconnaître la visée éminemment pastorale de ces affirmations : puisque Jésus-Christ est le Seigneur et chef de toute la création, des choses invisibles autant que des choses visibles11 [11], les chrétiens n’ont pas à vivre dans la crainte ou à se laisser obnubiler par les forces cachées de l’univers.

Cela étant dit, le domaine invisible exerce encore une activité avec laquelle il faut compter. En écrivant à l’Eglise de Rome, Paul assure ses lecteurs que « le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds » (Rm 16.20), ce qui laisse entendre que cet événement n’a pas encore eu lieu. Dans le même sens, il dit aux Corinthiens que Christ ne remettra son règne au Père que lorsqu’il aura « réduit à l’impuissance toute domination, toute autorité et toute puissance » (1Co 15.24). C’est pourquoi, comme il le rappelle encore en Ephésiens 6.12 – passage sur lequel il nous faudra revenir –, nous avons à lutter, non « […] contre la chair et le sang, mais contre les principautés, contre les pouvoirs, contre les dominateurs cosmiques des ténèbres présentes, contre les esprits du mal dans les lieux célestes ». Le terme qui se traduit ici par « dominateurs cosmiques » (kosmokratores) – littéralement « princes universels » ou « seigneurs du monde » – est particulièrement intéressant. On le trouve plusieurs fois dans L’histoire d’Alexandre le Grand du Pseudo-Callisthène, au iie ou iiie siècle de notre ère, comme titre royal appliqué, entre autres, au Souverain grec que l’auteur tient pour héros et prince indomptable12 [12]. Ailleurs, il désigne des divinités grecques ou des puissances astrologiques13 [13]. Le moins que l’on puisse dire est que ce vocable ainsi que les autres dans ces versets insistent sur la force réelle – et réellement redoutable – des êtres spirituels que renferme le monde invisible. Il y a donc un combat qui se poursuit après la croix et, à un titre ou à un autre, ce combat concerne le chrétien.

Plus précisément, ces réalités spirituelles continuent d’être à l’œuvre dans le monde. En Ephésiens 2.2, l’apôtre évoque les péchés dans lesquels, dit-il, « […] vous marchiez autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion »14 [14]. Le lieu premier de l’activité de Satan est la sphère d’existence que Paul appelle le siècle présent, qui n’est pas un simple synonyme du monde matériel mais l’histoire humaine et l’humanité marquées par la révolte contre Dieu15 [15]. C’est même de cette puissance (exousia) que ceux qui sont en Christ ont été délivrés (Col 1.13). Si, à deux reprises, Paul dit avoir « livré à Satan » tel ou tel membre de l’Eglise, c’est certainement avec l’idée qu’il les place à nouveau dans le monde non chrétien où Satan a encore une activité et un pouvoir réel16 [16].

Paul est également conscient de l’influence néfaste que ces puissances peuvent avoir sur les chrétiens : Satan a la capacité de tenter les croyants, il peut « prendre l’avantage sur nous »17 [17]. Cela peut même, par moments, prendre la forme d’empêchements matériels : en 2 Corinthiens 12.7, l’apôtre affirme qu’un ange de Satan s’est présenté « pour me souffleter », dit-il, probablement en lien avec sa condition physique. En écrivant aux Thessaloniciens, il les informe qu’il avait voulu se rendre chez eux par deux fois « mais Satan, poursuit-il, nous en a empêchés » (1Th 2.18). Enfin, il avertit Timothée que les responsables d’Eglise peuvent courir le danger de « tomber […] dans les pièges du diable » (1Tm 3.7). L’expression revient en 2 Timothée 2.26, où l’apôtre exprime l’espoir que ceux qui s’y sont ainsi fait prendre pourront se dégager « des pièges du diable, qui s’est emparé d’eux pour les soumettre à sa volonté »18 [18]. Très clairement, la dimension invisible, spirituelle, de la réalité – entendre par là l’influence de Satan et de ses serviteurs – est, pour Paul, une réalité qui exerce encore à présent une influence dangereuse. Si cela vaut pour ceux qui appartiennent au monde non chrétien, ce n’est pas moins vrai pour les croyants, qui ont placé leur confiance en Christ.

B. Activité démoniaque et religions païennes : 1 Corinthiens 8-10

1 Corinthiens 8-10 illustre ce point de façon particulièrement forte. Dans ces chapitres, Paul se heurte à un problème concret : certains membres de l’Eglise de Corinthe n’avaient pas de scrupule à prendre part aux festins organisés dans des temples païens où une partie de la viande était offerte au dieu auquel appartenait le lieu et une autre partie consommée sur place par les convives19 [19]. Dans la perspective de l’Antiquité, cette participation au repas partagé avec le dieu établissait un lien avec lui et mettait ceux qui mangeaient sous sa protection. Or, le raisonnement des chrétiens corinthiens semble avoir été le suivant : puisque – « comme on le sait » (8.1) – les dieux auxquels sont dédiés ces temples ne sont que des idoles muettes, la participation aux fêtes célébrées en leur honneur ne pose pas de problème de fond (8.4-6). De plus, le chrétien bénéficie du baptême, marque de l’appartenance au Christ, et de la cène par laquelle il est mis en communion avec lui. Fort d’une telle connaissance et de cette protection sacramentelle du Seigneur, le croyant est donc à l’abri de toute influence néfaste (10.1-5).

Il ne faut pas sous-estimer la difficulté pratique que ce genre de situation créait pour l’Eglise, sans doute plus sournoise qu’il n’y paraît. En effet, dans le monde gréco-romain, toute sortes d’événements à caractère social s’organisaient autour de tels banquets : repas d’affaires, anniversaires ou rencontres entre amis et connaissances. Parmi les témoignages à ce sujet, nous pouvons citer l’invitation suivante, datant du iie siècle après J.-C. et provenant d’Oxyrhynque, ville importante en Egypte à l’époque : « Diogène t’invite à prendre un repas autour du premier anniversaire de sa fille, dans le temple de Sérapis, demain […] à partir de la huitième heure. »20 [20] La banalité même de l’invitation confirme le caractère habituel de la pratique. Il devait être considéré de bon ton de participer à de tels banquets en tant que citoyen, membre de telle ou telle guilde ou, tout simplement, voisin, le contraire passant logiquement pour une attitude antisociale et pouvant même être préjudiciable pour la réputation ou les affaires. Notons tout de même que, dans ces banquets, il n’y avait pas que de la nourriture ; le repas était régulièrement suivi, surtout pour les hommes, de beuveries, lesquelles pouvaient s’accompagner de divertissements ou autres activités d’ordre sexuel21 [21]. Paul pouvait craindre à juste titre qu’en voyant les membres « forts » de l’Eglise fréquenter les « hauts lieux » de l’idolâtrie païenne, d’autres chrétiens – les « faibles » – ne soient tentés d’en faire autant et ne finissent par retourner dans le paganisme dont ils venaient de sortir (1Co 8.10-11)22 [22].

Relevons simplement deux éléments de la réponse de Paul : premièrement, l’apôtre s’accorde avec les « forts » pour dire qu’il n’y a, en effet, qu’un seul Dieu et un seul Seigneur, Jésus-Christ (8.4-6). Cependant – second point –, l’activité que ces chrétiens s’autorisent n’est pas seulement une pierre d’achoppement potentielle pour les « faibles ». Elle représente un danger tout aussi grand pour « les forts » eux-mêmes. Cela est vrai sur le plan des mœurs (10.1-13), mais aussi au niveau proprement spirituel, car, derrière les idoles, il n’y a pas rien. Paul le souligne en 10.20-21 :

Ce qu’on sacrifie, on le sacrifie à des démons et non à Dieu ; or je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons. Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur et la coupe des démons ; vous ne pouvez avoir part à la table du Seigneur et à la table des démons. Voulons-nous provoquer la jalousie du Seigneur ? Sommes-nous plus forts que lui ?

Paul reprend ici une conviction courante dans le judaïsme de l’époque : derrière les dieux des nations se cachent des puissances démoniaques23 [23]. L’idolâtrie n’est pas une pratique vide d’activité spirituelle et les idoles ne renvoient pas qu’à des personnages fictifs et impuissants. Loin d’être un lieu neutre, l’idolâtrie – et les religions païennes de façon générale – sont un terrain fertile pour une activité démoniaque insoupçonnée, notamment lorsque cela s’accompagne de comportements moralement douteux.

C. Mise en perspective des données

Faisons ici une première mise en perspective : pour Paul, le diable et la sphère spirituelle représentent un danger réel. Satan est capable de séduire les non-croyants24 [24] mais il peut aussi tenter les croyants et il forme des desseins contre l’Eglise. Le domaine surnaturel, démoniaque, est une réalité avec laquelle il faut compter. Toutefois, à ces constats il faut immédiatement ajouter que, en dehors des passages que nous venons de passer en revue, il en est relativement peu question chez l’apôtre. Cela est vrai notamment en ce qui concerne la vie chrétienne « normale » ; Paul n’exhorte jamais ses lecteurs à entreprendre des activités pour lier l’activité du diable ou à engager un combat avec les démons. De plus, face aux tentations par lesquelles Satan cherche à séduire les chrétiens, la réaction que Paul attend de ceux-ci est toujours indirecte ; il ne dit jamais à ses lecteurs de diriger leur action contre Satan mais uniquement contre leur propre conduite et, positivement, de rechercher une attitude de foi et d’obéissance. Pour Paul, Satan peut profiter des « failles » ou « brèches » déjà ouvertes : des comportements qui rendent les croyants vulnérables à ses attaques, des domaines où, par un manque de vigilance ou une nonchalance face au péché, ils donnent une prise à son influence. Mais la solution se trouve dans une attention portée non contre Satan, mais contre leurs propres faiblesses spirituelles. L’exhortation que Paul donne aux chrétiens de Thessalonique est tout à fait typique de ce que l’on voit dans l’ensemble de ses épîtres :

Ce que Dieu veut, c’est votre sanctification ; c’est que vous vous absteniez de l’inconduite ; c’est que chacun de vous sache tenir son corps dans la sainteté et l’honnêteté, sans se livrer à une convoitise passionnée comme font les païens qui ne connaissent pas Dieu ; que personne, en affaires, n’use envers son frère de fraude ou de cupidité : le Seigneur fait justice de tout cela, nous vous l’avons déjà dit et attesté. Car Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté, mais à la sanctification. (1Th 4.3-7)

L’apôtre fait appel, ici comme ailleurs, à un comportement éthique visant directement les croyants, engageant leur responsabilité à l’égard de l’obéissance, et il les exhorte pour cela à s’appuyer sur le secours de l’Esprit qui agit en eux. En d’autres termes, le champ d’action des chrétiens, sur le plan personnel, est leur propre vie et leur propre conduite. De même, lorsque Paul proclame l’Evangile, sa pratique habituelle – pour autant que nous puissions la restituer d’après les Actes – n’est pas de « prendre possession des lieux » ou de « proclamer la domination du Christ sur les pouvoirs » de telle région mais de laisser l’Evangile faire son œuvre dans la vie de ceux qui l’entendent. Autrement dit, de façon générale, la proclamation de la bonne nouvelle de Jésus-Christ est suffisante pour fonder l’Eglise et la vie chrétienne.

Nous pouvons donc formuler une première conclusion : les épîtres pauliniennes nous invitent à une perspective équilibrée sur le combat chrétien et la lutte contre les puissances invisibles. Les croyants doivent être conscients de la dimension spirituelle de la réalité, y compris en ce qui concerne leurs propres actes. Pour autant, la vie chrétienne « normale » ne se caractérise pas par une préoccupation particulière vis-à-vis de cette question mais par un attachement toujours renouvelé à Dieu en Christ et à sa volonté de sanctification.

2. Le combat spirituel d’après Ephésiens 6.10-20

Ephésiens 6.10-20 constitue le passage où Paul développe le plus le combat en lien avec les puissances invisibles. Il importe de dire quelques mots sur le contexte littéraire de ce passage, car cela aura des répercussions pour la suite : rappelons tout d’abord la distinction, bien connue, entre la partie « indicative » de l’épître, où l’apôtre rappelle et approfondit ce que les chrétiens ont en raison de leur appartenance au Christ (les chapitres 1-3), et la partie « impérative », où il développe les activités et comportements qui doivent en découler (les chapitres 4-6). Cette structure est confirmée par les modes des verbes. En Ephésiens 1-3, un seul verbe est à l’impératif, qui est significativement « souvenez-vous » (2.11) : Paul rappelle aux non-Juifs ce qu’ils avaient été autrefois et ce qu’ils ont maintenant reçu en Christ. En revanche, à partir du chapitre 4, les impératifs abondent : pas moins de quarante ! Ephésiens 6.10-20 constitue ce que l’on appelle en termes rhétoriques la peroratio, la « péroraison » ou conclusion littéraire de la partie parénétique et, plus généralement, de l’ensemble de la lettre. Il résume ainsi certains aspects essentiels de l’épître, tout en livrant une exhortation finale25 [25]. C’est dans ce contexte que Paul dit, aux versets 10-12 :

Au reste, fortifiez-vous dans le Seigneur et par sa force souveraine. Revêtez-vous de l’armure de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les machinations du diable. Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les principautés, contre les pouvoirs, contre les dominateurs cosmiques de ces ténèbres, contre les esprits du mal dans les lieux célestes26 [26].

Paul a déjà fait référence à ces pouvoirs dans les chapitres précédents. C’est sur eux que Dieu a imposé sa domination en ressuscitant le Christ d’entre les morts et en le faisant asseoir à sa droite27 [27]. Tout en continuant à être actifs dans le monde, ils ont dû reconnaître la sagesse de Dieu révélée en Christ28 [28]. Si Paul y revient ici, c’est pour souligner que la vie chrétienne comporte réellement un conflit dans ce domaine. Calvin fait remarquer, à juste titre, qu’en précisant que la lutte se situe « non contre la chair et le sang », mais contre les puissances célestes, Paul met en évidence la gravité du combat. L’apôtre, en effet :

[…] exprime encore mieux le danger en montrant quelle est la nature de notre ennemi ; et même il amplifie la chose par comparaison, quand il dit que nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang. Car il déclare qu’il y a beaucoup plus de difficulté que s’il fallait combattre contre les hommes. Car on peut résister à un homme par la force humaine : il y a épée contre épée, et l’homme a affaire à un homme ; c’est force contre force, et ruse contre ruse. Mais il est bien ici question d’une autre chose : car ce sont des ennemis contre lesquels la force humaine ne se peut défendre, quelle qu’elle soit29 [29].

Ceci dit, la question se pose : de quelle lutte s’agit-il ? Relevons, en guise de réponse, trois choses en rapport avec ce passage.

1. D’abord la métaphore de l’armure. Le terme panoplia, aux versets 11 et 13, est souvent traduit par « armes », ce qui pourrait donner l’idée d’une action essentiellement offensive contre Satan30 [30]. Le terme se réfère pourtant, plus globalement, à l’armure. Les armes à proprement parler en font partie mais comme une composante de l’ensemble31 [31]. Ici, à l’exception de « l’épée de l’Esprit, qui est la Parole de Dieu », il s’agit de ce dont les croyants sont appelés à se revêtir : « la ceinture » qu’est la vérité, « la cuirasse de la justice » (ton thôraka tês dikaiosynês), « les chaussures » représentant « les bonnes dispositions que donne l’Evangile de paix », « le bouclier de la foi » et « le casque du salut (tên perikephalaian tou sôtêriou) » (v. 14-17). C’est l’armure nécessaire pour « tenir ferme » et « résister » aux attaques de Satan (v. 11, 13)32 [32]. Significativement, l’imagerie développe celle du livre d’Esaïe où elle représente les attributs de Dieu lui-même :

[Le Seigneur] vit qu’il n’y avait pas un homme ; il regarda et il n’y avait personne pour venir en aide. Alors, il les a défendus par son bras, il les a établis par sa miséricorde et il s’est revêtu de la justice comme d’une cuirasse (kai enedysato dikaiosynên hôs thôraka), il a mis sur sa tête le casque du salut (perikephalaian sôtêriou) ; il s’est revêtu de son habit de vengeance et de sa tunique, comme celui qui devait rendre le reproche aux adversaires. (Es 59.16-18)33 [33]

Paul approfondit l’image du prophète par l’ajout d’autres éléments34 [34], mais les aspects communs aux deux textes suggèrent que ce dont les chrétiens sont appelés à « se revêtir » doit se comprendre dans une même perspective. En d’autres termes, la « cuirasse de justice » – par exemple – ne concerne pas tant le comportement ou les attitudes justes des croyants que la justice de Dieu lui-même. Cette mise en avant de l’origine divine de l’armure est évidente lorsque l’apôtre exhorte ses lecteurs à prendre sur eux « le casque du salut » (v. 17) ; il s’agit de trouver leur protection dans le salut en Christ. Mais cela vaut aussi pour la vérité (v. 14) : celle-ci n’est pas d’abord les dispositions sincères du chrétien mais la vérité de Dieu. De même, l’unique arme dont il est question – « l’épée » (v. 17) – ne tient pas son efficacité de la force personnelle de celui qui la brandit : sa puissance se trouve en ce qu’elle est la parole de l’Evangile portée par l’Esprit. Les « chaussures » représentant les « bonnes dispositions que donne l’Evangile de paix » méritent une explication à part (v. 15)35 [35]. L’expression est discutée. Pour certains, il faudrait lui donner le sens d’« équipement », sens que le mot hetoimasia a d’ailleurs en grec moderne36 [36]. Pour ce qui est des chaussures elles-mêmes, l’image semble évoquer les calligae, chaussures cloutées que portaient les soldats afin de tenir fermement le terrain sans risque de déraper37 [37]. Mais même s’il faut retenir l’idée de « préparation » (Darby), de « zèle » (Bible de Jérusalem) ou d’« élan » (TOB), ce qui reflète probablement l’idée générale de Paul, il s’agit bien d’un enracinement dans l’Evangile.

Sans doute faut-il éviter, dans cette description de l’armure, de tout « objectiver » ; la foi, qui est le « bouclier » dans le combat (v. 16), est plutôt la foi subjective des croyants que le contenu de la foi. Mais l’idée d’ensemble est claire : ce qui permettra aux chrétiens de tenir bon n’est pas leur force propre. C’est celle du Seigneur qui les protège, tout comme l’armure protège un soldat qui, sans elle, serait exposé, vulnérable aux attaques. C’est ce que suggère déjà le verset 10 : « Fortifiez-vous dans le Seigneur et par [ou ‹dans›] sa force souveraine38 [38]. » C’est en Christ que le chrétien puisera ses ressources pour le combat. La tournure précise de ce verset le confirme, puisque nous la retrouvons en Ephésiens 1.19 – et là seulement – où Paul parlait de « la grandeur surabondante de sa puissance envers nous qui croyons selon l’action souveraine de sa force39 [39] ». En définitive, l’expression « revêtir l’armure du Seigneur » est, suivant la formulation de A.T. Lincoln, « l’équivalent fonctionnel de ‹revêtir l’homme nouveau » (Ep 4.24)40 [40]. Revêtir l’armure pour le combat, c’est revêtir le Christ lui-même.

2. Malgré sa proximité avec la description des versets 14-17, la prière (v. 18) ne fait pas partie, à proprement parler, de l’armure que les chrétiens doivent endosser ; à la différence des autres éléments, Paul ne la présente pas par le biais d’une image. La prière sous-tend en réalité l’ensemble de la métaphore41 [41]. D’une certaine façon, nous pourrions dire que c’est elle l’apport « subjectif » du chrétien. Cependant, même là, il convient de nous rappeler que la prière n’est pas une force en soi ; c’est le cri du croyant pour que le Seigneur intervienne, qu’il protège et que – dans des situations précises – il fasse valoir la victoire du Christ.

3. La question reste pourtant posée : où se manifestent précisément les « machinations du diable » dont il est question au verset 11 et en quoi consistent-elles ? Revenons ici au contexte littéraire. Nous avons vu plus haut que ces versets constituent la peroratio, ou partie conclusive de l’épître et notamment de la partie parénétique. Ils résument et reformulent, dans une autre perspective, ce qui a été présenté dans les chapitres précédents. Comme l’écrit encore Lincoln :

La place de la péricope dans la lettre est évidemment en rapport avec sa fonction de peroratio, servant à résumer quelques-uns des thèmes généraux de la lettre de façon percutante, par le biais d’une imagerie différente42 [42].

D’où la question : si Paul résume ce qu’il a déjà dit, que résume-t-il exactement ? En Ephésiens 4.1-5.2, il a donné des exhortations en rapport avec l’Eglise, corps du Christ ; d’abord de façon générale (4.1-16), puis en se concentrant sur les aspects pratiques de cette vie communautaire (4.25-5.2). En 5.3-20 il a traité de la vie personnelle des croyants. Enfin, en 5.21-6.9 il a passé en revue les relations au sein de la maisonnée chrétienne, présentée comme ecclesia domestica.

Or, si Ephésiens 6.10-20 résume et reformule les exhortations précédentes, il en découle que Paul ne parle pas d’autre chose dans ces versets que de ce qu’il a déjà développé dans le corps de la lettre. En d’autres termes, la lutte contre les pouvoirs spirituels se fait dans le contexte de la vie chrétienne normale, telle qu’elle est décrite, notamment, dans les chapitres 4 et suivants. Là où Satan dirige ses attaques contre les chrétiens, c’est avant tout au sein des relations dans l’Eglise et dans la vie familiale ou professionnelle, comme aussi dans la conduite éthique des chrétiens. Cela a des conséquences pour le conflit spirituel. En soulignant que l’armure du chrétien se trouve en Christ, dans sa parole, dans l’appropriation toujours renouvelée de son salut et en lien avec les situations habituelles de la vie quotidienne, Paul laisse entendre que le croyant livrera ce combat non en se concentrant sur les puissances spirituelles comme telles, mais en développant une vie de sainteté et d’amour pour les autres, une existence enracinée en Christ. Autrement dit : si la lutte se situe bien en rapport avec le monde invisible, elle a pourtant un caractère – encore une fois – indirect ; elle vise, plutôt que Satan lui-même, les attitudes et comportements qui pourraient troubler les relations entre frères et sœurs en Christ ou encore les actes concrets qui seraient en contradiction avec « la vocation qui leur a été adressée »43 [43].

Cela étant dit, si cette finale d’Ephésiens n’est en définitive qu’une autre façon de formuler ce que Paul a dit précédemment, quelle importance peut-il y avoir à parler de Satan aussi ? C’est, sans aucun doute, parce que l’apôtre est soucieux d’exposer les soubassements moins visibles de la vie chrétienne. Ces versets sont là pour rappeler aux chrétiens que les difficultés et tentations auxquelles ils peuvent être confrontés dans leur vie de tous les jours ont aussi une dimension invisible. Puisque, dans leurs circonstances quotidiennes, les croyants sont aux prises avec des réalités surnaturelles (ou « supranaturelles »), il leur est d’autant plus important de s’enraciner constamment dans la grâce du Christ, qui siège lui aussi « dans les lieux célestes », comme Paul le rappelle dès les premiers versets de l’épître (Ep 1.3, 20). Celui de qui ils tirent leur force est celui-là même qui, par sa résurrection et son ascension, a été placé au-dessus de tout nom qui peut se nommer. Il importe d’en être conscient, de prendre au sérieux cette réalité essentiellement invisible et de s’enraciner en Christ, d’autant plus que les attaques les plus sournoises ne viendront pas nécessairement sous forme de manifestations spectaculaires et effrayantes, mais se présenteront dans le vécu banal, parfois difficile et problématique, de la vie communautaire ou familiale.

Conclusion

Les épîtres – qui permettent de percevoir la vie chrétienne normale – laissent deviner un comportement à cultiver étonnamment… « normal » ! L’existence chrétienne d’après Paul ne se caractérise pas tant par des signes ou expressions extraordinaires de puissance surnaturelle que par une vie où se conjuguent essentiellement trois choses : l’attachement constamment renouvelé au Dieu qui nous a comblés de sa grâce en Christ, un amour concret envers tous, tout spécialement envers ceux qui font partie de son corps l’Eglise, et un comportement éthique progressivement transformé, puisque modelé par l’Esprit, en l’image du Fils.

Certes, il y a là un contraste indéniable avec les évangiles synoptiques où les exorcismes sont nombreux44 [44]. Il en est de même des Actes, bien que la fréquence de tels phénomènes soit nettement moindre45 [45]. Cette différence avec les épîtres s’explique, croyons-nous, par le contexte : le Fils de Dieu vient établir son royaume et apporter son salut, ce qui implique que « l’homme fort » doit être lié et ses biens « pillés »46 [46]. Dans ce conflit entre deux mondes et deux éons, Satan s’oppose de toutes ses forces au Christ ; il « joue le tout pour le tout ». La situation immédiatement après la résurrection du Christ est analogue : du fait qu’il sera donné aux apôtres d’opérer des « signes et prodiges » confirmant leur authenticité en tant que témoins et porte-parole normatifs du Ressuscité, ils devront attester par leur action la suprématie du Christ sur le monde surnaturel47 [47]. Cependant, à ces descriptions, d’une part, et aux indications explicites des épîtres, d’autre part, il faut intégrer la victoire de la croix. Comme nous l’avons vu en début d’article, pour Paul, Dieu a réellement « dépouillé les principautés et les pouvoirs, et les a publiquement livrés en spectacle, en triomphant d’eux par la croix »48 [48]. S’ils existent encore, s’ils ont encore une certaine activité, leur emprise a bien été brisée par le tombeau vide.

En disant cela, il ne s’agit nullement de nier la réalité d’un conflit avec « l’ennemi de nos âmes », l’ensemble des textes pauliniens le montre bien. En outre, la mise en avant des données bibliques laisse ouverte la possibilité que, dans un certain nombre de situations « frontières », là en particulier où des pratiques occultes sont de mise, des activités démoniaques soient plus fortes et plus visibles et que les chrétiens doivent agir de façon directe. Mais il importe de distinguer entre ces circonstances, par définition exceptionnelles, et la vie chrétienne normale.

En effet, la vie chrétienne habituelle selon Paul a un certain caractère, disons, « banal », loin du spectaculaire pour ce qui est du rapport avec le monde invisible. Avant toute autre chose, elle prend son départ et se développe en lien avec le Christ qui se découvre dans sa Parole et au sein de sa communauté. Par l’Esprit, elle puise ses forces en lui ; et elle s’oriente, tout entière, vers le Père que ce Fils nous a fait connaître. Pour peu extraordinaire que cela puisse paraître, une telle existence donne une définition assez exacte de ce qu’est l’être humain, en tant qu’image de Dieu, dont le comportement se définit, essentiellement, par le double commandement d’amour : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force, et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Marc 12.30-31)


  1.  Rm 16.20 ; 1Co 5.5 ; 7.5 ; 2Co 2.11 ; 11.14 ; 12.7 ; 1Th 2.18 ; 2Th 2.9 ; 1Tm 1.20 ; 5.15.↩︎ [49]

  2.  Ep 4.27 ; 6.11 ; 1Tm 3.6-7 ; 2Tm 2.26.↩︎ [50]

  3.  2Co 6.15.↩︎ [51]

  4.  2Co 4.4. Cf. aussi Ep 2.2 (« le prince de la puissance de l’air »). Sauf indication, les citations bibliques sont tirées de la Bible Segond révisée, dite « à la Colombe ».↩︎ [52]

  5.  1Co 15.24 ; Ep 1.21 ; 3.10 ; 6.12 ; Col 1.13, 16 ; 2.10, 15.↩︎ [53]

  6.  Walter Wink, notamment, a développé cette dernière perspective dans une série de livres qui a exercé une grande influence, commençant par son Naming the Powers, Minneapolis, Fortress Press, 1984.↩︎ [54]

  7.  Jean-Noël Aletti, Saint Paul. Epître aux Ephésiens (coll. EB 42), Paris, Gabalda, 2001, p. 102, souligne avec raison que le contexte de Ep 2.21 « […] invite à considérer toutes les puissances, des plus élevées, célestes donc, aux plus basses, humaines, car en ajoutant que Christ est supérieur à tout nom [qui puisse être] nommé, Paul entend donner à la liste la plus grande extension possible – il ne procède pas par sélection, mais par accumulation ». Cf. aussi Peter T. O’Brien, Lettre aux Ephésiens (coll. SE), Trois Rivières, Editions Impact, 2013, p. 220-224 ; id., « Principalities and Powers and Their Relationship to Structures », Reformed Theological Review 40 (1981), p. 1-10 ; Andrew T. Lincoln, Ephesians (coll. WBC 42), Grand Rapids, Zondervan, 1990, p. 62-65 ; Stephen E. Fowl, Ephesians. A Commentary (coll. NTL), Louisville, Westminster John Knox Press, 2012, p. 61-62, et d’autres.↩︎ [55]

  8.  Col 1.16 ; 2.10.↩︎ [56]

  9.  1Co 15.24 ; Ep 1.21 ; 2.2 ; 3.10 ; 6.12 ; Col 1.13, 16 ; 2.10, 15.↩︎ [57]

  10.  J.-N. Aletti, Epître aux Ephésiens, p. 102.↩︎ [58]

  11.  Col 1.16.↩︎ [59]

  12.  Historia Alexandri Magni, Recensio α sive Recensio vetusta, 1.12.8.5 et passim.↩︎ [60]

  13.  Cf. [kratos, krateô, krataioô, krataios, kosmokratôr, pantokratôr, perikratê] in Moises Silva (éd.), New International Dictionary of New Testament Theology and Exegesis, t. IV, Grand Rapids, Zondervan, 20142, p. 267 (NIDNTTE par la suite), et Wilhelm Michaelis, [kosmokratōr], in G. Kittel, et al. (éds.), Theological Dictionary of the New Testament, t. III, Grand Rapids, Eerdmans, 19744, 913.↩︎ [61]

  14.  La formulation ici distingue entre, d’une part, « le chef de la puissance de l’air », s’identifiant clairement à Satan, et, d’autre part, l’esprit qui agit parmi (ou dans) les fils de la rébellion », lequel semble s’assimiler à « la puissance de l’air ». Quel est, précisément, cet esprit ? Les commentateurs sont partagés. Nous sommes tentés de l’identifier, avec d’autres, à « l’esprit du temps », le Zeitgeist en quelque sorte qui caractérise la société dans ses orientations globales. Cf., par exemple, la discussion in A.T. Lincoln, Ephesians, p. 94-97.↩︎ [62]

  15.  Cf. [Satan, Satanas], in NIDNTTE, t. IV, p. 267.↩︎ [63]

  16.  Cf. ibid. : « Derrière ces instructions disciplinaires se trouve la conception juive de Satan comme maître de la mort et de la destruction, celui qui est chargé d’exécuter la colère divine. L’appartenance à la communauté avait obtenu la libération de sa domination et c’est dans le domaine de sa seigneurie que le coupable est maintenant renvoyé. » A noter que ce renvoi dans la sphère de domination de Satan peut être la conséquence plus ou moins naturelle d’un éloignement du « bon dépôt de la foi », ce que Paul assimile à l’adhésion à « des doctrines de démons » (1Tm 4.1). C’est sans doute pour cela qu’il écrit, un peu plus loin, au sujet de certaines femmes ayant quitté la foi : « […] déjà quelques-unes se sont détournées pour suivre Satan. » (1Tm 5.15)↩︎ [64]

  17.  1Co 7.5 ; 2Co 2.11. Cf. aussi 1Th 3.5.↩︎ [65]

  18.  Lorsque Paul met Timothée en garde contre le danger de confier trop rapidement la charge d’ancien à un jeune converti, « de peur qu’enflé d’orgueil il ne tombe sous le jugement du diable » (1Tm 3.6), il faut sans doute comprendre « le châtiment que le diable inflige/provoque ». Cf. Philip H. Towner, The Letters to Timothy and Titus (coll. NICNT), Grand Rapids-Cambridge, Eerdmans, 2006, p. 258.↩︎ [66]

  19.  Les parties restantes étaient ensuite vendues sur le marché, ce qui posait une autre question, à laquelle Paul répond plus sommairement en 10.25-27.↩︎ [67]

  20.  P.Oxy. 36, 2791 (traduction personnelle). Le texte peut être consulté en ligne : http://papyri.info/ddbdp/p.oxy;36;2791?rows=3&start=34&fl=id%2C title&fq=series_led_path%3Ap.oxy%3B36%3B*%3B*&sort=series+asc%2Cvolume+asc%2Citem+asc&p=35&t=44 (dernier accès le 16/01/2019).↩︎ [68]

  21.  Cf. Ben Witherington III, Conflict & Community in Corinth. A Socio-Rhetorical Commentary on 1 and 2 Corinthians, Grand Rapids-Carlisle, Eerdmans-Paternoster, 1995, p. 190-195. Selon Gordon Fee, The First Epistle to the Corinthians (coll. NICNT), Grand Rapids, Eerdmans, 1987, p. 456, les exemples d’immoralité d’Israël en 1Co 10.7-8 suggèrent vraisemblablement que Paul pense, entre autres, à de tels divertissements ; le comportement du peuple avec ses conséquences désastreuses sont là, précisément, affirme-t-il, comme un avertissement pour l’Eglise (v. 6, 11 et 12).↩︎ [69]

  22.  On considère parfois que la question centrale dans ces chapitres est de savoir si les Corinthiens pouvaient, ou non, manger de la viande sacrifiée aux idoles et vendue ensuite sur le marché. Cf. toutefois Ben Witherington III, Conflict & Community in Corinth, p. 186-187, et G. Fee, The First Epistle to the Corinthians, p. 357-363, pour une interprétation proche de la nôtre. Pour ce dernier exégète, « la meilleure façon de rendre justice à l’ensemble des données est de considérer que 8.10 et 10.1-22 abordent le problème essentiel auquel Paul, dans l’ensemble de cette section, tente d’apporter la solution ». Ce qui pose problème, « ce n’est pas la nourriture achetée sur la place publique mais la participation aux repas cultuels dans les temples païens » (ibid., p. 359).↩︎ [70]

  23.  Par un jeu d’intertextualité transparent, Paul fait allusion au Cantique de Moïse en Deutéronome 32 : « Ils ont sacrifié à des démons et non à Dieu, à des dieux qu’ils ne connaissaient pas […]. Ils ont provoqué ma jalousie par ce qui n’est pas un dieu, ils m’ont irrité par leurs idoles » (Dt 32.17, 21 [LXX], traduction personnelle). Cf. aussi Ps 96.5 (« Car tous les dieux des peuples sont de faux dieux, mais l’Eternel a fait les cieux ») que la LXX (Ps 95.5) a traduit : « Car tous les dieux des nations sont des démons (daimonia), mais le Seigneur a fait les cieux » (traduction personnelle).↩︎ [71]

  24.  En 2Th 2.9, Paul va jusqu’à dire que l’apparition de « l’homme impie » (à identifier très probablement à l’antichrist qui, à la fin de l’histoire, portera la révolte humaine contre Dieu à son apogée) « se fera, par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers ».↩︎ [72]

  25.  Ainsi, par exemple, A.T. Lincoln, Ephesians, p. xliv : « En termes rhétoriques, l’exhortation de 6.10-20 doit être considérée comme la partie principale de la peroratio. Il fournit un dernier appel percutant adressé aux lecteurs, résumant la nécessité de garder tout ce qui relève de leur vocation dans cette bataille contre les forces hostiles qui s’opposent à eux, et il tente de les stimuler à une action appropriée par le triple emploi du verbe ‹tenir ferme›. » J.-N. Aletti, Epître aux Ephésiens, p. 305, parle plutôt d’épilogue, ou de « conclusion […] de toute la lettre, qui mentionne succinctement et rassemble la plupart des thèmes abordés dans les chapitres antérieurs ».↩︎ [73]

  26.  Traduction personnelle.↩︎ [74]

  27.  Ep 1.21.↩︎ [75]

  28.  Ep 2.2 ; 3.10.↩︎ [76]

  29.  J. Calvin, Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament : Epîtres aux Galates, Ephésiens, Philippiens et Colossiens, Aix-en-Provence-Fontenay-sous-Bois, 1978, p. 236 (italiques dans le texte).↩︎ [77]

  30.  Cf., par exemple, Segond révisée (Colombe), Nouvelle Bible Segond, Nouvelle Edition de Genève, Français courant et Parole de vie.↩︎ [78]

  31.  Cf. [Panoplia] in W. Arndt et al., A Greek-English Lexicon of the New Testament and Other Early Christian Literature, Chicago, University of Chicago Press, 2000, p. 754 (BDAG dans la suite), et NIDNTTE, t. IV, p. 525. Le Grand Bailly le définit ainsi : « Armure complète d’un hoplite (c.-à-d. le bouclier, le casque, la cuirasse, les cuissards, l’épée et la lance). »↩︎ [79]

  32.  A.T. Lincoln, Ephesians, p. 446, remarque le lien entre l’armure et l’exhortation à tenir ferme « dans le mauvais jour » (v. 13) et relève la perspective fortement eschatologique de la présentation : « L’insistance de l’auteur ne doit pas être oubliée […]. Elle consiste à souligner l’efficacité de l’armure divine, et ceci en référence particulière à l’avenir. Cette armure est la seule chose qui permet aux croyants de tenir bon maintenant, comme aussi lorsque le mauvais jour arrivera. »↩︎ [80]

  33.  LXX, traduction personnelle. Cf. aussi 1Th 5.8 : « Nous qui sommes du jour, soyons sobres : revêtons la cuirasse (thôraka) de la foi et de l’amour, ainsi que le casque (perikephalaian) de l’espérance du salut. »↩︎ [81]

  34.  En effet, l’image est également élaborée à partir de Es 11.5 et 52.7, comme le soulignent J.-N. Aletti, Epître aux Ephésiens, p. 303, P.T. O’Brien, Lettre aux Ephésiens, p. 627, et d’autres.↩︎ [82]

  35.  hetoimasia tou euaggeliou tês eirênês.↩︎ [83]

  36.  Cf. BDAG.↩︎ [84]

  37.  Ainsi, par exemple, A.T. Lincoln, Ephesians, p. 448-449, et John Eadie, A Commentary on the Greek Text of the Epistle of Paul to the Ephesians, Grand Rapids, Baker, 1979, p. 468-469.↩︎ [85]

  38.  kai en tô kratei tês ischyos autou.↩︎ [86]

  39.  kata tên energeian tou kratous tês ischyos autou.↩︎ [87]

  40.  A.T. Lincoln, Ephesians, p. 442. De même, P.T. O’Brien, Lettre aux Ephésiens, p. 626.↩︎ [88]

  41.  A.T. Lincoln, Ephesians, p. 451-452.↩︎ [89]

  42.  Ibid., p. 438.↩︎ [90]

  43.  Ep 4.1.↩︎ [91]

  44.  Cf. Mt 7.22 ; 8.16, 31 ; 9.33-34 ; 10.1, 8 ; 12.24 et passim.↩︎ [92]

  45.  Ac 5.16 ; 8.7 ; 16.16-18 ; 19.12-13, 15-16.↩︎ [93]

  46.  Mt 12.29 ; Mc 3.27.↩︎ [94]

  47.  Ac 8.13 ; Rm 15.18-19 ; 2Co 12.12 ; Hé 2.4.↩︎ [95]

  48.  Col 2.15.↩︎ [96]