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Présentation

PRÉSENTATION

L’année 2009 marquera le 500e anniversaire de la naissance de Jean Calvin. Cette année sera aussi le 450e année anniversaire de la prédication de ces sermons du Réformateur, en 1558. Cette conjonction nous donne l’occasion de republier ces textes1 [1] qui peuvent servir d’avant-goût à d’autres publications qui marqueront cette commémoration.

Un caractère de la pensée de Calvin qui marque toute son œuvre, qui est central dans l’Institution chrétienne ou son commentaire de l’Evangile de Jean, par exemple, est sa notion de Jésus-Christ comme Médiateur. Calvin présente le Médiateur à travers son œuvre, qui est indiquée par ses noms – Christ est le Messie-Oint, Jésus le Sauveur qui, en exerçant sa fonction de Médiateur, assume les trois offices de prophète, de prêtre et de roi. Jésus-Christ accomplit ainsi les promesses de l’ancienne disposition de l’alliance de façon définitive et la révélation trouve son unité en lui. Comme le Réformateur le disait, Dieu ne s’est jamais montré favorable à son ancien peuple sans Médiateur et (que), sans le Médiateur, il n’y a pas d’approche possible de Dieu ou pour ce peuple ou pour l’humanité en général.

Les trois offices de Christ distinguent la théologie de Calvin de ses prédécesseurs et constituent une originalité de sa théologie. Le fait que Calvin ajoute aux deux offices de roi et de sacrificateur, largement reconnus dans la tradition chrétienne, celui de prophète a fait couler beaucoup d’encre, et le fait a été souligné que l’office prophétique, central dans l’Institution, est presque absent des commentaires ou des prédications du Réformateur.

Avec Esaïe 53, nous sommes confrontés au Serviteur souffrant dans un contexte sacrificiel. Puisque la notion de sacrifice est capitale pour interpréter la rédemption chez Calvin, différente certes de l’accentuation d’Anselme, qui considérait la satisfaction de la croix comme une réparation et non comme une rétribution, il est normal qu’Esaïe 53 occupe une place importante dans la pensée de Calvin et dans sa construction de la doctrine de la réconciliation. En commentant le Symbole des Apôtres le Réformateur affirme:

«Ce qui a été figuré dans les sacrifices anciens de Moïse a été accompli véritablement en Jésus-Christ, qui est la substance et l’archétype des figures. C’est pourquoi, afin de réaliser notre rédemption, il a offert son âme en sacrifice de satisfaction pour le péché, comme le dit le prophète (Esaïe 53.5, 11); ainsi, toute l’exécration, qui nous était due en tant que pécheurs, a été rejetée sur lui et ne nous a plus été imputée… Le Père céleste a, en effet, aboli la force du péché, lorsque la malédiction du péché a été transférée dans la chair de Jésus-Christ (Romains 8.3). Cela signifie que Christ en mourant a été offert comme sacrifice expiatoire pour satisfaire le Père, afin que la réconciliation étant faite par lui, nous n’ayons plus à craindre l’horreur du jugement de Dieu.

On voit bien maintenant ce que signifie cette phrase du prophète: «L’Eternel a fait retomber sur lui la faute de nous tous» (Esaïe 53.6). En voulant effacer nos souillures, Jésus-Christ les a d’abord reçues en sa personne, afin qu’elles lui soient imputées. La croix a donc été un symbole de cela. En y étant attaché, il nous a délivrés de la condamnation de la Loi (comme le dit l’apôtre), puisqu’il a été fait péché pour nous – car il est écrit « Maudit soit quiconque est pendu au bois!» (Galates 3.13; Deutéronome 21.23) – ; et, ainsi, la bénédiction promise à Abraham a été répandue sur tous les peuples…

Nous avons cité plus haut le prophète Esaïe, qui dit que le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, qu’il était transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes (Esaïe 53.5). Cela signifie qu’il a été garant et répondant, qu’il s’est constitué le débiteur principal et comme un coupable, afin d’endurer toutes les punitions qui étaient préparées pour nous, afin de nous en libérer.»2 [2]

Cette théologie de la croix n’est guère à la mode aujourd’hui, éclipsée très largement dans tous les milieux chrétiens, ou presque, par celle de la «victoire»3 [3]. Ces sermons de Calvin sur Esaïe 53 nous donnent l’occasion d’approfondir les raisons bibliques, qui étaient sous-jacentes à son explication théologique dans l’Institution.

Paul Wells

Pâques 2008