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Portrait de Théodore de Mopsueste

Portrait de Théodore de Mopsueste

Sylvain J.G. SANCHEZ*

Nous pourrions prêter à Théodore les lignes que Marrou a consacrées à Augustin: « C’était avant d’étudier historiquement saint Augustin que sa pensée me paraissait relative, curieuse dans sa bizarrerie et son altérité […]. C’est au contraire maintenant que j’ai appris à le connaître et à le comprendre […] que la valeur de sa pensée m’est réellement accessible. »1 [1]

Théodore de Mopsueste2 [2] (350-428) appartient à l’âge d’or de la Patristique. Il est contemporain d’Augustin, de Jérôme et il a bien connu Jean Chrysostome. A la différence de ce dernier qui s’intéresse surtout à la pastorale et à l’ascèse, Théodore a une réputation de grand théologien et s’adonne davantage à la spéculation. Il est le plus célèbre représentant de l’école d’Antioche, derrière Diodore de Tarse et Jean « à la bouche d’or » (litt. Chrusos stoma).

Après avoir passé en revue sa jeunesse et les débuts de sa vocation, nous nous attarderons sur les querelles théologiques et sa condamnation posthume. Enfin, nous présenterons sa réhabilitation postérieure.

I. Sa vie et des débuts hésitants

Théodore appartient à une des familles aristocratiques de la grande métropole syrienne3 [3]. Il a reçu la même formation classique que son maître Diodore qui dirigeait une communauté près d’Antioche. Maxime, futur évêque de Séleucie, et Théodore ont étudié la rhétorique et la littérature ensemble auprès du célèbre Libanius4 [4]: ils ont reçu alors l’enseignement supérieur des sophistes5 [5]. C’est là qu’une amitié durable se noue avec Jean Chrysostome. Théodore peut alors s’engager dans la carrière habituelle aux jeunes gens de sa classe. Mais sous l’influence de Jean, il entre dans un groupe ascétique (askètèrion) qui se réunit dans les faubourgs d’Antioche pour mener une sorte de vie commune sous la direction de Diodore, futur évêque de Tarse, et de Cartérius.

Il reçoit le baptême à l’âge de 20 ans. Dans ce groupe d’ascètes, on se consacre à la prière et aux jeûnes, à l’étude biblique et aux exercices spirituels6 [6]. Les frères observent le célibat et se soumettent à une pauvreté relative. Ils vivent dans des salles communes, où ils prennent leurs repas et dorment. S’il leur arrive de sortir en ville, ils doivent porter un costume spécial, qui les distingue des séculiers, éviter de s’attarder dans les boutiques, et fuir la conversation des femmes. Ce groupe ascétique mène une certaine vie commune, sans constituer pourtant une institution proprement monastique ou un groupe séparé de fidèles. Dans l’askètèrion, on cherche à unir sagesse chrétienne et culture classique, selon l’idéal exprimé par de nombreux Pères grecs de l’époque. On y cultive une spiritualité qui n’est pas celle des moines mais celle des chrétiens dans le monde. Ces ascètes sont aussi des intellectuels: ils étudient les Livres saints en expliquant d’abord les épîtres pauliniennes et le Pentateuque, puis le psautier de David et les prophètes, pour finir par les évangiles7 [7].

Au cours de cette période, Théodore a fait probablement une retraite plus sévère dans les montagnes qui avoisinent Antioche. Mais son ardeur ne le soutient pas longtemps. Après trois mois de vie ascétique, il retourne dans le monde8 [8]. Ce retour à la vie profane est dû sans doute à une intervention étrangère. Théodore traverse donc une crise de foi et la tentation de tout arrêter est grande. Il quitte l’askètèrion pour s’occuper des affaires paternelles et songe même à se marier (il tombe amoureux d’une belle jeune femme nommée Hermione) et à devenir avocat. Nous avons un témoignage de cette période par la correspondance de Jean Chrysostome et Théodore de Mopsueste.

Jean envoie au jeune désespéré une longue lettre dans laquelle il lui reproche de trahir ses engagements spirituels par amour pour le siècle présent. Développant le thème du mariage, il montre au moine défaillant qu’il est lié à Dieu par son vœu de novice. En voulant se marier avec une femme, il commet un adultère. Jean prétend que son ami n’a plus la libre disposition de sa personne, comme c’est le cas de la femme dans le mariage. A ses yeux, Théodore a contracté un mariage spirituel avec Dieu par Christ. Jean rappelle aussi les critiques qui lui étaient adressées par les autres moines, plus ulcérés du départ de Théodore que soucieux de son salut.

Dans un traité ascétique postérieur9 [9] (à l’allure didactique et destiné à tout moine défaillant quant à la foi), Jean Chrysostome rapporte un fait comparable en tout point à la crise de son ami. Il s’agit de l’histoire du fils d’Urbanus, nommé symboliquement Phénix, qui se convertit, jeune, au christianisme, qui fait naufrage quant à la foi, et qui revient à Dieu par la suite en renonçant définitivement au monde. Bien des points de comparaison s’imposent entre Phénix et Théodore: la situation sociale des deux jeunes gens, également riches et de famille aristocratique; la retraite dans la montagne, retraite précipitée et qui ne permet point de terminer le cycle des études de rhétorique; la vie édifiante du novice que ses supérieurs jugent digne de l’initiation baptismale; le retour à la vie du monde, dû sans doute à une intervention d’amis qui lui rendaient visite au monastère; les critiques qui s’élèvent et le scandale qui se répand; l’initiative des moines pour ramener la brebis au bercail; le succès de leur entreprise.

Jean Chrysostome finit sa lettre en manifestant son affection à son frère déchu, mettant en pratique ce verset biblique: « Celui qui souffre a droit à la compassion de son ami même quand il abandonnerait la crainte du Tout-Puissant. »10 [10] Il conclut ainsi:

« Si nous comptons un peu pour toi et que tu ne nous aies pas tout à fait bannis de ta mémoire, daigne nous répondre, car ta lettre nous comblera de joie, mais aussi Ta Perfection capable de plus hautes pensées encore nous rendra service par sa missive et sa prière. Jouis d’une bonne santé, dans le Seigneur, c’est l’objet de ma prière. Amen. »11 [11]

A cette lettre, Théodore répond par ce que les manuscrits nous ont conservé sous le titre Réponse du moine déchu12 [12]. C’est un billet écrit par un jeune homme de 18 ans en pleine crise psychologique13 [13]. Celui-ci évoque sa tristesse et son affection: « Accueillez-moi plutôt comme un homme qui souffre d’une grande plaie, qui s’effraie des châtiments éternels. »14 [14] Il se plaint d’être abandonné par les frères du monastère et il les menace des mêmes maux que lui s’ils persistent dans leur attitude peu charitable. Il raille la mesquinerie et la dureté de cœur de ceux qui l’ont honni et abandonné. Il se sent isolé: « Je n’ai personne qui me porte secours. »15 [15] Il sollicite le secours de la prière: « Après avoir lu ma lettre, communiquez-la à toute la fraternité, priant sans cesse, pour que le pécheur revienne de son égarement. »16 [16] Théodore connaît une phase de dépression: il remet en cause sa vocation en pensant s’établir dans le monde. Il doute de son appel et pense repartir de zéro. Néanmoins, le remords le gagne et il sent qu’il passe à côté de quelque chose d’essentiel en renonçant à la vie chrétienne. Il culpabilise et se sent prisonnier de sa décision de tout abandonner. Il aimerait faire machine arrière mais cela lui semble un destin indépassable. Il écrit le billet à Jean à ce moment-là et certains passages nous dépeignent un homme tourmenté, enfermé dans ses pensées contradictoires, en proie à la déréliction. L’hésitation le paralyse; il supplie ses frères d’avoir compassion de lui et de ne pas lui fermer leur porte. Ayant du mal à s’exprimer tant son désarroi est grand, il préfère citer la Bible plutôt que se fier à sa propre éloquence: « Et du reste, limité du côté du verbe, j’oserai citer les divines Ecritures17 [17] […] C’est pour cela que ma mémoire m’ôte la parole, quand elle repasse sur ce qui est affligeant pour mon cœur, que ma voix est entrecoupée de larmes, quand ma mémoire pense au terrible malheur qui m’est arrivé, qu’elle songe qu’après avoir donné ma promesse au Christ, je me suis rangé sous les ordres de l’Antéchrist, que je me dis: ‹Après avoir commencé par l’Esprit, j’ai fini par la chair. »18 [18] Il doit certainement ressentir cruellement le verset de Pierre:

« En effet, si après s’être retirés des souillures du monde par la connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, ils s’y engagent de nouveau et sont vaincus par elles, leur dernière condition est pire que la première. Car mieux valait, pour eux, n’avoir pas connu la voie de la justice, que de l’avoir connue et de se détourner du saint commandement qui leur avait été donné. Il leur est arrivé ce que dit le proverbe véridique: ‹Le chien est retourné à son vomissement, et la truie à peine lavée va se vautrer dans le bourbier. » (2 P 2: 20-22)

Après cette crise passagère qui a été déterminante dans l’orientation de sa vie, Théodore revient de tout son cœur à Dieu et à son Corps pour s’adonner à une étude approfondie de la Bible. Il inaugure une activité pastorale et littéraire aux fruits abondants. En 392, il est élu évêque de Mopsueste non loin de Tarse, en Cilicie seconde. Ses charges le conduisent à assumer celles de tous les évêques à cette époque: conciles, discussions avec les hérétiques, élections et dépositions d’évêques, et surtout la prédication et l’évangélisation.

II. Les querelles christologiques et la condamnation ultérieure du cinquième concile

Infatigable travailleur, Théodore n’a cessé d’accumuler volume sur volume. Il est mort en 428 sans que son enseignement n’ait été suspecté. Il incarne les tendances de l’école d’Antioche dont l’exégèse, marquée par l’emploi du sens littéral, s’appuie sur une analyse historico-grammaticale minutieuse, ayant recours le moins possible à l’allégorie. La pensée directrice de cette école est teintée par l’influence du judaïsme: elle s’appuie sur le concret. En ce qui concerne la christologie, elle s’attache d’abord aux faits historiques, à la vie terrestre de l’homme Jésus sans perdre de vue pour autant sa nature divine de Fils incréé et coéternel au Père. Il est impensable de confondre les deux natures de Christ, unies certes mais discernables. Cette orientation s’oppose aux détenteurs de l’école d’Alexandrie marquée par des grandes figures comme Pantène, Clément, Origène… L’impact de la philosophie hellénistique est forte depuis Philon. Voulant harmoniser les vérités chrétiennes avec les notions spirituelles des païens dans un souci apologétique, ils ont insisté sur l’unité de la personne du Christ, exaltant le Christ-Dieu au détriment du Christ-homme pour faire accepter l’incarnation. En outre, on doit surtout à Origène la méthode exégétique favorisant l’interprétation allégorique des textes.

De ce fait, Théodore, considéré durant sa vie comme un homme de Dieu par excellence, apparaît comme un des défenseurs de l’orthodoxie contre l’arianisme, contre l’apollinarisme, ou encore contre le pélagianisme quand il en connaîtra la doctrine vers 420, au soir de sa vie19 [19]. Arius (256-336) fait ses études à Antioche; il est marqué par cette théologie s’attachant à la distinction du Père et du Fils. Luttant contre le sabellianisme20 [20], il insiste, à juste titre, sur le fait que le Verbe est engendré. Cependant, il quitte le terrain de l’orthodoxie lorsqu’il en déduit son fameux en ouk en. Puisque le Fils est engendré, il faut que le Père existe avant; le Fils n’est donc pas coéternel au Père, et il fut un temps où il n’était pas (en ouk en). Cette déviation a contribué à ne voir dans le Fils qu’un homme et dans le Père le seul Dieu. Le concile de Nicée de 325 condamne alors l’hérésie et précise sa position en parlant de Fils engendré (c’est-à-dire de la substance du Père), non pas créé mais consubstantiel au Père (homoousios). Si le texte du symbole est clair concernant la substance divine et l’humanité du Christ, il est flou quant au mode d’union du verbe et de l’homme21 [21]. Laissant le champ libre à toute interprétation quant au « comment » de l’union, les hérétiques vont essayer d’échapper à la condamnation et l’arianisme va survivre encore longtemps malgré des défenseurs de l’orthodoxie tel Athanase d’Alexandrie22 [22].

L’apollinarisme23 [23] est jugé comme une réaction à l’arianisme24 [24]. Apollinaire de Laodicée (310-390), d’abord nicéen convaincu et ami d’Athanase, a même eu pour élève Jérôme. Son hétérodoxie apparaît dans son ouvrage Preuve de l’incarnation de Dieu selon l’image de l’homme25 [25]. Zélé pour l’unité absolue de la divinité et de l’humanité en Christ, il voit une menace pour la foi dans l’idée arienne d’un Christ en progrès moral constant, adopté par le Père à cause de ses mérites; la doctrine antiochienne n’interdit pas assez, selon lui, de voir en Christ une double personnalité. Il juge absurde la doctrine enseignant l’union dans une seule personne de la divinité entière à l’humanité entière. Apollinaire n’admet qu’une seule nature chez le Christ. Il imagine une unité purement matérielle et biologique dans le Christ qui lierait la divinité directement à son corps en formant ainsi une seule nature (mia phusis). Ce refus de diviser, séparer, les deux éléments qui se combinent dans l’incarnation se résume dans sa formule de l’unité de l’Homme-Dieu: « Unique est la nature (la réalité concrète) du Verbe divin qui s’est incarnée. »26 [26] Il voit dans cette formule la seule explication de la communicatio idiomatum27 [27]. Théodore réfute Apollinaire et il réussit là où avait échoué Athanase car il assigne à l’âme du Christ l’importance théologique qui est absolument nécessaire28 [28].

A la date de sa mort (en 428), sa renommée tant en science qu’en sainteté n’est plus à faire; mais cet état ne dure que peu de temps car, la même année, Nestorius, qui était son élève, monte sur le siège de Constantinople et les discussions auxquelles la christologie de Nestorius donne bientôt lieu font apparaître clairement que cette christologie est, pour l’essentiel, celle même que n’a cessé de professer Théodore.

Nestorius (382-451)29 [29] se trompe dans sa compréhension du mode d’union de la divinité et de l’humanité en Christ. Son erreur est d’avoir associé la nature (ousia) divine du Verbe (Logos) à la personne (prosôpon) humaine de Jésus. C’est une union théologique impossible entre deux concepts (ousia et prosôpon) substantiellement différents. La théologie des conciles unit au contraire deux êtres spirituels, l’hypostase du Verbe (Logos) et l’hypostase de l’homme (c’est-à-dire l’âme de ce dernier) en une hypostase unique, manifestée en une seule personne (prosôpon) qui est Christ. Son hérésie consiste donc principalement dans le fait d’élever l’homme, être charnel créé, au niveau de l’ousia divine alors que l’union est concevable (pour la raison humaine) seulement au niveau des hypostases. Comment un être, en partie charnel, donnerait-il des propriétés à la nature divine? Nestorius a ignoré la communicatio idiomatum. En 431, le concile d’Ephèse condamne et dépose Nestorius. L’animosité à l’encontre de Théodore fait alors son apparition. Rabbulas, évêque d’Edesse de 412 à 435, d’abord ami de Théodore, devient son ennemi – parce que Théodore l’a repris en public sur une erreur – et il devient un grand ami de Cyrille. Il a fait brûler en 435 nombre d’écrits de Théodore.

Cyrille d’Alexandrie, qui avait été d’abord un admirateur de Théodore, s’aperçoit du lien entre la doctrine de Nestorius et celle de Théodore. Il ouvre contre lui une campagne qui, avec des péripéties diverses, se continuera jusqu’au cinquième concile œcuménique. Dans une de ses lettres à Acace, il écrit:

« Quoiqu’ils prétendent détester les enseignements de Nestorius, ils y applaudissent d’une autre manière, en admirant ceux de Théodore, qui sont marqués cependant d’une impiété égale et même bien plus grave. Ce n’est pas en effet Théodore qui fut le disciple de Nestorius, mais l’inverse, et tous deux parlent comme d’une seule bouche, vomissant de leurs cœurs un seul et même poison d’hétérodoxie. »30 [30]

Vers 440 apparaît une hérésie diamétralement opposée au nestorianisme: le monophysisme31 [31]. Elle réunit les deux natures du Christ en une seule (monos). Le concile de Chalcédoine de 45132 [32] met fin à ces idées hétérodoxes en définissant le mode d’union du divin et de l’humain dans le Christ33 [33].

« Notre Seigneur Jésus-Christ est un seul et même Fils, le même parfait quant à la divinité, le même parfait quant à l’humanité, vraiment Dieu et vraiment homme, composé d’une âme raisonnable et d’un corps; homoousios avec le Père quant à la divinité, et le même homoousios avec nous quant à son humanité, en tout semblable à nous sauf le péché; engendré du Père avant les siècles quant à sa divinité et, dans les derniers jours, le même, pour nous et notre salut, né de Marie la Vierge Théotokos quant à son humanité.

Un seul et même Christ, Fils, Seigneur, Fils unique, qui s’est fait connaître en deux natures qui demeurent sans confusion 1) sans changement (asunchutos); 2) sans division (atreptos); 3) sans séparation (adiaïretos); 4) la différence des natures n’est nullement supprimée par leur union, mais, bien plutôt, les propriétés de chacune sont sauvegardées et réunies (achoristos); 5) en une seule personne (prosôpon) et une seule hypostase. Il n’est ni partagé ni divisé en deux personnes (prosôpa) mais il est un seul et même Fils et Fils unique, le Logos divin, le Seigneur Jésus-Christ; comme les prophètes de jadis avaient parlé de lui, et comme le Seigneur Jésus-Christ lui-même nous l’a enseigné, et comme le symbole des Pères nous l’a transmis. »

Les hostilités contre la mémoire des écrits de Théodore connaissent une accalmie car le concile accorde un non-lieu à son égard. Cependant, par l’insuffisance de ses sanctions, le concile a manqué de fermeté envers les monophysites dont l’hérésie a connu une longévité plus importante que le nestorianisme. La controverse est particulièrement violente, à partir de 543, sous la forme où elle a reçu le nom de controverse des trois chapitres. Les moines arméniens présentent à Proclus de Constantinople une première collection d’extraits des écrits de Théodore, les Capitula: c’est la revanche tant attendue des monophysites contre la mémoire de Théodore.

Théodore est finalement condamné à Constantinople, en 553, lors du cinquième concile.

« Nous condamnons et anathématisons, avec tous les autres hérétiques qui ont été condamnés et anathématisés par les quatre saints conciles et par la sainte Eglise catholique et apostolique: Théodore qui fut évêque de Mopsueste, et ses écrits impies. »

Après une assez longue résistance, le pape Vigile accorde sa sanction aux décisions du concile. Les travaux du concile ferment toute porte à la diffusion de l’œuvre de Théodore. Cette condamnation explique la disparition presque complète, dans l’empire grec, de son œuvre dogmatique et la mutilation de son œuvre exégétique. La mémoire de Théodore a été ternie par cet amalgame avec son élève hérétique. Sa postérité a souffert de ces accusations mais, à la lumière des découvertes du XXe siècle, on s’achemine vers une réhabilitation34 [34] de sa pensée.

III. Son œuvre et la postérité de sa mémoire

On ne connaissait Théodore que par l’état fragmentaire de son œuvre et par ce qu’en rapportaient ses détracteurs. Aujourd’hui, avec la découverte de certains de ses ouvrages, on comprend mieux sa pensée en matière de christologie.

M. Richard et R. Devreesse35 [35] ont démontré que le cinquième concile fonde sa condamnation de Théodore sur des extraits de ses œuvres empruntés à un florilège hostile et falsifié. Lorsque l’on confronte les extraits conciliaires aux textes récemment découverts, on constate des interpolations, des omissions, des altérations de toutes sortes. Ainsi, Richard, Devreesse, Amann36 [36] et d’autres en sont venus à conclure qu’il fallait renoncer à toute idée de se servir de ces extraits pour définir la vraie pensée de Théodore. Le recours aux versions syriaques authentiques est prôné37 [37] et les découvertes du XXe siècle apportent de l’eau au moulin des études théodoriennes. On peut retenir quatre dates.

En 1905, Addaï Scher, métropolite chaldéen, découvre à Seert le texte entier du traité Sur l’incarnation dans une version syriaque. Aucune de ses œuvres n’est citée aussi souvent que ce traité qui représente un des travaux les plus importants de l’école d’Antioche. Malheureusement, ce manuscrit a disparu en 1922 lorsque Addaï Scher fut assassiné et sa bibliothèque saccagée. Il ne reste qu’un certain nombre de fragments latins, grecs et syriaques de cette œuvre.

En 1932, A. Mingana38 [38] découvre un texte syriaque des Homélies catéchétiques dans un manuscrit du xvie siècle. Cette œuvre permet de mieux situer sa conception christologique par rapport aux extraits dangereux de son De Incarnatione réunis par Léonce de Byzance au cinquième concile. La huitième homélie enseigne, en effet, de façon indubitable, l’unité des deux natures dans une seule personne:

« Christ n’est ni seulement Dieu, ni seulement homme, mais il est par nature véritablement les deux, c’est-à-dire Dieu et homme à la fois. Il est Dieu le Verbe qui a assumé, mais il est aussi l’homme qui a été assumé. C’est celui qui est en la ‹condition de Dieu› qui a assumé la ‹condition d’esclave›, et non la ‹condition d’esclave› qui a assumé la ‹condition de Dieu›. Celui qui est en la ‹condition de Dieu› est Dieu par nature, et c’est lui qui a assumé la ‹condition d’esclave›. La ‹condition d’esclave›, c’est celui qui est homme par nature et qui a été assumé pour notre salut. Celui qui a assumé n’est pas identique à celui qui a été assumé, et celui qui a été assumé n’est pas identique à celui qui a assumé: celui qui a assumé, c’est Dieu, tandis que celui qui a été assumé, c’est un homme. Celui qui a assumé n’est pas, par nature, autre que n’est Dieu le Père par nature, car il est ‹Dieu auprès de Dieu› (Jn 1:1). Il n’est pas différent de celui auprès de qui il est. Quant à celui qui a été assumé, il n’est pas par nature autre que ne sont David et Abraham dont il est le fils, et à la descendance desquels il appartient. Voilà pourquoi il est Seigneur et fils de David: fils de David à cause de la nature, Seigneur à cause de l’honneur qui lui a été fait. Il a été élevé au-dessus de David son père à cause de la nature qui l’a assumé. »39 [39]

Il est vrai que son expression homo assumptus manque de clarté40 [40] et ses outils conceptuels ne sont guère précis. Mais toutes ces lacunes ne nous autorisent pas à lui imputer des erreurs dont il n’est pas coupable, ni à lui refuser son dû dans le développement de la théologie. On doit se souvenir qu’à l’époque où vit Théodore, les notions de phusis, hupostasis et prosôpon n’ont pas encore été formulées. Il faut attendre les formules de Chalcédoine41 [41].

En 1933, K. Staab complète l’œuvre de Swete42 [42] en réunissant les extraits des chaînes grecques43 [43] sur les grandes épîtres: Romains, 1 et 2 Corinthiens, et Hébreux44 [44].

Enfin, la plus remarquable découverte des écrits de Théodore sur le Nouveau Testament est celle de son commentaire sur l’évangile de Jean qui nous est parvenu à l’état complet en 1940 dans une version syriaque. Le texte de son Commentaire du IVe évangile est traduit en latin par Vosté45 [45].

Les quarante dernières années ont compté nombre d’éditions et de traductions des œuvres de Théodore46 [46]. Les études théodoriennes approfondissent les découvertes pour faire la lumière sur certains pans encore cachés de la pensée du théologien d’Antioche. Quelques grandes monographies ont jalonné l’historiographie théodorienne47 [47]. Les articles éclairent un détail particulier de l’œuvre: par exemple, pour ne prendre que les dernières années, Hill48 [48] étudie son interprétation des prophéties.

A cause des controverses posthumes qui ont entaché la mémoire de ce grand théologien de langue grecque, il demeure un Père de l’Eglise mal perçu par l’Occident. Et pourtant, nul n’a servi davantage le progrès de la christologie dans la génération des théologiens de 381 à 431 que Théodore. Si sa doctrine contient quelques tendances mal assurées, elle apporte des éléments positifs qui vont dans la direction de Chalcédoine et en préparent la formule. Les Eglises d’Edesse et de Perse ont même nommé Théodore « l’Interprète par excellence ».

Polychronios, évêque d’Apamée (ville de Syrie), son frère, continuera dans la même voie en suivant cette quête de vérité et de pureté au service de l’Eglise, mais ceci est une autre histoire.


* S.J.G. Sanchez est historien et écrivain, spécialiste en Patristique, doctorant à Paris IV-Sorbonne.

1 [49] H.-I. Marrou, De la connaissance historique (Paris: Le Seuil, coll. Points Histoire, 71975, 11954), 260.

2 [50] Pour une première approche de cet homme, on peut conseiller la lecture des articles de dictionnaires. A.G. Hamman, « Théodore de Mopsueste », in Catholicisme, hier, aujourd’hui, demain, t. XIV (1996), col. 989-992; M. Spanneut, Les Pères de l’Eglise (Paris: Desclée, 1998), 82-87.

3 [51] Antioche, aujourd’hui Antakya de Turquie, capitale du diocèse d’Orient de l’Empire romain, était une belle cité florissante, un centre intellectuel et religieux actif. Elle comptait alors de 350 000 à 500 000 âmes: cf. A.J. Festugière, Antioche païenne et chrétienne (Paris: 1955).

4 [52] Célèbre rhéteur païen qui entretenait de bonnes relations avec les chrétiens (par exemple Basile de Césarée).

5 [53] Pour plus de renseignements sur l’enseignement scolaire et universitaire antique, nous renvoyons à l’ouvrage incontournable: H.-I. Marrou, Histoire de l’éducation dans l’Antiquité (Paris: Seuil, 11948), t. II « Le monde romain ».

6 [54] Ces exercices sont divers et variés: pratiques de pénitence, méditation, assistance à certains offices, obéissance au maître des novices qui les initie à la recherche de la perfection… Ils sont inspirés des techniques des écoles de philosophie. Cf. P. Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique (Paris: Etudes Augustiniennes, 21987). Hadot souligne l’héritage de la philosophie dans l’ascétisme chrétien antique qui donna naissance au monachisme primitif.

7 [55] Cf. R. Leconte, Saint Jean Chrysostome exégète syrien, thèse dactylographiée de l’Institut catholique de Paris, s. d., 89 passim.

8 [56] Ses deux biographes nous rapportent cet événement: Socrate, H. E. VI, 3; Sozomene, H. E. VIII, 2-9.

9 [57] Jean Chrysostome, A Théodore, éd. J. Dumortier (Paris: Le Cerf, Sources Chrétiennes n. 117, 1966), « Le traité au moine défaillant », 81-219.

10 [58] Job 6:14.

11 [59] Op. cit. (supra, n. 9), « Lettre au moine Théodore » 6, 20-24.

12 [60] Jean Dumortier pense a contrario que ce billet est antérieur à la lettre de Jean: cf. son introduction, op. cit., 10-21.

13 [61] A. Puech désigne ce billet comme un apocryphe – Histoire de la littérature grecque chrétienne (Paris: Les Belles Lettres, 1930), t. III, 569 -, tandis que J. Dumortier prône son authenticité – J. Dumortier, « La question d’authenticité des lettres à Théodore », Byzantinische Zeitschrift 51 (Munich: 1958), 66-72.

14 [62] Op. cit. (supra, n. 9), « Le billet » 1, 50-53.

15 [63] 1, 17.

16 [64] 3, 51-54.

17 [65] 2, 24-25.

18 [66] 2, 51-56.

19 [67] Le pélagianisme exagère le rôle de la volonté libre de l’homme au détriment de la grâce divine. L’homme peut atteindre le bonheur par son libre arbitre, aidé par la bonté de la nature humaine. Le péché originel n’existe pas. La conviction fondamentale de Pélage et de ses partisans reposait sur l’idée que la nature humaine était stable et immuable et demeurait toujours inchangée. A l’origine, Dieu avait créé bons les pouvoirs de la nature humaine. Sans doute, ils avaient été restreints par le poids des habitudes passées et par la corruption de la société, mais cette restriction était purement superficielle. Sur le pélagianisme, un ouvrage de référence: G. De Plinval, Pélage, sa vie, ses écrits et sa réforme, étude d’histoire littéraire et religieuse (Lausanne, 1943); T. Bohlin, Die Theologie des Pelagius und ihre Genesis (Uppsala: Universitets Arsskrift 9, 1957); E. Wang, Théodore de Mopsueste et les origines du pélagianisme (Paris, DES, 1961).

20 [68] Pour Sabellius (fin du iiie siècle), le Père est le Dieu unique: le Verbe et l’Esprit Saint n’en sont que des émanations. Le Verbe est donc inengendré. Cette doctrine hérétique fut peut-être une réaction contre les hérésies de Paul de Samosate et de Lucien d’Antioche; ce dernier, excommunié par son évêque, renia ses idées et forgea une nouvelle doctrine de la Trinité qui inspira peut-être Arius.

21 [69] Il faudra attendre le concile de Chalcédoine (451) pour préciser le mode d’union (cf. infra, n. 32-33). Ce concile réagira ainsi au nestorianisme et au monophysisme, hérésies qui portent sur le concept non explicitement révélé, le « comment » de l’union de la divinité et de l’humanité en Christ; les adeptes de l’une et de l’autre hérésies ont donc pu se targuer de respecter la foi de Nicée. Néanmoins, Nicée contribua à affermir l’orthodoxie et fut la base solide de la tradition des grands conciles ultérieurs.

22 [70] Nous ne rentrons pas dans le détail des différences entre les divers partis: les homéens, les anoméens, les homoousiens, les homoïousiens, etc. Pour une première approche: H.-I. Marrou, L’Eglise de l’Antiquité tardive 303-604 (Paris: Seuil, 1985), 36-55.

23 [71] Ibid., 126-132; J. Quasten, Initiation aux Pères de l’Eglise (Paris: Cerf, 1987), t. III, 531-540.

24 [72] Il est possible que cette hérésie ait eu des origines aussi anciennes que l’arianisme, par exemple dans le Logos-sarx d’Origène, ou bien comme une réaction à la sévérité insuffisante du synode d’Antioche (268) envers Paul de Samosate, ou encore comme une réaction à la christologie divisive d’Antioche.

25 [73] Grégoire de Nysse réfuta cet ouvrage dans son Antirrhétikos.

26 [74] « mia phusis tou theou logou sesarkômenè » in Pseudo-Athanase (Apollinaire), Ad Jovianum I.

27 [75] Cette expression latine désigne le pouvoir du Christ d’agir à volonté, soit en Dieu, soit en homme, soit en les deux puisqu’il a les deux natures. Il n’est pas permis de séparer les propriétés (idiomata) que les Ecritures rapportent au Christ, même si les unes semblent s’appliquer à ce dernier en tant qu’homme, tandis que les autres concernent davantage le Verbe. La communicatio idiomatum est la conséquence de l’union personnelle du Christ; cette doctrine fonde l’unité de personne dans les deux natures. Grégoire de Nysse reconnaît la possibilité de la communicatio idiomatum et la justifie: « En raison du contact et de l’union des natures, les attributs propres de chacune appartiennent aux deux ensemble. Malgré les deux natures, il n’existe qu’une personne (prosôpon). »

28 [76] Cf. la cinquième homélie catéchétique, infra, n. 40.

29 [77] L. Brade, Untersuchungen zum Scholienbuch des Theodorus Bar Konai. Die Übernahme des Erbes von Mopsuestia in die nestorianische Kirche (Wiesbaden: Harrassowitz, 1975).

30 [78] Ep. ad Acacium 69 (PG 77, 337-340). Il mentionne, à cette occasion, avoir réuni et réfuté des extraits de Théodore et de son maître Diodore de Tarse, faisant sans doute allusion ici à son Contra Diodorum et Theodorum, dont il ne subsiste que des fragments, pour la plupart dans les Actes du cinquième concile et dans les écrits de Sévère d’Antioche. Les lettres 67, 69, 71, 73 et 74 de Cyrille d’Alexandrie condamnent sévèrement Théodore et l’accusent de nestorianisme.

31 [79] L’instigateur de ce mouvement est Eutychès, vieux moine de Constantinople, archimandrite (ou supérieur d’un monastère de plus de trois cents moines).

32 [80] Ce quatrième concile a une grande autorité. Nous rappelons pour mémoire les six grands conciles: Nicée (325), Constantinople I (381), Ephèse I (431), Chalcédoine (451), Constantinople II (553), Constantinople III (680-681). Notons que les catholiques reconnaissent vingt conciles œcuméniques (le vingtième étant Vatican II, 1962-1965); les orthodoxes admettent douze conciles (jusqu’à Latran 1214 inclus); les protestants ne tiennent compte que des six premiers.

33 [81] Le Credo est consolidé par ces deux affirmations qui résument les développements compliqués: 1) en Christ, il y a deux natures; 2) ces deux natures sont absolument unies.

34 [82] P. Parente, « Una riabilitazione di Teodoro di Mopsuestia », Doctor Communis I (1950), 3-15.

35 [83] M. Richard, « Les traités de Cyrille d’Alexandrie contre Diodore et Théodore », Mélanges Félix Grat I (Paris: 1946), 99-116; idem, « La tradition des fragments du traité peri enanthrôpèseôs de Théodore de Mopsueste » Opera minora II, 182 (1977/78), n. 41; R. Devreesse, Commentaire de Théodore de Mopsueste sur les Psm. 1-80 (Rome: Studi e Testi, Bibliothèque vaticane, 1939); idem, Essai sur Théodore de Mopsueste (Rome: Studi e Testi n. 141, Bibliothèque Vaticane, 1948).

36 [84] E. Amann, « La doctrine christologique de Théodore de Mopsueste », Recherche de sciences religieuses 14 (1934), 161-190.

37 [85] Malgré les réticences de Sullivan qui n’a pas une confiance absolue dans ces versions syriaques. Cf. A.F. Sullivan, « Some Reactions to Devreesse’s New Study of Theodore of Mopsuestia », Theological Studies 12 (1951), 179-207; A.F. Sullivan, The Christology of Theodore of Mopsuestia (Rome: Analecta Gregoriana 82, 1956), 299 pp.

38 [86] A. Mingana, Commentary of Theodore of Mopsuestia on the Nicene Creed (Cambridge: W. Heffer and Sons, Woodbrooke Studies 5, 1932); idem, Commentary of Theodore of Mopsuestia on the Lord’s Prayer and on the Sacraments of Baptism and the Eucharist (ibid., 6, 1933).

39 [87] Théodore de Mopsueste, Les homélies catéchétiques, trad. fr. du syriaque par M. Debié, G. Couturier, T. Matura, introd. A. de Lourmel, dir. A.G. Hamman, 62-63 (Paris: Migne, 1996), Hom. cat. 8, 1 (trad. M. Debié), 119-120. Les homélies ont été prononcées par Théodore, sans doute à Antioche, entre 382, date approximative de son accession au sacerdoce, et 392, année où il devint évêque de Mopsueste.

40 [88] Homo assumptus, expression commune à l’Eglise ancienne et que maintient le magistère romain, du pape Damase à Alexandre III (1159-1181).

41 [89] Sur la christologie: Paul Galtier, « Théodore de Mopsueste: sa vraie pensée sur l’incarnation », Recherches de science religieuse 45 (1957), 161-168, 338-360; J.L. McKenzie, « Annotationes on the Christology of Theodore of Mopsuestia », Theological Studies 19 (1958), 345-373; R.A. Norris, Manhood and Christ. A Study in the Christology of Theodore of Mopsuestia (Oxford: 1963). Frederick G. McLeod, « The Christological Ramifications of Theodore of Mopsuestia’s Understanding of Baptism and the Eucharist », Journal of Early Christian Studies 10/1 (2002), 37-75.

42 [90] H.B. Swete, Theodori episcopi Mopsuesteni in epistolas B. Pauli commentarii (Cambridge: 2 vol., 1880-1882); Théodore de Mopsueste, In epistolas B. Pauli commentarii. La version latine avec des fragments grecs; introduction, notes et index par B. Swete (réimpression de l’édition de Cambridge de 1880-1882) (Farnborough: Gregg, 1969, 2 vol.).

43 [91] Les chaînes désignent des recueils de passages exégétiques relatifs aux livres de l’Ecriture, œuvres de compilateurs tardifs d’ouvrages en général perdus (pour lesquels ils sont la seule source). Les chaînes grecques datent de la fin de l’époque patristique.

44 [92] K. Staab, Pauluskommentare aus der griechischen Kirche (Münster: 1933), 113-172 sur Rm, 172-196 sur 1 Co, 196-200 sur 2 Co, 200-212 sur Hé.

45 [93] J.M. Vosté, Theodori Mopsuesteni Commentarius in evangelium Johannis Apostoli (Louvain: CSCO 115, 116, 1940).

46 [94] Cf. L’initiation chrétienne, textes recueillis et présentés par A.G. Hamman, introd. Jean Daniélou. Cyrille de Jérusalem, Ambroise de Milan, Jean Chrysostome, Théodore de Mopsueste… (Paris: B. Grasset, 1963).

47 [95] Cette liste n’est nullement exhaustive mais simplement indicative: Louis Sébastien Lenain de Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles (Paris: 1707), t. XII, 433-453; L. Pirot, L’œuvre exégétique de Théodore de Mopsueste (350-420 AD) (Rome: sumpt. Pontificii Instituti biblici, 1913), in-4o, 335 pp.; R.A. Green, Theodore of Mopsuestia (Londres: Faith P., 1961), 173 pp.; Rowan A. Greer, Theodore of Mopsuestia, Exegete and Theologian (Londres: The Faith P., 1961), 173 pp.; G. Koch, Die Heilsverwirklichung bei Theodor von Mopsuestia (Munich: Max Hueber, 1965), 242 pp.; J. Mcw. Dewart, The Theology of Grace of Theodore of Mopsuestia (Washington: XIII, 1971); Luise Abramowski, Drei christologische Untersuchungen (Berlin/New York: De Gruyter, 1981); R. Bultmann, Die Exegese des Theodor von Mopsuestia (Stuttgart: Kohlhammer, 1984); D.Z. Zaharopoulos, Theodore of Mopsuestia on the Bible. A Study of his Old Testament Exegesis (New York: 1989).

48 [96] R.C. Hill, « Theodore of Mopsuestia, Interpreter of the Prophets », Sacris Erudiri 40 (2001), 107-129. Cf. aussi D. Zaharopoulos, « Theodore of Mopsuestia: Views on Prophetic Inspiration », The Greek Orthodox Theological Review 23 (1978), 42-52.