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L’église du désert (1685-1787)

L’église du désert (1685-1787)

Albert BERRUS*

 

L’étude de l’Eglise du désert, haut lieu de la foi protestante, m’a beaucoup appris et, surtout, elle m’a confirmé que, d’une décennie à l’autre, d’un siècle à l’autre, les temps changent. Il faut donc en être conscient pour une meilleure fidélité actualisée.

 

Rappelez-vous, en mai 68, l’histoire n’avait rien à nous dire et, maintenant, nous ne cessons de commémorer, disant le contraire.

 

Si les décennies se suivent aujourd’hui, elles se suivaient dans le passé et la vie de l’Eglise au désert a, pour moi, trois ou quatre périodes, nous le verrons, plus difficiles à préciser que l’époque du désert que tous les historiens s’accordent à faire commencer à la révocation de l’Edit de Nantes (1685) et finir à l’Edit de tolérance (1787): cent deux ans. Naturellement, les “dragonnades” l’inaugurent dès 1681 et la libération des prisonnières de la Tour de Constance, en 1768, précède l’Edit de tolérance. Nous avons pu fêter cette libération à Aigues-Mortes œcuméniquement en 1968, comme nous avons pu fêter l’Edit de Nantes en 1998 et confesser nos péchés réciproques à Nîmes, tous réunis dans la cathédrale: Eglises évangéliques, réformées, romaine, tous ensemble, le 23 avril 1998. C’est inoubliable.

Pour étudier la période du désert, j’ai écouté le témoignage de Frank Puaux, issu de notre Bas-Vivarais, un jeune agrégé de l’Ecole normale d’Ulm, Cévenol issu de notre paroisse nîmoise Patrick-Cabanel, le professeur Hubert Bost de l’Institut protestant de théologie, et les dernières parutions d’Itinéraires protestants, auxquelles a participé notre ami J.-M. Daumas, La guerre des Cévennes, de H. Bosc, ainsi que Le Théâtre sacré des Cévennes, réédité en 1998.

 

Une question se pose: pourquoi l’effondrement de 1685, qui réduit le nombre des protestants au point de permettre la révocation? La France n’avait-elle pas accueilli la Réforme dans toutes ses provinces, dans toutes les classes de sa société? C’est vrai, mais le catholicisme était resté majoritaire. Surtout grâce à l’absolutisme royal, mais aussi par notre faute quand les protestants ont été d’abord des “tombeurs de statues”. Notre professeur Louis Joubert, originaire du Poitou, nous disait que la Réforme a cessé de progresser dans sa province quand elle a voulu supprimer la superstition avant de faire accueillir l’Evangile qui, lui, entraînait que les statues n’étaient plus nécessaires. Ce qui confirme qu’un témoin ne doit pas être d’abord contre les ténèbres, il doit être pour la lumière qui fait reculer les ténèbres… Croyez-moi, on peut en souffrir encore aujourd’hui.

 

Si cela a pu entraîner des arrêts d’expansion, il est vrai que, malgré cela, la France a eu 1 million de protestants sur 20 millions d’habitants, et la proportion était très forte dans le Sud: 200 000 dans le Languedoc, avec 90% en Cévennes, 85% en Vaunage Vistrenque, Gardonnenque, et plus de 65% à Nîmes.

 

Au départ, les protestants, dans leur assemblée de La Rochelle de 1588, proclamaient: “Voici le moment venu de rendre les rois serfs et esclaves…” Cette assemblée avait engendré une sorte de république fédérale protestante dans le royaume qui rassemblait les provinces unies organisées sur les modèles suisse et néerlandais. Cela a duré jusqu’à cinquante ans après la Saint-Barthélemy (1572), jusqu’à la grâce d’Alès sous Louis XIII en 1629. Mais en 1685 (presque cent ans plus tard), la théologie insistait sur l’obéissance au roi par motif de conscience. “Il n’y a rien qui puisse dispenser les sujets de serment de fidélité. Nos vies, nos biens sont la propriété du roi, l’Evangile ne commande que la patience et la résignation”, disent les pasteurs de Saintonge à un jeune proposant d’esprit résistant. Et Claude Brousson pensait de même. Dès lors, le passé d’émancipation avait disparu, la résignation était devenue règle; c’est pourquoi on a signé plus facilement. “Il n’y a plus eu d’Etat dans l’Etat.”

 

Fort heureusement, tous n’ont pu accepter. Au moment de la révocation, des fugitifs errent dans les montagnes cévenoles pour ne pas abjurer (967) dans le diocèse de Mende. Les prêtres signalent que le père et le fils aîné font leur devoir, les femmes et les cadets sont plus opiniâtres. Beaucoup ont quitté pour le refuge dans les pays plus accueillants. Le pourcentage des départs est différent Sur 6480 réfugiés à Genève, 10% sont Cévenols. Alors qu’au Queyras, les départs ont été collectifs.

 

Malgré cela, surprise en 1685, les temples sont détruits, les pasteurs exilés. Dès l’automne, la Parole de Dieu se fait de nouveau entendre dans les assemblées du désert: l’Eglise n’est pas restée longtemps souterraine. Elle ne veut pas se passer de se rassembler. (D’ailleurs l’individualisme n’était pas d’époque, ni le cléricalisme, il le fallait aussi.) Des prédicants se lèvent comme des lumignons fumants, attendant le retour des pasteurs qui ne se produit pas (seulement deux ou trois d’entre eux sont venus fugacement).

 

Mais des correspondances se maintiennent avec le refuge et, au foyer, les femmes, avec l’appui de leur mari, sapent le travail des prêtres, contraintes au double jeu certes, mais la résistance qui couve, au départ non violente, va ouvertement se manifester. On n’extirpe pas la foi en la refusant, en enseignant autre chose. L’Esprit souffle où il veut, quand il veut: on peut canaliser le Rhône, non le mistral.

 

Après soixante-dix ans d’athéisme enseigné en Russie, un réveil de la foi est né dans la jeunesse et Staline a dû appeler au secours le patriarche pour redonner un moral à la nation. La Faculté de l’Eglise confessante allemande s’est ouverte à Berlin sous Hitler. Un général russe athée a maintenu les diaconesses protestantes en Allemagne de l’Est… j’en passe pour revenir en France en 1688. Voici que surgit un mouvement de prophètes en Dauphiné, il traverse le Vivarais et gagne les Cévennes.

 

Au départ, les inspirés, peigneurs de laine, garçons boulangers, filles illettrées, enfants, jeunes gens se levèrent en grand nombre; les vallées en fourmilleront, les montagnes en seront couvertes. De 1690 à 1700, leur comportement est à peu près normal; leurs violences sont réfléchies, leur foi est dans les limites de la foi protestante; ils appellent à la repentance et promettent une délivrance. Mais après avoir reçu les prophéties de Jurieu sur l’Apocalypse qui ne s’étaient pas réalisées, ils méditèrent sur leur crise, la situation était sans issue; on avait attendu des interventions qui ne sont pas venues. Alors, ils redoublèrent de ferveur pour forcer Dieu. Ils entraient en transe; un torrent tumultueux les traversait: citations bibliques, appel à la repentance, à la fermeté, imprécations contre les persécuteurs, exhortations. Mais après 1700, ils “sortirent de leurs gonds”. Dès lors, une première période se clôt.

 

Le premier prophétisme, Jurieu et Brousson l’accueillirent; il a d’ailleurs joué un rôle important dans le ressaisissement des renégats avec l’appel à la repentance et à la confiance en Dieu.

 

Au départ, il n’y a eu aucun enseignement pour l’engendrer, le maintenir; il a surgi chez les enfants, les adultes, leur donnant de parler français avec cette première parole: “Je te le dis, mon enfant”, suivie de l’exhortation à la repentance et à la fidélité.

 

Mais après, les prophètes donnèrent l’ordre d’accomplir des massacres; si cela est excusable à cause de l’exaspération, cela ne saurait être sous l’inspiration de l’Esprit Saint.

 

Partout, ivraie et bon grain se mélangent, sauf en Jésus Tous les mouvements de réveil ont eu leur hypnose, leur extase, leur sentiment de péché; on ne perçoit le mélange qu’après: “D’où vient qu’il y a de l’ivraie?” Ainsi, les prophètes, “sortant de leurs gonds”, vont entraîner deux années de révolte armée non prévues, ils vont entraîner la guerre des Cévennes, la révolte des Camisards de 1702 à 1704. Elle mobilisa deux maréchaux de France et elle ne finit qu’en traitant avec eux.

 

Quand on parle de la guerre des Cévennes, il s’agit d’une révolte qui couvre Cévennes, Gardonnenque, Vaunage, Vistrenque, comme le font remarquer des auteurs récents. Je les cite:

“Cette révolte n’est pas limitée à la bordure montagneuse du Bas-Languedoc. La Gardonnenque, la Vaunage, la Vistrenque ont joué un rôle de premier plan dans le recrutement logistique des troupes ainsi que dans la conduite des opérations: les fleuves côtiers, les marais , les canaux, les manades ont été tout autant camisardes que les hautes terres riches en bruyère et en châtaigniers. Cavalier, sur cinq cent vingt-sept jours de guerre du 6 novembre 1702 au 16 avril 1704, passera trois cent dix-sept jours en Basses-Cévennes, Gardonnenque, Uzège, quarante-huit en Hautes-Cévennes, cent soixante-deux en Vaunage pays bas, même proportion dans les lettres de Montrevel datées: 55 de Nîmes, 23 d’Alès, 28 de Sommières, 21 d’Aimargues, deux de Lunel, quatre de Saint-Laurent; et pour un tué en Cévennes, il y en avait 100 dans la plaine.”

 

Une fois la révolte camisarde éteinte, un autre temps devait commencer, suivre, sinon l’Eglise du désert aurait signé la mort de la foi protestante sur les terres du Languedoc.

 

Cependant, nous nous devons de comprendre ce temps d’exaspération et être reconnaissants que ces névrosés mystiques aient malgré tout gardé une foi sincère, puissante, rigoriste; ils livrèrent de durs combats selon leur conviction jusqu’au sacrifice total. Leur état d’âme échappe à la critique élémentaire, dit H. Bosc, qui poursuit:

 

“Leur horreur de la compromission et de l’hypocrisie, leur révolte contre la contrainte qui les a soulevés si haut en fait, malgré leurs erreurs, les excès inévitables dus à leur conscience granitique, leur fanatisme et leur colère, les héros de la liberté de conscience, les défenseurs des droits de la foi… Mais cela n’aurait pu se prolonger sans mal finir…”

 

Fort heureusement, à ce moment-là, arriva Antoine Court (1695-1760).

 

Une fois éteinte la révolte des Cévennes et ses derniers feux, il y eut un passage à vide: le prophétisme devenait marginal (trop féminin aussi). C’est alors qu’un adolescent de Villeneuve de Berg, qui a commencé avec Abraham Mazel (mort en 1710) et a vécu en compagnie d’une prophétesse quelque temps, est envoyé par sa famille à Marseille, où il rencontre les galériens (1712). Cette rencontre sera pour lui décisive: elle le place devant la foi saine qui fait front à l’épreuve, qui ne se laisse pas éblouir par un texte de l’Ecriture donné comme correctif. Aucun de ces textes, qui sont devenus des mots d’ordre stimulants, ne saurait contenir tout le pâturage biblique. Il y a des complémentarités rectificatrices. Mais la Parole souveraine, c’est Jésus-Christ qui n’est asservi à rien et qui peut se servir de tout, au bon moment (par exemple: va, vends tout ce que tu as… et c’est François d’Assise et Pierre Valdo…). Les charismes donneront les charismatiques. “Ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous le faites.” Et c’est le service…

 

C’est ainsi qu’Antoine Court, placé devant la foi des galériens, aura à cœur de restaurer les Eglises, de recréer les conseils presbytéraux, de former des pasteurs, de retrouver les synodes. Il y parviendra; le 21 août 1715, année de la mort de Louis XVI, se réunira pour certains le premier synode du désert.

 

De ce fait, les pasteurs vont renouer avec la consécration pastorale. Ainsi Corteiz va aller à Zurich en 1718 se faire consacrer, afin de rétablir “la filiation de l’ordination suivant la règle apostolique”, dira l’historien Charles Coquerel. Le Séminaire de Lausanne, en Suisse, formera 450 pasteurs. Nous en sommes reconnaissants et bénéficiaires. Il est vrai que le signe de l’imposition des mains n’est pas sans signification et sans conséquence, à travers temps et lieux, dans la marche commune des Eglises. C’est un signe de reconnaissance à divers égards.

 

Les ministres de la Parole et des sacrements sont formés dans la communion des Eglises et envoyés vers elles. Ils en reçoivent un signe d’apostolicité et d’œcuménicité qu’il ne faut pas négliger. Aucun monopole à conserver, mais un signe d’unité à réaliser. C’est un lien historique à maintenir. P. Cabanel dira de Corteiz qu’il renoue la chaîne pastorale interrompue en 1685.

 

Après cette rapide analyse historique de la période du désert – qui connaîtra à partir de 1768 la libération des prisonnières grâce au prince de Beauveau, de plus en plus de liberté et, petit à petit, s’acheminera vers l’Edit de tolérance de 1787 (neuf ans plus tard) sous Louis XVI, qui connut en 1789 la Déclaration des droits de l’homme, laquelle donnait la pleine liberté de conscience et de culte –, une question se pose: pourquoi appeler cette période “le désert”?

 

Pour Hubert Bost, le désert, c’est un espace et un esprit. Un espace d’abord: on s’est réfugié dans la campagne. Pour les Cévennes, sous les hêtres et sous les châtaigniers; pour les garrigues, au milieu des chênes verts; pour la plaine, dans les marais. Le désert est dès lors un espace sans habitation où s’exprime la foi proscrite, où l’on vit au jour le jour, sous le ciel, sans prévoir le lendemain. Après la révolte des Camisards et la flambée prophétique, les Eglises s’y reconstituent et, dans ces lieux, on baptise, on communie, on catéchise, on bénit des mariages, on médite et écoute la Parole.

 

Ce n’est pas par “monachisme” qu’on va au désert. C’est un temps d’épreuve. Jésus y a été conduit… C’est aussi une nécessité; les temples ont été détruits (rez pierre… rez terre…). Dieu reconstruit dans la création le temple de sa louange où elle sera toujours célébrée. Si les ministres se sont tus, les pierres crieront. La nature prend le relais. L’Eglise y continue; elle se réfugie dans les fentes des rochers, les cavernes; elle est réduite à sa plus simple expression.

 

Mais l’Eglise ne peut subsister qu’avec une expression communautaire de la piété. Et la piété du Fils de l’homme n’a pas un lieu où reposer sa tête dans la nature hostile. Pas un chemin couvert de fleurs; mais les épines, les ronces, la croix (Matthieu 8:20). C’est, repris par Paul Rabaut I, “L’inconfort et le risque sont préparation à la vie céleste…”. Esprit Séguier martyr meurt en disant: “Le Carmel désolé reverdira.” Ce n’est pas par monachisme qu’on va au désert, c’est pour y être comme Israël un peuple itinérant, d’Egypte à Canaan. C’est donc le temps d’épreuve consécutif à la libération. C’est le lieu de l’endurcissement des cœurs où Dieu a pitié de son peuple. L’épreuve renforce la conviction (France nouvelle Egypte). Les premiers chrétiens ont été comme les fidèles du désert dans les catacombes.

 

Mais le désert a aussi un aspect positif: c’est le lieu où l’on se réfugie; il y a une mystique. N’est-ce pas le lieu où se réfugie la bien-aimée du Cantique des cantiques? “Ma colombe qui te tiens dans la fente des rochers, fais-moi voir ton regard de bonne grâce.” Et Osée ne dit-il pas: “Je la conduirai au désert et là je parlerai à son cœur”? Et l’Apocalypse nous montre “la femme et le dragon conduits au désert”.

 

En quelques mots, Hubert Bost nous dit: “Le désert est exotique, poétique, apocalyptique”, lieu du petit troupeau. Tout a donc été type pour nous. Le désert romantique et mystique est finalement né.

 

Cette période du désert a été découverte et célébrée après coup, car c’est le petit peuple qui a pris le chemin du désert. Les bourgeois, les protestants aisés des villes sont restés assez timorés (souvent des “nicodémites”), alors que le petit peuple a voulu affirmer sa foi en assemblée.

 

Certes, il y a eu des dialogues entre tous: ceux qui pliaient devant la persécution et les prisonnières de la Tour de Constance, chacun portant l’autre dans son intercession sans le juger et aidant par son témoignage. Des lettres s’échangeaient. Ne cloisonnons rien. Ainsi l’Eglise a connu, malgré tout et quand même, une solidarité de ses membres, malgré déviations, oppositions, reniements. La grâce a été la plus forte Et nous voici au XXIe siècle où la période du désert a été retrouvée et célébrée.

 

La Société d’histoire protestante a pu réaliser, avec les fondateurs Hugues et Puaux, le Musée du désert dans la maison natale de Roland, dans la commune de Mialet, au hameau du Mas Soubeyran. Il a été inauguré le 24 septembre 1911 devant 2500 personnes. Il est là pour rendre cette histoire plus vivante, pour recueillir les souvenirs de ce temps d’épreuve.

 

Frank Puaux, dans son discours inaugural, dira:

 

“Il faut s’incliner devant les défenseurs de la plus sainte des libertés: la liberté de conscience. Mais nous n’avons ni passion, ni haine, car nos héros nous condamneraient en nous rappelant que le pardon est la loi suprême de l’Evangile… Mais, qui nous reprocherait d’avoir le culte d’un si grand passé? Quelle ingratitude serait la nôtre si nous laissions les ombres du soir envahir un tel sanctuaire!”

 

Ce jour-là fut chanté le “Psaume des batailles” (68) et la “Complainte de la Tour de Constance”, en patois languedocien, rédigée par le poète nîmois Antoine Bigot qui, ayant envoyé son texte à Frédéric Mistral, en reçut les félicitations pour cette foi persécutée si bien exprimée dans la langue nîmoise. C’était un œcuménisme préexistant…

 

Plus tard, Ruben Saillens (le revivaliste) ajoutera la “Cévenole”.

 

Depuis 1928, c’est le premier dimanche de septembre qu’on se réunit. De 1920 à 1940, c’est une assemblée de 5 000 à 6 000 personnes. A partir de 1960, c’est environ 15 000 à 20 000 qui se rassemblent familièrement, avec des pointes en 1968, délivrance des prisonnières; 1985, révocation de l’Edit de Nantes, 25 000. Nous sommes là dans une ambiance joyeuse, familiale, fraternelle de fête d’Eglise, qui n’exclut pas émotion, recueillement, réflexion. C’est le jour où le protestantisme se manifeste une grande famille. Depuis la vague œcuménique, des frères des autres familles chrétiennes s’y trouvent à l’aise. Les pays du refuge ont leurs cars de participants aux grandes occasions.

 

Dans tous les temps diversifiés qui se succèdent, il est bon de voir comment l’Evangile s’est incarné, car il n’y a qu’un mot qui résume l’Ecriture, ce que le Fils de Dieu a décidé de vivre: l’incarnation.

 

Que l’Esprit nous donne de bien incarner sa présence dans notre temps avec ses aspects divers qui changent. Gardons ce qui demeure, ce qui ne passe pas et qui peut d’heure en heure éclairer tous nos pas: la foi, l’espérance, l’amour. Dons du Seigneur qui les a amenés à la perfection.

 

Nous avons vu se succéder, au cours du XXe siècle: le réveil pentecôtiste 1911, le réveil de la Drôme 1922, le réveil charismatique 1972. Si je me sens plus près du réveil de la Drôme ou de César Malan 1820, j’ai accompagné le dernier avec bien des joies.

 

De toute manière, Dieu conduit l’histoire afin que nulle chair ne se glorifie devant Lui. A DIEU SEUL LA GLOIRE.


* A. Berrus est pasteur de l’Eglise réformée de France à la retraite et président du conseil de la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence. Ce texte est celui de la leçon inaugurale donnée le jour de la rentrée de la faculté, le dimanche 7 octobre 2001.