Albert BERRUS – La Revue réformée http://larevuereformee.net Fri, 26 Aug 2011 15:03:38 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.12 Des réveils au XXe siècle http://larevuereformee.net/articlerr/n204/des-reveils-au-xxe-siecle Fri, 19 Aug 2011 15:31:10 +0000 http://larevuereformee.net/?post_type=articlerr&p=593 Continuer la lecture ]]> Des réveils au XXe siècle

Brigade et Brigadette

Albert BERRUS*

  • Heureux celui qui a connu un réveil, n’en garde pas la nostalgie, mais en a reçu une dynamique d’espérance et de consécration!
  • Heureux celui qui sait que tout est temporaire, marqué par l’époque et que partout ivraie et bon grain sont mélangés!
  • Heureux celui qui n’oublie pas que le Dieu Sauveur qui réveille, vivifie est le même que le Dieu créateur qui a donné caractère et personnalité,

il restera clairvoyant!

Le regard sur le passé ne doit pas nous rendre absents de notre présent, mais mieux participants de l’actualité. Sans remonter à Abraham et à Sara (quatre millénaires avant nous!) considérons deux réveils de ce siècle: celui de la Drôme et celui de la Gardonnenque, dont la Brigade et la Brigadette furent les artisans en prenant au sérieux le Seigneur: « Saint, saint, saint est l’Eternel, toute la terre est remplie de sa gloire »; « Le matin vient »; « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié ».

A) Le réveil: notre commune histoire

L’histoire n’est pas seulement affaire de spécialistes, c’est l’affaire de tous. On ne vit pas sans histoire: on naît, vit et meurt dans une chaîne dont on est l’un des maillons. Mieux vaut en avoir conscience et ne pas oublier que lire l’histoire, c’est rendre présent notre passé.

Il n’y a pas de recette pour le réveil. Il est comme la transfiguration: on ne la provoque pas, on la reçoit. Nous ne sommes pas là pour répéter, mais pour vivre et recevoir, pour voir soudain s’éclairer dans notre présent des paroles de l’Ecriture qui deviennent aussitôt « paroles de vie ». Il faut donc être disponible, être en attente. C’est ce qui m’a fait accueillir un réveil d’un autre genre que « réformé »: le réveil charismatique. Soyons disponibles et clairvoyants devant ce que Dieu éclaire, souligne, attend. Mais ne concluons pas avant d’être sérieusement informés. C’est ce que je voudrais faire modestement en me laissant instruire par les témoins de nos réveils: Jean Cadier, mon professeur; Pierre Guelfucci, un frère aîné. L’un de la Brigade, l’autre de la Brigadette…

Pourquoi ces noms: « Brigade, Brigadette »? Ecoutons J. Cadier:

Brigade, d’où vient ce nom? nous a-t-il été souvent demandé. Nous n’en savons rien. Il nous a été donné, on ne sait par qui, on ne sait pour quoi; il surgit un jour. Je vois bien qu’on nous comparaît à ces gendarmes qui parcourent le pays par petits groupes. D’autres plus sérieux parlaient de « brigades d’assaut » que l’on envoyait pendant la guerre en renfort sur des points menacés… Ailleurs, la Brigade désigne des groupes de suppléants prêts à donner un coup de main d’urgence… Peu importe! Le nom est resté. Nous avons voulu le solenniser en nous appelant « Brigade missionnaire de la Drôme »; cela n’a pas pris. Nous étions « La Brigade », cela suffisait. Le nom apparaît dans notre petit journal L’Accord , au printemps 1923. Il nous est resté… Mais, en fait, ce nom vient de ce que les pasteurs « brigadiers » ont été amenés à travailler en équipe. Cela s’est produit à la suite d’une mission organisée dans sa paroisse par Victor Bordigoni. Cette fois, trois pasteurs présents prirent la parole: une unité parfaite se manifestait et la force du témoignage en était accrue. Ce fut pour ceux qui avaient parlé une expérience nouvelle et décisive. Ils s’étaient sentis fortifiés par cette action commune. Obligés à la brièveté pour laisser à chacun le temps nécessaire, ils avaient donné plus de force à leur parole, ils s’étaient effacés en tant que personnalité pour laisser au message apporté toute sa force. La Brigade était née 1 .

Ce travail en équipe était une chose tout à fait nouvelle en 1923. Il a été caractéristique de ce réveil: œuvre, non d’une personnalité, mais d’une équipe, la Brigade. Il en fut, ensuite, de même en Gardonnenque; aussi s’est-on contenté d’ajouter le « ette » local, qui a fait « Brigadette ».

B) Le réveil de la Drôme

Nous sommes en plein mois d’août 1922, peu après la fin de la guerre de 14-18 qui a tant marqué notre pays et laissé nos paroisses bien somnolentes. Nous sommes un dimanche après-midi en été (heure de la sieste) dans le petit temple de L’Establet (Drôme). Le pasteur de La Motte-Chalendon est venu présider le culte. Une jeune femme, Alice Ponson, se leva et dit: « Mes amis, mes voisins, vous me connaissez… Jusqu’à présent, j’ai vécu pour moi-même, ma famille, mes biens… Maintenant, j’ai compris, je veux vivre pour Dieu; qu’il me donne son pardon et sa force… » Elle s’arrêta les yeux pleins de larmes. Le pasteur descendit de chaire. Déjà, la plupart des auditeurs s’étaient mis à genoux. Plusieurs déclaraient leur volonté de se donner à Dieu. Le pasteur allait de l’un à l’autre. C’était vraiment une manifestation de l’Esprit de Dieu.

Aussi est-ce plein de joie que le pasteur descendit à La Motte. Dans le culte du soir, il raconté la scène. Sur le champ, plusieurs déclarèrent vouloir se donner à Dieu. Le petit feu qui venait de s’allumer commençait à embraser la forêt. On chantait: « C’est la joie, c’est la joie, c’est la joie du ciel qui rayonne dans nos cœurs: gloire à l’Eternel… »

Le réveil chante et fait chanter, c’est un signe. La Réforme a chanté. Le réveil piétiste a chanté. Le réveil du Pays de Galles, le réveil de la Drôme, le réveil charismatique aussi ont chanté. Mais il existe aussi des renouveaux bibliques qui ont peu chanté et beaucoup apporté.

C) Le réveil s’est discrètement préparé

Dès 1921, un groupe de pasteurs du sud de la Drôme avait décidé de mettre le réveil à l’ordre du jour de leurs réunions. Ils étaient presque tous jeunes, au début de leur ministère. Ils attendaient un renouveau dans leurs Eglises. On sortait de la guerre, on avait dressé les monuments aux morts; une vague de jouissance déferlait, l’incrédulité faisait des ravages. Le défi était lancé, il fallait le relever.

Dieu tient les temps dans sa main. Ils veut les faire naître dans l’institution qui demeure avec ses paroisses, ses conseillers, ses synodes… Soudain, l’événement surgit qui se sert des structures, d’un groupe de pasteurs instruits: Edouard Champendal, Henri Eberhard, Pierre Caron, Jean Cadier et, plus tard, Jacques Deransart, Antoine Antomarchi, Gédéon Sabliet. A ces pasteurs, il envoie un prophète isolé pour les entraîner: Victore Bordigoni. Tout était prêt, comme au Carmel.

D) Les signes du réveil dans l’espace et dans le temps

Lorsque nous assistons à des prières d’humiliation, de consécration, à des réconciliations, à des reprises en main de serviteurs, lorsque des textes retrouvent un accent de nouveauté et leur puissance, n’est-ce pas le signe que l’Esprit est à l’œuvre? Il y a un appel clair au changement. Pourquoi laisser passer cette heure sans se donner pleinement à l’action actuelle de l’Esprit saint?

Le rayonnement du réveil est aussi l’un de ses aspects: d’un village à l’autre, d’une paroisse à l’autre, d’un pasteur à l’autre, d’un chrétien à l’autre et les incrédules sont atteints. Tout peut servir au dessein de Dieu: les amitiés, les études, la proximité paroissiale… Il faut tout cultiver et attendre les heures qui sonnent ou sonneront. Voici quelques noms de villages atteints par le réveil de la Drôme: La Motte, Crest, Valdrome, Dieulefit, Mazamet, le Poitou… les frontières sont franchies vers la Suisse (Genève), vers la Belgique.

Voici les mots d’ordre de la Brigade: Dieu ne se contente pas de ce que nous sommes (1926). Il faut que tout change (1927). Dieu n’a pas changé (1928). En haut (1929). Vainqueur (1930). O Dieu, crée en moi un cœur pur (1931). Vous serez mes témoins (1932). Debout! (1933). Mon seul titre devant le Dieu juste: être pécheur pardonné (1934). Dis à ceux qui la replâtrent que la façade s’écroulera (1935). Il faut que Dieu gagne (1936). Il est plus tard que vous ne pensez (1937). Je cours vers le but (1938).

E) La Gardonnenque

Des jeunes de l’Union chrétienne de jeunes gens (UCJG) de Nîmes sont allés assister à une mission de la Brigade à Saint-Paul-Trois-Châteaux (du 29 mai au 2 juin 1925). Ils invitent la Brigade à venir à Nîmes du 30 novembre au 3 décembre 1925. Le 2 décembre assistent à la réunion des étudiants en théologie gagnés au Christ dès leur jeunesse par les conventions du grand revivaliste Ruben Saillens. Ce sont Jean Bordreuil, Jean Cruvellier, Pierre Guelfucci, Louis Poulain, qui seront bientôt suivis par Marc Perrier, Georges Serr et Boris Decorvet.

Ce groupe d’étudiants, auxquels la vision du réveil s’impose, prient pour le réveil d’une région où Dieu les appellerait à travailler ensemble. Et voici qu’ils sont appelés, les uns après les autres, dans les Eglises de Gardonnenque.

Ils signent une déclaration de principe commune et la première convention a lieu à Saint-Géniès du 26 au 30 octobre 1932. Elle fut préparée dans la prière sur cette terre longtemps desséchée par le rationalisme et la libre pensée. On attend des orateurs de marque, les brigadiers de la Drôme et Ruben Saillens, qui ne put venir et envoya un message. Les brigadiers, nouveaux venus dans la région, firent la conquête des foules enthousiasmées qui n’oublièrent pas la prédication de H. Eberhard sur « la robe de Jésus ».

« Le réveil n’est pas un coup d’éclat. C’est une lutte, c’est un absolu fait de certitude, de calme et d’équilibre », écrit B. Decorvet. Avec ce texte, nous voyons le vocabulaire d’une époque; il caractérise un réveil de type réformé et non charismatique. Il insiste sur le combat de la foi, sur la victoire.

F) Le réveil, des réveils, la continuité

Les cantiques de l’époque sont des chants de victoire ou des chants de guerre et de gloire: « Sûrs de la victoire », « Lève-toi, vaillante armée », « Debout, sainte cohorte », « Le signal de la victoire », etc. Autant de cantiques qui n’ont plus cours. Aujourd’hui, on est moins « des combattants » que « des ouvriers de paix, des bâtisseurs d’amour ». On est plus invité à être des chercheurs, à l’écoute, les mains ouvertes, que des victorieux.

Le message a sans doute besoin de s’actualiser dans le langage du temps, mais il ne saurait se conformer à ce dernier. Il doit garder le caractère de celui qui l’inspire, le réveille.

Les messages des conventions sont successivement: « La vie de victoire », « Vivre; qu’est-ce que le réveil? ». La troisième convention répond à cette question: « La manifestation de la gloire de Dieu »2 . Le message de ce mouvement de l’Esprit est celui de la Parole de Dieu avec toutes ses exigences et toutes ses promesses. En voici quelques pointes:

– Le réveil est le message de la gloire de Dieu (Es 6:3). Non plus « le Bon Dieu » mais le Dieu trois fois saint qui nous montre et nous offre sa grâce en son Fils unique et bien-aimé. En lui, l’amour de Dieu est manifesté, en lui sa justice est satisfaite. Telle est la parole qui a été proclamée dans les montagnes de la Drôme, qui s’est répercutée tel un écho puissant à travers le pays tout entier et qui est parvenue jusqu’à nous dans nos vieilles Eglises de Gardonnenque et des Cévennes. Elle a replacé devant nous la nécessité et l’urgence d’une vie à la gloire du Seigneur.

– Le message du réveil, c’est aussi le message de la croix. Accepter la croix, c’est accepter l’opposition, c’est recevoir la sérénité de la foi: combat et repos, lutte et paix. La croix pour le chrétien, c’est comme l’aile de l’oiseau. Quand nous voyons un oiseau marcher à terre, il nous semble que ses ailes lui sont un fardeau. Mais s’il s’élève dans les airs, ce fardeau le porte. La croix nous porte.

G) Les drames du réveil

Tout ceci a porté d’excellents fruits: que de vies consacrées à Dieu, aux frères; que d’œuvres, d’Eglises en ont bénéficié! Cependant, il faut reconnaître que tout réveil connaît la situation des ouvriers qui disent à leur Maître: « N’as-tu pas semé du bon grain? D’où vient qu’il y a de l’ivraie? » Au départ, on vit en communion de consécration et puis, soudain, une zizanie surgit et le temps de l’épreuve et de la déception arrive. C’est d’abord, en 1927, un voile qui se déchire sur l’un des pionniers du réveil de la Drôme qui avait beaucoup apporté. En 1928, J. Cadier est victime d’un terrible accident d’auto entre Crest et Aouste. Cet accident a été l’occasion de se dégager d’un certain « magisme ». Il n’est pas dit que Dieu protège toujours ses enfants de la souffrance et de la mort, mais plutôt que « ni les souffrances, ni la mort ne peuvent nous séparer de son amour ».

Dieu agit selon son bon plaisir qui est le bon pour nous, dans sa souveraine liberté. Ce qui a été pensé en mal, il peut le changer en bien pour le salut. Il est une croissance de la foi qui connaît aussi des crises. Tous les dons de Dieu sont vivants. Et comme la vie, ils sont dans son mouvement. C’est ce que ne croit pas celui qui pense avoir la plénitude du Saint-Esprit. Il se laisse envahir par l’orgueil; sa propre pensée devient à ses yeux la pensée de Dieu qui a pris son parti. En fait, il rend Dieu captif… C’est ce qui est arrivé au pasteur de Loriol qui se laissera saisir par les absolus particuliers au mouvement pentecôtiste de l’époque et ne pourra pas être gardé dans l’Eglise réformée. Il y a certes dans les mouvements revivalistes des carences des Eglises. Des hommes de réveil comme Louis Dallière l’ont compris. Aussi la communauté de Charmes a-t-elle tenu jusqu’à nos jours, apportant sa vivante présence dont beaucoup ont bénéficié.

Plus grave a été la scission qui s’est produite en 1935 entre la Brigade et la Brigadette. Tandis que la Brigade prenait parti en faveur de l’unité de l’Eglise réformée de France, qui se réalisera en 1938, la Brigadette ne put pas se satisfaire de ce qui lui apparaissait comme un compromis inacceptable. Réunis à Valréas en 1935, les deux équipes se sont expliquées et séparées. Ce fut un moment douloureux de rupture.

La Brigade continuera ses réunions jusqu’à la guerre, mais les départs de E. Champendal pour Genève en 1935, de H. Eberhard pour Lyon et de J. Cadier pour Montpellier amputent l’équipe locale malgré l’arrivée de J. Deransart et de G. Sabliet. La Brigadette, de son côté, poursuivra sa mission dans les Eglises réformées évangéliques jusqu’en 1991 (58e convention). La « fête de l’Evangile » a pris le relais à Saint-Hippolyte-du-Fort et à La Grand Combe.

La rupture n’empêchera pas que des hommes comme E. Champendal viennent à Alès et qu’en 1971, J. Cadier fasse de même pour écouter P. Marcel. Le comité de la convention s’ouvrit à ce brigadier et s’élargit à d’autres, ce dont je me suis réjouis.

Conclusion

La théologie du réveil a ses limites et ses dangers. Il est bon qu’elle invite à la décision, à la consécration et au service. Mais il ne faut pas oublier qu’on se décide, se consacre pour les autres et avec les autres pour être une pierre vivante insérée dans le mur de l’Eglise. Toute l’Eglise est chandelier d’or devant Dieu: c’est sa mission. Dieu la voit telle qu’elle est, telle qu’elle est appelée à être.

Pour ma part, je suis heureux d’être resté un trait d’union entre la Brigade et la Brigadette. A ma consécration, en janvier 1951, parmi les pasteurs consacrants se trouvaient Jean Cadier (Brigade) et Marc Perrier (Brigadette), qui nous ont conduits dans la prière. J’ai certes une prédisposition pour le réveil de type réformé. Avec Luther, toujours pécheur, toujours repentant, toujours pardonné. Avec Calvin, je crois à la souveraine liberté de Dieu. Et, aujourd’hui, je me veux témoin soucieux de la santé et de la croissance de la foi.

Soyons fermes sans être fermés. Soyons lucides, non aveuglés. Soyons des brigadiers sans être embrigadés; nous servant de tout sans être asservis à rien. La croix restera toujours notre jugement, notre pardon, notre unique espérance, car le crucifié est ressuscité, vivant à jamais.


*A. Berrus est pasteur à la retraite de l’Eglise réformée de France et président du conseil de la Faculté libre de théologie d’Aix-en-Provence.

1 Les citations sont tirées du livre de J. Cadier Le matin vient (Les Bergers et les Mages) et de la brochure Les conventions chrétiennes de Gardonnenque et le réveil , écrite par B. Decorvet et P. Guelfucci.

2 Dans la quatrième convention, après la déchirure de 1935 avec la Brigade, on revient à « La Bible », « La prière », « Que ton règne vienne », « L’Eglise conquérante » (en 1938, Munich). La huitième convention a lieu à Alès en 1941 (après deux années d’interruption): « L’Evangile éternel » (150 participants). « Tous un en Christ » (1942); « Ce que l’Esprit dit aux Eglises » (1943, 325 participants); « Toutes choses nouvelles »; « La vocation » (440 participants). On venait à Alès du Nord, du Midi, du Poitou, d’Alsace, de Lorraine. On pourrait aussi parler des conventions du Sud-Ouest; au Mas d’Azil (1943, 1944); à Montauban et aux Bordes-sur-Arize à partir de 194

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L’église du désert (1685-1787) http://larevuereformee.net/articlerr/n217/l%e2%80%99eglise-du-desert Wed, 17 Aug 2011 09:59:51 +0000 http://larevuereformee.net/?post_type=articlerr&p=449 Continuer la lecture ]]> L’église du désert (1685-1787)

Albert BERRUS*

 

L’étude de l’Eglise du désert, haut lieu de la foi protestante, m’a beaucoup appris et, surtout, elle m’a confirmé que, d’une décennie à l’autre, d’un siècle à l’autre, les temps changent. Il faut donc en être conscient pour une meilleure fidélité actualisée.

 

Rappelez-vous, en mai 68, l’histoire n’avait rien à nous dire et, maintenant, nous ne cessons de commémorer, disant le contraire.

 

Si les décennies se suivent aujourd’hui, elles se suivaient dans le passé et la vie de l’Eglise au désert a, pour moi, trois ou quatre périodes, nous le verrons, plus difficiles à préciser que l’époque du désert que tous les historiens s’accordent à faire commencer à la révocation de l’Edit de Nantes (1685) et finir à l’Edit de tolérance (1787): cent deux ans. Naturellement, les “dragonnades” l’inaugurent dès 1681 et la libération des prisonnières de la Tour de Constance, en 1768, précède l’Edit de tolérance. Nous avons pu fêter cette libération à Aigues-Mortes œcuméniquement en 1968, comme nous avons pu fêter l’Edit de Nantes en 1998 et confesser nos péchés réciproques à Nîmes, tous réunis dans la cathédrale: Eglises évangéliques, réformées, romaine, tous ensemble, le 23 avril 1998. C’est inoubliable.

Pour étudier la période du désert, j’ai écouté le témoignage de Frank Puaux, issu de notre Bas-Vivarais, un jeune agrégé de l’Ecole normale d’Ulm, Cévenol issu de notre paroisse nîmoise Patrick-Cabanel, le professeur Hubert Bost de l’Institut protestant de théologie, et les dernières parutions d’Itinéraires protestants, auxquelles a participé notre ami J.-M. Daumas, La guerre des Cévennes, de H. Bosc, ainsi que Le Théâtre sacré des Cévennes, réédité en 1998.

 

Une question se pose: pourquoi l’effondrement de 1685, qui réduit le nombre des protestants au point de permettre la révocation? La France n’avait-elle pas accueilli la Réforme dans toutes ses provinces, dans toutes les classes de sa société? C’est vrai, mais le catholicisme était resté majoritaire. Surtout grâce à l’absolutisme royal, mais aussi par notre faute quand les protestants ont été d’abord des “tombeurs de statues”. Notre professeur Louis Joubert, originaire du Poitou, nous disait que la Réforme a cessé de progresser dans sa province quand elle a voulu supprimer la superstition avant de faire accueillir l’Evangile qui, lui, entraînait que les statues n’étaient plus nécessaires. Ce qui confirme qu’un témoin ne doit pas être d’abord contre les ténèbres, il doit être pour la lumière qui fait reculer les ténèbres… Croyez-moi, on peut en souffrir encore aujourd’hui.

 

Si cela a pu entraîner des arrêts d’expansion, il est vrai que, malgré cela, la France a eu 1 million de protestants sur 20 millions d’habitants, et la proportion était très forte dans le Sud: 200 000 dans le Languedoc, avec 90% en Cévennes, 85% en Vaunage Vistrenque, Gardonnenque, et plus de 65% à Nîmes.

 

Au départ, les protestants, dans leur assemblée de La Rochelle de 1588, proclamaient: “Voici le moment venu de rendre les rois serfs et esclaves…” Cette assemblée avait engendré une sorte de république fédérale protestante dans le royaume qui rassemblait les provinces unies organisées sur les modèles suisse et néerlandais. Cela a duré jusqu’à cinquante ans après la Saint-Barthélemy (1572), jusqu’à la grâce d’Alès sous Louis XIII en 1629. Mais en 1685 (presque cent ans plus tard), la théologie insistait sur l’obéissance au roi par motif de conscience. “Il n’y a rien qui puisse dispenser les sujets de serment de fidélité. Nos vies, nos biens sont la propriété du roi, l’Evangile ne commande que la patience et la résignation”, disent les pasteurs de Saintonge à un jeune proposant d’esprit résistant. Et Claude Brousson pensait de même. Dès lors, le passé d’émancipation avait disparu, la résignation était devenue règle; c’est pourquoi on a signé plus facilement. “Il n’y a plus eu d’Etat dans l’Etat.”

 

Fort heureusement, tous n’ont pu accepter. Au moment de la révocation, des fugitifs errent dans les montagnes cévenoles pour ne pas abjurer (967) dans le diocèse de Mende. Les prêtres signalent que le père et le fils aîné font leur devoir, les femmes et les cadets sont plus opiniâtres. Beaucoup ont quitté pour le refuge dans les pays plus accueillants. Le pourcentage des départs est différent Sur 6480 réfugiés à Genève, 10% sont Cévenols. Alors qu’au Queyras, les départs ont été collectifs.

 

Malgré cela, surprise en 1685, les temples sont détruits, les pasteurs exilés. Dès l’automne, la Parole de Dieu se fait de nouveau entendre dans les assemblées du désert: l’Eglise n’est pas restée longtemps souterraine. Elle ne veut pas se passer de se rassembler. (D’ailleurs l’individualisme n’était pas d’époque, ni le cléricalisme, il le fallait aussi.) Des prédicants se lèvent comme des lumignons fumants, attendant le retour des pasteurs qui ne se produit pas (seulement deux ou trois d’entre eux sont venus fugacement).

 

Mais des correspondances se maintiennent avec le refuge et, au foyer, les femmes, avec l’appui de leur mari, sapent le travail des prêtres, contraintes au double jeu certes, mais la résistance qui couve, au départ non violente, va ouvertement se manifester. On n’extirpe pas la foi en la refusant, en enseignant autre chose. L’Esprit souffle où il veut, quand il veut: on peut canaliser le Rhône, non le mistral.

 

Après soixante-dix ans d’athéisme enseigné en Russie, un réveil de la foi est né dans la jeunesse et Staline a dû appeler au secours le patriarche pour redonner un moral à la nation. La Faculté de l’Eglise confessante allemande s’est ouverte à Berlin sous Hitler. Un général russe athée a maintenu les diaconesses protestantes en Allemagne de l’Est… j’en passe pour revenir en France en 1688. Voici que surgit un mouvement de prophètes en Dauphiné, il traverse le Vivarais et gagne les Cévennes.

 

Au départ, les inspirés, peigneurs de laine, garçons boulangers, filles illettrées, enfants, jeunes gens se levèrent en grand nombre; les vallées en fourmilleront, les montagnes en seront couvertes. De 1690 à 1700, leur comportement est à peu près normal; leurs violences sont réfléchies, leur foi est dans les limites de la foi protestante; ils appellent à la repentance et promettent une délivrance. Mais après avoir reçu les prophéties de Jurieu sur l’Apocalypse qui ne s’étaient pas réalisées, ils méditèrent sur leur crise, la situation était sans issue; on avait attendu des interventions qui ne sont pas venues. Alors, ils redoublèrent de ferveur pour forcer Dieu. Ils entraient en transe; un torrent tumultueux les traversait: citations bibliques, appel à la repentance, à la fermeté, imprécations contre les persécuteurs, exhortations. Mais après 1700, ils “sortirent de leurs gonds”. Dès lors, une première période se clôt.

 

Le premier prophétisme, Jurieu et Brousson l’accueillirent; il a d’ailleurs joué un rôle important dans le ressaisissement des renégats avec l’appel à la repentance et à la confiance en Dieu.

 

Au départ, il n’y a eu aucun enseignement pour l’engendrer, le maintenir; il a surgi chez les enfants, les adultes, leur donnant de parler français avec cette première parole: “Je te le dis, mon enfant”, suivie de l’exhortation à la repentance et à la fidélité.

 

Mais après, les prophètes donnèrent l’ordre d’accomplir des massacres; si cela est excusable à cause de l’exaspération, cela ne saurait être sous l’inspiration de l’Esprit Saint.

 

Partout, ivraie et bon grain se mélangent, sauf en Jésus Tous les mouvements de réveil ont eu leur hypnose, leur extase, leur sentiment de péché; on ne perçoit le mélange qu’après: “D’où vient qu’il y a de l’ivraie?” Ainsi, les prophètes, “sortant de leurs gonds”, vont entraîner deux années de révolte armée non prévues, ils vont entraîner la guerre des Cévennes, la révolte des Camisards de 1702 à 1704. Elle mobilisa deux maréchaux de France et elle ne finit qu’en traitant avec eux.

 

Quand on parle de la guerre des Cévennes, il s’agit d’une révolte qui couvre Cévennes, Gardonnenque, Vaunage, Vistrenque, comme le font remarquer des auteurs récents. Je les cite:

“Cette révolte n’est pas limitée à la bordure montagneuse du Bas-Languedoc. La Gardonnenque, la Vaunage, la Vistrenque ont joué un rôle de premier plan dans le recrutement logistique des troupes ainsi que dans la conduite des opérations: les fleuves côtiers, les marais , les canaux, les manades ont été tout autant camisardes que les hautes terres riches en bruyère et en châtaigniers. Cavalier, sur cinq cent vingt-sept jours de guerre du 6 novembre 1702 au 16 avril 1704, passera trois cent dix-sept jours en Basses-Cévennes, Gardonnenque, Uzège, quarante-huit en Hautes-Cévennes, cent soixante-deux en Vaunage pays bas, même proportion dans les lettres de Montrevel datées: 55 de Nîmes, 23 d’Alès, 28 de Sommières, 21 d’Aimargues, deux de Lunel, quatre de Saint-Laurent; et pour un tué en Cévennes, il y en avait 100 dans la plaine.”

 

Une fois la révolte camisarde éteinte, un autre temps devait commencer, suivre, sinon l’Eglise du désert aurait signé la mort de la foi protestante sur les terres du Languedoc.

 

Cependant, nous nous devons de comprendre ce temps d’exaspération et être reconnaissants que ces névrosés mystiques aient malgré tout gardé une foi sincère, puissante, rigoriste; ils livrèrent de durs combats selon leur conviction jusqu’au sacrifice total. Leur état d’âme échappe à la critique élémentaire, dit H. Bosc, qui poursuit:

 

“Leur horreur de la compromission et de l’hypocrisie, leur révolte contre la contrainte qui les a soulevés si haut en fait, malgré leurs erreurs, les excès inévitables dus à leur conscience granitique, leur fanatisme et leur colère, les héros de la liberté de conscience, les défenseurs des droits de la foi… Mais cela n’aurait pu se prolonger sans mal finir…”

 

Fort heureusement, à ce moment-là, arriva Antoine Court (1695-1760).

 

Une fois éteinte la révolte des Cévennes et ses derniers feux, il y eut un passage à vide: le prophétisme devenait marginal (trop féminin aussi). C’est alors qu’un adolescent de Villeneuve de Berg, qui a commencé avec Abraham Mazel (mort en 1710) et a vécu en compagnie d’une prophétesse quelque temps, est envoyé par sa famille à Marseille, où il rencontre les galériens (1712). Cette rencontre sera pour lui décisive: elle le place devant la foi saine qui fait front à l’épreuve, qui ne se laisse pas éblouir par un texte de l’Ecriture donné comme correctif. Aucun de ces textes, qui sont devenus des mots d’ordre stimulants, ne saurait contenir tout le pâturage biblique. Il y a des complémentarités rectificatrices. Mais la Parole souveraine, c’est Jésus-Christ qui n’est asservi à rien et qui peut se servir de tout, au bon moment (par exemple: va, vends tout ce que tu as… et c’est François d’Assise et Pierre Valdo…). Les charismes donneront les charismatiques. “Ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous le faites.” Et c’est le service…

 

C’est ainsi qu’Antoine Court, placé devant la foi des galériens, aura à cœur de restaurer les Eglises, de recréer les conseils presbytéraux, de former des pasteurs, de retrouver les synodes. Il y parviendra; le 21 août 1715, année de la mort de Louis XVI, se réunira pour certains le premier synode du désert.

 

De ce fait, les pasteurs vont renouer avec la consécration pastorale. Ainsi Corteiz va aller à Zurich en 1718 se faire consacrer, afin de rétablir “la filiation de l’ordination suivant la règle apostolique”, dira l’historien Charles Coquerel. Le Séminaire de Lausanne, en Suisse, formera 450 pasteurs. Nous en sommes reconnaissants et bénéficiaires. Il est vrai que le signe de l’imposition des mains n’est pas sans signification et sans conséquence, à travers temps et lieux, dans la marche commune des Eglises. C’est un signe de reconnaissance à divers égards.

 

Les ministres de la Parole et des sacrements sont formés dans la communion des Eglises et envoyés vers elles. Ils en reçoivent un signe d’apostolicité et d’œcuménicité qu’il ne faut pas négliger. Aucun monopole à conserver, mais un signe d’unité à réaliser. C’est un lien historique à maintenir. P. Cabanel dira de Corteiz qu’il renoue la chaîne pastorale interrompue en 1685.

 

Après cette rapide analyse historique de la période du désert – qui connaîtra à partir de 1768 la libération des prisonnières grâce au prince de Beauveau, de plus en plus de liberté et, petit à petit, s’acheminera vers l’Edit de tolérance de 1787 (neuf ans plus tard) sous Louis XVI, qui connut en 1789 la Déclaration des droits de l’homme, laquelle donnait la pleine liberté de conscience et de culte –, une question se pose: pourquoi appeler cette période “le désert”?

 

Pour Hubert Bost, le désert, c’est un espace et un esprit. Un espace d’abord: on s’est réfugié dans la campagne. Pour les Cévennes, sous les hêtres et sous les châtaigniers; pour les garrigues, au milieu des chênes verts; pour la plaine, dans les marais. Le désert est dès lors un espace sans habitation où s’exprime la foi proscrite, où l’on vit au jour le jour, sous le ciel, sans prévoir le lendemain. Après la révolte des Camisards et la flambée prophétique, les Eglises s’y reconstituent et, dans ces lieux, on baptise, on communie, on catéchise, on bénit des mariages, on médite et écoute la Parole.

 

Ce n’est pas par “monachisme” qu’on va au désert. C’est un temps d’épreuve. Jésus y a été conduit… C’est aussi une nécessité; les temples ont été détruits (rez pierre… rez terre…). Dieu reconstruit dans la création le temple de sa louange où elle sera toujours célébrée. Si les ministres se sont tus, les pierres crieront. La nature prend le relais. L’Eglise y continue; elle se réfugie dans les fentes des rochers, les cavernes; elle est réduite à sa plus simple expression.

 

Mais l’Eglise ne peut subsister qu’avec une expression communautaire de la piété. Et la piété du Fils de l’homme n’a pas un lieu où reposer sa tête dans la nature hostile. Pas un chemin couvert de fleurs; mais les épines, les ronces, la croix (Matthieu 8:20). C’est, repris par Paul Rabaut I, “L’inconfort et le risque sont préparation à la vie céleste…”. Esprit Séguier martyr meurt en disant: “Le Carmel désolé reverdira.” Ce n’est pas par monachisme qu’on va au désert, c’est pour y être comme Israël un peuple itinérant, d’Egypte à Canaan. C’est donc le temps d’épreuve consécutif à la libération. C’est le lieu de l’endurcissement des cœurs où Dieu a pitié de son peuple. L’épreuve renforce la conviction (France nouvelle Egypte). Les premiers chrétiens ont été comme les fidèles du désert dans les catacombes.

 

Mais le désert a aussi un aspect positif: c’est le lieu où l’on se réfugie; il y a une mystique. N’est-ce pas le lieu où se réfugie la bien-aimée du Cantique des cantiques? “Ma colombe qui te tiens dans la fente des rochers, fais-moi voir ton regard de bonne grâce.” Et Osée ne dit-il pas: “Je la conduirai au désert et là je parlerai à son cœur”? Et l’Apocalypse nous montre “la femme et le dragon conduits au désert”.

 

En quelques mots, Hubert Bost nous dit: “Le désert est exotique, poétique, apocalyptique”, lieu du petit troupeau. Tout a donc été type pour nous. Le désert romantique et mystique est finalement né.

 

Cette période du désert a été découverte et célébrée après coup, car c’est le petit peuple qui a pris le chemin du désert. Les bourgeois, les protestants aisés des villes sont restés assez timorés (souvent des “nicodémites”), alors que le petit peuple a voulu affirmer sa foi en assemblée.

 

Certes, il y a eu des dialogues entre tous: ceux qui pliaient devant la persécution et les prisonnières de la Tour de Constance, chacun portant l’autre dans son intercession sans le juger et aidant par son témoignage. Des lettres s’échangeaient. Ne cloisonnons rien. Ainsi l’Eglise a connu, malgré tout et quand même, une solidarité de ses membres, malgré déviations, oppositions, reniements. La grâce a été la plus forte Et nous voici au XXIe siècle où la période du désert a été retrouvée et célébrée.

 

La Société d’histoire protestante a pu réaliser, avec les fondateurs Hugues et Puaux, le Musée du désert dans la maison natale de Roland, dans la commune de Mialet, au hameau du Mas Soubeyran. Il a été inauguré le 24 septembre 1911 devant 2500 personnes. Il est là pour rendre cette histoire plus vivante, pour recueillir les souvenirs de ce temps d’épreuve.

 

Frank Puaux, dans son discours inaugural, dira:

 

“Il faut s’incliner devant les défenseurs de la plus sainte des libertés: la liberté de conscience. Mais nous n’avons ni passion, ni haine, car nos héros nous condamneraient en nous rappelant que le pardon est la loi suprême de l’Evangile… Mais, qui nous reprocherait d’avoir le culte d’un si grand passé? Quelle ingratitude serait la nôtre si nous laissions les ombres du soir envahir un tel sanctuaire!”

 

Ce jour-là fut chanté le “Psaume des batailles” (68) et la “Complainte de la Tour de Constance”, en patois languedocien, rédigée par le poète nîmois Antoine Bigot qui, ayant envoyé son texte à Frédéric Mistral, en reçut les félicitations pour cette foi persécutée si bien exprimée dans la langue nîmoise. C’était un œcuménisme préexistant…

 

Plus tard, Ruben Saillens (le revivaliste) ajoutera la “Cévenole”.

 

Depuis 1928, c’est le premier dimanche de septembre qu’on se réunit. De 1920 à 1940, c’est une assemblée de 5 000 à 6 000 personnes. A partir de 1960, c’est environ 15 000 à 20 000 qui se rassemblent familièrement, avec des pointes en 1968, délivrance des prisonnières; 1985, révocation de l’Edit de Nantes, 25 000. Nous sommes là dans une ambiance joyeuse, familiale, fraternelle de fête d’Eglise, qui n’exclut pas émotion, recueillement, réflexion. C’est le jour où le protestantisme se manifeste une grande famille. Depuis la vague œcuménique, des frères des autres familles chrétiennes s’y trouvent à l’aise. Les pays du refuge ont leurs cars de participants aux grandes occasions.

 

Dans tous les temps diversifiés qui se succèdent, il est bon de voir comment l’Evangile s’est incarné, car il n’y a qu’un mot qui résume l’Ecriture, ce que le Fils de Dieu a décidé de vivre: l’incarnation.

 

Que l’Esprit nous donne de bien incarner sa présence dans notre temps avec ses aspects divers qui changent. Gardons ce qui demeure, ce qui ne passe pas et qui peut d’heure en heure éclairer tous nos pas: la foi, l’espérance, l’amour. Dons du Seigneur qui les a amenés à la perfection.

 

Nous avons vu se succéder, au cours du XXe siècle: le réveil pentecôtiste 1911, le réveil de la Drôme 1922, le réveil charismatique 1972. Si je me sens plus près du réveil de la Drôme ou de César Malan 1820, j’ai accompagné le dernier avec bien des joies.

 

De toute manière, Dieu conduit l’histoire afin que nulle chair ne se glorifie devant Lui. A DIEU SEUL LA GLOIRE.


* A. Berrus est pasteur de l’Eglise réformée de France à la retraite et président du conseil de la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence. Ce texte est celui de la leçon inaugurale donnée le jour de la rentrée de la faculté, le dimanche 7 octobre 2001.

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