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Evaluer les connexions intertextuelles au sein du canon biblique : une méthodologie

Evaluer les connexions intertextuelles au sein du canon biblique : une méthodologie


Guillaume Bourin
Pasteur à Montréal et candidat au doctorat à l’Université d’Aberdeen (Ecosse)


L’objectif de cet article est de proposer une méthodologie permettant d’identifier les points de connexion qui lient les textes canoniques entre eux et d’évaluer comment de tels procédés littéraires en affectent le sens. Il est d’usage de nommer ce processus intertextualité, cependant de nombreux spécialistes préfèrent parler d’exégèse intra-biblique. En effet, s’il est vrai que l’intertextualité peut se référer à la connectivité qu’entretiennent deux ou plusieurs textes, son usage académique désigne plutôt un ensemble d’approches synchroniques orientées vers le lecteur1 [1]. Julia Kristeva et son mari Philippe Sollers, deux intellectuels de premier plan du mouvement Tel Quel, sont crédités de la première utilisation du terme en 19682 [2]. Très vite, cette vision de l’intertextualité se voit dotée d’avocats prestigieux, tous issus de la mouvance poststructuraliste3 [3]. Entre leurs mains, la théorie intertextuelle sert principalement à déterminer – ou plutôt à déconstruire – la séquence menant à l’émergence du sens, qui, selon eux, ne peut se produire que dans l’interaction d’un texte avec un autre texte. Ainsi, le sens d’un texte particulier n’est jamais statique, mais il est la somme de tous les sens possibles de leurs interconnexions potentielles. Le lecteur en devient l’agent principal ; c’est lui qui, lisant un texte donné, décide de l’associer avec n’importe quelle autre ressource qui lui est accessible. Une production plus ancienne peut alors acquérir une signification nouvelle en interagissant avec un document plus récent.

Une telle vision de l’intertextualité s’oppose aux approches traditionnelles qui placent l’accent sur le rôle de l’auteur dans la définition du sens. Pourtant, dans ce camp également, l’intertextualité a le vent en poupe et constitue un champ d’étude en fort développement, mais elle correspond alors à une pratique très différente de celle de Kristeva. Sans surprise, l’appropriation de cette catégorie par les biblistes n’est pas du goût de tous, et certains théoriciens de « l’intertextualité déconstructionniste » vont jusqu’à accuser ces derniers d’en détourner l’usage afin de donner une impression de fraîcheur et d’actualité à leurs recherches4 [4]. Ces critiques nous semblent fondées : de nombreux spécialistes appliquent la catégorie d’intertextualité à des pratiques qui étaient déjà en usage sous un autre nom dans le domaine des études bibliques. Pour ajouter à la confusion, certains exégètes utilisent la méthodologie de Kristeva pour articuler différentes approches idéologiques sur la base des textes bibliques5 [5]. Ainsi donc, le terme intertextualité semble piégé ; dans les deux camps, on tend à le regarder avec suspicion, de sorte que Kristeva elle-même lui préfère désormais la notion de « transposition ». Certes, plusieurs spécialistes opposés au déconstructionnisme militent pour une forme de « rédemption » de la discipline6 [6]. Schultz avance quelques suggestions intéressantes dans cette direction7 [7] mais, selon nous, aucune n’impose de maintenir ce terme – qui n’est d’ailleurs pas des plus convenables pour qualifier la recherche des connexions textuelles intra-canoniques.

Dans le présent article, nous reconnaissons que l’intention de l’auteur est la source initiale et principale par laquelle le sens est déterminé. Selon cette approche, un lecteur intentionnel, familier de la littérature canonique, ne peut créer une relation entre deux textes ; il peut simplement reconnaître le phénomène quand il a lieu. L’auteur et le lecteur doivent partager les mêmes compétences de communication, ou peut-être devrions-nous plutôt parler de compétences textuelles, c’est-à-dire « une connaissance ou une capacité à utiliser tous les systèmes sémiotiques qui lui sont accessibles en tant que membre d’une communauté socioculturelle définie »8 [8]. Puisqu’un tel présupposé s’écarte sensiblement de la version poststructuraliste de l’intertextualité, et en raison des critiques de ses représentants, nous préférons ne pas retenir la catégorie « intertextualité » dans cet article. D’autre part, les dépendances textuelles que nous nous proposons d’évaluer sont limitées au seul cadre du canon biblique. Nous pensons donc que le libellé « exégèse intra-biblique » se prête beaucoup mieux à l’étendue de la tâche qui nous accapare dans les lignes qui vont suivre9 [9].

La tâche de l’exégèse intra-biblique

Si l’auteur a autorité sur le sens du texte qu’il produit, toute connexion intra-biblique (ci-après, CIB) soulève la question de son intentionnalité : l’auteur crée-t-il délibérément la relation textuelle, ou bien est-elle le résultat d’un processus involontaire, voire inconscient ? Notre analyse ne peut donc se limiter à la seule identification du lien entre le texte d’emprunt (le « texte-source ») et sa destination (le « texte-cible ») ; nous devons également examiner s’il provient de la stratégie de communication de l’auteur, et s’il affecte le sens du texte-cible. Seules les CIB clairement intentionnelles sont susceptibles d’offrir des indices tangibles à l’exégète, bien que l’accumulation d’affinités textuelles de plus faible intensité puisse parfois permettre d’établir une conviction interprétative, comme nous le verrons. L’évaluation des CIB est devenue un exercice de plus en plus complexe ces trente dernières années, en témoignent les nombreuses méthodologies successivement avancées puis abandonnées10 [10]. Au sein de ce foisonnement d’études, la majorité des spécialistes se concentre sur l’analyse des liens textuels entre l’Ancien et le Nouveau Testament. L’exploration des CIB internes à l’Ancien Testament est un domaine de recherche relativement récent.

Parmi les approches les plus influentes, il nous faut mentionner celle de Richard B. Hays, formulée pour la première fois dans sa monographie de 1993, Echoes of Scripture in the Letters of Paul 11 [11]. Hays appuie sa méthode d’identification des CIB (qu’il appelle « échos ») sur sept critères : (i) l’accessibilité potentielle au texte-source par l’auteur du texte-cible, (ii) le volume (ou « intensité ») de l’écho, (iii) la récurrence du procédé dans le contexte immédiat du texte-cible, (iv) la cohérence thématique entre la source et la cible, (v) la plausibilité historique de l’écho, (vi) l’histoire de l’interprétation de l’écho au moment de son utilisation dans le texte-cible et, en dernier lieu, (vii) la satisfaction de l’écho, c’est-à-dire la pertinence de l’intertexte dans la rhétorique communicative du texte-cible. Cette approche a suscité autant d’enthousiasme que de critiques. Si Gregory K. Beale, par exemple, adopte les sept critères de Hays sans réellement les modifier12 [12], Stanley Porter, quant à lui, estime qu’ils sont vagues, contradictoires, et parfois mutuellement exclusifs13 [13]. Que faut-il en penser ? Dans les faits, seuls les quatre premiers critères visent réellement l’authentification d’une CIB ; les trois derniers sont davantage des outils interprétatifs14 [14]. De plus, lorsque l’analyse se porte sur des textes dont la date de composition est disputée ou difficile à évaluer, comme c’est souvent le cas dans l’Ancien Testament, le critère de disponibilité paraît inutilisable. Quand aucun marqueur chronologique intra-textuel n’existe, par exemple dans le cas du livre de Joël, le seul moyen d’établir la direction d’une CIB est d’utiliser des outils diachroniques d’analyse. Même si nous n’écartons pas le concept d’accessibilité de manière définitive, nous ne retenons de l’approche de Hays que les critères de volume, de récurrence et de cohérence thématique. Cependant, là encore, son traitement nous paraît trop léger. Ainsi, bien que l’évaluation du volume de la CIB soit cruciale pour l’exégèse du texte-cible, il est étonnamment évasif quant aux leviers exégétiques qu’il entend utiliser. Sa présentation du critère de récurrence (que d’autres ont choisi d’appeler « accumulation » ou « distribution ») et celle du critère de cohérence thématique sont bien plus consistantes. Toutefois, nous pensons que ces deux outils mériteraient d’être affinés et intégrés à des catégories d’analyse plus claires car, en l’état, elles ne font qu’étayer vaguement l’intensité du lien entre texte-source et texte-cible. De plus, avec Porter, nous pensons que les contours du concept d’écho tel que défendu par Hays sont mal définis. Ainsi donc, même si nous nous proposons de reprendre ces trois critères à notre compte et de les intégrer à notre méthodologie, il nous appartient de proposer des outils de mesure concrets, ce que nous ferons plus loin.

Une dernière question doit être posée. Nous avons établi le rôle crucial joué par l’auteur dans l’établissement du sens d’un texte et donc a fortiori des CIB qu’il contient. Mais, s’il en est ainsi, quel est le rôle du lecteur dans ce processus ? Serait-il cantonné à la passivité ? Nous ne le pensons pas, car si l’auteur d’un texte-cible entend établir une CIB avec un texte-source, il s’ensuit qu’il s’attend également à ce que ses lecteurs soient en capacité de l’identifier. Ziva Ben-Porat distingue trois étapes dans ce processus de reconnaissance du lecteur : premièrement, celui-ci identifie un marqueur textuel et reconnaît ainsi la connexion avec un texte-source ; deuxièmement, il observe de quelle manière cette allusion est modifiée dans le texte-cible ; et, troisièmement, le lecteur « active la source » afin de découvrir le sens qu’elle recouvre dans le texte-cible15 [15]. La méthodologie que nous développons dans les lignes qui vont suivre associe les observations de Ben-Porat à des critères résolument tournés vers l’intention de l’auteur. Nous lui empruntons d’ailleurs l’expression « marqueur textuel » pour désigner un lexème ou un groupe de lexèmes intentionnellement disposés par l’auteur dans le but de signaler au lecteur que deux ou plusieurs textes doivent être connectés l’un à l’autre.

Dans les lignes qui vont suivre, toutes les catégories et tous les critères que nous proposons se focalisent sur la recherche de tels marqueurs textuels, qu’ils existent sous la forme de similarités lexicales, de correspondances syntaxiques et thématiques, et d’autres procédés littéraires communs à deux ou plusieurs textes. Notre méthodologie se compose de trois phases d’analyse distinctes : l’évaluation des similarités textuelles, la détermination de la direction de l’emprunt et l’examen du degré d’intentionnalité de la CIB16 [16].

Critères visant à évaluer les similarités littéraires entre deux textes

Nous l’avons dit, l’une des étapes fondamentales d’identification d’une CIB intentionnelle est l’analyse du degré de similarité entre les textes impliqués. D’emblée, nous devons mettre en garde contre le risque de confusion : non seulement les spécialistes usent-ils d’une palette importante de termes pour qualifier l’intensité d’une dépendance textuelle, mais un rapide survol de la littérature spécialisée met en évidence de profondes divergences quant à la signification d’un même libellé. Il n’est pas rare que deux études documentent la même CIB, mais l’absence d’uniformité dans la terminologie employée rend souvent la comparaison difficile, voire impossible. Pour notre part, nous utilisons l’appellation CIB comme une expression générale désignant plusieurs sous-catégories de dépendances textuelles. Afin de prévenir toute confusion, nous nous proposons de commencer en apportant une définition de ces catégories et de la manière dont elles sont utilisées.

Dans sa récente recherche doctorale sur Zacharie 9–10, Justin Allison propose une taxonomie permettant une évaluation précise de l’intensité d’un lien textuel17 [17]. Il distingue cinq catégories de CIB, qu’il classe par ordre croissant de « volume » : la trace, l’écho, l’allusion, la mention et la citation. Les frontières entre ces catégories analytiques peuvent paraître arbitraires, mais en permettant une certaine fluidité entre chacune d’entre elles, nous estimons qu’elles sont tout à fait fonctionnelles.

Degré de connectivité

[18]

Une trace caractérise un type de CIB dans lequel un texte-source sert d’arrière-plan à un texte-cible. Elle peut être composée d’un stock de vocabulaire rare18 [19], de correspondances thématiques ou d’une vague mention de la forme lexicale de la source. Dans tous les cas, la trace se caractérise par l’impossibilité de démontrer l’intentionnalité de l’auteur. En conséquence, la CIB peut être réelle ou non, consciente ou non, et le succès herméneutique de l’auteur n’est pas soumis à la compréhension de la trace textuelle par son lectorat.

L’écho et l’allusion sont les deux catégories les plus usitées – l’influence de l’approche de Hays n’y est sans doute pas étrangère. Ici, bien plus que dans d’autres sous-catégories, les débats relatifs à la terminologie font rage. Certains tendent à utiliser les deux termes de manière interchangeable, mais Porter semble avoir démontré de manière convaincante qu’une distinction entre les deux catégories est nécessaire19 [20]. Ici encore, nous retenons la définition d’Allison : un écho est une CIB présentant un maximum de trois caractéristiques intertextuelles, là où une allusion en présente quatre ou plus20 [21]. D’autre part, une allusion intra-biblique implique un minimum de trois similarités lexicales, c’est-à-dire des lexèmes communs aux deux textes fonctionnant comme des marqueurs textuels21 [22]. Un écho, quant à lui, en contient deux au maximum. A l’inverse de l’allusion, l’écho ne requiert pas l’identification formelle de la CIB par le lecteur pour une juste compréhension du texte-cible.

Les deux dernières catégories mentionnées par Allison constituent les degrés d’interconnexion les plus élevés. Le premier, la mention, est la répétition d’une locution du texte-source dans le texte-cible. Par locution, nous entendons une séquence d’au moins trois lexèmes. Une citation peut impliquer une correspondance d’intensité supérieure à la mention, quoique ce ne soit pas systématique. C’est la présence éventuelle d’un marqueur d’attribution qui distingue ces deux sous-catégories. De tels marqueurs, consistant le plus souvent en une formule d’introduction, sont relativement courants dans le Nouveau Testament (voir par exemple Mt 13.35 ; 15.7). Ils sont en revanche bien moins nombreux dans le canon hébraïque, et très rarement utilisés dans le cas de CIB (l’une des rares occurrences se trouve en 2Ch 25.4). En de rares cas, certains verbes déclaratifs peuvent fonctionner comme des marqueurs d’attribution22 [23].

Les CIB les plus évidentes sont souvent celles qui offrent à la fois une accumulation et une diversité de critères observables. Tous n’ont cependant pas la même force. Dans sa recherche des CIB intentionnelles au sein de Zacharie 9–10, Allison propose de prioriser les similitudes lexicales et par conséquent d’exclure celles qui n’en possèdent que peu23 [24]. Mark Boda n’est pas du même avis, et il estime qu’une évaluation « limitée [à l’analyse lexicale] n’offrira pas toujours de résultat probant », tout en reconnaissant qu’une simple comparaison conceptuelle sera forcément teintée de subjectivité24 [25]. Il est vrai que le canon biblique est émaillé de nombreux exemples d’interconnexions thématiques qui ne peuvent être corroborées par une approche strictement lexicale. D’ailleurs, tous les exemples bibliques de vocabulaire partagé ne se valent pas. Certaines similitudes sont imprécises ou plus faibles, par exemple quand deux textes font usage du seul vocabulaire existant en hébreu biblique, quand la connexion apparente consiste en des expressions proverbiales, idiomatiques, ou en des formules oraculaires, et quand les deux textes ont en commun des collocations ou des clauses très fréquentes dans la littérature biblique. De tels liens lexicaux de faible intensité doivent impérativement être accompagnés d’autres types de connexion pour que la CIB puisse être clairement établie. Enfin, et par-dessus tout, il nous faut prendre garde à l’écueil de la « parallèlomania »25 [26].

Malgré ces précautions, nous estimons que les similarités lexicales sont les pièces à conviction les plus convaincantes dans la démonstration d’une CIB intentionnelle, en particulier lorsqu’une accumulation d’indices est observable. Cependant, nous n’excluons pas de facto les degrés de correspondance moindre. Le diagramme ci-dessous indique comment l’intensité d’un critère accroît la probabilité d’une CIB :

Intensité du critère

[27]

Pour être exploitable, une similarité thématique doit impérativement être spécifique et significative. Si le motif en commun se retrouve un peu partout au sein du canon biblique ou s’il n’affecte pas le sens d’au moins un des textes à l’étude, il semble inutile de le retenir. Une correspondance thématique n’est significative qu’en cas d’accumulation, par exemple lorsqu’elle consiste en un « bouquet » de motifs ou lorsque des connexions lexicales l’accompagnent. Le critère de correspondance syntaxique ne peut être utilisé indépendamment de ceux dédiés à l’étude des similarités lexicales, puisqu’il s’attache à comparer les fonctions syntaxiques de termes ou de clauses partagés par deux textes. Cependant, lorsqu’un arrangement similaire des clauses est observable, il peut potentiellement s’agir d’un marqueur textuel, et ce même quand les deux textes ne contiennent que des correspondances lexicales imprécises. A titre d’exemples, une même séquence des événements26 [28] ou un même ordonnancement des mots dans les propositions principales peuvent être significatifs27 [29].

Nous utilisons quatre critères pour évaluer les similarités lexicales. Le premier, la similarité lexicale, constitue le niveau d’intensité le plus faible. Il est constitué d’au moins deux lexèmes significatifs (déterminants et conjonctions exceptés) communs à deux textes. Ces termes peuvent être côte à côte ou distribués dans des clauses distinctes. Dans le deuxième cas, leur relation syntaxique au sein du texte-source (par exemple, leur disposition dans deux lignes parallèles) doit être clairement évidente. Nous parlons de clause commune quand une séquence d’au moins deux lexèmes se retrouve dans les deux textes à l’étude. Bien entendu, plus le vocabulaire commun s’accumule, plus le marqueur textuel est évident, en particulier lorsque le langage est distinctif, c’est-à-dire quand le contexte immédiat d’au moins un des deux textes constitutifs de la CIB contient d’autres occurrences de ces termes28 [30].

L’exégète utilisant ces critères de correspondances lexicales doit garder ouverte la possibilité de variantes mnésiques. En effet, bien que, dans l’Antiquité, le processus de transmission des textes obéissait à des procédés rigoureux de copie de matériaux écrits, une grande place était laissée à la dynamique orale et à la mémorisation de portions entières des traditions littéraires29 [31]. David M. Carr, qui analyse cette question sous l’angle des pratiques scribales, observe que dans un tel contexte oral/écrit le processus de mémorisation et de reconstruction des données textuelles entraîne très souvent l’utilisation de synonymes, voire en certains cas une modification importante de la source30 [32]. De telles variantes synonymiques sont observables dans certaines CIB31 [33]. Toutes ne sont pas caractéristiques de variantes mnésiques. Certaines peuvent être le fruit d’une modification consciente de la part de l’auteur du texte-cible. Le phénomène peut aussi s’expliquer par le fait qu’il disposait d’un texte différent de la forme canonique, parce que celle-ci n’était pas encore fixée en tous points. Ce champ d’étude n’en est encore qu’à ses balbutiements, et il se pourrait que de nombreuses variantes mnésiques de ce type soient présentes dans le stock de CIB intentionnelles.

Critères visant à déterminer la direction de l’emprunt

Nous touchons ici à l’aspect le plus débattu de la discipline, celui où les désaccords quant aux critères d’évaluation sont les plus nombreux. Cette situation s’explique sans doute par la difficulté d’interagir avec des unités textuelles composites qui sont souvent le fruit d’un processus complexe de rédaction. Il n’est pas rare que deux études usant des mêmes critères parviennent à des conclusions radicalement différentes. Schultz résume bien la situation :

Comme l’illustrent les polémiques de la fin du xixe siècle, la plupart des critères sont extrêmement flexibles et peuvent être utilisés de manière convaincante par toutes les parties. Le texte-cible produit-il une expansion ou une abréviation du matériel emprunté ? A-t-il collecté de multiples fragments de textes antérieurs pour construire un oracle composite ou a-t-il fragmenté une citation plus longue pour l’intégrer à ses propres oracles sous la forme de grappes d’idées répandues partout où il le jugeait approprié ? A-t-il soigneusement adapté son emprunt de manière à ce qu’il s’intègre dans son nouvel environnement d’une meilleure manière encore que dans son contexte initial, ou bien son nouveau positionnement est-il si étrange qu’il constitue en soi un indice que l’auteur a cherché à préserver l’expression telle qu’il l’a trouvée ? Bien que de tels critères soient essentiels, leur application est presque inévitablement subjective32 [34].

Il nous faut donc faire preuve d’une circonspection accrue lorsque nous souhaitons évaluer la direction d’une CIB. Si aucun indice concret ne permet d’établir avec certitude les dates de composition des textes à l’étude (et par conséquent de satisfaire au critère haysien d’accessibilité), alors nos conclusions, s’il y a lieu, ne doivent être exprimées qu’en termes de probabilité. Ces précautions établies, les quatre critères proposés par Michael Lyons nous paraissent suffisamment exhaustifs, même s’ils peuvent être affinés en certains cas :

Premièrement, [l’auteur ou l’éditeur] du texte qui emprunte peut introduire dans le matériel ainsi emprunté des modifications qui correspondent à son propre raisonnement. Dans ce cas, il nous faut être capables d’offrir des arguments démontrant que l’auteur a réalisé des ajustements qui font évoluer l’emprunt par rapport à son contexte d’origine. Deuxièmement, [l’allusion] peut n’être que partiellement intégrée dans le texte qui emprunte, et par conséquent afficher des indications de son contexte initial qui sont incongrues dans leur nouvel environnement. […] Troisièmement, le texte qui emprunte peut être conceptuellement dépendant du texte-source de telle manière que le lecteur se voie forcé de suppléer une ou plusieurs informations du texte-source pour pouvoir comprendre [le texte-cible]. Quatrièmement, le texte qui emprunte peut introduire des expansions qui réinterprètent la source33 [35].

Le premier critère, la modification, analyse l’usage rhétorique du segment cité dans le texte-cible. Plusieurs séries de critères supplémentaires ont été proposées pour en affiner l’évaluation34 [36]. Le deuxième critère, l’incongruité, exploite les incohérences logiques de l’emprunt dans le texte-cible. Lyons avance l’exemple de la CIB entre Ezéchiel 6.3-7 et Lévitique 26.25, 30-31. Selon lui, le texte commun s’insère parfaitement dans le contexte du Lévitique, alors qu’il semble manquer de cohérence dans Ezéchiel. Dans ce cas précis, cette observation tend à démontrer que c’est Ezéchiel qui utilise Lévitique, et non l’inverse35 [37].

La dépendance conceptuelle est abordée différemment par Lyons et par Carr. Carr estime que le phénomène est uniquement observable lorsque le texte-cible possède « un élément qui semble être une adaptation de [tout ou partie du texte-source] pour faire évoluer les circonstances ou idées »36 [38]. Ainsi, pour lui, la dépendance conceptuelle est confirmée par les ajustements que l’auteur du texte-cible apporte à la CIB dans le but de l’adapter à son propre contexte littéraire et culturel. Lyons, à l’inverse, distingue la dépendance conceptuelle de la modification. Dans sa perspective, si l’un des deux textes contient des indices témoignant de l’existence et de l’accessibilité de l’autre, c’est que le premier est très certainement le texte-cible. Lyons cite l’exemple de la connexion entre Ezéchiel 7.12b-13a et Lévitique 25.25-28 et conclut que l’auteur d’Ezéchiel présuppose que son lectorat avait connaissance du contexte de Lévitique 25 pour que chaque détail fasse sens37 [39].

La logique qui préside au critère d’expansion interprétative est identique à celle de la règle de la lectio brevior potior. Cette règle, qui tend à privilégier la leçon la plus courte, s’appuie sur le fait que les scribes et les copistes étaient généralement davantage enclins à ajouter des détails plutôt qu’à en omettre38 [40]. Si cette règle est pertinente pour la critique textuelle et l’analyse des habitudes scribales antiques, elle peut également s’avérer pertinente dans le cadre de l’exégèse intra-biblique. Néanmoins, la lectio brevior n’est pas infaillible et, en pratique, les spécialistes sont souvent incapables de déterminer si la lecture la plus courte est l’originale ou, tout du moins, la plus ancienne. Lyons, conscient de la difficulté, propose d’ajouter une dimension interprétative au critère :

La tendance à l’expansion ne doit pas écarter la possibilité que le texte qui emprunte puisse également abréger le matériel emprunté. En conséquence, le simple fait que l’un des deux parallèles soit plus long ne permet pas toujours de déterminer la direction. Cependant, si dans le texte le plus long le matériel non parallèle semble « interpréter » le matériel parallèle, dans ce cas il est probable que le texte le plus court soit la source39 [41].

Une expansion littéraire peut donc être utile pour évaluer la direction d’une citation si et seulement si sa vocation interprétative ne fait aucun doute. A l’inverse, en certains cas, le texte-cible peut consciemment abréger la source et effectuer ainsi une sorte de synthèse interprétative de la CIB. Lyons mentionne par exemple la possibilité d’une combinaison de plusieurs locutions séparées dans le texte-source40 [42], et celle du fractionnement de plusieurs éléments du texte-source et leur réarrangement subséquent dans le texte-cible, souvent dans des lignes parallèles41 [43].

Critères visant à déterminer l’intentionnalité de la citation

L’analyse de l’intentionnalité d’une CIB a déjà largement été abordée dans les discussions précédentes. Mentionnons toutefois quatre critères proposés par Lyons : la fréquence de distribution, la connaissance contextuelle, la disponibilité d’options et l’interaction avec le texte-source42 [44]. Le critère de fréquence de distribution (ou d’accumulation), déjà mentionnée plus haut, se focalise sur la répétition des lexèmes qui constituent la CIB. Nous avons également déjà cité la connaissance contextuelle du texte-source, qui peut s’exprimer de différentes manières. Par exemple, dans les cas de fractionnement de la source, le réarrangement des différentes parties dans le texte-cible est forcément intentionnel. Dans d’autres cas, l’auteur du texte-cible peut choisir d’inverser l’ordre des locutions du texte-source, un procédé parfois appelé « loi de Seidel »43 [45]. Pour le lecteur familier de la source, une telle inversion fonctionne alors comme un véritable marqueur d’attribution, comme le suggère Beentjes :

Dans une formulation existante (une phrase, une clause, une expression bien établie, ou une combinaison de termes rares), l’auteur inverse la séquence. Et, par cette citation divergente, il obtient un moment d’attention particulier de la part de son auditoire (ou de son lectorat), car ce dernier lit ou entend un énoncé qui s’écarte de la formulation traditionnelle44 [46].

Ce critère est particulièrement disputé, et nous estimons qu’il doit être manipulé avec beaucoup de précautions. Le changement de séquence des locutions entre deux textes peut très bien s’avérer accidentel ou être le fruit d’une variante mnésique. D’ailleurs, pour Sommer, Seidel n’a jamais pu démontrer le moindre degré de direction d’emprunt dans les exemples qu’il propose45 [47]. Là encore, le croisement de plusieurs critères d’analyse est souhaitable.

Enfin, le critère de la disponibilité d’options tente d’apprécier les possibilités lexicales offertes à l’auteur du texte-cible. Les parallèles peuvent en effet contenir des locutions identiques en raison de contraintes syntaxiques ou d’un stock lexical limité. Lyons cite l’exemple de la locution šḇr maṭṭe leḥḥhem, présente dans Lévitique 26.26 et Ezéchiel 4.16 ; 5.16 ; 14.13. Dans ce cas précis, de nombreuses autres expressions étaient à la disposition de l’auteur d’Ezéchiel pour exprimer le motif de la famine. Cela suggère que l’usage de cette locution est le résultat d’un choix délibéré de sa part46 [48]. Enfin, le quatrième critère avancé par Lyons consiste à identifier une interaction intentionnelle avec le texte-source. Cette catégorie, plus large que les trois précédentes, analyse notamment le degré de réinterprétation du texte emprunté, l’utilisation de la CIB dans un argument nouveau, l’affirmation d’un désaccord ou d’une divergence avec le texte-source. L’intentionnalité de la CIB est plus claire lorsque celle-ci fait l’objet d’un travail éditorial.

Conclusion

Dans cette étude, nous avons cherché à clarifier la terminologie et à affiner le niveau de précision des catégories et des critères dédiés à l’étude des connexions textuelles intra-bibliques. Même si nous ne les avons abordées qu’en passant, nous avons également voulu ouvrir certaines perspectives quant aux développements possibles de la discipline. La question des variantes mnésiques, par exemple, donne un aperçu des contributions possibles de l’exégèse intra-biblique à la critique textuelle et aux recherches sur la formation du canon. A bien des égards, ce que nous appelons « Bible » est une vaste collection de liens intertextuels, une succession de réinterprétations de matériaux littéraires plus anciens. Loin d’infirmer les convictions évangéliques en matière d’inspiration plénière et d’inerrance des Ecritures, nous pensons que cette activité éditoriale témoigne de l’œuvre de Dieu dans le caractère progressif de la révélation spéciale. Ainsi, par l’étude de l’intertexte, l’Analogia Scripturae prend tout son sens.


  1.  Voir Lyle M. Eslinger, “Inner-Biblical Exegesis and Inner-Biblical Allusion : The Question of Category”, Vetus Testamentum 42, 1992, p. 51-53 ; Abner Chou, “Old Testament Intertextuality : Authenticity and Approaches in an Evangelical Context”, 3. Ce dernier article, non publié, a été présenté en 2016 durant la rencontre annuelle de l’Evangelical Theological Society.↩︎ [49]

  2.  Julia Kristeva a élaboré le concept d’intertextualité au cours de ses recherches sur la génération du sens, s’inspirant grandement des travaux de Mikhaïl Bakhtine. Ses contributions les plus notables sont à retrouver dans Tel Quel, Théorie d’ensemble, Paris, Seuil, 1968. Kristeva avait déjà utilisé le titre intertextualité dans deux articles antérieurs qui ne seront publiés qu’en 1969, « Bakhtine. Le mot, le dialogue et le roman » (1966) et « Le texte clos » (1966-1967) dans lesquels le premier usage du terme intertextualité semble attesté. Ils sont à retrouver dans Sèméiôtikè : recherches pour une sémanalyse, Paris, Seuil, 1969. Voir également sa monographie, La révolution du langage poétique, Paris, Seuil, 1985.↩︎ [50]

  3.  Roland Barthes, par exemple, utilise largement cette technique pour appuyer son idée de la mort de l’auteur. Roland Barthes, “The Death of the Author”, Aspen Magazine, 5-6, 1967.↩︎ [51]

  4.  Ainsi, Ellen J. van Wolde, “Trendy Intertextuality”, in Intertextuality in Biblical Writings, Kampen, J.H. Kok, 1989, p. 43-49. Voir également Russell L. Meek, “Intertextuality, Inner-Biblical Exegesis, and Inner-Biblical Allusion : The Ethics of a Methodology”, Biblica 95, 2014, p. 292.↩︎ [52]

  5.  Par exemple, Dana Nolan Fewell, Reading Between the Texts : Intertextuality and the Hebrew Bible, Westminster, John Knox Press, 1992. Nous pourrions également citer certains représentants de la Black Theology et certaines lectures féministes ou écologiques du texte biblique.↩︎ [53]

  6.  Kevin J. Vanhoozer, Is There a Meaning in This Text ? The Bible, the Reader, and the Morality of Literary Knowledge, Grand Rapids, Zondervan, 1998, p. 281.↩︎ [54]

  7.  Richard L. Schultz, “Intertextuality, Canon, and ‘Undecidability’ : Understanding Isaiah’s ‘New Heavens and New Earth’ (Isaiah 65:17-25)”, Bulletin for Biblical Research 20, no 1, 2010, p. 25.↩︎ [55]

  8.  T. Stordalen, Echoes of Eden : Genesis 2–3 and Symbolism of the Eden Garden in Biblical Hebrew Literature (Contributions to Biblical Exegesis and Theology, 25, Leuven, Peeters, 2000, p. 71. Voir également Robert de Beaugrande, Text, Discourse, and Process : Toward a Multidisciplinary Science of Texts, Norwood, Ablex Publishing Corporation, 1980, p. 22-24.↩︎ [56]

  9.  L’expression « exégèse intra-biblique » fait écho aux travaux de Michael Fishbane, notamment dans sa monographie Biblical Interpretation in Ancient Israel, Oxford, Clarendon, 1988. Le présent projet lui est grandement redevable.↩︎ [57]

  10.  Voir le développement de Rex Mason dans “Why is Second Zechariah so Full of Quotations”, in Christopher M. Tuckett, ed., The Book of Zechariah and Its Influence, Burlington, Ashgate, 2003, p. 21.↩︎ [58]

  11.  Richard B. Hays, Echoes of Scripture in the Letters of Paul, New Haven, Yale University Press, 1993, p. 29-33. Sa méthode est appliquée au livre d’Esaïe dans The Conversion of the Imagination : Paul as Interpreter of Israel’s Scriptures, Grand Rapids, Eerdmans, 2005, p. 27-45.↩︎ [59]

  12.  Gregory K. Beale, Handbook of the New Testament Use of the Old Testament, Grand Rapids, Baker Academics, 2012, p. 110-113. Au moment où nous écrivons ces lignes, une traduction en français de cet ouvrage est en cours de publication aux Editions Emmaüs.↩︎ [60]

  13.  Stanley E. Porter, “Allusions and Echoes”, in As it is Written : Studying Paul’s Use of Scripture, ed. Stanley E. Porter and Christopher D. Stanley, Atlanta, Society of Biblical Literature, 2008, p. 36-39.↩︎ [61]

  14.  Malgré sa sympathie pour les thèses de Hays, Beale reconnaît que le quatrième et le septième critère seraient plus efficacement combinés tandis que le premier et le cinquième sont potentiellement redondants. Beale, Handbook, p. 116.↩︎ [62]

  15.  Ziva Ben-Porat, “The Poetics of Literary Allusions”, PTL : A Journal For Descriptive Poetics and Theory of Literature 1, 1976, p. 110-116.↩︎ [63]

  16.  Ces catégories d’analyse sont adaptées des travaux de Richard L. Schultz dans Search for Quotations : Verbal Parallels in the Prophets, Sheffield, T&T Clark, 1999, p. 222.↩︎ [64]

  17.  Justin L. Allison, Two Cases of Allusion to the Torah in Zechariah 9–10, Fort Worth, Southwestern Baptist Theological Seminary, thèse de doctorat, 2016, p. 12-27.↩︎ [65]

  18.  Allison (p. 14), par exemple, mentionne les termes employés pour décrire les ustensiles utilisés dans le temple. Avi Shveka fait une observation similaire quant au langage diplomatique employé dans certains Psaumes. Voir Avi Shveka, “A Trace of Tradition of Diplomatic Correspondence in Royal Psalms”, Journal of Semitic Studies, 2005, p. 297-320.↩︎ [66]

  19.  Hays utilise les expressions « écho allusif » et « écho intertextuel » pour désigner n’importe quelle référence textuelle indirecte à l’Ancien Testament dans la littérature paulinienne. Porter critique à juste titre le flou que ces critères introduisent, et il propose de faire une distinction entre l’allusion (évoquant une personne, un lieu ou une œuvre littéraire) et l’écho (impliquant une notion ou un concept plus général). Nous pensons que la distinction doit être plus précise encore. Porter, “Allusions and Echoes”, p. 36-39.↩︎ [67]

  20.  Allison, p. 16, 19.↩︎ [68]

  21.  Ibid., p. 20.↩︎ [69]

  22.  Voir par exemple Job 21.28 ; Ez 12.22 ; 13.6 ; 18.2 ; Ps 116.11. L’idée est développée par Michael V. Fox, “The Identification of Quotations in Biblical Literature”, Zeitschrift für die alttestamentliche Wissenschaft 92, no 3, 1980, p. 421-422.↩︎ [70]

  23.  Allison, p. 39-40, 56.↩︎ [71]

  24.  Mark J. Boda, Praying the Tradition : The Origin and the Use of Tradition in Nehemiah 9, Berlin, de Gruyter, 1999, p. 2-3.↩︎ [72]

  25.  Ce terme, popularisé par Sandmel, a probablement été inventé par Menzel. Selon Sandmel, il désigne une « attitude extravagante parmi les spécialistes qui tend tout d’abord à exagérer la similitude supposée entre les passages, puis à décrire la source et la dérivation comme s’il s’agissait d’une connexion littéraire s’écoulant dans une direction inévitable ou prédéterminée ». Voir Samuel Sandmel, “Parallelomania”, Journal of Biblical Literature 81, no 1, 1962, p. 1-13 ; Paul Menzel, De Graecis in libris Ḳohelet et Sophia vestigiis : disertatio inauguralis philosophica…, Halis Saxonum, Formis Kaemerianis, 1888, p. 40.↩︎ [73]

  26.  Tracy J. McKenzie, Idolatry in the Pentateuch : An Innertextual Strategy, Eugene, Wipf and Stock, 2010, p. 56. Ian Lawson, The Literary Relationship between Deuteronomy 30:1-10 and Ezekiel 36:22-32, Trinity Evangelical Divinity School, mémoire de master, 1985.↩︎ [74]

  27.  Allison, Two Cases of Allusion, p. 52.↩︎ [75]

  28.  A titre d’exemple, la construction yšb lbṭḥ (habiter en sécurité), caractéristique du Code de sainteté (Lv 17–26), est largement réutilisée dans le livre d’Ezéchiel. Tooman, Gog of Magog : Reuse of Scripture and Compositional Technique in Ezekiel 38–39, FAT 52, Tübingen, Mohr Siebeck, 2011, p. 28.↩︎ [76]

  29.  Pour une étude approfondie de la question de la transmission textuelle dans un contexte oral/écrit, voir David Rubin, Memory in Oral Transmission : The Cognitive Psychology of Epic, Ballads, and Counting-Out Rhymes, New York, Oxford University Press, 1995.↩︎ [77]

  30.  David M. Carr, The Formation of the Hebrew Bible, New York, Oxford University Press, 2011, p. 17.↩︎ [78]

  31.  C’est le cas, selon nous, dans l’évocation de la malédiction du sol de Gn 3.17 en Es 24.6.↩︎ [79]

  32.  Schultz, Search for Quotation, p. 59.↩︎ [80]

  33.  Lyons, From Law to Prophecy : Ezekiel’s Use of the Holiness Code, New York, T&T Clark, 2009, p. 61.↩︎ [81]

  34.  Voir, entre autres, les critères proposés par David Ryan Klingler, Validity in the Identification and Interpretation of a Literary Allusion in the Hebrew Bible, Dallas, Dallas Theological Seminary, thèse de doctorat, 2010, p. 110-112.↩︎ [82]

  35.  Lyons, From Law to Prophecy, p. 63. Fait particulièrement intéressant, un scribe semble avoir noté l’incohérence et tenté de la corriger dans le Texte Massorétique (Ez 6.5a). Moshe Greenberg, Ezekiel, 1–20 : A New Translation with Introduction and Commentary, Anchor Bible, vol. 22, New York, Doubleday, 1983, p. 132.↩︎ [83]

  36.  David M. Carr, “Method in Determination of Dependence : An Empirical Test of Criteria Applied to Exodus 34:11-26 and Its Parallels”, dans Matthias Köckert et Erhard Blum, Gottes Volk am Sinai : Untersuchungen zu Ex 32–34 and Dt 9–10, Gütersloh, Kaiser Gütersloher, 2001, p. 126.↩︎ [84]

  37.  Lyons, From Law to Prophecy, p. 65.↩︎ [85]

  38.  Emmanuel Tov, Textual Criticism of the Hebrew Bible, Minneapolis, Fortress Press, 2012, p. 277.↩︎ [86]

  39.  Lyons cite l’exemple d’Ez 34.4 développant et réinterprétant Lv 25.43, 46, 53. Lyons, From Law to Prophecy, p. 66.↩︎ [87]

  40.  Voir, par exemple, la combinaison de Dt 16.32 ; 17.1 ; 22.6b avec Lv 22.28 ; 26.1 que Carr identifie dans 11QT 52.1-7. Voir Carr, “Determination of Direction”, p. 135.↩︎ [88]

  41.  Sommer donne l’exemple de la locution śāḵār lip̄ʿullāṯēḵ (Jr 31.16) scindée et réarrangée dans la deuxième ligne parallèle d’Es 40.10. Benjamin D. Sommer, A Prophet Reads Scriptures : Allusions in Isaiah 40–66, Stanford, Stanford University Press, 1998, p. 68-69.↩︎ [89]

  42.  Lyons, From Law to Prophecy, p. 68-75.↩︎ [90]

  43.  Ibid., p. 71. Cette loi tire son nom de l’influent article de Moshe Seidel’s, “Parallels between Isaiah and Psalms”, Sinai 38 (1955-1956).↩︎ [91]

  44.  Pancratius P. Beentjes, “Discovering a New Path of Intertextuality : Inverted Quotations and their Dynamics”, in L.J. de Regt, J. De Waard, and J.P. Fokkelman, eds., Literary Structure and Rhetorical Strategy in the Hebrew Bible, Assen, Van Gorcum, 1996, p. 31-49.↩︎ [92]

  45.  Sommer, A Prophet Reads Scriptures, p. 34, n. 11.↩︎ [93]

  46.  Lyons, p. 72.↩︎ [94]