- La Revue réformée - http://larevuereformee.net -

Le couple en crise

Le couple en crise

Paul et Isabelle Millemann1 [1]

Introduction

Dans notre société contemporaine, nous sommes de plus en plus confrontés à la question des crises que peuvent traverser les couples. Chacun dans sa famille ou dans ses relations d’amitié a été confronté d’une manière ou d’une autre à la question de la séparation ou du divorce. Or, dans un couple où deux personnes se sont engagées l’une envers l’autre et ont demandé la bénédiction de Dieu sur leur union, séparation et divorce ne sont pas des réalités simples à aborder. Certains, comme Gary Chapman, opèrent une distinction entre séparation et divorce. Il affirme, en effet :

La séparation ne conduit pas immanquablement au divorce. Elle peut tout aussi bien mener à un mariage restauré, enrichi et qui continue de croître. Pour y arriver, les personnes concernées doivent déterminer les conséquences de leur séparation. […] La séparation est à considérer comme une période. C’est une période de transition qui peut mener soit à la restauration du mariage, soit au divorce. Dans chaque cas, nous devons tirer le meilleur parti de la situation en cours2 [2].

Si Gary Chapman considère la séparation comme un mal nécessaire en vue de prendre du recul, il affirme cependant que le divorce n’est pas voulu par Dieu. Pour autant, faut-il déjà en arriver à la séparation ? N’existe-t-il pas, avec les étapes significatives d’un cycle de vie à deux, des situations de tensions ou de crises qui, lorsqu’elles sont bien gérées, sont des facteurs de croissance mutuelle ?

Nous devons cependant nous rappeler que nous sommes tous confrontés à des difficultés et que le fait de réfléchir sur les couples en crise ne signifie pas que nous-mêmes avons atteint la perfection en matière de relation conjugale. Nous sommes encore en chemin et invités à progresser. Une des difficultés serait de vous donner l’impression que nous avons tout compris du couple et que notre fonctionnement est parfait. Si vous deviez penser cela, nous pouvons vous assurer que nous sommes loin de la perfection et de l’idéal vers lequel tendre, mais nous voulons compter sur la grâce de Dieu pour avancer jour après jour.

Nous ne sommes pas des modèles de mari, ou de femme, car nous continuons à faire des erreurs et nous avons toujours et encore besoin d’apprendre. Nous avons toujours besoin de demander à Dieu de la sagesse pour faire les bons choix et tenir ferme les engagements que nous avons pris devant Lui et devant les hommes, le 19 février 1994. Des petits accrochages, des tensions et même des crises, nous en avons eus et nous en aurons sans doute encore, car les conflits et les différends font partie de la nature humaine. Ils sont inévitables, mais ce qui importe, c’est de quelle manière nous allons les gérer. Si nous considérons les crises comme une occasion de progrès et de croissance, cela change les perspectives. Ce n’est pas d’éviter les problèmes qui est important, c’est d’apprendre à les gérer ensemble. Les deux plus belles écoles de sanctification dans notre monde, c’est le couple et l’Église. Et dans les deux, il y a parfois des tensions, des difficultés que nous sommes appelés à surmonter ensemble. Dans le Psaume 121, il est clairement affirmé que Dieu est notre secours et qu’il assure notre protection et notre soutien. Non seulement c’est une perspective extraordinaire pour chacun de nous, mais c’est également une assurance précieuse quand nous voyons de quelle manière ce texte peut faire écho à nos vies de couple. Savoir que l’Eternel nous gardera du départ et jusqu’à l’arrivée a été d’un grand secours pour nous à plusieurs occasions, que ce soit lors de changements dans la vie personnelle et professionnelle, ou même de déménagements.

Dans le domaine de l’accompagnement de la souffrance où nous sommes impliqués, nous avons été souvent très attristés de voir des couples se déchirer, se malmener et, au final, se séparer dans la douleur. À plusieurs reprises, nous nous sommes demandés : mais qu’est-ce qu’ils ont bien pu faire pour en arriver là ? Et aussi : pourquoi devoir faire de la relation d’aide et tenter une réparation impossible, alors qu’on aurait pu éviter ce drame avec une bonne prévention. Il nous est arrivé de faire des week-ends pour amoureux afin d’encourager les couples à se construire sur des bases solides. On a vu ainsi des personnes sur le point de se fiancer prendre finalement conscience qu’elles n’étaient pas appelées à s’engager plus loin. Était-ce un échec ? Pas forcément, car il était préférable pour elles de ne pas s’engager plutôt que de devoir se séparer après quelques mois ou quelques années de vie commune.

Dans une Église, nous nous sommes retrouvés à accompagner quatre couples la même année. Lors d’un entretien avec un de ces couples, dans lequel les deux fiancés disaient ne pas avoir de difficultés et n’avoir jamais eu de conflits, à notre question : « Quel est votre projet en vous mariant ? », la future épouse a répondu spontanément : « C’est d’avoir des enfants. » Il est vrai qu’ils avaient l’un et l’autre un célibat qui avait joué les prolongations. Ils approchaient la quarantaine et étaient bien installés dans leur vie professionnelle quand ils ont commencé à imaginer un projet de mariage, mais nous n’étions pas vraiment rassurés en considérant les bases sur lesquelles ils envisageaient de construire leur couple. Heureusement que, lors des entretiens suivants de préparation au mariage, ils ont eu l’occasion de préciser un peu plus leurs attentes réciproques.

Pour esquisser quelques réponses aux défis soulevés par les échecs de nombreux couples, nous voudrions aborder trois perspectives : prévenir les crises, surmonter les crises, accompagner les crises.

Prévenir les crises

1. Quelles perspectives pour les futurs conjoints dans un monde déchu ?

Poser la question « comment prévenir la crise », c’est ipso facto accepter l’idée que la crise va advenir. Vision pessimiste pour quiconque envisage de se marier ! Le mariage devrait-il être le seul engagement de notre vie que nous prenons avec la certitude d’y vivre des crises, d’y être malmené et en définitive – passez-moi l’expression – d’y laisser des plumes ? Quel jeune couple amoureux, sur son petit nuage, accepterait de se marier si nous lui annoncions que le mariage le fera souffrir, parfois au-delà de l’imaginable ? Pourtant il est assez paradoxal d’entendre les jeunes couples, lors des préparations au mariage, prendre souvent très à la légère la notion de crise. Comme si le mariage avait par vocation la possibilité de transporter le couple au temps d’Adam et Ève avant la chute.

Lors des cérémonies de bénédiction de mariage, une insistance forte accompagne le verset de Genèse 2.18 où « L’Éternel Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je lui ferai une aide qui soit son vis-à-vis. » Et c’est une bonne chose. Un autre accent est également mis sur Genèse 2.24 : « C’est pourquoi un homme se séparera de son père et de sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux ne feront plus qu’un. » Et là encore, c’est une très bonne chose. Sans ces versets, quel mariage pourrait tenir ? Sans la certitude de l’intentionnalité originelle de Dieu dans le mariage quel sens aurait-il ?

Mais voilà, nous oublions souvent de dire – ou les futurs époux ne sont peut-être pas en état d’entendre – que ce magnifique projet devra se vivre dans un monde déchu, corrompu, absolument et définitivement inapte à les accueillir et à encourager leur vocation de conjoints. L’Église, depuis la seconde moitié du xxe siècle, a pris conscience de la difficulté accrue pour les couples de tenir ferme dans leurs engagements mutuels. Nous ne développerons pas ici les raisons de cette difficulté, qui peuvent être discutées, mais qui semble bien réelle quand on considère le nombre croissant de divorces, même dans le milieu chrétien. Il est évident que les couples des siècles précédents vivaient eux aussi des crises, qu’ils ne géraient pas toujours non plus, mais qui pour diverses raisons, bonnes ou mauvaises, n’aboutissaient pas au déchirement visible du divorce.

Nous sommes donc convaincus qu’une grande partie de la prévention de la crise passe, d’une part par la prise de conscience que le mariage va se vivre dans un monde déchu, et d’autre part qu’il est indispensable de s’y préparer.

2. Que dire de la nécessité des préparations au mariage ?

L’Église propose donc souvent des temps de préparation au mariage. Malheureusement, très souvent, les couples cherchent d’abord la salle de fête avant de se préoccuper de ce que sera leur vivre ensemble, et le pauvre pasteur qui les bénira doit fréquemment faire preuve de persuasion pour aller plus loin que la préparation de la cérémonie.

Ayant bénéficié d’une préparation au mariage que nous qualifierions d’assez solide (malgré la distance géographique qui nous séparait l’année avant notre mariage), et travaillant depuis plus de vingt ans dans une association de soutien aux familles chrétiennes, nous avons le privilège de lire une bonne partie de la littérature chrétienne concernant le mariage, le couple et la résolution des conflits. Récemment, nous sommes encore passés chez notre libraire chrétien préféré qui exhibait, à l’occasion de la Saint-Valentin et des salons du mariage, une superbe étagère de plus d’un mètre, remplie de livres consacrés au couple et au mariage… et aussi, air du temps oblige, aux enfants et aux familles recomposées, mais c’est un autre sujet.

Pour être honnêtes, depuis bientôt vingt ans nous trouvons cette littérature majoritairement décevante. Elle est pour nous semblable à de l’eau tiède. L’eau tiède, ça ne désaltère pas, l’eau tiède ça ne permet pas de laver efficacement, l’eau tiède, c’est tout juste bon à barboter ! Sachant qu’au bout d’un moment, l’eau tiède devient froide. Voulons-nous barboter dans notre vie de couple ? Voulons-nous proposer aux couples que nous accompagnons de barboter ? Si tel est le cas, nous sommes en droit de craindre que la première crise un peu sérieuse aura raison d’eux.

Pourquoi cette littérature est-elle si décevante ? Pourquoi, même nos week-ends pour amoureux n’ont-ils pas un impact durable dans la vie de ces couples ? Nous sommes assez convaincus qu’une des raisons est que nous les encourageons à examiner et changer leurs comportements, alors que Dieu a toujours visé un profond changement du cœur. Pourquoi en serait-il autrement dans le couple ? Lors des préparations au mariage et des week-ends proposés par de nombreuses associations, les thèmes sont à peu près toujours les mêmes, « mieux communiquer », « apprendre à gérer les conflits », « la sexualité », « les rôles des époux »… Ce sont aussi les thèmes principaux, déclinés à souhait, d’une bonne partie des livres chrétiens. Tout cela est utile et nous a été utile, mais lorsque nous avons dû affronter de vraies crises, tous ces bons conseils n’étaient que de l’eau tiède.

3. Changement de comportement ou transformation du cœur ?

Pourquoi les bons conseils ressemblent-ils à de l’eau tiède ? Parce que notre indépendance, notre colère, notre rage, notre sentiment d’injustice, notre volonté d’avoir raison à tout prix (pour l’un comme pour l’autre), bref tout ce qu’il y avait de plus charnel en nous reprenait le dessus et que les modes d’emplois et le comportementalisme n’ont jamais résolu le problème fondamental : voulons-nous vivre selon la chair ou vivre selon l’Esprit ? Et c’est certainement là le premier point de prévention de la crise. Avoir conscience que, dans ce monde déchu, chacun de nous deux, aussi petits que nous sommes, nous avons l’immense privilège d’appartenir à Christ, qui nous libère de la fatalité du péché et nous permet de faire des choix. Nous devons avoir conscience qu’au milieu de la crise nous avons l’un et l’autre une responsabilité et une vocation devant Dieu.

Ceci peut provoquer des récriminations : « Il est bien beau de dire qu’il faut faire mourir le vieil homme, mais même l’apôtre Paul a constaté son cuisant échec en la matière. Alors nous-mêmes… pensez-vous ? » Quelle pitoyable excuse ! « Il est bien beau de dire que ce n’est pas un changement de comportement qui résoudra le problème, mais ça a marché si souvent pour les crises mineures… alors, pourquoi ne pas réessayer avec nos propres forces ? » Quel manque de discernement de notre part !

Mais une fois que je prends conscience, parfois à genoux, que je ne cherche pas la solution au bon endroit, je ne suis pas plus avancé. Où donc, dans la Parole, allons-nous enfin trouver le moyen de vivre notre idéal de couple ? Nous parlons là de l’idéal qui consiste à former un couple à la gloire de Dieu. Au début de notre fréquentation, Isabelle a dit un jour à Paul que Christ passerait toujours avant lui. Sa réponse a été à peu près la suivante : « Ressers-moi du thé, je dois vraiment méditer sur cette question ! » L’unique raison que nous avons discernée en choisissant de nous marier était d’être plus utiles à Dieu en couple que célibataires. Mais où donc, dans la Bible, trouver le modèle correspondant à cet idéal ? Longtemps nous avons tourné autour du texte d’Éphésiens 5 et 6. Nous en citons une partie abondamment dans les cérémonies de mariage. Et nous sommes aujourd’hui convaincus qu’il est une clé fondamentale de la théologie pratique pour la vie de couple. Nous avons lu nombre de commentaires sur ce texte et entendu beaucoup de choses dites sur ce sujet. Quasiment à chaque fois nous étions dans le comportementalisme. Le mari doit aimer et être le chef (mais surtout ne définissons pas par une exégèse poussée ce que cela doit signifier !) et l’épouse doit être une aide et se soumettre (mais là nous avons presque toujours droit à une débauche de précautions oratoires censées éviter que les femmes ne quittent la pièce en claquant la porte, et au mieux refusent de manger le soir même avec leur mari, au pire attendent l’orateur à la fin du sermon pour lui dire tout ce qu’elles pensent de lui). Bref ce texte est le terrain miné du prédicateur sur la dynamique de couple ! Et pourtant il contient les ingrédients essentiels de la prévention de la crise du couple. Plus encore, nous tendons de plus en plus à penser qu’il est la clé du service des époux dans l’Église. Claire Smith souligne :

Paul dit, en Éphésiens 5, que la relation entre Christ et l’Église est l’original, que Christ et l’Église sont devenus un – nous sommes membres de son corps (v. 30) – et que ce mystère est profond, parce que, à partir de là, nous pouvons apprendre à quoi ressemble le mariage chrétien. […] L’original, c’est Christ et l’Église. Le fait est que si nous appartenons à Christ, nous faisons tous partie de ce mariage. N’est-ce pas étonnant ? Avez-vous déjà assisté à une cérémonie de mariage ou parcouru un magazine de mariées en vous rendant compte que le projet du mariage devait fournir un beau reflet terrestre de l’union eschatologique du Fils de Dieu avec ceux qu’il a sauvés dans son amour, par sa mort ? Vous y penserez peut-être désormais ! C’est la raison pour laquelle Dieu a conçu le mariage ainsi3 [3].

Dès lors, retenons que pour prévenir les crises du couple nous devons cesser de nous focaliser sur des postures, des comportements ou des « trucs qui marchent ». Attachons-nous à l’étude profonde des grands textes bibliques sur le mariage, tels qu’ils sont proposés dans nos liturgies de mariage. En matière de théologie pratique, il nous semble important que nous nous arrêtions pour discuter en profondeur avec les futurs conjoints sur ce mystère de Christ et de l’Église, sur ce qu’est être chef et aimer, sur ce qu’est être une aide et se soumettre, non pas en termes de comportements, mais en termes de vocation, oserions-nous dire de commandement de Dieu pour le couple.

Pardonnez-nous de le rappeler, mais il nous semble que nos liturgies de mariage sont parfois trompeuses, ou tout au moins incomplètes, et que les promesses qui y sont échangées affadissent parfois la portée de la Parole de Dieu. Nos anciennes liturgies mériteraient certainement d’être étudiées de plus près ; elles nous permettraient de mieux prendre conscience de la portée de nos engagements. En revanche, nos liturgies plus récentes qui prônent, entre autres, la soumission mutuelle dans le couple nous semblent glisser dangereusement hors du projet de Dieu pour le mariage.

Prévenir les crises du couple, c’est donc encourager les conjoints à examiner les circonstances de leur vie à la lumière de ces textes et des promesses qu’ils ont échangées, et leur rappeler qu’en définitive, quels que soient leurs efforts, seuls l’exercice du pardon et la grâce de Dieu leur permettront de traverser les inévitables crises de la vie.

Surmonter les crises

1. Se rappeler les engagements mutuels

La question des engagements mutuels est essentielle, car elle fixe les bases d’un projet de vie en commun. Avec le mariage, il y a des promesses mutuelles de fidélité et de respect. Comment le vivre au quotidien ? Comment tenir ferme quand les doutes apparaissent, quand la confiance est ébranlée ? Perdre la confiance de son conjoint est quelque chose de dramatique qui cause des douleurs et des blessures profondes. Tim et Kathy Keller précisent :

Même aujourd’hui, le divorce est une expérience extrêmement difficile. C’est pourquoi les vœux prononcés lors du mariage ne peuvent que nous fortifier. Ils nous empêchent de nous essouffler trop vite. Ils donnent une chance à l’amour et créent de la stabilité, afin que les sentiments d’amour, toujours changeants et fragiles dans les premiers temps, puissent s’affermir et s’enraciner au fil des ans. Ils permettent à notre passion de se développer en longueur et largeur, parce qu’ils nous donnent la sécurité nécessaire pour que nous ouvrions notre cœur à l’autre et que nous puissions lui parler honnêtement, dans toute notre fragilité, sans craindre qu’il nous abandonne. […] Puisque le fait de promettre est la clé de notre identité, c’est aussi l’essence même de l’amour conjugal. Pourquoi ? Parce que ce sont nos promesses qui nous donnent une identité stable. Sans elle, aucune relation stable n’est possible4 [4].

Pour donner une touche plus personnelle à nos réflexions, le jour de notre mariage, nous avions souhaité que, lors de la bénédiction donnée dans l’Église dont nous étions membres, un extrait du Petit Prince de Saint-Exupéry soit lu ; il s’agissait du chapitre qui parle du développement d’une relation affective entre le Petit Prince et le renard. Cette histoire illustre de façon imagée des thématiques essentielles que nous avions à cœur de vivre, celle du respect mutuel, du souci de l’autre, de l’amitié et du soutien mutuel. Le renard rappelle au Petit Prince deux vérités essentielles : nous ne voyons bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux, et le fait que nous sommes responsables de ceux que nous apprenons à aimer. Où en sommes-nous après plusieurs années de mariage et de vie commune ? Ces promesses sont-elles toujours actuelles ? La seule chose qui nous aidera à tenir dans la durée, c’est que l’amour qui nous porte l’un vers l’autre est un amour inconditionnel, un amour qui se donne à l’autre. Tenir ferme quand les tempêtes surviennent en se rappelant les promesses mutuelles est un atout indispensable pour faire le pari de l’unité dans la relation et dans la durée

2. L’amour de l’autre découle de l’amour de Dieu pour nous

Quelle peut être la spécificité d’un mariage chrétien ? La richesse et la diversité des chapitres du livre de Timothy et Kathy Keller mettent un accent particulier sur l’amour de Dieu, comme source de toute autre forme d’amour. La comparaison de la relation conjugale et de la relation entre Christ et l’Église revient en effet plusieurs fois dans le texte biblique et souligne toute l’importance de l’amour. Pourtant, il est clair que le conjoint ne pourra répondre à tous mes manques. Mais sur quelle base construire la relation avec son conjoint ? Tim et Kathy Keller indiquent :

La recherche du compagnon idéal est une quête désespérée. Cette approche diffère totalement du procédé cynique ou froid de recherche d’un conjoint qui ne nous satisfasse que d’un point de vue social, économique ou sexuel. Si vous ne voyez pas les profonds défauts, les faiblesses et les dépendances de votre partenaire, vous êtes dans le déni. Mais si vous ne vous réjouissez pas du chemin que votre conjoint a déjà parcouru et de la personne qu’il deviendra, vous n’avez pas goûté au pouvoir du mariage en tant qu’amitié spirituelle. Le but est de voir que Dieu transforme la personne que vous aimez en une créature absolument fascinante. Vous voyez déjà quelques lueurs de gloire. Vous voulez aider votre conjoint à devenir celui que Dieu veut qu’il soit. […] Nous voyons maintenant pourquoi le mariage-amitié s’accorde si bien avec l’amour-engagement. Sur la croix, Jésus ne nous a pas regardés le cœur rempli d’admiration et de tendresse. […] Mais il s’est donné. Il a placé nos besoins au-dessus des siens ; il s’est sacrifié pour nous. Mais la Bible appelle les époux non seulement à imiter la qualité et la nature de l’amour du Christ, mais également le but de cet amour. Jésus n’est pas mort parce que nous étions beaux, mais pour nous rendre beaux. Paul dit qu’il est mort pour nous rendre saints. Cela signifie paradoxalement que Paul exhorte les conjoints à aider leur partenaire à aimer Jésus plus qu’eux-mêmes. Il s’agit d’un paradoxe, non d’une contradiction. En réalité, ce n’est que si j’aime Jésus plus que ma femme que je serai capable de faire passer ses besoins avant les miens. Ce n’est que si mon réservoir émotionnel est rempli de l’amour de Dieu que je peux être patient, fidèle, tendre et ouvert avec ma femme quand les choses vont mal dans la vie ou dans notre relation. Et plus je reçois de joie de ma relation avec Jésus, plus je peux la partager avec ma femme et ma famille5 [5].

3. Éviter de fuir ou d’imposer son point de vue

Alors que nous étions jeunes mariés, il nous est arrivé plusieurs fois de voyager alors que nous étions impliqués comme bénévoles avec l’association Famille Je t’aime. Lors de ces occasions, nous étions tous les deux dans la voiture et Paul s’est souvent surpris à être mal à l’aise quand Isabelle voulait prendre le temps de le connaître, de l’écouter et de le comprendre en disant simplement : « Parle-moi de toi. » Difficile, quand vous êtes au volant de la voiture et qu’il y a au moins quatre ou cinq heures de route devant vous, de sortir de la voiture et d’aller se cacher dans sa caverne. Pourtant, Paul avait une tendance naturelle à fuir, à ne pas chercher à écouter, à répondre et partager avec confiance. La fuite : un mode de fonctionnement, un instinct de survie peut-être ? Mais aussi, et certainement, une volonté de se cacher, ne se pas se mettre à nu devant l’autre. Il y a peur de se mettre en danger, alors qu’il s’agit simplement de partager ce que nous vivons avec l’autre.

La fuite caractérise aussi une volonté de non-communication ou une tentative de se soustraire à la relation. Elle est très fréquente dans les situations de crises ou de conflits. Une autre attitude fréquente, qui peut s’imposer lors des différends, consiste à imposer à l’autre une solution unilatérale. Nous avons alors tendance à privilégier la force pour obliger l’autre à capituler. Avec la force, il y a pression ou exercice d’un jeu de pouvoir. La fuite, comme la force, sont deux attitudes typiques en situation de conflit, qui témoignent d’une volonté de se protéger et d’un refus de toute tentative de dialogue.

Lors d’une formation de médiateur de conflits au travail, nous avons découvert une méthode proposée et développée aux États-Unis par un psychologue appelé Daniel Dana6 [6]. Il dénonce les deux attitudes inadéquates dans les relations conflictuelles et encourage chacun à ne pas croire à trois illusions qui vont maintenir les tensions et permettre à la crise de durer. Daniel Dana affirme en effet :

Dans les conflits interpersonnels, il n’y a que deux vérités possibles, la vôtre et la mienne. Il est souvent difficile de déterminer celle qui est la meilleure. Les appels à la loi de la majorité (« tout le monde est d’accord avec moi, demande aux autres… ») parviennent rarement à convaincre l’autre d’accepter notre position comme étant celle qui est correcte. […] Les illusions sont universelles. […] Elles sont normales. Il existe trois illusions qui sont particulièrement révélatrices de notre capacité d’autodestruction dans les conflits interpersonnels : l’illusion du « Gagnant/Perdant », l’illusion de « La personne méchante » et l’illusion du « Rocher qui bloque la route »7 [7].

L’illusion du « Gagnant/Perdant » dans les conflits se définit ainsi : « Dans une situation de crise, nos besoins sont tellement incompatibles qu’un seul d’entre nous peut gagner. »8 [8] Une telle attitude favorise un réflexe de fuite ou de force. La tendance naturelle sera de renoncer au dialogue et de tenter d’imposer son point de vue ou, au contraire, de chercher à se protéger.

Daniel Dana parle aussi de l’illusion de « La personne méchante » : « Notre conflit est la conséquence directe de votre incompétence, de votre cruauté, de votre stupidité ou d’un autre de vos défauts ; il peut être résolu si vous reconnaissez vos défauts et si vous les corrigez. »9 [9] Avec une telle illusion, nous refusons de reconnaître nos responsabilités dans le différend et de nous mobiliser pour le résoudre. Notons également qu’une telle illusion est souvent réciproque, chacun croit cela en ce qui concerne l’autre. Nous devons veiller à ne pas simplifier l’équation : Personne A + Personne B + Problème = Conflit, par cet extrême : « Personne = Conflit ». Si le différend atteint une telle extrémité, il deviendra difficile, voire impossible, de résoudre le conflit, même avec l’aide d’un bon médiateur. En effet, quand l’objet du conflit ne se distingue plus de la personne, il n’y a que deux options : soit la personne se retire complètement, soit elle est évacuée et, dans ce contexte, le problème n’est pas résolu.

Daniel Dana dénonce enfin une troisième illusion dans les conflits, celle du « Rocher qui bloque la route » : « Nos différences sont irréconciliables. Aucun accord n’est possible entre nous. »10 [10] Dans ce cas aussi, il peut être tentant de séparer les deux personnes, en faisant en sorte qu’elles ne se voient plus ou ne travaillent plus ensemble, mais ce n’est pas bénéfique. Il est préférable, à notre avis, de privilégier la voie de la médiation pour résoudre le conflit. Même quand les situations semblent désespérées, essayons de croire qu’une autre voie est possible.

Ces trois illusions n’aident pas à surmonter les crises, bien au contraire, elles ne font que maintenir le problème, mais il peut exister une alternative pour sortir des situations de crises de la bonne manière.

4. Privilégier le dialogue et vivre le pardon

Dans le couple, le dialogue mutuel est indispensable. Dans les situations de crises, nous devons essayer de rester attachés au souci de privilégier le dialogue en gardant à l’esprit que le conjoint n’est pas notre ennemi. Il n’est pas malveillant, il peut tout simplement être maladroit. Privilégier le dialogue, vivre le pardon, reconnaître ses torts et accepter de se remettre en question, voilà quelques atouts dans nos mains pour surmonter les situations de crises qui ne manqueront pas de se présenter à nous. Il est possible de garder le cap, même dans des vents de tempêtes, même dans les assauts des vagues qui chercheraient à briser le navire sur lequel, pourtant, nous sommes invités à voguer ensemble, en suivant la direction qui nous conduit au but. Nous faisons tous des erreurs, mais ce qui doit nous émerveiller est de savoir que nous sommes pardonnés par Dieu et que nous pouvons pardonner en retour, c’est aussi cela faire preuve de grâce à l’égard de son conjoint, cet « autre soi-même ».

5. Ne pas perdre de vue la souveraineté de Dieu

Est-il nécessaire de rappeler cette réalité ? Dieu est souverain, il conduit l’histoire à sa bonne fin et il peut nous encourager en tant que couple à aller plus loin, à faire face aux situations délicates. Si nous avons souligné l’importance de la confiance, du respect et du soutien mutuels, la dimension de l’amour, le refus de la fuite ou de la force et le souhait de privilégier le dialogue et de vivre le pardon, le fait de croire en la souveraineté de Dieu est indispensable pour aller plus loin ensemble et construire des relations profondes et durables. Dieu dirige tout, il peut nous aider à affronter ensemble les difficultés que nous pouvons traverser. Si nous sommes dans un tunnel, qu’il fait sombre au point de perdre espoir d’en sortir, il nous faut savoir qu’il y a toujours une lumière au bout. Dieu peut nous apprendre aussi à grandir au travers des difficultés et des crises que nous traversons. Les conflits et les clashes sont inévitables, mais ce qui peut être évité, c’est de rester bloqué dans l’impasse, refusant le dialogue qui permettrait d’aller plus loin.

Accompagner les crises

Dans ce troisième cas de figure, nous ne sommes plus, en tant que couples, confrontés à la question du comment surmonter les crises ensemble. Cette fois, c’est en tant que témoins des difficultés de certains couples que nous pouvons réfléchir à la manière d’accompagner ces couples en difficultés. Le temps manquerait ici pour aborder les questions relatives à la relation d’aide auprès des couples, mais il semble important, simplement, de laisser deux clés essentielles pour l’accompagnement des couples en crise. Quand nous sommes témoins de situations de crise ou de conflits, nous sommes moins impliqués que si nous étions nous-mêmes en crise.

1. Encourager les couples à aborder les vrais problèmes

Il est important de ne pas se voiler la face et d’encourager les couples en crise à oser aborder les vrais problèmes et les vraies questions, et ce, jusqu’à leur résolution. Ils peuvent, à ce niveau, solliciter notre aide. En renonçant aux tentations de fuir les situations problématiques, ou de les ignorer, et en refusant d’imposer son point de vue, sans écoute, il est alors possible d’entrer dans le dialogue, étape indispensable pour aller jusqu’au bout de la résolution du problème. Un véritable dialogue constructif suppose de mettre en œuvre des gestes de conciliation qui correspondent, selon Daniel Dana, à des énoncés volontaires de vulnérabilité11 [11]. Il en retient six : formuler des demandes de pardon, accepter ses responsabilités, faire des concessions, faire preuve d’ouverture avec expression d’aveux pour sortir de l’impasse, exprimer des sentiments positifs à l’égard de l’autre et chercher à initier un processus du « tous gagnants ». Pour faire face aux attaques de l’autre, Daniel Dana préconise enfin ce qu’il appelle la stratégie de l’armure :

La personne ainsi protégée réalise qu’aucun mal ne peut lui être occasionné par des paroles acérées et par conséquent les laisse fuser sans chercher à s’en défendre. Elle laisse la volée de flèches tomber : elle est protégée [par son armure], car elle sait que les mots ne peuvent causer de blessures physiques. […] Même dans la bataille, elle est en sécurité, car elle sait que d’accepter les attaques de l’Autre sans les retourner est une stratégie secrète pour provoquer une attitude plus ouverte au compromis chez l’Autre. La personne protégée par son armure réprime l’impulsion à réagir, elle ne lui donne pas libre cours : elle contrôle son attitude par la force de la volonté. Elle prête le flanc aux attaques de l’Autre, comme une cible placée à cette fin, sachant que l’énergie agressive finira bien par être épuisée12 [12].

L’importance d’aborder les problèmes jusqu’au bout demande du temps et de l’énergie, mais c’est un pari essentiel pour concevoir les crises comme des occasions de croissance. Nos peurs du conflit ou de la confrontation nous encouragent à fuir et à ne pas régler le problème, mais, pour un couple, il est essentiel que chacun se mobilise, en tant que partenaire, pour sortir de la bonne manière des crises.

2. Envisager l’aide d’un tiers

Dans la plupart des situations, quand l’idée de faire intervenir un tiers apparaît, c’est parfois déjà presque trop tard. Pour autant, quand la confiance est ébranlée, quand le doute et la méfiance viennent s’inviter dans les relations du couple, la crise s’installe de façon durable. En sollicitant l’aide d’un tiers, il convient de s’assurer que le tiers en question est réellement digne de confiance de la part des deux conjoints qui se déchirent, et qu’il aura suffisamment de marge de manœuvre pour aider les deux personnes à se mobiliser pour résoudre le problème. Dans le couple, chacun doit refuser d’identifier le problème à l’autre. Ils possèdent l’un et l’autre les ressources nécessaires pour trouver une solution, parvenir à un accord, et ainsi sortir de l’impasse.

Conclusion

Le couple en crise ne doit pas en rester là. Dans nos cheminements respectifs et dans le cheminement de couple, les temps de crises doivent s’envisager comme des maux nécessaires qui peuvent nous inciter à prendre du recul et à vivre de nouveaux engagements réciproques. Les crises sont inévitables, mais notre capacité à les gérer à deux nous permettra d’en sortir grandis, avec la certitude d’avoir appris un peu plus sur Dieu, sur l’autre et sur soi-même. Larry Crabb précise :

C’est une bien médiocre publicité pour le christianisme que ces « mariages chrétiens » qui ne valent pas mieux que les unions conjugales régies par les valeurs de ce monde et animées par la seule énergie humaine. Si nous voulons manifester efficacement l’amour et la puissance du Christ dans notre mariage, nous devons d’abord nous rendre compte que l’on n’attend de nous rien moins qu’une progression constante vers l’unité totale… Un couple chrétien a la possibilité d’atteindre une intimité dont la profondeur dépasse de loin un mariage réussi entre incroyants. Il y a pourtant trop de chrétiens qui ne parviennent jamais au-delà d’une tolérance mutuelle ou d’une compatibilité bienveillante. […] Quels que soient les éléments favorables à une relation – la sincérité, l’effort, les nobles aspirations, les sentiments chaleureux, les croyances communes et la capacité à communiquer – le mariage ne saurait atteindre une véritable unité sans certains éléments de base. Quelles sont les choses essentielles, ces pierres de taille du mariage ? Sont-elles facilement disponibles ? Combien de temps devons-nous attendre avant d’avoir passé la commande ? D’après la Bible, la bonne nouvelle, c’est que les pierres nécessaires sont peu nombreuses, disponibles sur demande, et en nombre suffisant, offertes gratuitement et accompagnées d’un mode d’emploi si simple qu’il suffit d’une motivation sincère pour le comprendre, et pourtant si profonde qu’il constitue un défi pour le chrétien solidement fondé. Voici les pierres pour parvenir à l’unité dans le mariage : 1. la grâce ; 2. l’engagement ; 3. l’acceptation. Leur ordre a son importance. On ne peut avoir un véritable engagement sans avoir d’abord fait l’expérience de la grâce. Et il est impossible d’accepter son conjoint comme on doit l’accepter si on ne s’est pas d’abord engagé envers lui13 [13].

Il existe pour chacun de nous des clés qui nous aideront à prévenir les crises, à surmonter les crises et même à accompagner les crises. Nous sommes conscients que ces quelques points de repère que nous avons exposés ici ne répondent pas à toutes les questions et en soulèvent sans doute d’autres. Cependant, nous croyons qu’une foi partagée au sein d’un couple est quelque chose d’essentiel, qui nous aidera à vivre les différentes crises comme des occasions pour apprendre à cheminer ensemble. Malheureusement, une telle réalité n’est que trop rarement (voire jamais) perçue alors que nous nous trouvons au cœur même de la crise. C’est souvent, avec un peu de temps et de recul, que nous pourrons faire comme le psalmiste au Psaume 13, qui expose ses plaintes et ses douleurs directement à Dieu avant de nous livrer cette conclusion remarquable : espérance en la bonté de Dieu et confiance inébranlable en la souveraineté de l’Éternel qui dirige l’histoire des hommes vers la meilleure fin qui soit. Si le contexte du psaume nous invite à considérer les choses du point de vue de l’homme confronté à la réalité de la souffrance, une même démarche peut s’appliquer à l’homme et à la femme, partenaires dans la vie. Ils peuvent cheminer dans la complémentarité et apprendre à dépasser ensembles les situations de crises. Les relations humaines, même si elles sont parfois complexes, peuvent être source de bénédiction. Si les couples investissent pour construire sur de solides fondements, s’ils apprennent à vivre les crises comme des occasions d’aller plus loin ensemble, et si les couples sont prêts à se donner du temps pour se soutenir mutuellement face aux défis de notre époque, il y aura de fortes probabilités pour que les crises ne soient plus perçues comme de simples et malheureux dysfonctionnements. Elles pourront alors être vécues comme des occasions données pour faire un peu plus le ménage dans nos vies et apprendre à progresser dans la sanctification, avec l’autre. Les crises de croissances font parfois mal et sont fatigantes pour nous tous, mais les étapes franchies, au travers de ces crises, nous permettent de progresser sur le sentier de la vie, sachant que le chemin reste guidé par Jésus-Christ, qui nous conduira jusque dans la présence du Père. Même sans voir encore ce glorieux aboutissement, l’espérance est déjà présente et offre un soutien sans faille pour gérer nos crises de couple autrement.


  1. Paul Millemann est pasteur dans le Territoire de Belfort, psychologue clinicien, médiateur de conflits, président actuel de l’Association des conseillers chrétiens de France et chargé de cours en théologie pratique (relation d’aide) à l’Institut biblique de Genève et à la Faculté Jean Calvin.

    Isabelle Millemann est psychologue clinicienne, neuropsychologue et formatrice d’adultes en particulier dans le domaine de l’accompagnement et de la relation d’aide. Elle a été directrice de l’association Famille Je t’aime de 2008 à 2012. [14]

  2. Gary Chapman, Couple en crise, une aide psychologique et spirituelle pour redonner de l’espoir aux couples séparés, Marne-la-Vallée, Farel, 2013, p. 6. [15]

  3. Claire Smith, Le projet bienveillant de Dieu pour elle et lui, Lyon, Clé, collection Réflexions IBG, 2014, p. 123-124. [16]

  4. Timothy et Kathy Keller, Le mariage. Un engagement complexe à vivre avec la sagesse de Dieu, Lyon, Clé, 2014, p. 87-89. [17]

  5. Ibid., p. 121-123. [18]

  6. Repris et adapté de Daniel Dana, Gérer les différends, Mulhouse, Germinal Knowledge, MTI, 2006, p. 31-40. [19]

  7. Ibid., p. 32. [20]

  8. Ibid., p. 33-34. [21]

  9. Ibid., p. 34-38. [22]

  10. Ibid., p. 38-40. [23]

  11. Ibid., p. 72-73. [24]

  12. Ibid., p. 75. [25]

  13. Larry Crabb, Artisan de son mariage, un guide pour couples et conseillers, Québec et Marne-la-Vallée, La Clairière et Farel, 1993, p. 117-119. [26]