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Conseils pratiques touchant à l’éthique du ministère itinérant

Conseils pratiques touchant à l’éthique du ministère itinérant1 [1]

Fais l’œuvre d’un évangéliste, remplis bien ton ministère (1Tm 4.5)

Nous croyons avoir une bonne conscience, voulant en toutes choses nous bien conduire (Hé 13.18)

Je marche dans l’intégrité… mon pied est ferme dans la droiture (Ps 26.11-12)

Les itinérants réunis à Répit 2002 proposent, ici, une série de conseils qui leur paraissent d’une importance fondamentale dans l’exercice du ministère itinérant, afin que rien n’y fasse obstacle.

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1. Rappelons-nous que l’impact du message de l’Evangile que nous prêchons dépend, avant tout, de notre propre condition spirituelle, à savoir: notre engagement personnel envers Christ et son Eglise en même temps que de l’authenticité de notre communion avec Dieu, de notre pureté morale et de notre intégrité intellectuelle.

2. Etre invité par une Eglise locale ou un groupe d’Eglises ne sera jamais ni un dû ni un droit. C’est un privilège qu’il convient d’apprécier et dont nous devons être reconnaissants. Ceux auxquels nous nous adressons doivent pouvoir percevoir cette attitude en nous. C’est la conscience de notre responsabilité et l’esprit de service qui doivent, en toutes circonstances, caractériser et donner vie à notre ministère.

3. Nos messages et notre enseignement tiendront compte des particularités des communautés qui nous invitent. On évitera ainsi toute polémique susceptible de nuire à l’accueil de l’Evangile. Veille sur toi-même et sur ton enseignement (1Tm 4.16). Il est vrai que l’itinérant est au service de la Parole avant de l’être du milieu qui l’invite. En ce qui concerne les points théologiques secondaires, il doit conjuguer les deux fidélités: ne rien laisser de ses convictions mais les taire si la liberté de les exprimer ne lui en a pas été clairement donnée et si les dire s’oppose aux positions de ceux qui l’accueillent.

4. La connaissance préalable du milieu qui nous invite permettra une meilleure adaptation à l’auditoire et, par là, un meilleur impact. Relier la prédication à la réalité de l’Eglise locale produira des prolongements sérieux et durables dans la vie des auditeurs que les responsables auront à suivre.

5. Dans l’esprit biblique de la soumission des ministères les uns aux autres, il est capital de respecter les ministères pastoral (pasteur et anciens) et diaconal des communautés qui nous reçoivent.

Honnêteté et loyauté à leur égard sont de rigueur pour manifester clairement notre engagement envers le Seigneur lui-même, et envers les Eglises locales qui sont le reflet de l’Eglise qui est son corps.

6. Par respect des responsables d’Eglise, nous nous garderons de déposer livres, circulaires personnelles, K 7, C.D. ou publicité pour notre association, de les distribuer ou de les vendre sans en avoir préalablement reçu l’accord des responsables.

7. La prédication et l’enseignement biblique ne sont vraiment utiles et efficaces que nourris constamment de la Parole de Dieu qui nous appelle à l’humilité. Tout désir de paraître, en transformant la prédication en spectacle, en fait un contre témoignage. Qu’as-tu que tu n’aies reçu? (1 Co 4.7). Ceux d’entre nous qui travaillent sur des supports artistiques en sont particulièrement conscients, eux qui, d’un spectacle, font une prédication.

8. Amour et compassion doivent être perçus dans nos messages, d’autant plus que nous avons à présenter la gravité du péché et la réalité de la perdition. Méfions-nous du désir de plaire ou de la quête de la popularité qui nous pousseraient à négliger ces deux réalités essentielles de la proclamation de l’Evangile.

9. Cette proclamation doit être nourrie d’enthousiasme, si nous voulons voir le Saint-Esprit interpeller et convaincre les auditeurs relativement au péché, à la perdition et à la nécessité de se repentir pour recevoir le salut offert en Jésus-Christ.

10. Un engagement pour une ou plusieurs réunions doit être considéré comme ayant priorité sur toute autre activité; autant en ce qui concerne la préparation que la prestation elle-même.

11. La fatigue, les déceptions, le manque de motivation personnelle, les petits ennuis de santé, les soucis familiaux ou autres ne sauraient être regardés comme suffisants pour différer ou renoncer à des engagements de prédication publique. Ténacité et courage font partie de la foi qui se repose entièrement sur le Dieu puissant. Il peut faire au-delà de ce que nous osons penser et demander. Ses interventions miraculeuses pour secourir, guérir, renouveler les forces nécessaires ne manquent pas lorsque l’on ose dépasser ses propres craintes et celles de la famille pour aller accomplir la tâche pour laquelle on est attendu. Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse (2Co 12.9).

12. Se faire remplacer pour un message ou une série de réunions ne devrait donc être envisagé qu’en cas d’impossibilité notoire: maladie grave, décès d’un proche parent, situation familiale gravissime. Si, toutefois, l’impossibilité était insurmontable, ne mettons jamais les responsables d’une Eglise devant cette décision sans avoir d’abord tout fait pour trouver un remplaçant qui soit à la hauteur de la tâche et qui leur convienne.

13. Certains conflits ne pourront être évités. Dans toute la mesure possible, il convient de les gérer au mieux avec les responsables d’Eglise de sorte qu’ils restent circonscrits et ne dégénèrent pas en querelles. Il ne faut pas qu’un serviteur de Dieu ait des querelles (2 Tm 2.24). Toute querelle, tôt ou tard, nuirait inévitablement à notre ministère. Elle ferait rapidement tache d’huile et freinerait les invitations. Bien pire, elle hypothéquerait aussi le ministère de la parole auquel Dieu nous a appelés.

14. Il importe d’éviter les entretiens seul à seul, à l’écart des regards, avec une personne de l’autre sexe. Dans le climat actuel d’amoralité où la suspicion est de mise, le diable aurait tôt fait d’utiliser des personnes que ne contrôle pas le Saint-Esprit pour discréditer et nous et l’Evangile. Lorsque l’on pratique la « cure d’âme » seul à seul, on peut difficilement contrer les insinuations ou les attaques calomnieuses. Le Seigneur a envoyé ses disciples deux à deux (Lc 10.1). Pour les entretiens, il est généralement possible de s’associer une tierce personne: collaborateur, pasteur, ancien ou diacre. C’est plus important encore si l’on a affaire à un cas difficile. Notre épouse peut être cette tierce personne lorsqu’elle nous accompagne.

15. Tout entretien touchant à la relation d’aide (ou cure d’âme) relève du secret professionnel. Nous devons être reconnus comme sérieux en ce domaine si nous voulons connaître la bénédiction de Dieu et voir des victoires remportées à la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ. Toutefois, un grave problème se pose au regard de la jurisprudence actuelle concernant les cas de pédophilie ou de meurtre. Il convient d’être très prudent et très clair pour gérer ce genre de situation.

16. En tant qu’itinérants, il est bon de nous sentir engagés les uns envers les autres dans un respect sans faille. Cela implique rejeter toute critique du ministère des autres et refuser d’entendre des critiques à leur sujet. En cas de médisances rapportées sur l’un ou sur l’autre, il convient de l’en avertir très vite afin de lui permettre d’agir sans attendre pour mettre fin à la rumeur, si cette dernière n’a pas de fondement.

17. Faisons tout pour simplifier la tâche de celui qui nous accueille: ne pas abuser de son hospitalité, par exemple, en usant sans gêne du téléphone ou autre commodité; ne rien demander qui ne soit absolument indispensable, montrer de la reconnaissance… en bref, user du respect le plus strict de la politesse et de la discrétion (cf. Phm 4.10-12).

18. Les questions d’argent sont parfois source de conflits dans l’œuvre de Dieu. Il est essentiel d’être au-dessus de tout soupçon dans la gestion des dons reçus. Pour éviter toute suspicion de la part des autorités, voire des Eglises, il est préférable de dépendre d’un Eglise ou d’une œuvre. Il est important de transmettre à celle-ci tout don reçu lors de l’exercice du ministère (réunions, entretiens, visites, etc.). Contentez-vous de votre solde (Lc 3.14). N’oublions pas que l’amour de l’argent est une racine de tous les maux (1Tm 6.10). Souvenons-nous des fils de Samuel (cf. 1S 8.1-9). Selon les cas, nous pouvons signer un reçu sur place ou faire envoyer un reçu par l’association à laquelle nous sommes rattachés. Les problèmes sont gommés quand tout se fait par chèque à l’ordre de l’association.

1 [2] Texte élaboré lors de la retraite de janvier 2002 organisée par REPIT (Retraite pour les Evangélistes Pionniers et Itinérants Travaillant en France). La Revue réformée a déjà publié un des documents produits à l’occasion de cette rencontre dans son numéro 2000/5: « Des ministères négligés: l’évangéliste itinérant ».