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Chapitre 27. Des rites, des cérémonies, et des choses indifférentes

Chapitre 27. Des rites, des cérémonies, et des choses indifférentes

1. A l’ancien peuple ont été données certaines cérémonies, comme une discipline pour ceux qui étaient sous la Loi; elles fonctionnaient donc comme un précepteur ou un tuteur qui tenait le peuple sous sa surveillance. Mais le Christ notre libérateur étant venu et la Loi accomplie, nous qui croyons ne sommes plus sous la Loi1 [1]; et ces cérémonies ont disparu. D’ailleurs, les apôtres ont été si éloignés de vouloir les retenir ou les rétablir dans l’Eglise du Christ qu’ils ont explicitement déclaré ne vouloir imposer d’autre charge à l’Eglise que ce qui est nécessaire2 [2]. Nous semblerions donc vouloir ramener ou rétablir le judaïsme si, dans l’Eglise du Christ, nous multipliions les rites et cérémonies à la manière de l’Ancien Testament. Aussi ne pouvons-nous approuver le sentiment de ceux qui voudraient lier l’Eglise du Christ par des rites nombreux et variés, comme par une sorte de discipline d’école. En effet, si les apôtres n’ont pas voulu imposer au peuple chrétien des cérémonies ou des rites divinement communiqués, qui oserait raisonnablement lui imposer des inventions imaginées par des hommes? Plus se multiplie la masse des rites dans l’Eglise, plus s’éloignent non seulement la liberté chrétienne, mais le Christ lui-même et la foi en lui. Et alors, le peuple recherche dans les rites ce qu’il devrait chercher par la foi, auprès du seul Fils de Dieu, Jésus-Christ. Il suffit donc aux fidèles d’avoir un nombre restreint de cérémonies simples, modérées et qui ne contredisent pas la Parole de Dieu.

2. Qu’il se trouve dans les Eglises des cérémonies différentes ne signifie pourtant pas que ces Eglises soient en désaccord entre elles. L’historien Socrate dit: « Il serait impossible de décrire tous les rites des Eglises qui se trouvent dans chaque ville et en chaque région. Aucune religion ne peut observer partout les mêmes cérémonies, combien même il y aurait une seule et même doctrine. Car ceux qui ont une même foi diffèrent entre eux pour ce qui est des rites. »3 [3]De même, aujourd’hui, nous avons dans nos Eglises différentes manières de célébrer la sainte cène, et une certaine pluralité dans d’autres pratiques encore. Toutefois, nous ne sommes aucunement en désaccord au sujet de la doctrine et de la foi: l’unité et la communion de nos Eglises ne sont pas brisées par une telle diversité. De fait, les Eglises ont toujours usé de leur liberté à l’égard de ce genre de cérémonies, considérant celles-ci comme des choses indifférentes. Et c’est ce que nous faisons aujourd’hui.

3. Nous avertissons cependant qu’il faut se garder de ranger parmi les choses indifférentes celles qui, en réalité, ne le sont pas; c’est ainsi qu’ont fait certains en ce qui concerne la messe et l’usage des images dans le temple. Jérôme disait en effet à Augustin: « Une chose indifférente, c’est celle qui n’est en elle-même ni bonne ni mauvaise. De la sorte, que tu la fasses ou non, tu n’es ni plus juste ni plus injuste pour autant. »4 [4]Ainsi donc, quand on s’empare des choses indifférentes (adiaphora) pour les faire entrer dans la confession de notre foi, elles cessent d’être des choses indifférentes. Aussi Paul démontre-t-il qu’il est permis de manger de certaines viandes, à condition que l’on n’avertisse pas qu’elles ont été sacrifiées aux idoles5 [5]. Car alors, cela se transforme en interdiction parce que celui qui en mange semble, par son action, approuver l’idolâtrie6 [6].


1 [7] Rm 6:14.

2 [8] Ac 15:28.

3 [9] Histoire ecclésiastique, V, xxii, 20 et 62.

4 [10] Epître 112, 16.

5 [11] 1 Co 10:27-28.

6 [12] 1 Co 8:10.