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2) Le statut de la Bible : Où en sommes-nous ?

Le statut de la Bible : Où en sommes-nous ?

Préface : Les trois déclarations de Chicago, des textes pour préparer le XXIe siècle

Face à toutes sortes de problèmes…

Il faudrait que l’Europe, les Eglises chrétiennes se réveillent.

Quel est notre Dieu? Le marxisme, l’humanisme, les « dieux » des maîtres à penser, le libéralisme économique, et tant d’autres idéologies qui ont fleuri et nous déçoivent? La société occidentale, loin de suivre une pente ascendante – malgré une pluie de richesses (pour certains) – n’en finit pas de dégringoler au plan moral.

Où trouver de l’aide et quelle est notre espérance?

En tant que chrétiens évangéliques, confessants, de la fin du XXe siècle, nous avons, nous aussi, à être fidèles à notre vocation, et à tirer un son clair de notre trompette. Mais la tentation du compromis est partout et aussi en nous… Et puis, comment se faire bien comprendre, comment résister au découragement?

Un outil, parmi d’autres, est proposé dans ces pages: les Déclarations de Chicago, écrites par des chrétiens évangéliques et réformés confessants du monde entier, au cours des dernières décennies. Ces trois Déclarations traitent:

* de l’inerrance biblique,

* de l’interprétation de la Bible, et

* de la pratique de la vie chrétienne.

Leur présentation didactique met en évidence ce qui est évangélique dans le domaine de la foi et de la pratique et ce qui ne l’est pas. Cette distinction dérangeante pour la mentalité relativiste de notre temps est bienvenue.

Quel est leur thème central, explicite ou non?

Le statut de l’Ecriture[1] [1]

Est-il utile aujourd’hui de se prononcer sur ce sujet? Ne va-t-il pas de soi? Ne fait-il pas l’objet d’un consensus entre chrétiens en général, et les protestants en particulier?

Si tous les chrétiens, les catholiques romains, les orthodoxes, les protestants etc. , jusqu’aux… témoins de Jéhovah… utilisent tous, en effet, l’expression « statut de l’Ecriture », celle-ci n’est pas du tout significative d’un accord doctrinal au sujet de l’Ecriture. Cette absence de consensus aux conséquences si graves pour la vie et le témoignage des chrétiens est à l’origine de la rédaction des trois Déclarations de Chicago.

« Statut » et « autorité »

Aujourd’hui, on utilise l’expression statut de l’Ecriture comme, entre les années 1930 et 1970, celle d’autorité de la Bible.

Plus ça change, plus c’est la même chose… le mot « autorité » est mal accepté dans les années 90; celui du « statut », moins agressif, a pris le relais… Mais, en fin de compte, il s’agit de la même chose.

Poser la question du « statut de la Bible » – poser celle de l’autorité de la Bible – c’est reconnaître, ipso facto, qu’il peut y en avoir plusieurs entre lesquels il faut choisir, consciemment ou non. Et chacun opère ce choix selon des critères variés dont la subjectivité est loin d’être absente.

Ainsi, de nos jours, il existe, dans les Eglises, de multiples « statuts de la Bible » avant même que soit envisagée la multiplicité de ses interprétations. Aucune confusion ne doit exister entre « le statut de l’Ecriture » et « l’interprétation de l’Ecriture ».

En réalité, les différences d’interprétation sont, en très grande partie, des conséquences de celles qui concernent le statut. Il convient de veiller, constamment, à être précis, car les enjeux sont importants.

L’autorité de la Bible tient à son statut

Il n’est pas aisé de l’affirmer… le christianisme est une religion d’autorité.

Si on refuse, peu ou prou, de l’admettre, on change de religion. LE CHRISTIANISME N’EST PLUS LE MÊME, SON CONTENU SE MODIFIE, au point qu’il ne s’agit plus de la même foi. On peut, certes, utiliser le même langage, mais le sens des mots a subi de petites ou grandes modifications. Il est difficile de s’en rendre compte… mais on ne parle plus des mêmes choses, tout en utilisant les mêmes mots. Les fidèles dans les Eglises sont quasiment aveugles face à cette réalité

A l’ère du pluralisme, il est facile de se laisser piéger et il n’est pas insensé de penser que certains « évangéliques » n’ont pas conscience des concessions qu’ils ont consenties. C’est pourquoi les trois Déclarations de Chicago offrent, opportunément, en notre temps, les éléments nécessaires à une vérification salutaire.

Une espérance…

Notre espérance est que, malgré nos attitudes vis-à-vis de l’Ecriture, le texte biblique et son message sont toujours là comme le critère de vérité nous permettant d’évaluer nos affirmations. L’Ecriture est le roc inaltérable sur lequel les vagues (théologiques) s’écrasent et disparaissent…

James I. Packer, un des participants aux trois « sommets » de Chicago, a résumé cet enjeu de façon magistrale:

Le problème de l’autorité est le problème fondamental auquel l’Eglise chrétienne a à faire face, parce que la foi chrétienne est construite sur la vérité, c’est-à-dire sur le contenu de la révélation divine. Le christianisme proclame le salut par la foi en Christ, en qui et par qui la révélation s’est achevée. Mais la foi en Jésus-Christ n’est possible que là où la vérité le concernant est connue. Le Nouveau Testament nous dit que Dieu a fait le nécessaire pour la diffusion de cette vérité qui sauve. Il a confié aux apôtres, et par eux à toute l’Eglise, un message venant de Lui-même et la faisant connaître.

L’apôtre Paul, quant a lui,a découvert qu’il est impossible de surestimer l’importance qu’il y a à tenir ferme la vérité et à éviter l’erreur en ce qui concerne le contenu de l’Evangile. Il est aussi en accord avec le témoignage de tout le Nouveau Testament. L’homme moderne, blasé et sceptique vis-à-vis des affirmations théologiques d’ordre surnaturel, peut trouver difficile de prendre au sérieux l’idée que notre bien-être éternel dépende de ce que nous croyons. Les apôtres, cependant, en étaient certains. L’erreur théologique était, pour eux, une réalité aussi sombre que le naufrage spirituel qui la suit[2] [2].

Conclusion

Certains regretteront, peut-être, que ces Déclarations comportent des réfutations aussi bien que des affirmations. Ce sont les deux faces d’une même médaille.

Connaître la vérité et la distinguer de l’erreur est important. La foi chrétienne, fondée sur la vérité, suppose que nous discernions la vérité et l’erreur, la vraie prophétie et la fausse, l’Evangile et les pseudo-évangiles, la folie de Dieu et la sagesse du monde, la droite connaissance du salut et toute forme de gnose.

Jusqu’au retour du Seigneur, le domaine de la foi sera toujours un champ de bataille où des assauts seront livrés contre la vérité, celle-ci avançant ou reculant… Sachons utiliser les moyens que le Seigneur nous accorde, en particulier ces trois Déclarations, afin d’être trouvés fidèles à la vérité, qui n’est pas la nôtre mais LA SIENNE.

Paul Wells

Faculté de théologie réformée

Aix-en-Provence, janvier 1998


[1] [3] Ou de la Bible.

[2] [4] J.I. Packer, Fundamentalism and the Word of God (Londres: Inter-Varsity Press, 1958) ch.III.